Simplement vêtue d'une robe de plage rose, sous laquelle je porte un maillot de bain, je déambule dans la foule. Mon regard passe des uns aux autres avec une certaine curiosité. Je ne suis pas très à l'aise dans la foule, mais mon cabinet organisait de façon régulière des soirées auxquelles je devais participer que je le veuille ou non. Alors bon... Si je ne les apprécie pas, je sais comment m'y comporter. Et je trouve toujours des gens intéressants avec lesquels discuter. J'aperçois çà et là des visages connus, avec une certaine surprise, mais je ne m'arrête pas pour discuter car déjà les paires se forment. Je dois avouer qu'en cet instant précis, je préférerais être à Washington où j'ai des choses bien plus intéressantes à faire. Et je ne peux même pas me réconforter à l'idée de rentrer à la vitesse de la téléportation - quel truc révolutionnaire ! - car ayant prévenu Luka de ma présence ici ce soir, je serais contrainte de prendre un avion pour rentrer. Un soupire déborde de mes lèvres. Bon. Au moins c'est pour la bonne cause.

La seule véritable raison pour laquelle je suis ici d'ailleurs... Prendre soin des océans. L'association de Layla semble avoir mis un point d'honneur à participer à cet événement. Et je ne suis pas toujours d'accord avec leurs méthodes, mais je partage une partie de leurs idées. C'est aussi pour m'excuser de mon comportement auprès d'elle que je suis ici. Parce que je n'ai pas été très sympa à Metropolis. Cette histoire entre Lawton et elle, cela ne me concerne pas. Layla est adulte et je la sais suffisamment forte pour faire ses propres choix. Et si elle se fourvoyait, après tout, tout le monde peut se tromper, je serais là si elle avait besoin d'aide. Comme je l'ai toujours été, comme je le serais toujours. Parfois, il arrive que des relations professionnelles se transforment en autre chose. Et même si nous ne nous voyons pas souvent, je dois dire que je me suis attachée à elle. Peut-être nous serions nous plus ressemblé si j'avais emprunté une voie militaire comme elle. Comme mes parents. Mais rien n'est moins sûr et finalement, je tombe sur mon cavalier. La seconde raison pour laquelle je suis là. Quand j'ai vu son nom sur la liste, je n'ai pas hésité un seul instant. C'est aussi pour ça que je suis là. Au début, j'envisageais de continuer à lui en faire baver. Mais... Est-ce vraiment ce que je veux ? Est-ce vraiment ce que je suis ? Ah... Oui probablement.

Mon nom sonne moins froid entre ses lèvres que je n'aurais pu m'y attendre, ce qui marque ma première surprise. D'un ton neutre, je réponds simplement : « Lawton ». Il avoue ensuite la sienne qu'il soit mon choix. Oh... Nous devions donner trois noms, il y avait donc des chances pour que le destin en décide autrement. Mais non. Un sourire amusé se dessine sur mes lèvres. Ma marque de fabrique. Amusement. Malice. Moquerie. Finalement, il propose de commencer par le bar. « Déjà besoin d'un remontant ? Eh bien mon pauvre ta soirée va être longue... ». Le ton est moins mesquin qu'il ne devrait l'être. Je ne comprends pas ces choix. Je ne comprends pas comment il a pu en arriver là. Mais... Je me doute qu'il y a bien des choses que je ne comprends pas. Et son histoire est triste, il faut bien en convenir. D'une certaine façon, nous avons plus en commun que je ne veux bien me l'avouer. Alors... J'explique finalement : « Je dois avouer être assez satisfaite de moi... ». Je viens de voir Layla entourée de deux hommes. Le premier est reconnaissable entre mille : Arthur Curry, le souverain atlante. L'autre m'est inconnu, mais la chanceuse va probablement passer une excellente soirée. D'ailleurs, j'ajoute un : « Layla va s'amuser ce soir » pour terminer de l'achever... Je passe mon bras sous celui de Floyd pour l'entraîner vers le bar, me fichant pas mal de commencer par le bar ou la piscine. Une fois au bar, je m’approche du comptoir le laissant commander, avant de commander à mon tour un verre de vin blanc. Le serveur s’empresse de nous préparer cela et revient avec les verres. Je récupère l’addition, sans la régler ayant à l’esprit que nous ne nous arrêterons peut-être pas à ces simples verres avant de me diriger vers une table. Une fois installés, je le regarde simplement. Je dois dire que j’ai tout de même été surprise de découvrir certaines choses que je n’aurais pas imaginées sur lui. Alors je me contente d’un : « Ce n’était pas à moi de donner cette information à Layla ». J’imagine qu’il n’aura pas de mal à comprendre ce que je veux dire. Même si au final, je n’ai pas vraiment parlé, j’ai juste questionné de façon à attirer l’attention de Layla et à le forcer lui-même à être honnête. Ce ne sont pas vraiment des excuses, car même si je sais que ce n’était pas à moi de le faire, je ne le regrette pas. Et ça ne m’empêchera pas de faire de sa vie un véritable enfer. Mais par respect pour Layla, disons simplement que je ne serais plus aussi hostile que je n’ai pu l’être. « Comment vas-tu ? ». J’ai hâte de connaître la réponse. Cela me permettra d’imaginer dans quel état il sera demain matin.

Je ne suis pas surprise de l'entendre me répondre par l'affirmative lorsque je constate que ce n'était pas à moi de lui dire ça. Mais en même temps, il fallait bien que quelqu'un le fasse, n'est-ce pas ? Je vois cela tellement fréquemment. Des secrets cachés. Des non-dits. Pour préserver. Pour protéger. Parce que la vérité fait peur. Parce que la vérité fait mal. Et parce qu'en disant la vérité, il faut affronter ses propres démons. Je suis plutôt mal placée pour critiquer ceci dit. Il m'a fallu plusieurs semaines pour parler à mon frère de mes pouvoirs. Je ne voulais pas le placer dans une situation délicate avec Waller. Je ne voulais pas qu'il s'inquiète plus qu'il ne le faisait déjà. Et encore maintenant... avec S.H.A.D.E. je le tais. Je n'en parle pas. Ni à lui, ni à Luka. Et pourtant... il le faudrait n'est-ce pas ? Mais ce genre d'affiliation, il ne vaut mieux pas en parler. Après tout, ce n'est pas tellement des choses dont on parle sur l'oreiller... Quoique. Me connaissant, c'est tout à fait mon genre. Sans entrer dans le détail. Mais j'étais bien contente de pouvoir parler des trenchers, il y a toujours quand j'y repense cette forme d'engouement qui m'anime, d'avoir vibré et combattu sur cette plage. Mais si j'ai parlé du déroulé global mais pas du détail de ma mission pour S.H.A.D.E. Il rajoute qu'ils ont discuté et que tout est rentré dans l'ordre. Puis semble comprendre que je voulais juste la protéger. Je souris un peu et je lui dis : « Ah oui je suis comme ça... Toujours prête à vouloir protéger tout le monde... ». Je roule un peu des yeux et me contente de sourire amusée. J'hausse finalement les épaules disant : « Maintenant qu'elle sait, elle est libre de faire ses propres choix ». Difficile de faire des choix éclairés sans avoir toutes les informations. Mais si elle choisit de continuer à le voir, de construire quelque chose avec lui parce qu'elle y est attachée, alors elle le fait en toute connaissance de cause. Et je la sais suffisamment intelligente et forte pour faire ce qu'elle souhaite quand elle le souhaite. Je le regarde simplement. J'imagine que maintenant c'est à moi de choisir ce que je veux faire en ce qui le concerne lui. Lui laisser une chance ou le considérer comme ce criminel qu'il est. Mais sans connaître toute son histoire difficile de comprendre comment il a pu en arriver là, n'est-ce pas ? Difficile de juger alors jusqu'à quel point l'homme qui se trouve en face de moi est mauvais. Et je ne peux que croire que Layla a dû voir quelque chose de bon en lui. Et maintenant qu'on en est là, je suis curieuse de découvrir ce que cela peut être.

Il répond par la suite à ma question. Je souris amusée à l'entendre dire qu'il ne devait pas être là, qu'il s'est laissé convaincre et que cela n'a pas joué en sa faveur. Je suis vraiment très fière de moi. Bien que je pense Layla capable de faire ses propres choix, cela ne m'empêche pas de continuer à m'inquiéter pour elle. Et de vouloir mettre mon grain de sel parce que c'est plus fort que moi dans le fond. Et je sais bien que c'est loin d'être une qualité. D'autant plus que nous ne sommes pas si proches que ça. Un peu. Quand même. Je me demande ce que cela aurait donné si elle avait été l'une de mes proches amies. Ce qu'il adviendrait si d'aventure, un compagnon de l'une de mes amies s'avérait être un tueur à gage. Mhh. Mieux vaut ne pas le savoir peut-être... Mais il va bien. Et bien sûr il me retourne la question et va même plus loin. Il me pose des questions. Personnelles. Mais c'est de bonne guerre. J'en sais plus sur lui qu'il n'en sait sur moi, même si je ne sais pas tout non plus. Loin de là. Je souris et je dis : « Je vais bien ». En fait, c'est même plutôt rare que je réponde le contraire. Je vais souvent bien. Même quand je vais mal. Cette question-là est donc réglée. Et puis comment cela pourrait-il aller mal vu l’endroit où nous nous trouvons ? Me reste à lui répondre à ses deux autres questions. Je commence donc en disant : « Et bien comme tu le vois, j'ai un certain talent pour bousculer les projets des gens ». Je souris un peu, malicieuse. Provocatrice presque. Je porte mon verre à mes lèvres, avant de m'appuyer plus confortablement à mon dossier. Je reste silencieuse un instant, détaillant les alentours d’un regard circulaire. Puis, je reprends la parole pour m'expliquer cependant un peu plus que mon commentaire précédent en disant : « Je ne suis pas la dernière à critiquer certaines méthodes de Sea Sheperd. Alors pour une fois qu'elles sont justement plus que louables, c'est l'occasion de participer. Et puis, quand j'ai vu ton nom sur la liste, ça a fini de me convaincre ». Une véritable emmerdeuse. Oui, je crois que ça me définit très bien. Et j'en suis plutôt fière. C'est comme ça qu'on survit dans la vie. Enfin, c'est comme ça que moi je l'ai fait. Peut-être qu'il y avait mieux comme méthode. Mais dans un tribunal il vaut mieux l'être trop que de ne pas l'être assez. Même si parfois, cela excède un peu les juges. « Et si.. si, il y a quelqu'un qui m'attend. Mais il sait que je suis là, et que je ne suis pas là pour faire des folies. Désolée, tu n'es pas trop mon genre... ». Enfin, clairement, il pourrait l'être. S'il n'avait pas rajouté la ligne tueur à gage sur son cv... Je souris amusée. Je reste un moment silencieuse avant de dire : « Au début, je voulais juste te faire sortir de tes gonds... Mais finalement je me dis que ce n'est peut-être pas plus mal de faire connaissance ». Et puis, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis non ? Le monde peut être surprenant. Alors peut-être que je pourrais juste me laisser surprendre par celui qui se trouve en face de moi. D’autant plus qu’il n’est pas impossible qu’on soit amenés à se croiser à nouveau. Et puisqu'on en est là, à se dire qu'on va faire connaissance - après tout vu ce qu'il vient de me dire et les questions qu'il a posées, lui aussi semble vouloir le faire - autant ne pas rester visser à un bar toute la soirée. Cela risque d'être long. Il doit bien y avoir des choses sympas à faire dans cet hôtel. En plus de la piscine, bien sûr ! Autant découvrir ça par nous-même. Et puis, qui sait, au détour d'un couloir, on trouvera peut-être quelque chose de fun à faire. « Pas besoin de te prévenir que je peux être intrusive parfois... ». J'hausse les épaules et je lui dis : « Mais bon, je n'ai plus grand monde à qui raconter tout ce qui se dira ce soir ». Après tout, Layla sait maintenant. Et sauf s'il avait un autre cadavre dans son placard, je n'aurais pas grand-chose de plus à lui dénoncer. Et j'imagine qu'il est assez intelligent pour ne pas me balancer de nouvelle bombe qui ferait bien mes affaires. « Alors j'imagine qu'on aura pas besoin de dix milles verres de whisky. On peut faire ça en marchant et qui sait, peut-être trouver une activité sympa ? Je suis plus drôle que je n'en ai l'air ». Plus drôle que chiante. Et assez décomplexée aussi. Je pourrais bien lui mettre la misère au billard sans jamais frapper la boule blanche comme on devrait le faire sérieusement.

Lorsque j'évoque Luka sans donner de nom ou d'information très précise, sa question me tire un léger sourire amusé. C'est de bonne guerre. Après tout, je l'ai clairement mérité. Et il pourrait très bien le lui dire, ou même trouver toutes les informations dont il aurait besoin pour me mettre en difficulté avec Luka s'il fouillait dans les dossiers de Waller. Loin de moi l'idée de vouloir être arrogante, mais j'imagine que Waller a tout un tas d'informations sur ses agents en poste et sur ses anciens agents. Ainsi, il y a probablement un très long dossier sur moi et mes agissements en lien avec celui de Steve et avec celui de Luka. Enfin, sauf si elle lâche l'affaire facilement, mais étrangement, elle n'a pas l'air d'être femme à laisser les choses couler comme ça. Si elle souhaite refaire main basse sur son ancien agent, elle le fera. Ou elle essaiera en tout cas. Alors oui, je pense que s'il le voulait, il pourrait trouver des informations facilement accessibles. Ou faire parler des gens aussi. Mais bon, peut-être qu'il n'aura même pas l'idée ou l'occasion de fouiner. Dans tous les cas, risque ou pas risque, je ne vais pas tout lui déballer tout de suite, n'est-ce pas ? Trop facile. Ceci dit, il marque un point. Je peux lui reprocher d'avoir gardé ce secret, je fais la même chose avec Luka. Enfin bon, moi je ne suis pas une tueuse à gage. Mais il a tout de même le droit de savoir. Il est probablement temps de lui dire. Mais en ce qui concerne Floyd, je souris un peu et je lui dis : « Je te laisserais bien l'occasion de le faire, mais je le ferais moi-même quand il sera temps ». Enfin bon, aller scander sur tous les toits que j'appartiens à SHADE n'est pas forcément le plus discret que je puisse faire. J'attendais d'être sûre. Et même si je ne le suis toujours pas, nous avons passé plusieurs étapes importantes et y avons survécu en dépit de nos difficultés respectives. Alors j'imagine que c'est la suite logique n'est-ce pas ? Et j'espère que ça ne sera pas la fin de notre histoire. Enfin, bref. Autant profiter de la soirée plutôt que de m'angoisser avec ce genre de questions. Et nous voilà vite d'accord sur au moins un point. La fin de soirée ne risque pas de nous poser problème, après tout, nous sommes très au clair sur ce que nous voulons. Et très clairement, ce n'est pas avec lui que j'aimerais passer la nuit. Ce qu'il me répond me tire un nouveau sourire amusé. Même si, ce n'est pas un exploit. Je passe mon temps à sourire. L'exploit est peut-être l'inverse : réussir à me le faire perdre. Et nous voilà partis en exploration pour découvrir ce que propose cet hôtel. On est là pour ça non ? Alors c'est avec toute ma bonne humeur et tout mon enthousiasme que je marche à ses côtés, sans relever ni le verre reremplit alors que je me suis débarrassée du mien après l'avoir terminé ni le regard jeté à l'extérieur. C'est probablement normal. Et puis, j'en ai déjà assez fait ? Je peux peut-être passer à autre chose. Je dois avouer qu'il m'a beaucoup surprise à Gotham. Autant profiter pour voir s'il a d'autres surprises du genre en stock ?



Et le panneau nous donne la liste du programme. Je m'apprête à répondre avec une certaine excitation mais Floyd me coupe l'herbe sous le pied : « Rooooooh... Tu as lu dans mes pensées ? ». Je fais la moue. Le karaoké avait l'air d'un super plan. Je ne peux m'empêche de rire un peu en lui disant : « Quel dommage, je suis sûr que tu aurais été génial ». Ce n'est pas si grave. J'aurais d'autres occasions. Avec mes collègues un peu plus délurées que lui, à l'évidence. Je ne veux pas le forcer à faire quelque chose qu'il n'appréciera pas. Il pourrait aimer le basket et pas que l'exercice physique me dérange, mais s'il y a bien un sport où je n'arrive pas à grand-chose, c'est celui-là. J'aurais préféré du volley. Mais qui sait, si on se retrouver sur la plage plus tard dans la journée, il n'est pas impossible qu'on trouve un terrain de ce côté-là. Il enchaine en ajoutant qu'ils ont une salle d'arcade. Je souris un instant en l'imaginant sur l'une de ses machines où il faut danser en rythme... ou en train de jouer à Guitar Hero. Ça a l'air d'être un bon plan un ça aussi. Le temps de l'imaginer dans ce genre de situation, lui a eu le temps de poser une nouvelle question. Cette question concerne Layla et son implication au sein de Sea Sheperd. Et bien sûr, si je peux parler des actions de l'association, je ne peux - bien évidemment - pas parler de l'implication de Layla, cela serait enfreindre mes divers serments professionnels. Je souris un peu et je lui dis : « J'imagine que je ne peux pas rivaliser avec tes talents de visée, mais je peux essayer. Un billard ça a l'air plutôt pas mal pour commencer ». Et puis, c'est plutôt calme. Et je pourrais plus facilement l'entraîner sur une borne d'arcade plus fantasque. Je prends donc la direction de la salle tout en répondant : « Pour se faire entendre, ce genre d'association peut avoir recours à des méthodes plus que douteuses ou à des gens aux limites morales très floues. Dégradation de biens publics, violation de propriété privée et autre joyeuseté de ce genre... ». Rien de bien grave au regard de ce que lui a pu faire. Même si j'imagine qu'il n'y a pas que des choses aussi dérisoires dans les dossiers des membres de Sea Sheperd. Je rajoute : « Et même si je ne suis plus son avocate, je ne peux pas enfreindre le secret qu'il y a entre nous, tu t'en doutes ». Et je préfèrerais mourir que de la trahir. Après tout, jusqu'à assez récemment, je ne vivais réellement que pour mon travail. Et même si je ne suis plus avocate de façon officielle, je pourrais bien y revenir un jour. Alors autant ne pas me faire rayer du barreau pour si peu. Je lui dis : « Mais selon toi, à quoi aurait-elle pu prendre part ? ». Je suis curieuse de le savoir. Et en même temps de l'amener à se questionner. Je ne sais rien de leur histoire commune. Ni de tout ce qu'ils ont pu se dire. Mais une chose est sûre, ils ont intérêt à être transparent l'un envers l'autre s'ils veulent construire quelque chose. C'est comme cela que ça fonctionne, non ? La communication et la confiance. Pour cela, mieux vaut balayer devant sa porte et sortir les cadavres du placard. A l'évidence, vu sa question il ne semble pas très au courant des activités de Layla. Alors finalement je demande : « Comment vous vous êtes rencontrés tous les deux ? ». Je dois avouer que je suis curieuse. Mais ce n'est pas de la curiosité mal placée, cela n'a même pas vocation à être méchant. S'ils peuvent se trouver, se retrouver, construire quelque chose, alors tant mieux. Tant qu'il ne l'entraîne pas dans des situations pires que celles dans lesquelles elle peut se fourrer elle-même, j'imagine que c'est tant mieux et que je dois m'en réjouir pour elle. Pour eux. Peut-être bien que tout le monde a le droit à une seconde chance. Une fois dans la salle d’arcade, je m’avance vers les tables de billard, en repère une disponible et récupère une queue de billard avant d’y revenir en le regardant simplement, un léger sourire aux lèvres.

Je souris amusée alors qu'il dit qu'elle n'a pas beaucoup de limite dans sa détermination. Il l'emploie au passé, concernant Sea Sheperd mais cela est toujours vrai dans le présent, c'est même quelque chose qui ne changement sans doute jamais. Et c'est sans doute ce qui me plaît le plus chez elle. Elle est sincère et entière, prête à défendre une cause jusqu'au bout et à tout donner pour elle. On se ressemble beaucoup en cela. Même si de mon côté, je ne mouille pas trop les pieds de l'autre côté de la loi, puisque jusqu'à encore il y a peu de temps, j'étais justement celle censée aider les autres au tribunal. Les choses sont différentes aujourd'hui et je n'hésite pas à me jeter à corps perdu dans le danger pour réussir une mission. J'ai loin d'avoir autant d'expérience que certain mais j'ai pour moi une curiosité sans limite qui me permet d'apprendre vite. Je ris un peu lorsqu'il me dit qu'il est surement dans le vrai si elle a eu besoin d'une avocate et je réponds : « Tout le monde peut avoir besoin d'un avocat, avec ou sans Sea Sheperd ». Le sourire qu'il m'a adressé semble me faire comprendre que je suis allée un peu loin en supposant qu'il savait quel lien nous unissait. Mais bon, j'imagine que vu ce que j'ai pu laisser passer sur lui en laissant filtrer qu'il connaissait Waller, ce n'est que juste retour des choses. Je me contente de lui dire : « N'imagine pas le pire, cela n'apporte jamais rien de bon ». Et puis, Layla est loin d'être un monstre, elle a des principes, et s'y tient, et cela je pense qu'il n'a pas besoin de mon aide pour le savoir.

Il termine son verre et va chercher une queue de billard à son tour tout en commençant à me répondre. Je l'écoute avec curiosité. Loin de moi l'envie de laisser passer une seule miette de son histoire. Arrivée dans son unité. Ils sont devenus partenaire. Une blessure et le retour au pays. Il semble très touché par cette séparation. Une fois les boules rassemblées dans le triangle et positionnées, il me laisse l'honneur de casser. Ce que je fais avec une certaine aisance. Des années d'études à faire des soirées étudiantes dans des bars pas toujours très reluisants et un certain entraînement au billard. Bien sûr, lorsqu'il s'agit de viser, il est surement meilleur que moi. Mais je casse le triangle et réussit à en empocher une, ce qui me permet de tenter d'en empocher une seconde. Echec critique. Mais pour une reprise, ce n’était pas si mal. Il a eu le temps de terminer son récit et de me poser une question. Ma concentration m'empêche d'avoir l'air surprise et je me redresse en disant : « Peu importe ce que vous êtes, tant que vous savez où vous allez ». Après, je suis plutôt très très mal placée pour en parler, parce que je ne suis pas une professionnelle des relations sociales. Je le regarde jouer puis le regarde se redresser quand c'est à mon tour. Avant de me pencher je lui dis : « Et pas besoin d'être plus que des amis pour s'attirer des ennuis ». Je parle des ennuis qu'il pourrait lui attirer à elle, de ce qu'il aurait pu l'entraîner à faire. Mais ce que j'ai vu à Gotham me laisse penser qu'il n'est pas dénué de sens moral. Je me penche pour jouer tout en demandant : « C'était toi qui les abattait à distance autour d'elle alors, je comprends mieux ». J'y étais. Et j'ai vu. Un ange gardien. Ou un ami perdu de vue de longue date. En tout cas, je dois dire qu'il nous a bien aidé sur cette foutue plage. Je finis par sourire un peu et dit : « Tu as servi longtemps dans l'armée ? ». La question ne concerne que lui, mais je dois avouer être assez curieuse. Et silencieusement, je me rends compte qu'où que j'aille, je me retrouve souvent à traîner avec des militaires. « Comment tu t’es retrouvé là où tu es ? ». Deadshot, la suicide squad. J’avoue que je transgresse peut être un peu et je dois avouer craindre un peu les représailles qui vont suivre, mais pourquoi pas. Après tout, autant essayer de mettre à contribution cette soirée. Si je le comprends mieux, peut-être que cela sera plus facile de m’entendre avec lui.