Die Hard [Feat. Kaldur'ham]

"Quand est-ce que j’aurais droit a un Noël normal moi ? Vous savez, le sapin, la dinde, le feu de cheminée en famille, mais non, on est si bien dans une putain de conduite d’aération !" 58 minutes pour vivre, John McClane.

Devant le miroir de la salle de bain, Vicki Vale se toisait du regard. Ce maquillage, ces bijoux, cette robe, cette coiffure... Ce n'était tellement pas elle. Elle se sentait extrêmement mal à l'aise ainsi grimée. Mais son patron lui avait demandé de faire un effort, c'était la seule condition pour que cet article lui soit confié, et cet article, elle le voulait. Il s'agissait d'une cause qui lui tenait à coeur, une cause qui la touchait particulièrement. La protection des océans était très importante à ses yeux. Elle qui avait toujours aimé la nature et les animaux. Elle ne supportait pas que l'on puisse leur être hostile ou irrespectueux. D'ailleurs, elle se souvenait encore qu'il s'agissait là de l'un de ses sujets de prédilections quand elle écrivait ses premiers articles pour la gazette de son lycée. Alors oui, cet article elle le voulait et surtout, elle voulait s'assurer que l'Oceans Guardian était une association honnête et sincère. Elle avait tellement envie d'y croire, tellement envie de se rendre compte qu'il existait encore des gens biens en ce monde... mais elle avait eu vent de quelques rumeurs qui la faisait fortement douter à ce sujet. Et s'il y'avait bien une chose qu'elle n'aimait pas, c'était avoir des doutes. Ce gala de charité serait donc indubitablement une bonne occasion d'en avoir le coeur net et de fourrer son nez dans les affaires de l'Oceans Guardian. Toutes les plus grosses têtes de l'association seraient là et Vicki avait bien l'intention de les travailler au corps jusqu'à ce qu'elle obtienne des réponses et des preuves satisfaisantes. Mais en attendant, elle devait s'affubler de parures qu'elle n'avait pas l'habitude de porter. Cette soirée mondaine était une sphère qu'elle n'avait absolument pas l'habitude de fréquenter. Une sphère qu'elle n'avait en réalité pas du tout envie de fréquenter. Mais il fallait savoir faire des sacrifices parfois, au nom de la vérité...

Le gala se déroulait dans une grande tour écologique de Washington. Bien sûr... Un bâtiment à économie et absorption d’énergie pour lutter contre le réchauffement climatique. Il fallait avouer que l’édifice était somptueux, recouvert de panneaux solaires et de verdures. Comme si Poison Ivy était passée par là pour l'embellir et le sauver du béton froid et brute des autres bâtisses aux alentours. Un vrai jardin d'Eden au milieu de la ville. Une structure symbolique et incroyable qui n'avait pas été choisi par hasard par l'Oceans Guardian. Vicki avait donc dû prendre l'avion et réserver une chambre d'hôtel pour pouvoir y assister. Bien sûr, elle n'avait rien payé de sa poche, c'était la Gotham Gazette qui avait réglé la note et tant mieux... Car la journaliste peinait déjà à boucler ses fins de mois, si en plus elle devait se payer tout ça elle même, elle serait déjà sous les ponts ou au fond des archives de la gazette. Son rédacteur en chef avait mis les petits plats dans les grands. En plus d'une très belle suite dans un hôtel réputé de la ville, il avait financé le relooking de sa journaliste afin qu'elle puisse se fondre dans la masse et représenter au mieux la Gotham Gazette. Et même si Miss Vale se sentait plutôt mal à l'aise ainsi tirée à quatre épingles, elle devait avouer qu'elle l'appréciait sa belle robe. Mais cela, elle ne l'avouerait jamais à personne bien sur, pas plus qu'elle n'admettrait avoir vu des étoiles dans ses yeux face à ce rêve bien enfoui de petite fille de ressembler un jour à une princesse...

Quelques instants plus tard, son taxi arrivait enfin au bas de l'immeuble. Quelques gouttes de parfum, un dernier ajustage de robe et hop, elle enfilait ses souliers pour courir rejoindre son carrosse. Oui, ce soir là, Vicki Vale avait l'impression d'être un peu Cendrillon. Celle qui normalement n'aurait jamais dû aller au bal, celle que personne n'invitait car elle n'était pas assez bien. En surpoids une grande partie de sa vie, la journaliste avait en effet du mal à accepter et assumer sa nouvelle silhouette, sa véritable féminité. Elle était plutôt du genre à se cacher derrière des tenues ternes et passe partout, du genre à longer les murs et à refuser les avances de la gente masculine. Ce soir, elle faisait donc un gros effort et se laissait, un peu malgré elle, prendre au jeu. Gênée par les quelques regards insistants sur son passage, elle baissait néanmoins la tête, se demandant si ces regards étaient bienveillants et admiratifs ou moqueurs et méprisants. Rapidement, elle se réfugiait alors dans le taxi, où elle se sentait à l'abri et protégée des regards. Direction le gala de charité. Une bonne vingtaine de minutes plus tard, Vicki arrivait enfin sur les lieux. Elle sortait alors de sa petite pochette de soirée son invitation mais aussi sa carte de presse. Elle devait normalement être rejoint par Stewart, le photographe qui lui avait été assigné pour la soirée. Photographe chevronnée et passionnée, Vicki avait pesté que l'on attribue cette tâche à quelqu'un d'autre mais bon... elle avait bien compris qu'avoir un gros appareil argentique autour du cou avec une somptueuse robe de soirée et des talons hauts... ça ferait plutôt tâche dans le tableau. Et puis finalement, ça la rassurait de ne pas être seule au milieu de cette foule d'inconnus. Avoir un visage familier à ses côtés ne serait pas du luxe. En sortant du taxi, elle fut justement surprise de voir tous ces photographes autour du tapis rouge. Illustre inconnue, elle pensait pouvoir passer au travers des mailles du filet mais malheureusement ce ne fut pas le cas et elle fut elle aussi mitraillée par des dizaines de flash. Pressant le pas pour se réfugier dans le bâtiment, elle donnait son invitation à l'entrée, se faisait répertorier sur la liste et entrait dans le hall. Là, elle attendait patiemment, et timidement, l'arrivée de son acolyte.