Beyond the Sea [Feat. Orm]

Seule sur le sable, les yeux dans l'eau... Non ce n'était pas un tube ringard des années 90 mais bel et bien la situation dans laquelle tu te trouvais ce jour là. Tu aimais Atlantis, tu aimais l'océan, mais tu devais avouer que tu appréciais de plus en plus trainer à la surface. Ton cœur appartiendrait toujours à ton peuple, ton âme appartiendrait toujours à l'écume des vagues et tous ses habitants. Mais.. Les humains, la surface... tu aimerais tant pouvoir cohabiter avec eux en toute harmonie. L'océan avait tant de merveilles à offrir, il en était de même pour la terre des Hommes et tu en prenais de plus en plus conscience. Voilà pourquoi ces derniers temps, il n'était pas rare de devoir quitter les eaux chaudes et rassurantes d'Atlantis pour venir à ta rencontre. Tu ne restais jamais bien loin de la mer et c'était encore en face d'elle, de cette grande dame que tu respectais infiniment, que tu étais assise. Tu savourais l'air iodé, la douce caresse des vagues à ton oreille et de leur gouttes sur ta peau. Le sable fin entre tes orteils, la chaleur du soleil. Comme si tu étais au parfait croisement de vos deux mondes, là où rien ni personne ne pourrait se battre, se combattre. Un paradis perdu. Hélas, ce n'était que chimère et douce utopie. Tu le savais, entre les Atlantes et les Humains, les rapports n'avaient pas toujours été au plus beau fixe et ce malgré tout ton acharnement pour régler cela. Tu était triste, triste de voir deux peuples qui avaient tant à s'apprendre et se partager, se déchirer ainsi. Ton regard se perdait dans l'océan, mais ton esprit se perdait dans la morosité qui te gangrénait chaque jour un peu plus. Tu ne pouvais alors t'empêcher de repenser à lui. Ce regard furtif que vous aviez échangé. Ce regard qui voulait tout dire, pas besoin de mot, pas de besoin de parole, cela avait toujours été ainsi entre vous, vous vous compreniez comme deux jumeaux fusionnels. A cet instant, tu aurais voulu stopper le temps et courir vers lui. Le prendre dans tes bras, lui souffler que tout pouvait encore s'arranger et l'emmener avec toi. Mais la bataille que vous meniez chacun de votre côté t'en avait empêché et tu l'avais perdu. Orm...

Depuis ce jour, tu ne pensais qu'à une seule chose, le retrouver. Tu y pensais déjà bien avant, il n'avait jamais quitté ni ton coeur ni ton esprit, mais tu avais perdu espoir de le revoir un jour. Tu le pensais en danger, emprisonné ou pire encore. Mais non, ce jour là, tu l'avais vu, aussi bien que tu voyais les reflets du soleil à la surface de l'eau. Orm était là et son regard en avait dit long. Lui aussi voulait te retrouver, lui aussi voulait te parler. Tu en étais certaine. Il ne t'en avais pas fallu plus pour te mettre martel en tête. Malheureusement il ne pouvait pas être ta priorité, tu avais une armée à gérer, des sujets à préparer, un royaume à régenter... Et cela passerait toujours avant tout le reste. Mais Orm était tout de même toujours dans tes pensées et tu n'avais eu de cesse de le chercher pendant des journées, des semaines entières. Tu attendais un signe de sa part, un petit quelque chose mais rien. Tu avais été déçue et tu avais beaucoup pleuré mais tu n'avais rien lâcher. Malgré lui, tu ne le laisserais pas tomber. Tu savais au fond l'homme en or qu'il était, l'Atlante digne de ce nom qu'il pouvait être. Il n'était pas d'accord avec le fonctionnement du Royaume actuel, c'était un fait. Il n'était pas d'accord avec Arthur et Mera, c'était un fait également. Mais rien n'empêchait de discuter, de négocier, de trouver un terrain d'entente. Rien ne pouvait être oublié, mais tout pouvait être pardonné lorsque l'on aimait vraiment une personne. Et pour cela, aucun doute possible, tu aimais Orm, plus que ta propre vie. Tu ne serais tout simplement pas là sans lui, tu lui devais absolument tout. Cela n'excusait pas les atrocités qu'il avait pu commettre et les sombres desseins qu'il devait encore avoir, mais cela valait la peine que tu le cherche pour lui accorder ton pardon et lui prouver qu'il pouvait encore trouver la rédemption et arrêter de livrer bataille seul.

Seule sur le sable, les yeux dans l'eau... Tu n'étais pas là pour rien. Ce sable, ce lieu paradisiaque, tu le connaissais par coeur. Tu esquissais d'ailleurs un sourire nostalgique en repensant aux bons souvenirs que tu y avais partagé avec Orm lorsque vous étiez plus jeunes et insouciants. Votre cachette secrète ne se trouvais pas loin, sous cette magnifique couverture turquoise qui respirait dans un balai des plus divins. C'était ici, dans votre grotte secrète que vous veniez vous réfugier quand votre père sortait de ses gonds, lorsqu'il devenait le monstre tyrannique que tous craignaient. Orm t'y avait amené pour te protéger, encore... Puis il t'avait fait promettre de garder le secret, ce que tu avais toujours fait. Tu n'étais pas du genre à trahir qui que ce soit Tula Marius, et encore moins ton frère. Ce frère que tu admirais tant, ce frère qui te manquait tant. Cela faisait plusieurs fois que tu venais dans votre cachette secrète dans l'espoir de l'y trouver mais jamais il ne t'avait fait honneur de sa présence. Il en fallait plus, beaucoup plus pour te décourager. Et si tu devais y venir à chaque temps libre que tu possédais, alors tu le ferais. C'était comme si tu sentais l'appel d'Orm, de ta moitié, de ton autre. Tu espérais que lui aussi ressentait cet appel mais que tout simplement il n'osait pas. Et encore, il ne savait pas tout... Tu te levais alors soudainement, arborant un air déterminé et plein d'espoir. Tu marchais d'un pas décidé vers l'océan et telle une sirène, gracieuse et élégante, tu te laissais absorber par celle qui t'avait vu naitre. Tu nageais vers votre grotte secrète, le coeur serrait. Tu rêvais de voir son visage, d'entendre sa voix, de sentir ses bras protecteurs autour de toi. Tu rêvais tout simplement de retrouver ton frère...

AVENGEDINCHAINS

Ce n'est pas seul dans un bar de Morro Bay que tu t'imaginais fêter la création de ta cité. Une casquette vissée sur la tête pour passer inaperçu, attablé dans un coin avec ton verre de vin sur la table – l'un des rares mets que tu apprécies ici – tu observes ces gens avec qui tu vas devoir trouver conciliation. La naissance de Dagon n'est pas que symbole de renouveau pour toi, c'est aussi une façon de faire les choses autrement. Ce n'est pas une décision prise à la légère ou la nouvelle lubie d'un roi déchu et frustré, c'est un projet savamment réfléchi. Pas une rédemption, mais plutôt une façon d'apaiser les foudres du karma. T'as conscience des responsabilités et de toutes les tâches qui t'incombent maintenant que tu es à nouveau à la tête d'un royaume et de sujets. Ton rôle est de maintenir leur bien être dans le havre de paix que tu leur as promis. Tu as été cherché les oubliés, les miséreux, et tu leur as offert la possibilité d'un recommencement. Rembobiner la cassette usée par les erreurs. Exactement comme toi. Vous êtes tous pareil, finalement. Vous avez été abandonnés et il vous a fallu vous battre pour exister à nouveau. C'est ces gens là que tu veux à tes côtés pour élever la nouvelle cité sous-marine. Tes semblables sur absolument tous les points. Mais il ne s'agit pas que d'eux. Il s'agit également de ceux que tu observes s'accouder au comptoir une bière à la main ou lancer une chanson sur le vieux jukebox. Les humains que tu as si ardemment méprisés doivent faire partie du tableau, sinon tu t'enfonceras encore une fois dans des profondeurs dont tu ne pourras peut-être plus ressortir. Des efforts nécessaires pour atteindre ton but : protéger les océans. Plus à n'importe quel prix, mais toujours avec une détermination sans faille. La forme change, mais le fond reste le même. Il t'a fallu beaucoup de temps pour accepter ton exil, et surtout pour renoncer à Atlantis et à ce que tu as laissé derrière, mais tu penses avoir trouvé le compromis idéal pour t'épanouir et maintenir tes objectifs. Est-ce que ça fonctionnera comme tu l'espères ? Il est encore trop tôt pour en juger. Mais tu feras tout ce qui est en ton possible pour que ce projet aboutisse. Après des années de perdition, tu mérites bien cette réussite.

Mais pour l'heure, en attendant que le rêve ne devienne véritablement réalité, tu retournes dans ton habitat naturel et tant chérit : l'océan. Tu t'enfonces dans l'eau encore vêtu de ton accoutrement de rampant, disparaissant peu à peu dans l'opacité et la profondeur de l'élément. Voguant ensuite à travers les courants d'une aisance déconcertante, sans savoir pourquoi, ton chemin te mène naturellement vers un lieu que tu ne connais que trop bien, et qui suscite en toi des souvenirs à la fois terribles et beaux. C'est non loin de là, dans une grotte sous-marine, que tu avais pour habitude d'emmener Tula quand Orvax se faisait trop menaçant. C'est là, entouré de coraux et de poissons colorés que tu espérais lui faire oublier la violence du quotidien. Tu aimais ton père, mais jamais tu n'as toléré qu'il ne lève la main sur elle. Jamais tu n'as accepté qu'il ne la traite de cette façon aussi cruelle et injuste. Aujourd'hui, malgré tout ce que vous avez traversé ensemble, la force de votre lien n'a laissé qu'une traînée de douleur et d'amertume. Un creux, un vide dans la poitrine qui te donne l'impression d'être toujours aussi béant malgré les années passées. Comment faire pour que la blessure cicatrise quand l'amour en est la cause ? C'est comme si le sel de l'eau ravivait la plaie à chaque plongée. On t'a qualifié de monstre, d'assassin, de fou génocidaire, mais jamais ils ne pourront t'enlever l'affection réelle et sincère que tu portais aux tiens. L’extrémisme se prolonge dans tout ce que tu entreprends, il est difficile pour toi de trouver un juste milieu. Et un jour, peut-être, quelqu'un t'apprendra à flirter avec la ligne plutôt que de basculer violemment d'un côté ou de l'autre. Trop aimer. Trop haïr. Tu brûles de milles feux ardents et les océans tout entier ne parviennent pas à éteindre le brasier.

Et puis, comme un appel, ou une évidence, celle que tu n'aurais jamais pensé trouver ici te fait face. Vos regards se croisent, et alors tu te sens horriblement vulnérable ; tu n'es plus le maître des océans mais un frère sous le jugement d'une moitié. Aucun mot ne parvient à franchir la barrière de tes lèvres tant la surprise est déstabilisante. Que fait-elle ici ? Est-ce la première fois qu'elle y vient ? Tu ne peux t'empêcher de détailler avec minutie ses traits, maintenant que tu peux enfin t'y attarder. La dernière fois, sur la plage de Morro Bay lors de l'invasion des trenchers, vous n'avez pas osé franchir les pas qui vous séparaient. Vous êtes restés dans votre coin, à jauger l'autre sans avoir la force et le courage d'entamer ce qu'il vous faudrait pourtant absolument commencer. Percer l’abcès, essayer de comprendre d'un côté comme de l'autre comment tout a pu en arriver là. T'as tant à lui dire, mais rien qui ne te vient pourtant à l'esprit. Un paradoxe que tu cherches à défaire en te poussant à sortir de ta léthargie. « Tula. » Un prénom échappé dans un murmure presque inaudible. Un soulagement. Une crainte aussi. Des émotions dont le melting pot pourrait s'avérer explosif. « Qu'est-ce que tu fais ici ? Est-ce que tout va bien ? » Évidemment, tes pensées vont vers Atlantis et Mera, deux raisons qui pourraient pousser ta cadette à te trouver. Comment l'expliquer autrement ? Après toutes ces années, pourquoi maintenant ? Tu ne caches pas l'inquiétude sur ton visage, mais en revanche, tu y masques la joie, sentiment dissimulé car tu estimes qu'il n'a pas encore sa place entre vous. Trop tôt. Tu sais ce qu'elle pense, tu devines ce qu'elle a pu ressentir quand tu as commis l'irréparable, alors tu te fais violence pour ne pas te réjouir de ces retrouvailles qui seront sans doute éphémères, une fois l'objectif de son initiative accompli.
 

AVENGEDINCHAINS

Alors que tu étais perdue dans tes pensées, tu entendais vos rires d'enfants résonner en ce lieux. Orm avait toujours su sécher tes larmes et te faire penser à autres choses. Qu'est-ce qu'il avait pu te faire rire, qu'est-ce qu'il avait été un excellent grand frère. Protecteur, bienveillant, aimant... Qui aurait pu croire que ce frère que tu aimais tant allait devenir le monstre que les autres prétendaient? Oui, prétendaient! Car toi tu n'y croyais pas, tu ne te laissais pas avoir par les on-dits, par les généralités. Orm avait certes fait des erreurs mais n'était-ce pas là justement une preuve de son humanité? Il n'était pas un monstre à tes yeux, loin de là, malgré ce que tu savais, malgré ce lourd secret que tu avais si longtemps protégé. Un secret qui t'avait déchiré le coeur mais qui ne t'avait jamais détourné de lui. Tu aimerais Orm Marius jusqu'à ton dernier souffle même si c'était lui, en personne, qui te l'extirper. Cela tu en étais certaine. Il était tout pour toi, il était ton modèle, ton monde, ton héros. Celui sur qui tu peux compter, celui qui n'a de cesse de protéger et qui t'aimera lui aussi toujours d'un amour inconditionnel. Votre relation était fusionnelle, presque comme des jumeaux. D'ailleurs tu l'avais toujours considérais ainsi, comme ta moitié, ton autre. Et depuis qu'il n'était plus à tes côtés... une partie de toi était tout simplement morte... Jamais tu n'avais pu te résoudre à renoncer à lui, tu avais été le voir en prison, tu l'avais longtemps chercher ne serait-ce que pour le serrer dans tes bras, pour entendre sa voix rassurante et chaude qui faisait disparaitre tous tes doutes et tes problèmes en un instant... Et jamais, ô grand jamais, tu ne pourras te résoudre à renoncer à lui. Même si pour le sauver tu devais trahir toi aussi, même si pour le sauver tu devais donner ta propre vie, tu le ferais.

Assise là, sur le rebord de ton rocher préféré, tu entendais donc encore l'écho de vos rires et cela te manquait. Votre complicité, vos moments rien qu'à vous. Orm était assurément la seule personne sur laquelle tu pouvais compter sans même en douter une seule seconde. Et tu ne l'avais plus. Ton pilier. Tu vacillais ces derniers mois, tu tenais bon. Pour Arthur, pour Mera, pour Atlantis, pour tes troupes. Mais c'était dur et parfois tu avais des écarts de faiblesse. Bien sûr, tu les gardais pour toi, tu ne les montrer jamais à personne, quitte à parfois devenir un peu plus incisive et mordante qu'à ton habitude. Mais tu ne voulais pas que les tiens sachent à quel point tout cela t'affecter. Vous aviez une Cité toute entière à faire tourner. Les Atlantes comptaient sur vous, les humains vous surveillez... Vous étiez épié de toute part, hors de question d'échouer ou de montrer une seule faille. Mais ici, ici tu étais seule. C'était votre refuge, enfin désormais uniquement le tien malheureusement. Ici tu pouvais donc te laisser aller et c'était ce que tu faisais. Tandis que tu esquissais un sourire en repensant à tous ces tendres souvenir auprès de Orm, une larme coulait sur ta joue. Une larme mêlée de nostalgie, de joie et d'une profonde tristesse à la fois. Et puis soudain... Tu sentais sa présence, son regard sur toi. Etait-ce encore là un simple écho du passé ou le moment que tu avais tant attendu, tant espéré, était enfin arrivé? Tu relevais lentement la tête. Vos rires d'enfants s'éloignant dans les abimes de la grotte. Tu ne rêvais pas Tula Marius. Ces yeux... Ce regard... Cette intensité et cette tension palpable entre vous deux. Il était bel et bien là, Orm. Tu restais un instant bouche bée, laissant la larme qui perlait sur ta joue terminer sa course dans le creux de ton cou. Tu n'en revenais pas et pourtant tu avais toujours su, tu avais toujours su que ta persévérance paierait, qu'un jour, tu le reverrais.

Vos regards restaient fixés l'un dans l'autre, qui allait faire le premier pas? Quelle tournure ces retrouvailles allaient-elles prendre? Tu avais en déjà une vague idée... Tu les avais imaginé des millions de fois. Puis ce murmure qui brisait la glace. Orm soufflait ton prénom, presque comme s'il n'en avait plus le droit. Presque comme s'il n'en avait plus l'habitude. Tu fermais les yeux quelques secondes, bouleversée. Tu commençais à desceller tes lèvres comme pour lui répondre mais l'émotion te submergeait trop et tu n'y parvenais pas. Tu ne faisais qu'un mince mouvement vers lui. Interdite. Il te demandait alors ce que tu faisais ici, si tout allait bien. Tu restais là encore quelques seconde à le regarder, plongeant ton regard dans le sien. Puis tu te ruer vers lui comme lorsque vous étiez enfants et sans mot dire, sans lui laisser le choix, tu le prenais dans tes bras. Tu le serrais comme si vos vies en dépendaient. Sa peau, sa présence, sa chaleur... Il t'avait tant manqué. Tu étais à cet instant précis la femme, la soeur, la plus heureuse du monde. Tu savais que ça ne durerait pas. Tu savais que vous aviez une discussion, plusieurs discussions, à avoir. Mais tu voulais profiter au maximum de cet instant précieux, pur et innocent. Rien ne viendrait le gâcher. Tu fondais en larmes dans les bras de ton grand frère. Tu voulais qu'il comprenne. Qu'il comprenne que tu lui pardonnais tout, si choses à pardonner il y avait. Qu'il comprenne que tu étais toujours sa Tula et lui ton Orm. Que tu l'aimais toujours plus que tout et que tu lui soutiendrais quoi qu'il arrive. Malgré le reste du monde, malgré Arthur, malgré Mera... « Maintenant ça va... » Soufflais-tu à son oreille de cette innocence que lui seul connaissait de toi. Tu restais blottie contre lui, espérant qu'il ne te repousse pas, espérant que lui aussi rêvait de ses retrouvailles.

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