Mary Seward ✸ Queen of Blood

(001), Fruit de l'adultère et du déshonneur, tu es née bâtarde et cela, tu le ressens encore au plus profond de tes tripes. Tu ne l'a jamais véritablement oublié. Malgré les rencontres, malgré les alliances, malgré les fidèles... Constamment, tu as le sentiment de devoir te battre pour trouver et légitimer ta place, le sentiment d'être seule au monde, sans véritable lignée, foyer ou attache. Tu as alors décidé, presque inconsciemment, de créer ta propre famille et ta soif de l'agrandir est devenue inaltérable. Tu t'es construite seule, tu n'es redevable envers rien ni personne. Cette solitude t'exalte en général mais te pèse aussi parfois. (002), Bien qu'il n'était déjà plus de ce monde à ta naissance, tu t'es rapidement passionnée pour l'histoire et la vie trépidante d'Henry VIII. A l'époque, tu n'avais qu'une vingtaine d'années et peu d'éléments pour te renseigner. Tu lisais alors et glanais toutes sortes d'informations ici et là afin d'assouvir ta soif de connaissance. C'était devenu un jeu, un passe-temps, ta seule échappatoire. Tu voulais tout savoir de son destin aussi tragique que fascinant. Ses joies, ses malheurs, ses aventures, ses doutes, ses femmes, ses erreurs, ses excès, ses victoires, ses défaites. C'est là que tu as découvert pour la première fois l'existence d'Anne Boleyn, une femme qui t'a immédiatement fasciné et qui t'inspire encore aujourd'hui. Pour la première fois, et ce grâce à elle, tu comprenais le pouvoir que les femmes pouvaient exercer. Tu comprenais tout ce dont l'on t'avait privé. Ragots, rumeurs, mensonges ou vérité, tu ne le sauras jamais mais tu t'en moques bien tant que ta tête à toi ne risque pas de tomber. (003), Longtemps tu as vécu dans la misère et la pauvreté, avec l'idée que tu ne méritais rien d'autre au vue de ta condition. Mais, au fil des siècles, tu dois bien avouer que tu as pris goût au luxe et au raffinement. Exigeante, matérialiste, sybarite, tu aimes avoir une vie fastueuse et tu ne conçois plus de la mener autrement. Entre ta garde robe de grands couturiers, tes parures de bijoux à faire pâlir la Reine Elizabeth II, tes parfums de luxe, tes antiquités, tes objets d'arts et ta cave à vin, tu dépenses ta fortune sans compter. Ton confort et ton plaisir passent avant tout. (004), Malgré la longueur de ton existence, tu ne t'aies offerte qu'aux bras aimants et affectueux de deux seuls hommes. Deux hommes triés sur le volet. Ton corps est un véritable Temple que tu refuses de souiller par la luxure et le vice. Les hommes ne sont pas dignes de toi et c'est pour cela que tu n'as aucune gêne à les manipuler, à les corrompre, à les asservir, grâce aux charmes que la nature t'a octroyé. Il est si facile de leur faire convoiter ce qu'ils n'auront jamais. Tu sais ce que la promesse d'un plaisir fugace peut entrainer chez eux et tu prends un malin plaisir à leur faire miroiter avant que la frustration et le désir ardent ne les fassent tomber. Et une fois que tu as obtenu ce que tu voulais, tu t'arranges pour qu'eux ne soient jamais comblés. (005), Femme et Reine d'une autre époque, tu en as préservé de nombreux vestiges, comme ton goût très prononcé pour la cruauté et la torture. Pourquoi toujours tout expédier, pourquoi toujours tout bâcler? Toi, tu aimes prendre ton temps et employer les bonnes vieilles méthodes pour parvenir à tes fins. Tu es d'ailleurs, entre autres, connue et redoutée pour cela. Écartèlement, fourche de l’hérétique, supplice du rat, manivelle intestinale, estrapade, mèches, châtiment du flagrum, brodequins, fauteuil immergé... tu ne manques pas de ressources pour te montrer créative et efficace. Ton supplice préféré restant l'écorchement. (006), En tant que Reine des vampires, tu aimes à te distinguer et à asseoir ton autorité. Ainsi, cela fait déjà plusieurs siècles que tu as opté pour une métamorphose différente de celle des autres. Tu es d'ailleurs l'une des seuls à t'en montrer capable. Pour cela, tu t'es inspirée du serpent, l'un de tes animaux favoris. Lorsque tu attaques, tu arbores en effet, en plus des canines acérées réglementaires, une longue langue fourchue, une peau et un regard reptiliens. Tes apparitions et tes attaques devenant ainsi légendaires et reconnaissables entre toutes. La discrétion, oui. L'anonymat, certainement pas. Tu aimes signer tes œuvres et faire savoir à tes sujets que tu ne te reposes pas sur tes lauriers, que tu te délectes encore et toujours de pouvoir te salir les mains. Rien ni personne ne doit douter de ta cruauté et de ton aptitude à exécuter toi même une sentence. Il est à noter également que tu apprécies prendre l'apparence d'autres animaux comme la chauve-souris et le corbeau mais aussi et surtout, la louve. (007), Tu détestes le monde tel qu'il est aujourd'hui, dépourvu de poésie, de grâce et de romantisme. Les femmes sont vulgaires et masculines, les hommes sont lâches et fainéants. Les gens n'ont plus aucun respect et encore moins de manières. Tu te sens agressée et oppressée par la prédominance du béton et des nouvelles technologies. Tout te semble froid et dépourvu de sens, disgracieux et repoussant. Tu regrettes l'ancien temps, oh il n'était pas parfait, mais sa beauté et son innocence te manquent. Voilà pourquoi tu tentes d'en préserver un écho dans chacun de tes repères, des jardins d'Eden où le temps semble s'être arrêté au plus tard au 19ème siècle. Gare à ceux et celles qui tenteraient d'y faire pénétrer certains anachronismes. Tu es intransigeante à ce sujet. (008), Si tu es réputée pour être une femme fatale et une grande séductrice, il n'en est absolument rien. Ton coeur appartient, a toujours appartenu et appartiendra toujours, à ton créateur, Andrew Bennett. Mais cela, personne ne doit le savoir où l'on découvrirait ta plus grande faiblesse, une faille qui ouvrirait les portes à ceux et celles qui convoitent déjà ardemment ton trône. Alors tu joues le jeu, tu alimentes les rumeurs, tu susurres des mots doux à ceux qui se prétendront plus tard avoir été tes amants. Mais dans tout ce ramassis de mensonges, dans toute cette mascarade, une chose est vraie, tu n'es pas une femme légère ou facile. Tu choisis tes fausses conquêtes avec le plus grand soin. Il n'est pas donné à tout le monde de pouvoir faire la cour à la Reine du Sang. D'ailleurs, tu as eu vite fait de remarquer que cela embrasait les passions et les convoitises. Une femme inaccessible et exigeante étant plus attrayante et respectable qu'une vulgaire catin aux mœurs légères. (009), Grâce à cela, tu peux te permettre d'afficher au grand jour, et sans aucune crainte, ta possessivité envers celui qui fut un jour officiellement ton Roi. Faisant passer ta jalousie pour de la haine et de la rancœur, tu t'en prends systématiquement à toutes les femmes qui osent approcher, de près ou de loin, les bras tendres et exquis de ton Andrew. Tu ne supportes tout simplement pas l'idée qu'il puisse en aimer ou en satisfaire une autre. Mort lente et cruelle, agonie, terreur, massacre... ou transformation sadique, tu choisis toujours en fonction du degrés d'agacement que ces putains provoquent en toi. Tout en sachant qu'un jour ou l'autre elles périront toutes de ta main ou de la sienne. (010), Au fil des siècles, tu as instauré, et ce à travers le monde, un empire tout entier, le Culte de la Lune Rouge Sang. Grâce à ta patience, ton ingéniosité et ton talent pour gouverner, tu as su mettre de l'ordre dans le monde, jusque là, chaotique des vampires. Tu as créé et imposé une hiérarchie pour préserver ton espèce et son avenir, quitte à en sacrifier une partie. Il est trop tôt, beaucoup trop tôt, pour lancer l'assaut et tenter d'asservir les humains. Trop de justiciers, trop de protecteurs, trop d'obstacles. Mais qu'à cela ne tienne, tu ne cesses jamais d'œuvrer dans l'ombre avec tes plus loyaux serviteurs afin de préparer tes troupes à l'inévitable affrontement qui s'annonce. Un jour, les vampires se dresseront dans la lumière pour prendre ce qu'il leur revient de droit, ils domineront alors les humains et tous ceux qui se dresseront sur leur chemin. Telle est ta prophétie, tel est ton dessein. Rien ni personne ne saurait t'en détourner car tu es sûre de la véracité de cette prédiction.