Once upon a time... A little girl and her Fairy. | Ft. Felicity

"Once upon a time... A little girl and her Fairy."

The broken are the more evolved. - The Beast

Son regard observait le ciel nocturne, l’air lointain, tandis que les traits de son visage étaient comme à leur habitude sans expression particulière. Cependant, l’on pouvait discerner à travers les traits dont il était question, qu’elle était noyé dans les flots d’une réflexion dont elle était le seul témoin. Un vent vint balayer sa chevelure d’or, tandis que son regard se posa avec douceur sur le paysage qui se dressait sous ses yeux de cette belle Star City, brillant sous le ciel nocturne tel un reflet de cette voûte tout aussi empoussiérée dans la nuit de mille lumières. Du haut de ce building, elle appréciait simplement ce moment de solitude, son visage semblant moins torturé qu’habituellement. Son attention finit enfin sur l’objet qu’elle gardait précieusement entre ses mains, son Journal intime. L’ouvrant sur une page vierge, elle attrape la plume non loin d’elle, qu’elle plongea soigneusement dans l’encre noire et commença à y dessiner de magnifiques lettres.

              Cher Journal, j'ai une chose à te raconter aujourd’hui, afin que tu sois le premier et le seul témoin de ce récit sans doute absurde et qui me fera perdre tout crédibilité auprès des miens. Mais toi, Journal, je sais que tu ne jugeras pas le moindre de mes actions. Toi, tu te contentes de conserver très soigneusement entre tes pages, tout ce que je t’écris. J'aimerais donc t’écrire ce dont j'ai un besoin de te faire le récit. Il y a de cela vingt-trois malheureuses petites années, j'ai fait la rencontre de cette enfant portant le nom de Felicity Smaok. Bien trop jeune pour avoir conscience des tristes dangers qui l’entouraient déjà à cette époque, véritable incarnation de l’innocence, une lumière qui m’avait sans doute éblouie dans ces ténèbres dans lesquelles j’avais été si longtemps immergée. Une lumière vers laquelle je fus malgré tout forcée d’aller afin de lui éviter d’être engloutie par cette pernicieuse obscurité qui rodait autour d’elle, faisant justement de l'enfant ce petit astre isolé, promis a une fin des plus tragique.
     J’étais sans aucun doute un monstre moi-même, mais un monstre avec des valeurs et il était à mes yeux inconcevable qu’on s’en prenne à la lumière qui brillait en ce petit être tant qu’elle brillait autant. Le dégoût que j’avais ressenti à l’époque pour l’un de mes congénères, cette horreur de la nature qui jouissait de l’essence vitale de ces fragiles et minuscules êtres qui n’avaient que pour défense les demeures où ils vivaient et qui les protégeaient de la dite horreur. Mais vois-tu à cet âge-là, Cher Journal, on est facilement influençable. Et Felicity Smaok avait à l’époque invité à entrer chez elle, l’horrible Croquemitaine qui en voulait à sa vie. Je n’avais que faire des représailles que pourraient avoir ce crime envers ma propre espèce et un membre du culte de la Reine de sang, je voulais protéger cette enfant, son corps autant que son esprit. Car si protéger sa vie était essentiel, lui éviter de subir un potentiel traumatisme était à mon cœur tout aussi important. Moi dont le cœur était pourtant mort il y a si longtemps avec cette humanité qui m’avait été arrachée de force.

      Même si c’était un risque pour moi, j’avais aussi décidé de rentrer dans la vie de cette petite, en jouant la carte de l'imaginaire et des contes fées. Elle avait l’âge propice pour croire à l’improbable et je savais que depuis que le Croquemitaine s’amusait à angoisser ses nuits dans le but que la peur grandisse de plus en plus en elle, et ce, afin de rendre son sang bien plus savoureux, elle avait besoin d’une amie pour la rassurer la nuit venue. Me présentant à elle, sous l’apparence d’un chat blanc au pelage soyeux et comme sous ma forme humaine, aux yeux vairons, bleu et vert, miaulant à sa fenêtre alors que comme chaque soir, elle se cachait sous couette muni d’une lampe torche. Je me rappelle des étoiles dans ces yeux lorsque son regard se pausa sur moi, j’avais à cette nuit-là sauvé son cœur de la terreur. Ce ne fut que les deux nuits suivantes, lorsqu'elle remarqua enfin que je n’étais vu que d’elle, m’appliquant à me volatiliser dès qu’elle était en compagnie de quelqu'un d’autre. Je lui avais alors parler pour la première fois sous ma forme de chat, lui annonçant - sous un ton théâtral qui plaisait et émerveillait les enfants de son âge - que j’étais une fée venant d’un lointain monde magique et féérique. Et que j’avais été envoyée par la reine Blanche-Neige en personne pour être sa marraine la bonne fée.
     Et pour lui prouver que j’étais magique et pas simplement un chat qui parle, je repris ma forme humaine. La voir si amusée, si enthousiaste d’être à la place d’une héroïne Disney, m’avait sans doute à l’époque rendue indirectement heureuse moi aussi. Tout en empêchant le Croquemitaine d’approcher d’elle, je passais les nuits, et mêmes les journées "très nuageux" à lui tenir compagnie et à jouer avec elle. Je ne craignais pas d’être découverte, les récits de Felicity à son entourage m’avaient fait passer pour son amie imaginaire. C’était ce que je voulais, ce qu’il fallait pour la protéger. Le Croquemitaine vaincu et Felicity plus au moins heureuse, même si c’était déchirant, je lui avais fait mes adieux, prétendant devoir retourner dans la forêt enchantée d’où je venais, ainsi la laisser grandir sans que j’affecte davantage sa vie.

      Si tu pouvais penser comme un homme, très Cher Journal, je suis certaine que tu te demanderais pourquoi je te raconte tout ça. La réponse est plus simple que tu le crois, disant que tout récemment, alors que j’étais de passage dans cette ville, Star City, une odeur familière avait attiré mon attention. Cette dernière m’emmena à croiser brièvement cette femme, elle avait changé, grandie, mais je l’avais immédiatement reconnu. Et il sembla qu’il en fût de même pour elle, lorsque son regard se posa sur moi, bien trop insistant, bien trop perturbée peut-être pour que cela ne soit qu’anodin. J’avais cru bon profiter du passage d’un individu dans son champ de vision pour disparaître comme j’étais apparue. J’avais peut-être peur qu’elle me reconnaisse réellement, je préférais qu’elle ne cherche pas à savoir qui j’étais ou si j'existais vraiment. Il n’arrivait rien de bon à ceux qui connaissaient l’existence des vampires. Je voulais qu’elle ne sache jamais pour moi.
      Seulement la revoir avait créé un sentiment étrange, je ne saurais te l’expliquer avec des mots, disant simplement que je ressentais le besoin de la revoir, de la connaître, savoir ce qu’elle était devenue après toutes ces années. Oui. Ces quelques simples secondes où nous nous croisâmes, n’avaient fait qu’éveiller le désir de retourner auprès d’elle, même si je ne le devais pas. Peut-être aurais-je réussi à retourner à mon éternité de solitude, si je n’avais pas senti comme à l’époque la peur qui habitait de nouveau son coeur. Je n’arrivais pas à saisir pourquoi je me sentais mal à l’idée de l’ignorer, pourquoi je culpabilisais à la simple décision de l’épargner cette fois de ma présence. Je ne sais vraiment pas, Journal, j’aimerais pouvoir obtenir moi-même la réponse à cette question. Il y a donc deux nuits de cela, à nouveau, j’avais utilisé la même méthode qu’à l’époque afin qu’elle m’invite à entrer chez elle sans que je le lui demande… Prenant la forme d’un chat dont le pelage long et soyeux était d’un blanc immaculé, mes yeux restant de la même couleur que sous ma forme humain, ce vairon qui me caractérisait tant. Je me contentais alors de miauler à sa fenêtre pour en attirer son attention. Oui. J'étais finalement de retour Felicity, car ton cœur semble de nouveau avoir besoin de magie. 

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              Vingt-trois années, c’était le temps qui s’était écoulé depuis que j’avais laissé derrière moi, cette petite luciole de bonheur que j’avais fini par surnommer affectueusement Tinkerbell, le nom de la petite fée qui accompagnait Peter Pan. Vingt-trois ans, cela pouvait sembler être une éternité pour un mortel dont le temps est indubitablement compté, alors que pour moi, ce n’était l’histoire que d’un battement de paupière ayant véritablement conscience de la notion d’éternité, la subissant. Et alors qu’elle me faisait face, je pouvais le voir encore dans ce regard, elle, cette amoureuse des chats, toutes ces étoiles qui s’illuminaient comme si ses pupilles étaient le reflet d’une voûte céleste parsemée de ses millions de graines scintillantes. La fixant à ce moment, j’en oubliais la femme adulte qui m’avait ouvert la fenêtre, revoyant à nouveau cette enfant minuscule apeurée dans l’obscurité, son coeur battant d’ailleurs avec ce même rythme affolée qu’à cette époque.
     J’étais surprise à ce moment-là d’être si subitement envahi d’un sentiment dans mon cœur, si longtemps perdu que j’en avais oublié le sens. Je savais seulement qu’en me trouvant si près de cette enfant, j’avais un besoin de la couvrir de mes bras et apaiser ce cœur si fragile qui battait avec affolement dans sa poitrine. Bien que mon expression restait celui de tout chat, intérieurement, je souriais lorsqu’elle m’adressa la parole. Avait-elle eu la même réaction quand elle avait encore sept petites années ? Ou m'avait-elle pris dans ces bras directement pour me garder tout contre elle afin d’affronter plus facilement l’obscurité, munie de son épée sacrée, de sa divine lampe torche ? Une torche qu’elle éteignait aussitôt que sa mère venait vérifier qu’elle dormait, la rallumant une fois partie. Je le voyais, elle et sa générosité intacte malgré ses années humaines, malgré ses expériences et ses épreuves. Elle avait été éprouvée récemment, je pouvais le sentir.

      Cependant, son cœur si altruisme songeait avant tout autre chose à l’état de la pauvre bête venue l’ennuyer à sa fenêtre. Je crois que je commençais à me rappeler ce qu’était ce sentiment qui envahissait justement ce cœur pourtant si mort en sa présence. Cela faisait maintenant cent vingt-huis années que je vivais dans la haine et le mépris des autres, de mes congénères et surtout, de la reine, ma propre mère créatrice, au point que j’avais oublié tout ce qui pouvait être lié au bonheur, au plaisir, à la joie… Autant de mots pour un sens qui n’avait dans mon cœur plus aucune valeur, du moins jusqu’à ma rencontre avec cette petite chose fragile, mais débordant de joie. Ces moments passés à amuser ses journées, ainsi que ses soirées, ou simplement lui tenir compagnie sous ma forme de chat pour l’aider à s’endormir telle une peluche vivante, après lui avoir raconté des histoires au préalable, c’était pour moi des moments qui m’aurait fait ne jamais quitter cette enfant si je n'avais pas fait preuve de bon sens.
     Oui. Je me rappelais enfin ce qu’était ce sentiment que j’avais fini par oublier avec ce que la reine avait fait de moi, ce qu’elle m’avait forcé à faire. Je ne savais pas si je voulais à nouveau ressentir cela, toutefois, je voulais être auprès de cette enfant devenue adulte même à l’heure où j’écris ces quelques mots. Je m’étais glissée dans son appartement avec cette grâce féline dont l’anatomie des chats détenait le secret. Je restais un moment à observer les lieux une fois à l’intérieur, cela n’avait rien avoir en comparaison à sa chambre d’enfance, entretenue de rêve et d’imaginaire. Ici, tout était plus ‘’terre-à-terre’’ et je reconnaissais-là le lieu d’habitation d’une personne ne voulant plus s’encombrer de magie et d’illusions féeriques. Je n’étais pas pour autant effrayer à l’idée de revenir vers elle… En effet, si je pouvais passer pour une véritable fée à ses yeux lorsqu’elle était jeune, la psychanalyste que j’étais, savait aussi que je pouvais toujours passer pour le fruit de son esprit en quête d’un moyen de surmonter son traumatisme à nouveau.

      C’est d’ailleurs pourquoi je n’ai pas vraiment cherché à attendre des jours comme la première fois quand elle avait sept ans pour que je lui parle à nouveau sous cette forme sans prendre de pincette au vu de son âge désormais. « Toujours à lutter contre tes peurs, hein… Tinkerbell. » Elle me tournait le dos, fouillant dans ses placards sans doute pour réellement me trouver de quoi manger quand je lui adressai ces mots, alors que je savais que ces placards étaient vides, s'obstinant à rester enfermée ici. J'avais pris soin de l'observer avant de revenir dans sa vie. Sa gentillesse était telle qu'elle préférait nourrir un chat plutôt qu'elle-même. J’étais assise, la toisant de mon regard vairon, de ce regard typiquement propre au chat. J’attendis qu’elle se retourne vers moi pour rajouter. « Qu’est donc devenue la brave petite luciole que j’ai laissée derrière moi ? » 

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              Son regard appartenait bien à une personne qui avait traversé de lourds épreuves, quelque part, j’aurais voulu savoir ce qui l’avait mis dans un tel état. Mais d’un autre côté, je n’étais pas là pour faire remonter la douleur afin qu'elle l'affronte, ce monde avait désormais des médecins qualifiés pour l’aider au mieux. Moi, je n’avais qu’une mission qui me semblait évidente à l’heure actuelle, lui faire oublier sa peur, celle qui ne cessait de la ronger de l’intérieur. Il était évident que cela n’allait pas lui faire oublier ce qui semblait à l'origine de son traumatisme, mais si elle ne voulait pas mourir de faim, je devais au moins utiliser ma présence dans sa vie pour l’aider à se ressaisir ne serait-ce qu’un peu. Elle prononça mon surnom, ce qui fit naître une petite joie dans mon cœur. Vois-tu, Cher Journal, cela ne m’aurait pourtant guère étonné qu’elle m’oublie, bien que j’étais restée longtemps dans sa vie au point même de commencer à la voir grandir, je n’étais finalement que son ami imaginaire.
     Oui, certes, j’ai dû remplacer la présence de son père et quelquefois celle de sa mère, parfois présente plus que ces derniers lorsqu’elle devait souffler ses bougies. À combien d’anniversaires ai-je assisté pour ne pas qu’elle se retrouve complètement seule ? Oui, j’ai été cette amie si longtemps que cela me paraissait flou, presque anecdotique, la seule chose dont j’étais certaine, c’était que je devais un jour la quitter moi aussi… Elle arrivait à un âge de raison, un âge où les enfants n’avaient guère plus besoin d’ami imaginaire, un âge où les amourettes de début commençaient à prendre une grande part de leur vie et qu’être seule avec son imagination était… Comment disent-ils encore ? Ah oui ‘’Ringard’’, un mot bien étrange à mon sens, mais qui avait certainement beaucoup de signification pour ma Tinkerbell. Je ne pouvais pas rester, alors qu’elle devenait une jeune femme, ma présence n'allait faire que l’empêcher de grandir. Et peut-être avais-je raison d’agir ainsi, car dès lors qu’elle m’avait reconnu… C’étaient les yeux d’une petite fille qui brillait à nouveau dans son regard.

      Je me relève sur mes quatre pattes et avec une élégance dont j’avais le secret sous cette forme, je m’avançais alors pour bondir sur le comptoir de famille afin d’être un peu plus à son niveau. « Ce cœur n’était plus sensé avoir besoin de l’aide d’une fée ? » Je m’assois de nouveau et je rajoute. « Alors pourquoi, fait-il de nouveau, appel à moi ? Tu comptes laisser cette peur t’empêcher de vivre, Tinkerbell ? » J’aurais joué la carte de celle qui avait conscience de n’être qu’un fantasme de son esprit, mais alors où serait la magie si je lui confirmais alors moi-même n’être que le fruit de sa conscience. Est-ce que d’ailleurs, il serait raisonnable qu’elle est justement conscience de parler avec elle-même ? Est-ce que mes paroles auraient le même impact sur elle, que si je la laissais dans le doute quant à mon existence ? En effet, elle pourrait croire que je ne suis que le fruit de son imagination même je ne confirme rien, mais elle pourrait aussi douter.
     Après tout, comme lorsqu’elle était petite, elle pouvait me toucher comme je pouvais la toucher, sentir mon odeur ou même s’endormir dans mes bras. À l’époque, c’était pour toutes ces choses qu’elle me savait réelle, qu’elle croyait en l’existence de sa marraine la bonne fée. Alors, je ne préférais en aucun cas, jouer la carte de la folie… Ce n’était jamais sain de croire que nous étions fous, c’est pourquoi je lui ferai croire à nouveau que j’étais une fée et que malgré qu’elle n’y croirait sans doute pas, le doute l’empêchera de croire qu’elle est folle comme le fait qu’elle ne l’était pas. Un juste-milieu qui va sans doute la pousser à vouloir savoir ma nature, c’était un risque, mais que pour elle, je prendrais. « Tu comptes laisser tes placards vides ? Il n’est pas encore trop tard pour aller faire les courses. Je t’accompagnerai si tu veux... » Insistais-je sur le dernier point, une manière subtile de lui dire, je l’accompagnerai si elle a "peur".

      En fait, même si j’avais utilisé le terme ‘’si tu veux’’, je ne lui laissais pas trop le choix. Je bondis à nouveau en reprenant alors ma forme humaine pour ouvrir le frigidaire, les placards et cela me fit soupirer longuement, avant de lui jeter un regard désapprobateur. « Vas t’habiller ! Je t’attends à l’extérieur de ton appartement, tu as cinq minutes. » Dis-je sans même lui laissant le temps de répliquer quoique ce soit, elle était telle une enfant qui n’avait plus conscience de ce qu’elle faisait, si ce n'est que se cacher sous son drap et donc telle une marraine, je devais agir jusqu’à ce que l’adulte en elle refasse de nouvelles surfaces. On parlera de ces tracas, une fois qu’elle sera assurée d’avoir à nouveau rempli ses placards. Comme je le dis, je n’avais pas le temps de lui permettre de digérer ma présence, de s’interroger sur le fait qu'elle était folle ou non. Elle n’avait plus sept ans, je ne prendrais aucune pincette avec elle. J’étais vêtue d'une tenue ordinaire, une chemise bleue et un pantalon noir. 

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              J’entendais les battements de son cœur qui aurait pu attirer tout un troupeau de vampires excités et affamés à sa porte, son cœur agissant comme un far brillant dans la nuit. Je ne voulais pas savoir ce qui lui était arrivé, pas maintenant en tous cas, pas tant qu’elle ne pouvait pas encore en parler. Mais ce qui était certain, c’est qu’à l’heure actuelle elle ne risquait rien avec moi à ses côtés. J’étais peut-être pour elle que le fruit de son imagination, mais pour les autres, je restais et resterai la créature la plus dangereuse et meurtrière qui soit, et fous sont ceux qui pourraient chercher à faire du mal à ma Tinkerbell en ma présence. Cela dit, ce n’était pas une femme ayant fait tomber ses courses sur le sol qui allait être un quelconque danger. Et croyez bien qu’on ne pouvait guère me tromper à ce sujet, le cœur de ce fœtus battait deux fois plus vite que celle de la femme qui le portait, m'indiquant que c'était bien là une femme enceinte. Et par ailleurs, j'avais été trop bien éduquée pour rester indifférente une pareille scène sans bouger le petit.
     « Laissez-moi faire et préservez donc votre dos ma chère, je vous prie. » Avais-je alors dit en m’approchant, dès lors que je la vis se pencher pour ramasser ses biens. Je ramassais ces oranges qui avaient roulé un peu partout sur le sol, les rassemblant et les remettant dans le sachet alors qu’au même moment, je sentis le regard de ma Tinkerbell se poser sur nous. Je remettais le sac à la jeune future maman qui reprit son chemin vers la porte de son appartement. « Allez, on y va, Tinkerbell ! » M’exclamais-je sans me soucier du fait que le fruit de son imagination que j'étais à ses yeux, venait d’interagir avec une personne réelle. Au contraire, j'étais bien consciente de cet état de fait, intérieurement cette situation commençait, il est vrai, à m’amuser un peu. Suis-je vraie ? Suis-je imaginaire ? Suis-je le fruit de sa conscience ? Ou suis-je une véritable fée capable de se faire passer pour une humaine aux yeux des autres ? Comme je le disais, il n’était pas non plus question que je la laisse se croire folle. Et puis tout est davantage plus différent qu'à l'époque, je n'avais plus vraiment peur de me manifester aux autres. Je savais qu'une innocence petite fille ne pourrait pas garder le secret de mon existence à son entourage, c'est pourquoi je ne me montrai jamais devant les autres à l'époque, ils n'auraient jamais compris ma présence auprès d'elle. Mais aujourd'hui, c'est une adulte, personne ne trouvait étrange qu'elle me fréquente, le pire des cas si elle ne sait toujours pas tenir sa langue, ce serait qu'on me prenne pour une amie haut en couleur, non une fée.

      Je marchais tranquillement à travers les rues encore mouvementées de cette belle ville, restant au plus près de ma protégée pour la rassurer. J’avais placé mes mains dans les poches de ce pantalon si contemporain, c’était tellement agréable de les mettre ainsi, au chaud, bien que le froid ne m’était pas désagréable. « Je peux sentir les milliers de questions qui fourmillent sur ta langue, pose-les sans crainte. Ces plus agréables que de marcher en silence, n’es-tu pas de cet avis ? » La rassurais-je d’avance dans le cas où effectivement, elle n’osait point me poser les fameuses questions ou parler pour ne serait-ce qu’engager une conversation quelconque. Et sa peur serait grandement logique, après tout qui voudrait parler avec quelque chose qui pourrait ou non être issue de l’imaginaire. Je m’arrêtais un moment vers un SDF, son état était déplorable. Il fait partie de ce que personne ne voit, que personne ne se souviendra un jour… C’est la cible idéale de la reine de sang, ma génitrice, et je ne pouvais m'empêcher d'avoir pitié d'eux.
     Je m’approchais de lui l’observait un moment, son odeur au-delà de son parfum nauséabonde avait quelque chose de différent et les battements de son cœur manquant de symphonies, irréguliers au point d’en être dérangeant. Je déposais une pièce d’or d’un autre temps dans son gobelet jaunie par le temps, et ce, avant de reprendre ma route. Je gardais pour moi ce que j’avais senti en cet homme, il ne tiendra sans doute pas le mois. J’avais senti en lui les premiers signes de l’infarctus, mais aller savoir quand ce dernier va le frapper. Autant qu’il profite au mieux de ces derniers instants. Ces pauvres créatures n’avaient pas un parcours très facile, même Molly refusait de les toucher, car elle trouvait que la vie ne les avait pas épargnés et qu’ils étaient, de ce fait, les plus évolué dans son cœur.
 

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              Ma pauvre Tinkerbell était sans aucun doute dans une situation délicate et elle le serait davantage si elle devait se confronter aux horreurs qui hantaient son petit cœur au moment où je marchai avec elle. Libérée du poids de la timidité par mon intervention, elle me demanda pourquoi je revenais maintenant. Je la fixais sans pour autant m’arrêter, mon regard était accompagné d’un sourire qui se voulait attendrissant. Honnêtement, j’avais oublié que j’étais capable d’un tel sourire, je ne souriais plus depuis si lentement et il fallait que je revoie cette enfant devenue adulte pour en être capable de nouveau. Malheureusement, je ne pouvais pas lui dire que c’est parce qu’elle me manquait terriblement et que je cherchais une solution, une porte de sortie de secours pour me guérir de cette dépression centenaire. Je ne pouvais pas lui dire que sa marraine voulait simplement un but pour ne pas un jour mettre lâchement fin à son immortalité. Une de nous deux avait davantage besoin d’aide à l’heure actuelle et ce n'était pas moi pour le moment.
      « Parce que le Croquemitaine est revenu, mon enfant. » Peu importe la forme qu’il avait prise, la peur avait regagné son cœur, le croquemitaine était de retour. Oui, c’était une coïncidence que je désirais la revoir au moment où les ténèbres l’engloutissaient à nous dans un cycle de terreur. Et peut-être, n’aurais-je certainement pas osé entrer dans sa vie sans cet événement qui semblait grandement la traumatiser. Mais je m’arrêtais aussitôt qu’elle annonça de manière si désinvolte, si ridiculement facile, que je lui manquais. Et l’espace d’un moment, tout mon être avait été frappé par un sentiment qui me semblait lointain. Était-ce de la joie ? Ou de l’inquiétude ? Les deux peut-être ? Je n’en savais rien. Je me tournais vers Felicity… Mais avant que je trouve les mots ou le courage de répondre à ce qu’elle venait de me dire à l’instant, elle me demanda si j’étais une fée. Je portais alors un moment mon regard sur la lune, l’air songeuse.

      « Ce monde a tant changé et avec l’apparition de ce que vous nommez méta-humain et leur capacité, tu as des raisons d’en douter. » Je reportais alors mon regard vers Tinkerbell, lui souriant cette fois tristement. « C’est à toi de voir si tu veux y croire ou non en moi. Tu connais la méthode, une fée mourra si on lui annonce '' directement '' ne pas croire en son existence. » C’était un choix dangereux, car si elle ne croyait pas en moi, si elle le disait ouvertement, je devrais sortir de sa vie à nouveau et définitivement. Une méthode radicale pour ne pas qu’elle tente de chercher ce que peut-être est ma vraie nature. Oui, aussi horrible que ça puisse être, je préfère mourir dans son cœur en tant que fée, plutôt que de la mettre en danger en sachant ce que je suis en tant que vampire. Et puis en soit, ce n’était pas un mensonge. Les vampires avant l’apparition de la bible, étaient considérés comme des monstres féeriques dans certaines cultures. Le terme vampire n’a pas toujours existé pour nous désigner…
     Sekhmet elle-même, déesse guerrière égyptienne, pourrait être confondue avec un vampire dans sa furie vengeresse et sa soif de sang. « Je suis ta fée, sauf si tu ne le désires plus. » Je la fixais un moment avant de rajouter par rapport à sa phrase d’avant. « Je… Je ne serais pas partie si j’avais eu le choix, tu devenais une jeune femme qui ne semblait plus avoir besoin de la présence d’une amie qu’elle était la seule à voir. » Je repris ma marche pour entrer dans le magasin. Oui. Dans mon cœur je n’étais que ça, ‘’une amie imaginaire’’ d’une simple et merveilleuse enfant souffrant de la solitude. Je n’étais pas grand-chose de plus à côté de sa mère cherchant à combler l’absence du père comme elle pouvait, juste une amie sans réelle importance.
 

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              Quel paradoxe étrange que de mentir tout en étant sincère. Je n’étais pas une fée, pourtant, j’étais bel et bien ‘’sa’’ fée. Je ne mourrai pas même si elle ne croit pas aux fées, pourtant, je disparaîtrais à nouveau de sa vie si c’était ce qu’elle souhaitait. J’étais capable de beaucoup pour cette enfant, c’était d’ailleurs un sentiment si étrange, mais qui me semblait naturel. Malgré mon rôle fantaisiste, être sa marraine m’a toujours semblé aisé, non-forcé. Être auprès d’elle et la voir grandir, avait rendu mon comportement auprès d’elle plus que naturel. Parfois, je n’étais plus l’ami qu’elle avait besoin, j’étais celle qui devait sans doute lui mettre des cadres et lui interdire des choses. Oui. Quand il fallait lui faire comprendre gentiment des choses qu’elle pouvait faire ou ne pas faire. Même si je prétends n’être que son amie et sa marraine la bonne fée, je devais lui indiquer une voie à suivre pour son propre bien. Ne pas toujours jouée, mais étudier pour qu’elle puisse avoir de la facilité dans ces études et ses choix de vie. Forcément, j’ai peut-être joué un rôle dans son éducation sans que j’en aie vraiment pris la chose comme telle.
     « Tu es la seule à en connaître la réponse, Tinker ? Aujourd’hui, le Croquemitaine est l’incarnation de ce qui te trouble actuellement. » Répondis-je alors à sa question, d’une réponse moins niais qu’à l’époque où elle n’avait sans doute pas encore la maturité de comprendre les horreurs du monde qui l’entouraient. Elle m’annonçait alors qu’elle voulait croire en moi, ce qui me rassura fortement et si l’on m’aurait à ce moment-là demandé pourquoi je l’étais, je n’aurais guère su répondre. Mais avec le temps, je pus comprendre que c’était pour la même raison qui m’avait poussé à retourner auprès d’elle. Je cherchais un moyen d’échapper à ma solitude et plus je passais de temps avec elle, plus je prenais conscience qu’elle fut pour moi cette lumière dans mes ténèbres que j’avais eu la bêtise d’abandonner. ''Elle voudrait toujours de moi comme fée'', comment une simple phrase pouvait contenir autant de magie ? Comment pouvait-elle autant m’apaiser, ou me remplir de joie ?

       Une fois dans le magasin, je commençais à fixer les rayons, intriguée parce que je voyais. Très franchement, à mon époque, les aliments étaient conservés d’une manière autrement plus différente que ceux actuels. J’étais donc très mal placée pour savoir quoi lui prendre de sain. Et puis je n’arrivais pas à imaginer que de la viande dans une boîte était sain à manger. J’attrapais d'ailleurs une boite en particulier et tandis que je la contemplais dans tous les sens incrédule, Tinkerbell m’interpella. Ce qu’elle m’annonça, fit naître un léger sourire sur mon visage. C’était bien normal qu’elle me voyait bien plus que comme une amie imaginaire, j’avais été plus présente dans sa vie que sa mère et son père durant une très longue période de son enfance à son adolescence. Et moi aussi quelque part, je me sentais affectée par cette idée, principalement, parce que j’avais réellement en moi cette impression de l’avoir élevé cette petite. Mais c’était sans doute un sentiment logique d’une amie qui entretenait une autre, non ?
     « Oh, tu sais... » Commençais-je alors que je la suivais avec son étrange véhicule, je crois qu’il appelle sa une poussette, normalement, on met des bébés dessus d’après ce que j’ai cru comprendre, mais j’imagine qu’il a d’autres utilités. Ce que je voulais lui dire, c’est qu’elle était une enfant qui avait besoin d’affection et que c’était normal de se tourner vers son amie imaginaire quand il n’y avait pas l’attention des personnes qui lui étaient réellement chers à son cœur. Mais je m’arrêtais net, incapable de poursuivre et terminer ma phrase à l’entente de ce qu’elle m’annonça. Moi, une mère ? Était-ce comme ça qu’elle me voyait à l’époque ? Sa… Sa seconde mère ? Ces moments où elle insistait pour que je reste sous ma forme humaine, prétextant une histoire que je pouvais bien lui raconter même sous ma forme chat, un subterfuge pour en réalité s’endormir dans mes bras malgré mon corps dépourvu de chaleur. Je la trouvais étrange de se blottir ainsi contre moi tel un bébé orang outan, n’ayant jamais réellement saisi ce besoin de ce genre d’attention de ma part. Mais je supposais que c’était ce dont avait besoin une enfant de son âge.  

      Je supposais beaucoup à l’époque… Mais jamais sur ce que pouvait ressentir l’enfant devant moi. Je supposais pour sa sécurité, son éducation, son hygiène, son bonheur, mais jamais sur sa vision de sa marraine la bonne fée. Je me retournais aussitôt que je sentis une première larme de sang couler le long de ma joue. Elle n’avait décidément pas conscience des mots dangereux qu’elle prononçait. Dire cela à une vampire dont la propre mère créatrice s’évertuait à maudire son existence, plutôt que la chérir, et ce, pendant de longs siècles. Transformer par cette même femme qui m’avait en plus forcée à tuer ma propre famille par pure vengeance. Felicity Smoak adressait de telles paroles à un être brisé qui n’a eu que pour seul ambition que de trouver une solution afin de se donner la mort. Une ambition funeste qui m’avait aveuglé, qui m’avait fait abandonner l’enfant que j’aurais pu appeler ma fille si je n’avais pas été si aveugle.
     Et je n’arrivais pas à ignorer la douleur qui me pénétrait la chair sous les lames tranchantes de ces sentiments longtemps ignorés. Elle était pourtant simplement une petite fille que je devais protéger en tant qu’amie imaginaire, je ne m’étais pas rendue compte que j’avais fini par l’aimer avec une force que j’ai inconsciemment ignoré. Peut-être parce que je savais que c’était quelque chose de dangereux, j’étais après tout un monstre, un monstre qui n’appartenait pas à son monde, une femme d’un autre temps, noyée dans un tourbillon de peine. Oui. Ma peine, ma douleur, ma solitude m’empêchaient de voir un potentiel avenir avec ne serait-ce qu’un peu de bonheur. Oui. Je m’étais égoïstement centrée sur moi-même, me disant que maintenant qu’elle était heureuse, qu’elle devenait une jeune femme, une adolescente prête à faire trembler le monde de son intelligence, je n’avais plus de raison d’être pour elle.

      Égoïstement, je suis retournée dans mes ténèbres dans le simple but de mourir un jour, espérant avec un peu de chance, qu’un chasseur m’enfoncerait un pieu dans ce cœur pourri qui était le mien. Et à aucun moment, je me suis demandée quels étaient les sentiments de Felicity me concernant. Je n’étais pas réelle après tout. Et je souffrais en réalisant que j’avais, semble-t-il, abandonné le seul être au monde à éprouver de l’amour pour moi, et ce, dans le simple but de mourir. C’est pourquoi même si je tentais d’y résister, de rester de marbre, les larmes coulaient, ces larmes qui me rendaient hideuse de ce rouge carmin. La dernière fois que mes larmes avaient coulé ainsi, la situation était bien moins joyeuse… Je tenais le corps de mon neveu dans les bras, celui que la reine m’avait forcé à tuer alors qu’elle venait de me transformer. J’avais versé des larmes marquant la fin de mon humanité et la mort de mon propre cœur. Aujourd’hui, les larmes que je versais, louait le retour timide de cette humanité accompagnée d’un cœur fragile pulsant de son premier battement d’espoir.
      Me retournant alors, l’air désolé et stupide de lui montrer un pareil visage, je lui demandais alors… « Aurais-tu un mouchoir sur toi, ma chère ? Je ne veux point effrayer les autres clients. Une fée qui pleure, ce n'est pas très jolie. » Ma voix était fébrile, tremblante, j’avais l’impression d’être si démunie d'un coup, moi qui étais pourtant pourvue d’une forme d’invincibilité. Il faut croire que cette petite blonde possédait réellement sur moi un pouvoir mystérieux.
 

"Once upon a time... A little girl and her Fairy."

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              C’était pour le moins une révélation des plus inattendue, au point que j’en avais perdu tous mes moyens. Je n’aurais jamais cru que j’avais encore un cœur assez gros pour être capable d’accueillir ce genre d’affection ou d’être même capable de l’exprimer. Je peux le dire, nulle autre que cette enfant était capable d’une telle proximité avec moi, oui… Je la fixais de mes yeux vairons m’essuyer le visage de mon sang avant qu’il ne sèche sur ma peau. Ceci avant qu’elle me lasse tendrement dans ses bras et que j’en fasse de même, un peu plus timidement pour le coup. Tinkerbell était sans doute une erreur, peut-être aurais-je dû réellement la surnommer ‘’bébé orang-outan’’, mon bébé orang-outan semble-t-il. Et je l’écoutais et malgré sa maladresse toute innocente, elle avait réussi à m’arracher un nouveau sourire. Je ne trouvais pas les mots, c’était elle qui avait besoin que son cœur soit apaisé et pourtant, voilà qu’elle mettait de côté ses effrois pour cette mère dont l’existence dans son coeur était encore un point à vérifier, peut-être étais-je réelle à ses yeux, peut-être qu'elle ne cherchait plus à comprendre pour l'heure ? Je ne sais pas moi-même ce qui travers son esprit.
     Mais, comment ne pas ressentir de la fierté pour son courage ? Fierté, n’est-ce pas ? Je ne devais plus me montrer aussi fébrile devant elle, dorénavant… Car une ‘’mère’’ ne laisserait pas son enfant la voir dans cet état et il semblerait qu’au regard de Felicity, je devais m’appliquer à être ce pilier sur lequel tout enfant à ton d'un parent. Au fond de moi, je ne savais pas réellement si j’avais le droit d’être sa mère, moi qui, encore quelques heures de ça, songeais encore à la manière dont je pouvais déjouer les ordres psychiques de ma reine afin d’avoir le ‘’choix’’ et la ‘’liberté’’ de mettre fin à ma vie. Comment une mère pourrait se donnait la mort et abandonnée un être qui lui voue un sentiment sincère ? Bien sûr que je suis étonnée qu’elle me voie ainsi, car mon esprit était tout simplement fermer à cette hypothèse, noircie par ma mélancolie centenaire. Je ne sais pas si j’allais pouvoir digéré l’information ce soir, honnêtement ça remettait en moi beaucoup trop d’idéologie que j’avais me concernant, c’est pourquoi je devais ne plus y penser pour le moment. Faire abstraction du chaos en moi qui grandissait à cause de sa révélation.

       Je pose une ma main sur sa joue, sa froideur pouvait surprendre, mais j’imagine qu’elle s’y habituerait de nouveau comme quand elle était petite. Je lui offris un sourire avant d’ajouter. « Merci Tinker, tu es adorable. » Je récupérai à la suite, tendrement, le mouchoir dans sa main qui avait servi à nettoyer mon visage… Je transformais ce dernier en une brume claire que je laissais se disperser subtilement à travers la pièce sans possibilité d’une matérialisation retour. Mon sang était dangereux, contagieux, pas autant que ma morsure, mais je ne voulais pas prendre le risque d'engendrer un bébé vampire. Je récupérais alors la boite de tout à l’heure, où il y avait écrit kellogg's corn flakes. « Tiens, mets-donc ces maïs étranges dans ta poussette, Tinker. Cela dit, comment des légumes peuvent-ils finir dans un tel état de sécheresse ? » Et comment pouvait-il manger ça ? À mon époque, les légumes étaient plus jolis et juteux. « Je pense que ça devrait suffire, rentrons. » Nous ne voulions pas nourrir toute une famille, juste elle.
     Cela dit, j’étais rassurée de savoir que ses placards allaient être remplis pour un moment. Le regard de l’homme nous accueillant semblait perplexe, tandis que nous déposions nos courses pour les passer à la caisse comme il l’appelle. L’homme sortit deux grands sacs à provision dans lequel il y rangeait les courses. « Ca va aller ? » Demanda-t-il alors que son regard se posât sur Tinker, puis moi à la suite. À ce moment, j’ignorais pourquoi cette question avait eu lieu alors que Felicity ne semblait pas avoir de soucis financier vu qu’elle avait payé ses courses. Je ne lui répondis donc rien, je n'aimais gaspiller ma salive inutilement avec un humain en plus de ça. Surtout que je ne compris pas non plus son autre et étrange réaction, la surprise se lisait sur visage lorsque je pris les deux sacs à provisions moi-même. Et je n’aimais pas davantage l’accélération de ses battements de cœur dans sa poitrine alors qu'il me fixait de ses grands yeux, de manière impolie. L’adrénaline montait dans son sang et cela m’ouvrait l’appétit. « Allons-y, Tinker ! Ne restons pas ici. »
 

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              Quelques minutes plutôt dans le magasin, Tinker m’expliquait que le caddie et la poussette était en réalité deux véhicules différents, l’un adapté pour les courses du coup et l’autre pour les nourrissons. Mais il fallait que les méthodes de propultion était sensiblement les mêmes, seul désigne semblait différent. Quoi qu'il en soit, j’avais aussitôt assimilé l’information, tout comme le fait que la société était désormais capable de magie. Cela dit, se servir d’un sortilège pour rendre les légumes ainsi, je me demandais si cela en valait la peine. Mais au vu de la quantité, j’imaginais sans mal que cela devait marcher dans le commerce. Mais savoir que les humains utilisaient la magie, ne m’étonnaient plus vraiment. J’avais déjà eu mon lot de surprise avec la télévision. Je viens d’une époque ou la science nous permettait à peine de piéger la lumière à l’intérieur d'une maison, mais cette exploit-là j'ai pu l'étudier et le comprendre. Cependant, grâce à ma reine qui me gardait prisonnière, j’avais du mal à voir où se trouvait la science dans tout ce que je découvrais aujourd'hui. C’était de la magie à mes yeux. Si j’étais encore humaine, peut-être aurais-je pris le temps de l’étude.
     Non, si j’étais humaine, je l’aurais fait sans aucun doute. Quelle tristesse. J’étais tellement lassée de mon immortalité forcée que plus rien ne m’intéressait de la science, moi qui en étais une amoureuse passionnée autrefois. Je suis certaine pourtant qu’avec un peu d’effort, je n’aurais pas de mal à comprendre ce monde, mais je n’en avais pas envie, je n’avais rien envie d’autre que de mour… Et voilà que je recommençais avec ces pensées noires alors que je me tenais en face de cette pauvre enfant qui voyait en moi une mère. J’étais vraiment indigne de cet honneur qu’elle me faisait et que je n’étais réellement pas certaine de mériter. Et puis au final, c’était la fée qu’elle aimait, qu’elle voyait comme une mère, ce rôle que je m’étais donnée pour rassurer la petite fille qu’elle était et pour rassurer l’adulte qu’elle est devenue. M’aimerait-elle encore si elle découvrait le monstre que j’étais réellement ?

      Un monstre aux crimes centenaires dont les victimes de cette insatiable faim étaient physiquement proches d’elle. Quand je regardais ma Tinkerbell, je savais que si je ne l’avais pas connu enfant, j’aurais déjà longtemps volé son nectar carmin jusqu’à ce que son coeur cesse de battre. En soit, je devais me rendre à l’évidence, elle avait éveillé en moi cet instinct maternel, mais je restais malgré tout une bête pour celles qui n’avaient guère la même chance qu'elle. Oui, elle ne savait rien, elle était ignorante. La peur et le dégoût se dessineraient sur son visage si elle venait à savoir, la magie autour de mon existence disparaîtrait. Plus de conte de fée, juste l'angoissante histoire d’horreur. C’est pourquoi, quelque part, le poids de ses mots me faisait pleurer, car en réalité elle ne savait rien de moi. Lorsqu’elle s’adressa à moi, alors que nous étions sur le chemin du retour. Je lui souriais, avant de lui répondre. « Oh, tu sais, j’ai l’habitude avec les humains, Tinkerbell. »
     Je me retourne vers elle alors que le bleu et le vers de mes yeux vairons brillaient très légèrement d'une lueur lunaire, comme si les rayons argentés de la lune elle-même au-dessus de nos tête, se piégeaient dans les iris de mon regard… Et je rajoutai. « Certaines fées comme moi ont aussi tendance à faire naître le désir cher certaine personne réceptive à nos charmes surnaturelles, donc même si on reste discrète, on attire les regards, on n’y peut rien… C’est pour ça que la plupart d’entre nous, préférons notre forme animale. » Ce n’était pas un mensonge, juste je détournais quelque peu la vérité encore une fois. La beauté vampirique était un don maudit qui nous permettait d’attirer notre proie, une beauté qui endormait les peurs de la proie par son désir. Pourquoi fuir, quand tu peux obtenir un baiser ? Il ne savent généralement pas que c’est un baiser mortel. Donc que ce soit pour ma beauté ou ma force, les gens me regardaient avec effroie ou fascination, fantasme ou perversité.

       Concernant Felicity, de la même manière que j’étais incapable de la voir comme une proie à cause de ce que je ressentais pour cette bouille, elle devait sans doute être immunisée à cause du fait qu’elle me voit déjà comme une mère, ou parce qu’elle est hétérosexuel… Bien que cela ne veut rien dire en soi, le désir et la pulsion peuvent parfois outrepasser l’attirance. Tandis que l’amour, lui, semblait avoir des propriétés magiques indomptables.
 

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              Entendre Tinkerbell m’annoncer que je ne méritais pas qu'on me regarde ainsi, me fit réaliser à quel point elle était innocente et surtout, ignorante. Elle me rappelait qu'elle était cette petite chose fragile dont je trahissais le cœur qui est le sien d’égoïstes mensonges. Car, en effet, il était une vérité sur moi, un cauchemar terrible qui en comparaison d'un simple regard, méritait plutôt les plus terribles châtiments de l'enfer. Alors je souriais, mais intérieurement, c’était comme si un pieu s'enfonçait lentement dans mon cœur. Le poids du mensonge était-il devenu soudainement plus lourd, dès lors que j’eusse appris les sentiments de Felicity à mon égard ? Sans aucun doute. Toutefois, bien que ressentant cette culpabilité, je restais ferme quant au fait que ce mensonge continuera à être pour son propre bien et le mien quelque part. Je ne lui répondis rien, cela dit, le sourire était suffisant selon moi.

La question suivante était des plus difficiles, lui dire la pure vérité pourrait être désastreux. Avoir été châtiée par la reine, ma créatrice, pour avoir tué un congénère. Prisonnière de ses griffes et de sa furie, mais incapable de me tuer, car je suis son bien, son unique trophée à martyriser pour l’exemple. Une torture psychologique, plus que physique, voilà ce que je subissais et en quoi ma génitrice excelle quand il s’agit de moi. Que devais-je répondre ? Je m’arrête de nouveau, ne voulant pas lui mentir, ne voulant pas non plus lui dire la vérité… Je répondis alors : « Le Croquemitaine, bien que méchant, fait aussi partie du peuple des lutins comme nous les fées. Je pouvais le stopper, mais je n’avais pas le droit de le détruire comme je les fais pour te sauver. La Reine des fées, ma mère, m’a puni pour ce crime, c’est le simple fait que je sois sa fille qui m’a toutefois évité de subir le même sort que le Croquemitaine. » Le mensonge ici est simplement les termes utilisés : fées, lutins, sinon tout ce que je viens de lui dire est la vérité.

Oui, ma reine m’aurait détruite si je n’étais pas qui j’étais pour elle, bien que j’aurais préféré qu’elle le fasse. Ce n’était pas un point que je pouvais partager avec Tinkerbell, cela dit. Que penserait-elle de moi, si elle me savait suicidaire. Je ne tenais étrangement pas à le savoir. « La vérité, c’est que ma mère ignore que je suis de nouveau dans ce monde. J'ai tendance à ne pas être une fille très disciplinée et obéissante. » Et je me retins de rire, ironiquement, c’était drôle quand je pensais à cet euphémisme.  « J'ai fait le pont, comme vous dites, pour ma Tinkerbell. » Bien que je devrais faire attention, elle envoie souvent ses loups me retrouver pour me ramener ou simplement surveiller mes faits et gestes. Je devrais m’éloigner quelque temps de Felicity pour éviter qu’ils me voient auprès d’elle. La sécurité de la petite passait avant la mienne, toujours. Même si sans moi, elle n’était pas à l’abri d’être la cible d’un vampire, mais tant qu'elle ne traînait pas dehors tard le soir, a moitié ivre, elle s’en sortira beaucoup mieux que d'autre.

Je repris route vers chez elle et nous ne tardâmes pas à arriver au bâtiment. Nous pourrions enfin parler d’elle et de ce qui l’effraie autant. J’avoue que j’étais soucieuse de connaître ce qui a provoqué ce mal en elle.

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              Cher Journal, je tenais à t'écrire à quel point j’étais grandement heureuse d'avoir pu vivre si longtemps, car autrement, je n’aurais jamais pu rencontrer celle qui a assurément changé ma sinistre existence. Toutefois, il est évident que je me mentirais à moi-même s'il était possible de rester auprès d'elle sans la mettre en danger. Car même si mon lien avec ma mère venait à se briser, je serais toujours la cible de son gourou. Sa haine était inévitable, je ne pouvais pas m’absenter trop longtemps au risque d'en subir les conséquences et d’impacter ceux qui pouvaient potentiellement être proches de moi et il n’y a pas beaucoup. Et c'est personne-là, il était impératif que je les préserve des potentiels dangers venant de mon monde.
          Mais c’était bénéfique pour moi de rencontrer à nouveau cette enfant qui a accepté de me faire une place dans son cœur, c’est le plus beau cadeau qu’on ait pu me faire depuis ma si longue et pitoyable existence. Et si je verse ses larmes de sang, ce n’est plus à cause du désespoir ou de la tristesse, mais parce que la joie a pu habiter mon cœur une dernière fois. Cette sensation que j’avais finie par oublier, m’apporta une chaleur si agréable que les larmes avaient tracée leur chemin à travers mes joues avant même que je le réalise et que je réalise aussi à côté que mon visage s’était illuminée sous un sourire satisfait. À l'heure où j’écris ses mots, une année s’était déjà écoulé depuis mes retrouvailles avec celle qui aujourd’hui, je suis fière d’appeler ma fille. Aujourd’hui, elle est forte et elle n’a définitivement plus besoin de sa marraine la bonne fée.

        Oui, car elle est brave et surtout, elle a des amis sur qui compter. Le Voyage sur Terre-4 m’aura libéré du lien qui me rendait esclave de ma mère et c’est pourquoi, avant qu’elle ne retrouve la force de me récupérer, je dois agir. C’est donc bien les derniers mots que je t’écris, cher Journal. Le temps ne t’aura, tout comme mon esprit, guère épargné. J’ai abandonné à nouveau ma petite Tinkerbell, je suis sans doute la pire des mères qu’on puisse avoir. Cela dit, je lui ai fait un cadeau avant de partir, je lui ai offert un médaillon d’argent à forme ovale, ce dernier contient mon sang. Si elle venait à être blessée gravement un jour, elle devrait en boire le contenu en dernier recours. Elle sera sauvée par la régénération en devenant une semi-immortelle. En théorie, si elle ne se nourrit pas de sang humain dans les 72 heures qui suit sa transformation, elle redeviendra humaine. C’est bien là, le seul cadeau que je puisse lui faire pour la protéger, même une fois que j'aurais disparue. Merci Journal, d’avoir été là pour moi quand j’en avais terriblement besoin…. Et adieu mon vieil ami.


PS : À celui ou celle qui trouvera ce journal. Confiez-le à ma fille, Felicity Smaok. Je ne serais plus en mesure de le faire moi-même. Elle y découvrira mon histoire, qui j’étais vraiment et pourquoi j’ai dû mettre fin à mes jours. S'il vous plaît, faites-le, c’est ma dernière volonté.

Tandis que le soleil brillait à l’aube, une colonne de flamme illuminait soudainement l’un des buildings de Star City. Non loin, un journal soigneusement rangé dans un coin, contemplait le spectacle. Les jours défilaient depuis les derniers mots de la vampire, et le journal avait subi les vents et les pluies sans jamais bouger de sa confortable position. Puis un jour, attirée par une odeur peu ordinaire, une femme flottant dans les airs, à la chevelure blonde, mais courte, approcha du toit pour y découvrir et récupérer le journal intime. Après l’avoir feuilleté d’un air triste pendant plusieurs longues heures, elle rangea soigneusement le journal, ceci avant de se propulser dans les airs telle une étoile qui avait déjà disparu à l’horizon.