Where's the sun ? [Aspen & Cassandra]

Where's the sun ?

Le jeune homme à la tignasse brune regardait partout, tout autour de lui, essayant de comprendre ce qui venait de se produire à l’instant : il était en train de jouer avec l’une de ces peluches que Cassandra lui avait acheté et sans crier gare, voilà qu’il se retrouvait à l’intérieur d’une ville qu’il ne reconnaissait pas. Il sentait que quelque chose n’allait pas et bien sûr, le discours de cette chose extraterrestre ne fit que confirmer ses craintes… il n’était plus chez lui. Il l’avait senti, que ce n’était pas sa maison. Que ce n’était pas son monde. Mais cela semblait tellement irréaliste ! Était-ce quelque chose de fréquent de se retrouver dans une autre réalité lorsque nous ne sommes pas cloîtrés entre quatre murs et entourés de personnes impitoyables et sanguinaires ? Aspen s’interrogeait, prenant garde à ne pas trop se perdre dans ses pensées ; cet endroit était un territoire inconnu. Et il savait, de ses entraînements (ou plutôt de toutes les tentatives d’assassinat contre lui), qu’il n’avait pas forcément l’avantage en terrain étranger. Il restait donc très prudent, se réfugiant dans l’ombre, dans une benne à ordure et diverses autres cachettes possibles lorsqu’une potentielle menace se faisait sentir.

« Je ne compte pas mourir ici » pensait-il tout en prenant garde à ne pas se déconcentrer ; une seule erreur pourrait lui être fatale après tout.

Un visage vint envahir ses pensées. Un visage qu’il appréciait et auquel il accordait toute sa confiance. Il pourrait même confier sa propre vie à cette personne si sa survie ne dépendait que d’elle : Cassandra Cain-Wayne. Sa grande sœur de cœur. Et si elle était ici ? Sur cette autre Terre ? Si tel était le cas, il ne pouvait rester là, les bras ballants ! Il devait la retrouver car, ensemble, ils seraient plus forts. Ensemble, ils sauraient quoi faire. Il progressait alors à nouveau sur ce territoire inconnu, concentré et très concentré ! Sa mission ? Retrouver la jeune femme. Bien sûr, un petit contre-temps arrive toujours très vite…

« Arrêtez ! Nous sommes censés nous serrer les coudes, pas nous entre-tuer ! » s’écriait une voix, chevrotante, de femme. Cette dernière avait l’air d’avoir des ennuis. Aspen observa la scène.

C’était une femme, face à deux hommes. Ces individus ne respiraient pas la bonne intention et l’ex-assassin pouvait sentir l’envie de faire du mal émaner de ces silhouettes repoussantes. La victime reculait, toujours un peu plus et Aspen hésitait : devait-il intervenir ? Ces deux êtres pervers ne semblaient pas représenter une trop grande menace. Il s’en débarrasserait donc facilement et rapidement. Un pas, devant l’autre. Il avança, se dressa entre les agresseurs et la victime et tendit les paumes de ses deux mains.

« Stop. »

Bien sûr que ces deux monstres n’allaient pas le prendre au sérieux et quelle grossière erreur. Une minute. Deux minutes. Trois minutes. Trois minutes et ils étaient à terre, inconscients et blessés. L’inconnue avait déjà disparue, profitant de cette confrontation pour peut-être retrouver les membres de sa famille. Peut-être… Un soupir et la marche reprit de plus belle. Ce fut une main qui l’arrêta brusquement. Un sursaut. Un regard derrière lui. Il reconnut immédiatement ce visage.

Codage par Libella sur Graphiorum

Where's the sun ?

Aspen et Cassandra.

Ton arrivée n'avait guère été douce. Tu étais en patrouille à Gotham City... Tu enquêtais sur un trafic d'armes. Tu avais enfin découvert là où ils cachaient les armes, alors que tu enquêtais depuis des semaines. Tu attaquais, précise, discrète et rapide, éliminant un à un les criminels devant tes yeux. Alors que tu allais asséner un dernier coup, coup qui représentait la fin de ce trafic, ta cible disparut soudainement. Tu perdis un instant l'équilibre, déstabilisée. Tu analysas ton environnement... Un paysage sombre, triste... Des bâtiments en ruines, partout. Une voix résonna autour de toi. Tu fronças les sourcils, sur tes gardes... Mais la personne ne semblait pas être près de là. Ce "là", d'ailleurs... C'était une autre Terre, d'après la voix. Terre-4. Terre en guerre. Terre dangereuse... Où votre but était de vous battre à mort. Pour que cette personne vous garde comme trophée. L'idée que quelqu'un pouvait se permettre d'arracher des centaines de personnes à leur famille, à leur vie, pour les faire se battre à mort te révoltait.

Mais pour l'instant, la priorité n'était point de s'indigner pour toi, mais de survivre. Tu exploras pendant des heures, trouvant un sac à dos et un long tissu, que tu utilisais pour cacher le jaune vif de ton Bat-symbole. Tu avais abandonné ta cape, trop encombrante et voyante. Ton masque avait aussi été retiré, pour éviter d'attirer l'attention. Tu avais rapidement trouvé de quoi te nourrir et t'hydrater... Et rapidement, tu observais les Atlantes, les Amazones, la Résistance... Tu posais des questions à quelques personnes essayant de survivre. Et tu découvrais rapidement que tout le monde ici tuait. Tout le monde... Chacun persuadé qu'ils le faisaient pour de nobles raisons. Et ils ne comptaient pas arrêter. Ignorant où aller, tu avais finalement établi ton campement à Brixton. Les gens ici n'étaient pas inoffensifs... Mais tu avais su doucement gagner la confiance de la plupart des réfugiés et les persuader qu'ils n'avaient pas à tuer... Que tu pouvais les protéger. Certains continuaient, mais tu les empêchais. En parallèle, tu cherches les membres de ta famille. Et ta famille incluait Aspen, maintenant. Et alors que tu revenais d'une de tes recherches... Tu reconnais ces cheveux bouclés, au loin. Un sourire traversa ton visage et tu te rapprochais. Tu perdis rapidement ton sourire, remarquant quelque chose planté dans le bras de ton frère de coeur. Un petit couteau. Aspen ne semblait pas avoir remarqué. Tu posas une main sur ton épaule.

"Aspen... Tu es là."

Tu lui souris, avant de désigner de la tête sa blessure. Signant, tu lui indiquas de te suivre. Tu avais de quoi le soigner à ton campement... Retirer la lame près d'un endroit avec des soins était plus prudent. Tu étais heureuse de le revoir... Mais tu aurais préféré le revoir sain et sauf. Il avait certes vu pire qu'une plaie comme celle-là... Mais tout de même. Ton campement n'était pas grand. Une tente, un peu abîmée, offerte par un père de famille que tu avais aidé contre des Atlantes. Un feu de camp, où tu faisais cuire ta nourriture. Quelques couvertures et autres provisions pour survivre dans ce lieu sordide.

Where's the sun ?

Aspen n’en croyait pas ses yeux : Cassandra ! Il la cherchait depuis des jours et des jours et voilà que c’était elle qui l’avait trouvé. Un fébrile et timide sourire s’était esquissé au son de la voix de sa sœur de cœur. Un sourire qui s’effaça rapidement dans un petit tremblement de lèvres lorsque cette dernière lui fit remarquer l’arme blanche plantée dans son bras. Il redressa nerveusement la tête vers la jeune femme et lui rendit son sourire non sans une certaine gêne ; il avait encore beaucoup de choses à apprendre, à en juger par ce petit couteau enfoncé dans sa chair. Il écouta sa sœur lorsqu’elle lui signa de la suivre.
Une fois arrivé au campement de son soleil, campement plutôt rudimentaire mais accueillant nota-t-il, le fils Carlyle s’installa avec sa grande sœur sous la petite tente. Il ne dit rien pendant un long moment avant de signer, avec un grand enthousiasme, une phrase :

« Je t’ai cherché partout ! J’ai cru que je ne te retrouverai jamais ! »

Il était réellement soulagé de revoir le visage de Cassandra et de pouvoir enfin parler avec quelqu’un qu’il connaissait et en qui il avait vraiment confiance. Se cacher et se battre n’était pas vraiment le style de vie qu’il appréciait pour une raison toute à fait claire : cela lui rappelait beaucoup trop son enfance au sein de la Ligue des Assassins. Une enfance qu’il préférerait oublier. Finalement, c’est la voix de Aspen qui s’exprima et pas ses mains… pour une fois.

« Parti… d’un coup… Plus chez- chez nous... » dit-il en bredouillant avant de faire une grimace ; il n’aimait pas parler. C’était difficile. Beaucoup de concentration nécessaire pour accomplir une telle action.

Mais il se devait d’essayer, d’essayer de parler comme Cassandra le faisait parfois ! Si elle y parvenait, il ne pouvait que tenter et tenter encore jusqu’à réussir à s’exprimer un peu plus comme elle a pu le faire elle-même. Un petit soupir, un regard en direction de la lame qui a déchiré sa peau puis une observation un peu plus minutieuse du campement : nourritures, couvertures, quelques provisions, quelques bricoles et un feu, qui commençait à perdre de son ardeur. Le silence était roi, puisque de toute manière les deux ex-assassins pouvaient se le permettre en communiquant avec leurs mains ; ils pouvaient parler la langue des signes sans que personne ne puisse comprendre ce qu’ils se disaient. Parfait en cas d’opérations ou de missions dangereuses qui nécessitent un silence absolu… Et voilà qu’il repensait comme un assassin. Il secoua vigoureusement la tête, chassant les mots de cet homme qui avait fait de sa vie un enfer et les souvenirs qui le relièrent à lui par la même occasion.

« Cassie- Cassie… Quoi… être… ici ? »

Pourquoi prononcer des mots lui serrait autant la gorge ? C’est comme si deux mains refusaient qu’il puisse faire entendre sa voix, enroulant et écrasant son cou avec puissance et brutalité. Le garçon se massa légèrement la gorge, pris de violentes nausées et d’envies de vomir. Le silence retomba une nouvelle fois, têtue comme une mule.

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Where's the sun ?

Aspen et Cassandra.

Tu ne t'attendais pas à retrouver si facilement ton frère de coeur... Mais le voilà et il est blessé. Tu devais t'occuper de lui rapidement. Ce n'était pas le meilleur endroit pour perdre du sang ou encore avoir une infection. Les habitants de Terre-4 vous observaient avec méfiance tandis que vous vous dirigiez vers ton campement. Un simple mouvement de tête suffisait pour que la plupart des gens soient rassurés et se dispersent, retournant à leurs activités... Qui souvent, se résumaient à se coller autour d'un feu pour ne pas mourir de froid. Tu n'aimais pas cet endroit... Ca te rappelait, quelque part, la Ligue des Assassins. La mort partout, tout le monde prêts à tuer pour survivre... A cette pensée, tu soupirais. Finalement, vous vous asseyiez sous la tente. Tu préparas de quoi désinfecter et une bande pour entourer la blessure. Tu regardas Aspen signer, avant de répondre de la même façon.

"Je t'ai aussi cherché partout... J'avais peur qu'il ne te soit arrivé quelque chose."


Tu retiras doucement le couteau, avant de stopper l'hémorragie. Tu désinfectais, puis recousais avec attention la plaie avant de désinfecter à nouveau et bander le bras d'Aspen. Tout le temps de cette opération, Aspen ne pouvait donc pas signer... Et il décida d'essayer de parler. Tu admirais son courage et ses efforts. Vous aviez un passif assez similaire et vous vous compreniez donc bien. Tu comprenais ses difficultés... Tu l'encourageais toujours.

"Oui. Quelqu'un s'amuse avec nos vies."

Cela te révulsait au plus haut point. Personne n'avait le droit d'objectiser quiconque... Tu avais vécu cela. Tu savais ce que ça faisait de n'être qu'un objet, qu'une arme vivante. Et tu refusais de te laisser emporter dans ce jeu sordide. Tu ne jouerais pas le jeu de ce Collectionneur.

"Ici, c'est... Un autre monde. Un monde qui ressemble à notre monde, mais différent. Ici... C'est la guerre. Beaucoup de morts." 

Tu n'aimais pas cet endroit, vraiment pas. Tu aimerais pouvoir claquer des doigts et rentrer, avec Aspen, auprès de ta famille. La danse te manquait aussi ; ici, il n'y avait pas énormément d'occasions de se vider la tête ou simplement réfléchir. Quand on réfléchissait ici, c'était que ta vie ou celle de quelqu'un était en danger.

Tu souris doucement à Aspen, lui signifiant que tu avais terminé les soins. 


"Aspen... Pourquoi étais-tu blessé ?"

Cette question ne t'avait pas semblée prioritaire auparavant car le jeune homme était blessé et cela passait avant. Tu rangeais doucement les soins dans une boite, puis tu signais pour lui demander s'il avait faim ou soif. Après tout, tu ignorais s'il avait pu trouvé correctement à manger et à boire depuis qu'il était arrivé sur cette Terre... Même si, en se fiant à son entraînement d'assassin, il avait certainement eu plus de facilité pour survivre qu'un humain ayant eu une vie considérée normale par la société. Tu avais appris à parler pour les autres, après tout... Pas pour toi. Toi, tu trouvais le corps plus expressif... Plus simple à utiliser et à comprendre.

Where's the sun ?

Le jeune homme rendit avec maladresse le sourire que lui adressait sa sœur avant de signer la situation face à laquelle il s’était retrouvé confronté ; expliquant qu’il avait déjà été témoin de pareils événements par le passé, depuis son arrivée brutale sur cette Terre, et qu’il ne pouvait pas laisser ces êtres pervers s’en prendre à cette femme. Il n’avait bien sûr aucune idée de s’il avait bien fait. Il ne connaissait pas cette inconnue qui s’était enfuie lorsqu’il s’était chargé du cas des deux gros porcs humains : il avait tout simplement fait ce qui lui semblait juste.
Explications faites, il demanda à son tour à Cassandra ce qu’elle avait fait depuis qu’elle était tombée dans ce monde perverti, sombre, meurtri et saccagé. Il était évident que la question ne pouvait que se poser puisqu’au vu de ce campement et de ce matériel dont disposait sa grande sœur, elle avait immanquablement vécu un petit paquet de choses. En se rendant compte qu’ils signaient presque en même temps, il se sentit rapidement embarrassé et répondit de sa faible voix fébrile et tremblante :

« Pas… faim. Un- un peu… soif... »

Comme pour illustrer ses propos, il ouvrit la bouche pour montrer une langue qui avait perdu un peu de sa couleur pour virer sur le blanc, expliquant tout de suite avec ses mains qu’il s’était débrouillé comme il pouvait pour s’hydrater et que ce ne fut pas toujours très agréable : boire l’eau des égouts en essayant de la filtrer, vider les fonds de bouteilles en plastiques ou de gourdes abandonnées dans les rues ou dans les habitations abandonnées qui ne respiraient plus aucune présence sans personne pour vivre à l’intérieur… l’urine, dans les cas les plus extrêmes où l’eau manquait à l’appel et que la soif se faisait féroce et irritante. Il n’avait jamais eu pour intention de mourir et avait absolument fait en sorte de survivre même si c’était une expérience très désagréable et inconfortable.
Ses mains n’étaient pas très belles, tout comme le reste de son apparence : il était crasseux et couvert d’ecchymoses, ne sentait pas très bon et ses vêtements étaient tâchés de bourbe, de poussière, de sang et d’autres substances inconnues (ou difficilement identifiables). Son visage était masqué par de la terre et de la cendre de cheminée… quelque chose qui permettait de se fondre un peu mieux dans le décor : la base d’un entraînement militarisé et strict. Ses cheveux étaient emmêlés et gras, recouverts de poussière et de cendre. Il était clair qu’il s’était adapté autant qu’il pouvait à ce nouveau type d’environnement afin de ne pas passer l’arme à gauche et pour retrouver Cassandra. Même s’il n’était pas en très bon état, ni en très bonne santé, il restait tout de même vivant et plus ou moins vif et physiquement apte à tenir debout… même si se reposer était de mise. Ça se lisait sur son visage qu’il avait besoin de dormir et de reprendre des forces.

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Where's the sun ?

Aspen et Cassandra.

Tu écoutas attentivement les explications de ton ami et frère de coeur. Tu comprenais ses raisons, ses actions... Tu aurais fait la même chose. Ce climat de violence brute, omniprésente, te pesait et tu n'aimais pas du tout. Cela te rappelait trop la Ligue des Assassins... Cela te faisait mal de voir la mort partout, dans les yeux de tous ceux que tu croisais. Cela te rappelait sans cesse la première personne que tu avais tuée... Faizul. Tu avais lu la mort dans ses yeux. Chassant cette pensée en secouant la tête, tu te concentras sur les signes de Aspen. Tu hochas doucement la tête, pour lui dire que tu comprenais.
Signant à ton tour, tu expliquas que tu avais d'abord rapidement pris connaissance de la situation de cette Terre, avant de t'établir ici, acquérant la confiance des réfugiés neutres qui étaient dans cette partie de Londres, ou si ce n'était pas de la confiance, c'était simplement une certaine indifférence... Tu défendais les habitants de Brixton, puisqu'ils en avaient besoin et qu'à présent, tu étais aussi des leurs... Pour l'instant, du moins. Tout comme Aspen, tu avais fait ce qu'il te semblait juste. Tu expliquais également que tu avais patrouillé dans toute la ville à la recherche de ta famille ou simplement de personnes venant de votre Terre.
Finalement, vous finissiez avec l'enthousiasme par signer presque en même temps. Aspen prit l'initiative de te répondre en parlant. Tu lui souris, avant de te lever. Tu fouillas quelques instants parmi tes provisions, avant d'en sortir une gourde, que tu donnas à Aspen, lui assurant qu'il pouvait la garder.

Regardant son état, tu lui proposas de l'eau, non potable mais tout de même assez propre, pour se nettoyer un peu. Puis, tu lui tendis de la pommade pour les quelques blessures bénignes qu'il présentait. Tu étais un peu inquiète, mais au final, tu n'étais pas en meilleur état. Tu dormais assez peu, ou plutôt mal ; tu ne pouvais dormir sur tes deux oreilles car tu étais seule et ce n'était pas un endroit sécurisé ; la plupart des gens te faisaient peut-être confiance, mais toi tu ne pouvais te résigner à le faire totalement ; tout le monde ici était imprévisible et tu avais énormément de mal à lire leur langage corporel. Tu ne faisais que rarement confiance à ceux que tu ne pouvais comprendre par le corps. Tu avais des blessures sur le visage et les bras, certaines toutes récentes, que tu n'avais pas encore désinfectées. Tes cheveux étaient un peu plus longs, mais cela n'était pas vraiment gênant. Tu laissais Aspen se mettre de la pommades et t'occupais attentivement de tes propres blessures... Ce n'était ni l'endroit ni le moment d'avoir des infections...

Tu soupiras doucement... Tu fatiguais, mais ce n'était pas toi qui avais le plus besoin de sommeil, pour l'instant.

"Aspen... Tu devrais te reposer. Tu peux te coucher sous la tente, je vais monter la garde... Je vais en profiter pour préparer à manger, aussi."

Where's the sun ?

Tout en écoutant sa sœur narrer les événements qu’elle avait vécu depuis son arrivée ici, Aspen observa, avec une méfiance ouverte et visible, les habitants de Brixton. Peut-être étaient-ce des réfugiés qui avaient besoin d’aide… mais deux d’entre eux avaient tenté de violenter une femme qui n’avait rien demandé à personne. Il n’accorderait pas sa confiance au premier venu, surtout pas sur cette Terre meurtrie et agonisante et sa sœur devrait en faire de même, se surprit-il à penser. Non ! Non, Aspen. Tu ne dois pas penser comme un assassin. Il essayait, vraiment, de ne plus penser comme un tueur mais il y avait cette petite voix qui se terrait dans un recoin de son esprit, la voix de cet homme, qui lui ordonnait de se tenir correctement ou d’attaquer sans faire de prisonnier. Ra’s Al Ghul avait marqué à jamais l’ex-assassin d’une façon que seule la Tête du Démon pouvait le faire. Personne n’était en capacité d’oublier les longues heures d’entraînement impitoyables et épuisantes ou les conditions de vie déplorables des apprentis au sein de cette maudite guilde qui transformait des enfants en des meurtriers sans vergogne.
Cette gourde que Cassandra venait de lui donner, il la garderait et en prendrait grand soin tel un elfe de maison dans Harry Potter lorsque celui-ci recevait un vêtement. La comparaison était peut-être étrange, mais penser à cette curieuse série de livres et de films réchauffait un peu le cœur du garçon aux boucles brunes. Vint ensuite la proposition de sa sœur de faire une petite toilette plutôt bienvenue au vu de l’état de Aspen. Il accepta timidement et s’accorda un instant pour se débarbouiller un peu afin d’avoir le sentiment d’être plus ou moins propre ; plus propre en tout cas qu’avant qu’il n’use de cette eau pour sa toilette. Il attrapa d’une main maladroite la pommade et en appliqua sur les blessures qu’il pouvait voir. Parfois, il appuyait très fort sur son corps et son visage pour essayer, désespérément, de localiser une douleur. C’était la seule façon pour lui de pouvoir passer cette pommade sur le plus de d’écorchures et d’égratignures possibles.
Le jeune homme eu un frisson désagréable en entendant sa sœur lui demander de se reposer : il ne pouvait pas dormir ! Il venait à peine de la retrouver ! Et s’il lui arrivait quelque chose ? S’il y avait un adversaire, un ennemi dangereux qui essayait de s’en prendre à elle ? Il se redressa très rapidement (un peu trop rapidement) et cria :

« Non ! Non ! »

C’était le seul mot qui voulait bien sortir de sa bouche. Le seul et unique mot que ses cordes vocales acceptaient de produire et que son cerveau laissait passer, tel un chant entêtant qui restait en boucle dans la tête envers et contre tout une fois écouté par sa malheureuse victime. Il avait faim, soif et sommeil. Oui. Un peu. Il ne pouvait que l’admettre… mais il ne pouvait pas rester là sans rien faire ! Il ne pouvait pas fermer les yeux pour se reposer, pour dormir, alors même que le danger rôdait et menaçait de s’en prendre à quiconque avait le malheur de ne pas faire un minimum attention. Il ne pouvait pas-
Aspen s’écroula soudainement, ses jambes n’ayant pas apprécié son bond énergétique et sa tête prise dans une montagne russe aux multiples loopings après que le garçon se soit levé sans prendre le temps de s’élever doucement sur ses deux pieds.

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Where's the sun ?

Aspen et Cassandra.

Avoir quelqu'un à tes côtés durant cette épreuve te réchauffait le coeur. Tu étais vraiment heureuse d'avoir retrouvé ton frère et tout ce que tu voulais, à présent, était prendre soin de lui. Vous alliez pouvoir vous serrer les coudes... Survivre à deux, c'était bien mieux et vous aviez plus de chances de survivre. Le temps était... passable. Il ne faisait ni vraiment chaud, ni vraiment froid. Le ciel était gris, cependant et on ne pouvait point voir le soleil qui pourtant se couchait. Arrachée à ta contemplation du ciel, tu regardas ton frère se débarbouiller, puis se mettre de la pommade. Tu remarquas qu'il peinait à localiser certaines blessures, alors tu décidas de l'aider. Avec douceur, tu l'examinais et lui désignais en silence les différents endroits. Cela guérirait son corps, au moins un peu. Comme toi, il avait une forte résistance à la douleur. La différence entre vous deux était celle-ci : Aspen ne ressentait presque pas la douleur. Toi, tu la ressentais. Tu avais simplement appris à y résister, à la contrôler. Tu ignorais lequel des deux était le mien. La Ligue des Assassins n'était pas un bon endroit, pour personne. Ce n'était que souffrance et inhumanité. Personne là-bas n'était considéré comme une personne... Encore moins des personnes comme Aspen, Damian ou toi...

Finalement, t'inquiétant de sa santé encore une fois, tu lui proposas de dormir. Sa réaction fut violente et tu avais pourtant vu les signes précurseurs en observant son corps. Lorsqu'il se releva d'un coup, tu l'imitais avec prudence et délicatesse, pour ne pas le brusquer. Il répétait ce même mot encore et encore et avant que tu puisses lui répondre et le calme, il s'effondrait. Heureusement pour lui, tu avais perçu dans son corps ce qui allait arriver et tu le rattrapais. Tu t'asseyais en le serrant contre toi. Tu frottas doucement son dos, avant de caresser ses cheveux. Tu parlas alors, comme tes mains étaient occupées :

"Doucement, doucement... Pas de panique, tout va bien."

Tu répétais ces gestes et ces mots jusqu'à ce qu'il se calme, puis avec attention, tu te détachais de lui et le regardais en lui souriant d'un air rassurant. Tu signas alors, pour lui expliquer doucement qu'il n'avait rien à craindre : Ils pourraient, si ça le rassure, dormir tour à tour. Chacun une heure, pour se reposer. Tu pensais que c'était un bon compromis. Cela permettrait à tout le monde de se reposer. Ils étaient deux ; autant en profiter pour se serrer les coudes et reprendre totalement des forces pour affronter tout ce qui les attendait ici. Ensemble, on était toujours plus fort, c'est ce que tu avais appris auprès de ta famille adoptive. Personne ne méritait d'être seul, tout le monde méritait une seconde chance... Et dans cette situation, Aspen méritait du repos. Tu signais à nouveau :

"Tu mérites de dormir, Aspen. Nous sommes ensemble, maintenant. Dormons à tour de rôle, cela nous permettra d'être en meilleur état pour survivre ici."

Where's the sun ?

Même si le jeune homme était incapable de ressentir la douleur, normalement, comme n’importe quel être humain sans aucun pouvoir, il restait humain et eut bien de la chance que sa grande sœur était dotée d’un grand réflexe et d’une capacité accrue à lire le langage corporel. Il était à bout de force, épuisé et ne pouvait presque pas bouger… il se laissait donc sagement faire, permettant à Cassandra de l’apaiser, de le calmer avec des gestes doux et délicats qui étaient d’un agréable immense. Il avait fermé les yeux ; ses paupières étant trop lourdes pour les garder ouvertes, il se concentrait donc sur la voix de la jeune femme qui cherchait à le rassurer, le soulager de son angoisse tout en le berçant avec cette grâce propre à la danseuse de ballet qu’elle était, anciennement assassin dépassant la douance tous les plus grands maîtres de la Ligue. Aspen ouvrit doucement les yeux lorsque sa sœur se détacha de lui, toujours avec cette délicatesse et cette grâce qui contrastaient avec l’origine de ces dernière et écouta celle-ci avec attention… ou plutôt, il lut ses deux mains qui signaient avec cette souplesse si belle et élégante. Les boucles brunes du garçon se secouèrent au hochement de tête de ce dernier : il comprenait et trouvait que cette idée était parfaite. Il n’était pas le seul à avoir besoin de repos et cette solution permettrait aux deux adelphes de reprendre des forces sans se soucier du danger (ou s’inquiétant un peu moins de s’ils se réveilleront ou non de cette innocente petite sieste).

« D’accord… D’accord, Cassandra. Je vais me reposer. Ensuite, ce sera ton tour. Nous allons survivre parce que nous sommes ensemble et que nous pouvons compter l’un sur l’autre. »

Ses mains tremblaient légèrement et avaient du mal à former les différents mots de la phrase qu’il était en train de signer. Signe qu’il était véritablement au bord de l’évanouissement, de l’épuisement. Il s’installa timidement à l’intérieur de la tente et se recroquevilla sur lui-même pour se reposer. Il avait toujours quelques comportements primitifs, propres à un animal sauvage, alerte et méfiant : ce n’était pas vraiment sa faute. Ce retour dans le bain de sang et de douleur forçait son esprit à retourner en arrière, là-bas. Il pouvait entendre la voix de Ra’s Al Ghul, à l’intérieur de sa tête. Il pouvait l’entendre et voir les deux émeraudes qui lui servaient de yeux qui le fixaient et qui brillaient d’une lueur pleine de cruauté et de froideur. Il pouvait le voir, face à lui, s’approchant d’un air menaçant, autoritaire et impérial.
Ce n’était pas réel.
Ce n’était pas réel.
Ce n’était pas réel.
Ce n’était pas réel !
Aspen essayait désespérément de se convaincre que la Tête du Démon n’était pas réellement en face de lui, qu’elle n’existait que dans son esprit traumatisé. Mais lorsque la main du Maître attrapa son épaule, il sentit un frisson désagréable et gigantesque le parcourir de la tête aux pieds. Ce n’était pas réel ! Il ne pouvait pas se tenir devant lui ! Il ne pouvait pas être ici ! Et Cassandra… où était-elle partie ? Est-ce qu’il lui avait fait du mal ? Pourquoi était-il ici ? Pourquoi était-il ici ?
C’était forcément un cauchemar. Une hallucination. Mais le jeune homme était incapable de se réveiller. Il en était incapable. Il poussa un cri, se sentit attiré vers le sol. Tout devint flou. Tout devint vert, puis rouge… puis noir. Un hurlement lui déchira la gorge lorsqu’il se réveilla dans un sursaut. Ce fut beaucoup trop d’émotions et le garçon vomit.

Codage par Libella sur Graphiorum

Where's the sun ?

Aspen et Cassandra.

Tu voyais très bien l’épuisement de ton petit frère. Il pouvait à peine garder les yeux ouverts. Tu t’en doutais ; cet endroit rappelait à Aspen cette situation qui était la sienne il y a quelques mois. Une situation de peur constante, de constante prudence. On ne pouvait pas dormir, on devait toujours être attentif à l’environnement pour ne pas mourir. Surtout dans la situation de Aspen. Avoir un handicap au sein de la Ligue des Assassins… C’était être considéré comme faible, quelqu’un à éliminer. Tu n’avais pas été considéré de cette façon… Mais tu ignorais si c’était mieux. Tu n’avais pas le droit à l’erreur non plus… Tu devais être la meilleure. Tu n’avais pas le droit de montrer de compassions ou de comportements enfantins ; tu n’étais pas une enfant, mais une arme en devenir, qui serait à la disposition de Ra’s Al Ghul. Et cet endroit était aussi froid, sombre, instable que la Ligue des Assassins. Tu n’aimais clairement pas être ici et tu espérais rapidement trouvé une solution pour partir.  Finalement, Aspen comprit et accepta de se reposer, à ton soulagement. Il te répondit en signant, montrant encore une fois des signes d’épuisement énormes. Il avait de la chance de t’avoir trouvé avant de s’effondrer sous la fatigue… Tu pouvais veiller sur lui, au moins. Il faut dire… Toi aussi, tu étais épuisée. Mais tu pouvais tenir une petite heure, voire beaucoup plus. Tu n’étais pas la priorité. Tu le regardas s’installer, ne relevant pas ses comportements encore assez primitifs ; tu avais les mêmes en rencontrant Barbara, après tout.

Le laissant dormir, tu préparas à manger. Tu vérifiais plusieurs fois vos provisions, remarquant que vous devriez aller en chercher car tu n’en avais prévu que pour toi seule. Tu discutas avec un jeune homme, passant par là et en quête d’aide et tu lui promis de venir l’aider à réparer son abri une fois que Aspen serait réveillé. Pensive, tu te levas et en fermant les yeux, tu esquissas quelques mouvements de ballet. Tu n’avais pas pris le temps pour danser depuis des semaines… Depuis ton arrivée ici. Un léger sourire aux lèvres, tu dansais, gracieusement, tes pieds frôlant à peine le sol. Tu te sentais mieux. Danser… C’était comme un déstressant, pour toi. Pour autant, tu ne relâchais pas ton attention, tes oreilles toujours l’affût. Ainsi, personne ne pouvait profiter de ton moment de détente pour t’attaquer. Tu tournais sur toi-même, le vent effleurant ta peau, la caressant presque. Le ballet t’avait manqué… Vraiment manqué.

Tu t’arrêtas soudainement en entendant ton frère crier. Aussitôt, tu te précipitas sous la tête, pour voir Aspen vomir. Loin d’être perturbée, tu réagis aussitôt. Attrapant un tissu, tu essuyas la bouche de Aspen. Puis, tu le soutenais, le faisant sortir pour qu’il prenne l’air. Tu le fis boire, tu serrais doucement sa main pour le calmer, lui assurant que ce n’était qu’un cauchemar. Puis, tu retournas à l’intérieur de la tente, ignorant l’odeur pour nettoyer avec de l’eau l’intérieur de la tente. Enfin, tu sortis à nouveau, proposant à ton frère de raconter son cauchemar, si cela pouvait le soulager.

Where's the sun ?

L’air glacial de la Ligue des Assassins, ses murs de pierre et sa royale obscurité s’étaient effacées, se troquant à l’humidité et à la chaleur du pittoresque campement de Cassandra. Le visage de cette dernière était si prêt de celui de Aspen, aussi proche que l’étreinte fantomatique qui s’était agrippée à sa maigre épaule. L’ex-assassin pouvait encore sentir le froid propre à la Tête du Démon (et toute sa clique) qui l’avait envahi lorsqu’il errait dans le royaume des songes… des cauchemars, plus précisément. Le jeune homme aux boucles brunes était plutôt du genre à être hyposensible, mais ce qu’il avait ressenti… c’était incroyable et effroyable. Beaucoup trop de sensations. Beaucoup trop d’émotions.
Aspen ne broncha pas lorsque Cassandra, ex-assassin redoutable et somptueuse danseuse de ballet, lui fit quitter la tente. Il ne réagit pas non plus lorsque sa grande sœur et tutrice lui donna à boire. Le garçon contemplait pensivement, tout tremblotant, la main de la jeune femme serrant délicatement la sienne : sa voix était douce comme une sucrerie, agréable comme le soleil et la pluie, élégante comme le reste de son corps qui s’exprimait bien plus joliment que ses cordes vocales.
L’ex-assassin ne leva pas les yeux lorsque que Cassandra retourna à l’intérieur de la tente pour nettoyer l’endroit qu’il avait souillé avec le peu d’aliments qu’il avait avalé ces derniers jours. Et qu’il avait régurgité à son réveil : un réveil qui fut d’une brutalité sans nom, un gigantesque traumatisme. Et ce n’était pas la première fois que ce genre de cauchemars venaient le brusquer dans son sommeil au point qu’il en rende son repas. Oh non… Ce n’était ni la première, ni la dernière fois. La jeune femme qui s’occupait de lui et qu’il considérait comme une sœur de cœur le savait et quand cette dernière refit son apparition, elle lui proposa de raconter son cauchemar, prête à l’écouter, comme d’habitude.

« Maître- Maître Ra’s- G-… Là… Il-... »

Le brundinet s’agaça en entendant sa propre voix buter sur chaque mot et en sentant sa gorge se serrer lorsqu’il avait le malheur de faire vibrer ses cordes vocales. Il abandonna donc le langage verbal et fit parler ses deux mains… qui n’étaient pas l’exemple même du calme : elles tremblaient. Elles tremblaient vraiment beaucoup. Une inspiration. Une expiration. Et c’était parti.

« J’étais dans le repaire de la Ligue des Assassins. J’étais tout seul. Près de l’eau sacrée, celle qui brille d’un beau vert émeraude. La seconde suivante, Maître Ra’s Al Ghul était là. Il était dans la pièce. Avec moi. Il- Il n’avait pas l’air très content. Il s’est approché et- je crois que je suis tombé. Je- Je ne suis pas digne du Lazare, Cassandra. Alors pourquoi il- Pour me punir ? Il me punissait ? Je ne me souviens pas de cette punition. Je ne m’en souviens pas du tout. Je n’ai jamais vu l’eau sacrée, jamais directement. Alors-... »

Ses gestes n’étaient pas fluides. Par moments, le garçon s’interrompait quelques minutes avant de reprendre ses explication, la description de ce cauchemar terrifiant et traumatisant. Aspen semblait véritablement secoué par ce mauvais rêve, comme s’il s’était réellement produit.

Codage par Libella sur Graphiorum

Where's the sun ?

Aspen et Cassandra.

Tu notais le peu de réactions de ton petit frère, mais tu savais qu’il ne t’ignorait pas… Loin de là. Il était tout simplement sous le choc. Il avait fait un cauchemar… Et un cauchemar, tu n’en doutais pas, d’une incroyable intensité. Tu te doutais que ce cauchemar comportait des éléments du passé… La Ligue des Assassins… Leurs méthodes si cruelles… La violence qui régnait en ces lieux… Ça vous marquait, pour toujours. Toi-même tu avais longtemps fait des cauchemars, après t’être enfuie. Tu te réveillais souvent, paniquée, manquant de crever un œil à un sans-abri qui dormait près de toi.  Tes songes affreux étaient plutôt simples ; la mort partout. Et surtout, ton père t’ordonnant de la donner. Tu voyais son regard sur toi, tu voyais son air satisfait alors que, en larmes, tu levais un regard traumatisé après avoir vécu la mort comme si c’était toi qui étais morte. Tu savais très bien les conséquences que cela avait eu sur toi. Tu avais longtemps voulu mourir, comme tu avais fait mourir cet homme. Après tout, à tes yeux, c’était tout ce que tu méritais. Et puis… La sentence dans la loi américaine était souvent la mort, pas vrai ? Toi, tu n’avais pas été jugée… Mis à part par toi-même. Si tu n’avais pas eu le soutien de Barbara, de Bruce, de Tim, de Stéphanie… De toute ta nouvelle famille, tu aurais certainement fini par assouvir ce désir suicidaire. Mais ils avaient cru en toi. Ils t’avaient fait confiance et ils t’avaient soutenu… Ils voyaient en toi ce que tu voulais devenir, pas ce que tes parents voulaient que tu deviennes. Ce soutien t’avait fait grandir, t’avait fait évoluer, pour devenir la femme que tu es aujourd’hui. Certes, l’incident avec Lady Shiva t’avait fragilisée.. Mais grâce à Tim, tu revenais plus forte encore. Plus déterminée à vivre ta vie, tes rêves mais aussi à aider ton petit frère de coeur à en faire de même.

Tu t’assois à ses côtés, prête à l’écouter. Et évidemment, tes hypothèses étaient confirmées, il s’agissait bien ici de Ra’s Al Ghul et des horreurs qu’il avait pu vivre… Mais plus. Le Lazare ? Tu n’avais jamais pu le voir non plus… Bien que cela ne t’attirait guère. Caressant son épaule, tu l’écoutais, ou plutôt lisais ses signes, qui étaient aussi incertains et troublés que Aspen. Retirant doucement ta main, tu signais pour le mettre à l’aise… Et puis, te mettre à l’aise, toi aussi.

« C’est fini, Aspen. Tu es en sécurité, maintenant, loin de lui. Loin de la Ligue. Cet endroit a beau être dangereux… Tu restes en sécurité loin de Ra’s Al Ghul. Tu n’y retourneras jamais et plus personne ne te punira jamais. D’accord ? Tu es libre. C’est ta vie, maintenant. Lâche prise, petit frère. Ne pense plus à ces souvenirs douloureux… Pense à ces souvenirs joyeux que tu te construis, seul ou avec tes proches, avec des proches qui te respectent et t’aiment. »

Tu lui souris avec douceur, espérant que tes mots pouvaient le calmer et le rassurer.

Where's the sun ?

La gestuelle de la jeune femme représentait la douceur incarnée, si ce n’était pas cette dernière elle-même : des mains qui n’auraient jamais du faire la rencontre du sang de diverses victimes (innocentes ou non) tant elles étaient belles et immaculées. De longs doigts fins, gracieux comme les pas de danse de Cassandra ; une peau frêle et pourtant empreinte de puissance semblable aux épines d’une rose à l’aspect fragile mais aux capacités de défense insoupçonnées. Cassandra Cain-Wayne était une rose blanche souillée par le rouge de ceux qui tranchaient la tête, telle la Reine de Cœur dans Alice au Pays des Merveilles. L’innocence gâchée par la Ligue des Assassins. Et ça, le brundinet en était conscient. Il le lisait dans les traits de son visage, dans ses yeux, et ses différentes expressions… ses différentes petites manies.
Le jeune homme lisait les mains de sa sœur, sans aucun mot dire, le silence interrompu par sa respiration et celle de la fille Cain (à présent Wayne, depuis que le PDG de Wayne Enterprises l’avait adopté : le père qu’elle n’avait jamais pu avoir et qu’elle méritait d’avoir selon Aspen, depuis que ce dernier savait qui était David Cain). Les mots de la jeune femme étaient d’une légèreté et d’une délicatesse rassurante, une chanson mimique qui ne s’écoutait pas avec les oreilles mais avec les yeux : ce furent les paroles de cette mélodie qui remplacèrent la cacophonie de Ra’s Al Ghul et toute sa clique de dégénérés endoctrinés et meurtriers. L’ex-assassin était bel et bien un ex. Il n’appartenait plus à la Ligue des Assassins, il était libre désormais. Il n’y avait plus de maîtres, plus de tentatives d’assassinat, plus besoin d’être digne de se nourrir ou d’accéder à certains avantages particuliers qui, pour les gens de l’extérieur, n’étaient qu’un quotidien atteignable sans aucun effort : manger, boire, dormir, vivre. Vivre. Vivre une existence où la punition n’était pas fréquente, voire banalisée.
Le brundinet pouvait encore voir sa première pizza et ses yeux (encore vierges à cette époque-là) découvrir que le monde du dehors n’était pas complètement noir, ni entièrement blanc, mais gris. Un beau gris maussade et pourtant éclatant, vivace : un paradoxe qui surprenait toujours Aspen lorsqu’il apprenait à vivre comme et avec les autres, en compagnie de sa nouvelle famille ou de son nouvel ami Wally. Le garçon rendit son sourire à sa grande sœur, calme et apaisé… rassuré par sa présence, par les souvenirs qu’elle avait éveillé en lui et son monde s’éclaira malgré les ténèbres de Terre-4. Sans en avertir cette dernière, le jeune homme se blottit dans ses bras pour lui donner une puissante mais fraternelle étreinte.

« Je-… Je t’ai- t’aime, gran- grande sœur… Je- t’ai- t’ai-...-me… Quand- quand, on-… rentrera, on- on pou- pourra… passer- du- du temps avec-… ton- ton nou- nouv-...-eau Papa ? Mon- Monsieur Way- Wayane ? Woyne ? Je- J’ai-… encore… oubl- oublié son- nom... » bougonna-t-il en faisant la moue, fronçant les sourcils dans une expression qui en disait long sur sa frustration naissante.

Codage par Libella sur Graphiorum

Where's the sun ?

Aspen et Cassandra.

Tu étais rassurée d’avoir calmé Aspen ; tu savais à quel point les cauchemars pouvaient être violents. Longtemps, tu avais cauchemardé sur David, sur le sang que tu avais sur les mains ou encore sur cette capacité perturbante de voir en un regard comment tuer une personne. Tu avais mis des années à repousser ces cauchemars, des années à ignorer cette capacité… Tu te souvenais des premières fois où tu avais discuté avec Barbara. Tu voyais exactement la façon la plus rapide pour mettre fin à ses jours… Et cela te dégoûtait de toi-même. Tu ne voulais pas tuer, et tu ne voulais surtout pas tuer ceux que tu aimais. La nuit, c’était le visage de ton père biologique et le visage de ta première et dernière victime, Faizul, qui t’apparaissaient. Avec le soutien de ta nouvelle famille, tu avais surpassé ton passé (presque entièrement) et tu acceptais doucement que ce qui comptait, c’était le présent et c’était ce que toi, tu voulais être.

Un peu surprise d’abord, tu rendais son étreinte au jeune homme et c’est à ce moment que tu te rendais compte que tu avais besoin de ce câlin autant que Aspen. Tu avais besoin de ce contact physique. Fermant les yeux, tu profitais de l’étreinte, une étreinte réconfortante, qui signifiait « Je suis là », qui brisait cette solitude qui t’enfermait depuis des semaines et te rappelait trop les neuf ans que tu avais passé à fuir ton père et la Ligue.

« Moi aussi je t’aime, petit frère. Bien sûr que l’on pourra… Wayne. C’est Bruce Wayne. C’est pas grave, d’oublier, Aspen. Il n’a pas forcément un nom simple, non plus. »

Surtout pour quelqu’un qui peinait à parler comme Aspen. Tu te souvenais qu’au tout début, quand tu parlais, tu appelais Barbara « Dardara ». Tu te souviens très bien le léger rire de cette dernière, qui te corrigeait avec bienveillance.

Mais rapidement, l’épuisement semblait te rattraper, car en fermant les yeux en silence, un instant, tu t’étais endormie. Te réveillant avec un léger sursaut, tu te détachais de Aspen, un petit sourire gêné.

« Je… Je viens de m’endormir sur ton épaule, désolée. Je devrais aller me reposer. Ca va aller, toi ? »

Tu te sentais un peu coupable de le laisser après un tel cauchemar, mais dans une telle situation, vous deviez être en pleine forme. Si des ennemis surgissaient, dans l’état dans lequel tu étais, tu ne serais pas capable de te défendre ou de défendre Aspen. Cela ne faisait que vous mettre en danger. Après t’être assurée que Aspen allait bien, tu lui désignais tout ce dont il avait besoin, la nourriture, l’eau, les médicaments. Puis, tu rentrais dans la tente, te glissant dans le sac de couchage abîmé. Tu regardais le plafond de la tente, pendant plusieurs minutes, essayant de faire le vide dans ta tête, de ne plus voir les morts que tu avais croisé sur cette maudite planète. Un léger soupir et tu fermas les yeux, t’endormant aussitôt, ces images hantant toujours tes pensées et qui hantent probablement tes rêves, à présent.

Where's the sun ?

C’était une étreinte agréable, fraternelle, emplie d’amour et de chaleur : quelque chose qui contrastait avec le froid et l’obscurité de la réalité qui les entourait, lui et sa sœur de cœur. C’était quelque chose dont ils avaient besoin tous les deux pour ne pas sombrer dans un passé qui devait être oublié et ne pas céder aux ténèbres de Terre-4. Sans compter la douceur naturelle qui émanait de Cassandra Cain-Wayne, soit la pureté et la lumière incarnées pour Aspen Amadeus Carlyle.
Il était réconfortant de serrer dans ses bras un être cher, de discuter avec celui-ci et de parler du futur, de l’après : c’était tout simplement une chose inconcevable que d’imaginer une vie ici, sur Terre-4 ou bien pire, la mort elle-même. Ils allaient survivre. Ils allaient survivre car ensemble, nous sommes toujours plus forts. Ils allaient quitter cet endroit, car un autre monde attendait leur retour. Ils n’allaient pas mourir ici. Ils n’allaient pas pourrir ici. Et Aspen rencontrerait enfin, officiellement, le fameux et richissime Bruce Wayne qui lui inspirait à la fois une grande admiration et une étrange crainte. Une crainte que le jeune homme était incapable de définir. Une crainte, qui depuis un petit moment déjà, était inspirée par autre chose ; une présence inconnue que l’ex-assassin n’aimait pas... Il avait un mauvais pressentiment. Ce ne fut que lorsque le corps de sa grande sœur devint soudainement un peu plus lourd, que Aspen s’échappa de son cerveau en surchauffe (et aux aguets). Quand la jeune femme s’excusa et lui expliqua qu’elle était fatiguée et qu’elle devrait probablement se reposer, il ne lui en tint pas rigueur. Il comprenait et puis, il pouvait la protéger. Il allait la protéger de cette présence qui guettait sournoisement et qui semblait attendre le bon moment pour se jeter sur ses deux proies.
Le brundinet fut patient, attendant que Cassandra se glisse sous la tente pour se plonger dans les bras de Morphée. Attentif, il s’assura d’abord que cette dernière était bel et bien endormie et s’accapara une arme de fortune : une lame un peu brûlante, car celle-ci reposait auparavant près du feu de camp de la jeune femme. Mais qu’importe ! Il ne la ressentait pas, cette sensation qui grignotait l’épiderme de sa main. Il se redressa d’une gestuelle malhabile et, sur ses gardes, attendit que son potentiel ennemi ne donne le coup d’envoi… Le silence fut celui qui lui répondit avant que, dans la légère brume qui ornait Brixton, une ombre ne se déplace. L’ex-assassin se pressa jusqu’à cette dernière, prêt à feinter, se défendre ou même à tuer si nécessaire. Et ses yeux s’écarquillèrent de terreur en reconnaissant la tenue propre aux membres de la Ligue des Assassins.
Maintenant dans une petite ruelle, lui et son adversaire se faisaient face. Bien sûr que celui qui se dressait face à Aspen le sous-estimait : Dayazell était l’un de ces moutons noirs que la guilde de meurtriers finissait par exécuter parce qu’ils étaient trop faibles. Ce serait un jeu d’enfant d’éliminer ce piètre apprenti qui avait déserté sans l’ombre d’une hésitation... qui avait trahi ses maîtres et le plus grand des maîtres, Ra’s Al Ghul. Peut-être pouvait-il le berner afin de pouvoir atteindre la fille de David Cain ? Dayazell était un garçon si bête et naïf dans ses souvenirs que la tentation était bien trop grande. Le ninja s’adressa alors, de toute son arrogance et de son orgueil :

« Dayazell. Quel plaisir de te retrouver, mon ami. Tu te souviens de moi ? Le garçon avec l’œil en moins. Le Maître m’a beaucoup parlé de toi, tu sais ? De ton potentiel. Pourquoi as-tu quitté la Ligue des Assassins, mon ami ? Te croyais-tu supérieur à nous tous, à Maître Ra’s Al Ghul ? Tu le sais bien que tu n’es rien, Dayazell. Tu n’es rien sans la fille Cain. Mais- Mais tu peux revenir, si tu le souhaites. Nous pardonnerons tes péchés si tu rentres sagement avec moi. »

Mensonge. Ce n’étaient que des mensonges et la petite tête brune le sentait : jamais une personne telle que lui pourrait être pardonnée pour avoir trahi la guilde, pour être parti et ne pas être parti pour prouver sa valeur… oh non. Non. Non. Il était parti pour suivre Cassandra et pour vivre libre. Et quand il regardait cet homme en face de lui qui, par le passé n’avait été qu’un enfant innocent qui avait perdu son œil sans aucune raison réellement valable, il était bien heureux d’avoir quitté cette secte. Mais à présent, cet ancien ami, ce camarade était devenu un ennemi et un dangereux assassin. Il était une menace et les menaces doivent être éliminées. Alors que l’assassin essayait de le baratiner, le prenant pour plus bête qu’il ne l’était, le jeune homme attaqua. Et un combat s’engagea alors, puisque visiblement… Aspen n’était plus aussi bête et naïf que par le passé.
Quelques coups de lames par-ci par-là, quelques coups de poings, de pieds et quelques ruses pour déstabiliser l’adversaire : même si le brundinet n’avait pas un talent inné pour le corps à corps, il avait la tête pour trouver la meilleure stratégie et ainsi donc tourner la situation à son avantage. Le borgne fut donc rapidement mis hors d’état de nuire. Plaqué contre le sol dégoûtant de Brixton, Aspen sur lui, le menaçant de la lame qui s’était refroidie. Une dernière provocation. Celle qui, le borgne le savait, allait créer une réaction violente chez son ancien ami.

« Vous avez de la chance d’être dans ce monde. Mais lorsque vous rentrerez… Oh… Oh, hoho. Attends-toi à ce que ta chère grande sœur passe l’arme à gauche, avec toute sa petite famille. Attends-toi à les voir revenir, jusqu’à que la folie soit l’unique chose qu’ils puissent ressentir. Tes amis. Tes proches. Tous seront punis par ta faute. Si la fille Cain et toi ne- »

Du sang. Du sang absolument partout. Le liquide chaud giclant sur son visage. La gorge ouverte du borgne qui fixa avec choc et terreur l’acte fraîchement commis par son ancien ami. Son ancien camarade. Celui qui avait à présent son sang sur ses mains pâlichonnes. Et un autre coup. Un autre coup. Un autre coup. La colère avait pris le dessus. La peur avait pris le dessus. Le couteau se plantait dans la chair, en ressortait et recommençait… encore et encore. Sans une moindre pause, sans s’arrêter. Aspen déchaînait sur le corps sans vie de l’assassin à l’œil manquant. Encore et encore. Jusqu’à qu’une voix le sorte de sa transe. Une voix qu’il aurait aimé ne pas entendre.

Codage par Libella sur Graphiorum

Where's the sun ?

Aspen et Cassandra.

La fatigue avait baissé ta garde et tu n’avais pas détecté la présence qu’Aspen avait pourtant ressenti. Et au vu des événements qui allaient suivre, tu aurais espéré avoir repéré l’espion qui vous surveillait… Mais cela n’avait pas été le cas. Tu t’étais allongé. Tu avais dormi, plusieurs minutes paisiblement, avant d’entrer dans une phase de sommeil profond… Et avec cette phase, son lot de cauchemars. Des songes loin d’être aussi paisible que son sommeil jusque là… Des cauchemars sur les morts qu’elle avait vu ici, en essayant d’aider les civils. Sur la cruauté des Amazones, des Atlantes, mais aussi de la Résistance… Un cauchemar qui te réveilla rapidement. Un peu déstabilisée, tu te redressais. Tu avais besoin de boire… Tu te levas, avec quelques vertiges liés à ton état d’éveil et tu sortis de la tente… Pour découvrir que Aspen n’était plus là. L’inquiétude s’empara aussitôt de toi, finissant de te réveiller pour un moment. Tu savais qu’il pouvait se défendre, il savait se battre… Mais cette Terre était dangereuse, remplie de gens dangereux et même quand on savait se défendre, c’était dangereux. Tu regardas autour, il y avait une femme qui s’occupait de sa petite fille, devant sa tente. Tu t’approchas, te baissant doucement à sa hauteur.

« Bonjour, excusez-moi… Est-ce que vous avez vu un jeune homme brun ?

- Oui, oui… Je l’ai vu, il est parti de ce côté. »

Tu la remerciais en lui donnant une couverture en plus, lui souriant doucement. Puis, tu te mis à courir dans la direction que t’avait indiqué la jeune mère. Le vent s’était levé et secouait tes cheveux. Cette sensation que tu trouvais habituellement agréable, tu t’en fichais ; seul comptait Aspen. De là où tu étais, tu entendis des bruits de lutte, puis une voix que tu ne connaissais pas… Le ton était menaçant. En entendant la voix se taire, tu accéléras la cadence, la peur te prenant à la gorge. Tu bifurquas dans la ruelle… Et tu t’arrêtas net. Le rouge fut la première chose que tu vis. La deuxième chose, c’était Aspen. La dernière, le corps sans vie aux pieds de ce dernier.

«A-Aspen… Q-que… »

Les larmes te montaient aux yeux, tandis que tu reculais. Tu ne pouvais pas détacher ton regard du corps. C’était l’habit d’un assassin de la Ligue… Peu importe. PEU IMPORTE. Aspen… Il venait de… Il venait de tuer. Tu l’avais vu tuer. Les larmes coulaient sur tes joues. Ce n’était pas la première fois qu’il tuait depuis que vous aviez fui la Ligue, mais… C’était… C’était différent… Il s’était acharné. Il s’était acharné sur lui. Le monde tout entier semblait avoir disparu dans ton horreur et ta terreur. Vous n’étiez plus sur Terre-4, mais dans une petite bulle où seuls existaient Aspen, toi et ce cadavre. Tu reculais encore, sans savoir quoi faire… Tu avais vu le regard de la victime de Aspen. Tu avais vu la mort comme il l’avait vu, même s’il était mort quand tu avais croisé son regard. Tu enfouis ta tête dans tes mains, un sanglot traversant tes lèvres.

Where's the sun ?

Les menaces, Aspen ne pouvait tout simplement pas les supporter. Personne ne pose ne serait-ce le petit doigt sur ses proches à moins de vouloir le perdre. Personne n’avait le droit de proférer de telles horreurs… et la peur, mélangée à la colère, à la rage avaient- avaient poussé le jeune homme à commettre l’irréparable. Il avait tué un ancien ami. Un ancien camarade. Il avait surtout tué un membre de la Ligue des Assassins. Mais- non. Ce n’était pas juste. Il avait cédé à des pulsions primaires. Il avait cédé à des émotions sauvages et bestiales, incontrôlables et destructrices. Et tout ça, il l’avait réalisé en croisant le regard de sa grande sœur. En entendant le tremblement dans sa voix, qui la secouait avec une violence inouïe : il pouvait ressentir une flopée d’émotions qui traversait l’être tout entier de la jeune femme et l’horreur, le traumatisme qui s’était éveillé en elle. Lorsque l’ex-assassin se tourna vers le visage défiguré du borgne, il fut pris d’une violente envie de vomir : il avait déjà tué… alors pourquoi- Pourquoi se sentait-il aussi mal ? Pourquoi avait-il l’impression que son monde venait de s’effondrer ? Parce que Casssandra avait été témoin de ce meurtre ? Ou bien était-ce parce qu’il connaissait ce jeune homme, qu’il connaissait sa sœur et qu’il venait de les trahir tous les deux ? En faisant couler le sang. Oui. Il avait trahi ces deux personnes en s’affublant du rouge du borgne. Il avait mal au cœur. Il ressentait un désagréable et insupportable pincement au cœur. Il dévisageait son ami, décédé, à cause de lui. Ses pupilles se rétractèrent, ses yeux s’écarquillèrent et des larmes inondèrent ses paupières avant d’aller mourir sur son menton, son nez ou ses lèvres. Très rapidement, les tremblements suivirent. Il n’avait jamais ressenti de pareilles émotions quand il tuait alors pourquoi ? Pourquoi ça faisait soudainement si mal ? Pourquoi il avait l’impression d’avoir tué une partie de lui-même en exécutant sauvagement cet assassin ?
Il se redressa avec une maladresse évidente et lâcha son arme sans rien dire, essoufflé par ces sensations et ces émotions nouvelles qui le submergeaient. La lame, maintenant froide, tomba sur le sol dans un tintement significatif et Aspen eut l’étrange sentiment que ce bruit résonnait dans toute la ruelle. Il se sentait coupable. Il se sentait monstrueux. C’était un monstre. Cet agent de ARGUS, le frère de Analia avait raison : c’était un monstre. C’était dans sa nature d’être une mauvaise personne. Il avait massacré quelqu’un avec qui il avait vécu de nombreuses infortunes mais également de plutôt bons moments… il avait tué un ami. Et il avait déchiré le cœur de sa grande sœur. Comme si c’était elle qu’il avait poignardé jusqu’à que mort s’en suive. Il voulait dire quelque chose, mais les mots refusaient de sortir, que ce soit de sa bouche ou de ses mains. Ses mains qui vinrent rapidement couvrir son visage sanguinolent tandis que les larmes devinrent de véritables cascades, voire les chutes du Niagara elles-mêmes. C’était un monstre. C’était un véritable monstre. Il était affreux, ignoble, dégoûtant, répugnant… et tant d’adjectifs possibles pour définir l’acte qu’il avait accompli. Pour le définir. Lui. Lui et seulement lui.

« Je l’ai tué… J’ai tué un ami. J’ai brisé le cœur de Cassandra. J’ai déçu Cass- Cass- J’ai… Je suis un monstre. Je suis un monstre ! Je suis un MONSTRE. » pensait-il en reculant, s’éloignant fébrilement du cadavre rouge de sang et de chair, tout deux exposés à l’air frais.

Finalement, ses jambes cédèrent sous son poids et il s’écroula sur ses deux genoux. Il éclata en sanglots et retroussa nerveusement ses manches pour se punir : il ramassa la lame et défit ses bandages pour meurtrir sa peau afin qu’il reste une trace de cette chose abominable qu’il venait de faire. Il devait absolument se punir. C’était comme ça que ça fonctionnait. C’était comme ça que ça fonctionnait là-bas et c’est ainsi que fonctionnait encore Aspen qui s’apprêtait à déchirer sa propre peau, sa propre chair afin que justice soit faite. Afin que justice soit rendue. Afin que ses actes meurtriers soient condamnés.

Codage par Libella sur Graphiorum

Where's the sun ?

Aspen et Cassandra.

Le monde ne semblait plus exister en dehors de cette ruelle ; la guerre, le Collectionneur, les civils dont les vies ne tenaient qu'à un fil... Plus rien d'autre, mis à part ce cadavre que tu ne voulais plus voir. Tu fermais les yeux, tu cachais ton visage dans tes mains, tu te retournais, mais... Rien n'y faisait. Une fois les paupières fermées, tu ne voyais que du rouge, tu n'entendais que des cris, tu ne sentais que la vie t'échapper- Tu te revoyais, à huit ans, écoutant sagement ton père. Ce n'était qu'un jeu pour toi – c'est ce que pense Alfred, en tout cas -, car tu n'étais qu'une enfant, même après avoir passé toute ta courte vie à apprendre à toutes les façons possibles de tuer. Tu voyais cet homme devant toi, tu lui retirais la vie mais cela ne te laissa pas de marbre comme David Cain l'attendait... Tu avais vu la mort comme lui l'avait vu. Et tu avais vu à nouveau cela dans les yeux de cet assassin. Et ce que tu avais envie de faire, alors que l'univers semblait s'effondrer autour de toi, c'était refaire ce que tu avais fait à l'époque : fuir. Fuir très loin, te cacher, ne plus jamais revenir... Mais tu n'avais plus huit ans, à présent, Cassandra. Tu ne pouvais pas te permettre de te comporter comme une enfant et tu le savais. Tu avais des responsabilités... Tu devais protéger ces civils et surtout... Surtout, tu devais veiller sur ton petit frère. Bien sûr que tu lui en voulais... Mais tu savais combien c'était dur de tout réapprendre, de changer, de s'accepter... Et surtout, tu t'étais engagée à veiller sur lui. A lui apprendre ce que tu avais appris. Il avait besoin de toi... Au fond, tu te disais que c'était une chance... Aspen avait quelqu'un. Toi, quand tu avais fui, tu n'avais eu personne pendant de longues années... Il était temps que tu te comportes comme une grande sœur. Que tu prennes soin de lui comme Barbara, puis Bruce, puis toute la Batfamily avait pris soin de toi.

Quand tu te retournas vers Aspen, tu remarquais qu'il était à terre... Mais surtout, tu voyais qu'il souhaitait se faire du mal. Tu te précipitais à ses côtés, les joues encore humides, les yeux rouges. Tu retirais doucement la lame de ses mains. Tu secouais la tête, incapable de parler ou signer. Tu passas doucement tes pouces sur le dos des mains de ton frère de cœur, avant de le serrer contre toi. Tu ne savais pas vraiment si tu lui pardonnais, mais tu voulais l'aider et tu l'aimais, c'était plus important que ce que tu ressentais vis-à-vis de ce qu'il avait fait. Tu le serrais contre toi, ignorant l'odeur significative du sang, ignorant le corps à vos côtés, pour te concentrer uniquement sur la personne qui avait besoin de toi.

Where's the sun ?

Le jeune homme ne sut pas du tout comment réagir lorsque sa grande sœur lui retira la dangereuse lame des mains : ses yeux étaient fixés sur ceux rouges de larmes de Cassandra et lorsqu’elle secoua la tête, il comprit encore mieux à quel point tuer était une mauvaise chose… c’était mal et ça faisait mal. Ça faisait tellement mal. Tellement mal de voir la jeune femme dans un état pareil, si douloureux d’avoir massacré un ancien camarade, un ami. Il ne devait pas se scarifier, c’était le message qu’elle voulait lui transmettre mais qu’elle ne parvenait pas à verbaliser ou à signer. Doucement, Aspen sentit les pouces de sa sœur sur le dos de ses deux mains, puis sans rien dire, sans aucun mot dire, il l’observa en silence serrer ses paluches contre elle. Son expression, douloureuse et sanglotante, indiquait très clairement qu’elle avait du mal à pardonner le meurtre que venait de commettre son petit frère, mais ce dernier pouvait sentir son amour, son affection et son envie d’aider, de l’aider à se sortir de ce genre de travers. Bientôt, ce ne fut plus seulement ses mains mais son être tout entier qui se retrouva pris dans l’étreinte de Cassandra. Il pouvait sentir le corps de cette dernière trembler, très légèrement ; elle essayait de se calmer, de calmer le choc, la peur, le dégoût qu’elle ressentait… mais ce n’était pas si facile quand un cadavre gisait à quelques centimètres de soi. Quand on savait qui était responsable d’un acte aussi barbare, aussi répugnant. Ce n’était pas aussi simple. Et Aspen le savait, il le sentait. Il- il se sentait vraiment mal.
Après quelques longues minutes de silence durant lesquelles ni l’un ni l’autre ne dit mot, le jeune homme décida de briser le silence, baragouinant quelque chose qui semblait vouloir dire « On peut partir ? Loin de lui ? Je ne me sens pas très bien. » mais qui ressemblait plus à une suite de sanglots et de couinements plaintifs. Bien sûr, Cassandra et lui avaient l’habitude de communiquer sans avoir besoin d’utiliser des mots… et ainsi quittèrent-ils la ruelle. Avant d’en sortir, le brundinet voulait s’excuser auprès du borgne et essaya, en vain, de lui improviser un lieu où reposer en paix. Il ne voulait pas le laisser comme ça, au milieu de nulle part. Il l’enterra délicatement sous des déchets et des vieilles couvertures humides. Et même si ce n’était pas très propre, il fit ce qu’il avait toujours fait lorsqu’il perdait un proche : il déposa un baiser sur son front, s’écarta tout doucement et ferma les paupières de la victime avec ses mains.

« Bon- Bonne… nuit... » lui chuchota-t-il avant de se relever pour quitter la petite ruelle.

Une fois de retour dans le campement de la jeune femme, Aspen ne put s’empêcher de s’isoler un instant : il avait besoin de réfléchir à ce qu’il avait fait. De comprendre ce qui s’était passé. De comprendre ce qu’il ressentait et pourquoi il ressentait de pareilles émotions… pourquoi il avait de pareilles pensées. Le jeune homme avait besoin de mettre les points sur les i, de mettre de l’ordre dans sa tête et dans son esprit afin de ne plus jamais ressentir ce qu’il avait ressenti, afin de ne plus jamais blesser Cassandra. Afin de ne plus se laisser guider par des émotions aussi primitives que la colère ou la peur. Pour ne plus jamais refaire ce qu’il avait fait. Pendant une fraction de seconde, dans sa contemplation, il crut sentir la poigne familière de ce démon aux yeux verts. Il se crispa et secoua vigoureusement la tête pour chasser ce monstre de ses pensées : non. C’était fini. Il ne voulait plus jamais entendre parler de Ra’s Al Ghul. Il ne voulait plus que ce fantôme pleins de souvenirs traumatisants continue de posséder ses actions, ses réflexions et sa personne. Il voulait être libre, il a toujours voulu être libre. Mais il n’avait pas encore réussi à se détacher de la Ligue des Assassins, de cette ombre menaçante qui le recouvrait et continuait de le guider sur un chemin qu’il ne voulait plus du tout suivre… mais c’était si difficile de complètement supprimer une partie de sa vie, de son éducation, de son passé. Un soupir, tremblant. Deux prunelles qui se dirigèrent vers la silhouette de la danseuse de ballet, de la justicière masquée, de sa grande sœur. Aspen se redressa maladroitement et s’approcha, hésitant, en direction la jeune femme. Il voulait s’excuser auprès d’elle, comme il s’était excusé auprès du cadavre du borgne. Il voulait lui montrer qu’il regrettait ses actions et il voulait surtout lui montrer qu’il avait besoin d’elle, plus que jamais.

« Cas- Cassie… Je- Je… suis- dés- désolé-… Je-… J’ai-… Je… sais- pa- pas... »

Codage par Libella sur Graphiorum

Where's the sun ?

Aspen et Cassandra.

Le silence était le maître mot. Tu n’avais pas envie de parler. Et puis, de toute façon, les mots ne sortiraient pas de sa bouche. Le choc et l’horreur étaient toujours beaucoup trop réels… Non, non, arrête d’y penser Cassie. Concentre-toi sur Aspen. D’ailleurs, ce dernier essaya de parler. Il ne parvint qu’à faire des sons incompréhensifs, mais toi, en revanche, tu les avais compris. Car tu avais ce même besoin : partir très loin de cette ruelle qui ne t’apporterait que des cauchemars, plus tard. Tu ne voulais plus être capable de voir ce corps, de voir cette couleur qui recouvrait le sol… Honnêtement, tu voulais simplement t’allonger et dormir. Sans mot dire, encore une fois, tu hochas la tête, avant de te relever et te diriger vers la sortie de la ruelle. Mais Aspen n’en avait pas fini… Il souhaitait s’occuper de l’assassin qu’il avait tué. Tu saluais son geste, mais tu en étais tout simplement incapable. Tu préféras l’attendre à la sortie de la ruelle… Tu fixais le ciel, silencieuse, attendant. A quoi tu pensais ? Tu pensais à ton appartement… Tu n’avais jamais autant souhaité être dans ton lit, dans ton chez-toi… Sous les couvertures, à regarder une rediffusion de ballet ou une série policière. Ou encore, des archives d’enregistrement de Batgirl fait par des journalistes, avec un chocolat chaud sur ta table de chevet, près du lit. Mais tu ne pouvais pas… Tu étais sur cette planète horrible, triste, sombre… Un sursaut ; Aspen venait de se glisser à tes côtés.

Attrapant sa main, tu le guidas jusqu’à votre petit campement. Il s’isola, tandis que toi tu t’asseyais près du feu. Tu l’allumas, plaçant tes mains devant, te réchauffant. C’était réconfortant, cette chaleur… Tes yeux se posèrent sur la jeune mère là-bas. Elle te sourit, te remerciant une nouvelle fois d’un signe de tête pour la couverture que tu lui avais donné. Cela te réchauffa le coeur. Cela te rappela que tu avais fait de bonnes choses, ici. Que tu y arrivais, malgré tout. Tu soupiras, attachant tes cheveux en une queue de cheval. Aspen revint… Il tremblait… Il était maladroit, mais il s’excusait auprès de toi… Tu le regardais en silence, avant de signer :

« Tu… Non. Pas d’excuses… D’accord ? Je... »

Tu détournas le regard.

« Promets-moi simplement qu’on ne se quittera plus. »

A son tour, il hocha la tête et vous vous enlaciez. Mais soudain… Soudain, tu ne sentais plus les bras de ton frère autour de toi. Tu ouvris les yeux, cherchant Aspie du regard, déboussollée. La panique montant en toi, tu cherchas les environs pendant une bonne heure, criant son nom. Mais tu ne le reverrais pas sur New Themyscira… Malgré tout le temps que tu passeras à sa recherche. Malgré tous les appels, toutes les questions pour le retrouver… Tu étais de nouveau seule avec tes démons. Piégée avec ton passé, avec ce qui s’était passé auparavant et avec l’inquiétude qui te prenait aux tripes quand tu pensais à ce qui pouvait arriver à ton frère, ce qu’on pouvait bien lui faire… Et tu te sentais affreusement seule.