(Cain) Be something greater✸ fb

La soirée touche à sa fin, au moment où la photographe réajuste sa veste de cuir pour retrouver l’air de l’extérieur. Ses doigts frôlent, comme par habitude, l’objectif de son appareil dont l’acier refroidi lui rappelle la lenteur de ce temps. Figées, ses captures dévoilent quelques traits encore floutées de sa dernière photographie. La porte se referme derrière elle, la lampe écarlate est éteinte et pourtant, l’Amazone ressent encore l’apaisement qui l’habite à chaque fois qu’elle retrouve cette espace. Les ombres lui rappellent quelques-unes des épreuves de Themyscira et lui éveillent des souvenirs desquels elle songe encore et encore. Comme celui qui la plonge dans l’une des grottes, d’où, certaines de leurs ancêtres y ont apposé une marque. Cette marque indélébile qui trace les pourtours de son aura. La glaise ressemble à la captivité de l’image, elle émet des hypothèses à son tour, suggère des idéaux dont seul le maître est en capacité d’élaborer les desseins.  Son esprit garde les stigmates entiers, leur confère des descriptions desquelles son but demeure intact. Son existence se résume à son désir du bien, sa volonté d’espoir qu’elle ne cesse d’entretenir par le biais de ses missions secrètes et ses amitiés. L’enjeu en vaut la peine, puisqu’il lui confère des visions pour lesquelles elle est prête à se battre. Les Humains détiennent cette clé vers l’espoir, dévoilent des attitudes permettant à la générosité et à la bienveillance de trouver un bienfondé. Ainsi, le cœur de Donna s’apaise et l’air qui s’engouffre dans ses poumons se veut libérateur d’une quelconque tension.

Ses pas la dirigent naturellement vers ce chemin qu’elle est habituée à emprunter, vers ce foyer qu’elle s’est construit et qu’elle affectionne comme sa demeure. Mais rien n’égale son île natale. Les sons de la cité sont devenus un quotidien malgré elle, une habitude qui ne la détourne que très peu de son but. A moins que la menace à autrui ne l’interpelle et dicte ses gestes. Pour l’heure, le son d’une musique lui indique une soirée en plein essor. Certaines déambulations autour de l’habitation imposent cette même affirmation. Un mince sourire naît sur l’embrasure de ses lèvres, amusé par cette attitude si innocente de la part des humains. Leur vie éphémère leur permet d’oser et de s’amuser à leur manière, ne se souciant que de l’instant présent, oubliant le reste. Beaucoup y voient un moyen de lâcher prise et s’égosillent par-ci par-là en chantant où en fredonnant des airs qui finit par les faire éclater de rire. D’autres trouvent dans cet agissement du courage. De la bravoure pour franchir un pas qu’ils n’auraient jamais oser imaginer sans ce petit coup de pouce. Et le sourire de la brune se tarit devant les derniers exemples : ceux qui désirent se plonger dans l’oubli. Trop anéantis par les épreuves, trop marqués par un passé ou un présent douloureux, voilà qu’ils cherchent simplement à devenir quelqu’un d’autre. Et ce sont eux, que l’Amazone cherche à aider. Eux, qui, méritent bien plus que ce pourquoi ils se croient submergés.

Et il lui semble reconnaître une silhouette de cet ordre. Une ombre tapie dans un recoin, qui, épanche sa soif dans la solitude. Parfois, elle laisse ce défaut prendre le dessus, mais pas ce soir. Pas alors qu’elle reconnaît les traits d’un jeune homme qu’elle avait refoulé au cours d’une autre soirée. Caïn Turnbull. Ce nom, il lui avait confié au moment où il désirait probablement terminer sa soirée avec elle. Et elle l’avait retenu, parce qu’elle avait trouvé dans le fond de son regard un reflet qu’elle n’osait pas affronter. « Je peux m’asseoir avec toi ? » La buée s’échappe d’entre ses lèvres, ses doigts se referment sur l’objectif tenu pour ne pas qu’il tape contre sa poitrine. Elle ne lui laisse pas réellement le choix et agit en s’installant à ses côtés. Pour l’heure, ses onyx regardent devant eux. « Dure soirée ? » Son calme se veut d’or au moment où ses yeux rapprochent la distance se posent un air serein sur le profil du jeune homme. « Tu veux rester ici, ou tu préfères qu’on trouve un endroit pour parler ? » Une fois de plus, son calme perdure et elle attend patiemment que le choix vienne de lui.

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Que les soirées de Metropolis peuvent être ennuyantes. Assis sur ta chaise face à la foule qui danse sur l'étroite piste à disposition, tu sirotes ton verre en ne manquant pas une miette de ce triste spectacle. Toujours les mêmes visages, toujours les mêmes attitudes, tout ici est d'une lassitude sans fin. Un gouffre duquel il t'est impossible de t'échapper, pris toi-même dans cet engrenage du déjà vu. Ces gens que tu méprises, tu en fais partie. Cherchant toujours réconfort au fond d'une bouteille, en quête de conquêtes éphémères qui ne serviront qu'à terminer ta nuit dans des draps défaits. Tu appartiens à ce drôle de paradoxe, où il en faut peu pour te satisfaire, tout en étant incapable de ressentir autre chose que de l'ennui. Quotidien millimétré, journée chargée à t'en faire boiter, et à chaque fois, ce besoin viscérale de tromper la routine. Espoir vain, puisqu'inlassablement, tu reproduis toi aussi les mêmes gestes, dans les mêmes endroits. Ce soir encore, tout est pareil. Ou presque. Et c'est peut-être là la raison de ton incapacité à faire semblant. T'as pas envie d'aller danser avec eux. T'as pas envie non plus de séduire une fille quelconque, qui t'apportera un plaisir quelconque. Il y a deux jours, ta vie a pris un nouveau tournant. Sur le papier d'entrée de gamme du journal, est apparu son visage. Un visage plein de tâches de rousseur, à l'air si innocent, mais qui pourtant, représente absolument tout ce qui ne va pas dans ton existence depuis ta naissance. Jinny Hex, dernière descendante de celui qui vous a tout coûté, et qui t'a amené, toi, à devenir le messie d'une famille oubliée. Tes parents ont été très clairs, ta dernière mission en tant que fils prodige, est de planter la croix de cette fille, et arracher de ses mains une vengeance méritée. La dernière marche avant le firmament de la reconnaissance. Et t'as accepté. Bien sûr que t'as accepté. Tout ce ce que t'as sacrifié s'est soudainement matérialisé dans le visage de cette chasseuse de prime juvénile, alors comment pourrais-tu vouloir autre chose que sa mort, toi aussi ? Telle est la question. Si tout était aussi simple, sans doute ne chercherais-tu pas ce soir la réponse au fond de ton verre.

Ennui, ennui, ennui, et puis, le miracle se produit. Un doux miracle au nom de Donna Troy. D'abord un peu étonné de la voir, tu lui adresses ensuite un sourire accueillant qui l'invite à s'assoir à côté de toi. Votre rencontre aura été pour le moins surprenante. Enfin, pas tant que ça pour la première partie, puisque comme à ton habitude, c'est à coups de techniques de drague plus ou moins efficaces que t'as tenté ton approche... avant de te prendre une porte. Au sens propre comme un sens figuré. Et puis, outrepassant ce petit mal d'ego pansé au mercurochrome, c'est sur un balcon de Metropolis qu'un petit quelque chose est né entre vous. Comme un écho des âmes. Une connexion invisible, inédite, et que tu ressens encore aujourd'hui. Donna, il y a tant qui émane d'elle que tu ne saurais quoi pointer précisément pour la définir. Elle représente un tout déroutant, intimidant, mais qui te donne aussi l'envie d'apprendre à un peu plus la connaître, et cette fois, en laissant au placard ton costume de don juan. Promis. Enfin, normalement. « Tu tombes si bien, je commençais à m'ennuyer. » Comme toujours, finalement. Existe t-il seulement une soirée au sein de laquelle tu t'es vraiment senti à ta place, sans arborer un masque et un sourire factice ? T'as beau appartenir à ce monde de la fête et des nuits sans fin, rares sont les fois où tu te couches avec la sensation d'avoir pleinement savouré ta journée. Comme un supplice incessant. Un verre que tu remplirais constamment sans le voir autrement que complètement vide. Oh, alors elle est réellement prête à passer la soirée avec toi, Donna ? Et cette fois hors d'un cadre bien défini ? Impossible de lui refuser. L'inattendu, l'improvisation, c'est tout ce dont tu as besoin après toutes ces heures passées dans le contrôle absolu. « T'as encore ton appareil photo. » Constat qui te donne une idée. Rester ici est évidemment hors de question, tant le brouhaha de la musique est pénible et parasite les pensées. « J'aimerais bien que tu m'emmènes au plus bel endroit de la ville, selon ton opinion personnelle. Et un que t'as photographié, évidemment. » Parce que finalement, pour réellement apprendre à connaître les gens, ne faut-il pas outrepasser les mots ? Il y a tant de choses qui révèlent des vérités plus sincères que celles qui s'échappent d'entre les lèvres, et t'aimerais que Donna s'ouvre de cette façon à toi.

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A peine assise que déjà l’Amazone ressent les effets de ces retrouvailles d’un soir. Son sourire s’élargit doucement, révélateur de cette timide joie quant aux conversations à venir. Le jeune homme lui exprime cette même sorte de ressentis alors que l’ennui paraît lui entraver toute forme de plaisir pour sa soirée. Leur première rencontre est derrière eux et pourtant, elle dégage encore quelques stigmates desquels tous deux assument notablement leurs réactions passées. L’ennuie une fois de plus. Cette amie amère, qui marque toujours des points culminants dans des attitudes pourtant bien connues. Elle incite à l’observation, vers les hypothèses selon les principes d’un état d’âme réfugié dans la nostalgie. Les lumières se ternissent toujours dès lors qu’elle saisit une âme et pourtant, elle prévaut aussi des surprises que nul ne peut anticiper. Ce soir par exemple, cet instant. Le sourire de la brune s’amuse de la remarque sincère du brun. Y trouve une audace qu’elle place déjà comme cette même démarche qu’elle avait pu entendre au cours de leur soirée passée. Et pourtant, elle se tait. Fidèle à son calme, elle s’installe et laisse le temps nécessaire à Cain pour rassembler ses idées. Elle ne sait, pour l’heure, quels effets le breuvage peut avoir sur lui, néanmoins, elle ne craint rien. Non pas en raison de sa force surhumaine qui lui assigne une confiance véritable dans l’éventualité où les choses tourneraient mal. Mais bien par rapport au caractère du jeune homme. A même d’y déceler un meilleur, l’Amazone sait au fond d’elle qu’elle peut placer en lui une sincère confiance.

Ses doigts retiennent l’objectif de son appareil photo, protègent de leur délicatesse les moindres fracas qui sauraient venir à bout de l’élément. L’euphémisme porte au ridicule et pourtant, Donna cherche toujours à ralentir ses élans, les contrôler. Ses yeux dénotent le regard de son ami attiré vers le détail. Son silence perdure, désireux de lui laisser le temps de rassembler ses idées. Probablement les avait-il déjà intactes puisqu’il émettait une évidence. « Il m’est nécessaire pour capter l’éphémère et le rendre éternel. » Et bientôt, la jeune femme se saisit de l’appareil pour le porter jusqu’à ses yeux. Sans en demander l’autorisation, elle pointe l’objectif devant le visage du jeune homme et ajuste rapidement les divers réglages avant que le clic n’annonce qu’elle venait de l’immortaliser. C’était cela qui lui était toujours agréable, pouvoir capter des moments humains. Des reflets insoupçonnés à même de lui dévoiler combien ils étaient parfaits selon elle. Sans flash, uniquement avec les contrastes lumineux et ombrageux de la ruelle, elle venait de capturer le visage d’un ange nouveau. « On ne sait jamais lorsque l’instant pointe le bout de son nez. » se justifie-t-elle avant de reculer l’appareil et sourire à nouveau, signe de son confort aux côtés du brun. La spontanéité les saisit dans le même temps. Leur confère de cette volonté d’isolement, duquel l’Amazone encourageait le jeune homme il n’y avait seulement que quelques secondes à peine. La requête fend l’air timidement et trouve un écho dans le cœur de la brune. Elle en comprend le désir et préserve cette même volonté.

Déjà, elle se redresse, déjà elle tend sa main vers la silhouette de son ami afin de l’aider à se relever. « Pas de moyen de transport que de la marche pour que l’endroit garde de sa superbe. Tu te sens capable ? » Elle lui prouve qu’elle répond à son invitation et qu’elle désire à son tour le connaître en retour. Parce qu’ils vont devenir des compagnons de route pendant ce trajet, parce qu’ils vont ainsi pouvoir se révéler à leur rythme pour ainsi profiter du meilleur de l’autre. Ses yeux étreignent doucement les élans courageux de Caïn et leur confèrent de ce même ressenti qu’il lui renvoie en miroir. « Tu seras le seul juge de ce que je vais te montrer, de décider si ce que tu verras fera parti de ta définition du beau ou pas du tout. » Parce qu’il s’agissait là aussi d’une véritable force humaine que de pouvoir juger soi-même de tout. D’avoir cette liberté d’apprécier ou non, sans que cela ne se délecte d’une conséquence quelconque -bien sûr pour les sujets les plus rédhibitoires. « Mais telle l’Odyssée d’Ulysse, le trajet risque d’être une balade que nous nous rapporterons pour plusieurs années. » Parce qu’ils viendraient surement à se dévoiler d’une façon ou d’une autre. Du moins, elle espérait sincèrement que l’occasion permette à Caïn de soulager un peu ses peines intérieures en les partageant et peut être en trouvant conseil dans certaines réponses qu’elle pourrait lui confier.

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Si tu avais pu choisir l'instant à capturer, tu n'aurais pas choisi celui-ci. Il n'appartient pas à ceux dont tu voudrais te souvenir. Il y a toujours quelque chose de dangereux dans la photographie. Ces moments qu'elle immortalise peuvent aussi bien être source infinie de joie, que rancoeur éternelle. Et toi, dans un bar, songeant au meurtre que tu es sur le point de commettre, n'est en rien une source de joie. Tu ne veux pas que ce verre en main demeure. Tu ne veux pas que ton air songeur demeure. Tu ne veux pas que l'acte qui changera à jamais ta vie, demeure. Mais tu ne lui dis rien, à Donna, tu te contentes de lui sourire alors que le clic de son appareil capture ton essence. Un morceau arraché de ton intimité que tu ne refuserais pas de voir disparaître dans les méandres du mécanisme de son précieux objet pour toujours. Si elle avait le pouvoir d'attraper tes pensées aussi aisément que ton image, sans doute ne serait-elle déjà plus là. Il y a quelque chose de fondamentalement bon qui se dégage d'elle. Quelque chose qui contraste avec ce que toi tu caches derrière ton masque de trentenaire un peu trop fêtard. Si les yeux sont le reflet de l'âme, qu'en est-il de la lentille d'un appareil photo ? Est-ce qu'elle saura voir, plus tard, quand elle développera ses clichés, ce qu'elle n'a pas décelé sur le moment ? Est-ce qu'elle lira ce que tu n'as pas su dire, dans les traits figés de ton visage ? Et si c'était le cas, est-ce que tu la reverrais un jour, ou serait-elle trop dégoûtée par ce qui se cache derrière la façade ? Tu l'apprécies, cette fille, sans même la connaître, parce qu'elle n'a pas hésité une seule seconde à s'assoir avec toi. Elle n'a pas cherché à creuser trop longtemps pour t'accorder ce que d'autres t'auraient ardemment refusé après cette piètre tentative de votre première rencontre. Déjà, tu peux affirmer qu'elle accorde des secondes chances, Donna, mais malheureusement, pour toi, il en faudra probablement un peu plus.

Tu lui attrapes la main sans hésiter, te relevant à ton tour, prêt pour l'aventure qu'elle te fait miroiter avec beaucoup de talent. Elle ne te connait pas encore assez bien, mais sans même le savoir, elle a tapé dans le mille pour attiser ta curiosité. Tout ce qui est compliqué, presque inatteignable, c'est pour toi. Tu es un homme qui aime le challenge et se surpasser, parfois au prix de lourdes erreurs. Mais tant pis, puisque ça aussi, ça fait partie du voyage. Rien n'est jamais parfait, encore moins ce que tu entreprends. « Je suis capable de tout. » Et elle n'a sans doute pas idée d'à quel point cette affirmation est vraie. Prêt à sacrifier un frère pour devenir le sauveur de la famille. La même famille pour laquelle tu es sur le point d'ôter une vie, toi qui n'a pourtant jamais franchi cette terrible ligne. Tu n'as rien d'un assassin, mais tu serais consentant à le devenir si cela te permettait d'accéder à ce que tu convoites depuis toujours : la reconnaissance de tes parents. Non, pas vraiment leur reconnaissance, leur amour. C'est ça que tu cherches, inlassablement, jusqu'à modeler ce que tu es pour devenir ce que tu n'es pas. Un gamin qui appellerait sans cesse leur nom pour espérer, qu'au moins une fois, ils lèvent leur regard vers toi. Triste, pathétique, mais il s'agit bien là du sous-titre de ton existence. « Tu me vends du rêve, on y va. » Il y a également une belle pointe de mystère, chez Donna, qui te donne l'envie pressante de découvrir cette Odyssée.

Mais si le but d'Ulysse est de rentrer chez lui, quel est le vôtre ? Il n'est plus seulement question de découvrir son endroit préféré, pas vrai ? Marchant à ses côtés dans les rues de Metropolis, tu glisses nonchalamment tes mains dans les poches de ton blouson. « Okay, alors je commence. Qu'est-ce qui t'a donné l'envie de rentrer dans ce bar et de t'assoir avec moi ? » Parce qu'encore une fois, elle et toi, vous vous connaissez à peine, en plus d'avoir commencé votre brève relation sous de mauvais auspices. Enfin, vous vous êtes un peu rattrapés sur le balcon, mais quand même, ce qu'elle a d'abord entrevu de toi, c'est cette sale manie d'aborder les filles comme si elles étaient toutes une conquête potentielle avec qui froisser les draps. Rien de bien glorieux, donc. « Je doute t'avoir laissé un souvenir bien reluisant, la dernière fois. » Et non, ça ne retranscrit pas un manque de confiance en toi ou une connerie du genre là, c'est simplement la vérité, un constat bien facile à dresser et pas assez subjectif pour être contesté. Tu ne regrettes pas ton approche, parce que tu ne regrettes jamais grand chose, cependant, pour se faire des amis, il existe meilleure façon de s'y prendre. Mais puisqu'une Odyssée est toujours un puits d'apprentissage, peut-être qu'il n'est pas encore trop tard pour ton cas.

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Les lumières fusionnent et créent cette ambiance calfeutrée. Prête à rapporter des vagues confinées, elle offre aux tenants du soir la possibilité de créer une intimité. Propice aux conversations plus secrètes, certains n’hésitent même plus à rapprocher la distance pour tenter cet ultime effort et gagner une approche envers leurs partenaires. Les capitaux s’exultent de ce rassemblement, toujours prêts à piquer à vif leurs victimes pour mieux s’étendre sur l’assemblée. La boîte de Pandore s’ouvre tous les soirs et émet ces maux de l’esprit aux travers diverses formes. Seul le soleil est à même de les vaincre, de les rappeler à leurs places alors que ses rayons rapportent une réalité certaine : ils sont tous humains. Et de cette humanité naît l’espoir d’un meilleur. Et c’est ce fait bien précis que l’Amazone tente de capter, de rendre éternel comme elle venait tout juste de le spécifier au jeune homme. Lui-même encore inconscient de l’aura qu’il dégage en cet instant. Donna sait déjà que la lumière écarlate lui révèlera tout son courage enfoui derrière le masque. Alors elle lui sourit encore, désireuse de lui prouver qu’il est unique lui aussi. Ils le sont tous à ses yeux, puisqu’ils disposent de cette innocence de jeunesse qu’ils gardent tout au long de leurs existence. Un grain de sable sur toute étendue désertique, un participant d’une construction colossale, encline à révéler le Beau dans sa splendeur la plus intacte. Les tourments isolent à chaque fois l’être. Lui assigne des messages desquels la difficulté réside dans ce pouvoir à se relever, mais la brune le sait, ce brun là parviendra toujours à se redresser et à aller de l’avant.

Alors sa main tendue, ses dédales exposés pour qu’ils rejoignent tous les deux cette destination encore tue, l’Amazone encourage le jeune homme à franchir le seuil de leurs connaissances afin qu’ils partagent une route pour quelques temps. Un temps capable de leur prouver qu’ils sauraient se répondre mutuellement, qu’ils pourraient apprendre à se connaître sans craindre le jugement de l’un comme de l’autre. Compagnons d’aventure, compagnons de fortune, voilà qu’ils s’élancent ensemble vers l’Odyssée qui se présente devant eux. La bravoure se lit immédiatement dans le regard de Caïn, mêlée à la curiosité qui l’enivre déjà vers un espoir nouveau : celui d’une découverte. Le sourire de Donna grandit un peu plus encore, fière pour lui. Heureuse de constater qu’elle ne s’était pas trompée. Elle voie que le fardeau enveloppe ses épaules lorsqu’il boit, mais voilà qu’il vient tout juste de l’ôter devant elle et qu’il la suit jusque vers le fond du bar. « L’impatience te guette. » commente-t-elle sur un ton amusé. Cette dernière, elle la connaît depuis si longtemps qu’elle lui est devenue une amie. Impatiente d’enfin connaître le résultat de ce monde lorsqu’il aura assez grandi. Peut-être les Dieux lui offriront-ils ce privilège ? Mais en attendant, elle profite de l’humanité à son échelle. S’y mêlant comme si elle en faisait partie à son tour, réceptive aux moindres intentions de chacun, elle observe dans l’ombre ce pourquoi elle doit son existence. Car tout comme sa sœur, Diana, Donna s’éprend de ce monde présent.

Le silence capture les pensées de l’un comme de l’autre, alors que la déambulation ne fait que débuter. Prompte à redresser son regard afin d’appréhender une intervention à venir, l’Amazone repose ses onyx bienveillants sur la silhouette de Caïn au moment où sa demande lui paraît justifiée. Pourquoi lui ? Pourquoi vouloir apprendre à le connaître ? La brune recouvre son sourire bienveillant au moment où les idées s’éclaircissent dans son esprit. « La même que celle qui te pousse à m’accompagner en ce moment. » Parce qu’un lien est en train de se créer entre eux. Encore indéfinissable, il les pousse à vouloir se connaître d’une certaine manière et elle désire simplement en connaître le dénouement. « La curiosité, il y a une certaine partie de toi qui m’interpelle et me donne envie de te connaître. » Tempère t-elle-même si elle se doute que cela ravivera les souvenirs de leur dernière rencontre. D’ailleurs l’évocation ne tarde pas à revenir, chose, qui l’oblige à rire à son tour devant cette scène passée. « J’aurai plutôt tendance à dire que c’est à la porte que tu n’as pas laissé un souvenir reluisant. » Elle sait qu’il la comprendra et elle échange avec lui un regard entendu qui leur rappelle cette histoire. Tout était justifié dans ses questionnements. Après tout, une histoire d’un soir qui n’aboutit, il avait du en vivre plus d’une dizaine mais pourtant cette fois, ils avaient pu discuter sur le toit. Ils avaient eu l’occasion de faire table rase pour mieux s’intéresser à l’humain et non pas le superficiel. « Comme je te l’ai dit, l’éphémère est une chose qui me tient à cœur. » commence t-elle à lui expliquer tout en reportant son regard vers l’avant. « C’est par lui qui naissent les valeurs véritables et que les fondations trouvent un vrai soutien. Selon moi, tu fais parti de cet éphémère capable d’engendrer quelque chose de nouveau et de bon. Tout le monde en fait partie, alors pourquoi ne pas te connaître pour, qui sait, participer à mon tour à ce quelque chose de nouveau. » Sincère dans ses propos, comme toujours, Donna ne sait comment le jeune homme prendra la chose. « Et puis, autant rattraper l’erreur de la dernière fois, il n’y a plus de porte ni devant ni derrière nous. » son sourcil s’arque amusé. « Et toi alors, pourquoi moi ? » lui demande-t-elle à son tour. Sa réponse, elle l’espère, ne sera pas de l’ordre de la séduction, même si une part d’elle sait que cela est derrière eux aujourd’hui. Il n’empêche qu’il la rend curieuse à ce sujet.

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La curiosité ? Et bien, il semblerait donc que tu sois parvenu à rattraper le coup sur le balcon de votre rencontre. En laissant Romeo de côté pour endosser un rôle qui lui convenait mieux. Mais mieux pour toi, ça t'en es pas certain. Séduire, c'est facile, il suffit de se lancer et d'attendre que l'autre réponde favorablement ou non. Un exercice que tu maitrises plutôt bien, malgré les quelques ratés, comme elle te le rappelle si bien et avec amusement. C'est pas quelque chose que tu admets aisément, mais c'est vrai que pour toi le challenge relève plus de la banalité d'une conversation qu'à quelques mots bien choisis pour faire fondre les cœurs. Il en a toujours été ainsi, éternel incapable de creuser tes relations, comme si t'avais peur de ce que tu pourrais y trouver derrière. Tu le sais, qu'il y a du bon dans la sanité des échanges, mais qui oserait clamer haut et fort que les revers n'existent pas ? T'es pas quelqu'un de froussard, c'est même plutôt l'inverse, parfois trop téméraire pour ton propre bien, malgré tout, t'es réticent à l'idée de t'infliger des émotions qui pourraient s'apparenter à de la souffrance. Perdre un ami, ou pire encore, sentir son cœur se briser, sont des choses que tu n'as aucunement envie de connaître. Et tant pis si à cause de tes craintes irrationnelles tu passes à côté de belles opportunités. A quoi bon, de toute façon ? T'as déjà tout ce qu'il te faut, une carrière sur la pente ascendante, une entreprise qui marche du tonnerre, et un pied à terre construit depuis longtemps dans ta Nouvelle Orléans natale. T'as peut-être pas connu l'amour, ou la profondeur de l'amitié, mais tu sais que tu pourrais continuer de t'en passer encore longtemps. Enfin, tu crois. Avec Donna, t'es jamais sûr de rien. Elle a cette capacité à troubler tes pensées et ta façon de voir les choses. Comme une perpétuelle remise en question. Et c'est probablement pour cette raison que t'as été la retrouver ensuite pour t'excuser. Pas seulement parce qu'elle le méritait, mais aussi parce que t'as vu quelque chose en elle qui rend sa curiosité totalement réciproque.

L'éphémère, c'est certain, vous rapproche. Et c'est peut-être là justement l'élément qui vous a lié tous les deux. A la différence que toi, l'éphémère est une règle de vie, pas simplement une façon de sublimer les choses. « Tu parles de ça comme si c'était que du positif, mais éphémère veut dire aussi qu'il y aura forcément une fin. » Comment on appelle ça, voir le verre à moitié vide ? T'es pas du genre à croire à l'éternel, mais t'étais persuadé que Donna aurait pu l'être, elle. Finalement, peut-être que ce qui l'intéresse dans les relations sont leur aspect ponctuel, et que tout autant que toi elle rejette la durée et l'engagement ? Qui sait, tu en as bien trop appris sur elle pour te faire un avis concret, mais cette ballade ne manquera sûrement pas d'éclaircir quelques mystères. Et comme elle le souligne justement, vous avez ce soir l'occasion parfaite de rattraper ce qui a presque été compromis la dernière fois. Mains dans les poches de ta veste, vous poursuivez doucement votre route vers son spot préféré. A moins que ce ne soit vers un nouvel horizon pour votre relation ? La question qu'elle te pose est pertinente, et il serait malvenu de te part de t'attarder sur ce qui t'a premièrement attiré chez elle. C'est sur ton attitude de don juan que la porte s'est refermée, et t'aimerais éviter de reprendre tes sales habitudes trop vite. « Je crois que c'est parce que rien n'est facile avec toi. » Réponse bien énigmatique à laquelle tu apportes presque aussitôt des précisions : « J'ai pas ce rapport là avec les filles, normalement. C'est simple, bref, et je passe à autre chose. Jusqu'à la prochaine. » Portrait peu flatteur de toi-même et de tes habitudes, mais tu ne pourrais être plus honnête. Tant pis, de toute façon, elle a déjà vu cet aspect là de ta personnalité, tu n'as donc plus rien à lui cacher.

Ta main quitte finalement ta poche pour sortir un paquet de cigarettes, et en porter une à tes lèvres. « Ça te dérange pas si je fume ? Mauvaise habitude. » Ordinairement, tu ne prends pas la peine de demander à ton entourage avant d'en allumer une, mais hé, tu viens de lui dire que rien n'était facile avec elle, alors autant aller jusqu'au bout de ton raisonnement. Tu sais pas comment t'es censé te comporter ou agir avec une fille que tu ne pourras pas mettre dans ton lit, qu'elle te pardonne si tout est encore un peu approximatif. « Ce que je veux dire, c'est que t'es un peu mon challenge personnel. » T'ignores comment elle prendra cet aveu, mais il n'y a rien de péjoratif ou de dévalorisant là-dedans. Tout ce que tu veux, c'est te prouver que tu peux y arriver. Que tu peux réussir, peut-être, à te faire une amie. Le platonique, c'est pas ton truc, mais si c'est la seule façon de garder Donna un peu dans ta vie, alors tu serais prêt à faire l'effort. Il est là le challenge, ne pas tout foirer, comme il t'arrive souvent de le faire.

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La quête se poursuit, alimente de nouvelles curiosités visant à laisser la sincérité prendre des droits sur leur conversation. Elle s’immisce docilement, aux travers, les questionnements desquelles les curiosités regorgent de merveilles à découvrir. Le malaise n’est plus, ce dernier s’est estompé depuis quelques temps maintenant et laisse admettre combien l’échange est d’autant plus précieux. L’Amazone trouve dans les comportements du jeune homme des signes de l’humanité intacte. Réservée à bien des égards, il n’en reste pas moins qu’il lui dévoile combien cette nature est riche de sens et d’espoir. Parce que le silence vaut parfois bien plus que les mots. Le chemin n’en demeure que plus intéressant, voire même, nettement plus révélateur alors que des souvenirs s’incrustent par-ci par-là derrière les ombres des ruelles. La luminosité pénombre, réveille quelques-uns des aspects enfouis derrière leur nature observatrice. Parce qu’elle lui reconnaît ce même trait de caractère. Caïn analyse à chaque fois, cherche à comprendre les habitudes de l’autre avant de s’élancer vers l’inconnu. Cela, la brune avait pu le remarquer lors de leur première rencontre, toutefois, son apprentissage n’est pas totalement acquis. Et prête à l’aider à le parfaire, l’Amazone se plaît à en apprendre davantage sur lui. L’éphémère. L’inaccessible, la beauté de l’instant. Les déboires et contrastes de cette merveille s’étalent devant leurs yeux. Leurs idées se confrontent sans même qu’ils ne puissent en prendre réellement conscience et déjà la sourire tire doucement les lèvres de l’Amazone devant la définition entendue. Ainsi, le perçoit-il avec cette fatalité primaire. L’honneur de cette révélation demeure propre au jeune homme et enivre quelque peu les aspirations de la fille de glaise. « En es-tu certain ? » Sa requête s’anime d’une pointe d’amusement dans le timbre docile de sa voix. « Tes souvenirs restent, tu peux le retrouver à ta guise. » Parce que Donna voie la beauté de ce monde. Même si elle le sait imparfait, ignoble pour bien trop d’évènements, les anomalies de ce dernier n’enlèvent en rien la bonté qu’elle a pu y voir. Parce qu’elle existe, dissimulée de-ci de-là dans des recoins inattendus. Elle l’émerveille et tente de la capturer par le biais de son art. Mais il lui échappe toujours ce qui rendrait le cliché parfait : l’éphémère. Alors elle le préserve dans son esprit, lui assigne un rôle particulier pour recouvrer son état d’âme dès lors que ses yeux se reposent sur cette beauté figée.

La photographie prise toute à l’heure révèlera de cette même oraison. Même si il n’y croit pas, Donna a assez de force pour le faire pour tous les deux. La curiosité les anime ensemble, telle une nouvelle compagne de fortune qui se déploie dans leurs pas. La connaissance de l’autre ne tarde pas à venir agrémenter cette idée et la sincérité opère à nouveau de ses talents véritables pour renforcer ce lien qu’ils construisent. La torpeur, quelque peu omniprésente, s’efface au profit de cette sérénité. Elle ose le constater dans le regard intrigué de Caïn. Quelque chose s’éveille en lui à chaque fois qu’ils se croisent et ce quelque chose répond en échos du côté de l’amazone également. L’évidence se traduit par la réciprocité et se décline sous un nouveau sourire amusé. Quelque chose s’opère, sans même qu’ils n’en prennent réellement conscience, ils se font confiance mutuellement. «  Ah bon ? » rétorque-t-elle en feignant de se retenir de rire. La facilité ou plutôt la banalité de ce monde lui échappe encore. Très certainement parce qu’elle n’ose pas réellement s’aventurer dans l’humanité, il y a toujours ce quelque chose qui le retient. Et ce quelque chose n’est autre que le temps. Millénaire, Donna a trop vécu pour accorder sa confiance à cette constante, mais cela, le jeune homme l’ignore. Toutefois, ses idées s’estompent au moment de la révélation. Et le rire de toute à l’heure finit par éclater doucement. « L’éphémère encore une fois. » Elle s’en amuse pour justement revenir sur ce qu’elle lui avait expliqué toute à l’heure. Sur ce petit grain de sable à même de faire la différence. « Tu fais comment si l’une d’elle tente de te contacter ou te retrouver ? » demande t-elle innocemment. Parce qu’elle se doute bien que cela a déjà dû arriver et qu’il doit élaborer des tactiques bien précises pour échapper au piège. Elle comprend la vision qu’il alimente à ce sujet. Peur de l’attachement, crainte de se révéler totalement auprès d’une tierce personne. L’implication revêt toujours des craintes dès lors qu’elle implique le sentiment de l’inconnu et d’une certaine forme de rejet.

L’analyse révèle ce cet état d’âme alors que le confort s’exergue dans le contrôle. La cigarette est un prétexte, un moyen de s’apaiser pour beaucoup. « Tu fais comme tu veux. » Ses épaules se haussent en signe d’accompagnement. Caïn est maître de ses propres choix, comme celui de ses propres pensées. Ses onyx le quittent pendant ce temps pour s’intéresser particulièrement à l’une des silhouettes alentour. Ses lèvres dessinent un sourire en coin, révélateur de ce sentiment qui l’anime dès qu’elle rejoint cet endroit précis. Toutefois, l’admiration se coupe au moment où la révélation se partage. Un challenge personnel. Ainsi Donna a réussi l’un des enseignements de sa patrie, à savoir intriguer l’humanité pour mieux lui venir en aide. Son sourire grandit à cette image, au regard bienveillant de Rhéa, sa mère, qui croit toujours en elle. « J’espère que je t’accompagnerai vers du meilleur. » Sa révélation se veut sincère à son tour, puisqu’ils savent aujourd’hui qu’ils peuvent l’être l’un pour l’autre. Doucement ses onyx s’abaissent, prêts à vérifier de l’état du goudron sur lequel ils marchent, en réalité, ils dissimulent cette fierté naissante. Et puis ses poumons s’engorgent de cet oxygène citadin. « Et alors, t’es arrivé à Metropolis comment ? T’es né ici ? En quête d’aventure ? Fan de Superman ? » Ses yeux se veulent rieurs à la dernière énumération. Et pourtant, elle évoque ce que beaucoup recherchent : la quête du héros. Celui-là même qui en inspire beaucoup et endosse l’image même de la bonté. Donna l’admire elle-aussi. Mais elle désire avant tout connaître l’histoire du jeune homme à ses côtés.

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Elle ne s'offusque pas de ton comportement avec les femmes, Donna, au contraire, elle s'en amuse. Et aussitôt, un nouveau poids se décroche de tes chevilles. C'est étonnant, cette faculté qu'elle a à ne jamais juger, ni ta nature, ni tes actions. Elle semble même avoir une certaine fascination pour ce qui s'apparente pour toi à des banalités. Des mecs dans ton genre, elle en a probablement rencontré des dizaines. Vous êtes même sûrement plus nombreux à adopter une attitude anarchique qu'une véritable stabilité. C'est quoi, d'ailleurs, son type d'homme ? Une question qui te taraude, et que tu ne manqueras pas de lui poser quand l'occasion se présentera. Pas dans l'optique de tenter de se rapprocher de son idéal, loin de là, simplement par curiosité. Parce que si elle éclate de rire face à tes confessions de Don Juan des temps modernes, toi tu restes intrigué par ce qui se cache derrière ce rire. Elle a une façon de parler et de voir les choses qui ressemble beaucoup à de la sagesse. Comme si elle avait déjà vécu assez longtemps pour avoir du recul sur tout. Trop habituée pour s'offusquer d'un séducteur qui ne laisse qu'une place vide après les ébats. Et t'aimes ça. T'aimes tout ce mystère que tu te plais déjà à essayer de percer. « Oh, généralement, je me prends une claque. » Et à ton tour, tu te laisses aller aux rires et à la légèreté de l'instant. C'est drôle de parler avec autant de détachement de tes sales habitudes. Et elle aurait toutes les raisons du monde se moquer de toi. Comment on appelle ça déjà ? Ah oui, le karma. Bien sûr qu'elles ont déjà essayé de te trouver, et en vérité, c'est pas franchement compliqué, t'arpentes régulièrement les soirées mondaines, là où tu cherches sans cesse un échappatoire. Plusieurs fois tu t'es retrouvé confronté à une ancienne conquête blessée par ta fuite, et tu l'admets aisément, toutes ces claques, elles étaient méritées. « Ou alors elles me balancent un verre en plein visage. Mais rarement elles ont envie de remettre le couvert. » Trop échaudé pour retenter l'expérience, évidemment. Ce qui ne te dérange pas tant que ça, puisque ça te permet au moins d'éviter l'ennui de la redondance, et t'oblige à aller chercher de l'inédit plutôt que de te contenter de l'acquis. Mécanisme qui te condamne à une errance amoureuse dont tu te satisfais amplement pour l'instant.

Après l'accord de ta camarade, tu l'allumes, ta mauvaise habitude, pour en tirer les premières bouffées. La nicotine, l'une de tes nombreux addictions, dont tu aimerais te débarrasser sans trop savoir comment. En vérité, pour que parviennes à délaisser tes travers, faudrait surtout que tu trouves un moyen de les compenser. « Du meilleur ? Tu veux dire que là je suis pas assez bien ? » Tu tournes ta tête vers elle pour lui adresser un sourire taquin. Oh, non, tu ne t'en offusques pas, bien trop conscient de tes tares pour prétendre être quelqu'un de bien. Tu l'es pas, et tu ne sais même pas si tu le deviendras un jour. Mais est-ce réellement important ? Ce n'est pas pour ce qu'elle pourrait t'apporter que tu prends plaisir d'être avec elle, c'est simplement parce qu'elle te fait sentir bien, tel que tu es. Même enveloppé de ton manteau de Casanova. Elle l'accepte, Donna, sans jugement aucun. Attitude assez rare pour te donner l'envie de poursuivre ce bout de chemin avec elle, et bien plus encore. Nouvelle bouffée de cigarette que tu expulses loin d'elle. D'où tu viens ? Simple question qui pourtant mériterait d'être approfondie. « J'habite pas Metropolis, j'y suis seulement régulièrement pour les affaires. » Et évidemment, dans ton domaine, la ville de lumière regorge de centaines de contrats à faire signer. « Je suis le pdg d'une entreprise d'énergies renouvelables. On cherche des alternatives à notre façon actuelle de consommer, et faut croire qu'à Metropolis vous êtes plutôt ouvert à l'idée. C'est ici que j'ai signé le plus de contrats. A croire qu'elle ne s'appelle pas la ville du futur pour rien. » Mais elle soulève un point qui te fait te demander si tu ne devrais pas envisager de te trouver une résidence secondaire dans le coin. Les hôtels quatre étoiles c'est bien, mais tu préfères avoir ton intimité. « Je suis né et j'habite à la Nouvelle-Orléans. Avec le boulot je suis amené à voyager un peu partout, mais mes racines sont en Louisiane. Tu connais ? T'as déjà visité ? » Qu'elle te pardonne par avance, mais tu ne cesseras jamais de vanter la beauté de cette ville si chère à ton cœur. Superman, Wonder Woman, tu ne nieras jamais tout le bien qu'ils font pour vous, mais tu n'es admiratif que des gens ordinaires. Ceux qui se battent à leur échelle pour rendre le monde un peu meilleur, sans faire usage de super-pouvoirs ou de magie. Bien, qu'évidemment, l'un n'empêche pas l'autre. C'est juste que t'as jamais fréquenté l'un d'entre eux, et que pour toi ils restent des figures inaccessibles dont tu ignores absolument tout. « Et toi alors ? T'es juste photographe ? » Oh, ça, ça t'étonnerait beaucoup, et c'est bien pour cette raison que tu lui poses la question. Sans vouloir être intrusif, t'aimerais en apprendre un peu plus sur celle qui accompagne tes pas ce soir.

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La soirée se poursuit et appelle les confidences. Emerveillée pour quelques instants les élans humains de l’Amazone tant le chemin qu’ils empruntent lui rappellent bien des souvenirs de son existence. Tous deux s’apaisent, tous deux s’apprivoisent d’une certaine manière. Les barrières s’abaissent doucement pour laisser entrevoir la vérité, l’identité telle qu’elle l’apprécie. Les jugements n’ont pas de place dans ces discours, au contraire, ils s’effondrent pour laisser leur place à cette complicité à peine naissante. Donna l’entrevoie dans les attitudes du jeune homme, la ressent dans ses confessions qui lui dévoilent combien il se sent à se place à ses côtés. Alors, elle sourit encore, dans cette volonté de donner l’Espoir qu’elle protège envers et contre tout. Il lui paraît même percevoir un peu plus de cette confiance dans le regard qu’il lui lance, des yeux qui lui expriment son ravissement d’être là. Ainsi, lui prouve-t-elle de cette seconde chance à laquelle il a droit. Parce qu’elle ressent au fond d’elle qu’il la mérite, tout comme il mérite ce soutien presque invisible qu’elle lui donne sans retenue, ce soir. Les rires se confondent une fois la révélation confiée. Etrangement, il n’est pas difficile à la brune d’imaginer ce genre de scénario. Et cela n’a pas l’air d’offusquer plus que de raison le brun à son tour. Au contraire, elle y perçoit de l’amusement, peut-être même de la fierté en raison de cet attachement qu’il réfute. Toutefois, la tristesse s’éveille doucement et plonge quelques-uns de ses remords en elle. Elle lui souhaite des changements, un meilleur afin qu’il puisse s’adonner entièrement à ce que l’Amour était à même de porter. Non pas qu’elle en connaisse les fondements, si ce n’est ceux d’une sororité et d’une amitié hors normes, néanmoins, le modèle de sa sœur lui rappelle combien l’immensité est atteinte dès lors qu’elle rejoint sa famille. Alors, oui, Donna souhaite que cette émotion et ce grandiose touche l’ensemble des êtres tant cela lui paraît nécessaire pour combler une vie. Cependant, encore éloignée du moindre jugement, elle préfère en comprendre l’envergure plutôt que la lui imposer. Après tout, là était la beauté des Hommes : savoir faire des choix. « Jusqu’au jour ou tu trouveras plus forte que toi. » émet-t-elle par hypothèse, son timbre amusé toujours présent alors que ses onyx tiennent à appuyer un peu plus cet élan dans ses yeux sombres. Parce qu’elle sait que cela arrivera, voilà tout le malheur qu’elle pouvait lui souhaiter tant elle sait qu’il engendrera un bonheur. Mais en attendant, elle ne peut qu’imaginer les regards noirs de ces filles, les rancœurs qu’il n’a de cesse d’éveiller en elles alors qu’elles pensaient toutes trouver celui qu’elles méritaient.

Délaissant ce sujet, les attitudes de Caïn lui révèlent combien son aise n’en devient que plus omniprésente. Sa cigarette à peine allumée, le jeune homme s’empresse de tirer une taffe, signe d’un confort à peine retrouvé. L’image fait sourire en coin l’Amazone, qui retrouve là encore l’une des manies des humains. Beaucoup se perdent dans ce geste, en quête d’une addiction grâce à laquelle ils trouvent un apaisement. Jamais elle n’en a jugé la mesure et ne le ferait probablement pas. Tant ils lui prouvent de ce choix qui leur incombe. Alors, aussi simplement, évoque-t-elle un meilleur à venir pour celui qui s’apparente à l’image d’un ami. Sa réponse lui rappelle ce trait de caractère qu’elle lui affectionne, cette spontanéité qu’elle voit comme un cadeau. « Chaque matin nous nous levons meilleurs que la veille, parce que nous avons vécu un peu plus. » rétorque-t-elle à son tour tout en lançant un regard en biais à son partenaire de voyage. Elle sait qu’il s’en amuse et cherche à lui prouver qu’il en est de même pour elle également. Cela lui fait du bien que de pouvoir parler librement de cette manière. Et puis, la conversation les mène vers ce désir d’en apprendre un peu plus. Avec la bienveillance de Rhéa, l’Amazone interroge innocemment le jeune homme. Et déjà les révélations lui en apprennent un peu plus sur son identité. Voyageur, PDG, Caïn arbore l’image même de l’inaccessible aussi bien dans sa vie professionnelle que privée. D’autant plus que les énergies renouvelables sont un tremplin de l’instant. Attentive quant à ses révélations, Donna sourit au moment où l’ouverture d’esprit de Metropolis est mise en exergue. A vrai dire, cela n’est effectif que depuis l’arrivée de Kal-El et elle espère que cette orientation continuera encore. Et puis les confessions les portent naturellement vers les origines du jeune homme. La Louisiane. Un sourire serein apaise ses traits dès l’instant où son esprit ne tarde pas à imager le Bayou, Bâton-Rouge, toute cette culture riche et si mystérieuse que l’Amazone a pu connaître lors de ses voyages. « Je connais principalement le bayou pour y avoir photographié quelques paysages. C’est une très belle région riche par son héritage et ses traditions. » acquiesce-t-elle doucement tout en continuant à sourire.

Elle est heureuse de voir que Caïn se plaît à lui partager un peu de son histoire et espère qu’il continuera à le réaliser par la suite. Et puis la pareille se met en place. Instinct naturel duquel s’éveille la confiance qu’ils s’adonnent ensemble. « Photographe avec son propre studio ici, à Metropolis. » débute-t-elle son récit avec un ton qui laisse sous-entendre qu’elle n’en a pas terminé. « Mais je ne suis pas originaire de cette ville. Je viens d’une île sur laquelle la tradition tient un rôle très important dans notre éducation. Une île paradisiaque sur laquelle il ne fait jamais froid. » Ses confidences sont sincères, elle ne cache rien. « C’est surtout grâce à elle que je me suis lancée dans la photographie, parce que je trouve que l’éphémère comme je te l’ai déjà dis est l’une des plus belles choses du monde. » Son récit est véridique. Si elle s’est lancé dans cet art, ce n’est que parce qu’elle a pu découvrir tellement de beauté dans ce monde dans les humains, qu’elle n’a pas pu retenir bien longtemps son aspiration.

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Si tu souris, amusé, à chaque fois que Donna fait preuve de sagesse, en vérité ça fait terriblement de bien de marcher aux côtés de quelqu'un qui ne s'offusque de rien. En plus de t'avoir vu à l'oeuvre, tu viens de lui confirmer que tu es exactement le genre de type qui ne lui attirerait aucune sympathie de premier abord, pourtant, elle n'émet aucun jugement, ne te sermonne d'aucune morale, et t'assure qu'un jour tu deviendras quelqu'un de meilleur. Elle te prend comme ça, plus intéressée par ce que tu pourrais devenir demain que par ce que tu es aujourd'hui. C'est bien ce qu'elle essaye de te dire, non ? Que tes fautes commises deviendront un rappel de ne surtout plus les commettre, et que, peut-être, tu parviendras un jour à te détacher de tes mauvaises habitudes. Et même si t'aimerais beaucoup y croire à cette belle utopie, t'as du mal à t'imaginer en homme rangé et stable sur tous les niveaux. T'as trente ans et un nombre incalculable de casseroles à tes pieds, pourquoi après tout ce temps, les choses changeraient subitement ? Tu manques sans doute de confiance en toi, mais elle, de son côté, ne devrait pas en faire autant preuve à ton égard. Si ce soir tout se passe pour le mieux, il pourrait en être autrement la prochaine fois, et son discours se transformerait alors en déception. C'est ce que tu provoques le plus fréquemment chez ceux qui croisent ta route, la déception. Une conquête déçue de voir le masque tomber, une amie déçue de ne plus être appelée, des parents déçus que tu n'aies pas encore réussi ce qu'ils t'ont demandé, alors pourquoi Donna échapperait à cette règle de ton existence ? Ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle ne fasse elle aussi partie du panier, et que ce bel instant éphémère de complicité devienne un simple souvenir que tu remémoreras le cœur un peu lourd. Défaitiste ? Fataliste ? Sans doute. Mais jusqu'à preuve du contraire, jamais personne ne t'a dit que tu valais la peine d'être rencontré.

Elle a raison, Donna, la Louisiane est riche d'innombrables belles choses, et c'est principalement pour ça que tu la portes en aussi haute estime dans ton cœur. Mais pour y avoir vécu toute ta vie, tu en connais également ses côtés les plus sombres. Ceux dont le touriste a conscience, mais qu'il préfère oublier le temps de son séjour idyllique. La ségrégation, le racisme, la misère, des aspects que tu as côtoyé d'au plus près et qui pour toi font partie intégrante de la Louisiane. Si Donna aime photographier le beau, qu'est-ce que montrerait ses clichés si elle devait aussi en photographier le laid ? Une question que tu gardes dans un coin de ta tête, et que tu ne manqueras pas de poser le moment voulu. T'aimerais la voir au milieu de la pauvreté, au cœur d'un rassemblement du Klan, et espérer y trouver ce même espoir qui l'habite si ardemment qu'il en vient à dépeindre sur toi ce soir. Des gens comme elle peuvent changer le monde, alors si elle le veut, un jour, elle pourrait peut-être essayer de sauver ta belle Louisiane. Ou un moins, faire naitre en eux ce qu'elle est parvenue à faire naitre en toi. « La prochaine fois que tu y passes, fais-moi signe, je pourrais t'emmener dans des endroits secrets et connus que des locaux. » La promesse de futures retrouvailles ? Toi, en tout cas, t'aimerais bien. Attentif, tout en tirant une nouvelle bouffée de cigarette, tu l'écoutes à son tour te conter le récit de ses origines. Très bien, une photographe passionnée et qui arrive à en vivre, voilà de quoi susciter ton admiration. T'as toujours eu un faible pour ces gens qui vont jusqu'au bout de leurs envies, sans se soucier des risques et des gamelles, et qui en fin de compte parviennent à s'en sortir haut la main.

Mais même en étant sincère dans ses propos et dans ses réponses à tes questions, il reste une grosse part de mystère chez Donna. Une île paradisiaque où il ne fait jamais froid ? Okay, là tu n'arrives pas à réprimer un rire un peu sceptique. « Et où elle se trouve cette île ? Ça fait des années que j'ai pas pris de vacances, c'est peut-être l'endroit qui me donnera l'envie de le faire. » Bourreau de travail qui a oublié ce que c'était que de se détendre, et qui n'avait même pas envisagé la chose depuis bien trop longtemps avant d'entendre parler de cet endroit secret et apparemment incroyable. De quoi, évidemment, susciter ton intérêt et toute ta curiosité. Car pour avoir toi-même beaucoup voyagé, tu ne te souviens pas d'un endroit où il fait beau toute l'année. Et près tout, elle a découvert ta Nouvelle-Orléans, le donnant-donnant voudrait que tu en fasses tout autant. « De quel genre de traditions tu parles ? J'aimerais bien que tu m'en dises un peu plus. Tu sais presque tout de chez moi, mais je ne sais absolument rien de chez toi. » Après avoir jeté ton mégot éteint dans une poubelle, tu tournes la tête vers ta partenaire pour lui adresser un sourire. C'est rare que tu t'intéresses à une fille sans arrière pensée, alors quand tu le fais, tu le fais à fond, avec toujours ce besoin d'en apprendre le plus possible. Et si elle aime l'éphémère, t'espères sincèrement que ce lien un peu particulier qui se tisse entre vous ce soir ne le soit pas.

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Croire en l’espoir est une partie omniprésente de ses mœurs. Elle lui accorde de cette force puissante selon laquelle, l’humanité a su lui dévoiler combien cela en vaut la peine. Le sourire d’un enfant, les rêves d’un adulte, les souvenirs d’une personne âgée, il y a du beau dans ce monde, dans cette humanité que beaucoup dénigrent. Parce qu’ils sont aveugles ou peut être parce qu’ils craignent d’en être ébloui. Certes, l’Amazone n’en reste pas naïve et connaît les travers les plus injustes de ce meilleur. La dichotomie persiste, épuise ses ressources pour en créer de nouvelles, parce que du bien naît le mal et vice versa. Les Dieux leur ont appris par le biais de leurs Iliade. Néanmoins, certaines d’entre eux pour ne pas dire la majorité leur ont rapporté à toutes ce pourquoi elles doivent se battre. Alors même si la douleur est inévitable, même si la déception sera présente à un moment donné, Donna croit en tout un chacun, en cette faculté à se juger soi-même et aspirer à un rêve qu’ils n’évoquent que du bout des lèvres. Elle l’a déjà vu et sait qu’elle le croisera à nouveau au détour de cette ruelle qu’ils empruntent à peine. Parce que le jeune homme n’a pas un fond mauvais, parce qu’elle reconnaît dans son caractère cet espoir qui l’effraie et duquel il s’accroche encore un peu pour préserver ses ressources. Alors oui, elle croit en lui comme elle croit en cette amitié qui naît naturellement et se renforce un peu plus à chaque pas. Les confidences le dévoilent, rapprochent un peu plus la distance dans laquelle l’inconnu commence doucement à être remplacé par l’intime. Leurs sourires évoquent ce même sentiment, à même d’accroître un peu plus cette volonté de manière à renforcer ce lien qui se poursuivra avec le temps. Parce qu’elle sait que cela continuera, si lui n’ose y croire, Donna veut bien l’effectuer pour lui également.

Les confidences les transportent naturellement vers leurs origines. Déjà, les paysages se dessinent dans l’esprit de l’Amazone alors que les édifices architecturaux typiques de la Louisiane lui rappellent une histoire riche en injustices. Et pourtant, elle ne veut y percevoir que le Beau. Que cette richesse culturelle qui a su mêler pour la majorité des habitants rituels vaudous et traditions américaines. Car la minorité n’en vaut pas la peine, pas après les horreurs qu’elle inflige aux plus méritants. Au contraire, l’Amazone désire plus que tout protéger les innocents et sait au plus profond d’elle que si le hasard la mène à nouveau sur ce territoire, elle retrouvera les routes de ce chemin. Sa peau halée est en soi une erreur pour ce Klan, aussi acquiesce-t-elle volontiers de la tête au moment où son ami l’invite à une prochaine rencontre, plus intime, plus marquée par ce désir de faire découvrir un pan de son existence. Il l’invite à percer un peu plus sa carapace, chose dont elle ne peut qu’en accepter le mérite avec fierté et reconnaissance. « Je n’hésiterai pas à t’en informer. » Sa voix révèle cette intimité confiante qu’elle lui adonne, qu’elle lui offre sans aucune retenue alors que ses onyx cherchent à croiser ses yeux pour affirmer un peu plus cette promesse. Elle sait que le jeune homme n’a qu’une parole, comme elle, et c’est ce pourquoi elle sait qu’elle peut lui faire confiance à ce sujet.

Tout comme elle peut lui faire confiance concernant ses propres origines. Enigmatique quant à son identité, la brune n’hésite, toutefois, pas à apprendre à son ami d’où elle vient. Cette île si unique, révélatrice d’une identité bien définie et pour laquelle elle ne cessera jamais d’en défendre la cause. Bien entendu, le manque d’information interroge son compagnon d’aventure et suscite son propre sourire. Il s’étire finement en coin de lèvre, prêt à jouer de ce mystère pour encore quelques instants supplémentaires. « Proche du Triangle des Bermudes. » D’un coup d’œil rapide, l’Amazone essaie de jauger la réaction de son ami et comprend combien la description qu’elle vient à peine de lui dépeindre, tend à susciter une certaine curiosité de découverte. « C’est une évidence que si ton chemin t’y mènes un jour, tu ne l’oublieras jamais. » Vérité certaine, parce que le Paradis qui s’en extirpe est bien réel. Flore luxuriante, faune riche, ambiance si enivrante, l’Amazone attend avec impatience son retour sur les terres de ses sœurs et de sa mère. La réalité ne tarde pas à la frapper et l’amène à rire devant les questions du jeune homme. Elle comprend l’intérêt et la curiosité qu’elle éveille en lui, tant elle prend conscience de l’énigme qu’elle représente. « Je ne te connaissais pas aussi curieux. » L’amusement se dégage du timbre de sa voix mais, elle le tait rapidement. Désireuse avant tout de prouver à Caïn qu’elle lui fait confiance autant que lui lui donne l’impression d’en faire de même de son côté. « Disons que de par notre côté insulaire, nous sommes une peuplade tournée vers des croyances ancestrales. Et notre histoire nous a forgé de manière à perpétuer cette tradition et l’inculquer à nos enfants. » Son sourire grandit à cette pensée, et son esprit se tourne directement vers sa petite nièce Ophélia. Nul doute que sa sœur lui apprendra les bases de leurs propres enseignements et cela rassure le cœur de Donna que de savoir que tout perdurera pour encore bien longtemps. « L’on nous a appris à défendre nos intérêts mais surtout à défendre ceux d’une cause qui est la plus noble de toute : la fidélité. C’est pourquoi, je t’ai mené jusqu’ici, pour te montrer que le plus bel endroit d’une ville n’est pas un lieu particulier, mais bien ce qui fait vivre ce lieu. » Voilà qu’ils arrivent à l’endroit précis où elle désirait le mener depuis toute à l’heure. Ce bâtiment quelque peu abîmé par le temps et l’histoire, mais dont les quelques personnes jonchant ce dernier expriment de véritables beautés aux travers leurs sourires fatigués. Ils sont là, dans ce refuge pour sans-abris, à attendre qu’une main se tende, à attendre un repas chaud et un toit pour dormir. Ils sont là devant quelques âmes qui méritent que l’on écoute leurs histoires, qui méritent que l’on les regarde et que l’on passe du temps en leurs compagnie. « Bienvenue à l’endroit le plus beau de Metropolis. » l’invite-t-elle avec ce sourire encourageant, bienveillant, alors que déjà deux habitués les accostent pour les saluer.

AVENGEDINCHAINS

Soit elle en dit trop, soit elle en dit pas assez, Donna. Parce qu'effectivement, t'es curieux, et cette curiosité n'a pas été pleinement rassasiée. Une île proche des Bermudes mais qui ne porte pas de nom. Une promesse d'inoubliable mais qui reste inaccessible. Des us et coutumes déterminés tout en restant paradoxalement très flous. Elle sait entretenir le mystère, et comme à chaque fois que quelque chose t'échappe, toi, tu y voies un challenge. Okay, très bien, tu vas te contenter de ce qu'elle accepte de te confier, mais qu'elle ne s'imagine pas que cette discussion s'arrêtera à ça. Non, parce que maintenant, t'as d'autant plus envie de la découvrir cette île. Tu veux la voir de tes propres yeux, tu veux découvrir leurs croyances et peut-être t'en inspirer, et surtout, t'aimerais qu'elle soit ta guide en ces contrées mystérieuses et inconnues. Tu sens qu'il y a plus, un élément fondamental qu'elle ne te dit pas, et dont elle semble s'en amuser. Elle a conscience de torturer ton pauvre esprit d'homme assoiffé de connaissances infinies et variables. Sans cette envie, d'ailleurs, tu n'en seras pas là où tu en es aujourd'hui, à la tête d'une entreprise fructueuse bâtie à la force de ta détermination et de ton besoin de faire toujours mieux, toujours plus. « Je suis d'autant plus curieux quand on titille sciemment ma curiosité. » Oh, qu'elle ne joue pas les innocentes, Donna, elle est bien trop maline pour ne pas encore avoir cerné ta personnalité. En deux rencontres seulement, t'es persuadé qu'elle en sait bien plus sur toi qu'elle ne le laisse paraître. Parce qu'encore une fois, elle a ce don particulier de lire à travers les autres, et de mettre le doigt sur ce qu'eux-mêmes ne voient pas. « En tout cas, ça a l'air d'être un bien bel endroit. » Et t'en as comme l'impression, qui ne t'ouvrira jamais ses portes. T'ignores sur quoi tu bases ce ressenti, mais il est là, comme une évidence. Jamais tu ne mettras les pieds sur cette île. Peut-être parce que tu sais déjà ne pas en être digne. « Ça doit beaucoup te manquer. » Même si elle a apporté un bout de ses valeurs avec elle jusqu'ici. Et décidément, tout ce qui concerne de près ou de loin Donna a des airs d’inatteignables.

Quoi ? Comment ça vous êtes arrivés ? C'est au pied d'un immeuble en piteux état que votre escapade nocturne et introspective s'arrête subitement. Après un regard plein d'interrogation adressé à ta partenaire, tu prends ensuite le temps de t'attarder sur ce fameux plus bel endroit de Metropolis. Tu t'attendais à grimper en hauteur pour contempler la plus belle vue de la ville, mais certainement pas à te retrouver sur le trottoir d'une rue lambda – et c'est un euphémisme. Mais rapidement, dès lors que les premiers sans-abris s'approchent de vous pour vous saluer, tu comprends. Il te suffit d'un regard pour te prendre plusieurs vérités et réalités en pleine face, aussi violemment qu'un débris lancé à pleine vitesse et qui stopperait sa course sur ton visage. Bam. « Bonsoir. » Un peu fébrile. Un peu incertain. C'est pas que t'es mal à l'aise, c'est que t'es presque honteux. Honteux d'avoir pris plusieurs secondes à comprendre la raison de votre venue ici. Honteux de ne jamais avoir pris plus de temps pour te rendre compte de la misère traversée par tous ces gens qui méritent tellement plus. Pourtant, tout n'a pas été facile pour toi non plus. Tu n'as pas toujours été le Turnbull auréolé de succès qui vit dans un loft luxueux près d'un énorme manoir de la Nouvelle-Orléans. Tu n'es pas né dans le privilège, mais t'as quand même pratiquement oublié ce que c'était que de ne pas en avoir. Parfois, tu te perds dans ta propre réussite. Parfois, tu lèves tellement la tête que t'en oublies de regarder en bas. Et qu'elle a bien fait, Donna, de te confronter à l'autre versant de la vie. Celui que tu n'aurais jamais dû oublier.

Tu prends maintenant le temps de t'attarder. Aussi longtemps que possible. D'échanger quelques mots avec ceux qui acceptent d'en échanger avec toi, écoutant les bribes de leur passé difficile et de leur présent qui l'est tout autant. Tu sais que ça leur fait du bien d'être entendu, mais t'espères qu'ils ont conscience que t'es tout aussi heureux de pouvoir les écouter. Tu t'abaisses pour pouvoir regarder ceux qui n'ont plus la force de se lever, et tu souris à ceux qui n'ont plus cœur à le faire. Tous méritent ton attention, tous méritent que quelqu'un leur tende la main. Mais c'est pas assez. T'as besoin de faire plus. Quand tu retournes aux côtés de Donna, qui est sans aucun doute une invitée récurrente des lieux, tu lui adresses un sourire à la fois timide et reconnaissant. Elle a raison, il est beau cet endroit. « Merci de m'avoir amené ici. » Comment arrive t-elle à en repartir ? A tourner le dos à ces gens tout en sachant que demain ils seront au même endroit, avec le même poids sur leurs épaules déjà rudement abîmées ? « Je veux pas être du mauvais côté de l'histoire. »  Et il y a de la détresse dans ce que tu lui dis. Parce que tu viens toi-même d'un endroit où l'injustice et la cruauté ont conservé leur place. Parce que dans ta propre famille, tu sais qu'ils sont nombreux à propager la haine. Et t'en as marre d'être impuissant. T'en as marre de rien pouvoir faire pour changer ce qui est resté déjà bien trop longtemps ancré. « Qu'est-ce que je peux faire ? Je veux pas simplement revenir pour les écouter, je veux faire plus. » Et ton argent est peut-être la clé. Tu sais que t'as trop tendance à te reposer dessus et à voir en lui la réponse à beaucoup de questions, mais dans ce cas précis, peut-être peut-il vraiment être la solution. Retaper le bâtiment, en louer un autre, t'assurer qu'ils aient toujours de quoi manger, qu'elle te dise quoi faire, et tu le feras. Parce que oui, là tout de suite, ce que tu attends d'elle, c'est qu'elle te montre comment devenir un homme meilleur.

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