"Mistakenly" (Cain)

"It could've been easier-er-er Could've tried at the least Been what you said you gonna be But no, but no" ♪ “Il n'est au monde aucune faute, aucun mal, aucune méchanceté, aucune misère qui se puisse comparer à la mienne. Lorsque je parcours l'effrayant catalogue de mes crimes, je ne puis imaginer que je suis cette même créature dont les pensées étaient emplies naguère de visions sublimes et transcendantes de la beauté et de la majesté du bien. Mais il en va ainsi ! L'ange déchu devient un diable monstrueux. Cependant, même cet ennemi de Dieu et de l'homme connaît, dans sa désolation, des amis et des compagnons. Moi, je suis seul.” Seraphine, en levant les yeux vers sa patiente audience, remarqua l’horloge murale. Comment la manquer ? Avec son agaçant tic-tac, il lui sembla qu’elle-même aurait bien du mal à dormir avec un engin si bruyant au dessus de son lit. Mince…! constata-t-elle alors, voyant que ça faisait déjà deux heures qu’elle était assise dans ce grand fauteuil, dont la mousse s’échappait par endroits. Seraphine se redressa, rangea sans hâte le roman dans le tiroir de la table de chevet blanche, aussi aseptisé que le reste de la chambre : Alors, je t’avais dit qu’il serait bien celui-ci, fanfaronna-t-elle en se levant. Elle caressa la main de son ami de la sienne, nue de tout type de gant. Elle était un peu sortie des sentiers battus en choisissant Frankenstein, lui qui aimait d’abord les vieux livres classiques romantiques, mais ça restait dans le cadre. Une infime émotion joyeuse lui parvint alors qu’elle fermait les yeux : il lui était toujours aussi difficile de le “lire”, mais parfois la brune se satisfaisait de ces courts moments où elle le comprenait. Je reviendrais bientôt lire la suite, ok ? murmura-t-elle avant de déposer un baiser sur son poignet. Bon, la fois d’après mon ptit, je t’amènes un roman de fantasy, tu m’en diras des nouvelles. Seraphine avait eu du mal à laisser Hiro aussi longtemps seul que lors de New Themyscira. La culpabilité qu’elle avait éprouvé alors ne portait pas de nom, et ses visites au Gotham Mercy Hospital se faisaient bien plus régulières. Comme si ça pouvait suffire à réparer le temps passé sur une autre planète. Les gens disaient parfois que, de toute façon, leur monde avait été figé pendant 6 mois, mais ça ne convainquait pas Seraphine. Son ami était “en pause” depuis plus longtemps mais ça ne l’empêchait pas d’éprouver à la fois émotion, douleur, conscience du temps. La brune réajusta sa chemise un peu froissée à force de s’avachir pour lire, replia sa veste de costume son bras et laissa la main de son ami. C’est sans grande conviction qu’elle quitta la chambre 216, et elle soupira en fermant la porte coulissante. Les tics-tacs de ses bottines sur le carrelage du couloir du service étaient las, et elle renfila ses gants noirs fins. Pour se changer les idées et éviter d’avoir le coeur gros de nouveau, elle pensa à l’auteur qu’elle pourrait bien choisis pour la prochaine lecture : Robin Hobb ? Tolkien ? G. R. R. Martin ? Licia Troisi ? Philiph Pullman? Quand elle déverrouilla son portable pour désactiver le mode avion, ses pensées dérivèrent vers la rencontre un peu étrange avec une rouquine à chapeau. Un lourd -mais un tant soi peu différent- sentiment de culpabilité l’envahit. Pauvre femme, elle avait eut l’air si écoeurée, attristée et apeurée à la fois, tandis que Seraphine s’était détournée d’elle consciemment. J’espère qu’elle pourra me pardonner, constata-t-elle en se dirigeant vers le guichet du service, rangeant son portable dans sa poche arrière. Que c’était-il passé ensuite ? Elle avait eut une conversation bien étrange avec son ami d’enfance, de retour dans sa vie depuis peu. Le même qui avait causé apparemment bien du tort. L’échange bref qu’ils avaient eut n’avaient eu ni queue ni tête, et, en tout cas elle n’avait eut aucune nouvelle après. L’antiquaire salua l’infirmière et se pencha pour signer les papiers habituels, et tendit une enveloppe pour régler les frais d’hospitalisation du mois, comme à l’habitude. Un loyer qu’elle se serait bien gardée de débourser, au vu des circonstances. Pas à cause du prix, évidemment, mais de ce qu’il représentait : on aurait dit qu’elle payait un emplacement de cimetière. C’est sans regarder vraiment où elle allait qu’elle se dirigea vers l'ascenseur, et à l’embranchement elle rentra dans quelqu’un : Oh pardon ! s’excusa-t-elle en clignant des yeux pour revenir à la réalité et leva la tête. ...Cain ? Elle eut une pause, puis fronça les sourcils : Mais merde, t’étais où ? j’ai essayé de t’appeler je… j’étais inquiète ! Elle ramassa sa veste de costume d’un vert profond, qui lui avait échappée la seconde d’avant. Et c’est là qu’elle réalisa, en se relevant, à quel point il avait la mine fatiguée, le teint aux sous-tons blafards : Qu’est-ce que tu fais...à l’hôpital ? Seraphine ne pensa pas du tout à une excuse pour justifier sa présence à elle, bien trop occupée à imaginer des scénarios peu réjouissants.

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Une semaine déjà que tu te traines dans cet hôpital en harcelant tous les jours les infirmières pour savoir quand tu pourras sortir. Et à chaque fois, elles te renvoient vers un médecin qui semble peu enclin à te laisser rentrer chez toi. Bordel, t'en peux plus de rester enfermer entre ces murs, t'as besoin de changer d'air et de reprendre le boulot. Depuis l'échange houleux avec tes parents, où ils ont compris que tu ne dénoncerais pas Jinny, aucun des deux n'est revenu te voir. Une absence cruelle et douloureuse à laquelle tu as énormément de mal à t'accoutumer. Y a personne qui te rend visite, et tu sais que c'est entièrement de ta faute. Déjà parce que personne n'est au courant, mais surtout parce que tu as trop peu d'amis qui feraient le déplacement. T'as beaucoup pensé à Seraphine dernièrement, et si t'avais été encore en possession de ton téléphone, peut-être lui aurais-tu envoyé un message. Non, sûrement même, car la jolie brune est redevenue ta bouée de secours dans cet océan effrayant d'incertitudes. En attendant, tu erres dans les couloirs de l'hôpital, alternant entre la cafétéria et la librairie pour te trouver un peu de lecture. Ta blessure te fait encore souffrir, chaque pas tire sur les points, mais tu te retiens de grimacer devant ceux que tu croises, trop fier pour exprimer la moindre faiblesse. Toujours cette foutue fierté mal placée. Même si en vérité, ce qui te fait le plus mal n'est pas la balle dans l'abdomen que t'as été chercher à main nue, mais ce qu'il est advenu de Jinny après ton départ dans l'ambulance. Elle aussi t'aimerais pouvoir la contacter. T'aimerais t'assurer qu'elle va bien, et ne plus seulement te contenter de sa présence lointaine dans vos esprits connectés l'un à l'autre contre votre gré. T'as besoin de plus que ces quelques bribes d'émotions qui parviennent jusqu'à toi, d'autant qu'elles font toutes écho aux tiennes. Elle souffre, Jinny, tout autant que toi, et par ta faute. Elle a tiré parce que tu l'as poussée à le faire, parce que l'ami qu'elle pensait voir en toi s'est transformé en croque mitaine. Tu ne lui as pas laissé le choix, et maintenant, tout ce qu'il te reste à faire, c'est compter les morceaux en éclats de votre histoire perdue.

Et puis, à nouveau, le karma décide de te frapper. Toi aussi perdu dans tes propres pensées, tu ne vois pas la silhouette qui se rapproche et que tu percutes de plein fouet, réprimant un cri étouffé face à la brutale douleur que le choc a provoqué. Confus et désolé, t'es sur le point de t'excuser, quand ton regard croise celui d'une femme que tu n'aurais jamais pensé croiser ici. « Sera ? » La surprise est mutuelle. T'as eu très envie de lui parler depuis l'incident, mais au point où elle se matérialise devant toi au dernier endroit où tu pensais la trouver, quand même, c'est on ne peut plus étrange. Et c'est aussi maintenant que tu réalises, que finalement, ça risque d'être un peu plus compliqué que prévu de lui raconter tout ce qui s'est passé depuis votre dernier échange de sms. Elle a essayé de t'en empêcher, Sera, sans jamais te menacer de révéler quoi que ce soit. Elle s'est comportée en alliée infaillible, amitié précieuse que tu viens tout juste de retrouver mais dont tu ne peux déjà plus te passer. T'as besoin d'elle. Besoin de son réconfort. Besoin qu'elle écoute sans porter de jugement hâtif. Elle est exactement ce qu'il te faut présentement, mais la crainte n'a quand même de cesse de te tordre les entrailles. T'as beaucoup à lui avouer, et tout est terriblement honteux. « Je... » Non, plus de mensonge. T'en as assez de tromper ton monde pour en tirer tes propres intérêts. Après tout ce que vous avez traversé, tu lui dois une parfaite honnêteté. Alors après une brève hésitation, la main à l'endroit de la plaie pansée, tu lui avoues sans détour : « On m'a tiré dessus. Ça fait une semaine que je suis soigné ici. » Peut-être que ce sera déroutant de l'entendre, mais au moins, tu n'aurais pu être plus honnête. Ou presque. Il te reste l'identité du tireur à lui dévoiler. Si elle ne l'a pas déjà devinée.

Oh, tu crèves d'envie de lui retourner la question, soudainement pris d'une curiosité palpable quant à sa présence ici, mais quelque chose te dit que tu ne vas pas t'en tirer aussi facilement. Alors d'un geste de la main, tu l'invites à te suivre en direction de la cafétéria. Il est temps de vous poser et de discuter. « Je suis désolé de ne pas t'avoir donné de nouvelles, jai plus de téléphone et... » Et t'étais même pas sûr que t'allais survivre. Détail que tu préfères garder pour toi pour l'instant, alors que tu t'installes à la table la plus au calme de la salle. « J'aurais dû t'écouter. J'ai fait une grosse connerie avec Jinny. » Même s'il est bien trop tard pour les regrets, rien ne t'empêche de les exprimer. C'est la moindre des choses après ce qu'elle a essayé de faire pour toi quand elle a appris la vérité à ton sujet. Est-ce qu'elle te déteste ? Est-ce qu'elle est profondément déçue ? Tout ça, tu pourrais le comprendre. Malgré tout ce que vous vécu ensemble, ce serait son droit le plus légitime de refuser de t'apporter son soutien. « Elle va bien. Enfin, aussi bien qu'elle puisse aller après ce que j'ai essayé de faire. » Profond soupire d'exaspération à l'égard de toi-même avant de poursuivre : « Je crois que t'as le droit de me passer le savon du siècle. J'ai tellement merdé sur toute la ligne, Sera. » Pour avoir écouté tes parents. Pour ne pas l'avoir écouté elle. Et pour avoir foutu en l'air une relation à laquelle tu tenais sincèrement. Toute la souffrance qui découle de cette confrontation, tu la mérites amplement.

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"It could've been easier-er-er Could've tried at the least Been what you said you gonna be But no, but no" ♪ Il y eut une pause, courte mais marquée. Seraphine remarqua sans peine la façon que Cain avait de se courber légèrement, le bras replié sur lui. Quand il ouvre la bouche, il a l’air d’hésiter, et elle, elle penche la tête sur le côté, comme elle a l’habitude de le faire, comme pour lui signifier qu’il ne faut pas qu’il compte sur un bobard pour se sortir de là. Mais, elle s’estomaque, surprise de sa réponse. Le choc, lui coupe le souffle un instant, juste le temps que les connections se fasse entre ce qui a été dit par message et la situation actuelle. Qu’est-ce que j’ai fait pour attirer le malheur à tous les gens qui s’approchent de moi ? se demanda-t-elle éprise à la fois d’une certaine colère mais aussi d’un grand désappointement. Ses deux amis qui frôlent la mort presque à la même période, à des années d’intervalle, c’est presque trop. La jeune femme se garde de le montrer, elle ne dit rien, se contente de l’écouter mais la ouate couvre ses oreilles. Elle leva les yeux vers lui, la mine sévère qu’elle affichait tantôt s’estompa graduellement. Seraphine suivit Cain dans la caféteria, extirpa une carte blanche de sa poche pour la présenter au self service. Une minute plus tard, elle revint avec un paquet de cookies et le posa devant son ami qui avait vraiment un teint cadavérique semblait-il. C’est pas grave, le coupa-t-elle tandis qu’il justifiait l’absence de nouvelles. Elle s’assit à côté de lui, presque un peu nauséeuse, de la même manière que lorsque la jeune Hex lui avait appris tout ce qui s’était passé entre eux deux. Justement, c’était bien d’elle qu’il était question, et l’antiquaire ferma les yeux, comme pour se contenir. L a brune sursauta soudain, comme si le mot connerie pouvait cacher un autre mot plus fatal, mais il la rassura avant de soupirer : Je crois que t'as le droit de me passer le savon du siècle. J'ai tellement merdé sur toute la ligne, Sera. La jeune femme se pinça l’arrête du nez, comme exténuée, elle était restée quasiment muette tout du long, et cherchait ce qu’elle allait bien pouvoir dire. C’était de sa faute à elle tout ça non ? Elle avait provoqué le destin, sans intention, mais avec conviction. Et, au final, celui qu’elle venait de retrouver après tout ce temps, Cain, avait failli y rester. Elle en avait des questions, désirait le sermonner bien sûr, parce qu’il n’avait pas été honnête à 100%, et ce même si elle ne voyait pas pourquoi il lui aurait annoncé ces intentions après des années sans se voir. Un soupir l’assaillait tandis qu’elle se tournait vers lui en poussant les tasses qui traînaient encore sur la table : Si tu veux du thé ou du café je vais en chercher, et manges un biscuit ça te fera du bien. Évincées toutes les critiques, les accusations, les sermons. Alors sans plus de discours, elle le prit dans ses bras, avec toute la délicatesse dont elle savait faire preuve. Elle nicha son menton sur son épaule et ferma les yeux, passa la main dans son dos. La brune tremblait à peine, encore secouée de ce coup de massue mais rassurée de pouvoir étreindre un Cain bien vivant, un homme qui lui avait manqué, même avec tous ses défauts. Pouvait-on dire qu’il ne lui restait quasiment que lui au monde ? Oui, quasiment. Elle s’écarta, presque pudiquement et se cala dans sa chaise en regardant devant elle : Elle avait l’air d’être une accro de la gâchette, je me demande bien comment elle a pu te manquer, Calamity Jane. Seraphine triturait la petite carte en plastique usée. Elle avait bien servie toutes ces années, quand à bout de nerfs elle était allée chercher un thé pour s’absorber à la contemplation de la pluie au dehors, après des heures passées à espérer. Son sarcasme était amer, mais si ça pouvait le faire sourire, elle aurait un point : Je suis désolée, c’est juste que je ne sais pas par où commencer. Elle pencha la tête en arrière, la nuque posée sur le bois inconfortable du dossier, sa masse de cheveux se balançant dans le vide : Pourquoi tu n’as pas cherché à me parler de tout ça ? Je croyais que tu voulais qu’on joue la transparence tous les deux ? Elle fit rouler sa tête sur le côté pour le regarder. Cain, c’est quoi la suite ? Tu attends qu’elle vienne te terminer ? osa-t-elle presque ajouter. Elle risqua un œil sur le côté de son t-shirt qui avait l’air le plus irrégulier, où elle pouvait deviner les bandages, la compresse ou peu importe ce couvrait la blessure de son ami. Quand elle revint à lui, un détail dans ses yeux la frappa : D'ailleurs, pourquoi tu as l’air si triste. Ce n’était même pas une question, juste une affirmation, un tourment qui lui tordait l’estomac et auquel elle voulait trouver une résolution : T’as compris que je te gueulerai pas dessus, je suis pas ta mère. Je veux juste que tu saches que j’ai été déçue d’apprendre que tu étais un homme différent de celui que je connaissais, et ce par quelqu’un d’autre. Elle repensa à Jinny Hex. Cette façon qu'elle avait eut de le décrire, comme s’il avait été un être des plus perfides, retors dans ses plans pour l’atteindre. Si Seraphine avait insisté dans ses contradictions, c’était parce qu’elle n’avait pas connu cette version de lui, jamais elle n’y avait eut affaire et ne le désirait pas. La brune avait douté un instant mais elle voulait lui donner une chance de s’expliquer. Malgré tout, il demeurait son ami et elle détenait une parcelle de vérité en elle qui pouvait tout expliquer à elle seule. Peut être que c’était la preuve qu’elle le connaissait bien, mais aussi la pièce manquante du puzzle : Monsieur et madame Turnbull, ajouta-t-elle sans rien d’autre, comme dans un éclair de lucidité. Comment ne pas y avoir pensé plus tôt, vu qu’ils étaient les seuls être qui faisaient ressortir le pire en lui depuis que ce n’était qu’un enfant encore.

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Par où commencer ? Tu sens bien que c'est le bon moment pour enfin te confier à elle, mais tu ne sais pas comment t'y prendre. Peut-être la guerre des Hex et des Turnbull ? La logique voudrait que tu débutes ton histoire avec cette rivalité ancestrale. Un café et un biscuit, voilà qui devrait t'aider à te lancer dans le long récit de ton existence, et le presque aussi long historique de ta pourtant courte relation avec Jinny. Alors sur le point de lui répondre, tu sens subitement ses bras t'entourer délicatement, et c'est tout ce dont tu avais besoin pour trouver le courage d'aller jusqu'au bout de cette honnêteté amorcée. Tu t'attendais à ce qu'elle s'énerve, Seraphine, et elle en aurait parfaitement eu le droit, mais sa réaction à tes premiers aveux est tout l'inverse. Contre elle, réconforté et soulagé d'avoir quelqu'un sur qui compter, tu te laisses aller à cette étreinte parfaite, et sûrement un peu trop tardive. Il y a longtemps que vous auriez dû franchir ce pas, mais t'es plus qu'heureux qu'elle ait pris l'initiative de le faire maintenant. A t-elle seulement idée d'à quel point t'en avais besoin, après avoir traversé un enfer fait de poudre, de sang et de pluie. Tu ne dis rien, mais la tête enfuie contre son cou, tu t’imprègnes de ce bien-être nouveau et salvateur. Jusqu'à ce qu'elle finisse par se retirer pour prendre place sur sa chaise. Tu en fais de même, et d'un sourire attristé, tu lui réponds : « Si elle avait voulu me tuer, elle l'aurait fait. » Tu sens bien qu'elle n'est pas très à l'aise avec la situation, Sera, mais comment l'être ? Toi-même tu te sens dans un typhon d'une centaine d'émotions, constamment trimballé entre la colère, le regret et l'incertitude, pour ne citer qu'elles parmi tant d'autres. Tu ne sais plus trop où t'en es ni ce que t'es censé faire, mais l'avoir à côté de toi te permet au moins de jeter l'ancre dans un océan déchainé pour essayer de retrouver pied. Sans elle, peut-être serais-tu en train de te noyer.

Sans rien dire, tu écoutes les légitimes questions posées par ton amie, encaissant du mieux que tu peux cette déception qu'elle exprime ouvertement. Finalement, t'aurais préféré qu'elle te crie dessus plutôt que d'apprendre que tu l'as ainsi déçue. Mais où est la surprise ? Tu t'es comporté comme un connard prêt à tuer une innocente pour satisfaire des parents qui ne le seront jamais. Décision pitoyable qu'il est maintenant trop tard pour regretter. T'as tout gâché avec Jinny, et peut-être que t'as tout gâché avec Seraphine. Qu'adviendra t-il de vous quand elle aura eu toutes les réponses qu'elle attendait ? T'as envie de croire qu'elle restera malgré tout, mais tu comprendrais parfaitement qu'elle ne le fasse pas. « Je suis pas différent, je suis juste... » Juste quoi ? Non, elle a raison, t'es pas l'homme qu'elle pensait que tu étais. T'as commis des actes terribles pour parvenir à être là où tu es aujourd'hui, et dans ton cas, la fin ne justifie pas les moyens. Tu ne veux plus sacrifier qui que ce soit pour t'aider toi à monter au sommet. Tu t'en fiches même du sommet, à quoi bon si c'est pour s'y retrouver tout seul ? D'un hochement de tête, tu confirmes ses doutes sur tes parents. Allez, il est l'heure de se lancer. « Ma famille et celle de Jinny sommes en guerre depuis des décennies. Une haine ancestrale qui a perduré au fil du temps, et dont j'ai hérité, moi aussi. Turnbull, Hex, ça a toujours été à ceux qui réussiraient à exterminer définitivement les autres. Et c'est exactement ce que mes parents attendaient de moi quand ils ont découvert l'existence de la dernière descendante de Jonah Hex, Jinny. Ils voulaient que j'en finisse. Ils voulaient que je sois le héros de la famille. » La façon dont tu t'exprimes est significative. Tu parles d’héroïsme parce que c'est ainsi qu'ils t'ont présenté les choses. Même si maintenant t'as conscience qu'il s'agit surtout de peur et de lâcheté.

Cependant, il serait d'autant plus lâche de te cacher derrière la seule influence de tes parents. C'est toi qui a appuyé sur la gâchette, toi qui a tiré sur la texane, qui en deux rencontres seulement, commençait déjà à chambouler ta vie. « Et je suis triste parce que j'ai jamais voulu lui faire du mal. » Evidemment, tu parles de Jinny, et de cette perdition que tu sens aussi vibrer ardemment en elle depuis cette nuit fatidique. Ce lien indestructible qui n'aide pas du tout à passer à autre chose, et qui, au contraire, renforce d'autant plus la douleur. « Je voulais pas, vraiment pas, mais je l'ai fait quand même. Et maintenant il est bien trop tard pour essayer de ramasser les pots cassés. Elle voudra plus jamais me parler. » Les mains passées en arrière dans tes cheveux, tu te sens complètement désemparé face à cette voie sans issue. Te confier à quelqu'un sur tout ce bordel te fait du bien, mais ça n'enlèvera pas le poids horrible qui pèse sur ta poitrine depuis que vos routes se sont séparées, et ce probablement pour toujours. Sans oser dire qu'elle te manque déjà, la rouquine. Surtout depuis que tu sais l'avoir perdue pour de bon. « Mais quelque part, je suis content et soulagé qu'elle sache enfin. J'en pouvais plus de lui mentir tout en sentant notre relation se renforcer. Elle méritait de savoir la vérité. Et je ne t'en veux pas une seule seconde de lui avoir tout dévoilé. » Elle ne l'a pas fait intentionnellement, mais elle t'a malgré tout libéré de tes chaines. « Avant de partir, elle a appelé une ambulance. Elle m'a sauvé. » Précision que tu rajoutes pour contrebalancer avec une petite note d'espoir. Tu n'as jamais voulu lui faire du mal, et elle non plus, même face à face et durant une confrontation qui était censée n'en laisser qu'un seul d'entre vous en vie.

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"It could've been easier-er-er Could've tried at the least Been what you said you gonna be But no, but no" ♪ Elle repensa à sa rencontre avec Jinny Hex, et tout ce qu’elle lui avait déjà révelé avant même que Seraphine ne raccroche les wagons. Cette histoire de guerre familiale dramatique, cette question que leurs membres se posaient, comme un leitmotiv : ”qui sera le dernier ?”, se dessinait plus précisément. L’antiquaire -qui avait appartenu à ce rythme brinquebalant de caravaneux sans attaches ; de va-nu-pieds attirés par le monde et l’aventure ; au père absent par goût d’une liberté perdue, et à la mère appâtée par le gain et la promesse d’une vie oisive,- avait toutes les peines possibles à comprendre Cain. Les ancêtres capables de dicter leur conduite à leur descendante, et ce, des centaines d’années plus tard, elle en avait vu des tas au travers de ses lectures. L’histoire se répétait encore et encore, et désormais quand la pulpe de ses doigts effleuraient une relique familiale, elle avait ce doux parfum de prison dorée qui lui comprimait l’esprit. Si Seraphine considérait la chose amèrement, il lui arrivait d’envier les cercles familiaux interminables comme les Turnbull. Bien sûr, elle savait à quel point les parents de son ami lui causaient du tort, le peu d’amour qu’il avaient eut l’air de lui communiquer, et cette pression constante qu’ils avaient lestés sur ses jeunes épaules. Mais être entouré avait toujours fait aspirer Seraphine à des lendemains meilleurs, et désormais elle savait qu’elle devrait construire sa propre famille, un univers dont Cain (elle l’espérait) ferait partie. Alors, l’explication qu’il lui donna, si elle confirma les dires de la rouquine, ne l’aida pas à comprendre ce qui l’avait poussé à obéir. L’incompréhension grossit encore, et à mesure qu’il parlait Seraphine s’énervait de concert. La jeune femme détailla ses yeux perdus et attristés, remarqua le poids qu’il avait perdu depuis leur dernière rencontre. Cherchant la réponse sur son visage, celui-là même qui affichait le plus souvent ce petit air fier depuis l’enfance. Elle n’y trouva pas cette expression mais buta contre le désespoir, chuta sur le remord avant d'atterrir contre un sentiment qu’elle ne voulut pas reconnaître et qu’elle se refusa même à voir. La brune haïssait sa position, s’agaçait de ne pas mettre de mot sur ce qui se jouait : Attends-moi, souffla-t-elle avait de ramener carrément la théière du comptoir, sans écouter les protestations de l’homme d'accueil. Elle se servit du thé, sentit immédiatement que le sachet industriel avait certainement infusé plus que de raison et but une tasse. Le liquide tiédi et âcre lui arracha un froncement de sourcils et elle s’empressa de demander, masquant au possible l’aigreur qui l’assaillait : Tu es allé pour la tuer, mais tu ne le voulais pas, récapitula Seraphine. Elle est venue pour te tuer mais ne le voulait pas non plus. Elle t’a tiré dessus au final, mais t’a appelé des secours. La jeune femme triturait son gant droit frénétiquement, ses paumes la démangeaient dans certaines situations, comme si ses mains voulaient comprendre plus vite que son cerveau, analyser clairement et sans détour. Qu’est-ce qui se passe Cain, tu la plains ? Tu l’adules ? On dirait que tout ce que tu cherches c’est son pardon, pensa soudain Seraphine. Tu as du en blesser des femmes mais tu n’a jamais eut de tels remords, l’assailla-t-elle silencieusement. Pourquoi faire ce que tes parents attendaient de toi si l’idée te coûtait autant ? Tu as réussi dans la vie, tu aurais pu tout quitter pour te consacrer à ton existence propre. Seraphine avait eut une partie de l’histoire narrée : Tu as cherché à lui tendre un piège, et au final, ça a traîné. Si Seraphine détestait demeurer ignorante, une certaine vérité la tenait dans ce confort simple de l'imbécillité. Se voiler la face paraissait plus agréable que de voir cet étrange drame se profiler : Aucun de vous deux n’a eut réellement les couilles, un soupir et un rire jaune. Pourtant t’avais bien préparé ton coup de ce que j’ai compris. Est-ce que… Seraphine redouta ce qu’elle allait pourtant devoir demander. ...Tu t’es attaché à elle ? Une courte réponse parut dans les yeux un peu surpris de Cain. peut-être était-il surpris que la petite brune ait percuté. Peut-être que c’est ce qui te manquait pour dire aurevoir à tes parents et vivre enfin ta vie comme tu l’entends, divaga-t-elle. Elle désigna le côté de son buste où devait se trouver le pansement : Je pense que tu as eus ta dose. Où était-ils eux ? Pourquoi est-ce qu’ils méritent ce sacrifice ? Seraphine sentait que Cain était déchiré, et elle ne l’aidait sans doute pas. Il n’y a pas de mot pour exprimer cette peine colérique qui transperçait Seraphine tandis qu’elle acceptait durement la réalité de ce qui allait se passer : “est-ce qu’il s’en va lui aussi ?” encaissa-t-elle. La jeune antiquaire pensa à cet événement survenu la semaine passée tout à coup. L’homme qu'elle avait rencontré, cette étrange manque qui résonnait encore en elle tandis qu’elle se faisait à l’idée qu’il ne la reverrai plus. Un super héros n’avait peut être pas le temps pour une histoire. Cain, même si elle aurait voulu égoïstement le garder, était différent. C'était un homme de sa vie qu'elle avait accepté laissé partir si c’était pour son bien : Si tu es si triste, prends ton sac à dos et part avec elle. Fuyez vos ancêtres, partez vivre en Alaska que sais-je, elle haussa les épaules. Regagne sa confiance, sois digne. Je ne doute pas qu’il y ait de l’espoir. Elle n’avait pas connaissance de tous les détails, loin de là, mais cette femme avait pardonné au fond d’elle, Seraphine en était certaine? Sinon, pourquoi chercher à le sauver ?

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La situation résumée par Sera renforce cette sensation d'absurdité. Oui, effectivement, aucun de vous deux n'avait envie de tuer l'autre, pourtant, vous vous êtes tirés dessus quand même. C'est idiot. C'est stupide. Et sans doute que ton air plein de désarroi pourra lui donner une idée d'à quel point tout ceci te dépasse complètement. Au début, tout était clair, t'étais celui qui sauverait les Turnbull de la malédiction des Hex, qui enverrait une bonne fois pour toute cette famille six pieds sous terre. T'as préparé avec minutie tout ton plan, monté tout un dossier pour en apprendre plus sur elle, et t'es allé jusqu'à provoquer une rencontre. Une rencontre, qui, finalement, aura amorcé ta chute. Dès le première soir, après votre repas et vos discussions dans le parc, t'as su que la tâche serait beaucoup plus difficile que prévue. Et puis, une chose en entrainant une autre, un réel lien s'est tissé entre elle et toi. Tu ne parles pas de ce truc mystique dévoilé par la voyante, mais d'une vraie amitié. Vous étiez sur la même longueur d'onde. T'étais heureux d'être avec elle, et elle était heureuse d'être avec toi. C'était aussi simple que ça. Jusqu'à ce que tu foutes tout en l'air. Pour quoi ? Par obligation ? Par ego ? Tu serais même pas capable de le dire. Tes parents ont bien évidemment un rôle à jouer dans tout ça, mais pas que. T'as toujours été un salopard manipulateur, et cette fois, t'as perdu. T'as perdu bien plus que tu n'aurais pensé un jour avoir. « Ouais, j'avais tout préparé. J'ai engagé un détective privé pour monter tout un dossier sur elle. Tu connais mon perfectionnisme, je voulais être dans le contrôle de a à z. » C'est horriblement honteux pour toi de l'avouer de vive voix. Cette facette de ta personnalité, désormais, tu ne l'assumes plus du tout. Et encore moins devant Seraphine, cette précieuse amie qui reste là, à t'écouter, malgré toutes les horreurs commises et confessées. Cette fille, tu ne la mérites pas. Tout comme tu ne méritais pas Jinny.

Est-ce que tu t'es attaché à elle ? La question te laisse pantois, à la fois confus et surpris de la voir mettre aussi aisément le doigt sur le véritable problème. « Ouais. » Réponse lâchée dans un élan de désinvolture, mais qui paradoxalement t'a beaucoup coûté. Oui, tu t'es attaché à elle. C'était pas du tout prévu, et pas une seule seconde, en amont, tu ne t'étais imaginé qu'une telle possibilité puisse arriver. Après tout, n'es-tu pas le séducteur qui butine sans se soucier de quoi que ce soit d'autre ? Celui qui va et vient dans la vie d'autrui sans jamais prendre racine ? Jamais auparavant tu ne t'étais réellement intéressé aux états d'âme des autres, et voilà que maintenant tu te retrouves anéanti par la tristesse de Jinny combinée à la tienne. Il y une chose qu'elle doit savoir, Sera, et c'est le bon moment pour lui en parler. Avoir un avis extérieur sur la question pourrait même t'aider à y voir plus clair. « On a une connexion bizarre, elle et moi. Et je te parle pas d'une affinité ou d'une alchimie comme celles que l'on ressent parfois lors de nouvelles rencontres. C'est un truc... mystique. Ou je sais pas, magique. Quand elle est venue à la Nouvelle-Orléans, on est allés chez une voyante, pour s'amuser un peu, faire les malins après avoir trop picolé. Et au final, c'était pas drôle du tout. Elle nous a parlé d'un lien profond, de deux âmes qui n'en deviennent plus qu'une. Et le plus dingue dans tout ça, c'est que je l'ai crue. Parce que je l'ai ressenti. J'ai vraiment ressenti la force de cette connexion. » Tu peux pas t'empêcher de doucement rigoler, conscient d'à quel point cette histoire doit lui paraître ridicule et insensée. Pourtant, ce lien, tu le ressens quotidiennement. Tu le ressens là, maintenant, tout de suite. Tu ne le comprends absolument pas, mais il est là, aucun doute possible. « Je suis comme connectée en permanence à elle, sans même qu'elle soit à côté de moi. Sa colère, sa tristesse, je ressens tout. » Alors, si elle a une réponse ou au moins une hypothèse sur la question, t'es preneur. Parce que toi, t'as aucune foutue idée de ce qui se passe entre vous.

Pour ce qui est de tes parents, là encore, elle a parfaitement raison. Cette connerie t'auras au moins permis d'ouvrir un peu les yeux sur votre relation toxique. Il était temps que tu commences à couper le cordon. Tu leur as assez donné, t'as assez vécu pour eux, il est grand temps que tu fasses tes propres choix et que tu façonnes un bonheur qui n'aura rien à voir avec le leur. « J'aime ta façon de voir les choses. » Elle imagine pas le bien que ça te fait de pouvoir lui parler. Le poids qu'elle t'ôte des épaules est absolument titanesque. « Je vais essayer de faire mieux. De me racheter. Parce que je sais déjà qu'il me sera impossible de renoncer. » Voilà maintenant des jours que t'essayes de te détacher d'elle, mais avec le lien qui n'a pas cessé d'exister entre vous, l'exercice est impossible. Mais bref, assez parlé de toi. T'as l'impression de vampiriser toute la discussion avec tes sales histoires de vengeance et d'amitié contrariée. Toi aussi t'aimerais savoir ce qu'elle fait ici. « Et toi ? Qu'est-ce que tu fais dans cet hôpital ? » Elle n'a pas l'air blessée, alors il est possible que la raison de sa présence ne soit pas sa propre personne. Mais dans ce cas, qui serait-elle venue voir ? Après avoir bu une gorgée de thé, tu fixes son regard pour qu'elle se lance à son tour dans le récit de ses dernières aventures.

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"It could've been easier-er-er Could've tried at the least Been what you said you gonna be But no, but no" ♪ Seraphine, même si elle ne voulut pas se l'avouer, avait eut quelques étoiles dans les yeux lors de la description de cet échange particulier entre lui et la rouquine. Mais lorsqu’elle s’aperçut que Cain se tournait de nouveau vers elle, l’antiquaire s’éclaircit la gorge : H-hé ben, c’est qu’au final t’es romantique comme garçon ! s’exclama-t-elle. Mais elle le rassura : elle aussi en avait vu des choses et le climat oppressant qui remontait dans les villes, comme pour contrer toutes les autres bizarreries ne faisait que confirmer à quel point il fallait toujours remettre en question son scepticisme. C’est loin d’être la chose la plus étrange que j’ai pu entendre. Elle s’étira tout en se retournant sur sa propre situation. Jamais elle n’avait évoqué avec son ami sa nature de méta-humaine. Un gros pas en avant s’effectuerait alors, et elle n’avait jamais su où il se situait dans cette pseudo guerre “humains” versus “méta-humains”. La NOLA est un puits à entités. C’est une ville chelou pleines de sorcières et ça m’étonnerai pas qu’on vous ait jeté un sort à tous les deux ! Elle laissa échapper un rire franc avant de s’excuser. Seraphine n’avait pas du tout de solution à ce problème, et d’ailleurs en était-ce vraiment un ? Ce genre de lien faisait plutôt envie. En, tout cas plus envie que son don à elle, obtenu aussi lors d'une visite au musée vaudou de la Nouvelle-Orléans. La brune sirotait son thé industriel du bout des lèvres, repensant à cette fameuse connexion que Cain évoquait. Mais, à bien y réfléchir, la première fois qu’elle avait fait la connaissance de la jeune Hex, son visage avait eut un air de déjà-vu. Sans qu’elle ne puisse l’expliquer. Ce n’était pas comme si les deux amis d’enfance avaient pu en parler, ni l’évoquer. Ce qui était sûr, c’était que Seraphine n’était pas médium, elle n’aurait jamais pu deviner qu’il existait une connexion entre eux deux. Dans son costume vert forêt, elle souriait doucement, dodelinait de la tête tandis qu’elle pouvait voir l’expression de son cher Cain se métamorphoser. Avec humilité, elle eut la sensation d’avoir pu l’égayer un peu même si elle n’avait pas tant apporté de solutions… sauf certaines complètement utopistes. Ses boucles d’oreilles tintèrent tandis qu’elle époussetait l’épaule de Cain sans grande conviction, le débarrassant d'une poussière. Son geste se suspendit dans le vide tandis qu’il posait la question fatidique : sa présence dans l’hosto le moins rassurant de la côte étasunienne. Elle chercha une minute un mensonge à façonner, un édifice d’excuses mais tout s’effondra quand elle croisa son regard. Seraphine ouvrit la bouche, la referma. Il fallait bien qu’elle réfléchisse à ce qu’elle allait dire, mais, il parut évident qu’il ne devait plus y avoir de mensonges entre eux. Simplement des vérités qui viendraient les unes après les autres, à leur rythme à tous les deux. Le jeune entrepreneur et elle forgeaient comme ils le pouvaient cette amitié un peu chancelante sur des bases comme leur passé, le temps écoulé ensemble et celui où ils étaient chacun leur côté. Alors, sans le ressentir, l’impact de sa présence à lui dans sa routine de presque veuve lui revint comme un boomerang : elle pouvait se reposer un peu sur quelqu'un. Les larmes bouillirent dans ses yeux, et c’est en s’efforçant de les contenir qu’elles s’écoulèrent lentement. Les vannes s’étaient ouvertes sans qu’elle ne puisse rien y faire. Ça faisait une éternité depuis la dernière fois où elle avait pleuré devant un homme. La jeune femme se demanda même si de toute sa vie adulte c’était déjà arrivé. Elle souffla un coup, adressa un sourire qui se voulut rassurant vers son ami : Wahou euh… Elle chassa du bout de ses doigts gantés les larmes qui s’étaient teintées de noir. Si elle paraissait pathétique alors autant l’être élégamment. C’est rien, je suis fatiguée, marmonna-t-elle en tentant de justifier cet afflux soudain d’émotion. Contrairement à Cain -qu’elle voyait déjà s’élancer dans une course en ligne droite, avec un objectif et des envies-, Seraphine était perdue. Et il fallait se rendre à l’évidence, elle avait gardé tout cela pour elle trop longtemps et la seule personne avec qui elle pouvait évoquer ce chaotique avenir était Cain : Je suis venue voir mon ami. Un petit coup de recoiffage express, avec dignité. J’essaie de venir un peu tous les jours… Elle releva la tête vers la bouille de gamin arrogant de Cain, qui arborait une légère barbe. Il était difficile de se lancer dans de grandes explications directement alors elle ajouta simplement : … et ce depuis presque trois ans.

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Qu'elle ne s'y méprenne pas, ce n'est pas parce que tu ne poses pas de question que les doutes ne t’assaillent pas. Tu n'es pas dupe, tu sais que ce qu'elle cache sous ses gants est probablement tout aussi étrange que ta connexion mystique à Jinny Hex, mais tu as toujours respecté son silence, estimant que le moment viendrait quand il viendrait. Parce qu'à défaut d'avoir été un ami parfait, t'essayes maintenant de devenir un ami correct. T'as envie de savoir, t'as envie de connaître ses secrets, mais pas au prix de la forcer à faire quoi que ce soit. Tes questions tu les gardes pour toi, dans une démarche taiseuse qui ne te ressemble pas forcément, toi l'entrepreneur au bagout essentiel. D'ailleurs, est-ce parce qu'elle est familiarisée à l'hors du commun qu'elle n'a pas l'air particulièrement décontenancée par ce que tu lui racontes ? Un lien assez fort pour que ses émotions à elle se répercute sur les tiennes. Assez fort pour t'aies l'impression de ne faire plus qu'un avec elle. Une seule âme. Un seul chemin. Et une querelle qui bloque l'exploration de cette malédiction au goût pas si terrible que ça, malgré ce que tu te plais à prétendre, dans un déni nécessaire pour te protéger de l'intrusion. « Bah écoute, si t'as la moindre idée de comment conjurer le sort, je suis tout ouïe. » Parce qu'il est hors de question que tu passes le restant de ta vie à partager les états d'âme de Jinny. Même si, paradoxalement, la sensation peut parfois être grisante. Jamais tu n'avais ressenti des sensations aussi fulgurantes et enivrantes. Un simple contact qui se transforme en feu d'artifices, et cette impression de ne jamais être vraiment seul, qui peut tout aussi bien être handicapante que rassurante. Comme sur ton lit d'hôpital, privé de tes parents, à sentir la cowgirl vibrer à travers toi. Elle était là sans être là, mais tu pouvais la sentir. Sa tristesse, sa colère, peut-être même cette haine à ton égard, mais elle était là. Et soudainement, tu t'es senti un peu moins abandonné.

L'instant est fragile, et tu peux lire dans son regard l'hésitation de quelqu'un qui a été pris au dépourvu. T'as tapé dans le mille sans le vouloir en la questionnant sur sa présence ici. Et en ayant joué cartes sur table avec elle quant à ton histoire compliquée avec la texane, maintenant tu attends d'elle qu'elle en fasse tout autant. Vous devez grandir. Vous devez réapprendre à vous connaître. Un retour à la case départ bénéfique, et qui est le moment parfait pour tout reprendre du bon pied. Alors en maintenant son regard, t'essayes de lui faire comprendre que tu ne veux aucun mensonge. Plus jamais. Tu comprendrais qu'elle refuse de répondre ou qu'elle te demande d'attendre, mais pas qu'elle te mente. Outch. Et là c'est à ton tour de sentir ton souffle se couper. Les larmes qui coulent sur les joues de Seraphine sont semblables à des lames plantées dans ton palpitant. Jamais tu ne l'avais vu aussi désemparée. Aussi vulnérable. Tu ne pensais pas avoir touché du doigt une telle souffrance, alors machinalement, tu attrapes sa main gantée pour la serrer fort dans la tienne, cherchant à lui offrir à la fois soutien et réconfort. Qu'elle pleure sans aucune honte, tu seras le dernier à juger ses blessures. Bien au contraire, t'aimerais avoir le pouvoir de toutes les refermer. Elle ne se rend pas compte à quel point elle mérite le meilleur, Seraphine.

Un ami visité presque tous les jours depuis trois ans, et des mots trop difficiles à prononcer mais que tu peux lire aisément entre les lignes. Tu réalises combien elle t'a échappé depuis longtemps, il y a tant de choses que tu ignores maintenant à son sujet. Une multitudes de pièces vacantes que tu combles petit à petit avec ce qu'elle accepte de te confier ou non. Et cet aveu, cette douleur qui gangrène son cœur, tu sais qu'il est peut-être le plus important. « Je suis désolé... » C'est bateau, trop peu, mais c'est là la moindre des choses à dire. Et c'est vrai que tu l'es, désolé. Sincèrement. « Qu'est-ce qui s'est passé ? » Tu refuses de lâcher sa main. Si elle en a pas besoin, elle la retirera d'elle-même. T'aimerais connaître la nature exacte de leur relation, mais tu fais taire cette question pour en poser une un peu plus appropriée. Et tu ne le fais pas sans idée derrière la tête. « Je peux peut-être aider ? Financer un meilleur traitement ? Trouver de meilleurs médecins ? » Tu sais pas ce qui lui est arrivé à son garçon, mais puisqu'il compte pour Seraphine, il compte aussi pour toi. Et non, tu n'es pas arrogant au point de croire que l'argent peut tout arranger, mais il serait naïf et stupide de penser qu'il ne peut rien changer. Avec un chèque tu pourrais améliorer ses conditions de prise en charge, ou essayer de contacter les meilleurs spécialistes du pays pour lui donner une chance. Même si t'as aucune idée de s'il en a une, de chance. T'as besoin d'aider. T'as besoin de lui apporter des solutions. Parce que t'es comme ça. C'est tout ou rien avec toi. Et si pendant des années ça a été rien avec elle, maintenant il faut que ce soit tout. T'espères qu'elle ne prendra pas mal ta démarche, mais pour l'heure, l'argent est la seule chose qui ne te rend pas complètement impuissant face à la souffrance de ton amie.

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"It could've been easier-er-er Could've tried at the least Been what you said you gonna be But no, but no" ♪ Elle apprécia cette apparente empathie, non pas qu’elle doute que son ami puisse en faire preuve. L’aide qu’il semblait désespérément vouloir lui apporter elle en ressentait déjà les bienfaits, Seraphine, profondément soulagée de ne plus supporter ce secret si lourd accroché à son corps. Les larmes qui s’écrasaient sur ses cuisses prirent une couleur différente, et leur sens changea. Elle s’émouvait de retrouver enfin cet ami qui avait partagé les moments de bonheur de son enfance. Sa présence lui donnait un appui considérable, enclencha cette petite étincelle d’espoir qu’elle croyait avoir lâché, quelque part au dessus d’un gouffre sans fond. Le regard qu’elle lui jeta, à Cain, suffit à habiller le reste de son visage d’une lueur emplie de gratitude. Sa tristesse devint émotion, non pas qu’elle fut joyeuse mais bien moins affligée qu’à sa sortie de la chambre 216. Avant de s’expliquer, Seraphine fit une pause. Elle tenta de se lancer une première fois, mais ça bloquait, là, à l’intérieur. Le visage de la jeune femme se tendit en une mimique presque un peu agacée par l’échec, une de ces expressions des gens que la tristesse épuise. Les mots moururent sur ses lèvres, la justification s'essouffla. Elle réalisait que son ami, allongé dans le service d’à côté était semblable à un cadavre que l’on cache. Pas par culpabilité, mais par nécessité. Elle n’était pas naïve au point de penser qu’Hiro ne deviendrait pas un pion pour la manipuler au cas où les choses tourneraient mal entre la pègre, les criminels et les héros. Et elle ne voulait pas non plus mêler Cain à ses derniers. Le stress accumulé à force de vouloir intimement protéger le peu de proches ne l’aida pas à se calmer plus rapidement, mais elle prit sur elle au maximum. Notamment parce que son ami serra fort sa main. Cette pression chaleureuse lui rappela ses propres tentatives, les doigts croisés dans ceux d’Hiro, espérant tant bien que mal qu’ils resserrent leur prise. Elle sentait Seraphine, avec soulagement qu’elle avait été suffisamment éloquente, que Cain avait compris l’essentiel. Pour toute gratitude, elle couvrit leurs mains jointes de son autre gant comme pour protéger cette alliance de phalanges entremêlées. La brune souffla : Darkseid. Avare de plus de renseignements sans pouvoir faire autrement que de déglutir difficilement pour ravaler ses larmes plus lourdes que le plomb. Elle voit bien qu’il cherche, Turnbull, une réponse dans ses yeux, mais elle n’a pas la force de la lui donner tout de suite. Je peux peut-être aider ? Financer un meilleur traitement ? Trouver de meilleurs médecins ? Seraphine secoua la tête avec une moue désolée voyant bien que Cain voulait la soutenir. Elle savait bien ce que le jeune entrepreneur était en train de penser, même s’il se gardait de lui dire, mais Seraphine avait choisi cet hôpital pour bien des raisons. Non pas qu’il fut moins couteux -si ça n’était pas le cas à une époque elle pouvait s’acquitter désormais des frais médicaux, mais le Gotham Mercy Hospital était moins exposé que l’on puisse penser. On n’y attendrait pas Seraphine, donc moins de danger pour Hiro. Et dernière chose mais pas des moindres :le personnel était (à s’y attendre) très soudoyable. Les infirmières (pour peu qu’on leur graisse la pâte) s’occupaient des fleurs quand Seraphine s’absentait, elles mettaient à son ami de la musique, lui coupaient les cheveux régulièrement et prenaient un soin tout particulier à la température de la chambre. De tout le service des comateux il était le plus choyé : Il n’y a rien à faire Cain. C’est à lui de se réveiller, et s’il n’en a pas décidé alors… Elle avait toujours eut l’impression qu’Hiro ne voulait pas lui faire ce plaisir, qu’il lui en voulait de l’avoir rejeté. Un sentiment de culpabilité que les médecins avaient bien tenté d’alléger : son mal n’avait pas encore été assez étudié pour être guérissable, et ce dans le monde entier. De toute manière il était déconseillé de le déplacer ne serait-ce qu’un peu : Viens avec moi, intima-t-elle malgré tout. J’aimerais te le présenter. *** Il semblait aujourd’hui ridicule que ces deux êtres chers à son cœur -et qui avaient représentés énormément dans son existence- ne ce soient jamais retrouvés dans la même pièce. Tous deux, toujours main dans la main remontèrent le couloir. une forme de stress gagna Seraphine qui appréhendait sans raison apparente cette rencontre étrange. De nouveau, elle salua sur son passage les infirmières qui avaient pris le relais sur les précédentes. Quelques portes défilèrent dans une lassitude propre aux hôpitaux, et, ils arrivèrent devant la 216. Au fil du temps, Seraphine ne savait plus bien si elle aimait cet encadrement ridicule dans le mur, ou si elle s’y était juste accoutumée. Elle entra la première en ouvrant sur série de bips réguliers et mornes, auxquels la respiration sifflante du masque à oxygène faisait écho. Même si la douleur de la jeune femme s’était fanée, le retour de terre-4 avait ravivé sa peine. Tout ce temps passé loin de lui, à ne pas pouvoir le veiller, elle l’avait comblé d’inquiétude, de regrets, d’angoisse. Elle s’était demandé chaque jour à quoi il servait bien de survivre si son ami mourait pendant son absence. Mais tout sur leur chère terre d’origine s’était figé, dans un morbide silence auquel Hiro s’était accoutumé, depuis le temps : C’est encore moi, souffla-t-elle avec un sourire timide, comme si elle craignait de le déranger. Les longs cils de l’asiatique reposaient sans frémir, ses sourcils fins ne se distordaient en aucun type d’expression qu’il fût. La main gantée de Seraphine resta dans celle de Cain, verrouillant cette prise de ses doigts : Voici Cain, je t’en ai déjà parlé, tu te souviens ? Elle s’effaça pour laisser l’entrepreneur blessé s’avancer. Qu’allait-il advenir désormais qu’elle présentait son trésor le plus cher à un tiers ? Elle avait l’impression qu’il allait y avoir un cataclysme d’une seconde à l’autre, puis, elle refoula ses craintes : Cain était son ami et il était la personne en qui elle avait le plus confiance. Un air différent gonfla ses poumons ; alors elle dit avec un tressaut dans la voix : Si tu veux vraiment m’aider, commença l’antiquaire en se tournant vers le Louisianais, je te supplie de prendre soin de lui si je ne le puis plus.

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Il n'y a rien à faire ? Qu'est-ce que ça veut dire exactement ? Qu'il ne reste que l'impuissance ? Sentiment terrible que tu as toujours eu beaucoup de difficulté à accepter. Avec le temps, et à force de volonté, t'es parvenu à obtenir exactement tout ce que tu voulais. Un bon boulot, une entreprise, racheter la maison familiale, des filles, absolument tout. Avant ton duel avec Jinny, pas une seul fois tu n'étais resté sur un échec. Alors c'est compliqué pour toi de simplement l'écouter te dire que l'argent ne suffira pas, surtout quand il a auparavant toujours suffit. T'as pas vraiment de super-pouvoirs, ton don de téléportation ne te servant pas à grand chose pour aider autrui, mais avec ton argent t'as déjà pu régler quelques problèmes. Non pas que tu sois du genre bon samaritain mécène ou philanthrope, mais c'est quand même important pour toi de faire ce que tu peux à ton échelle pour rendre ce monde un peu meilleur. Ça passe par les énergies renouvelables en essayant de promettre un avenir plus serein, mais aussi par ce quartier de Gotham City, où tu as racheté les bâtiments pour les classer monuments historiques et ainsi éviter à plusieurs familles de se faire expulser par des constructeurs peu scrupuleux. Ou même à cet endroit particulier de Metropolis où Donna t'a emmené, lieu de rassemblant des gens dans la misère que là aussi t'as pu aider. L'argent, voilà ton unique moyen de mettre un peu de mercurochrome sur ce monde malade, et voilà que ton amie, celle que tu aimerais pouvoir aider plus que tout, te dit que tu ne pourras rien faire. Tu ne laisses rien transparaitre mais c'est douloureux. Terriblement douloureux de la voir souffrir sans pouvoir apaiser sa peine. Tu n'insisteras pas, estimant que cela serait déplacé, toi qui vient tout simplement d'apprendre l'existence de cet homme, et qui ignore encore tout de son état médical. Darkseid. Tout a changé quand il a décidé de faire de votre planète son nouveau terrain jeu, et l'on oublie bien trop souvent que c'est le monde de milliers de gens qui s'est tout bonnement effondré.

Sans broncher, tu te laisses entrainer vers la chambre de son ami dans le coma, le cœur à la fois lourd et erratique. T'as conscience d'à quel point cet homme est important pour elle, et tu crains de ne pas être à la hauteur de ses attentes. De ne pas être le roc dont elle a besoin pour l'accompagner dans cette épreuve difficile de la vie. Après tout, t'es ce mec qui n'a jamais vraiment pris le temps de te lier, alors les règles sociales, tu ne les connais pas bien. La preuve, avant vos retrouvailles, vous ne vous étiez pas parlés depuis des années, t'es pas foutu de conserver une simple amitié. Alors est-ce que t'es vraiment légitime ? Est-ce que t'es réellement celui qui mérite de faire sa connaissance ? Tu finis par laisser de côté tes tourments intérieurs, et pénètres dans la chambre d’hôpital terriblement sommaire et impersonnel. Ce que t'as horreur de cet endroit. Tu t'avances un peu, toujours guidé par Sera, et c'est là que tu le vois. « Salut. » Qu'est-ce que tu veux dire d'autre ? Peut-être qu'il vous entend vraiment. T'as déjà vu plein d'articles passer sur la possibilité que les gens puissent entendre leurs proches leur parler quand ils sont dans le coma, et aujourd'hui, t'espères sincèrement que ce soit vrai. Parce que tu comprends rapidement qu'elle passe beaucoup de temps ici, ton amie. Elle le soutient, elle fait de son mieux pour supporter son absence, et tu n'oses pas imaginer à quel point cela doit être douloureux. Elle lui a déjà parlé de toi ? Pour une fois tu fais taire la curiosité égocentrique qui te pousse presque à lui demander ce qu'elle a bien pu lui dire sur toi, et tu fais à nouveau quelques pas vers l'inconnu. Il a l'air paisible. Totalement en contraste avec la tempête qui se déchaine dans le cœur de Seraphine.

Bien sûr que tu veux l'aider, mais ce qu'elle te demande te fait froncer sévèrement les sourcils. « De quoi tu parles ? Arrête tes conneries, je vais pas avoir besoin de prendre la relève. » Tu sais qu'elle trempe dans des affaires louches, mais l'idée de la perdre t'es à la fois insupportable et inconcevable. T'as pas envie d'avoir à imaginer quoi que ce soit de ce genre là. Vraiment pas. Mais conscient que ce n'est pas du tout ce qu'elle a envie d'entendre, tu fais marche arrière pour ajouter presque aussitôt : « Mais tu peux compter sur moi. » Tu sais pas vraiment dans quoi tu t'engages, mais c'est important pour elle, alors t'as pas besoin de réfléchir plus longtemps. Elle compte sur toi, et tu veux lui prouver qu'elle peut te faire confiance. Ça s'apprend d'être un bon ami, tu fais de ton mieux. « Mec, va falloir que tu te réveilles, avant qu'elle continue de faire des conneries. » Voilà, l'humour, une arme comme une autre pour lutter contre la tristesse et le désespoir. « Tu sais comment elle est, toujours du genre à chercher les emmerdes. J'arrive à garder un œil sur elle pour l'instant, mais franchement, ton aide ne serait pas de refus. C'est un boulot pour deux. » Tu relèves brièvement la tête vers l'intéressée pour lui adresser un timide sourire complice. C'est ce qu'elle fait régulièrement, non ? Lui parler comme s'il était toujours avec elle. De sa vie, de son boulot, de ses amours. Un confident silencieux. « Comment il s'appelle ? Comment vous vous êtes rencontrés ? » Maintenant t'as envie de connaître l'histoire. Leur histoire.

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"It could've been easier-er-er Could've tried at the least Been what you said you gonna be But no, but no" ♪ Un instant, Seraphine imagina que Cain se refuserait à prendre sa place, sans doute légitimement. Après tout, elle n’aurait souhaité ceci à personne, veiller sur un être dans le coma était une inquiétude de tous les instants, qui impliquait beaucoup de parts de soi. Et l’entrepreneur devait en avoir à la pelle des responsabilités. Mais la jeune femme n’eut pas à renouveler ses suppliques : son ami acceptait. Elle sentit bien cet élan dans sa voix, quelque peu agacé, encore frustré et presque… inquiet. Elle le remercia pudiquement, se gardant bien de développer. De toute façon , elle n’en avait jamais tant eut besoin avec Cain, et ce depuis leur enfance. D’abord c’était Seraphine qui avait appris à accepter les silences de son camarade de jeu, garçon qui manquait d’amour mais submergé de devoirs, d’envie de briller aux yeux de ceux qui le méritaient le moins. Il lui avait premièrement parut un peu sauvageon, mais la gamine l’avait tout de suite accepté, considéré comme un partenaire de bêtise éternel, une âme qu’il fallait comprendre. Et même si le temps les avait séparés, Seraphine avait encore ce sentiment profondément ancré en elle. Ils en avaient des secrets l’un pour l’autre, mais les verrous commençaient à tomber, ceci faisait encore partie du jeu. Cela avait été aussi évident de l’accompagner, enfant, que de s’occuper d’un chaton recroquevillé dans un vieux carton, même si Cain ne lui avait jamais inspiré de pitié. Il pouvait feuler, morde et griffer qu’elle l’aimait quand-même, parce qu’au fond tout ce qu’il incarnait n’était que chaleur. La Seraphine adulte en était intimement persuadée. La brune revint d’ailleurs dans le présent quand il s’adressa à son ami. Bienveillant, il avait comprit l’importance pour Seraphine de considérer Hiro comme un égal et pas comme un meuble dépourvu d’humanité dans cette pièce blanchâtre. Elle sourit autant à l’un qu’à l’autre, amusée par la drôle de complicité que les deux hommes auraient pu avoir, et s’arrêta sur Cain pour lui rendre son regard : Il n’y a pas que moi qu’il aiderait en revenant, reprit-elle avec un hochement de tête. S’il y a bien quelqu’un qui serait à-même de vous aider à trouver des réponses la rouquine et toi, c’est bien lui. L’antiquaire invita Cain à s'asseoir dans le fauteuil en lâchant enfin sa main. Elle, s’assit sur le lit de son ami en sommeil pour répondre aux question de celui éveillé. C’était bien la moindre des choses de l’éclairer : Il s’appelle Hiro, Hiro Tatsumaki. Je sais qu’il est né au Japon et qu’il a immigré aux Etats-Unis quand il était ado. La brune observait ses traits tranquilles, figés dans le marbre, son teint de porcelaine, puis elle poursuivit. Il n’a jamais voulu que je-... enfin, il ne m'a pas raconté grand chose sur son passé. On s’est connu après mon arrivée à Gotham, dans ce qu’on appelle d’ailleurs aujourd’hui ma boutique. Il me l’a légué. Elle sauta d’un détail à l’autre : Il se faisait appeler Hiro Nightingale, s’amusa-t-elle. Alors, ensemble, on était de sacrés drôles d’oiseaux, se permit-elle en un trait d’humour nécessaire. C’est lui qui m’a tout appris. Je n’avais… je n’avais aucune éducation sur le monde, j’étais juste bonne à survivre dans cette ville-là. Elle désigna la vitre du menton comme pour juger Gotham et toute son atrocité poisseuse. Mais il m’a fait aimer l’Art, la poésie, l’Histoire…Pensive, elle réalisa qu’elle devrait s’expliquer sur un point : Je dis que Darkseid l’a détruit mais ce qui l’a mis dans ce lit, c’est le Syndicat du Crime. En réalité depuis Darkseid il s’était mis dans l’idée d’être un héros, il voulait aider tout le monde et c’est ce qui l’a perdu. Néanmoins je crois que je l’aimais encore plus pour cette raison. Alors pourquoi ne pas lui avoir dit, Seraphine ? Sans doute aurait-il cessé sa folie, murmurait amèrement sa conscience. Elle chassa sans délicatesse cette voix dure pour revenir au problème de connexion de son ami : Quoi qu’il en soit, il s’était intéressé à tous types de sujets, de l’astronomie à la physique cantique, aux mythes en passant par… que sais-je, les légendes amérindiennes, les sciences naturelles et occultes, les avancées des recherches sur les méta-humains aussi. Ce dernier point lui fit planter ses prunelles noisettes dans celle de Cain, plus sombres, espérant peut-être y déceler une émotion indicatrice. Jamais encore elle n’avait su dans quel camp il se plaçait, jamais ils n’avaient eut cette conversation. Enfin, tu vois, je pense qu’il aurait pu nous en apprendre beaucoup, faire pencher la balance  en faveur d’une cause rationnelle, ou irrationnelle. Elle haussa les épaules : Toi, en tant que résident de NOLA, tu penches pour quoi ? Seraphine demandait par là s’il pouvait croire à l’hypothèse du mystique. Dans une ville aussi bizarre qu’avait longtemps été la leur, se revendiquer totalement cartésien n’avait presque aucun sens.

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T'es pas certain que qui que ce soit puisse vous apporter des réponses, à Jinny et toi, mais d'un sourire un peu rêveur, tu te laisses happer par le doute et te plait même à y croire fermement. Cet étranger dont tu ne sais rien pourrait finalement être absolument tout ce que tu veux, et pourquoi pas le détenteur du secret qui te lie à la cowgirl. Le regard rivé sur lui, tu scrutes ses traites en espérant sincèrement les voir s'agiter pour sortir d'un sommeil qui aura duré trop longtemps. Et en attendant que le miracle se produise, tu écoutes leur histoire. Un mentor, un ami, un partenaire, il a donc rempli une dizaine de rôles dans la vie de Seraphine, et silencieusement, tu le remercies d'avoir été là pour elle, pendant que tu t'en éloignais pour poursuivre un but qui n'en valait pas la peine. Elle n'a pas besoin d'en dire plus pour que tu comprennes à quel point vous êtes différents lui et toi, deux faces d'une même pièce, le ying et le yang. Mais sans faire de vous des rivales ou des adversaires. Bien au contraire. Vous avez le même intérêt, le bien être de Seraphine. Quelle tristesse que de finir dans ce lit après avoir voulu aider les autres. Où est la justice dans ce monde ? Voilà encore une âme fauchée par la folie des autres, et cette fois-ci, sans doute pour la première fois depuis l'arrivée de Darkseid, c'est quelqu'un qui t'est proche qui se retrouve dommage collatéral de ces envahisseurs venus d'un autre monde. « Il est pas encore perdu. » Un point que tu souhaites rectifier tout de suite, avant même la fin de son récit. Tu ne la laisseras pas éteindre tout espoir, tu ne l'autoriseras pas à souffler sur la chandelle qui pourrait pourtant la mener au bout du tunnel. T'as bien entendu ce qu'elle t'a dit, que c'était compliqué et que sa situation était pratiquement désespérée, mais tu n'abandonneras pas l'idée de faire quand même quelque chose pour lui. Il y a forcément un moyen. Il y a toujours un moyen.

Elle a raison, Seraphine, il aurait eu des réponses. Un homme passionné et sans doute passionnant. Et dès lors qu'elle évoque les mystères du monde et notamment les meta-humains qui le peuplent, tu redresses ton regard vers elle. Un hasard ? Tu n'en sais rien. Et s'il t'est désormais facile de lire dans l'esprit de Jinny, il n'en sera jamais de même pour elle, belle étoile qui aime se couvrir d'un épais brouillard. Un peu pour le plaisir de laisser une trainée de mystère, mais surtout pour se protéger. « Des recherches sur les méta-humains, hein ? » Une perche que tu lui tends, relevant uniquement ce morceau précis de l'histoire. Aussi bien une main qui se tend qu'une intuition. Jamais tu n'as cherché à la bousculer ou à l'obliger à se confier, et si aujourd’hui t'es plus qu'heureux qu'elle le fasse sur sa relation avec Hiro, t'as l'impression d'être devenu gourmand d'avoir goûté à ces débuts de confessions. Ce trop ou ce pas assez qui fait naitre la frustration. Et après avoir été concentré et impliqué dans son monologue, tu t'autorises enfin à laisser naitre un sourire aux coins de tes lèvres. D'autant plus après cette ultime question qu'elle te pose, et à laquelle tu réponds premièrement d'un haussement d'épaules désinvolte. « C'est ennuyant, le rationnel. Qui voudrait garder les pieds sur Terre alors que l'on sait maintenant que l'univers est peuplé d'un millier d'autres mondes ? » T'es pas certain de répondre convenablement, mais tu estimes que sa question a un côté purement rhétorique. Vous avez vu des monstres et des tyrans, des doubles de vos héros venus d'ailleurs, comment pourrais-tu croire une seule seconde à la rationalité absolue. Une rationalité qui pour toi, sonne comme une banalité. « Je pense sincèrement qu'il y a énormément de choses qui nous dépassent et que nous pourront jamais expliquer. Mais c'est là tout l'intérêt. » Un mystère résolu perdrait tout son sens et son charme, pas vrai ?

Bien, voilà donc l'aperçu de cette relation fusionnelle qui semblait les unir, mais t'as l'impression qu'une pièce te manque encore. Et comme tu n'as jamais manqué d'audace, tu te risques à essayer de l'arracher avec plus ou moins de subtilité pour compléter définitivement ce joli tableau. « Vous étiez ensemble ? » Question légitime après avoir entendu leur histoire, et pas si intrusive que ça, considérant que vous êtes supposés être sur la voie de la reconstruction de votre amitié. Tu refuses qu'il y ait des tabous entre vous, et encore moins ce qui se cache dans le cœur de Seraphanie. Elle ne le remarquera sans doute pas, mais tu t'es bridé dans ta formulation, refusant de lui demander clairement et simplement si elle était – et est – amoureuse de cet homme. « Je sais pas grand chose de toi à ce sujet. Et tu ne vas pas me faire croire qu'il n'y a que la boutique dans ta vie. » Un sourire plus facétieux s'étire, indiscrétion ou curiosité, qu'importe le mot qu'elle choisira pour définir ce que t'es en train de lui demander, t'as envie d'en savoir encore un peu plus sur la vie loin de la Nouvelle-Orléans de Seraphine Magpie. « T'as pas l'air d'avoir de style bien défini. » Petite provocation qui changera peut-être cette pesante atmosphère en quelque chose de plus léger. A moins que ce ne soit une excuse pour cesser de réprimer ta nature qui revient au galop après t'être comporté en ami honorable. Mais là-dessus au moins, elle peut te l'accorder, tu n'as pas changé.

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"It could've been easier-er-er Could've tried at the least Been what you said you gonna be But no, but no" ♪ Non. Pas vraiment, corrigea Seraphine. Une réponse aussi évasive que son intuition concernant Cain et sa vision des méta-humains. Elle avait capté cette petite étincelle dans les yeux de son ancien camarade de jeu et, sans pour autant en être étonnée la jeune femme avait mit le point dessus. Elle se massait désormais la nuque en prenant soin de ne pas regarder Hiro, comme s’il pouvait juger sa réponse. Il lui aurait été bien compliqué de lui confirmer ce qu’elle avait elle-même du mal à identifier. Mais la solution était sous ses yeux : Je n’ai pas su l’apprécier à sa juste valeur quand il était là, admit-elle à regret. Presque étouffée par le remords, piétinée par l’angoisse de voir cette réalité telle qu’elle l’avait toujours vécue. La culpabilité rongeait ses os comme autant de métal oxydé par une pluie acide. Le dire à voix haute la déchirait en milliers de morceaux, mais la claque en valait la peine. Seraphine regardait à présent le rayon de lumière qui traversait la chambre et s’écrasait sur les draps immobiles. Puis, comme s’il l’avait détecté, Cain pallia à chasser le nuage noir qui s’affairait dans sa tête. Un haussement de sourcil amusé, vaguement indigné, s’afficha sur le visage de la brune qui finit par sourire : Pourquoi se cantonner à un style en matière d’homme ? Juste assez d’indications pour que ça ne soit pas trop facile. Seraphine jeta un œil à Hiro puis à Cain. Disait-il ça parce qu’elle avait un peu craqué sur l’un puis sur l’autre, et ce alors que tout les opposait ? Elle savait qu’il était curieux de ce genre de choses et l’avait toujours été. C’était ce qui faisait tout son personnage et s’il avait été libertin, dieu sait qu’il en valait de même pour elle. Elle ne s'empourprait pas pour si peu, et puisque son ami d'enfance ne l’avait pas revu depuis l’accident d’Hiro, il n’avait pas pu se douter de la tournure qu’avait prit sa vie. Cette période sombre s'était stoppée avec New Themiscyra, mais elle avait bien existé. Les conquêtes, l’alcool et la haute avaient tourbillonnés autour d’elle comme des phalènes malicieuses, et elle ne pouvait nier cette partie de sa personnalité. Un don aussi évident pour la chose n’était pas un truc qu’elle aimait à cacher, et, de toute manière sa toute aussi brillante aptitude à séduire ne lui laissait pas le choix. S’amuser des hommes et les mener à la baguette lui avait un temps réussit, notamment pour oublier, mais les plaisirs éphémères le resteront toujours. Si aucun d’eux ne l’avait guérit, ni même réconforté il fallait bien avouer que ce n’était plus tout à fait le cas aujourd’hui : Je ne sais pas si c’est vraiment important. Mais si ça t’intéresse tant, il se pourrait qu’il est autre chose que la boutique, oui. Elle était bien limitée, Seraphine, dans ce qu’elle pouvait révéler. Il était bien peu avisé de dire sans d’autre détour qu’elle fricotait avec un héros et connaissait sa vraie identité. D’ailleurs est-ce que ce qui s’était passé pouvait être qualifié de notable ? Oui, indéniablement, mais enveloppé d’indécisions et de flou. Servait-il à quelque chose d’en parler à Cain ? Je n’ai pas encore décidé si c’était une bonne ou une mauvaise chose. Donc, ne t’attends pas à des présentations. Je ne voudrais pas que ce soit aussi catastrophique que celle dans laquelle je rencontrais Jinny Hex. Il n’y avait pour sa part aucune rancœur envers la jeune rousse, mais toutes deux avaient découvert bien des choses sur l’entrepreneur, et pas de la plus plaisante des manières. Seraphine aurait tout donné pour que son ami ne découvre rien sur elle de la sorte. Son don par exemple. Une infirmière entra alors dans la chambre pour les chasser, il était l’heure des soins et Seraphine aurait dû être partie depuis un moment. De toute façon, si c’était sur ce terrain que Cain voulait l'emmener -et elle se laisserait faire sans rechigner- elle se serait bien gardée de le faire devant Hiro. Alors, elle se saisit en douceur de la main au teint de lis de son ami alité pour déposer un baiser sur son poignet et elle quitta la chambre. Et si tu m’emmenais boire un verre ? L’antiquaire lui tendit le coude. Une sortie entre amis leur ferait du bien. Elle baissa les yeux vers le ventre du louisianais et sourit : Pas bien loin, et les infirmières de cet étage ne diront rien. Au pire, on dira que c’est moi qui t’ai kidnappé. Elle ne risquerai pas sa sécurité, et le ramènerai illico-presto si jamais il se sentait mal. Elle enfila sa veste de costume en extrayant les lourdes boucles du col en polyester. Si tu veux jouer à ça, je parierais que ma liste de conquêtes talonne la tienne, annonça-t-elle joueuse en haussant une épaule. C’était presque comme si rien n’avait changé, comme s’il n’y avait pas eut cette rupture de plusieurs années dans leur amitié, et qu’ils avaient finit de grandir ensemble. Et elle se plut à l’imaginer. Le bel entrepreneur pouvait compter sur elle pour donner le meilleur désormais. Si elle ne doutait pas qu’il ait beaucoup d’autres amis, elle ferait tout pour se rendre unique et précieuse. Tous ces efforts qu’il avait fourni, elle n’avait pas manqué de les remarquer et même si lui rendre la pareille semblait ardu, elle ferait de son mieux.

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Pourquoi ce ne serait pas important ? Tu fais ce que tu peux pour attraper au vol des bribes de sa vie passée, toi qui est resté bien trop longtemps en dehors de son quotidien. Tu sais parfaitement qu'il faudra plus que des questions plus ou moins intrusives pour rattraper toutes les années que vous avez perdues, mais ça ne t'empêche pas d'essayer, de récolter toujours plus de pièces au puzzle qui reste pour l'heure encore bien mystérieux. Et elle finit par te l'avouer, que oui, il y avait peut-être plus que de simples affaires entre elle et lui. De quoi te laisser d'autant plus navré. T'as beau réfléchir, tu ne te souviens pas d'un homme qu'elle t'aurait présenté, d'un homme qui aurait compté plus qu'un autre. Hiro, lui, aurait pu être cette exception, si seulement il n'y avait pas eu cette terrible fatalité. Elle est discrète sur ses émotions, Sera, et c'est une position que tu respectes totalement, de toute façon mal placé pour juger les gens sur ce qu'ils acceptent de confier ou non, toi qui a tant joué sur les apparences pour parvenir à tes fins. Etre ici, dans cette chambre, c'est déjà un pas énorme vers toi. Tu n'es plus l'ami qu'elle a connu, mais qui sait, avec le temps, tu pourrais très bien le redevenir. « Crois-moi, y a peu de domaines où tu pourrais faire pire que moi. » Et effectivement, sa rencontre avec Jinny est sans doute dans le top cinq de la liste. Jamais tu n'aurais imaginé que ton ancienne camarade et ta cible se rencontraient pour papoter de tout et de rien, mais surtout de toi. Un véritable fiasco qui t'aura conduit tout droit dans cet hôpital, après un règlement de compte catastrophique avec la cowgirl. C'est sans doute le karma qui est venu réclamer son dû, après tant de fois à avoir joué toi-même avec les sentiments d'autrui. Fallait bien que tu te prennes un revers un jour ou l'autre, et faut l'avouer, il est bien plus brutal que tu ne l'aurais imaginé. Mais tu l'as mérité. Et maintenant, tu dois vivre avec tes erreurs. A commencer par ta trahison envers Jinny, qui t'affecte aujourd'hui bien plus que la blessure à ton abdomen.

Quand vient l'heure de dire au-revoir, tu sors de la chambre pour lui laisser l'intimité nécessaire. Même si elle est persuadée que tu ne pourras rien faire pour Hiro, tu te promets de te renseigner  plus précisément sur sa condition médicale, et tenter de trouver les meilleurs médecins dans le domaine. Peut-être que ça ne mènera à rien, mais tu tiens réellement à essayer. Il faut que tu essayes. Quand Sera te rejoint, c'est avec une merveilleuse idée, et le sourire qui étire aussitôt tes lèvres est déjà une première réponse à sa proposition. « J'ai cru que tu me le proposerais jamais. J'ai désespérément besoin de sortir d'ici. » Etre raisonnable ? Non, tu ne sais pas ce que c'est. Et après être resté enfermé seul dans ta chambre pendant des jours, prendre l'air ne pourra te faire que le plus grand bien. Qu'est-ce qui pourrait t'arriver de mal, après tout ? « Tant que je bois pas d'alcool, tout devrait bien se passer, non ? » Et bon sang, tu donnerais la moitié de ta fortune pour pouvoir t'enfiler quelques shots et oublier l'instant de quelques heures tes problèmes. Mais autant dire qu'avec le traitement colossal que tu prends pour ta blessure, ce serait là la pire idée possible. D'humeur moins morose que tout à l'heure, tu te laisses aller à plus de légèreté en compagnie de Sera et ses provocations qui font toujours mouche avec toi. Elle ne s'en rend sûrement pas compte, mais elle t'apporte un réconfort dont tu manquais vraiment après la visite tumultueuse des Turnbull. Ce que tu n'as pas trouvé chez tes parents, tu le trouves maintenant auprès d'elle. Et tu ne la remercieras jamais assez pour ça. « Oh, tu veux qu'on compte ? Parce que moi je te parie le contraire. Je suis indétrônable. » Oui, vous êtes réellement en train de comparer la liste de vos conquêtes. Pas de quoi être fier, mais ça a au moins le mérite de vous amuser, et pour l'heure, c'est tout ce qui importe. Tout est bon à prendre pour mettre un peu de baume sur vos cœurs en berne.

De retour dans ta chambre, tu enfiles des vêtements plus convenables ainsi que ta veste, avant de prendre la direction du premier bar ou café qui croisera votre route. Voilà seulement quelques jours que t'es enfermé dans cet hôpital et que tu ronchonnes déjà, mais Sera s'y rend régulièrement depuis des années, de quoi te laisser admiratif de sa dévotion envers Hiro. Cet homme ne sait même pas la chance qu'il a d'avoir quelqu'un comme elle à son chevet. Et t'espères qu'il se réveillera un jour pour pouvoir s'en rendre compte de lui-même. A l'intérieur du bar, dans une rue adjacente pour ne pas vous aventurer trop loin, vous prenez place à une table libre, éloigné des quelques personnes déjà présentes. Depuis vos retrouvailles, vous n'avez pas encore eu vraiment le temps de vous poser autour d'un verre – sans compter celui que vous avez pris dans sa boutique – alors tu tiens à votre intimité. « Tu penses réellement que je suis différent de l'homme que t'as connu ? » Ses mots de tout à l'heure raisonnent encore dans ton esprit, et t'as réellement besoin de savoir : est-ce que tu t'es transformé en un véritable connard, ou bien est-ce qu'elle ne te connaissait pas assez ? T'en sais rien. Mais ce que tu sais, c'est que t'as pas du tout envie d'être une déception pour elle. Tu l'as été pour assez de gens. « C'est difficile d'avoir du recul sur tout ça. Je sais que j'ai merdé en cours de route, mais qu'est-ce que j'étais, avant ? » Un gamin qui tentait de se faire une place dans un monde qui ne s'est jamais réellement soucié de lui. Puis un adolescent acharné dans le travail – et parfois les filles – qui s'est battu ardemment pour se sortir de la misère. Tu sais pas à quel moment tu t'es transformé en sale con prêt à tuer quelqu'un par vengeance. « Je crois que je me suis perdu. » Et aujourd'hui, abandonné par ta famille et source palpable de tristesse et de déception pour Jinny et Seraphine, t'as aucune idée de comment t'y prendre pour essayer de retrouver ton chemin. Le bon chemin, cette fois-ci.

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"It could've been easier-er-er Could've tried at the least Been what you said you gonna be But no, but no" ♪ Un hurricane pour moi, et un jus de fruit pour lui, énonça Seraphine presque en riant tant s’était ridicule de ne pas voir Cain boire. Mais elle ne se risquerait pas à l’empoisonner, au vu de la dose de calmants qu’il avait certainement ingurgité. A moins que tu ne préfères une soupe ? le nargua-t-elle en allant s’installer avec lui. Elle lui tira d’ailleurs la chaise, comme aux petits soins. Seraphine se sentait plutôt bien, un peu plus légère que d’ordinaire sans surprise : se confier sur l’un de ses secrets les plus pesants l’avait rafraîchie. S’il était un homme différent ? Évidemment, mais elle avait dit ça de la sorte sous le coup de l’amertume. Elle culpabilisa bien vite, malgré la déception qu’elle avait pu ressentir, il ne lui devait rien. Alors, plutôt que de chercher à se justifier pour encadrer de net cette situation floue et embrouillée, elle l’écouta. Sa culpabilité à lui commençait à remonter et elle comptait bien éviter le raz-de-marée plutôt que d’éponger le tout. Alors, elle réfléchit une seconde. Elle pensait la même chose, sans le savoir à cet instant, que Cain : Je crois bien… que nous sommes un condensé de ce que les autres veulent voir en nous, mais aussi de ce qu’on croit mériter d'être. Dans cette réponse évasive, Seraphine se laissa sourire. C’était à propos. La jeune femme compris que cet "autre" décrit par Jinny Hex n’était pas Cain, ça n’avait jamais été lui. Marionnette brisée aux mains des Turnbull, elle se demandait comment elle avait fait pour ne pas reconnaître les signes plus tôt. Déjà enfant, son personnage et sa personne s’étaient dissociés. Un joli jouet cassé, voilà certainement ce que Seraphine avait toujours un peu vu en cet homme qu’elle avait secrètement aimé. S’ils avaient vu, ses parents, la façon dont il s’était toujours démené pour leur plaire. Puis, déçus, leurs visages imperturbables avaient façonné un reflet insatisfait et amer : Cain lui-même. Enfant, Seraphine ne parlait que peu mais sa personnalité babillarde avait pu voir le jour en sa présence, lui qui avait été un temps si réservé. Ce n’est pas pour ça qu’elle n’avait pas observé. Cette sortie avec son ami d’enfance avait un goût de souvenir de vacances, un air frais aux senteurs de gombo louisianais. Même si Seraphine l’avait oublié, cela avait parfois du bon d’être nostalgique, de revivre des moments doux et non éreintants. Le jeune entrepreneur lui avait donné du baume au cœur, et elle voulait en faire de même. Oublies ça. Je sais qu’on a été séparés plutôt longtemps et t’aurais raison de dire que je n’ai sans doute vu qu’une version idéalisée de toi. Mais sans vouloir m’avancer je dirais que je te connais quand-même bien. Seraphine bu une gorgée de son cocktail avant de le regarder de nouveau. Pas un Cain que j’aurais transformé pour qu’il me plaise, ni ce Cain que tu t’es créé au fur et à mesure. Elle baissa la tête vers son verre pour remuer la joli boisson orangée, pensive. Je ne pense pas que tu sois en train de te perdre, mais bien que tu te trouves enfin. Elle lui sourit, presque avec fierté. Quelques années et une rouquine avec un flingue plus tard, il était là. Tant pis si il avait fallu en passer par un cicatrice moche pour en arriver là, Seraphine ne pouvait plus lui en vouloir maintenant qu’elle avait compris. Je t’envie, concéda-t-elle. Mais je suis contente d’assister à ça. Elle lui leva son verre. Pas que ça devienne une habitude de trinquer entre eux, mais presque. 66, finit-elle par ajouter, pour détendre l’atmosphère. Et j’ai commencé après toi. Non, même si ça s’en rapprochait, elle ne parlait pas de sa collection de paire de chaussures. Et pour l’instant, je vais m’arrêter là. Elle s’accouda à son dossier pour siroter son Hurricane en soupirant. Fallait-il qu’elle se justifie, du coup ? Elle savait qu’il ne serait pas bon d’en parler, mais elle se lança : J’ai rencontré quelqu’un. Se pinçant l’arrête du nez, Seraphine échappa au regard que lui lançait son ami. Elle n’était pas sûre de vouloir des conseils, mais elle avait besoin de poser des questions. En plus de ça, si ça pouvait un peu lui changer les idées, à Cain, elle serait gagnante. Depuis lui c’est… disons que j’arrive pas à passer à autre chose. Elle se débarrassa de sa paille pour boire de nouveau, l’alcool pour seul remède dans cette vie compliquée qu’était la sienne. Jamais dans l’abus, mais elle savait le reconnaître quand elle en avait besoin. Complètement ignorante du fait que son ami pouvait se téléporter, elle resta raisonnable histoire de pouvoir le ramener en cas de problème. Et, comme prête à se confier un peu à son ami, ancien et nouveau, elle se laissa aller à parler. J’ai jamais… enfin je crois pas avoir déjà vécu ça. Je crois que j’ai merdé moi aussi. Elle jouait avec la petite ombrelle qui décorait sa boisson, en essayant de raconter au mieux mais de façon à paraître moins absurde que ça ne l'était. On a couché ensemble. Je crois que ça n’aurait pas dû arriver mais bon, le mal est fait. Elle soupira avec un sourire : elle n’était pas prête d’oublier cette nuit-là. Elle ne regrettait pas, mais ce qui en avait résulté la rendait folle. Après, on s’est disputé, tu sais m'ouvrir c’est déjà “compliqué” mais là, c’était trop rapide. Elle se massait le front à présent : Maintenant je crois que j’ai fait une erreur. Il ne m’a pas appelé, mais j’aurais tué pour que ça arrive. Euh-... sans mauvais jeu de mots, s’excusa-t-elle auprès de son ami. Elle jeta un œil par la fenêtre du petit café : Je crois bien que je suis addict.

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Te trouver ? Oui, c'est sans doute ça. Ce que t'es heureux de l'avoir retrouvée, cette fille. Elle est  un point d'ancrage primordial dans la tempête qu'est devenue ton existence depuis que Jinny Hex s'est révélée au monde. Tout a changé dans ton quotidien d'entrepreneur bien étable dès lors qu'on t'a demandé de briser une fois pour toute la malédiction des Turnbull en exécutant la dernière descendante de l'homme responsable de votre chute. Mais en quoi le meurtre est-il synonyme d'élévation ? Jinny serait morte, et puis quoi ? Qu'est-ce que vous auriez gagné ? Qu'est-ce que tu aurais gagné ? Du sang sur les mains et un reflet brisé, sans doute. Ils auraient été satisfaits, soulagés de la savoir six pieds sous terre, et peut-être que tu l'aurais été un peu toi aussi, avant de réaliser qu'un tel acte est tout bonnement l'équivalent de vendre ton âme au diable. Voilà ce que tu serais devenu, une coquille vide. T'aimes à croire que tu t'es raisonné par toi-même, mais en vérité, c'est elle qui t'a ouvert les yeux. Elle t'a montré sans même s'en rendre compte qu'elle n'avait absolument rien du monstre que l'on t'a si souvent décrit. T'as cherché le démon mais tout ce que t'as trouvé c'est une fille un peu paumée, qui n'a jamais réussi à trouver sa place dans ce monde trop grand pour elle. Un peu comme toi. « Tout ce que j'ai été jusqu'à présent, c'est ce qu'ils m'ont demandé d'être. » Et c'est étrange de le dire à haute voix. C'est comme accepter tout ce que tu t'es évertué d'oublier pendant toutes ces années. Le voile du déni était terriblement épais, et il a fallu une cowgirl pour venir le déchirer. Maintenant, il va te falloir apprendre à te reconstruire, sans personne pour tirer les ficelles. Tu sais que ce ne sera pas facile, parce qu'en plus de te trainer avec des casseroles, tu t'y prends un peu tard pour révéler qui tu es vraiment. Mais qu'importe. Même si le chemin est tortueux, même si tu tombes plusieurs fois, tu sais qu'au bout attend ni plus ni moins que le véritable Cain Turnbull. « Merci, Sera. Vraiment. » T'es pas toujours très éloquent, surtout quand il s'agit de parler de toi, mais tu sais qu'elle mesurera totalement à quel point tu lui es reconnaissant. Elle a toujours les mots justes. Ceux que t'as besoin d'entendre pour continuer d'avancer.

Après avoir trinqué avec elle, tu manques de t'étrangler avec ton jus d'ananas. Quoi ? Soixante-six ? « T'as un carnet où tu notes leur performance, aussi ? » Taquin, tu ne peux t'empêcher d'éclater de rire face à la précision de cette liste. Epatant. Et joli score. Toi, en revanche, tu ne sauras en faire autant. Tout simplement parce que ça n'a aucune importance à tes yeux. Ça ne vaut même pas la peine que tu cherches à les compter. Ce ne sont que des instants éphémères qui n'existent plus aujourd'hui. Mais au-delà du nombre qui ricoche sur toi sans aucun jugement, c'est plutôt la suite qui t'intrigue. Seraphine Magpie qui compte s'arrêter à soixante-six, comment ça ? Les sourcils froncés, suspendu à ses lèvres, t'attends la suite avec impatience. Tu sais qu'elle va aller jusqu'au bout de sa pensée, et même si tu penses deviner pourquoi, la théorie te paraît tellement étonnante que t'as besoin de l'entendre de sa proche bouche. « T'as rencontré quelqu'un. » Oui, même si t'as anticipé la réponse, faut que tu répètes pour assimiler la nouvelle. « Oh. » Attention, t'es extrêmement heureux pour elle, c'est juste que c'est plutôt inattendu. Lors de vos retrouvailles elle ne t'a pas mentionné une seule fois un homme qu'elle aurait rencontré. C'était certes peut-être un peu tôt, mais quand même. Rapidement, Seraphine te détaille les circonstances de cette nouvelle relation qui a l'air un brin compliquée – et rien de bien étonnant, depuis quand elle joue dans la cour de la facilité. Enfin, honnêtement, qu'est-ce que tu en sais ? Pas de bol, de tous ses proches, elle a probablement choisi le pire pour parler d'amour. Parce que t'es sûrement le seul qui ne l'a jamais vécu. Jamais éprouvé. « En quoi refuser de se dévoiler trop vite c'est faire une erreur ? » Peut-être que tu comprends vraiment rien à rien, mais une relation ce n'est pas censé se construire petit à petit, au rythme de chacun et sans pression ?

Okay. Très bien. Elle est véritablement en train de te parler de coup de foudre. Et c'est pas que ça te met mal à l'aise, c'est juste que tu ne sais pas trop quoi lui dire. T'as jamais été dans une telle situation, ni de près ni de loin, alors comment tu pourrais convenablement la conseiller ? Bon allez Turnbull, fais un effort. Elle a toujours été présente pour toi quand tu en as eu besoin, c'est maintenant à ton tour de lui prouver que t'es pas un ami en carton. « Et pourquoi toi tu l'appelles pas ? » Oui, t'es bien au courant de toutes ces histoires de fierté, mais à quoi bon souffrir dans son coin quand l'on pourrait mettre les choses au clair ? Et pour le coup, ça ne concerne pas uniquement les relations amoureuses, ce principe s'applique pour presque tout. Même si bien évidemment, c'est toujours plus facile à dire qu'à faire. « Je veux dire, si tu tiens vraiment à lui et que t'aimerais aller plus loin, autant bien commencer et tout miser sur la communication, non ? Je sais que je suis pas le mieux placé pour donner ce genre de conseils, mais regarde-moi, je crois que les regrets me font plus de mal aujourd'hui que la plaie sur mon abdomen. Si tu veux pas finir comme ça toi aussi, arrête de te poser trop de questions et fais le premier pas. » Depuis combien de temps elle attend de ses nouvelles ? Tu le connais pas ce type, mais t'as subitement l'envie de lui en coller une pour la mettre dans une telle confusion. Voire, souffrance. « Et puis c'est quoi ça, il te fait vraiment la gueule parce que t'as pas voulu te dévoiler trop vite ? » T'aimes à croire que si il tient réellement à elle, et s'il en vaut vraiment la peine, que les choses rentreront très vite dans l'autre. Dans le cas contraire, elle n'aura aucun mal à trouver mieux. « Vous vous êtes rencontrés comment ? Ça fait longtemps que c'est comme ça ? » Ouais parce que bon, t'as pas envie de la pousser à retourner vers lui si le mec est un gros toquard. Et oui, c'est toi qui dis ça.

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"It could've been easier-er-er Could've tried at the least Been what you said you gonna be But no, but no" ♪ Tu me prends pour une psychopathe, c’est ça ? rétorqua Seraphine en fronçant les sourcils. Les compter n’avait été volontaire, mais sa mère avait toujours enrobé son enfance de rose et de paillettes et l’avait tartiné de racontars sur le prince charmant. Alors, malgré elle, et même en réalisant avec quelle dureté le monde était éloigné de celui dépeint par sa génitrice, Seraphine avait attendue. Bien entendu, l’homme qui ressemblait le plus à un chevalier servant dans son entourage ça avait été Hiro. Et si maintenant il était davantage la belle aux bois dormant, elle avait constaté avec quelle aisance les hommes avaient défilé dans son existence. La brunette laissa tout de même son âme se réchauffer alors que son ami riait de bon cœur. Elle était heureuse si elle avait pu ne serait-ce que l’éclairer un peu, et espérait que ce serait comme ça à l’avenir, même si elle se devrait de le partager avec l’héritière des Hex. La nouvelle qu'elle lui annonça de son côté avait eut l’air d’afficher un code erreur 404 sur son visage. Elle voyait bien dans ses yeux qu’il cherchait ses mots, et elle ne lui en voulu pas. Il n’y aurait eut personne d’autre pour confier ses doutes que Cain. Seraphine, en sa présence, ne se sentait ni jugée ni juge. Cependant, il lui posa une colle : Je… Je ne sais pas, réfléchit la brunette. Je n’ai aucune idée de comment c’est sensé marcher. Tout ce que je peux dire… C’est que c’est un rapide, de nature. Évidemment il était difficile d’en dire plus à son ami sans compromettre l’identité d’un des héros de Star City. Je ne peux pas. Je lui ai laissé mon numéro, mais de mon côté je me suis -pour ainsi dire- enfuie. Elle tritura son gant, la mine embêtée. La situation était bizarre à bien des égards mais c’est en l’expliquant à voix haute que cela lui sauta enfin aux yeux. Elle releva la tête vers lui alors qu’il semblait s’énerver. Elle réprima un sourire. Pour un mec qui disait ne pas trop savoir de quoi il parlait, il exposait des points importants. Cependant, Seraphine chercha sur le visage de son ami une réponse qui de toute évidence n’y était pas. Elle se contenta d’hausser les épaules, mal à l’aise qu’il la mette devant le fait accompli. L’antiquaire ne savait presque rien de l’héros qui la rendait chèvre. Se refusant à utiliser son don sur le speedster, il faudrait bien qu’ils parlent dès qu’il aurait décidé de se montrer. Mais quand ? Disons que j’ai découvert un de ses secrets. Et lequel ?! Je lui ai peut-être confié un truc plutôt précieux, sur moi, sans le faire exprès aussi. Elle eut bien du mal à regarder Cain qui n’était pas au courant de son état, plus ou moins problématique de méta-humaine voleuse de secrets. C’était compliqué mais elle essaya de résumer leur rencontre : Il m’a sauvé la vie, soupira-t-elle, encore choquée de la tournure des évènements mais certainement encore plus reconnaissante. Elle n’avait pas pu s'empêcher de penser que son assurance et sa fougue avaient été un contre-coup, voire le syndrome du héros. Mais elle avait eut le temps d’y penser et ça ne pouvait être seulement ça. Seraphine persistait tout de même à vouloir trouver une justification à ces sentiments un peu nouveaux. Ensuite ça a été vraiment “vite”. Oui c’était le cas de le dire. Mais dans tous les cas, tu as raison. Il faut qu’on ait une discussion, s’il se pointe, ce dont Seraphine doutait, et redoutait. Malgré tout, elle gardait espoir. Je persiste à dire que c’est quelqu’un de bien, mieux que la moyenne de mes copains en tout cas, rit-elle jaune. Je vais gérer. D’une traite, elle finit sa boisson avant prêter attention à son ami : elle avait quand même peur qu’il souffre au fur et à mesure que les anti-douleurs s’affadiraient. Ils discutèrent encore un peu, joyeux d’être ensemble. Seraphine, un poids en moins sur les épaules se sentait comme prête à aller de l’avant, dans tous les domaines qui le necessitaient. La rencontre entre Cain et Hiro l’avait égayée aussi, et désormais, la jeune femme pourrait difficilement se passer de cette sensation. Lentement, à petit pas, elle re-découvrait ce que c’était de compter sur quelqu’un. Puis, elle le raccompagna en toute discrétion dans le terne hôpital de Gotham, se promettant de passer aussi souvent tant qu'il ne serait pas sur pieds, prêt à démarrer la construction du nouveau Cain Turnbull. Puis, elle quitta Burnley pour Old Gotham, intimement convaincue qu'il serait difficile de traîner cette solitude dans les prochains jours. Quand on goûte à la présence, s'entourer d'objets, aussi beaux soient-ils, perd de sa saveur.

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La fuite, voilà effectivement une méthode que tu connais bien. Tu n'en as jamais exploité d'autres, d'ailleurs. Une rencontre, une brève étreinte, et un adieu silencieux. C'est ainsi que tu traites les filles, et ce depuis toujours, alors qui es-tu pour émettre un jugement sur la façon de faire de ton amie ? Tu la comprends, il est évident que vous vous ressemblez sur pas mal de points à l'heure d'aujourd'hui. Et votre peur de l'engagement figure sans aucun doute en haut de la liste. T'es pas capable de tenir une relation plus d'une semaine – et encore – ce qui fait de toi un piètre confident pour essayer de la dépatauger de ses problèmes amoureux. Mais ça ne t'empêche pas d'essayer quand même, de l'écouter, et d'envisager les choses sous un angle qui n'est pas celui du séducteur invétéré. Tu ne dis rien, mais il y a un détail qui ne t'échappe pas : elle s'est confiée à lui sur ce que toi tu ignores encore, et tu ne sais pas comment réagir à ça. Tu t'es toujours dit que tu ne la forcerais pas à parler, mais ça ne veut pas dire pour autant que t'es dupe ou stupide. Son secret, tu le vois, tu le ressens, et il a été plus facile pour elle d'en parler à cet inconnu qu'à toi, son ami d'enfance. Alors certes, le temps vous a séparé pendant un long moment, mais depuis tu t'es dévoilé à elle, tu lui as parlé de tes parents et de Jinny, et de cette haine ancestrale qui t'a bouffé la vie. Quand est-ce qu'elle t'estimera assez fiable pour accepter d'enfin confesser ce qu'elle te cache ? Peut-être que c'est injuste, peut-être que c'est injustifié, mais c'est comme ça. Tu ne lui dis pas ce que tu ressens, évidemment, le sujet n'étant clairement pas tes états d'âme d'ami un peu vexé. D'autant que la révélation semble avoir été accidentelle. Mais ça n'enlève rien à la pointe d'amertume qui vient de naitre au creux de ta poitrine. Ses gants son sous ton nez depuis des années, t'espères que le temps d'en percer le mystère est bientôt arrivé. Parce que vous êtes censés vous faire confiance, non ?

Vraiment vite ? T'as aucun mal à visualiser ce qu'elle entend par là, et à première vue, rien de bien différent de sa façon de faire habituelle – la même que toi, en l'occurence. Ce qui change, en revanche, c'est que cette fois-ci, elle semble vouloir plus. Qu'est-ce qui a su la séduire instantanément chez cet homme ? Qu'est-ce qu'il a de plus que les autres, et qui lui donne l'envie d'envisager une véritable relation ? Il est sans doute trop tôt pour qu'elle le sache elle-même, mais ce qui est certain, c'est que tu lui souhaites de trouver l'équilibre dans sa nouvelle histoire. Pour avoir foiré ton amitié avec Jinny, tu sais à quel point la communication est fondamentale. Et combien les secrets et les non-dits peuvent faire mal. « Il a plutôt intérêt. » Oui, c'est l'enfoiré qui laisse en plan les filles qui osent dire ça. Mais justement, t'as déjà pu constater les conséquences de ton comportement de sale con, et tu ne souhaites surtout pas ça à Sera. Elle mérite de trouver quelqu'un de sûr et de stable pour l'aider à affronter ce quotidien pas toujours simple. Et si ce n'est pas Hiro, t'espères que cet homme saura se montrer la hauteur. « C'est pas bien compliqué de faire mieux, non ? » Petite taquinerie pour détendre l'atmosphère. Allez, bien sûr qu'elle va gérer. Tu sais parfaitement qu'une relation c'est effrayant, mais tu ne t'en fais pas pour elle, si c'est ce qu'elle veut vraiment, elle n'aura aucun mal à l'obtenir. « Tu me tiendras au courant, d'accord ? Pour savoir si je dois aller lui casser la gueule ou pas. » Non, t'es pas du genre bagarreur, bien que ton arrogance t'amène parfois dans des situations délicates, mais tu n'en restes pas moins très sérieux. Si ce type lui fait du mal, il aura de tes nouvelles. Histoire de coller au cliché de l'ami un brin surprotecteur. T'as pas été là pour elle pendant des années, alors maintenant peut-être que t'en fais un peu trop. Tu finiras par trouver le juste milieu, promis.

Le retour dans ta chambre est difficile, il t'écrase de solitude. Quand Sera était avec toi, tout semblait aller mieux. Tu ne pensais pas à tes parents, tu ne pensais pas à ta blessure, et surtout, tu ressentais moins les vagues d'émotions de ta rivale. Allongé sur le lit, les yeux fixé au plafond, tu penses à Jinny Hex. C'est difficile cette sensation d'être près d'elle tout en étant terriblement loin. Si Seraphine est déterminée à vouloir donner une chance à sa nouvelle histoire, t'aimerais pouvoir en faire autant avec ce que t'as commencé à construire avec la cowgirl. Jamais auparavant tu n'avais eu l'envie de poursuivre une relation au-delà de son côté éphémère et rassurant. Ce qui est triste là-dedans, c'est que t'auras sans doute aucune chance de réparer tes erreurs, et de cette fois, vraiment te donner la peine de rester dans la vie de quelqu'un. T'aimerais pouvoir mettre ça sur le compte de la fourberie de l'existence, mais en vérité, tu es le seul responsable de ta peine d'aujourd'hui.

sujet terminé

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