Storm is coming Bruce Wayne & Rayna Brodveldt Gotham... Cela faisait maintenant plusieurs jours que tu résidais ici pour apprendre à connaître Zatanna. Vos retrouvailles inespérées s'étaient en effet déroulées ici, dans la ville du Chevalier Noir. Tu ne l'avais jamais vu ce chevalier, tu ne savais pas vraiment qui il était, mais tu avais lu beaucoup de choses sur lui. Le concept d'un héro masqué était encore quelque chose d'étrange pour toi car chez toi, à Arcadia, personne n'avait à se cacher. Vous n'aviez pas ce genre de héros, vous n'aviez tout simplement pas de justicier. Batman, Superman, Aquaman, et tous ces noms en man... Ça faisait vraiment beaucoup d'informations à assimiler en plus de tout ce que tu devais apprendre sur les us et coutumes de Midgard, la Terre. Orm avait commencé ton apprentissage. C'était lui qui t'avait trouvé sur cette île déserte lorsque tu avais pour la première fois franchi le portail. Blessée, exténuée et complètement dépourvue d'énergie après l'avoir refermé, tu avais perdu connaissance. Et quand tu t'étais enfin réveillée, l'Atlante était là, tout près de toi. Il t'avait rassuré, il t'avait soigné puis il t'avait guidé. Sans lui, nul doute que tes premiers pas sur Terre n'auraient pas été si agréables. Tu lui en serais à jamais reconnaissante, tu ne l'oublierais jamais. D'ailleurs, tu avais bien l'intention de le revoir et de retourner très vite à Morro Bay, là où il t'avait trouvé un toit et de quoi manger. Tu avais goûter ta première pizza et bu ton premier verre de vin midgardien. La pizza était délicieuse, vraiment, mais le vin... tu préférais nettement celui d'Arcadia. Tu avais ensuite poursuivi ta route seule, découvrant les joies d'un long trajet dans ce long carrosse de métal que les humains appelaient bus. Tu n'avais pas franchement aimé ce voyage, regrettant presque les journées de marche et de cheval que tu avais l'habitude de pratiquer chez toi, avant d'être emprisonnée pendant cinq foutues longues années bien sûr... Ici, quelques heures de bus avaient suffit à te conduire à Los Angeles, la Cité des anges, où tu avais pu visiter le musée de la magie et découvrir comment les midgardiens percevaient les tiens. Tu avais été fortement déçue. Si chez toi les mages étaient respectés, ici, ils n'étaient que le symbole de l'arnaque, de l’esbroufe, des tours de passe-passe. Condamnés à faire sortir des lapins de chapeaux pour le bon plaisir des badauds. Ici, la magie n'était qu'un divertissement qui n'était pas pris au sérieux. Ça te fendait le cœur mais au moins... au moins la magie n'était pas une arme de pouvoir comme à Arcadia. C'était déjà ça.
Dans ce musée, tu avais cependant fait une découverte beaucoup plus intéressante. Une affiche, l'affiche d'un spectacle, d'une magicienne et pas n'importe laquelle. Tu l'avais immédiatement reconnu et ton sang n'avait fait qu'un tour. Zatanna Zatara... C'était elle, tu en avais été certaine. La femme que tu avais vu dans le miroir alors que tu n'étais qu'une enfant. A l'époque, tu ne maitrisais absolument pas ta puissance et tu avais, malgré toi, ouvert un premier pont vers Midgard. Ce pont s'était matérialisé dans le miroir de ta chambre où tu avais vu le visage d'une femme et cette femme, c'était elle, Zatanna. Tu l'avais immédiatement reconnu. Tu avais alors demandé au guide du musée où tu pouvais la trouver. Il ne savait pas mais il t'avait conseillé de te rendre à Gotham, là où elle avait un pied à terre. Tu avais suivi son conseil et ta magie, votre magie avait fait le reste. Le lien qui vous unissait t'avait mené droit jusqu'à elle, jusqu'à son manoir. Cette nuit là, tu avais erré seule dans les rues de Gotham. Tu avais découvert une part beaucoup plus obscure de l'humanité qui était en pleine reconstruction après de terribles évènements. Mais Gotham... Gotham tu sentais qu'elle était déjà plongée dans les ténèbres bien avant cela. Son aura obscure et sinueuse ne trompait pas. Cette nuit là, tu avais donc retrouvé Zatanna, vous aviez parlé, beaucoup. Vous aviez fait connaissance, vous aviez rattrapé le temps perdu. Puis le lendemain, et les jours suivants, tu t'étais laissée prendre au jeu du tourisme, comme disaient les humains, délaissant malheureusement ta quête, grave erreur. Tu comprenais d'ailleurs rapidement cette erreur lorsqu'en flânant aux bords de la baie de Gotham, ton passé t'avait rattrapé de plein fouet. Tu avais cru pouvoir t'octroyer quelques jours de répit après toutes les épreuves que tu avais enduré? Tu avais vite pris conscience que c'était impossible. Les hommes de ton père avaient retrouvé ta trace et t'avaient tendu un piège au milieu de la foule des humains. Tu l'avais alors voulu ce combat, au moins autant qu'eux, mais l'arrivée soudaine de ton oncle t'avait littéralement chamboulé. Lui qui t'avait trahi de la plus atroce des manières, lui qui avait fait bruler ta propre mère en plongeant son regard empli de mépris dans le tien... La haine t'était montée et tu avais bien failli déchainer les éléments, emportant avec toi les vies de tous les humains qui vous entouraient. Tu avais alors du fuir pour les protéger mais cela t'avait remis les idées en place. Tu devais désormais te consacrer à ta quête. Trouver le voyageur, arrêter les hommes de ton père et retourner libérer Arcadia du joug du Conseil.
Tu avais travaillé des heures et des heures sur un sortilège capable de les neutraliser sans les tuer. Car ôter une vie n'était pas une option envisageable. Tu l'avais déjà fait, tu savais t'y résoudre lorsque cela était nécessaire. Mais si tu pouvais l'éviter, si tu pouvais trouver un autre moyen, alors tu le faisais. C'était d'ailleurs ce que tu avais fait avant de te lancer à leur poursuite, tu avais trouver un autre moyen. Et cet autre moyen, tu le portais autour de ton cou alors que tu errais dans les rues de Gotham à la recherche de leurs signatures magiques. Ils t'avaient vu, ils t'avaient suivi, ils savaient que tu étais à Gotham, ils étaient forcément encore là. Mais ici, dans ce monde, c'était beaucoup plus difficile de déceler leurs magies. Non seulement ils faisaient très certainement tout ce qu'ils pouvaient pour la camoufler mais en plus, la surpopulation de cette Terre et la dégradation de son environnement n'arrangeaient pas les choses. Tu étais reliée aux quatre éléments et leur maltraitance sur Midgard t'affectait toi aussi. Tu devais apprendre à t'adapter, à contourner ces nouveaux obstacles d'un autre monde. Ça te prendrait du temps mais tu y parviendrais, tu en étais sûre. Mais en attendant, tu te sentais impuissante, démunie et tu détestais cela. Il t'en fallait cependant bien plus pour baisser les bras. En réalité, tu n'étais pas du genre à baisser les bras, ils allaient vite le découvrir. Ce jour là, tu avais parcouru la ville en long, en large et en travers. Sans utiliser ta magie bien sûr. Déjà parce que tu étais pour la modération de la magie mais aussi pour ne pas leur donner de la matière à te retrouver toi avant eux. Malheureusement, tu n'avais rien trouvé... jusqu'à... jusqu'à ce que le soleil ne se couche. Là et seulement là, tu avais décelé quelque chose. C'était infime, presque imperceptible mais tu l'avais senti. Un des mages de ton père n'était pas loin. Suivant son aura, tu avais marché jusqu'à cette chose étrange que les humains appelaient un métro aérien. Tu devais l'avouer, c'était impressionnant de voir cet engin circuler en hauteur, au milieu des buildings. Tu ne trouvais pas ça forcément esthétique, c'était même plutôt étouffant, mais c'était typiquement... midgardien. Dans ce monde, la nature avait été oubliée, effacée au profit de la modernité et de la technologie. Tu le déplorais sincèrement, les somptueux et naturels paysages d'Arcadia te manquaient terriblement. Le mal du pays sans doute.
Tu te demandais bien ce que l'un des hommes de ton père pouvait bien faire dans ce métro... Il s'agissait peut être d'un piège. Tu envisageais bien évidemment cette possibilité, mais piège ou pas, tu devais le retrouver, tu devais le capturer. Tu t'étais préparée, ton sortilège était sans faille, tu étais confiante. En revanche, tu appréciais beaucoup moins la présence de tous ces humains autour de toi, tandis que tu te frayais un chemin dans les wagons étroits. Une fois que tu aurais trouvé ta cible, tu devrais vite vous transporter ailleurs pour ne mettre personne en danger. Vêtue comme une humaine, tu étais passe-partout, personne ne te remarquait et tu en profitais pour scruter chaque individu, chaque visage. Tu connaissais tous les hommes de ton père, et ce sans exception, vous aviez tous grandi ensemble, tu le reconnaitrais. Tu ne comprenais donc pas lorsque tu arrivais dans le dernier compartiment de ne pas l'avoir trouvé. Tu étais passée à côté de quelque chose, c'était évident. Un sort de dissimulation, il avait forcément utiliser un sort de dissimulation. Fourbe, minable... Tu méprisais ceux et celles qui ne savaient pas la jouer à la loyale. Avait-il si peur de toi qu'il n'osait pas t'affronter comme un homme? Tu pestais avant de faire marche arrière, recherchant le pique de magie que tu ressentais. Là, tu t'asseyais sur le premier siège vide que tu trouvais dans les alentours et scrutais chaque visage autour de toi. Il était là, tu en étais certaine, dissimulé parmi les humains par un enchantement des plus basiques, mais il était vrai des plus efficaces. Ton regard améthyste se posait donc sur chaque humain, tu essayais de ne pas avoir recours à la magie pour le démasquer. Le métro s'arrêtait et une bonne dizaine de personnes descendaient. Personne ne montait. C'était toujours bon à prendre une bonne dizaine de victimes potentielles en moins. De toute manière, tu ne laisserais rien arriver à tous ces gens. Quitte à démasquer ta véritable identité, quitte à te mettre en danger, tu ne laisserais rien leur arriver. Le métro redémarrait alors et tu entendais un murmure.
« Vas-tu encore fuir petite biche? »
Tu relevais la tête, le murmure venait de ta gauche.
« J'espère que non... »
Le murmure venait de ta droite. Tu te levais, t'agrippant à cette barre métallique qui trônait au beau milieu du wagon.
« J'ai toujours rêvé d'une danse avec toi. »
Le murmure venait de derrière toi et tu sentais une lame dans ton dos. Tu levais les yeux au ciel et ne te retournais pas. Tu réfléchissais à la meilleure option.
« Où est le voyageur petite biche? »
Demandait-il au creux de ton oreille, prenant visiblement un malin plaisir à être si proche de toi. « Si c'est pour cela que tu n'enfonces pas la lame alors tu perds ton temps Ruald. Je ne sais pas où est le voyageur. »
Et oui, sa voix, tu l'avais reconnu. Il était vrai qu'il t'avait toujours couru après le bougre, aussi loin que tu t'en souvenais, mais ton cœur n'avait pas vacillé une seule fois pour son regard de bouc et son haleine de fouine.
« Oh non ma douce. Si je n'enfonce pas la lame entre tes reins c'est uniquement parce que ton père te voudra vivante et que je veux être dans ses bonnes grâces. »
Ton regard devenait soudain plus sombre, la corde sensible, ton père... votre inéluctable affrontement qui verrait assurément l'un d'entre vous périr dans d'horribles souffrances.
« Alors là aussi tu perds ton temps. Mon père n'a de bonnes grâces pour personne et encore moins pour un minable comme toi. »
« Toujours la même, hein Rayna? Même dans la plus mauvaise des postures, tu te crois meilleure que les autres. »
« Ça t'excite Ruald? »
Demandais-tu en te collant à lui pour le déstabiliser. Toi aussi tu savais jouer sur la corde sensible. Les hommes... En un tour de bras, littéralement, tu en profitais pour retourner la situation. La lame était dans ta main et tu la faisais immédiatement disparaitre. Tu ne voulais pas créer un vent de panique, tu savais qu'il y avait des caméras de surveillance absolument partout dans ce nouveau monde et tout particulièrement dans les lieux publics comme celui-ci. Tu faisais alors mine d'avoir trébucher sur Ruald pour ne pas attirer les soupçons.
« Tu veux vraiment qu'on se fasse remarquer crétin?! Que dira mon père quand il saura que tu as révélé notre existence aux humains? »
« Pas de témoin, pas de révélation. »
Une autre voix, derrière toi. Bon sang, ils étaient deux... Edelgart était vraiment doué pour la dissimulation, y'avait pas à dire, c'était vraiment son point fort. Excellent choix stratégique de ton père, tu devais le reconnaître.
« On dirait bien que tu n'es pas au sommet de ta forme Rayna... »
Ruald esquissait un large sourire. Tu te retournais alors vers l'autre mage, Emmon Farbeck.
« Ta punition a finalement porté ses fruits. »
Les regards des passagers commençaient sérieusement à devenir insistants sur vous et tu comprenais aisément pourquoi. Mais ce qui tinquiétait le plus, ce n'était pas ça, oh non, c'était la phrase d'Emmon. Pas de témoin, pas de révélation... Pas besoin de traducteur pour savoir où il voulait en venir. D'un geste de la main, il désactivait les caméras du wagon avant de serrer le poing et tous les passagers du wagon s'endormaient. Un sort de sommeil... Tu validais, c'était mieux que de tous les tuer, tu étais d'ailleurs surprise par cette prise de position. Agréablement surprise.
« Tu vois Rayna, ça peut se passer dans les meilleures conditions. Notre but n'est pas d'exterminer les humains, nous voulons juste le voyageur... »
Il s'approchait lentement de toi en disant tout cela.
« ... et toi bien sûr. »
Ajoutait-il en attrapant délicatement une mèche de tes cheveux. Tu reculais immédiatement la tête pour extirper ta chevelure de ses doigts ignobles.
« Cependant, s'il faut ôter quelques vies pour y parvenir, tu me connais, je n'hésiterai pas. »
« Oh oui je te connais... »
Tu devais sévèrement te retenir pour pas lui balancer une merde au visage. Il était dans de bonnes dispositions envers ces humains, alors tu ne voulais pas que ça change.
« Et si tout ce que tu dis est vrai, alors laisse descendre tous ces humains et nous pourrons discuter. »
« Ca ne marche pas comme ça Rayna, tu n'es pas en position d'exiger quoi que ce soit. Ces humains resteront là jusqu'à qu'on ait des réponses et des garanties. »
Une bonne vieille prise d'otages, voilà à quoi s'apparentait ce que faisait Emmon. Il partait alors à l'assaut de chaque wagon pour désactiver toutes les caméras et faire dormir tous les passagers, sans exception. Le chauffeur avait déjà été ensorcelé pour conduire sans s'arrêter ni alerter les secours. Le métro roulerait sans cesse jusqu'à ce que les mages aient ce qu'ils voulaient de Rayna.
Le chiffre quatre représentait, ou pouvait représenter, beaucoup de choses. Le nombre chinois symbole de la mort. Le nombre de points cardinaux. Les éléments mystiques fondamentaux. Le nombre de roues sur une voiture. Les côtés d'un carré ou d'un rectangle. Les quatre cavaliers de l'Apocalypse. Tant de choses, dans tout ce qui était possible et imaginable.
Quatre, c'était aussi le nombre de victimes que le Chevalier Noir venait de trouver, à quelques dizaines de mètres d'une station du métro aérien.
Le GCPD n'était pas encore arrivé, mais il était tombé dessus par pur hasard... ce qui n'était pas fréquent. Lui qui avait souvent l'œil vigilant, braqué partout, il voyait cette fois quelque chose d'inattendu, et surtout, de surprenant. Il n'avait encore jamais eu affaire à des meurtres comme ceux-ci, malgré sa longue collection depuis tout ce temps. Les quatre victimes étaient des hommes, et les points communs ne s'arrêtaient pas là. Voilà pourquoi le chiffre quatre revenait dans son esprit, tournant comme une énigme.
Car justement, il y avait une énigme autour du chiffre.
Quatre hommes, tous les quatre tatoués au même endroit, à la base du cou. Le tatouage représentait évidemment le chiffre quatre. Ils avaient tous la même coupe, la même blessure nette et profonde au niveau du cœur. Quelqu'un s'était donné beaucoup de peine pour attirer l'attention, pour signer son œuvre macabre. Et le Batman avait bien l'intention de trouver de qui il s'agissait. Mais peut-être que ça ne serait pas si facile que ça. Car alors qu'il relevait la tête, en quête d'un autre indice autour de la scène de crime, il perçut le bruit du métro aérien.
Tournant la tête pour l'observer, il remarqua alors quelque chose qui l'inquiéta. Deux hommes encerclaient une femme, et personne ne réagissait. Il abandonna alors la scène, se précipitant vers le transport automatisé. La priorité restait, dans l'immédiat, de sauver quelqu'un ayant potentiellement des ennuis. Ses craintes furent confirmés très vite, lorsque le métro s'arrêta à la station puis repartit : personne ne bougeait à l'intérieur. Tout le monde était figé... dans un sommeil profond, visiblement. Par précaution, Bruce analysa les visages des trois personnes conscientes : la femme lui était inconnue, et les deux hommes aussi.
Des nouveaux.
Il attendit un peu, sur le toit du transport, pour voir comment la situation évoluerait ; il était inutile d'intervenir sans qu'il ne maîtrise la situation et sans commettre d'erreur. Même si, en vérité, c'était surtout cette dernière partie dont il voulait se débarrasser : savoir qui était l'agresseur et qui était la victime, pour ne pas se tromper. Il n'eut, toutefois, pas à attendre longtemps. Très vite, il remarqua que les deux hommes maîtrisaient la magie et endormaient tout le monde dans le métro. L'un d'eux s'éloigna pendant de longues minutes, avant de revenir tourmenter la femme.
C'était donc le moment d'intervenir.
La magie était un art qu'il ne maîtrisait pas, et qu'il avait toujours évité d'essayer. Il n'avait pas le don pour être comme Zatanna, ou Constantine, et c'était peut-être pas plus mal ainsi. Il avait toutefois étudié beaucoup de ses aspects, et même s'il n'était pas spécialement armé contre, il savait se débrouiller pour se défendre ou tromper un adepte de la magie. En l'occurrence, il allait user d'une bonne vieille technique, qui marchait très bien sur beaucoup de gens, magiciens ou non : le théâtral.
Il s'engouffra dans le métro, désactivant alors toutes les lumières et la rame : le métro s'arrêta doucement dans un crissement assourdissant, tandis que les trois personnes étaient plongées dans l'obscurité.
Mais lui, il pouvait encore voir. Grâce à son masque, et grâce à son entraînement. Il était juste à côté d'eux, et ils n'en avaient même pas conscience.
« Je vous conseille de cesser de l'importuner. Ou vous aurez affaire à moi. »
Des ténèbres, sa voix s'élevait. Et elle était terrifiante.
Storm is coming Bruce Wayne & Rayna Brodveldt Tu jouais la carte de la prudence et de la patience sur ce coup là. Tous ces humains qui peuplaient le métro aérien étaient encore en vie et tu comptais bien à ce qu'ils le restent. Hors de question de jouer les aventurières ou les guerrières. Tu aurais pu déclencher, là, maintenant, un véritable combat mais cela aurait été bien trop risqué. Emmon était instable, il l'avait toujours été. Et si tu pouvais encore espérer radoucir Ruald en battant un peu des cils, il n'en serait assurément rien pour son comparse. Non pas qu'il n'aimait pas les femmes mais il leur accordait beaucoup d'importance que Ruald. Il ne voyait que par la magie, que par le pouvoir et il savait pertinemment que pour accéder à ce fameux pouvoir, il devait accomplir et réussir sa quête sur Midgard. Retrouver et tuer le voyageur. Toi... Et bien, en réalité tu étais une quête secondaire car, au moment où ils ont franchi le portail sur Arcadia, les hommes de ton père ne savaient pas que tu t'étais échappée de ton donjon. Ils ont découvert ta présence sur Midgard, justement sur Midgard, en sentant ta magie et ton aura, pour les plus puissants d'entre eux. Ton père n'avait donc pas pu leur donner le moindre petit ordre à ton sujet mais il n'en avait pas besoin, c'était une évidence. Toi évadée, il voudrais te récupérer, coûte que coûte, en vie. Alors, celui qui parviendrait à te ramener à lui en un seul morceau, il se verrait forcément récompenser et de manière plus que généreuse. Tu étais donc une quête secondaire mais très certainement très convoitée. Tant mieux... ils viendraient donc les uns après les autres à ta rencontre, te facilitant ainsi drôlement la tâche. Avantage sur lequel tu ne pouvais pas cracher. Bien évidemment, être une cible vivante présentait des risques, de gros risques. Tu n'étais pas toute puissante ou invincible, loin de là. Oui tu étais destinée à de grandes choses, oui ta possible puissance avait inquiété les plus grands... Mais ta victoire n'était pas garantie. Voilà pourquoi tu restais méfiante et ne te considérais pas indestructible, bien au contraire. D'autant plus que sur cette Terre, tu avais perdu tes repères, tu étais déstabilisée. Sans parler de la présence de ton oncle qui t'avait chamboulé et dont tu savais qu'elle pouvait te faire perdre le contrôle.
Alors, quand Emmon te disait que tu n'avais pas le luxe d'exiger quoi que ce soit et que les humains resteraient là... Tu restais silencieuse. Ils étaient en vie, c'était le principal. Malheureusement, des réponses et des garanties, tu n'en aurais pas à lui offrir... Tu devais trouver un plan pour vous faire quitter ce métro. Ailleurs, tu pourrais utiliser ton sortilège sans prendre le moindre de risque. Seule avec Ruald, tu avais attendu en silence qu'Emmon revienne. Tu savais très bien ce qu'il était parti faire. Désactiver l'ensemble des caméras et endormir tous les autres passagers. Mais combien de temps? Combien de temps le métro pourrait-il continuer à rouler sans que personne ne donne l'alerte? Il y allait bien avoir des gens qui allaient s'inquiéter, des gens qui voudraient monter ou des gens qui attendraient leurs amis, leurs proches. La discrétion que vous deviez préserver ne serait pas bien maintenue longtemps, tu devais jouer là dessus pour convaincre Emmon de poursuivre ailleurs. Très vite il revenait près de toi. Son regard ne laissait aucun doute, il était bien déterminé à obtenir des réponses.
« Alors Rayna...? Tu as eu le temps de réfléchir à ma proposition? Tu vas me dire où est le voyageur ou je dois tuer l'un de ces humains pour te convaincre de mon sérieux. »
« Et bien... J'étais sur une piste mais je ne suis sûre de rien, moi aussi je le traque, tout comme vous. Même si ce n'est pas pour les mêmes raisons bien sûr. Je peux vous proposer de m'accompagner, c'est tout ce que j'ai. Je peux ouvrir un portail et nous y serons dans quelques secondes. »
Tu mentais bien sûr, tu n'avais aucune piste mais c'était l'occasion rêvée de créer un portail et de quitter ce maudit métro. L'occasion rêvée d'éloigner tous ces innocents de TES embrouilles. Emmon allait te répondre, tu étais suspendue à ses lèvres, quand soudain, toutes les lumières s'éteignaient et le métro s'arrêtait. Quoi? Tu étais prise au dépourvue. Devais-tu t'attendre au pire? Ton oncle? C'était en effet à lui que tu pensais immédiatement. Ruald s'emparait alors de toi, dégainant une nouvelle lame qu'il plaçait sous ta gorge. Tu le laissais faire sur le moment, il te manquait trop d'informations pour agir, pour prendre le moindre risque. Ruald ne te trancherait pas la gorge de toute manière, tu le savais. Mais son geste t'informait sur l'identité du nouveau joueur dans la partie. Ce n'était pas un de leurs alliés... un ennemi donc? Et l'ennemi de mon ennemi... vous connaissez la fin de cette phrase n'est-ce pas? Une voix, sombre et effrayante retentissait alors. Un chevalier venu à ta rescousse... Non... Intention noble de sa part mais il gâchait tout ton plan, toutes tes chances de faire partir Ruald et Emmon en douceur, sans mettre la vie de qui que ce soit en danger. Tu allais de nouveau devoir t'adapter et la donne s'annonçait beaucoup plus difficile.
« C'est qui bordel? C'était pas prévu dans le plan ça! »
Ruald paniquait, il n'aimait pas l'imprévu.
« C'est un de tes nouveaux amis Rayna? »
« Calme toi mon ami, je vais m'en occuper et nous reprendrons nos affaires où nous les avons laissé. »
Disait calmement Emmon à Ruald. Il faisait alors naître une boule d'énergie entre ses mains avant de l'envoyer vers le mystérieux invité surprise.
Affronter un mage, contrer un sort, ou l'esquiver, cela pouvait s'avérer particulièrement difficile. Pour le Chevalier Noir, c'était un défi intéressant et assez inédit : il avait l'habitude d'affronter de simples humains, des maniaques ou des gens dérangés possédant des capacités ou des objectifs fous. Il avait pour habitude de combattre avec un net avantage, sachant qui était son adversaire, étant capable de prédire ses mouvements et ses actions, voir étant capable de le vaincre sans avoir à bouger car il pouvait le piéger. Mais là ? Là, face à un élément aussi volatile et inconnu que la magie, il lui était tout simplement impossible d'avoir une approche comme ça.
Ce qui, évidemment, ne voulait pas dire que le Batman était sans défense ou impuissant.
Il esquiva aisément la boule d'énergie crépitante, laquelle s'écrasa contre une vitre du métro sans faire de dommage. Un petit sort, lancé en toute hâte, et donc qui n'avait pas été difficile à éviter. Mais il ne fallait jamais laisser à un magicien le temps d'élaborer ses sorts : la rapidité était la clé contre eux, car dans l'urgence, le mage peut faire des erreurs fatales. Aussi, avec une vivacité époustouflante pour quelqu'un de son âge, le Chevalier Noir s'élança, profitant à la fois des ombres et de la surprise de sa venue pour frapper le premier de ses deux adversaires.
Sa surprise fut réelle, et elle aussi inédite, quand son poing rencontra le vide et vint frapper une vitre, l'éclatant sur le coup.
« Prends-la et fonce, je le retiens ! »
« Grossière erreur. Tu m'as trompé avec ton illusion... »
Se retournant aussitôt dans la direction d'où provenait la voix, Bruce donna un coup, rencontrant un corps invisible. Le sang qui jaillit, sous la violence de l'impact, était toutefois bien visible, lui.
« … mais tu m'as indiqué où tu étais, ne parlant. »
Du bruit, dans son dos : l'autre magicien, qui sortait du transport après avoir ouvert une des portes. Un saut de presque dix mètres l'attendait avec sa prisonnière, pour espérer atteindre le toit le plus proche : un bond facile pour quelqu'un comme lui. Mais Batman avait une autre préoccupation sur l'instant : bien que tombé au sol et redevenu visible, son adversaire se relevait, préparant un nouveau sort. Il ne lui en laissa pas le temps. Les lumières se rallumèrent au moment où les autres s'enfuirent, leur laissant juste le temps de voir le Chevalier Noir de Gotham asséner un puissant coup sur le nez de sa victime.
Ce dernier, assommé, ne bougeait plus. Aussitôt, la chauve-souris s'écarta, bondissant depuis le métro pour suivre l'autre magicien en planant. Il arriva sur le toit, se dressant de toute sa hauteur et de toute sa carrure. Visiblement effrayé, le magicien serra un peu plus la femme contre lui, un bras autour de sa gorge et l'autre tendu vers Bruce, comme s'il s'apprêtait à jeter un sort.
Et de fait, c'était peut-être le cas.
« Ton ami a payé cher son imprudence. Ne commets pas la même erreur, ou je te brise les mains et les doigts. Un par un. »
La femme était-elle comme eux ? Ou était-elle une victime innocente et totalement extérieure ? Il ne connaissait aucun de ses trois-là, mais déjà, les gadgets de son masque, et Alfred dans la Bat-cave, travaillaient à les identifier.
Storm is coming Bruce Wayne & Rayna Brodveldt Tu n'étais pas intervenue alors qu'Emmon avait fait naitre une boule d'énergie entre ses mains. Un sort basique et plutôt considéré comme faible. C'était bien souvent ce que les mages utilisaient lorsqu'ils ne craignaient pas leur adversaire. Un sort un peu passe-partout. A part assommer cet humain, s'il était vraiment humain comme tu le ressentais... cette boule d'énergie ne ferait pas grand chose. Tu laissais donc faire, après tout, tu ne savais pas si cet homme était un véritable allié ou une des menaces terriennes dont Zatanna t'avait parlé. Effectivement, elle t'avait mise en garde sur le fait que certaines autorités, ici sur Midgard, pourraient s'intéressaient à toi et à ton peuple pour de bien mauvaises raisons. Utiliser tes pouvoirs au grand jour, sans savoir à qui tu avais à faire ou si tu faisais courir un quelconque risque à Arcadia, n'était donc pas judicieux. Le mystérieux inconnu esquivait alors le sort, sans aucune difficulté tandis que Ruald resserrait son emprise sur toi. Tu avais tellement envie de lui envoyer un bon coup de coude dans l'estomac pour lui ôter toute envie de te menacer à nouveau mais tu avais peur qu'il ne se venge sur les humains, contrarié par la douleur. Tu prenais toutes les précautions lorsque d'autres vies étaient en danger. Tu étais comme ça Rayna Brodveldt, tu pensais d'abord, toujours, aux autres. Tu étais donc soulagée de voir que l'homme avait su s'en tirer seul, même si en réalité il ne risquait pas grand chose, même si en réalité tu ne savais pas encore si tu devais te réjouir ou non de sa présence ce soir. Il y avait un énorme point d'interrogation sur lui. Tu sentais qu'il n'était pas un être surnaturel, un mage ou un Atlante par exemple. Tu sentais qu'il n'était qu'un simple humain. Mais le fait qu'il soit là, dans ce wagon, a tenté de te sauver, s'il s'agissait là de ses véritables intentions et non d'un piège, te laissait perplexe. Soit il était très brave et courageux, soit il était très bête et présomptueux. Tu espérais le découvrir très vite.
Tu avais déjà une esquisse de réponse lorsque la silhouette sombre et angoissante se faufilait avec une aisance et une rapidité déconcertante dans l'obscurité. Il était vif, agile et astucieux. Et cela malgré sa carrure imposante. Impressionnant... Il n'avait pas peur et n'hésitait pas à agir. Un bon point pour lui, un très bon point, surtout face à un mage. Malheureusement, Emmon avait été fourbe et peu courageux sur ce coup là. Au lieu d'affronter son adversaire comme un homme, il avait eu recours à un sort d'illusion. Tu étais dépitée. Toi qui étais une adepte du vrai combat, surtout à l'épée, tu avais horreur de voir des mages user et abuser de la magie quand cela n'était pas nécessaire. C'était une grande preuve de faiblesse que tu méprisais. Le point du mystérieux inconnu venait donc s'écraser contre l'une des vitres du métro. Tu n'entendais aucun râle de douleur, aucune protestation, comme s'il n'avait rien ressenti. Visiblement, il était bien équipé et tu commençais à avoir des soupçons sur son identité. Et si c'était bien celui que tu croyais... tu trépignais déjà d'impatience de pouvoir faire sa connaissance. Emmon ordonnait alors à Ruald de te prendre et de t'emmener ailleurs le temps qu'il se charge lui même du justicier masqué. Tu levais les yeux au ciel mais tu y voyais surtout l'opportunité d'enfin quitter ce métro, d'enfin mettre en sécurité tous ces humains. Ruald ne s'était pas fait privé. Grâce à un sort de force, il avait forcé l'ouverture de l'une des portes et grâce à un sort de lévitation, il t'avait emmené avec lui en hauteur, sur l'un des toits de la ville. Tu avais juste eu le temps de voir le justicier en coller une bonne à Emmon qui s'était écroulé au sol. C'était de toute beauté et tu n'avais pu t'empêcher d'esquisser un large sourire. Ruald et toi étiez désormais à l'abri des regards indiscrets mais rapidement, l'inconnu vous rejoigniez...
Se dressant devant vous avec un charisme et une aura incroyables, l'homme se révélait enfin à vous. Tu le reconnaissais immédiatement, plus aucun doute, tu étais bien face au Batman, le gardien de cette Cité. Un frisson te parcourait... il était... majestueux. Tout ce que tu avais pu lire sur lui n'était rien en comparaison de la réalité. Tu étais en admiration. Fascinée par cet humain qui risquait sa vie pour protéger cette ville. Un vrai chevalier à tes yeux. Un homme courageux comme tu en connaissais très peu. Ruald n'était d'ailleurs pas très rassuré, tu levais les yeux au ciel... Tu l'avais presque oublié lui tant le Batman t'avait troublé. Mais non, ce misérable mage était encore là et il te serrait un peu plus contre lui, espérant très certainement que tu lui servirais de bouclier le temps qu'Emmon ne débarque. Il levait alors la main vers le Chevalier Noir... Cette fois-ci, tu pouvais intervenir. Et même si la menace du Batman envers Ruald était très tentante et que tu aurais adoré le contempler la mettre en pratique... tu n'étais pas une adepte de la torture ou de la douleur gratuite. Ruald était effrayé et perdu sans Emmon, une cible facile. Pas besoin d'utiliser la magie, encore moins devant le Batman. Tu ne savais pas ce qu'il penserait en voyant que toi aussi tu étais une mage. La prudence avant tout. Tu basculais alors violemment ta tête en arrière, assénant à Ruald un bon coup dans le nez, tu t'emparais de sa lame au passage que tu balançais un peu plus loin et tu te retournais en levant la jambe pour lui donner un méchant coup de pied dans le torse. Tu ne lui laissais alors pas le temps de rétorquer, il était sous le choc, déstabilisé, tu n'avais pas agis pour l'instant, tu avais l'effet de surprise pour toi. Tu enchainais alors avec un coup de genou dans les côtes, un coup de coude dans la mâchoire et enfin, en prenant une légère impulsion pour donner plus de poids à ton coup, tu le terminais avec un violent coup de poing dans la tempe qui le mettait K.O. Il s'écroulait au sol, inconscient, et tu l'observais quelques secondes pour t'assurer qu'il ne faisait pas juste semblant. Il en serait très capable. Il ne restait plus qu'à utiliser ton sortilège pour le capturer mais tu ne savais pas si tu pouvais devant le Batman... Tu te retournais alors vers lui. « Merci pour votre intervention. Vous êtes le Chevalier Noir n'est-ce pas? »
Demandais-tu sans camoufler une seule seconde ton admiration.
Batman resta un long moment silencieux, vérifiant qu'il n'avait rien oublié. Le corps inanimé aux pieds de la jeune femme ne bougeait plus, assommé par la férocité des attaques subies. Cette magicienne – il était convaincu qu'elle en était une – savait au moins se défendre avec sa seule constitution ; un point appréciable. Mais pourquoi n'avait-elle pas essayé plus tôt de se servir de sa magie ou de ses poings ? La seule explication logique, ce serait qu'elle n'avait pas voulu risquer sa vie par une action trop vive, qui aurait énervé ses ravisseurs. Le Chevalier Noir envisageait le pire.
Alors qu'elle avait peut-être simplement agi par bonne conscience, ne voulant pas tenter de mettre en danger les passagers inanimés du métro.
« De toute évidence. »
Il répondait d'une voix égale, avant de se pencher sur le corps de mage inconscient.
Il enregistra toutes les informations qu'il pouvait, transmettant aussitôt les dossiers à Aflred, lequel ferait ensuite le tri nécessaire. Et si quelque chose d'intéressant se trouvait à gésir quelque part dans son dossier, le majordome lui dirait sur-le-champ. Après son examen attentif, il se redressa, le ligota soigneusement avant de tourner brièvement son visage masqué vers celui de la jeune femme.
« Attendez-moi ici. »
Il se servit alors de son grappin pour remonter dans le métro. Devant la magie, cet artifice grossier pouvait paraître dérisoire, idiot, voir même primitif. Mais la magie était sensible à beaucoup de choses : le monde autour du lanceur de sort, le lanceur en lui-même, sa capacité à utiliser sa magie en fonction de la situation, et tout un tas d'autres détails mineurs qui pouvaient perturber le bon fonctionnement de la magie. Alors que lui, à côté, c'était oui ou non. Il pouvait l'utiliser ou il ne pouvait pas ; c'était simple.
Et un artifice simple valait bien un tour de magie.
A l'intérieur du métro, les passagers étaient toujours endormis, et aucun ne semblait blessé. Mais ils étaient très nombreux, et il n'avait pas le temps de vérifier que tout le monde allait bien. Il entreprit alors d'examiner également l'autre magicien, lequel avait cessé de perdre du sang par son nez fracassé. Etrangement, il avait une assez forte ressemblance physique avec l'autre. Peut-être étaient-ils de la même famille ? Il l'indiqua dans le rapport qu'il envoyait à Alfred, puis se connecta au système du métro.
Il relança la machine, l'obligeant à s'arrêter à la prochaine station. Dans le même temps, il prévenait le GCPD qu'il y avait des gens à surveiller et à protéger, puis, alors que la rame se remettait en marche dans un grincement sinistre, il se glissa vers la sortie. Récupérant le mage inconscient, il se laissa retomber en douceur vers le toit où l'attendait encore la magicienne. Pour faire bonne mesure, il lâche le corps, qui s'effondra mollement à côté de son comparse.
Mais aucun signe de la magicienne.
Il se retourna, avant de comprendre son erreur : faisant volte-face, il vit que les corps avaient disparu. Il ne sentit rien d'autre qu'un léger courant d'air, et il ne vit aucun signe indiquant où était partie la magicienne. Il serra doucement les poings, observant et analysant les alentours. Evidemment, elle n'avait laissé aucune trace, et il ne pouvait donc pas savoir où elle était partie. Il grogna.
Ces magiciens étaient des adversaires difficiles à traquer. Mais pas impossible.
Il repartit dans la nuit, réfléchissant à un plan. Il avait peut-être une idée, mais pour cela, il aurait besoin d'Alfred./blockquote>
Storm is coming Bruce Wayne & Rayna Brodveldt Et bien, il n'était pas très bavard ni avenant le Chevalier Noir... Ce n'était pas vraiment étonnant à vrai dire au vu de sa réputation qui t'était remontée aux oreilles. Il s'approchait alors de toi et de Ruald, tu reculais de plusieurs pas, tu ne savais si tu pouvais lui faire confiance. Certes il était l'un des justicier de ce monde et donc censé être le bien. Mais tu ne savais que trop bien qu'il ne fallait pas se fier à ce genre de choses. Puis, peut être bien qu'il pensait que toi aussi tu étais une menace, au même titre qu'Emmon et Ruald. Tu restais méfiante. Tu ne le laissais pas t'approcher. Il examinait alors attentivement Ruald. Tu le regardais de travers, tu trouvais cela très étrange comme méthode. Pensait-il que les mages étaient des monstres à observer? Des bêtes curieuses? Finalement, il le ligotait. Cela ne servait strictement à rien, si le mage se réveillait, il se libérerait sans mal de ses liens. Tu espérais donc avoir le temps de faire ton sortilège avant que cela ne se produise. L'occasion était trop belle. Tu pouvais capturer Ruald sans mettre personne en danger. Cependant, tu te refusais encore à utiliser tes pouvoirs devant le Batman. Tu attendais donc de voir l'évolution des choses. Tu agirais en conséquence si Ruald se réveillait. Mais pour l'instant, ce n'était pas le cas. Tu l'avais bien assommé le bougre. Tu étais loin d'être une demoiselle sans défense comme bien des hommes le soupçonnaient en te voyant pour la première fois. Tu en jouais d'ailleurs bien souvent pour les duper et les prendre à leur propre jeu. Ne jamais sous-estimer les bienfaits de l'effet de surprise. Jamais.
Le Batman te disait alors d'attendre ici. Il était pas culotté celui là... A peine vous veniez de vous rencontrer qu'il te donnait déjà des ordres. Et les ordres, c'était bien connu, tu n'aimais pas ça, mais alors pas du tout. C'était d'ailleurs ce qui t'avait valu pas mal de problèmes sur Arcadia. Ton côté rebelle et ton âme d'aventurière. Tu étais un électron libre et tu ne supportais pas d'être contrôlée, d'être le pantin de quelqu'un. Cependant, tu comprenais rapidement que le justicier allait s'éclipser et que donc, tu aurais toute l'opportunité de jeter ton sortilège sur Ruald. C'était un bon point. Tu restais donc là sur ce toit mais non pas parce que le Chevalier Noir te l'avait, en quelque sorte, ordonné, mais tout simplement parce que cela t'arrangeait. A peine avait-il quitté le toit que tu serrais ton amulette dans le creux de ta main, murmurant quelques mots en vieil arcadiens. Le sortilège était jeté et Ruald était littéralement aspiré dans l'amulette. Ce bijou serait sa prison le temps que tu retournes à Arcadia, le temps que tu t'assures que le voyageur soit en sécurité, le temps que tu sois prête à affronter ton père. Tu aurais pu tuer Ruald, aussi facilement qu'un claquement de doigts. Mais tuer n'était pas une solution, pas pour toi, tu détestais cela. L'amulette, le sortilège, voilà des méthodes que tu approuvais. Tu te doutais bien que le Chevalier ramènerait Emmon pour le ligoter avec Ruald alors, tu utilisais un sors d'illusion pour te rendre invisible et lorsqu'il revenait enfin, tu lançais à nouveau ton sortilège pour capturer Emmon et il disparaissait à son tour. Tu voyais alors le Batman serrer les poings et grogner. Tu aurais préféré ne pas avoir à disparaitre ainsi. Tu aurais préféré pouvoir rester à ses côtés pour en découvrir plus sur lui mais c'était bien trop risqué. Tu ne savais pas à qui tu avais faire. Tu ouvrais un portail dans ton illusion, empêchant le Chevalier de le voir, et tu retournais au manoir de Zatanna.
Le lendemain, cette dernière venait te dire que le Batman avait pris contact avec elle pour lui demander si elle avait eu vent de l'arrivée d'une nouvelle possible mage à Gotham. Pas compliqué de comprendre qu'il parlait bien évidemment de toi. Apparemment, le Chevalier Noir voulait s'entretenir avec toi après votre furtive rencontre de la veille. Tu exprimais alors tes doutes et tes réticences à Zatanna. Mais cette dernière te rassurait, tu ne prendrais aucun risque à t'entretenir avec lui même si, d'après elle, il était un peu spéciale... Très bien, tu n'avais pas confiance en ce Chevalier Noir mais tu avais confiance en Zatanna. Tu lui demandais alors comment tu pouvais le contacter, elle te parlait du Bat-Signal. A la nuit tombée, tu te rendais donc à nouveau sur les toits de la ville, activant ce fameux signal dans le ciel afin d'attirer l'attention du Batman. Il voulait te voir, alors il te verrait. Il s'était montré à toi sous son armure, tu en ferais de même. Oubliés les vêtements midgardiens, tu portais l'une de tes robes arcadiennes ce soir. Tu ne lui confierais pas tes secrets, tu ne te dévoilerais pas entièrement à lui, mais il méritait, d'après ce que Zatanna t'avait conté, de te voir telle que tu étais. Debout, les bras croisés, tu attendais...
Prévenu par Zatanna, Bruce savait exactement où il devait se rendre cette nuit-là : le toit du GCPD. Cet endroit, il le connaissait par cœur, pour y être venu des centaines de fois au cours des vingt dernières années. A peine installé – sur l'idée de Gordon lui-même – le Bat-signal avait été un repère, un contact, un point facile à identifier pour dire que Gotham avait besoin du Chevalier Noir. Il ne répondait pas tous les soirs à l'appel, car la plupart du temps, il était au courant de presque tout ce qui se passait. Mais deux à trois par semaine, il s'y rendait, s'entretenait avec Jim, et leur échange terminé, il partait en chasse.
Ce soir, le Bat-signal n'était pas allumé par le vieux commissaire.
Nul doute que son ami policier ne tarderait pas à débarquer pour savoir qui avait allumé le faisceau lumineux ; il était rare que ce soit une autre personne qui le fasse. Même Bullock n'y touchait pas, et pourtant, il était le deuxième meilleur flic de la ville. L'arrivée de Batman sur le toit, ce soir, n'était pas hasardeuse, et il refuserait d'autant plus de repartir sans réponse : dès que la lumière s'alluma, il plongea de sa surveillance et se rendit sur place.
La magicienne était là, dans ses atours, et il comprit alors ce qu'avait voulu dire Zatanna : non, elle n'était pas des leurs. Clairement, tout dans son allure et dans son attitude laissaient présager qu'elle était une magicienne assumée, puissante, qui ne se laissait pas marcher dessus et qui avait les moyens de se défendre seule. Avait-elle tué ses deux agresseurs ? Impossible de le savoir, même avec une observation aussi assidue et aiguisée que celle de Bruce.
« Vous n'êtes pas facile à trouver. »
Sa voix surgit des ombres, et sans un bruit, il se posa devant la jeune femme. Il se tint là, immobile, stoïque comme à son habitude, fixant ses yeux masqués sur le visage de la magicienne. Il repéra des détails, mais rien qui ne pouvait lui apprendre plus que ce qu'il ne savait pas déjà.
« Notre amie commune m'a dit que vous aviez accepté qu'on se voit ici, et je suis heureux de voir que vous avez tenu parole. Nous n'avons sans doute pas beaucoup de temps avant que quelqu'un ne vienne interrompre cette conversation... alors passons directement au sujet qui nous intéresse. »
Oh, il avait réfléchi – et avait fait ses recherches – à ce qu'il allait dire et demander. Comme à so habitude, et cela pouvait facilement perturber ceux qui ne le connaissaient pas, il allait droit au but, sans concession, et il exigeait des réponses immédiates. Il était inutile de tourner autour du pot, surtout vu les problèmes qu'il pouvait y avoir en ville avec toute cette histoire de magie.
« Je vous ai aidée hier soir, et vous avez filé dans la nuit. Je peux comprendre le manque de confiance. Mais maintenant, nous pouvons parler : alors, qui étaient ces hommes ? Que voulaient-ils, et pourquoi s'attaquer aussi à des innocents ? Si ces magiciens sont ici en rapport avec vous, alors j'aimerais tout savoir, car ils menacent la ville. Et Gotham a assez de problèmes en ce moment : il serait bon de régler celui-ci le plus rapidement possible. »
Storm is coming Bruce Wayne & Rayna Brodveldt Debout sur ce toit, le vent dans tes cheveux, tu te sentais incroyablement bien à ta place. Tu aimais beaucoup cette façon chevaleresque de devoir le contacter, ça te rappelait les flambeaux de ta contrée. Bon bien sûr, là, il s'agissait une nouvelle fois de cette lumière sans flamme. La première fois que tu avais vu cela à Morro Bay, tu en étais tombées des nus. Tu avais trouvé cela incroyable. Puis tu avais découvert que ça avait un nom, l'électricité. Une formidable invention dont tu découvrais encore chaque jour toute l'étendue. Tu te demandais d'ailleurs si ce grand symbole dans le ciel était lui aussi alimenté par de l'électricité. Ou était-ce l'énergie solaire? Une merveilleuse énergie qui te fascinait et qui te parlait beaucoup plus. Bref, tu te sentais plutôt bien, confiante même. Zatanna t'avait rassuré sur ce Chevalier Noir et même si tu le trouvais toujours étrange, tu appréhendais beaucoup moins de te retrouver seul à seul avec lui. Après tout, il n'était qu'un homme derrière le masque, pas un monstre. Et puis même s'il avait été un monstre, tu devais l'avouer Rayna Brodveldt, tu aimais ça. Rien de tel qu'une bonne vieille chasse à l'ogre ou au warg pour se dégourdir les jambes. Ça te manquait tellement... Perdue dans tes souvenirs, tu esquissais un sourire, la nostalgie d'une époque désormais révolue. Puis soudain, une voix, cette voix. Il était là. Il se posait devant toi avec une grâce que jusque là tu ne lui soupçonnais pas. Tu devais l'avouer, il avait le style le Batman. Il te disait alors que tu n'étais pas facile à trouver, tu souriais à nouveau, amusée. Cette fois-ci tu pouvais te montrer beaucoup plus détendue et avenante. Il n'y avait pas deux mages et une centaine de victimes entre vous. Non, il n'y avait que vous justement, toi et le chevalier. Il était ravi que tu aie tenu parole, il ne devait jamais en douter. Tu étais, et tu avais toujours été, une femme de parole, une femme d'honneur. L'honneur était si important à tes yeux. Une valeur visiblement désuète dans ce monde, quel dommage, tu le déplorais sincèrement.
Il enchainait en te disant que vous n'auriez pas beaucoup de temps avant que quelqu'un d'autre ne s'invite à votre tête à tête. Tu étais perplexe. Pourquoi disait-il donc cela? Ce symbole dans la nuit servait-il à appeler quelqu'un d'autre? Zatanna ne t'en avait pas informé en tout cas. Apparemment, ça ne le gênait pas plus que ça. Comme le fait de devoir faire court ne semblait pas le gêner non plus. Très bien, ça t'allait très bien également, vous feriez donc court. En tout cas, s'il était vrai que le justicier masqué avait du style, il n'avait cependant pas de manière et cela était fort regrettable. Tu avais beaucoup de respect pour les chevaliers, les vrais... Tu pensais d'ailleurs qu'un jour tu finirais pas en épouser un. Ce qui était absolument contraire aux souhaits de ton père qui exigeait de ta part que tu épouses un noble de la haute société. S'il avait pu t'offrir au roi de l'époque, avant qu'il ne le devienne lui même, il l'aurait sans aucun doute fait. Mais ce Chevalier Noir n'avait de chevaleresque que le titre.
« Vous êtes toujours aussi rustre ou c'est juste un traitement de faveur pour moi? »
N'avais-tu alors pas pu t'empêcher de lui demander sur un ton plutôt léger. Ce n'était absolument pas un reproche, ça ne te gênait pas qu'il aille droit au but, bien au contraire. Personne ne perdait son temps ainsi.
« Ca, c'est ce qu'on appelle ne pas y aller par quatre chemins. J'aime bien... »
Disais-tu encore sur un ton léger, affichant un large sourire amusé. C'était rafraichissant quelqu'un qui ne tournait pas autour du pot. Il n'avait pas de manière certes, mais tu savais aussi apprécier ce genre de personne. Tu avais l'habitude d'en côtoyer lors de tes quêtes. Puis pas besoin de faire de manières en affaires.
« Ces hommes sont des mages qui viennent de la même contrée que moi. C'est, entre autres, pour les arrêter que je suis venue ici. Ils n'en veulent pas à votre ville, ils n'en veulent pas à votre peuple. Ils n'en veulent qu'à moi. Je suis navrée pour l'incident d'hier dans le métro, je ferai en sorte que ça ne se reproduise plus. Je ne veux pas être un danger pour votre monde, bien au contraire. J'ai capturé les deux d'hier soir et je capturerai les autres. Je ne cesserai pas tant que je n'y serai pas parvenue, vous pouvez me croire. Mais si vous voulez que je quitte Gotham je comprendrai. Après tout vous en êtes le gardien et, même si cela peut vous paraitre incroyablement désuet, ça a de la valeur à mes yeux. »
Batman enregistra toutes ces informations, précieusement. Il essaya de se remémorer la dernière fois qu'il avait affronté un magicien, et malheureusement pour lui, cela remontait un peu. Il se souvenait, avec Cat – et ce souvenir lui fit un effet bizarre – qu'ils avaient été victimes tous les deux d'une sacrée illusion dans un musée de Gotham. Heureusement pour eux, c'est leur force de volonté qui avait réussi à triompher. Là ? De ce qu'il en avait vu, il lui paraissait plus compliqué de résister. Car s'il y avait bien un domaine qui lui était difficile à contrer, c'était la magie.
Il croisa les bras.
« Je ne vous en veux pas pour l'épisode du métro. Au fil des années, j'ai eu affaire à suffisamment d'adversaires sans pitié pour savoir que certains n'hésitent jamais : ils seraient prêts à sacrifier des innocents pour atteindre leur but. Même si leurs intentions, hier, ont visiblement été suffisamment retenues pour qu'ils prennent la peine de ne pas les tuer. Toutefois... »
Il se tut un bref instant, tendant l'oreille. Il cherchait à savoir si Gordon montait l'escalier pour venir vérifier qui se trouvait sur le toit. Dans les faits, il donnait plutôt l'impression de réfléchir à ses propres mots.
« Toutefois, il est inutile de vous sentir responsable. »
Il étudia sa réaction brièvement, ainsi que ce qu'elle avait dit avant. Il connaissait cette façon de penser, cette façon de voir les choses : il se sentait responsable de toutes les morts causées par le Joker et par les autres. Mais la différence entre la magicienne et lui, c'était qu'il n'avait pas la magie, et qu'il n'avait donc pas le luxe de pouvoir juste disparaître. Il avait fait serment de poursuivre son combat jusqu'à la fin, alors il le ferait. Mais pour l'occasion présente, il avait le sentiment qu'il ne pourrait pas se passer de l'aide de la jeune femme.
Il réfléchissait donc à la meilleure façon d'amener la chose. D'ordinaire, le Chevalier Noir agissait seul, sans allié, sauf parfois avec les autres membres de la Bat-family. Il pouvait décider de ne pas tenir compte d'elle, mais il serait alors obligée de l'utiliser contre son gré, de la suivre, et de n'agir qu'au moment opportun. Alors qu'en s'alliant directement avec elle, il allait pouvoir avancer plus vite, et obtenir des informations plus importantes sur les deux hommes qui avaient attaqué le métro la veille.
Et Alfred n'avait, bien sur, put trouver aucune information sur eux. Ils étaient des fantômes, mais le fait que la jeune femme mentionne « la même contrée » lui donnait un élément de réponse : ils venaient de loin, peut-être même d'une autre dimension. Il n'était donc pas si improbable que ça qu'ils échappent, au moins momentanément, au regard du plus grand détective du monde.
« Votre présence dans Gotham est, je pense, la seule façon de les attirer en pleine lumière et de réussir à les arrêter. S'ils ne sont là que pour vous, alors tant mieux. Je vais vous aider : et inutile de protester, même si vous refusez, je le ferai. Ils peuvent représenter une menace, à terme, pour les habitants de la ville. Une idée de comment les piéger ? »
Storm is coming Bruce Wayne & Rayna Brodveldt Le Batman croisait les bras, tu devais l'avouer, pour un humain, il en imposait. Il en imposait drôlement même. Tu comprenais mieux sa réputation et la crainte omniprésente des criminels à son égard. Ce type là, il valait assurément mieux l'avoir de son côté. Tu aimais beaucoup son armure soit dit en passant. Il commençait par te dire qu'il ne t'en voulait pas pour l'épisode du métro. Tu sentais alors un poids partir de tes épaules. Tu étais vraiment soulagée et heureuse d'entendre cela de la bouche du gardien de Gotham. Il était apparemment tolérant et juste, un excellent point à tes yeux. Tu comprenais tellement ce qu'il disait sur les criminels sans pitié, capables de sacrifier des innocents, uniquement pour atteindre leur but. Parfois même, il y avait simplement des monstres, au sens propre comme figuré, qui tuaient ou faisaient souffrir par pur plaisir, sans avoir aucun objectif plus précis. Il s'agissait des pires, et de loin... Des criminels comme ça tu en avais déjà croisé au fil de ta courte vie, tu les avais combattu et tu continuerais à le faire tant que ton coeur continuerait à battre. Car tel était ton dessein, tel était le sens de ta vie. Il était vrai que la veille vous aviez eu la chance de tomber sur Emmon et Ruald. Des enfoirés, des hommes de ton père, mais assurément pas des meurtriers. Ils voulaient le voyageur, ils te voulaient toi. Tu doutais même qu'Emmon ait pu réellement mettre ses menaces à exécution. Selon toi, il n'aurait pas été réellement capable de tuer tous ces humains. Bien évidemment, tu n'avais pas voulu parier là dessus, c'était beaucoup trop dangereux. Et on ne peut jamais réellement connaître un homme, ça tu ne le savais que trop bien... Tu avais donc préféré jouer la carte de la sécurité et avec l'intervention du chevalier, tout cela avait payé. Tu étais vraiment heureuse qu'aucune perte n'ait été à déplorer. Cependant, tu t'en voulais tout de même, et ce malgré les dires du Batman. C'était tout de même de ta faute si tous ces innocents avaient été mis en danger dans ce métro et tu veillerais, autant que tu le pouvais, à ce que cela ne se reproduise plus jamais, tu ne le supportais pas.
Batman te disait que tu n'avais pas à te sentir responsable, mais il devait bien le savoir, c'était impossible... C'était plus fort que toi. Tu ne pouvais faire autre chose que te sentir responsable. Il sous-entendait ensuite qu'une alliance avec toi serait le meilleur moyen de les arrêter tous. En tout cas, ceux qui rôdaient dans les alentours de Gotham car ils devaient tous être disséminés à travers le monde, à la recherche du voyageur, à la recherche d'informations. Et vu ta présence ici, dans la Cité du Chevalier Noir, certains avaient dû bifurquer de leur trajectoire, attirés par ta magie. Malheureusement, ceux là, ceux qui pouvaient te sentir, étaient bien évidemment les plus puissants. Et ils n'étaient pas tous comme Emmon et Ruald... T'associer au Chevalier Noir pour les traquer et les capturer avant qu'ils n'aient le temps de causer des dégâts était donc une idée qui te séduisait beaucoup. Tu n'étais pas du genre à te la jouer grande solitaire, en mode, je suis la meilleure et je n'ai besoin de personne. Tu ne crachais jamais sur une main tendue, sur une aide bienvenue. Si le Batman en personne voulait t'épauler dans ta quête alors tu ne refuserais pas. Cela aurait été idiot de ta part. Et tu aimais à croire que tu ne l'étais pas... idiote. Il ne le disait pas clairement mais il n'était pas difficile de comprendre qu'il voulait t'utiliser comme appât pour attirer ces mages. Cela ne te dérangeait pas le moins du monde, tu avais déjà jouer, et ce à de nombreuses reprises, ce rôle là. Pour bien d'autres créatures encore plus terrifiantes. Ce ne serait donc pas un problème. Cependant, et malgré toute sa bonne volonté, le Batman restait un humain... un humain face à la magie était plutôt vulnérable. Tu ne doutais pas de ses capacités à combattre un mage, après tout ce n'était pas pour rien s'il était parvenu à se construire une telle légende. Mais... tu n'étais pas vraiment rassurée non plus. Tu avais donc bien envie de lui proposer quelque chose mais tu craignais qu'il ne le prenne pas exactement comme tu voulais lui donner. Tu connaissais les hommes et leurs egos démesurés. Le Batman était-il à ranger dans cette catégorie? Tu allais le savoir bien assez vite.
« Ils sont également à la recherche d'un voyageur qui vient de la même contrée que moi, mais il n'est pas à Gotham, il ne sera pas à prendre en compte. Pas pour cette fois. D'ailleurs, peut être pourriez vous m'aider à le localiser si vous en avez le temps et la volonté? Je ne voudrais pas abuser de votre aide. Vous avez très certainement mieux à faire. Quant aux mages, je n'ai pas encore de plan mais... je sais comment les capturer sans faire de dégâts, comme je l'ai fait hier. »
Tu croisais les bras à ton tour.
« C'est tout à votre honneur de vouloir m'aider dans ma quête et de vouloir protéger votre Cité. Vous êtes à la hauteur de votre réputation Batman. Néanmoins, si vous voulez prendre part à tout cela et combattre à mes côtés... Il faut que je m'assure d'abord que vous soyez prêt. Je ne vous laisserai pas risquer d'autres vies ou la votre à cause de moi. Hier, vous n'avez vu qu'un petit échantillon de ce que ces mages peuvent faire. Ce n'était qu'un grain de sable dans le désert. Les prochains pourraient être bien plus difficiles et coriaces à neutraliser. La magie est un art complexe auquel vous, les humains, êtes très vulnérables. Je ne dis pas que vous n'êtes pas à la hauteur mais simplement que quelques conseils et astuces de ma part ne seraient pas superflues. Qu'en dites vous? »
Le Chevalier Noir étudia la proposition de la magicienne, essayant de déterminer si elle le sous-estimait, si elle le jaugeait sincèrement, si sa proposition était une simple précaution, ou bien encore, si elle voulait simplement assurer ses arrières. Il comprenait les quatre raisonnements, et il lui était impossible d'identifier avec certitude lequel était vrai. D'autant qu'il pouvait s'agir des quatre à la fois. Après tout, comme elle le disait, il n'était qu'un humain. Un humain aux dons exceptionnels, et probablement l'un des meilleurs sur cette planète, mais tout de même. Il ne maîtrisait pas la magie.
« Vous semblez penser que je ne connais pas assez la magie pour me défendre contre elle. »
Dans la pratique, c'était le cas. Il avait, à la Ligue, auprès de Zatanna et à divers endroits lors de ses voyages et de sa croisade, étudié la magie et sa théorie, ainsi que sa mise en application. Il n'avait jamais réussi à s'en servir, et n'avait jamais fait l'effort d'essayer vraiment. Peut-être qu'il n'avait aucun don pour ça, mais il s'en fichait : ce n'était pas important. Il savait beaucoup de choses sur la magie, notamment concernant son application, son histoire, sa façon de modifier la réalité et ses forces et faiblesses. Il savait comment contrer un mage, comment résister à certains sorts bien connus, comment mobiliser toute sa force de volonté pour réussir à surmonter une illusion ou un sort mental.
Le Batman n'était pas un adversaire à prendre à la légère, y compris pour un mage. En simple humain, il savait se mouvoir dans l'ombre, invisible, silencieux, et rares étaient les personnes capable de véritablement se prémunir contre son arrivée soudaine et théâtrale. A plusieurs reprises, il avait pu prouver que même ses artifices primitifs, comme certains disaient, avaient un effet dévastateur sur les capacités offensives d'un magicien : le meilleur exemple était une fumigène bien placée, laquelle pouvait aveugler un sorcier et l'empêcher de savoir où se trouvait le Chevalier Noir. Et à partir de là, il avait perdu.
Sachant tout cela, Bruce se savait parfaitement capable d'affronter des mages, aussi étrangers et puissants soient-ils. La Hellbat pouvait lui permettre de survivre à bien des choses, mais même sans celle, il se savait capable de tromper la vigilance de Zatanna ou Constantine, pourtant tout deux extrêmement puissants. Mais comme il s'apprêtait à le dire, personne n'était infaillible, et surtout pas lui. Il donnait juste cette impression.
« Mais la vie est un éternel apprentissage, et même moi peut avoir besoin d'aide de temps en temps. Personne n'est infaillible. Tout le monde a une faiblesse. »
Il tendit de nouveau l'oreille, et cette fois, il sut que Gordon montait. Son pas lourd et tranquille témoignait que la soirée devait être plutôt calme.
« Mais nous devrions nous éloigner un peu avant d'en parler. Suivez-moi. »
Il disparut alors dans la nuit, planant de toit en toit pour se rendre à un point beaucoup plus éloigné. Etant une magicienne, elle saurait facilement trouver un moyen de le suivre, de le rattraper, et d'aller le retrouver là où il l'avait demandé. En chemin, il envoya un rapide message à Alfred pour le prévenir qu'il avait réussi à attirer la magicienne à l'écart du GCPD, et qu'il allait pouvoir déterminer si elle était sincère, ou si elle cherchait à le duper.
De nombreuses minutes plus tard, le Chevalier Noir se tenait, stoïque, au sommet d'un immeuble situé bien à l'écart du GCPD. Il tourna le visage vers la jeune femme lorsque celle-ci arriva :
« Alors. Quels sont ces conseils que vous vouliez me donner, avant que nous ne nous attaquions à vos poursuivants ? »
Légèrement crispé, il se tenait déjà prêt à se défendre si la magicienne tentait quelque chose. Elle verrait alors qu'il pouvait bouger vite. Très vite.
Storm is coming Bruce Wayne & Rayna Brodveldt Le Batman semblait réfléchir avec la plus grande des attentions à ta proposition. Tu ne savais pas s'il allait bien le prendre pour ce que c'était, une simple précaution et non pas une insinuation sur une hypothétique impuissance ou méconnaissance de la magie. Ce n'était pas là du tout ton intention d'insinuer cela. Tu ne te serais pas permise. Tu connaissais sa réputation et même certains de ses exploits. On ne devenait pas un justicier aussi célèbre et légendaire sans avoir un sacré paquet de cordes à son arc. Bref, tu espérais simplement que ta démarche n'avait pas été maladroite ou mal interprétée. L'ego des hommes était parfois mystérieux et très sensible, tu l'avais déjà remarqué par le passé. Malheureusement, la réponse du Chevalier Noir tendait à croire qu'il n'avait pas vraiment apprécié ta proposition. Dommage... De toute manière c'était trop tard, tu ne pouvais revenir en arrière. Le mal était fait. Il n'avait pas compris, tu ne pensais pas qu'il ne connaissait pas assez la magie pour se défendre contre elle, tu voulais juste partager avec lui quelques astuce et quelques conseils parce que tu connaissais bien ces mages. Tu savais leur technique, tu savais leur magie, tu savais leurs habitudes et ça c'était certain, lui ne pouvait pas les connaître. Tout simplement parce que lui n'avait pas grandi à leurs côtés dans votre monde... Finalement, il poursuivait en admettant que même lui, le grand Chevalier Noir pouvait avoir besoin d'aide de temps en temps. Te voilà soulagée. C'était tout à son honneur de l'admettre, de le reconnaitre, très rares étaient les hommes à savoir le faire. Tu appréciais, cela ne faisait que donner un peu plus de valeur à une personne. Car il était toujours plus courageux d'admettre avoir besoin d'aider que le contraire. Tu étais d'ailleurs d'accord avec lui, nul n'était infaillible, chaque individu, magique ou non, surhumain ou non, avait ses failles et ses faiblesses.
Soudain, le Batman te disait qu'il était temps de partir et effectivement, en tendant un peu l'oreille, tu entendais quelqu'un monter l'escalier pour vous rejoindre. Et apparemment, le justicier avait autant envie que toi de voir une tiers personne s'inviter à votre tête à tête. Il te disait alors de le suivre, tu levais les yeux au ciel. Tu aurais préféré qu'il t'emmène avec lui plutôt que de te forcer à utiliser la magie pour rien. Ces humains... Pas économe pour un sou. Il planait de toi en toi et tu utilisais un simple sort de téléportation pour le suivre, apparaissant et disparaissant dans une légère brume noir corbeau et violacée, ta signature. Visiblement, il aimait beaucoup planer au dessus de Gotham le Batman, parce qu'il t'avait fait courir ainsi durant de longues minutes. Tu le soupçonnais alors de te tester un peu au passage. C'était de bonne guerre, tu ne lui en tenais pas rigueur mais qu'il se rassure, tu pouvais faire cela toute la nuit. Ce n'était pas un sort épuisant. Une fois qu'il eut enfin terminé de se dégourdir les jambes, tu le rejoignais sur le toit d'un immeuble. Il te demandait alors quels étaient ces fameux conseils que tu pouvais lui prodiguer. Tu le sentais sur la défensive. Si toi tu avais confiance en Zatanna, visiblement, ce n'était pas son cas puisqu'il se méfiait à ce point de toi. Encore une fois, c'était de bonne guerre, tu ne lui en tenais pas rigueur. Comment aurais-tu pu? Tu étais tout de même une étrangère, débarquée d'un autre monde. Même si cela il ne le savait pas encore. Tu étais tout de même une étrangère, dans sa Cité.
« Avant de me lancer dans une série de conseils qui pourraient s'avérer être parfaitement inutiles, dites moi déjà ce que vous, vous savez de la magie et j'aviserai en conséquence. Histoire de ne pas vous assommer avec ce que vous savez déjà. »
Passer pour un idiot ne sachant pas très bien comment se défendre face à la magie ne lui serait d'aucune utilité. Il avait déjà avoué s'y connaître assez, malgré son acceptation d'une aide potentielle, et il ne ferait que jeter le doute et la méfiance. La jeune femme ne lui semblait pas spécialement habituée à côtoyer des humains et la dernière chose qu'il voulait, c'était qu'elle interprète à tort ses propos. Plus il l'observait, plus il comprenait ce que Zatanna lui avait dit : elle n'était pas d'ici.
Pas de Gotham, et probablement pas de la Terre. Pas au sens où on l'entendait généralement.
Que pouvait-elle vraiment lui enseigner, lui apprendre, lui conseiller, qu'il ne savait pas déjà ? C'était aussi là la grande question, et la racine de la méfiance du Batman. A sa place, et s'il avait été un ennemi, il aurait profité de ce moment-là pour se retourner contre lui. Elle ne semblait pas bouger pour le moment, ne pas vouloir tenter quoi que ce soit. Un moyen de tester ses propres résistances avant de passer à l'acte ? C'était également possible, car c'est aussi ce qu'il aurait fait dans sa situation, à sa place. Car s'il avait voulu la piéger, il se serait renseigné avant de venir.
Zatanna lui faisait confiance.
Et elle ne semblait pas spécialement hostile. Mais d'un autre côté, John Constantine ne semblait spécialement hostile, et pourtant, il était fréquent que les deux hommes se prennent la tête pour rien. A la fois parce que Constantine était insupportable, et à la fois parce que Bruce ne savait jamais quoi penser de cet homme. Devait-il faire preuve de la même méfiance avec Rayna ?
Il réalisa alors qu'il ne connaissait son nom que grâce à Zatanna.
« Vous devriez peut-être commencer par me donner votre nom. La conversation n'en sera que plus aisée. »
Il n'attendit pas beaucoup, reprenant la parole presque aussitôt.
« Mes connaissances en magie ne sont pas aussi poussées qu'on pourrait le croire. Je connais la théorie, je connais certains rituels, certaines façons bien spécifiques de lancer des sorts ou de créer des illusions, mais je n'ai jamais eu le don pour le faire. J'aurais peut-être pu apprendre un peu, si je l'avais voulu, mais je n'en ai jamais eu besoin. La plupart des sorts qu'on m'a lancé n'ont jamais été que destinés à me faire perdre la tête... et là-dessus, aucun magicien ne saura briser ma volonté. »
C'était un fait. Un brin orgueilleux, mais un fait tout de même.
« Je sais également que pour affronter un mage, la rapidité est souvent la clé, plutôt que la prudence. Le temps permet au magicien d'élaborer son sort, de rassembler l'énergie nécessaire pour le lancer, et le prendre par surprise ou de vitesse augmente les chances de succès. Pris au dépourvu, un magicien risque de se rater, de paniquer, et il ne sera alors pas plus dangereux qu'un criminel avec son couteau. Pour un simple humain comme moi, c'est à peu près la seule façon de lutter. »
Il gardait pour lui les quelques autres façons qu'il connaissait, les petites astuces qu'il maîtrisait, histoire de garder un minimum d'élément de surprise.
Storm is coming Bruce Wayne & Rayna Brodveldt En guise de réponse, le Batman te demandait de révéler ton identité. Zatanna ne le lui avait sans aucun doute pas donné sans ton consentement. Elle savait à quel point ton anonymat et ton absolue discrétion étaient importants sur cette Terre. Et tu ne lui avais pas donné ton consentement. La connaissant, elle avait du respecté le secret. Donc, en toute logique, le Batman ne mentait pas, il ne devait pas connaître ton nom. Impossible. Tu esquissais un sourire. Lui avait un pseudonyme derrière lequel se cacher, le Batman. Toi tu n'en avais pas et tu n'avais pas l'intention de t'en inventer un. Tu n'avais pas vocation à te cacher derrière un masque comme lui.
« Je m'appelle Rayna. »
Répondais-tu tout simplement. Tu aurais pu mentir mais à quoi bon? Tu ne lui faisais pas encore confiance à lui mais, au risque de me répéter encore une fois, tu faisais aveuglément confiance à Zatanna. Et ce dès la première seconde où vos regards s'étaient croisés. Tu ne perdais bien evidemment pas ton temps et ton énergie à demander son identité au Chevalier Noir, il était comme bien des hommes. Lui, tout devait lui être acquis mais bien sûr, la réciproque n'était pas de mise. Lui pouvait se permettre d'exiger les identités de tout le monde tout en s'obstinant à garder la sienne pour lui. Tu n'essayais donc même pas de lui demander son vrai nom, tu savais que ça ne servirait à rien et que tu ne ferais que gaspiller ta salive. Tu commençais à cerner quel genre d'homme il était. Pas le genre que tu aurais fréquenté de ton plein grès, ça, c'était sûr. Il disait alors que ses connaissances en magie n'étaient pas aussi poussées qu'on aurait pu le croire. Prétentieux et arrogant avec ça... Jamais tu n'avais pensé cela, qu'il avait des connaissances en magie très poussées. C'était lui qui l'avait prétendu quelques instants plus tôt... Puisqu'il se targuait de connaître assez la magie pour s'en défendre. Insinuant presque que tu pouvais garder tes précieux conseils pour toi. Il s'était sans doute ravisé pour ne pas te vexer, ne pas te brusquer. Mais tu avais bien compris... Quelle arrogance encore une fois de prétendre qu'il aurait pu aussi aisément s'essayer à la magie. La magie n'était pas un jeu, elle n'était pas aussi facilement à la portée de tous comme il semblait l'insinuer. Il commençait à devenir insultant pour toute ta lignée le Batman... Et cela, tu ne pouvais le tolérer. Tout comme tu ne pouvais tolérer quelqu'un qui considérait la magie avec autant de légèreté et de mépris. Car croire qu'elle n'était pas dangereuse pour lui et qu'il n'en avait rien à craindre était une sorte de mépris. L'arrogance du Chevalier Noir gâchait tout son aura et sa légende. Tu étais fort déçue. Peut être devrais-tu lui jeter un sort d'humilité? Mais il saurait sans nul doute le contrer selon ses dires... Tu avais envie de lever les yeux au ciel d'agacement mais tu te retenais. Toi, tu avais des manières.
Aucun magicien n'aurait su briser sa volonté... Bah tiens. Tu serrais les poings et cette rencontre devenait de plus en plus désagréable. Tu avais en réalité envie de le planter là puisque visiblement il n'avait pas réellement besoin de toi. Il avait du te demander ton aide pour la forme, pour faire genre et te garder à l'oeil. Tu avais horreur des hommes et des femmes qui se croyaient plus forts que tout. Qui ne doutaient de rien. Se croire invulnérable, intouchable, était une forme de folie, d'idiotie même. Tu étais surprise de voir que le Chevalier Noir avait une telle opinion de lui même. Ce n'était absolument pas chevaleresque. La rapidité? Savait-il qu'un mage expérimenté pouvait lui jeter un sort sans même qu'il ne le remarque ou le sente venir? Tu avais bien envie de le prouver, là, maintenant, pour rabattre son clapet mais tu te retenais, une fois encore. Il pensait tout savoir de la magie mais de toute évidence il n'en était rien. Et tu n'avais désormais plus du tout envie de partager avec lui tes connaissances. A l'entendre, les mages étaient faibles, des imposteurs facile à effrayer, à combattre, à déstabiliser. Contrairement à lui bien sûr, le grand Batman. Cette fois-ci tu levais les yeux au ciel, c'en était trop.
« Et bien, je crois que finalement vous n'avez pas besoin de mon aide Batman. A vous tout seul vous êtes une véritable armée que rien ne semble pouvoir arrêter. Vous n'avez visiblement pas besoin ni de mes conseils, ni de mon aide. Alors pourquoi avoir prétendu le contraire? Vous voulez me garder à l'oeil? Inutile de tourner autour du pot alors, dites le moi franchement, je comprendrai. J'apprécierai d'avantage plutôt que votre tentative minable de me faire croire que vous avez besoin de moi pour protéger Gotham. »
Tu n'y allais pas par quatre chemins Rayna Brodveldt. Mais il avait dépassé les bornes et il ne méritait plus ni ton admiration ni tes manières...
Il l'observa un instant, les visage crispé, fermé, les lèvres scellées pour ne pas laisser échapper un seul son. D'un coup, après sa demande, la réponse ne lui convenait pas et elle se braquait. Finie la brève admiration qu'elle avait pour lui, place à une désillusion assez amère et à une brusquerie toute nouvelle. Il pouvait le comprendre : rares étaient les personnes qui, ne le connaissant pas, appréciaient sa façon de faire. Mais il n'en avait rien à faire, et il n'allait certainement pas changer ses habitudes pour elle.
Si la vérité lui déplaisait, alors elle allait être furieuse après ce qu'il allait dire. Mais tant pis. Encore une fois, elle le demandait. A elle d'en assumer les conséquences.
« Evidemment que je veux vous garder à l’œil. Je ne vous connais pas, vous êtes dotée de capacités hors du commun, et vous attirez des gens aux intentions mauvaises dans Gotham. Il aurait été stupide de vous faire aveuglément confiance. »
Douter de tout, et l'annoncer aussi brusquement, était ce qui lui avait permis de survivre pendant toutes ces années. Personne ne pouvait tromper sa vigilance et se vanter de réussir à recommencer ; car si le contraire se produisait, alors il devenait faible, et c'était une chose qu'il ne pouvait laisser faire. Zatanna faisait confiance à Rayna, mais pas lui. Il voulait bien de son aide, et l'aider, car il avait confiance en son amie pour jauger cette magicienne. Il avait bien vu qu'il y avait eu, miraculeusement, aucun blessé la veille dans le métro. Mais ce ne serait peut-être pas toujours le cas, et il devait donc surveiller.
Encore une fois, tant pis pour elle. Il n'avait pas l'intention de se mettre à faire confiance à tout le monde pour leur faire plaisir : il ne fonctionnait pas ainsi, et ne l'avait jamais fait. Se méfier de tout, remettre en question tout ce que l'on voyait, c'était une façon paranoïaque mais utile d'agir. Il n'aimait pas cela, au contraire. Mais c'était nécessaire, c'était la décision la plus pragmatique qu'il pouviat trouver pour rester en vie.
« De plus, vous m'avez demandé de vous dire ce que je savais : je vous ais donc donné mon point de vue. A vous d'en faire ce que vous voulez, mais si la réponse ne semble pas vous convenir, je n'y peux rien. Vous êtes seule dans une ville que vous ne connaissez pas, alors que je la connais parfaitement. Vous avez des pouvoirs que je n'ai pas, et vous connaissez vos ennemis : moi pas. Mais je tiens à vous aider, car si Zatanna vous fait confiance, alors je serais ravi de chasser ces mages dangereux de Gotham. Je ne peux pas les affronter sans vous, et vous pourriez avoir besoin de mon aide. Je ne vous demande pas de m'apprécier, et je n'exige certainement pas de vous que vous m'obéissiez. Nous avons un but commun, et la possibilité de mêler nos compétences respectives pour l'atteindre. »
Il se mura dans le silence, guettant sa réaction. Il la devinait en colère, et ce n'était pas difficile à voir : ses yeux, ses poings, la crispation de son corps, tout indiquait sa colère et sa frustration. Mais il avait raison, et elle le savait.
« Alors, maintenant que nous avons eu tous les deux notre tasse d'honnêteté brutale, sommes-nous capable de nous associer, ou vous refusez mon aide ? »
Storm is coming Bruce Wayne & Rayna Brodveldt Ah bah voilà... suffisait de le pousser un peu pour qu'il se montre enfin honnête le Chevalier Noir, tu préférais cela. Ça ne te dérangeait pas qu'il veuille te garder à l'oeil, c'était d'ailleurs tout à fait normal. En revanche, ce que tu n'aimais pas, c'était les détours et les fausses excuses. Or, c'était bel et bien ce qu'il t'avait servi sur un plateau d'argent. Tu étais extrêmement déçue, tu savais à quoi t'en tenir avec lui désormais. Il avait fait semblant d'être vaguement sympathique et tolérant mais en réalité, il n'en pensait pas moins. A ses yeux tu n'étais qu'une menace parmi les autres, au même titre que les hommes de ton père. Impossible pour toi de faire équipe avec une personne qui pense cela de toi. Tu as tout de même un minimum de fierté. Te faire aveuglément confiance? Mais il n'avait rien compris ma parole, il mélangeait tout le Batman. Ça n'avait absolument rien à voir et tu ne lui avais absolument pas demandé cela. Il y avait tout de même une grande différence entre laisser le bénéfice du doute et avoir une confiance aveugle. Tu croisais alors les bras, tu ne lui répondais pas, tu sentais bien qu'il était parti dans un petit speech moralisateur. Il était du genre à aimer s'écouter, tu l'avais bien compris désormais. Pas manqué, il se lançait bien dans un long monologue et parce que tu étais quelqu'un de bien, quelqu'un de respectueux, tu le laissais parler, si ça pouvait lui faire plaisir. Décidément, Gotham réservait bien des surprises. D'une rencontre prometteuse tu passais à un entretien catastrophique. Tu avais hâte de pouvoir prendre congés de sa présence détestable. Cet homme semblait se complaire à rabaisser les gens quand ils n'allaient pas dans son sens. Car dès lors que tu avais osé lui tenir tête, il avait changé de visage. Passant d'une personne à priori tolérante et avenante à un homme exécrable et petit. Il t'avais déjà balancé en pleine face que c'était toi qui attirais le mal à Gotham, alors que deux secondes avant il te disait de ne pas te sentir coupable... Maintenant il semblait se réjouir de te savoir seule et perdue. Pourri à la moelle par son arrogance. Il aimait se sentir supérieur, c'était une évidence. Etait-il sérieux en disant qu'il connaissait bien mieux Gotham que toi? Quel argument misérable... Bien sûr qu'il la connaissait mieux que toi, il y avait toujours vécu et toi tu venais à peine d'arriver sur cette Terre. Il tombait bien bas pour en venir à un tel argument. C'était minable. Encore s'il t'avait présenté ça sous le fait qu'il pourrait ainsi te guider grâce à ses connaissances. Mais non, là c'était clairement de l'arrogance, il était fier d'avoir un avantage sur toi. Il voulait une médaille peut être? Voulait-il vraiment compter les points? Puéril et ridicule...
Il voulait chassez ces mages, grand bien lui fasse, qu'il se débrouille avec eux alors puisqu'il était si fort et toi si faible, à tous les niveaux. Tu n'étais pas du genre à tourner le dos aux gens ou à voir ce qu'il y avait de pire en eux mais ce Batman... ce Batman tu ne lui trouvais plus rien de positif désormais. Pour toi il n'était qu'un vil usurpateur qui se faisait passer pour ce qu'il n'était pas. Tu avais vu son vrai visage et tu ne l'aimais pas du tout. Il ne pouvait pas les affronter sans toi? Mais à quoi il jouait? Il n'avait de cesse de se contredire, de dire tout et son contraire. Tantôt encourageant, tantôt insultant. Tu n'aimais pas les personnes à double visage qui pouvaient faire aussi vite volte face. Tu aurais pu avoir besoin de son aide... oui c'était vrai. Mais tu en chercherais assurément ailleurs désormais. Il ne te demandait pas de l'apprécier? Encore heureux parce que ça, ça n'arriverait jamais. Tu étais plutôt du genre tolérante, du genre à laisser une seconde chance. Mais les hommes comme lui, les hommes comme lui tu ne les connaissais que trop bien. Tu ne l'apprécierais jamais. Exiger que tu lui obéisses? Mais comment cette idée avait pu ne serait-ce que lui traverser l'esprit? C'était de pire en pire, il s'enfonçait. Mais tu avais bien compris que ton avis il n'en avait que faire de toute manière. Il était trop tourné sur son petit monde, sa petite, bien petite personne. Tu restais les bras croisés sans montrer la moindre émotion. Tu avais bien compris que cela ne servait à rien face à une personne comme lui. Il ne méritait pas que tu t'épuises à t'énerver et ou à t'agacer finalement. Un but commun oui? Mais ça ne t'obligeait en rien à supporter son sale caractère. Il compilait à lui tout seul tous les défauts que tu exécrais le plus. Mêler vos compétences? A parce que maintenant il reconnaissait tes compétences? Une belle girouette le Batman. Tu restais de marbre, parfaitement calme et sereine, attendant simplement qu'il te laisse enfin en placer une. Ce qui mit longtemps à arriver.
« Honnêteté brutale? Parlez pour vous. Personnellement j'ai été honnête dès le début et si vous l'aviez été vous aussi, nous n'en serions pas arrivés là. Mais je suis ravie finalement car j'ai pu voir votre vrai visage. Je ne vous ai jamais demandé une confiance aveugle mais au moins le bénéfice du doute et un minimum de tolérance, de respect. Je pensais pouvoir au moins attendre cela de la part d'un gardien, d'un prétendu justicier. Feindre de le penser c'est bien, le faire c'est mieux. »
Tu avais dis tout cela sur un ton calme et posé car désormais tu voyais beaucoup plus clair.
« Quant à ma réponse à votre question, c'est non. Je ne peux pas m'associer à une personne comme vous. Mais je suppose que de toute manière vous n'en avez rien à faire et c'est justement pour cela qu'il vaut mieux que nos chemins se séparent dès maintenant. Je ne refuse pas votre aide, je refuse votre arrogance et votre mépris. Ravie de vous avoir rencontré tout de même Chevalier Noir. Je sais désormais à quoi m'en tenir. »
Et sur ces dernières paroles, tu disparaissais à nouveau dans une brume noire violacée. La discussion était close, en tout cas pour toi.
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