Gotham City. La ville la plus sombre et ténébreuse selon certains. La plus sale et corrompue pour d'autres. Rarement tu avais entendu du bien de cette ville froide et lugubre. Tu n'aimais jamais t'y rendre, d'ailleurs c'était le terrain de chasse du Chevalier Noir et de toute sa bande... La Bat-Family... Plus ridicule, tu meurs. Tu levais les yeux en pensant à cela, tandis que le tramway te faisait traverser la baie. En réalité, tu n'étais venue qu'un seule fois à Gotham City et tu n'en avais pas vraiment gardé un bon souvenir. Pour une empathe comme toi, c'était un véritable cauchemar... Toutes ces ondes négatives qui émanaient des gens mais aussi des murs, du sol, de chaque infime parcelle de terrain de cette Cité aussi mystérieuse que terrifiante. Tu avais très mal vécu ta première visite et tu n'y étais jamais revenue. Heureusement, depuis tu avais fait un lourd travail sur le contrôle de tes pouvoirs et de tes émotions. C'était donc, non sans une légère appréhension, que tu te rendais plutôt sereine dans la ville du Batman. Mais cette fois-ci, tu n'y allais pas en tant que Raven. Tu n'y allais pas en tant que justicière traquant le mal là où il pensait pouvoir se terrer. Non... Cette fois-ci tu venais en tant que Rachel Roth. Jeune étudiante en archéologie, obligée de suivre un stupide séminaire. Après les derniers évènements, le monde entier essayait de refaire surface, de reprendre son cours normal. Pas franchement net cette attitude mais c'était ainsi que fonctionnaient les humains et tu l'avais bien compris. Alors tu faisais comme eux, ton directeur de thèse avait organisé ce voyage pour vous, pour vous changer les idées tout en vous apprenant le métier alors tu jouais le jeu.
Comme à ton habitude, tu étais seule dans ton coin, un peu cliché, certes, mais telle était la réalité. Depuis ta plus "tendre" enfance, tu avais appris à être seule, à ne pas te mélanger, à t'éloigner de toute source de désordre émotionnel. Tu étais devenue experte en la matière. Et quand ça commençait à déraper, il te suffisait de respirer, de te plonger en état de semi-méditation pour y remédier. Et si vraiment cela ne suffisait pas, tu te servais de ton Chakra et jusque là, ça avait toujours été efficace. Jusque là... Tout se passait pourtant admirablement bien, chacun restez bien à sa place, la journée n'était pas trop fraiche et finalement, ce séminaire, il te bottait bien. Tes études t'intéressaient réellement, tu ne les avais pas choisi uniquement pour avoir une couverture comme certains. Tu étais donc heureuse de pouvoir y participer, de pouvoir apprendre encore et toujours sur l'histoire des Hommes. Même si cela te forçait à fouler le sol putride de Gotham. Oui, tu méprisais cette ville. Pourquoi? Peut être parce qu'elle te faisait peur au fond. Peut être parce que tu sentais que c'était exactement le genre d'endroit chargé d'ondes négatives qui pouvait te faire dérailler. Objectif donc, se concentrer sur ton séminaire, passer la nuit dans ce fichu hôtel bas de gamme, manque de finances oblige... Terminer le séminaire et repartir comme une fleur. Sur le papier ça a l'air plutôt simple mais ça, c'est sur le papier.
La première journée de séminaire terminée, les étudiants, ainsi que ton professeur, décidaient d'aller se détendre un peu, d'aller boire un verre dans un petit bar sympa de la ville. Chercher l'erreur dans cette combinaison d'idées. Gotham City... Bar sympa... Bref, il était bien évidemment hors de question que tu acceptes. Déjà parce que l'alcool c'était pas, mais alors pas du tout ton truc. Ensuite parce que tu n'avais absolument pas envie de trainer avec cette bande d'étudiants oisifs et insouciants qui ne se doutaient pas une seule seconde du danger qui respirait à leur côté à chaque instant. Et pour finir, tu n'avais qu'une envie, rentrer, méditer, lire, dormir. Plus vite au lit, plus vite la seconde journée entamée, plus vite le séjour terminé. Tu refusais sans vraiment mettre les formes, c'était pas ton genre. D'ailleurs, personne n'insistait. Tu rentrais donc seule jusqu'à l'hôtel. Tu jouais avec le feu Rachel Roth. Une jeune femme, comme toi, si jeune, si d'apparence inoffensive, tu étais l'appât parfait pour les cinglés qui avaient envahis les rues du Chevalier Noir. Mais tu n'en avais bien sur que faire, tes pouvoirs te suffisaient à tous, ou presque, les neutraliser. Tu étais donc confiante, peut être un peu trop... Tu te relâchais Rachel et une émotion parmi des centaines était parvenue jusqu'à toi. Parmi la foule, tous ces gens qui déambulaient autour de toi, une âme avait sur se frayer un chemin jusqu'à toi. Tu avais été bouleversée, c'était incompréhensible... Justement parce que tu comprenais. Cette âme était un peu comme un miroir. Tu ressentais l'influence du père, la terreur dans le cœur d'une fille obligée d’exécuter son héritage. La terreur, la soumission, le mal. Tu ne pouvais pas laisser passer cela.
Tu t'éclipsais alors dans une ruelle sombre, où tu croisais d'ailleurs un magnifique chat noir que tu caressais tendrement au passage, tu adorais les animaux, particulièrement les chats. Puis, d'une simple incantation, tu devenais Raven, membre des Titans, puissante empathe et magicienne. Cette âme qui t'appelait, elle avait besoin de ton aide, quelque chose de terrible allait se passer. Tu te laissais guider par ton pouvoir et te téléportait près d'un night club. Encore bien moins fréquentable que le fameux bar. Cette jeune femme qui te ressemblait, cette jeune femme qui te perturbait, tu la ressentait, elle était là, pas loin, effectuant les sales besognes de son paternel. Tu te téléportais alors à l'intérieur du night club. Et tel un chat... tu te faisais ombre, discrète et invisible. Tu observais. Tu observais ces gens qui faisaient la fête alors qu'ils savaient tous où ils étaient. Ils se roulaient dans la fange et le pêché, ils té dégoutaient. Des femmes dénudées se trémoussaient sur des plateformes et des hommes répugnants leur balançaient des billets comme on balancerait une friandise à un chien. Ah si seulement tu pouvais... si seulement tu pouvais leur donner une leçon. Mais ce n'était pas ça être membre des Titans. Tu ne devais pas dévier de ton objectif. Une âme t'avait appeler, malgré elle, à l'aide, tu devais donc répondre à cet appel. Il ne t'avait fallu que quelques minutes pour identifier la jeune femme. Elle faisait parti de celles qui se trémoussaient. Elle était plutôt dans un piteuse état, elle avait les traits fatigués et son corps, malgré le maquillage, montraient des signes de maltraitance. Elle souffrait tellement intérieurement, son âme était tellement meurtrie qu'elle avait hurlé jusqu'à toi.
Tu la regardais, tu essayais de contenir ton émotion, tu fermais les yeux et placer ton Chakra au milieu de ton front, tu sentais que tu allais en avoir besoin et tu ne t'étais pas trompée. Le père de cette jeune femme n'était nul autre que le patron de ce cloaque, il avait clairement forcé sa fille à y travailler. Bien sûr ce n'était pas vraiment comparable avec ce que Trigon te réservait mais tout de même... Tu te reconnaissais en elle et ça, ça c'était mauvais signe. Tu serrais les poings, ton Chakra s'illuminait. Tu respirais, pour l'instant, tu n'avais pas intervenir. Certes cette jeune femme faisait un travail avilissant et elle ne semblait pas être épanouie mais que pouvais-tu y faire? Ce n'était pas ton job ça. Tu t’apprêtais donc à quitter les lieux quand tu interceptais une conversation qui allait te forcer à rester. Le père marchandait sa propre fille pour qu'elle passe la nuit avec deux types louches et assez désagréables à regarder en passant. Tu décidais toujours de ne pas intervenir, après tout, elle était majeure et vaccinée, si elle acceptait de se prostituer, c'était son problème, pas le tien. Mais quelque chose, intuition, sixième sens ou simplement pressentiment, t'avait forcé à rester pour voir jusqu'au bout. Très vite, tu comprenais que la jeune femme n'était absolument pas consentante. Là, tu pouvais enfin intervenir, ça te démangeait depuis la première seconde où tu avais senti sa souffrance. Tu les suivais donc à l'étage, dans les quartiers privés du patron. Même pas une chambre d'hôtel, un lit confortable et quelques douceurs. Juste une vieille pièce sombre, un canapé abimé et sale, une table et une bouteille de mauvais whisky. Les hommes étaient visiblement éméchés et la jeune femme n'était pas en état de se défendre. Elle était trainée de forcé dans cette lugubre pièce et il n'y avait aucun doute sur le destin qui lui était réservé. Tu serrais les poings. Un serveur ou un videur, tu ne savais et tu n'en avais absolument rien à foutre, passait par là et t’apercevait. « Mais... Mais... qui êtes vous?... Vous n'avez rien à... » Balbutiait-il avant que tu lui assènes un bon coup de poing en plein et qu'il s'écroule à terre, inconscient. Tu ne le calculais même pas, tu enjambais simplement son corps et t'approchait de la cible.
A l'intérieur de la pièce, des cris, elle se débattait finalement la frêle strip-teaseuse et ça ne plaisait visiblement pas aux clients. Ni une ni deux, tu défonçais la porte à l'ancienne, créant stupeur et tension chez chaque individu présent. Immédiatement, des armes étaient pointaient vers toi et des coups de feu partaient, affolant les clients qui s'échappaient tous du Night Club. Tant mieux, pas de dommage collatéral. D'un simple geste de la main, tu désintégrer chaque balle et aucune d'elle ne parvenait à t'atteindre. Un des hommes se ruait vers toi, tu utilisait les techniques que Xiomara t'avait apprise pour le neutraliser sans user de la magie ou le mettre en danger. Mais pendant que tu t'occupais de lui, l'autre homme s'en prenait au patron. Pour vrai... qu'il meurt ou pas celui là, tu n'en avais que faire. Bon tu allais tout de même le sauver parce que... voilà... c'était ton job, mais tu rechignais un peu à la tâche. S'il pouvait se prendre une balle dans la rotule au passage, ça serait plutôt cool. Mais l'enflure, cette pourriture, ce cafard pourri, allait faire ce que jamais tu n'aurais pu imaginer, ce qui allait te mettre dans une rage folle, une rage extrêmement dangereuse pour tous ceux et toutes celles à des kilomètres à la ronde. Il s'était servi de sa propre fille comme bouclier. Elle s'était prise la balle destinée à son père, tu n'avais pas pu agir à temps. Tu assommais alors l'abruti qui te servait de punching-ball et tu neutralisais d'une incantation magique l'homme qui venait de tirer sur le jeune femme. Il était soudainement pétrifié et ne pouvait plus bouger. Si seulement tu n'avais pas souhaiter qu'il arrive malheur au père, à celui qui représentait Trigon à tes yeux... Si seulement... Le pire de tout, c'est que cet enfoiré balançait sa fille blessée au sol et se barrait en courant. Tu te précipitais vers la jeune femme. Tu voyais dans son regard qu'elle était... soulagée. Elle était enfin libérée. Tu avais eu froid dans le dos. Et elle était morte dans tes bras sans que tu ne puisses rien faire. Tu fermais les yeux, tu essayais de te contenir mais tu n'y parvenais pas cette fois Raven, cette jeune femme, ce père... C'était tout simplement toi et Trigon. C'était devenu personnel. Tu te téléportais alors à la sortie, tu savais que cette raclure se précipiterait lâchement là bas. Tes yeux étaient désormais rouge sang et de légères veines noirâtres se dessinaient sur ta peau. C'était mauvais signe, très mauvais signe.
Les hommes de main du patron se ramenaient prêts à en découdre pour sauver leur chef mais ils ne savait pas à qui ils avaient à faire. Tout en te servant de tes pouvoirs pour repousser chacune de leurs attaques, tu saisissais le patron, le père, l'ordure, par le cou et tu commençais à l'étrangler de toutes tes forces. Tu voyais le visage de ton père, tu repensais à ton peuple qu'il avait détruit, au destin funèbre qu'il te réservait. Tu étais furieuse face à ce père indigne qui n'avait hésité à sacrifier sa propre fille pour son profit et pour sa vie. Ta main serrait de plus en plus fort et bientôt, il ne pourrait plus du tout respirer. Tu n'avais jamais tué personne jusque là Raven... Ton âme allait-elle basculer ce soir?
C'est avec un claquement de cape, fouettant l'air nocturne, que le Chevalier Noir s'approcha de cette boîte de nuit. Une alerte avait été lancée par le GCPD pour des coups de feu et du grabuge à l'intérieur de l'établissement aux néons roses. De l'extérieur, même le tambourinement de la musique ne s'entendait plus, et les derniers paniqués fuyaient dans toutes les directions en hurlant des choses incohérentes. Certains, clients, se plaignaient du lieu, d'une bande de dégénérés. D'autres, employés (hommes et femmes), tentaient de s'aider et dénigraient leur patron et son comportement infâme.
Enfin, certains parlaient d'une jeune femme noire comme la nuit et au visage terrifiant.
Ainsi, quelqu'un d'autre serait déjà sur le coup ?
Bruce resta un long moment perché sur le bord du toit où il était, examinant la boîte de nuit. De ce qu'il pouvait en voir, il n'allait pas falloir longtemps avant que les derniers occupants du bâtiment ne sortent. Les coups de feu venaient de cesser, avec un dernier qui sonnait comme un ultime rappel de la prestation macabre. La mâchoire crispée, Batman commençait à se poser la question fatidique, qu'il se posait bien trop souvent ces derniers temps : combien de morts ?
Il y eut du mouvement, et un cri. De pure terreur. Provenant de la ruelle entre la boîte de nuit et les bâtiments à proximité. C'était son signal pour intervenir, pour se précipiter vers le danger, et peut-être, pour sauver une vie ! Il se pencha, et se propulsa, déployant dans le même temps la longue cape pour lui donner des ailes.... et planer ainsi rapidement vers le lieu de l'agression. Le lieu où le danger rôdait, et où il y avait une menace.
Il la reconnut aussitôt, même s'il ne l'avait pas souvent rencontrée.
« Raven, c'en est assez. »
Sa voix grave retentissait clairement dans la ruelle, alors que le Chevalier Noir se posait sur le sol. Quelques sirènes dans le lointain, les gargouillis étouffés de la victime, les mains serrées de la jeune femme autour du cou de l'homme, et le néon violacé au-dessus de leurs têtes : l'ambiance, le tableau, sinistre, de toute cette scène. Et intérieurement, Bruce se préparait déjà pour toute éventualité, comme à son habitude.
Et il était crispé, tendu, lui aussi.
Car Raven était dangereuse, puissante, et difficile à contrôler et donc à affronter. De par ses pouvoirs magiques, Batman n'avait que des armes limitées pour la contrer : sa volonté imbattable, et sa ruse sournoise. Il pouvait la prendre par surprise, calculer ce qu'elle allait faire, prévoir, anticiper, mais tenir sur la durée était impossible. S'il devait la neutraliser, il lui faudrait un coup rapide et imprévisible.
Par chance, ça, il savait parfaitement le faire.
« Laisse-le, Raven. Si tu le tues, ça ne ramènera pas les victimes. Et sa punition ne sera pas suffisante pour qu'il regrette ce qu'il a fait. Souviens-toi que désormais, je peux publiquement appuyer sa condamnation. »
Déjà pâle, le teint de l'homme vira au blanc caillé. Oui, il savait, et comprenait. Et il était presque davantage terrifié par Batman que par Raven.
Son cou de taureau entre tes doigts si fins et frêles en apparence. Cette situation aurait pu en faire rire plus d'un tant la scène avait un air comique. Et pourtant, l'homme gémissait, il s'étouffait, il s'étranglait. Sa peau changeait de couleur au rythme de tes iris. Tu n'étais plus toi même Raven, en tout cas tu n'étais pas celle que tu voulais être, celle que tu devais être. Ton passé t'avait rattrapé, tes démons t'avaient envahi, l'emprise de ton père était toujours bel et bien là. Cela te rappelait à quel point la limite entre le bien et le mal, le juste et l'injuste, était fine. A quel point elle était facile à franchir. D'un seul mouvement tu aurais pu lui briser la nuque, d'une simple incantation tu aurais pu l'écorcher vif ou le désintégrer littéralement. Et pourtant il était encore de ce monde et cela était bien la preuve, pour ceux qui te connaissaient toi et tes pouvoirs, que tu étais actuellement entrain de lutter de toutes tes forces pour ne pas franchir cette limite. Tu voulais le tuer, mais tu ne pouvais le faire. Tu voulais venger la mort de cette pauvre femme à qui tu t'étais identifiée, mais tu ne pouvais pas. C'était ça le problème. Pouvoir, vouloir, vouloir, pouvoir, tout s'embrouillait dans ton esprit. Une chose était sûre tu voulais à la fois le voir souffrir et mourir mais aussi à la fois l'épargner pour sauver ton âme et prouver que tu n'étais pas la digne fille de ton père. Que tu valais mieux que lui, que tu n'étais pas la menace que certains et certaines prétendaient que tu étais. Et tandis que l'homme suffoquait, voyant très certainement sa misérable vie défiler sous ses yeux, tu luttais. Rien ni personne ne pouvait actuellement t'arrêter ou t'empêcher d'aller jusqu'au bout, à part toi... Rachel Roth.
Puis soudain, une voix sourde et rocailleuse. Presque lointaine t'extirpait de ton combat intérieur. Tu ne l'avais pas de suite reconnu, tu ne l'avais de suite comprise. Etait-ce réellement une personne extérieure ou était-ce ta propre conscience. En tout cas ça y ressemblait fortement. Et finalement ces quelques mots raisonnaient dans ton esprit, encore et encore. « Raven, c'en est assez. » « Raven, c'en est assez. » « Raven, c'en est assez. »... Oui Raven, c'en était assez! Progressivement tu redescendais de plusieurs étages, tes yeux retrouvaient lentement leur couleur normal et tes doigts de décontractaient. Tu lâchais prise et l'homme s'écroulait au sol, il toussait comme un vieillard à l'agonie, c'était peu cher payé pour ce qu'il avait fait à sa propre fille. Comme c'était peu cher payé de voir ton père prisonnier d'une autre dimension alors que toi tu devais vivre, survivre, chaque jour avec l'idée que peut être un jour il parviendrait à se servir de toi pour accomplir son sombre dessein. Tu restais droite, figée quelques secondes. Une larme voulait couler le long de ta joue mais tu l'en empêcher. Tu ne devais montrer aucun signe d'émotion. Tu ne devais ressentir aucune émotion. C'était la seule solution pour ne pas craquer. Tu te concentrais alors sur ton Chakra oubliant même jusqu'à l'existence de cette voix qui t'avait aidé à lutter contre toi même. Tu n'entendais même pas ce qu'il disait, tu étais en trans méditative, sans même t'en rendre compte, tu commençais à léviter sur place. Ta respiration redevenait normale, ton pouls diminuait, ton cœur n'était plus déchainé. Tu ne regardais même pas le Chevalier Noir que tu avais finalement par reconnaître. Tu ne regardais pas l'enfoiré que tu avais épargné au sol. Tu te contentais de léviter lentement jusqu'à l'étage supérieur. Tu prenais délicatement le corps de la pauvre femme dans tes bras. Tu en prenais soin comme si elle était en porcelaine. Elle semblait si sereine. Tu replaçais une mèche de ses cheveux et tu revenais près de Batman.
« Alors assure-toi qu'il paye pour son crime Bruce. Assure-toi que justice lui soit rendue. » Disais-tu en lui confiant la dépouille de la jeune femme. « Et fais ton job, nettoies ces foutues rues de Gotham, sauve les innocents. » Tu étais en colère, plus contre toi que contre Bruce... C'était toi qui n'avais pas su protéger et sauver cette femme mais cette colère, comme bien souvent, tu l'as transformé en pique acerbe pour t'en débarrasser, pour l'évacuer, pour ne pas la laisser t'assombrir. Puis Bruce n'était pas du genre à se laisser atteindre par ce genre de commentaire, tu le savais. Tu l'abandonnais alors là, puisque c'était son choix. Il voulait régler le problème lui même, qu'il le fasse alors. Tu te téléportais alors sur un toit à l'écart, tu voulais être seule...
Batman avait emporté le corps de la jeune femme auprès des secours, pour qu'ils s'occupent de la dépouille, et avait livré le malfrat au GCPD. Il avait longuement insisté sur le fait qu'il souhaitait lui parler par la suite, et qu'il viendrait de lui-même au commissariat pour cela. Bien sur, aucun policier n'avait eu envie de lui répondre, de le contredire, ou même de chercher à se dérober. Car au fond, qu'on connaisse ou non sa véritable identité, le Chevalier Noir faisait toujours peur aux autres. Car telle était sa nature : insaisissable.
C'était ainsi que l'Autre avait été perçu par ses propres alliés : un ami, mais dont ne savait au final pas tant de choses que ça. Une part restait à jamais cachée. Et c'était aussi en ça que Bruce, alors qu'il retournait dans l'obscurité de Gotham pour retrouver Raven, reconnaissait le mal qui vivait dans l'esprit de la jeune femme. Elle aussi devait en permanence arborer un visage, un masque, qui n'était pas réellement ce qu'elle était. Afin de ne pas faire peur aux autres. Afin de ne pas se faire par à elle-même.
L'impétuosité de sa jeunesse. C'était ça, qui avait déclenché sa crise de colère. Mais malheureusement, dans son cas, c'était aussi une façon terriblement dangereuse d'exprimer ses émotions.
« Impressionnante démonstration de force. »
Ce furent ses premiers mots alors qu'il la retrouvait, sur le toit d'un immeuble. S'agenouillant sur une des milliers de gargouilles de la ville, Bruce laissa sa cape flotter au vent, son regard masqué fixé sur la jeune femme. Il sentait qu'une distance – plus que physique – était présente entre eux. Ils ne venaient pas de la même Terre, ils n'étaient pas du même monde. Le sien était magique, noirceur, tandis que celui de Bruce était chagrin et pluie. Proches, mais pas identiques.
« Si je n'étais pas arrivé, tu l'aurais sans doute pulvérisé pour ce qu'il a fait. Peut-être que d'une certaine manière, il le méritait. Mais ce n'est pas à nous de le juger pour ça. La loi, la justice, ce sont deux choses différentes : mais il faut tenter de les rapprocher au maximum. Sinon, nous ne valons pas mieux que des créatures sournoises qui cherchent à dicter l'ordre des choses. Un peu comme cet homme, qui s'arrange le droit de tuer sa propre fille. Un peu comme ton père, qui ne demande qu'à t'avoir comme alliée. »
Voilà qui était bas, et dangereux, mais c'était sans aucun doute la seule manière d'atteindre Raven. Y aller par quatre chemins n'aurait fait qu'ennuyer la jeune femme, et elle n'aurait pas manqué de le lui faire remarquer. En soit, il s'attendait désormais à une réponse explosive et pleine de colère ; le contraire aurait été étonnant.
« Que fais-tu seule à Gotham, d'ailleurs ? Ce n'est pas vraiment le genre d'endroits où l'on prends des vacances loin des autres... à moins que tu ais ressenti soudainement le désir de prendre un bain de pluie et de noirceur. Ça ne manque pas, ça, ici. »
Tendu, toujours. Aux aguets, encore plus. Il était prêt à agir à tout moment si la colère de Raven explosait encore. S'il y avait une chose dont elle serait incapable, c'était de le prendre par surprise. Mais encore une fois, il n'avait aucune chance sur la durée. Il ne restait donc qu'à espérer qu'elle veuille bien se contenter de discuter.
Seule sur ce toit, le regard perdu dans la vaste immensité de l'horizon étoilée, tu savais qu'il n'allait pas tarder à faire son retour, un brin théâtrale. C'était ainsi que Batman fonctionnait. Il aimait les entrées originales et surtout, donner des leçons de morale. Tout ce que tu détestait... Mais au fond, tu savais que cette fois-ci, c'était mérité. Tu avais malheureusement besoin que l'on te donne encore des leçons. Tu étais jeune Raven et malgrè tout ce que tu avais vécu, tout ce que tu avais combattu, tu étais encore vulnérable. Cet homme... tu mourrais d'envie de le tuer, oh ça oui, comme on ne peut résister à regarder un accident sur le bord de la route. Mais au final, tu ne l'aurais pas fait et ça, tu le savais, tu en étais intimement convaincue. Mais tu étais déjà allée trop loin et cela tu le savais parfaitement. Mais au final, n'était-ce pas justement ce genre de situation qui allaient pouvoir t'endurcir et t'aider à être meilleure? Ne devais-tu pas passer par ce genre de dilemme et de lutte intérieure pour combattre tous tes démons? Tu commençais à le croire et finalement, ne pas avoir tué cet enfoiré... tu en tirais une certaine satisfaction, une certaine fierté, une certaine assurance. Oui... Peut être était-ce cela la clé de ton cheminement intérieur, la clé de la survie de ton âme. Affronter tes démons et ne pas les fuir. Les combattre, les regarder droits dans les yeux et leur dresser ton plus beau doigt d'honneur. Quel bien cela te ferait. Oui tu en étais persuadée Rachel Roth, malgré ce qu'il s'était passé ce soir, malgré la peur que tu avais eu de perdre le contrôle, malgré ce que Bruce pouvait en penser, tu savais que tout cela n'avait qu'un mal pour un bien. Bien évidemment tu regrettais amèrement qu'une jeune femme, innocente, ait du en perdre la vie. Mais tu l'avais vu à son visage, à son expression. Tu avais ressenti son émotion. Elle était plus heureuse là où elle était maintenant. Triste... et pourtant si vrai.
Seule, tu attendais donc, tu savais que bientôt tu entendrais sa cape virevolter, sa voix ténébreuse et rocailleuse retentir comme celle du père que tu n'as jamais eu. Bruce n'était pas ton justicier préféré, en avais-tu vraiment un d'ailleurs? Tu le trouvais prétentieux, arrogant et imbus de sa personne. Il croyait tout savoir, tout pouvoir. Il t'agaçait au plus haut point mais tu devais lui reconnaitre une chose. Son expérience. Et il en avait une sacrée le Bruce Wayne même si ce n'était plus le Bruce que tu avais connu. Cela ne te gênait pas plus que cela, cela ne t'avait pas perturbé. Plus rien ne semblait pouvoir te perturber. Tu avais construit une telle carapace autour de toi pour te protéger de tes émotions et de celles des autres. Tu aurais pu lire en Bruce comme dans un livre ouvert au moment même où il s'était posé sur cette gargouille. Mais tu ne l'avais pas fait. Tu contrôlais de mieux en mieux ton empathie même si parfois elle n'en faisait qu'à sa tête pour t'envahir l'esprit des sentiments des autres, chose dont tu te passerais bien. Tu te concentrais alors pour l'empêcher de sonder l'âme et l'esprit de Bruce. Tu aimais respecter l'intimité de tes interlocuteurs, quelque soit les sentiments ou ressentiments que tu avais pour eux. Bruce ne dérogeait pas à la règle. Comme prévu, le Chevalier Noir ne tardait pas à faire son apparition, te félicitant pour ta petite démonstration de force. Ironie? Sarcasme? Sans nul doute. Tu le regardais de travers sans même prononcer un mot. Tu ne pouvais rien dire, c'était toi qui avais effectivement fauté en usant de ta force plus que de raison. A vous voir comme ça dans vos costumes sur ce toit, on aurait pu se croire au plus pitoyable bal d'Halloween de tous les temps. Ça t'aurait presque arraché un sourire. Mais à la place de cela, tu préférais reprendre ton apparence humaine. Au revoir Raven, bonsoir Rachel Roth. Tu te sentais plus à l'aise ainsi pour discuter avec le maitre des lieux. Car tu avais beau le mépriser et ne pas l'apprécier, tu savais reconnaitre son autorité et sa légitimité à Gotham... même si tu n'étais pas souvent d'accord avec sa façon de faire.
Une fois qu'il eut fini de parler, tu te tournais vers lui, les bras croisés, le regard neutre, comme si toute colère, toute émotion t'avaient quitté. Et c'était le cas. C'était ce que tu avais appris sur Azarath, c'est à cela aussi que servait ton précieux Chakra que tu ne quittais jamais. Tu étais redescendue, tu te maitrisais de nouveau parfaitement, occultant totalement la tristesse que tu avais ressenti pour cette jeune femme et la haine que tu avais ressenti pour cet homme... ce monstre. « Je n'aurais pas été jusqu'au bout et tu le sais très bien Bruce... Sinon, je serais déjà dans l'une de vos prisons magiques pour névrosés et psychopathes. Tu avançais ensuite lentement vers le rebord du toit où tu t'asseyais négligemment. Tu montrais ainsi à Bruce que tu étais plus mûre qu'il ne le croyait. Que tu n'allais pas fuire la discussion comme une adolescente qui aurait commis une bêtise. Tu étais prête à l'affronter, lui et ses reproches. Tu étais prête à l'écouter, lui et ses conseils parfois hasardeux et moralisateurs. « Nous sommes enfin d'accord sur un point, rendre nous même la justice ne ferait que nous abaisser à leur rang et cela, je ne le souhaite pas. Ce soir encore, j'ai appris, j'ai compris et je serai plus forte à chaque fois. N'est-ce pas pour cela que l'on m'a proposé de rejoindre les Titans? Je sais que vous me surveillez en permanence et ça ne me gène pas, mais ne prétendez pas savoir ce que je peux ou ce que je vais faire. Je suis seule maitre de mon destin et de mes choix Bruce. Ton intervention était la bienvenue mais même sans elle, j'aurais laissé ce porc survivre pour qu'il affronte la vraie justice. C'est mon combat Bruce, je dois apprendre à maitriser ma colère et ce n'est pas en méditant ou en lisant des bouquins que j'y parviendrai. Je dois me confronter à la réalité, à du concret. Et puis... si je dérape, y'a bien l'un d'entre vous qui débarquera dans la seconde? Quant à mon... géniteur... ce n'est pas la bonne carte à jouer avec moi Bruce. Si on faisait une partie d'échecs, j'aurais déjà dit échec et mat. »
Le regard toujours vers l'horizon, ta chevelure noire corbeau dans le vent, tu l'écoutais ensuite te demandez ce que tu faisais seule à Gotham. Voilà une question pertinente. « La pluie et la noirceur... j'ai eu mon compte. Je déteste Gotham, sans vouloir t'offenser, mais vois-tu, moi aussi j'ai une vie. Aussi improbable que cela puisse paraitre. Je suis là pour un séminaire d'archéologie. Et toi? Pourquoi es-tu là à perdre ton temps à me faire la conversation? »
« J'aime perdre mon temps dans la noirceur de Gotham. »
Raven était mordante, comme souvent. De ce qu'il avait lu du rapport de l'Autre, sa jeunesse et ses capacités constituaient un étonnant – et parfois détonnant – mélange émotionnel, qui lui valait des réactions vives et incisives, mais aussi certaines plus calmes, plus abattues. Il était difficile de cerner un portrait psychologique précis de la jeune femme, et même si le précédent Batman s'y était essayé, il n'avait pu se résoudre qu'à une conclusion simple : il y avait de grandes inconnues dans cette énigme. La prudence était donc de mise, à chaque fois.
Et pour lui, c'était d'autant plus vrai et difficile qu'il n'avait jamais croisé sa semblable sur sa Terre. Rachel Roth était-elle morte dans l'anonymat le plus complet ? Etait-elle parmi les 300 réfugiés ? Faisait-elle preuve de ses pouvoirs quand, un jour, elle fut tuée pour sa volonté de résister?Impossible de le savoir, et c'était bien dommage. Une première confrontation aurait été préférable à cet instant étrange.
« Le GCPD a lancé une alerte, et le reste de la nuit étant calme, je me suis penché sur ce cas. Le hasard fait que nous nous croisons et que nous discutons dans le même temps, Raven. »
Son ton était neutre, sans animosité, ni moquerie, ni rien. Il faisait la conversation.
« Oui... tout est étrangement calme, ces derniers jours. Depuis la révélation de ma double-identité, je me suis attendu à des attaques de jour, à un crescendo toujours plus fort d'agressions et de crimes, à des tentatives de m'abattre hors de ma zone de confort, à des super-vilains et des barons de la pègre qui tenteraient d'en profiter pour mener l'escalade. Mais... même pas. Depuis la tentative de Black Mask, c'est... calme. »
Il lui jeta un coup d'oeil, guettant une réaction. Peut-être qu'elle n'en avait rien à faire, peut-être pas. Il n'en tiendrait pas compte, de toute façon, pas plus qu'il n'avait voulu tenir compte de son ton mordant. Il était le Chevalier Noir de Gotham, et il avait eu son lot de surprises et de chocs pour savoir gérer son calme à la perfection. Nul ne pouvait douter de sa volonté et de sa patience.
« Peut-être qu'un jour, toi et moi ferons une partie d'échecs au manoir. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un capable de me battre, malheureusement. Et... »
Il s'interrompit, à l'écoute. Le réseau du GCPD, relayé dans ses écouteurs et dans les gadgets de son armure, délivrait son flot d'informations de plus en plus pressantes. Il resta donc un long instant parfaitement silencieux, avant de finalement se redresser. La nuit n'était pas terminée.
« Le GCPD a trouvé un corps mutilé près d'Ace Chemicals. Je vais aller jeter un œil. Toi qui souhaites apprendre, ça te dit de m'aider à résoudre cette affaire ? Je pourrais peut-être t'enseigner une ou deux choses. »
L'Autre aurait-il fait une telle proposition ? Il ne pouvait l'affirmer. A son instar, il était solitaire, et avait longtemps refusé d'être aidé par d'autres. Mais son monde, anéanti par un ennemi qu'il aurait fallu vaincre en étant unifiés, il savait ce que c'était que de perdre seul quand l'union permettait de vaincre. Non, il ne l'aurait pas fait.
Mais lui, il le faisait. Parce qu'il savait ce que ça pouvait apporter. Il était peut-être plus violent, comme Alfred le disait, peut-être un écho déformé, comme le pensait tout le monde, mais il était aussi plus ouvert sur les autres. Il savait faire la différence entre Bruce Wayne et Batman. Du moins, il avait su la faire.
Tu avais été acerbe, froide et distante Rachel Roth. Mais tu n'étais pas connu pour être autre chose, tu ne voulais, non tu ne pouvais, être autre chose. Des amis, des amours, des proches... tu ne pouvais pas te le permettre. Tu avais déjà Tim et c'était beaucoup trop. Trop dangereux pour toi, pour lui, pour le reste du monde. Trigon se servirait de la moindre faille, sans aucun scrupule ni remord, tu ne devais pas lui en donner une seule. Alors non tu n'aimais pas forcément jouer le rôle de l'anti-sociale. Tu n'étais pas forcément être sarcastique et distante mais c'était jusqu'à présent la meilleure parade que tu avais trouvé pour qu'on te foute la paix. Bien qu'au fond... cette solitude, ce sacrifice, tu en souffrais. Combien de fois aurais-tu aimé avoir une main tendu, une épaule pour t'appuyer, des bras pour te serrer? Depuis combien de temps n'avais-tu pas eu de véritable contact humain? Mais c'était ton destin, il t'incomber de protéger les humain de Trigon. Et pour se faire, tu devais te protéger des humains. Bruce... tu ne le connaissais que trop peu. Tu savais qu'il n'était plus le même qu'avant, qu'il venait d'une autre Terre. Mais tu n'avais pas chercher à comprendre plus. Tu ne voulais pas en savoir plus sur personne. Mais tu savais aussi qu'il n'était pas réputé pour sa convivialité et sa franche camaraderie. Ce qui t'allait très bien. C'était ce genre de personne que tu préférais fréquenter. Puis les piques acerbes d'une gamine comme toi, tu savais bien qu'il en avait rien à foutre. Alors pourquoi te priver? Finalement vous vous étiez bien trouvés. Deux êtres froids et distants qui ne cherchent rien d'autre que sauver ce qui peuvent encore l'être. Merde alors... Bruce Wayne pourrait-il devenir une sorte de... mentor pour toi? Cette idée t'avais furtivement traversé l'esprit. Tu avais déjà Zatanna qui t'aidait à gérer ta magie, et tu devais l'avouer... même si tu ne devrais pas, tu l'appréciait énormément la magicienne. Elle était un peu l'idée que tu te faisais d'une sœur. Et tu savais aussi qu'elle était l'une des seules personnes sur Terre à pouvoir t'arrêter si tout partait en vrille. Les problèmes de magie se résolvaient dans le monde de la magie. Mais pour la Justice League, tu savais très bien que tu étais surveillée, épiée, c'était légitime mais tu n'avais encore jamais envisagé l'idée d'avoir une sorte de mentor. Une personne en qui tu aurais une certaine confiance, un certain respect. Les relations entre la Ligue et toi n'en seraient que meilleures c'était certains. Mais Bruce était-il le bon candidat? Et surtout, avait-il envie d'entrer dans la course? Tu ne le pensais pas. A part ses Robin... qu'il a perdu les uns après les autres et sa chatte voleuse de bijoux, personne ne semblait avoir d’intérêt ou d'importance à ses yeux. Tu respectais cela, tu ne le jugeais pas. Il se concentrer sur le principal. Il occultait les distractions pour être meilleur sur le terrain. Encore une chose que tu respectais et surtout que tu comprenais.
Bruce parlait de hasard... En cela tu ne croyais pas. Pour toi, toute chose, tout évènement était le fait d'une puissance supérieure. Tu ne savais pas quoi, tu ne savais pas si elle était unique ou non. Mais de part de ton expérience, rien n'arrivait jamais par hasard. Ce soir, cette nuit, vous étiez censés être là sur ce toit. Pourquoi? Tu ne le savais pas encore mais un jour, tu en étais certaine, cela prendrait un sens. Le chevalier noir se disait étonné de voir qu'il n'y avait pas plus d'attaques contre lui depuis la grande révélation. Cela t'étonnait également mais d'un autre côté... Batman était tout de même, tu devais le reconnaître, un sacré morceau. Tout le monde ne pouvait pas s'en prendre à lui comme ça, surtout qu'il avait méticuleusement isolé son petit monde comme toi. A part son majordome... tu ne voyais pas vraiment quelles cibles pouvaient être prises pour l'atteindre personnellement? Catwoman? Fallait pas la chercher elle non plus donc... La seule explication que tu voyais était que dans l'ombre se préparer quelque chose contre Bruce. Il devait le savoir, les justiciers étaient toujours dans l'optique de devoir s'attendre à tout et surtout au pire. Mais pour l'instant il devait savourer ce moment de calme avant la tempête. Se préparer mais profiter. C'était du moins ce que tu pensais. Tu avais eu la chance toi, Rachel Roth, de ne pas voir ton identité révélée. Pour une fois dans ta vie que tu n'avais pas cette poisse qui semblait te coller à la peau depuis ta naissance! C'est alors que Bruce te proposait le plus naturellement et sincèrement du monde une partie d'échec. Tu esquissais un sourire, voilà une idée qui te plaisait. Il était peut être fort, mais tu ne laissais pas ta part au lion non plus. Les échecs ça te connaissaient. Tu adorais ce jeu et, sans prétention aucune, tu étais loin, très loin d'être mauvaise. Il te venait même une idée de pari si tu parvenais à le battre. Cela te faisait sourire d'avantage. Tu lui en parlerais s'il allait réellement au bout de sa parole. « Avec grand plaisir Bruce, je ne dis jamais non à une bonne partie d'échec contre un adversaire qui en vaut la peine. »
Serait-ce un compliment à demi mot? Sans doute... Tu ne pouvais pas toujours être mordante et froide. Il t'arrivait parfois de baisser légèrement la garde et c'était d'ailleurs pour cela que certaines personnes parvenaient à t'apprécier et à comprendre que sous cette carapace il y avait une belle âme. Mais Bruce s'interrompait, il semblait écouter quelque chose. Le GCPD avait trouvé un corps mutilé près d'Ace Chemicals. Tu ne voyais pas vraiment de quel endroit il parlait. Tu n'étais qu'une touriste à Gotham, mais ton regard devenait plus sombre. Un corps mutilé, une victime... innocente ou non... C'était à vous qu'il incomber de résoudre cette affaire. Tu le sentais. Et tu savais, même si tu ne l'avouerais pas, que tu aurais beaucoup à apprendre en combattant auprès du grand Chevalier Noir. Alors quand il te posait la question, tu t'approchais lentement de lui, ton regard noir plongé dans le sien. « C'est peut être moi qui t’apprendrais certaines choses. » Répondais-tu avant de poser délicatement ta main sur son épaule et de vous téléporter à Ace Chemicals. Certes tu ne connaissais pas l'endroit mais Bruce oui et c'était suffisant pour que tu puisses vous y téléporter tous les deux. Une fois arrivée sur le lieux, tu avais pris soin de vous poster en hauteur pour ne pas attirer l'attention sur vous, vous pouviez observer les voitures de polices, les gyrophares allumés comme pour illuminer une piste de danse. Macabre et funeste... Plusieurs flics grouillaient et les experts arrivaient. Comment s'y prendre? C'était la première fois que tu étais confronté à ce genre de situation. La chauve souris n'avait pas menti, tu allais apprendre ce soir. Tu ne regrettais plus du tout d'être à Gotham et tu croyais plus que jamais au destin. « Tu voulais m'apprendre? Alors apprends moi... »
« Le GCPD a déjà sécurisé les lieux. C'est un détail pour moi, car j'ai l'habitude, mais il est très important. A chaque fois que j'assiste à une scène comme ça, ou que je découvre par moi-même le corps, je m'assurer de la sécurité de l'environnement. Avoir les policiers autour ne me gêne pas particulièrement, mais cela permet de se concentrer sur l'examen tout en se permettant de relâcher légèrement la vigilance. Il ne faut toutefois pas non plus fermer les yeux. »
Il pointa un bras en direction du corps, que les hommes du GCPD avaient laissé en évidence sur le trottoir. Par précaution, ils avaient bloqué la rue, et déjà, la branche scientifique s'apprêtait à s'emparer des lieux pour procéder à leurs analyses.
« Deux cas de figure, dans ce genre de cas : y aller immédiatement, et procéder soi-même à l'examen ; attendre et leur demander leurs premières conclusions avant de tenter d'apporter d'autres éléments. Cela dépend principalement de ta propre sensibilité, évidemment. Personnellement, j'opte souvent pour la première option, car j'en sais davantage qu'eux. Et je travaille plus vite. »
Il fit signe à Raven, et il se laissa tomber du toit. Sa cape se déploya, et il arriva au sol avec douceur, s'assurant de ne pas trop prendre les flics par surprise. Même si la plupart étaient désormais assez intègres, il se rappelait encore la traque organisée par Black Mask il y a peu... et Gordon ne pouvait pas être partout. Il pouvait toujours y avoir une exception.
La jeune femme à ses côtés, le Chevalier Noir s'approcha du corps. Un policier le remarqua, et le laissa passer en déglutissant. Il fila prévenir ses camarades de laisser travailler Batman, comme ils savaient bien le faire désormais.
« Je suppose que tu n'as pas de connaissance en criminologie ? Ce n'est pas vraiment un domaine qu'on étudie à l'école. En as-tu en anatomie, et en biologie ? Une des choses les plus importantes, quand tu dois examiner un corps, c'est de savoir te détacher de tout impact émotionnel. Ensuite, seulement, ton savoir peut entrer en jeu et te permettre de tirer des conclusions. »
Il pianota sur son avant-bras droit, et déploya ainsi un hologramme représentant le corps de la victime. Ses gadgets effectuèrent plusieurs scans complets de la victime, affichant alors tout un tas de données sur l'hologramme. La diversité des informations avait de quoi donner le tournis à quelqu'un qui n'était pas habitué, car cela allait de la couleur de la peau à la taille des ongles, en passant par toutes les autres mesures anatomiques et internes possibles.
« Tout le monde n'a pas accès à la même technologie que moi, et si jamais tu dois mener une enquête comme ça à l'avenir, tu ne pourras probablement que te munir de tes connaissances. Je me souviens de mon premier corps, trouvé dans la rue. Je n'avais pas tout ça, à l'époque, et j'ai du me servir de ma tête pour organiser une analyse complète. Intimidant, mais parfaitement réalisable. »
Nul orgueil dans sa voix. Juste une vérité plate.
« Nombreux tatouages sur les bras et le dos. Multiples fractures aux jambes, ainsi que dans les poignets et les bras. Il a été mutilé et scarifié sur le torse... avec un symbole en forme de croix chrétienne. Essaye de voir si tu peux trouver par toi-même d'autres éléments. »
Bruce commençait d'abord par t'énoncer les faits, comme un véritable professeur... Songerait-il lui aussi à prendre ce rôle à tes côtés? Il était encore bien trop tôt pour en arriver à une telle conclusion. Mais tu te laisser volontiers guider par le Chevalier Noir, qu'il soit d'une autre Terre t'importait peu. Il était doué, il était réputé, il avait ses failles mais c'était en général un bon justicier. Tu l'écoutais donc avec la plus grande des attentions en prenant tout de même bien soin au passage de ne pas lui montrer justement trop ton intérêt. Tu étais Raven, tu avais une réputation et surtout un rôle à tenir, à jouer. Le GCPD avait effectivement déjà sécurisé les lieux. Difficile pour vous donc de mener l'enquête en toute discrétion. Du moins c'était ce que tu pensais. Car très rapidement, Bruce te faisait comprendre qu'il travaillait en étroite collaboration avec le GCPD. Il était donc respecté par les autorités locales... Cela forçait tout de même l'admiration car ce n'était pas donné à tous les justiciers qui bien souvent devait se battre contre les criminels mais aussi contre ceux qui les chassaient. Bruce avait bien mené sa barque, tu devais le reconnaître. Tu sentais tout de même qu'il aurait préféré être seul sur les lieux pour mener lui même sa petite enquête et tirer lui même ses propres conclusions. Tu ne pouvais que le comprendre. Tu avais horreur de travailler avec du public. Tu aimais n'être qu'une ombre furtive dans la nuit. Un poil prétentieux le Bruce lorsqu'il affirme sans même bafouiller une seule lettre qu'il est plus doué que la police elle même. Cela est peut être, sûrement vrai, mais malgré le rôle que tu joues pour repousser les éventuelles personnes qui pourraient vouloir se rapprocher de toi, la modestie était quelque chose que tu appréciais et admirais chez un justicier. Un point en moins pour le Chevalier Noir mais nul doute qu'il n'en avait rien à faire. Que pouvait-il penser de ton avis, toi pauvre petite chose venue d'ailleurs à qui il restait tant à apprendre... Mais en cela tu te disais que finalement il n'était peut être pas le mentor qu'il te fallait.
Te faisant signe de rejoindre l'arène, l'homme disparaissait sous son coup de cape légendaire. C'était de toute beauté, tu devais l'avouer. Tu avais une passion pour les animaux de la nuit, la chauve souris en faisait parti. N'attendant pas une seconde de plus, tu te téléportais en une fraction de seconde auprès du Batman. Quelle équipe... Bon nombre de criminels auraient déjà pris leurs jambes à leur cou en voyant côte à côte Raven, fille de Trigon, et Bruce Wayne, le célèbre Chevalier Noir. Une équipe de choc? Oui on pouvait les appeler ainsi. Mais ce n'était pas vraiment à cela que tu pensais. Non, toi tu voulais surtout commencer cette fichue enquête, apprendre et trouver celui ou ceux qui avaient fait cela pour les mettre derrière les barreaux. La soirée avait plutôt mal commencé, mais elle commençait à prendre une tournure des plus intéressantes. Se frayant facilement un chemin parmi les policiers, vous arriviez très rapidement près du corps mutilé. Bruce supposait que tu n'avais aucune connaissance en criminologie et il n'avait pas tort. A part regarder toutes les saisons des Experts et d'Esprits Criminels, tu n'avais effectivement aucune connaissance en criminologie. Aucun gadget, aucun moyen de mener toi même l'enquête. Mais ce n'est pas pour autant que tu étais impuissante contrairement à ce que Bruce sous-entendait. Tu avais tes techniques à toi et la magie en faisait bien évidemment partie. Mais quelque chose te disait que le Chevalier Noir ne devait pas raffoler de cela. Tu le laissais donc parler. Se détacher de tout impact émotionnel? Tu avais failli rire aux éclats. Mais ce n'était pas ton genre. Ne ressentir aucune émotion, rester de marbre, tu avais appris cela depuis ton enfance, il ne pouvait pas tomber mieux. Bien sûr, plus tôt dans la soirée, tu t'étais laissée prendre au jeu du transfert. Tu te voyais en cette femme injustement sacrifiée. Mais là, ce corps mutilé te laissait réellement de marbre. Tu étais certes désolée qu'il ait eu à subir cela mais tu ne t’arrêteras pas à cela, l'important désormais était de trouver le ou les criminels. Pleurer un mort ne servait à rien. Ça ne le ramènerait pas et ça ne mettrait pas ses bourreaux derrière les barreaux.
Seulement le savoir disait Bruce... Tu n'étais pas d'accord avec lui mais tu le laissais poursuivre. Il utilisait alors ensuite quelques gadgets devant toi. Cela te laissait également de marbre, si lui ne raffolait pas de la magie, toi tu ne raffolais pas, mais alors pas du tout, des gadgets. Te munir uniquement de tes connaissances? Parlait-il de ta magie ou était-il complètement à côté de la plaque oubliant les puissants pouvoirs dont tu disposais? Tu te posais sincèrement la question mais là n'était pas le problème. Ah... Enfin le Chevalier Noir te passait le flambeau. Les informations qu'il avait dégoté étaient très pertinentes et intéressantes mais tu n'en avais pas besoin pour retrouver les coupables. Tu t'abaissais avec élégance vers le cadavre, figeant le temps autour de toi. Tous les policiers étaient désormais des statues et vous pouviez faire ce que bon vous semblez. Tu n'avais pas envie de dévoiler tes astuces ou d'être interrompu. Tu te contentais alors de caressais une goutte de sang de la victime du bout de ton index. Tu prononçais quelques mots dans une langue morte que plus personne n'utilisait à part les magiciens de ton acabit et tu jetais un sort de localisation. Les personnes qui avaient fait cela avait forcément, ne serait-ce qu'une infime particule de ce sang sur eux. Le bout de ton index crépitait d'une aura violacée et tu le suivais.
« J'ai bien tout noté Bruce. Maintenant si tu veux bien me suivre... » Tu enjambais alors le corps et tous les policiers reprenaient leurs activités sans même s'être aperçu une seule seconde que le temps s'était arrêté pour eux. Attrapant la main du Chevalier Noir, qu'il le veuille ou non, toi non plus tu ne raffolais pas du contact... tu l'entrainais avec toi en te téléportant au fil des indications de l'ADN de la victime. Vous arriviez alors devant une chapelle abandonnée, presque en ruine. En apparence en tout cas...
La téléportation était désagréable, mais le Chevalier Noir ne montra nulle émotion, et ne laissa échapper aucun son, durant la fraction de seconde durant laquelle il se déplaça avec Raven dans l'espace. Il se souvenait d'avoir voulu s'y intéresser, durant son passage à la Ligue des Ombres, pour comprendre comment il était possible de le faire. Le résultat, aujourd'hui, était beaucoup plus théâtral et physique.
Plus lent, aussi.
« Bien. Toujours se servir des outils à sa disposition, sans sourciller. »
Un compliment, chose rare chez lui, sur le pragmatisme de la jeune femme. Il n'était absolument pas contre la magie et son utilisation, quoi qu'aurait pu en penser Rachel. Une de ses amies, Zatanna, était une magicienne de renom et capable de prouesses incroyables pour les bonnes causes. Constantine, en dehors de ses moments égarés, savait aussi s'en servir pour faire le bien. Et nul doute que la jeune femme aussi s'en servait principalement pour les bonnes raisons et les bonnes causes. Tim lui avait dit beaucoup de bien d'elle.
Mais il l'avait aussi averti.
« Tes connaissances, magiques ou tout simplement intellectuelles, sont tes ressources principales. Sans elles, tu es réduite à ta condition physique, à ta volonté, et par conséquent, aux limites que la nature veut t'imposer. Les surmonter, c'est du pragmatisme ; le pragmatisme, ce sont les décisions qui te permettent de survivre et d'atteindre ton objectif. Nous avons un autre point commun. »
Bruce n'avait jamais pris la peine d'apprendre la magie, depuis le temps. Il avait préféré se concentrer sur ce qu'il savait faire, pouvait faire, en tant qu'humain, avec ses ressources, sa volonté et son intellect. Il était capable de se mesurer et de s'adapter à toutes les situations, autant qu'il était possible de le faire, et il était prévoyant. Là-dessus, il n'avait pas d'égal. Pas plus qu'en matière de force mentale.
Il rangea une autre idée dans un coin de sa tête, avant d'avancer en direction de la chapelle abandonnée. Tim lui avait indiqué que Raven, malgré ses changements d'humeur, savait être absolument normale en temps voulu. Canaliser ces sautes d'humeur pouvait être une bonne chose, et pour cela, le Chevalier Noir avait une bonne idée à lui proposer.
« As-tu appris à te battre avec tes poings et tes pieds ? A te défendre sans la magie ? »
Si elle en avait besoin, il se savait suffisamment bon formateur pour lui enseigner plusieurs arts martiaux. Il pouvait lui apprendre à se défendre, ou à attaquer, que ce soit frontalement ou dans le silence le plus complet. Il pouvait faire d'elle le nouveau Robin, ou même la transformer en un instrument de mort surpuissant. Cela aussi, il l'avait en tête.
Mais d'abord, l'enquête.
« Je connais cette chapelle. Elle appartenait, dans les années soixante, à l'ordre de Saint-Dumas. C'est un vieil ordre chrétien, fondé pour protéger Gotham jadis contre les menaces extérieures. Leur but était de conserver la lumière protectrice contre la corruption... et ces dernières années, ça a pris la forme d'Azrael. Un justicier qui m'étudiait... ou plutôt, qui étudiait l'Autre. Méfiance la plus extrême, Raven. Cela ne m'étonnerait pas que ces fanatiques soient capable de lutter contre la magie. »
Il avança, prêt à envoyer une grenade fumigène, un batarang, ou à se défendre contre une embuscade. Il était légèrement avancé par rapport à la jeune femme, car il ne savait pas exactement comment ils allaient agir envers elle. L'Autre les avaient affrontés, ces fanatiques, mais de brèves occasions et jamais avec la magie dans l'équation. Sur sa Terre, Bruce avait reçu de l'aide de Jean-Paul Valley.
Ici ?
Il s'attendait à devoir affronter toute une secte. Mais il avait une alliée de poids.
La magie... Un art magnifique, fabuleux, mystique, mythique... De tout temps, la magie a fait rêver, les grands comme les petits. Mais la magie n'est pas si féérique qu'on ne pourrait le penser. D’ailleurs, je ne vous conseille pas de vous aventurer dans le royaume des fées... Car les vraies fées sont loin, très loin de la gentille, douce et adorable fée clochette. Elle protège leur territoire et leur savoir comme des tigresses affamées. Et ne vous fiez pas à leurs airs innocents, elles sont comme les pires sirènes de l'océan, elles vous endorment, vous charment et vous dévorent. La magie c'est aussi bien loin des simple tours de passe-passe que des millions de "magiciens" pratiquent dans le monde entier pour payer leurs factures ou obtenir une reconnaissance futile que tu ne comprends d'ailleurs pas. La magie ce n'est pas une pièce dissimulée derrière une oreille, une carte que l'on devine parmi une vingtaine ou un numéro de carte bancaire que l'on dévoile devant un public ébahi. Non, tout cela ce n'est que de l’esbroufe. Et tu préfères finalement cette magie là. La "fausse" magie comme tu aimes à l'appeler, car cette magie là, cette magie là n'a pas de pris, elle n'est pas pas dangereuse. Mais la vraie magie, celle que rares sont ceux à véritablement maitriser... Cette magie là est beaucoup plus complexe. Beaucoup pensent simplement pouvoir l'apprendre et être au dessus du lot mais ce n'est pas le cas. La magie ce n'est pas comme apprendre une nouvelle langue ou une technique de combat. La magie, la vraie, doit couler dans vos veines, elle doit faire parti entière de votre être. La vraie magie ne s'apprend pas, elle vous enveloppe, elle vous envahit, elle vous transcende. Et si vous n'êtes pas prêt, si vous n'êtes pas né pour cela... Le pire risque de vous arriver. On ne se sert pas de la magie ainsi comme d'un gadget ou d'un jouet. C'est un art. Un art que tu maitrises à la perfection Rachel Roth. Depuis ta plus tendre enfance tu as été élevée pour devenir une grande magicienne, tu as été élevée pour combattre l'un des pires démons de toutes les dimensions confondues, ton père... Tu ne supportais pas que l'on sous-estime la puissance et la maitrise qu'il fallait avoir pour pratiquer la magie, encore moins lorsque c'était à toi de réparer les pots cassés. Mais heureusement, le Chevalier Noir ne semblait pas vouloir s'y essayer, se contentant de ses connaissances, de son savoir-faire et de ses gadgets. Admirable pour un "simple" humain. Tu le respectais pour cela. La magie ne serait donc pas un problème avec lui, il s'occuperait du... pragmatisme et toi du reste, pensais-tu amusée face à son discours.
Bruce semblait approuver le fait que tu te serves de tes propres ressources, tu appréciais cette attention. Tu savais que le Chevalier Noir était plutôt avare en compliment ou en encouragement. Tu étais donc ravie qu'il reconnaisse que tu avais un certain talent et que tu savais t'en servir à bon escient. Bien sûr tu n'en montrais rien, tu restais stoïque, visage de marbre. Il te disait ensuite que sans ta magie, il ne te restait plus que ton cerveau et ton physique. Là il n'avait pas tort, d'ailleurs cela faisait plusieurs semaines que tu avais commencé un entrainement intensif de combat au corps à corps pour savoir te défendre sans la magie. Déjà parce que tu en avait besoin pour l'estime de toi, ta confiance. Puis parce que tu ne voulais pas user et abuser de la magie comme certaines et certaines qui en avaient payé le prix ou en avait fait payer le prix à d'autres... C'était donc amusant qu'il te parle de cela. Comme si le destin avait vraiment voulu que vous vous tombiez dessus, ce soir, cette nuit. Timing parfait. Il te demandait justement si tu avais appris à te battre. Tu ne quittais pas la chapelle du regard et tu lui répondais sur un ton parfaitement neutre. « Je suis entrain. Je veux savoir me battre et me défendre sans la magie, je ne veux pas en user et en abuser. La magie a toujours un prix et je fais toujours en sorte que la note ne soit pas trop salée. A l'occasion tu pourrais m'apprendre quelques uns de tes tours de capes. » Tu n'avais pas dit cela pour te moquer de lui ou de sa cape. Tu adorais au contraire le style, le costume du Chevalier Noir. Mais tu aimais te montrer un peu cynique pour faire passer les messages. Et être entrainée par Bruce Wayne en personne... Indubitablement l'un des meilleurs combattants de cette planète, c'était une idée qui te séduisait énormément. Il avait énormément à t'apprendre Rachel Roth et de cela tu avais conscience.
Mais très vite, le Batman revenait à l'affaire qui vous intéressait à cet instant précis. Le corps mutilé, la chapelle délabrée. Il la connaissait. Pourquoi cela ne t'étonnait pas? Tu l'imaginais tellement bien suspendu à l'une de ces gargouilles en mode gardien de la nuit surveillant Gotham. Il te parlais alors de l'ordre de Saint Dumas, tu n'en avais jamais entendu parler mais rien que le titre pompeux ne t'en donnait pas une bonne première impression. Cet ordre était donc apparemment aujourd'hui personnifié par un seul homme, un seul guerrier dont il fallait se méfier, Azrael. Un nom que tu connaissais mais tu ne te souvenais pas d'où. Des fanatiques capables de lutter contre la magie, contre ta magie.... Voilà qui était fort intéressant. Tu demandais à voir. Mais tu restais tout de même prudente et humble, il ne fallait jamais vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Tu n'étais pas invincible Rachel Roth, tu le savais et tu l'avais accepté de puis bien longtemps. Néanmoins, comme toujours, tu donnerais le meilleur de toi même. Sans faire un seul bruit, tu suivais Bruce et vous vous approchiez de la fameuse chapelle. Un coup d'oeil par une vitre cassée avait suffit pour que vous voyez toute une bande de dégénérés en capes psalmodiant un langage que tu connaissais pas autour d'une jeune femme, vivante, pieds et poings liés, livrée littéralement en sacrifice sur l'autel. C'était elle qui devenait la priorité désormais. Vous deviez sauver l'innocente. Les fanatiques attendront. Du moins c'était ton avis. « Fais diversion la chauve-souris, je m'occupe de la fille. » Disais tu le plus naturellement du monde. Sans arrogance ni mépris. Tu ne lui donnais pas un ordre mais tu partageais simplement avec lui l'approche qui te semblait la plus pertinente pour sauver en priorité l'innocente.
Bruce tendit l'oreille, écoutant et décryptant les mots prononcés par les hommes en capuche. Il savait qu'il y avait, depuis longtemps, des gens bizarres aux mœurs étranges, qui apprenaient des langues mortes pour se donner un air supérieur lors de petits événements en comité comme celui-ci. Le but ? Le goût du frisson, de l'interdit, du contre-nature, et l'idée de recréer des scènes étranges inspirées d’œuvres de fiction. Il en avait déjà vu, et il préférait s'assurer qu'il ne s'agissait pas de cela avant de bondir dans la chapelle pour les abattre tous.
Il reconnut le latin, et les mots prononcés furent rapidement traduits dans son esprit. Il ne s'agissait clairement pas d'un jeu entre amis.
« Ils parlent d'une purification. Plusieurs de ces types encapuchonnés sont armés avec des couteaux et des pieux, mais la femme ne porte aucun signe de blessure. Hmm. »
Il écouta la suite, sentant des frissons lui parcourir l'échine au fur et à mesure que la mélopée sinistre continuait. Et plus les mots sifflaient, plus il avait l'impression que la femme attachée représentait un plus grand danger que les autres personnes présentes.
« Ils semblent persuadés que quelque chose vit dans le corps de la femme, car il s'agit tout bêtement d'un exorcisme terriblement long. Rien à voir avec les techniques magiques dont j'ai pu entendre parler, mais ils n'ont pas l'air au courant. Prends place dans les ombres. Je vais aller à leur rencontre... et si jamais ça tourne mal, tu auras l'élément de surprise. »
Il ouvrit la porte de la chapelle, puis franchit le seuil... se retrouvant plongé dans une obscurité funeste. La lourde porte en bois claqua alors qu'il s'avançait vers eux, silencieusement, ombre grandissante dans l'obscurité nocturne. Il était tendu, prêt à l'action, guettant la présence d'un ennemi dissimulé, d'une menace tapie dans les recoins, scrutant chaque geste et chaque mouvement alors que la psalmodie s'interrompait. Ils l'avaient entendu, et désormais, ils le voyaient.
Huit visages encapuchonnés le dévisageaient, visiblement mal à l'aise. La femme, sur l'autel, avait cessé de bouger, et elle ne disait rien. Les yeux du Chevalier Noir parcouraient toute la vaste pièce, repérant le léger mouvement d'ombres provoqué par Raven alors qu'elle se cachait. Bien, la jeune femme était prête à intervenir.
« Pas un pas de plus, Protecteur de Gotham. »
La voix était celle d'un homme, celui qui avait récité l'exorcisme. Il se tenait, un livre entre les mains, à peut-être un mètre de l'autel.
« Tu ne trouveras nul ennemi parmi nous, ce soir. L'Ordre de Saint-Dumas est occupé par une autre affaire. »
« Et pourtant... vous semblez retenir une femme contre son gré. Votre ordre est tombé bien bas s'il se met à kidnapper des innocents. »
Au vu du comportement global, il était à peu près certain de se tromper en disant cela. Mais il s'agissait d'une carte très simple à jouer, qui allait permettre d'écarter tout soupçon.
« Cette femme n'est pas innocente, Chevalier Noir. Possédée par un esprit, elle a tué sa compagne. Nous voulons la libérer, avant qu'elle ne cause davantage de dégâts. Et comme je le disais... tu n'es pas le bienvenu. Nous pouvons régler cela nous-même. »
« Je n'en doute pas. »
Il continua d'examiner toute la scène. Il savait que maintenant, il fallait trancher pour savoir si cela était bien tel que le prétendaient les fanatiques, ou s'il y avait un mensonge quelque part. Tendus et inquiets, les adeptes de Saint-Dumas ne semblaient pas particulièrement hostiles envers Batman, seulement méfiants. Ils s'attendaient sans doute à ce qu'une confrontation ait lieu.
La femme sur l'autel se mit alors à bouger, un rire se déployant de sa gorge.
« Oh, je sens que toute cette histoire me gonfle... on va s'amuser un peu ! »
Elle se redressa alors d'un coup, et tendant le bras, elle lança un sort en direction d'un des hommes encapuchonnés. Il fut projeté contre les murs de pierre de la chapelle, avant de retomber mollement, mort.
Et ce fut alors la cohue la plus totale, les prêtres cédant à la panique et se mettant à attaquer Batman ainsi que la femme emprisonnée.
Oui, tu n'y allais pas par quatre chemins, oui tu ne faisais pas dans la dentelle. Tu étais Raven, pas Supergirl ou encore une de ces blondasses qui se la jouaient politiquement correcte. Sauvons le monde dans les paillettes et les cupcakes au chocolat... Non toi tu étais... un peu plus brute de décoffrage. Tu avais plutôt tendance à observer silencieusement puis à foncer dans le tas. Advienne que pourra. Ce n'était pas vraiment une qualité mais tu étais encore une jeune justicière Raven, de plus tu venais d'une autre dimension où les conflits n'étaient pas réglés de la même manière que sur Terre. Sans oublier les influences démoniaques de ton adorable géniteur. Tu avais beau les contrer, les chasser, les dompter ou les ignorer, elles étaient toujours bel et bien là. Saleté de géniteur. Pourquoi ta mère avait été aussi idiote? S'offrir à un démon d'une secte sataniste et lui offrir une progéniture... On aurait dit le début d'un mauvais script, d'un mauvais film de série B... Mais non, c'était bel et bien ce qui était arrivé, c'était l'histoire de ta misérable existence. Maintenant ça te passait au dessus, mais bien longtemps tu lui en as voulu. Si seulement tu savais toute la vérité... Mais de toute façon le mal était fait, tu étais là, tu existais, tu avais ton passé, tes démons, ton héritage, tu allais devoir faire avec. Ce n'était pas tous les jours facile mais tu avais construit une telle carapace autour de toi que ça le paraissait. Tu étais hautaine, arrogante, odieuse, voir irrévérencieuse et insolente aux yeux de certains. Très bien, qu'il en soit ainsi, au moins ils te foutraient la paix une beau fois pour toute pour que tu puisses enfin te concentrer sur ta tâche.
Ton plan était donc on ne peut plus simple. La chauve souris faisait diversion avec ses grands sabots et toi tu mettais la fille loin en sécurité avant de revenir lui filer un coup de main, s'il en avait besoin. C'était le Batman, tu n'avais tout de même pas la prétention de dire ou d'insinuer qu'il avait besoin de toi. Même... si dans certaines occasions... tu étais persuadée que ça serait tout de même le cas. Mais cela, jamais il ne l'avouerait. D'ailleurs, le Chevalier Noir te stoppait net... Il ne semblait pas d'accord avec ton plan. Tu n'étais pas du genre dictateur, loin de là, alors tu l'écoutais avec attention. Il avait l'expérience que tu n'avais pas, et il connaissait cette secte. Il avait indubitablement un gros avantage sur toi qui lui permettait légitimement de te stopper net dans ton plan. D'après lui, ces illuminés parlaient d'une purification... La femme n'avait pas de blessure apparente... Tu comprenais vite où Bruce voulait en venir. Tu avais peut être vu la brebis égarée là où le grand méchant loup se cachait. Bonne déduction Bruce, bonne déduction. Il y aurait donc d'après ces barjots quelque chose à l'intérieur de la potentielle victime... C'était une sorte d'exorcisme. Tu avais adoré ce film au passage. Bruce te disait alors de prendre place dans l'ombre. Il ne pouvait pas mieux dire, c'était là qu'avait toujours été ta place... dans l'ombre. Tu n'étais toi même qu'une ombre qui essayait chaque jour de se frayer un chemin vers la lumière. Tu esquissais donc un léger sourire, amusée par les paroles du Batman qui ne croyait pas si bien dire. Docile, malgré ce que certains pourraient penser de toi, tu exécuter le plan du Chevalier Noir. Après tout, tu étais sur SON terrain de jeu, il connaissait mieux que toi chaque paramètre.
Ce fut donc seul qu'il ouvrit la porte de la chapelle pour s'y engouffrer tandis que tu disparaissais dans la nuit tel un vampire digne du meilleur roman de Bram Stocker. Huit, ils étaient huit ces enfoirés... Mais était-ce vraiment eux les enfoirés? Tu observais en silence, prête à intervenir. Tu te concentrais alors pour entrer en empathie avec la femme et ce que tu avais ressenti... tu ne le connaissais que trop bien. La noirceur à l'état brute. Bruce avait eu raison, elle était une victime oui, possédée par un mal qui voulait s'accaparer d'elle, mais elle était aussi alors la menace. Situation inédite et dangereuse pour toi. Tu n'avais jamais assisté jusque là à un véritable exorciste. L'un des hommes s'adressait à Bruce. Il lui signifiait qu'il n'avait pas d'ennemi à combattre ce soir, que l'Ordre s'en occupait, que tout était sous contrôle et qu'ils n'avaient pas besoin de l'aide du gardien de Gotham. Tu fronçais les sourcils... tout cela restait tout de même suspect. Mais rapidement, vous obteniez tout deux une réponse à vos question. Les illuminés de saint je ne sais plus quoi disaient vrai. La jeune femme était possédée, mais pas par un esprit, il s'agissait d'un démon. Un démon que tu devais renvoyer dans sa dimension démoniaque pour libérer l'humaine, et ça, ça tu savais faire. Mieux que quiconque. Oui oui Constantine, tu as bien lu, mieux que quiconque. Un peu présomptueux, beaucoup même, mais il fallait être sûre de soi pour se lancer dans une telle opération. Sans parler du bordel que ce putain de démon venait de provoquer. Et merde, toi qui espérais régler ça au plus vite sans fioriture ni victime... C'était loupé! Il y avait déjà un mort. Et même si tu trouvais ces gars horriblement bizarres et malsains, tu ne souhaitais pas leur mort. Mais trop tard, le mal était une nouvelle fois fait. Le combat avait commencé. Tu laissais Wayne s'occuper des adeptes tandis que toi, toi tu te concentrais sur le démon.
Tu te téléportais alors à ses côtés, tout tournait au ralenti autour de vous, comme si vous n'étiez plus que deux sur Terre. Deux démons qui se découvraient et faisaient connaissance. La seule différence c'était que toi tu étais un... bon démon? Ça se dit ça? Tu aimais le croire en tout cas. « Alors comme ça tu veux t'amuser ma belle. Pas avec elle, viens t'amuser avec moi... » Tu voulais avant tout protéger l'humaine qui en avait déjà assez bavé comme ça. Ton idée était donc de provoquer le démon pour qu'il vienne en toi et que tu l'affrontes de l'intérieur. Ainsi tu pourrais le canaliser, le neutraliser et éviter qu'il ne cause d'autres morts. Les démons, tu avais le mode d'emploi, tu les connaissais par coeur, tu savais comment leur parler, comment les attirer. Et ton plan avait fonctionné. Le démon quittait le corps de la jeune femme pour s'emparer du tien. « Sauve la fille! » Criais-tu à Bruce avant d'être projetée en arrière avec une telle force que tu avais traversé deux murs de briques...
Les trois premiers assaillants furent neutralisés avec méthode et la force de l'habitude. Platement, froidement, sans même un regard pour leurs corps évanouis, le Chevalier Noir virevoltait, frappait, contrait et prenait l'initiative de massacrer ses adversaires un à un... voir plusieurs à la fois. Qu'auraient pu faire ces hommes et ces femmes, face à lui ? Ils n'avaient nul entraînement, nulle ressource, aucune préparation contre quelqu'un comme lui. L'Ordre de Saint-Dumas, depuis l'attaque de Brainiac, n'avait plus les moyens de protéger Gotham comme avant.
Sachant que leurs moyens étaient déjà limités à ce moment-là, et que tout reposait pour eux sur les épaules d'Azrael. En d'autres termes, ils ne pouvaient rien faire ce soir contre Batman, Raven et la créature magique qu'ils affrontaient. En désespoir de cause, ils tentaient de s'en prendre à la chauve-souris, qui était leur adversaire aussi. Auraient-ils pu être alliés ? Auraient-ils pu lutter ensemble contre des ennemis communs ? Cette question apparut brièvement dans l'esprit de Bruce, alors qu'il bloquait le coup d'un autre fanatique. Lorsque ce dernier hurla de douleur, son bras droit cassé, la question avait disparu.
« Tu as tout gâché, Batman ! Azrael nous avait prévenus qu'on ne pouvait pas te faire confiance ! »
« Vous ne savez pas à quoi vous avez affaire. Vous ne pouvez rien contre cette créature. »
Il restait trois hommes de Saint-Dumas devant lui. Armés chacun d'un long couteau, ils semblaient plus qu'hésitants. Le premier, à gauche, était jeune, trop jeune d'ailleurs. Le second, au centre, était le plus âgé, et il avait visiblement peu envie de continuer un combat qu'il savait perdu d'avance. Quant au dernier, à droite, ses yeux brillaient de rage sous sa capuche. Tous les trois détestaient profondément leur ennemi. Mais ils ne pouvaient pas gagner. Alors, ils hésitaient. Alors, leur heure tardait à venir, et à chaque instant, ils étaient de moins en moins résolus.
« Partez. Vous ne parviendrez pas à me vaincre, et vous pouvez encore repartir indemnes. Je m'occupe de ce démon. »
Ils hésitèrent... mais le plus vieux prit la parole pour ses deux camarades.
« Très bien. Mais tu devrais mieux choisir tes alliés, Chevalier Noir. Tu chasses une créature de l'Enfer, mais tu t'associes avec une autre ! Prends garde à ce qu'elle ne se retourne pas contre toi. »
Ils firent volte-face et s'enfuirent, tandis que Batman tournait le regard vers le trou dans le mur de la chapelle. Raven avait été propulsée par-là, et il ne percevait plus les bruits de lutte. Il s'y dirigea, passant avec précaution dans le trou béant... avant d'activer la vision nocturne de son masque pour mieux percevoir ce nouveau décor. Un escalier en colimaçon s'enfonçait dans les ténèbres, restes d'un passage secret. Etait-ce donc intentionnel si le démon avait envoyé son ennemie ici ?
Un coup d'oeil derrière lui rassura Bruce : les fanatiques prenaient leurs blessés, et la femme déboussolée les accompagnait. Parfait, il n'avait pas à s'en occuper. Sans leur accorder un regard supplémentaire, la chauve-souris s'enfonça dans les souterrains de la chapelle, tous ses sens en alerte. Il arrivait dans un endroit inconnu, qui était peut-être le repaire d'un ennemi très puissant. L'idée d'utiliser la Hellbat lui effleura l'esprit, mais il la chassa rapidement ; inutile de gâcher son potentiel avec un démon solitaire.
Raven saurait s'en occuper.
« Raven ? »
Sa voix se répercuta en écho... alors qu'il arrivait dans un vaste hall souterrain. Mais qu'était-ce cet endroit ?
Sauver la fille, c'était tout ce qui comptait pour toi Rachel Roth! Toi, ta petite personne, ton bien être ou encore celui de ces adeptes sans cervelle... tu t'en fichais royalement. Tu étais prête à tout pour sauver cette innocente, même à improviser un exorcisme en interne. Bruce, tu ne t'inquiétais pas pour lui, il était le Chevalier Noir, le Batman, le protecteur de Gotham. Il saurait s'en sortir avec ou sans toi, c'était évident. A moins qu'une horde de démons débarque d'on ne sait où, il pourrait largement venir à bout seul de ces humains complètement barjots. Tu ne t'inquiétais donc pas pour lui et tu savais qu'il ne l'aurait pas voulu de toute manière. Tu te concentrais donc sur la difficile tâche qui t'incombait maintenant. Un démon, un esprit, une entité, tu ne savais pas encore, venait d'entrer en toi. Visiblement, elle manquait de jugeote pour avoir osé s'inviter dans le corps de la progéniture du grand Trigon en personne. Cette entité ne savait pas dans quoi elle venait de se lancer. A l'intérieur de ton esprit, tu la rencontrais. Elle n'avait pas forme humaine. Elle ressemblait plus à un cadavre inhumain décharné en flamme. Tu n'étais bien sûr nullement impressionnée, tu avais déjà vu bien pire, ô oui, bien pire. Tu la fixais droit dans les trous noirs et enflammés qui lui servaient d'orbites et tu te demandais alors comment elle, elle te voyait... Voyait-elle Rachel? Raven? Où la forme démoniaque que tu prendrais si tu succombais à l'emprise de ton géniteur? A quoi ressemblerait la Raven démon, parfois tu te le demandais. Peut être que ce genre d'entités pouvait te voir ainsi. Tu lui aurais bien posé la question, mais le temps n'était pas au bavardage. Tu devais renvoyais cette cette chose d'où elle venait avant qu'elle n'essaie de s'échapper et de trouver un autre hôte pour parfaire son oeuvre.
Le combat commençait alors, au sens propre comme au figuré. Dans une dimension qui n'était accessible qu'à toi et l'entité, le combat était féroce, sorts, incantations, déploiement d'énergie occulte. Tous les coups étaient permis et vous ne vous faisiez pas de cadeau. Ton but, l'affaiblir le plus possible pour le renvoyer une bonne fois pour toute dans sa dimension. Détruire un démon était chose quasiment impossible. Ce n'était pas comme dans les films ou les séries dont les jeunes raffolaient depuis ces dernières années. Les démons ne disparaissaient pas en poussière ou en fumée noire. Il ne suffisait pas d'un cercle de sel bon marché ou d'un pentacle en sang dessiné sur un plafond pour les piéger. Non... ce genre d'entité n'était pas humaine... Il était donc quasi impossible de les tuer vraiment. Sinon... cela ferait longtemps que tu aurais éliminer la menace prénommée Trigon. Non... Pour ce genre d'entité, la seule chose vraiment efficace était, soit de les renvoyer d'où elle venait, bien souvent en Enfer. Littéralement en Enfer. Ou alors de les piéger dans une dimension d'où ils ne pourraient pas s'échapper, comme vous aviez fait pour ton père, trop puissant pour subir un autre sort. Mais cette entité là, elle n'était pas si puissante, ce n'était qu'un sous-fifre. Tu en viendrais facilement à bout, pas de doute. Mais ce n'était pas pour autant que tu prenais le combat à la légère. Bien au contraire, tu savais qu'il ne fallait à aucun moment baisser la garde. Arrogance et surplus de confiance étaient les deux meilleurs ingrédients de la défaite. De l'extérieur, le combat était moins bien impressionnant... Quoi que... Comme un esprit qui essaierait de s'extirper de son corps, l'entité montrait son vrai visage en se dédoublant de toi. Tantôt vos deux corps ne faisaient qu'un, tantôt ils se séparaient en deux entités bien distinctes mais rattachées l'une à l'autre. La férocité et l'intensité étaient là même si la véritable bataille avait lieu dans un autre plan, invisible à l'oeil des non-initiés à la magie, des sangs de bourbe comme dirait une célèbre écrivaine.
Après de longues minutes de bataille acharnée, tu parvenais enfin à prendre le dessus, tu prononçais quelques mots dans ta langue natale et l'entité était renvoyée d'où elle venait. Mais avant de disparaitre, elle t'informait qu'elle n'était qu'une parmi des milliers... Tu fronçais les sourcils avant de t'effondrer sur le sol, légèrement sonnée et épuisée après toute l'énergie que tu avais dû déployer. Et surtout, cette révélation, plus qu'inquiétante qui t'avait coupé l'herbe sous le pied. Tu avais senti le sol se dérobait et tu t'étais laissée tomber à genoux. « Ce n'est que le premier Bruce... » Soufflais-tu alors...
Il y avait quelque chose de sinistre dans ces murs souterrains. Batman était habitué à la nuit, à l'obscurité, car elle était son alliée la plus importante et il avait appris à s'en servir, à se fondre en elle. Il savait comment la maîtriser pour que personne ne sache qu'il était là, pour surprendre ses adversaires, pour éliminer un à un tous ceux qui se dressaient sur sa route. Rares avaient été les ennemis qui avaient su le vaincre, ou du moins lui résister, à ce jeu-là... et pourtant, là, il avait un doute. Car encore une fois, ces murs avaient un aspect sinistre qui ne lui plaisait pas.
Des fresques en partie effacées s'étalaient sur les colonnades et sur les pans de murs. Les scènes étaient malheureusement difficiles à décrire, car les détails manquaient beaucoup. S'il avait du supposer, le Chevalier Noir aurait dit qu'il y avait eu là des scènes de guerre, des scènes de magie, ainsi que des portraits de créatures aux formes et aux aspects... originaux. Le glauque de la situation n'échappait pas à Bruce, qui n'aurait pas été surpris de croiser Man-Bat ici.
« Le premier de quoi ? »
Raven était là, et en s'approchant, Batman vint l'aider à se redresser. La jeune femme était fatiguée, presque anéantie par les efforts qu'elle venait de fournir. Mais il ne fallait pas faiblir maintenant, et il continua donc de l'aider ; il la raccompagna vers l'escalier qui menait en haut. L'obscurité qui les entourait n'avait rien de réconfortante, ni de rassurante, et il valait mieux s'en échapper le plus vite possible. Ce n'est qu'une fois que les deux furent en haut que le Chevalier Noir lâcha le bras de Rachel.
Il l'examina, sans gadget, juste avec ses yeux. Il en vit assez pour savoir qu'il allait falloir être un peu plus prudents désormais, s'il devait se passer autre chose.
« Nous devrions partir, maintenant. Tu n'es pas en forme, et je préfère éviter de prendre le moindre risque. »
Ils commencèrent à s'éloigner en direction de la porte de la chapelle, désormais très silencieuse. Mais alors que seuls les échos de leurs pas meublaient le sombre édifice, Batman se mit à regarder autour de lui aussi furtivement que possible. Il avait l'habitude de se sentir observé, épié, et cet instant ne manquait pas à l'habitude. Il y avait quelqu'un d'autre avec eux, ici, et ce quelqu'un se cachait dans l'ombre.
Du moins, jusqu'à ce qu'ils sortent.
Car alors que la lourde porte en bois se refermait dans leur dos, il se tenait là, devant eux. Son armure brillait sous la lueur nocturne de Gotham, la cape déchirée couleur sang et blanc mat flottant au gré d'une légère brise. Son gantelet gauche était serré en une poigne déterminée, prometteuse d'un combat à venir, tandis que le droit entourait la poignée d'une épée dont la pointe était posée au sol. La lame, contrairement à d'habitude, n'était pas ornée de flammes.
La voix d'Azrael résonna dans le silence de la nuit. Froide, métallique.
« J'aurais du me douter que tu serais là ce soir, Batman. Avec la fille de Trigon. Il était écrit qu'elle serait là, pour affronter le premier d'une légion. »
Bruce s'avança légèrement, devant Raven. Ainsi, il la préservait d'une attaque rapide de leur nouvel adversaire, car ce dernier était rapide, féroce, et il savait très bien comment lutter contre un être magique. »[/color]
« Le démon a été éliminé, Azrael. Tu peux partir. »
« Je ne crois pas. J'ai pour ordre de purger Gotham de la corruption, de la défendre contre les invasions du Mal. Et cette jeune femme est une menace. Son action a provoqué la légion, et ils voudront absolument mettre la main sur elle, maintenant qu'ils la connaissent. Je ne peux pas permettre cela. »
Le premier de quoi? Voilà une question pertinente. Malheureusement tu n'en avais pas encore la réponse. Tu ne savais pas ce qu'il se préparait mais quand les démons étaient dans le coup... ça n'annonçait jamais rien de bon, ça c'était certain. Ta première idée à cet instant précis, était de courir rejoindre John Constantine pour partager toutes ces informations avec lui et la Justice League Dark. Tu avais bien plus confiance en eux qu'en la Justice League, tu devais l'avouer. Peut être parce que tu te sentais plus proche d'eux. Des outsiders, des phénomènes de foire, des êtres que l'on craignait quoi qu'ils fassent, quoi qu'ils disent parce qu'ils avaient, par le sang ou l'expérience, des donc occultes. Et l'occulte... ça faisait toujours peur. Parce que l'occulte ça pouvait toujours déraper. Tu le savais et tu comprenais le regard des autres là dessus. Il était donc certain qu'après cette petite aventure avec le Chevalier Noir, tu ne tarderais pas à contacter John ou Zatanna pour discuter avec eux de ce que tu avais vécu ce soir. Tu avais du respect pour Batman et sa carrière mais en ce qui concernait les démons et la magie, il n'y avait pas plus doués que John et Zatanna. C'était un fait incontestable et un jour tu espérais toi aussi, secrètement, rejoindre leurs rangs. T'élever à leur hauteur et devenir aussi respectables et respectés qu'eux. Tu admirais énormément Zatanna Zatara et John Constantine, et ce depuis ton arrivée sur Terre. Tu avais rapidement pris les devants pour les rencontrer. Si tu ne connaissais encore que trop peu John, tu avais un lien bien plus fort et complice avec Zee. Elle était un peu ton mentor occulte. Celle qui croyait en toi et qui ne pensait pas à te surveiller parce que tu étais une menace potentielle. Chose que tu appréciais grandement. Elle te considérait comme un être humain à part entière et pas seulement comme la fille de Trigon, le portail grandeur nature qui pourrait déferler sa colère sur Terre.
Bref, tout cela pour dire que tu n'avais pas de réponse à donner à Bruce. Tu en étais désolée mais pour faire sortir les vers du nez d'un démon, il fallait en vouloir, il fallait vraiment y aller et donner de sa personne. C'était quelque chose d’extrêmement difficile, loin des films hollywoodiens où un "Je vous salue Marie" suffit. Non... Il fallait d'abord traquer, trouver et emprisonner le démon. Le prendre à l'état pur, hors de tout hôte vivant. Il fallait ensuite savoir tirer les bonnes ficelles, appuyer là où ça faisait mal. Effrayer un démon n'était pas une mince à faire. C'était laborieux, c'était long, et très difficile psychologiquement. Malheureusement, tu savais déjà que c'était ce qui t'attendait. Ce n'était que le premier, d'autres allaient venir et cela n'avait pas d'autre nom qu'une guerre. Et pour remporter une guerre, il fallait connaître son ennemi et bien sur qui allait devoir s'y coller? En même temps, c'était ton job, c'était cela ta spécificité. Tous les pouvoirs d'un Superman ou d'une Wonder Woman ne pourraient rien faire contre une armée de démons, ils auraient de toi, de toi et de la Justice League Dark, qu'ils le veuillent ou non. Bruce te posait donc cette question des plus pertinentes. Le premier de quoi. Tu restais silencieuse et cela te coutait. Pour une fois... Tu aurais voulu pouvoir, savoir lui répondre. Mais pour le moment tu avais trop peu d'informations. Tu savais seulement que vous aviez mis le doigt sur quelque chose de gros, de lourd. A partir de ce jour, vous seriez liés tous les deux par cette affaire. Il aurait besoin de toi comme tu aurais besoin de lui. Ce n'était que le début de l'aventure pour vous. Jamais tu n'aurais imaginé cela en venant à ce fichu séminaire. Décidément, Gotham City te rendait la pareille. Tu ne l'aimais pas et elle non plus.
Batman t'aidait à te relever, tu n'appréciait pas du tout le contact avec les autres, tu ne supportais pas que l'on te touche sans ton autorisation, mais la situation était exceptionnelle, la personne était exceptionnelle, tu acceptais donc son aide sans broncher. Tu relevais, essuyais la larmichette de sang qui coulait de ton nez et époussetais tes vêtements. La bataille avait été éprouvante mais tu savais que tu pouvais encaisser bien pire. Quelques heure de repos et de méditation et ce serait déjà oublié. C'est juste que là tu avais été prise par surprise. On ne t'y reprendrait plus. Il y avait toujours une leçon à retenir de chaque épreuve et cela tu le savais Rachel Roth. Il annonçait qu'il était temps de partir, tu étais d'accord avec lui. Tu vous aurais bien téléportés loin d'ici mais tu avais bien senti que Bruce n'avait pas apprécié, alors tu faisais l'effort de la jouer à l'ancienne, en marchant simplement vers la sortie. Et puis, à la seconde près, vos sens s'étaient mis en éveil. Lui comme toi aviez senti cette présence, vous n'étiez pas seuls. La soirée n'était pas encore terminé. Tu regardais autour de vous, tout comme le Chevalier Noir quand soudain un homme vêtue d'une étrange armure que tu n'avais jamais vu se dressait devant vous. Tu sentais la tension entre les deux hommes, ils se connaissaient. C'était donc lui, Azrael... Gantelet, épée, il ne rigolait pas le gusse. Tu sentais émaner de lui une telle détermination, il était sûr de la justice de son combat, de la justice de ses actes. C'était les ennemis les plus dangereux car ils n'abandonnaient jamais, ils ne se remettaient jamais en question. C'était la première fois que tu le voyais et pourtant déjà tu mesurais l'ampleur de la menace. Ton regard était fixé sur lui, presque comme hypnotisée, tu buvais ses paroles. Tu le connaissais de nom, lui aussi te connaissait de par ton affiliation. Rien de bien étonnant... Qui ne savait pas que tu étais la fille du tristement célèbre Trigon?
En revanche, ce qui te surprenait et t'inquiétait, c'était lorsqu'il prenait un ton prophétique. Il savait que tu serais là parce que c'était écrit, gravé quelque part. Et cela, cela tu n'aimais pas du tout. Tu haïssais les prophéties car elles étaient bien souvent justes et difficiles à contre-carrer. La preuve ce soir. Le second mot qui te ne plut pas du tout fut "légion". Tu avais compris que d'autres démons viendraient semer le trouble, mais une légion? On passait à un tout autre niveau là. Une poignet de démons, c'était contrôlable, une légion... c'était une toute autre affaire. Bruce se plaçait devant toi. Tu le laissais faire volontiers. C'était son ennemi, son territoire. Tu n'étais qu'un témoin, un pion dans toute cette histoire. Tu restais muette et immobile, tu observais Azrael. Bruce l'informait que le démon avait été neutralisé mais la réponse ne semblait convenir à l'étrange chevalier en armure. Car pour lui la menace ce n'était pas ce minable démon, ce n'était pas la légion, mais c'était toi. Toi, Rachel Roth, fille de Trigon. Tu fronçais les sourcils en relevant la tête comme pour le provoquer. L'épée brandie, il n'attendit pas une seule seconde pour charger. Tu ne pouvais rester sans réagir, tu déployais un champ de force qui vous protégeait toi et Bruce. Azrael était alors projeter en arrière sur plusieurs mètres, l'impacte avait été d'une violence inouïe. Ton pouvoir était puissant Raven, et si le Chevalier Noir en doutait encore, tu allais lui montrer. Tu te téléportais alors auprès d'Azrael et l'enveloppais d'un sort qui le paralysait temporairement. Tu sentais qu'il n'était pas étranger à la magie, tu sentais sa puissance, tu ne le maintiendrait pas comme ça indéfiniment. Néanmoins, utilisant ta télékinésie, tu le délestais de sa lame et de son gantelet. Histoire de prendre un maximum de précaution.
« Si je suis une menace alors je t'écouterai. Je ferai ce qu'il faut pour protéger Gotham, pour contrer la légion. Mais unissons nos forces au lieu de nous entretuer. » Disais-tu alors avec détermination et sincérité. L'ennemi de mon ennemi... « Nous serons plus forts ensemble Azrael. Je ne suis pas mon père. Luttons ensemble. »
Azrael n'était pas homme à se penser invincible, mais il pouvait se montrer téméraire et têtu. Il lui était déjà arrivé, en affrontant l'Autre, de pousser sa volonté de se battre jusqu'à ce qu'il ne puisse même plus bouger. A l'instar du Batman, il n'était pas du genre à abandonner, et il avait beaucoup de mal à céder face à un ennemi trop puissant.
Mais pouvait-il réellement faire quelque chose contre Raven ?
« Donne-moi une bonne raison de te croire, fille de Trigon. »
C'était sans doute leur seule chance de réussir à le convaincre qu'ils ne devaient pas s'affronter ce soir. Bruce s'avança alors, se plaçant entre les deux. Au moins, si le fanatique brisait l'emprise magique qu'avait Rachel sur lui, il y avait le Chevalier Noir pour l'arrêter et l'empêcher de blesser la jeune femme.
« Il en existe plus d'une, Azrael, et tu le sais. Raven n'est pas le danger que tu recherches, ni même que tes acolytes cherchaient. Ils étaient rassemblés ici après qu'un meurtre sanglant ait été commis ; une femme était là, apparemment possédée par un démon. Ils tentaient de l'exorciser avec leurs maigres moyens. Ils n'y seraient pas parvenus, mais nous... »
« Vous avez interrompu l'exorcisme. Et le démon a pris connaissance de la présence de la fille de Trigon. Le reste de la légion sera rapidement au courant, et ils viendront alors envahir Gotham. Est-ce vraiment ce que tu veux, Chevalier Noir ? »
Batmna resta un petit moment le regard fixé dans les yeux d'Azrael. Ils se comprenaient mutuellement, à cet instant, sans avoir besoin que l'un ou l'autre ne s'exprime. Non, bien sur que non, personne ne le souhaitait. Mais ils n'avaient pas le choix, cette attaque démoniaque risquait d'arriver sans même qu'ils aient leur mot à dire.
« Nous serons plus forts tous ensemble, Azrael. Tu sais que je ferai ce qu'il faut pour protéger la ville, et même plus encore. Si tu tiens à vaincre cette légion, viens avec nous, et partage tes connaissances. Nous ne devons rien laisser au hasard... »
Le fanatique hésita, puis il céda. Il était intelligent pour savoir qu'il n'obtiendrait rien de bon à s'entêter davantage, et il finit par se redresser sans rien dire de plus. Raven, sur un geste de Batman, libéra l'homme à la cape rouge, tandis que ce dernier retournait récupérer son arme. Il la rangea dans son fourreau, en signe de paix.
« La légion n'en est pas une à proprement parler. Il s'agit d'un sobriquet que se sont trouvés des démons jadis bannis par l'Ordre de Saint-Dumas. Ils ont juré de se venger de nous et de la ville de Gotham, car cette dernière nous avait alors aidés. Cette fois, il faudra se contenter de nos forces rassemblées, car nous n'aurons jamais le soutien d'un maire et des policiers. Et ils seraient dépassés, de toute façon. »
Il s'interrompit, et pointa une direction d'un geste.
« Nous devons nous rendre dans une autre de nos chapelles. Elle se trouve à l'ouest, au-delà des frontières de la ville. Elle a été abandonnée en 1865 quand nous avons contre-carré le projet des démons. La prophétie de la légion indique que la vague viendra de là-bas. »
Tu avais fait le premier pas Rachel Roth... Toi, Raven... C'était un jour à marquer d'une pierre blanche. Tu tendais la main à l'ennemi parce que tu savais que de votre union, viendrait la victoire. Tu en étais intimement convaincu. Tu avais des donc de clairvoyance, dons que tu ne comprenais pas assez pour les exploiter réellement et les premonitions te venaient surtout en rêve, là où tu ne contrôlais pas ton inconscient. Mais une chose était sûre, tu avais, grâce à ce don de clairvoyance, un certain sixième sens qui ne te trompait que rarement... Et là, tu le sentais au fond de tes tripes. Ce soir, le Chevalier Noir, les fidèles, le démon, Azrael, cette alliance qui était sur le point d'être scellée... Tout cela devait arrive, tout cela était prédit et tout cela n'était que pour le bien de Gotham, pour votre bien à tous. Alors oui, toi Rachel Roth, la grande solitaire, froide et distante, faussement arrogante et hautaine... Tu avais fais le premier pas. Pas de coup d'épée, pas de heurts, pas de nouvelle bataille. Tu voulais discuter, convaincre ce chevalier que vous pouviez vous trois conclure une alliance pour le bien de tous. Tu ressentais une certaine fierté au plus profond de ton cœur parce que tu faisais exactement l'inverse de ce que certains attendaient de toi, tu faisais exactement l'inverse de ce qu'aurait fait ton monstre de père. Tu étais Rachel pas Trigon et tu le pouvais encore une fois ce soir. Tu espérais que le message irait aux oreilles des membres fondateurs de la Justice League grace à Bruce. Tu avais besoin qu'ils comprennent enfin que tu étais certes une menace à cause de ton géniteur, mais que cela n'était pas de ton fait et que tu oeuvrais chaque jour pour être une bonne personne. Pour faire les bons choix. Celui de ce soir te semblait être le meilleur.
Azrael te demandait alors une bonne raison de te croire mais Bruce ne te laissait pas l'occasion de répondre. Cela te frustrait et t'agacait mais cela ne t'étonnait pas... Bruce était célèbre pour ça. Toujours tout ramener à lui. Toujours croire qu'il était le seul à pouvoir trouver la solution... Tu lui prouverai le contraire. Peut être pas aujourd'hui, peut être pas demain, mais un jour... Un jour tu lui montrerais qu'il n'étais pas le seul à pouvoir sauver tout le monde. Le Chevalier Noir prenait donc la parole à ta place. Il exposait calmement la situation afin qu'Azrael ait toutes les cartes en main pour prendre sa décision. Tu écoutais sagement, ne lâchant cependant pas un instant le chevalier du regard, prête à agir s'il fallait me neutraliser. Azrael disait que le démon avait pris connaissance de ton existence à cause de ton intervention... Tu levais les yeux au ciel, blasée... Cela faisait déjà bien longtemps que ce n'était plus un secret personne et encore moins dans l'univers démoniaque, que tu étais sur Terre. Que tu existaus. Que tu étais la fille de Trigon. Les commérages existaient aussi en Enfer. Le chevalier semblait tout droit sorti d'un autre temps, d'une autre époque, il était donc naturel qu'il ait un train de retard, pensais-tu si fort que cela se lisait sur ton visage. Avec ou sans toi, ces démons auraient attaqué. Et là dessus tu n'avais aucun doute, le démon qui s'était insinué en toi te l'avait parfaitement fait ressentir. Tu n'étais que la cerise sur le gâteau. Un gâteau qui au fond n'avait rien à faire avec toi ou Trigon.
Batman répétait alors tes paroles, vous seriez plus forts ensemble. Il ne fallait pas avoir inventé l'eau chaude pour en arriver à cette déduction. Alors si ce Azrael se montrait hostile à votre proposition, c'était qu'il n'avait rien compris et qu'il ne comprendrait jamais. Bien trop aveuglé par la mission qu'il s'était vraisemblablement imposé lui même. Mais visiblement, il était prompt à vous suivre. Bruce te faisait signe de relâcher ton emprise. Tu t'executais, non pas parce que Bruce te l'avait demandé mais parce que tu sentais que tu pouvais le faire en toute tranquillité. Et tu ne t'étais pas trompé. Le chevalier rangeait son arme. Il semblais enclin à vous écouter, enclin à vous aider. Mais ce n'était pas pour autant que tu lui donnais ta confiance, bien au contraire, tu restais méfiante. D'après lui, il ne s'agissait que d'une vulgaire histoire de vengeance... Tu avais beaucoup de mal à y croire. Ce n'était pas ce que le démon t'avait fait ressentir. Néanmoins, tu écoutais, encore et toujours, sagement. Mais lorsqu'on évoquait une chapelle, celle où tout devrait commencer au moment venu, là tu n'hésitais plus une seconde. Tu ne leur demandais pas leur avis et tu vous teleportais tous les trois la bas en utilisant ton empathie pour partager les détails du lieu et de son emplacement dans l'esprit d'Azrael. « II n'y a qu'à demander. » disais tu sobrement une fois arrivés sur place.
Laissant Azrael sous la surveillance du Chevalier Noir, tu t'aventurais à explorer la chapelle sans trop t'éloigner bien sûr. Elle aussi était abandonnée et plutôt... Glauque... Quand est-ce que vous auriez une enquête dans un magnifique hôtel somptueux ? Tu levais les yeux au ciel, amusée par ta propre réflexion. Tu savais que les lieux les plus beaux pouvaient justement cacher les plus noirs secrets. Grâce à la possession démoniaque qui avait eu lieu quelques instants auparavant, tu maîtrisais désormais totalement cette langue morte qu'ils psalmodiaient tantôt. Tu réussissais donc à traduire quelques écrits ici et là. Tes sourcils se froncaient et un mince sourire se dessinait sur ton visage. Sourire qui disparaissait immédiatement lorsque tu revenais vers Bruce et Azrael. « Ils savaient déjà mon existence depuis bien longtemps Azrael, tu l'as dit toi même. Il était prédit que je sois là. Mais je ne suis pas une menace pour toi ou Gotham. Il est clairement inscrit ici que je suis une menace pour cette fameuse légion. Je suis celle qui les empêchera d'atteindre leur but. Je suis celle qui les renverra en Enfer. Tu voulais une bonne raison de me croire, en voilà une. Ce n'est pas ta mission cette fois, mais la mienne. Et si vous le voulez bien tous les deux, la notre désormais. »
Azrael avait attendu que Rachel s'éloigne pour lui poser cette question. Evidemment, la réponse n'était pas aussi simple que Bruce l'aurait voulu. Oui, il avait confiance en elle, mais il savait qu'elle était jeune et sujette aux émotions. Qu'elle avait failli perdre son sang-froid malgré ses dires en début de soirée. Qu'elle était dangereuse, et qu'il valait mieux qu'on la surveille toute sa vie pour s'assurer qu'elle ne sombre pas du mauvais côté. Peu de gens pourraient l'arrêter, si c'était le cas. Batman pouvait, grâce à la Hellbat. Mais il avait une fenêtre d'action limitée. Terriblement limitée.
« Oui. Elle maîtrise sa nature et ses pouvoirs. »
« Ce n'est pas ce qui m'inquiète le plus. Lorsque ces démons vont revenir, ils chercheront à la tenter, elle. Ils chercheront à nous tenter, nous. Que se passera-t-il s'ils parviennent à la faire hésiter assez longtemps pour nous neutraliser ? »
« Elle n'hésitera pas. »
La conversation s'arrêta là, car la jeune femme revenait vers eux.
Le Chevalier Noir écouta les propos de la fille de Trigon, puis hocha doucement la tête. Il n'avait aucune idée de comment et quand allaient surgir les démons, mais il savait que ça allait arriver. Comment procéder pour les arrêter ? Impossible à dire, car il n'était pas entraîné pour ça. Il entrait dans une zone grise où ses capacités étaient limitées.
Il se remémora cette nuit avec Zatanna, où ils avaient neutralisé un couple de mages déments qui cherchaient à transformer les Gothamites en monstres. Ils avaient réussi à se faire confiance, à mettre à profit tous leurs talents, combinés, pour les vaincre. Ils avaient réussi. Ce soir, il devait forcément y avoir un moyen de faire de même. Il observa la réaction d'Azrael, qui attendait apparemment de plus amples instructions. Parfait, au moins, le fanatique était à l'écoute.
« Notre alliance durera autant de temps que nécessaire. » dit-il simplement.
Autrement dit, il serait de nouveau leur ennemi lorsque tout ceci serait terminé. Mais ce n'était pas bien grave. Ce n'était pas un homme de déshonneur, et il respecterait son serment à la lettre. Et avec de la chance, il ne se retournerait pas contre eux à la fin.
« Donne-nous tes instructions, Raven. Nous t'écoutons. »
Oui, il l'écoutait. Il l'évaluait. Il l'observait.
Il voulait voir ce qu'elle avait dans le ventre, et dans la tête. Il voulait voir ce qu'elle valait, une fois aux commandes, une fois qu'elle n'avait plus personne sur qui s'épauler. Au sein des Titans, elle travaillait en équipe, et ce soir, elle avait été à côté du Batman comme un égal. Maintenant, c'était à elle de diriger. C'était à elle qu'échouait le rôle de donner des ordres, des conseils, de prédire, de réfléchir. Et c'était tout sauf un cadeau facile.
Il était bien placé pour le savoir.
Une bonne tactique, une bonne stratégie, était comme une partie d'échecs. Il fallait tout prévoir et tout calculer à l'avance. Il fallait s'assurer que tout était sous contrôle, ou du moins, qu'on avait envisagé toutes les possibilités. Connaître son ennemi était plus important que l'affrontement lui-même. C'était pour ça que Bruce n'avait jamais perdu aux échecs contre qui que ce soit. Personne ne l'égalait pour prévoir.
Tu avais été on ne peut plus claire et sincère Rachel. Tu étais comme ça, malgré ta carapace, malgré ta froideur apparente et ta volonté constante de garder tes distances avec qui que ce soit, on ne pouvait pas te reprocher ton manque de franchise. Au contraire même, parfois tu parlais un peu trop vite, tu disais un peu trop ce que tu pensais tout haut ou encore ce que les autres pensaient tout bas. Ca pouvait faire ton charme comme ça pouvait te rendre détestable... Mais il s'agissait là d'un trait de caractère, que l'on le considère comme une qualité ou un défaut, dont tu ne te séparerais jamais. Tu avais donc dis les choses telles qu'elles étaient. Apparemment c'était toi l'élue ou un truc dans le genre. Ce que tu pouvais avoir horreur de ces prophéties merdiques qui te foutaient toujours dans des plans foireux. Mais bon, apparemment, y'a un paquet d'années, une bande d'illuminés ont cru bon d'écrire qu'un jour la fille du démon, le corbeau noire, empêcherait la Légion de venir à la surface. Ok... Bon, admettons... La fille du démon... Le corbeau noir... Ouais ça pouvait vaguement faire penser à toi et ce Azrael en semblait tellement convaincu. T'allais pas le décevoir quand même. Puis, fallait l'avouer Raven, quand t'avais l'occasion de renvoyer ces enfoirés en Enfer, tu ne perdais pas une occasion. Et puis cette tension entre les deux hommes... Le Chevalier Noir et le Chevalier Blanc... Ca te branchait bien, t'avais envie de prendre un énorme seau de popcorn et de te goinfrer en les regardant déballer leurs états d'âme... Tu t'y voyais déjà. Changelin lui aussi aurait adoré ça.
Mais pour le moment, tu avais une mission. Une mission pas si compliquée que ça a première vue mais tu le savais mieux que quiconque Rachel Roth, il ne fallait pas se fier aux apparences et tu restais donc méfiante, prudente. Autant vis à vis des démons que vis à vis de ce Azrael qui était aussi aimable et chaleureux que Bruce, une vraie porte de prison. Il acceptait à demi mot, sans vraiment vouloir l'avouer, l'association que vous lui aviez proposé. Il était plus malin qu'il en avait l'air le loustique. S'opposer à toi, à vous, aurait été complètement contre productif. Il le savait, Bruce le savait, tu le savais. Bref, vous le saviez tous les trois, tout comme vous saviez, sans qu'il ait besoin de le préciser que votre alliance ne serait que temporaire. Et dès lors que votre tâche serait accomplie... Les hostilités reprendraient de plus belle. Et c'est là que tu t'eclipserais comme tu savais si bien le faire. Non pas par peur du Chevalier Blanc mais parce que cette histoire ne regardait que le Chevalier Noir. Tu hochais donc simplement de la tête pour montrer ton approbation face à cette alliance de fortune.
Mais ce qui t'avait coupé la chique, ce qui avait failli te faire défaillir, c'est quand le grand, l'epoustoufflant, l'homme à l'ego si démesuré qu'il fallait redimensionner toutes les portes pour lui... Monsieur Bruce Wayne en personne te donnait les rennes. Hum... Il y avait anguille sous roche. Soit c'était le nouveau Bruce qui était vraiment différent de l'ancien, soit il avait pris un coup de trop sur la tête, soit il te testait... Tu avais plutôt tendance à opter pour la dernière option. Fourbe... Et délicieuse. C'était de bonne guerre et tu acceptais le jeu, le rôle que l'on t'avait attribué. « Très bien messieurs... Alors écoutez bien parce que j'ai horreur de me répéter. Les démons sont des êtres sournois, malhonnêtes, manipulateurs et hargneux. Malheureusement, ils ne sont pas dénués d'intelligence. Pas tous bien sûr, certains sont de véritables idiots, croyez moi. Mais les chefs de meutes, les têtes pensantes, sont là pour guider les plus faibles. Ils savent que je suis là, ils n'attaqueront donc pas de front. Ils ne vont pas débouler tous en cœur par un tunnel de l'Enfer sorti d'on ne sait d'où... Nan, ça serait trop simple. Ils vont la jouer plus fine ces enfoirés. Ils vont venir un par un. Ici et là, au grès de leurs envies et de leurs victimes. Ils vont se montrer insidieux et nous envahir progressivement dans que l'on s'en rende compte. Et une fois que leur petit cercle sera créé, une fois qu'ils auront tous un hôte... C'est là qu'ils attaqueront. Pas aujourd'hui, pas demain... Et c'est là le problème, on ne saura pas quand ça risque de tomber et je n'ai pas du tout envie de m'eterniser dans cette ville dont vous vous disputez la garde comme deux chiens qui veulent ronger le même os. Nan, j'ai pas que ça à faire que d'attendre que la Légion se forme pour l'affronter. Les démons peuvent nous posséder, c'est un fait. Les démons peuvent nous manipuler. Mais ces idiots peuvent aussi être invoqués et piégés. Ils ont fait une grosse erreur en m'informant de leur existence. Je ne vais pas attendre qu'ils viennent à nous, je vais les forcer à venir à nous. Un par un. Et un par un je vais les renvoyer là d'où ils viennent, en m'assurant qu'ils ne pourront plus jamais en revenir. Et c'est là que je vais avoir besoin de vous messieurs car ma tâche ne sera pas de tout repos. Vous vous doutez bien qu'ils ne vont pas se laisser faire. Ils vont contacter leurs fidèles qui vont venir à leur rescousse et pendant que je jouerai à l'exorciste version 2021... Vous, vous devrez tenir ces illuminés à l'écart. Des questions ? »
Les illuminés en question, de fait, ne tardèrent pas beaucoup à venir. D'abord un petit groupe, une poignée de fidèles aux vêtements sataniques tout droit sortis d'un film de seconde zone. Ils n'étaient pas nombreux, mais leurs yeux et leurs gestes témoignaient d'une absence totale d'empathie pour ceux qui viendraient chercher leurs maîtres. Etaient-ils réellement sous leur emprise ? Ou étaient-ils, au contraire, pleinement conscients de ce qu'ils faisaient ? Cette pensée tracassait le Chevalier Noir, et il n'était pas le seul à se poser la question.
« Quelles sont tes directives, Batman ? Mon épée doit-elle mordre ? »
La voix d'Azrael était calme.
« Attendons de voir leur premier mouvement. Raven a besoin de temps pour organiser son exorcisme massif. Et nous ignorons encore s'ils sont possédés, contrôlés, ou véritablement corrompus. »
« Comme tu voudras. Mais tu devrais envisager que nous soyons rapidement en large infériorité numérique. Et s'ils sont en pleine possession de leurs moyens, nous n'aurons probablement aucune chance de tous les vaincre de façon non létale. Tu... »
« Nous vaincrons. »
La voix de Batman avait été ferme, et sans appel. Il ne tolérerait pas que son allié de l'instant choisisse la voix de la facilité en tuant tous ces gens... qui n'avaient peut-être rien demandé. Le Chevalier Noir les observa, alors que la foule se mettait à grossir de plus en plus. Des figures jeunes et moins jeunes, des adolescents et des quadragénaires, des adultes et des seniors. Il y avait là toutes sortes de gens, de tous les horizons. Aucune ethnie, aucune catégorie sociale, aucune religion ne semblait arrêter cette masse qui, rapidement, atteignit la centaine.
Le calcul était simple : ils ne gagneraient pas contre aussi nombreux. Bruce ne les tuerait pas, il se défendrait simplement... mais il n'était pas certain qu'Azrael se retienne aussi longtemps. Il essaya de se rappeler ce qu'il avait lu à son sujet : il était inflexible, mais savait honorer sa parole. Têtu, mais capable de s'adapter si besoin. On pouvait lui faire confiance pour respecter sa part du marché.
Bruce leva le bras, portant un doigt à son oreille.
« Alfred, pouvez-vous nous envoyer quelqu'un ? »
Le silence lui répondit ; et il sentait qu'une œuvre magique en était la cause. La foule commença de s'avancer, encerclant le duo qui se recula légèrement vers la chapelle. Raven, seule à l'intérieure, était-elle en proie à un combat féroce contre les démons ? Poursuivait-elle une mélopée étrange en latin ou toute autre langue démoniaque ou magique ? Allait-elle leur venir en aide avec ses pouvoirs occultes ?
Une femme, plus grande, au visage carré et mauvais, sortit du cercle. Elle avait des yeux d'un blanc laiteux, et une hache de pompier à la main. Elle ne parla pas, ne fit pas un geste, mais en la fixant, les deux hommes surent ce qui allait se passer. Ils allaient charger, tous. Et ils étaient complètement contrôlés par les démons.
Mais c'est alors qu'un tourbillon noir et rouge s'abattit sur la foule, déclenchant le signal du combat général.
Aux yeux de certains et de certaines, ton plan pouvait paraître bancale ou hasardeux. Mais quelque chose au fond de toi te persuadait que tu avais raison. Le temps vous était compté dans cette histoire. Vous ne deviez pas laisser le temps à ma Légion de s'organiser. Vous ne deviez pas laisser le temps à ces démons de trouver des hôtes dignes de ce nom. Des hôtes qui deviendraient de plus en plus puissants et durs à combattre avec le temps. Non, vous ne pouviez pas laisser faire ça. Voilà pourquoi tu avais voulu tout de suite apaiser les tensions et créer une union entre le Chevalier Noir, Azrael et toi. Un trio incongru, un trip impensable et pourtant... C'était cela toute la beauté de votre... "métier", savoir parfois s'associer avec des personnes auxquelles on n'aurait jamais pensé pour le bien des autres, parfois pour le bien de tous. Tu ne le savais que trop bien Raven. Et c'était encore le cas cette nuit. Tu donnais donc la tâche d'éloigner les fidèles aux deux hommes qui t'accompagnaient pendant que toi tu jouerais au père Caras, en espérant que la fin serait beaucoup plus heureuse pour toi que pour lui. Un exorcisme de masse, voilà tout simplement ce qui t'attendait. Cela aurait pu en effrayer plus d'un, rendre sceptiques les autres mais ce n'était pas ton cas. N'y voyez aucune prétention là dedans, tu avais seulement l'expérience des deux confrontations avec ton père... Et quand on a vaincu Trigon deux fois... Ce n'est pas une bande de pauvres démons en manque de reconnaissance qui va vous effrayer. En tout cas ce n'était pas ton cas. On lisait presque un début de sourire sur tes lèvres. Cette nuit tu allais faire ce pourquoi tu te battais chaque jour, ce pourquoi tu travaillais chaque jour et non pas ce pour quoi tu avais été créé.
Rapidement vous deviez vous séparer. Tu restais seule dans la chapelle tandis que les deux Chevaliers allaient à la rencontre des fidèles pour les empêcher de s'interposer entre toi et ton dessein. Une fois la porte fermée derrière eux, tu l'as scellé d'un sort ancien et puissant qui empêcherait quiconque, humain ou démon d'entrer et d'interférer avec ton travail. Puis, tu entailler l'une de tes mains et dissiminer des gouttes de ton propre sang sur le sol et les murs afin de créer un piège qui empêcherait les démons de prendre la fuite lorsqu'ils comprendraient le destin qui leur était réservé. Les festivités allaient commencé. Suivant les écritures que tu avais découvert sur les murs de la chapelle, tu invoquait l'un après l'autre chaque démon de la Légion. Ils n'étaient pas si nombreux que ça finalement, et heureusement. Mais tout bon mage savait que ce n'était pas la quantité qui comptait lorsque l'on parlait de démons... Tu restais donc sur tes gardes tout en te disant que finalement ça serait plus rapide et facile que tu ne l'avais pensé. Les uns après les autres, tu les bannissais de l''Enfer pour les envoyer dans une dimension démoniaque d'où ils ne pourraient pas s'échapper. Bien évidemment, tu ne les envoyais pas tous au même endroit, c'était me meilleur moyen de les laisser fomenter leur vengeance et leur retour en force. Non... Tu créais une dimension sur mesure pour chacun d'entre eux. Des dimensions dont tu serais la seule geoliere, la seule à détenir les clés que tu détruirais à l'instant même où l'exorcisme serait terminé, les condamnant ainsi pour l'éternité à errer seuls avec leurs pensées. Une agonie éternelle, ils ne méritaient rien de plus, rien de moins.
La tâche était éreintante mais tu ne montrais aucun signe de faiblesse. Tu étais remontée et déterminée comme jamais. Tu irais jusqu'au bout. Enfin... C'était ce que tu pensais... Car certains démons n'avaient pas répondu à ton appel... Ils n'y avait qu'une explication plausible, les démons avaient déjà commencé à posséder les fidèles. Et merde... Tu levais les yeux au ciel. Finalement, combat il y aurait. Soit, tu étais prête. Remontée à bloc après t'être occupée de tous ces démons. C'était presque comme une drogue, une grosse poussée d'adrénaline, comme si rien ni personne ne pouvait t'arrêter. Les deux Chevaliers étaient en danger, tu devais intervenir et vite. Les yeux couleurs rubis, tu te dirigeais d'un pas déterminé vers la grande porte de la chapelle que tu ouvrais d'un simple et élégant geste de la main. Sans sourciller ni même ralentir la cadence, tu t'avancais vers le combat, la démarche assurée et le regard déterminé. Une troisième personne s'était jointe à votre croisade. Une tornade rouge et noire, Batwoman. Tu ne la connaissais que de réputation mais tu devais l'avouer, elle avait une classe folle. Mais malheureusement, ce n'était pas une arme efficace contre les démons. Toi, oui. Commençant à leviter, tu murmurait quelques mots dans une langue morte que les humains ne pouvaient pas connaître. Ta langue paternelle. Tes yeux devenait alors d'un blanc lumineux, tandis que une brume violette t'entourait. C'était à ton tour de jouer les tornades. Soudain, tous les assaillants, tous les fidèles possédés cessèrent de bouger, ils étaient comme des statues, figés, incapable de se rebeller contre ta puissance. Quant à toi, tu n'étais comme plus là. Physiquement tu étais là, mais plus aucune expression ne se lisait sur ton visage. Tu étais en transe complète. Tous les fidèles se mirent alors à flotter lentement vers le ciel tandis que tu t'élevais en même temps qu'eux.
Après quelques mots prononcés par tes lèvres, tous se mirent à saigner du nez puis à convulser. Des cris inhumains tout droit sortis de l'Enfer se firent alors entendre. Et comme dans un somptueux ballet orchestré à la seconde près, tous s'arrêterent de bouger en même temps. Une épaisse fumée noire s'échapper alors de chaque fidèle pour fondre vers toi. Les humains enfin libérés tombèrent alors tous en même temps, littéralement délestés de leurs démons. Une mort certaine les attendait vu la hauteur que tu leur avais fais prendre mais à quelques centimètres du sol, ils s'arrêterent tous en même temps. Il s'agissait encore une fois de ton œuvre. Condamner les démons... Oui. Condamner les humains... Non. Une fois tous arrêtés à quelques centimètres du sol, tu les relachais et ils tombaient tous, sains et saufs. C'était aux Gothamites de s'en occuper désormais. Toi tu retournais t'enfermer dans la chapelle pour terminer ton ouvrage, seule...
« Batman, tu es certain que Raven les a tous eus ? »
« Je partage l'avis de Batwoman, Chevalier Noir. Ils ont tous l'air endormis, paisiblement, et aucun n'a l'air de vouloir s'en prendre à nous. Mais peut-on vraiment s'y fier ? La fille de Trigon est... »
« Vois par toi-même, Azrael. Nul ennemi pour nous, désormais. »
Le fanatique doutait, et malheureusement, il n'était pas le seul. Batwoman avait rapidement pourquoi elle était intervenue ; une des personnes enlevées était une amie à elle. Mais elle ne comprenait pas plus que les deux autres ce qu'il se passait exactement, car les domaines magiques n'étaient pas sa spécialité. Loin de là. Et Bruce ne pouvait pas, une fois de plus, les contredire sur ce fait. Car personne n'avait la moindre idée de qui étaient ces démons, et de comment résoudre cette crise.
Rachel avait la solution. Mais elle était repartie s'enfermer.
« Batwoman, va voir Raven. Essaye de la protéger, au cas où. Azrael et moi, nous... »
Trois personnes se relevèrent alors. Ils étaient tout à fait normaux, à l'exception d'expressions de colère sur leurs visages. Pas dirigées entre eux, ni contre les démons... mais bien contre leurs sauveurs. Petit à petit, d'autres personnes parvinrent à s'éveiller et à se mettre debout, et ce fut rapidement la cohue. Tous ceux qui étaient paniqués se mirent à fuir, espérant sans doute regagner leurs foyers avant qu'un nouveau mal s'abatte sur eux.
Mais il en resta facilement la moitié, laquelle dévisageait férocement le trio.
« Okay. Ça sent pas bon. On fait quoi, Batman ? »
« Va auprès de Raven. Assure-toi qu'ils ne l'attaquent pas. »
Kate fit volte-face et partit. Azrael dégaina son épée, espérant sans doute avoir l'air plus menaçant.
« Quelque chose me dit qu'ils n'ont pas besoin de démon pour s'en prendre à nous, ceux-là... »
« Pas de mort. »
« Je ne te promets rien. »
Cette fois non plus, il n'y eut aucune semonce. Les anciens possédés chargèrent, comme un seul homme, poussant des cris de rage et de haine. Et alors qu'ils se ruaient sur les deux guerriers, dans une mêlée de poings et de pieds, Bruce ne pouvait s'empêcher de craindre le pire. Qu'est-ce qui pouvait bien pousser une personne à faire cela ? La possession démoniaque avait-elle réellement été supprimée ? L'influence néfaste avait-elle était si puissante qu'elle gardait des traces en eux ? Etaient-ils malheureux au point de préférer la soumission à un être magique, plutôt qu'une vie normale ?
Autant de questions... et une absence totale de réponse. Car jamais Bruce n'aurait accepté un tel sort, et pourtant, il avait connu bien des occasions de vouloir désespérer. Récemment encore, d'ailleurs. Mais il savait, notamment grâce à des gens comme Raven, ou d'autres comme Azrael, qu'il ne fallait jamais laisser tomber. Jamais céder à la facilité. Il le savait, grâce à Alfred, grâce à la Batfamily, grâce à Cat, grâce aux enseignements qu'il avait reçus jadis.
Mais il espérait que le combat ne s'éterniserait pas, car la marée humaine était déchaînée au-delà de toute imagination.
Le plan avait fonctionné, TON plan avait fonctionné. Mais tu n'étais pas du genre à te réjouir trop vite ou à te lancer des lauriers. Oh ça non. Sauf peut être devant Changelin pour l'embêtter, tu adorais ça. Mais là, l'humour n'avait pas sa place. Tu affrontais un groupe de démons complètement azimutés qui se faisaient appeler la Légion. Ils n'étaient bien sûr pas une véritable Légion, encore heureux... mais tout de même, ils étaient assez nombreux pour vous donner du fil à retordre à toi, Batman, Azrael et maintenant Batwoman... Pourquoi était-elle donc là d'ailleurs? Batman n'avait-il pas assez confiance en toi? Avait-il appelé du renfort pensant que tu ne serais pas à la hauteur. Ce n'était pas le moment de se poser ce genre de question ou de laisser son ego prendre le dessus. De toute manière, ce n'était absolument pas ton genre, encore une fois. Et Bruce avait eu raison s'il avait appelé Batwoman, du renfort ne serait pas du luxe, les fidèles dévoués l'avaient prouvé. Tu les avais débarrassé de leurs démons qui maintenant se baladaient en toi. Une sensation bien désagréable mais ils n'étaient pas assez nombreux pour ne serait-ce qu'égratigner ton âme, toi la fille du grand, du tristement célèbre, Trigon. Tu avais cependant refermé le champ de force derrière toi, faisant de cette chapelle un tombeau impénétrable. Au moins, si tu perdais le contrôle, tu empêchais quiconque ou quoi que ce soit d'entrer ou... de sortir. Tu étais ambitieuse et volontaire mais tu étais surtout prudente. Malgré tes airs de casse-cou qui n'en faisait qu'à sa tête, tu étais une jeune femme beaucoup plus réfléchie et sage qu'il n'y paraissait. Mais c'était tant mieux, pour tromper l'adversaire, il n'y avait rien de mieux. L'exorcisme de masse commençait alors, mais cette fois, ce n'était pas un par un que tu devais les manier, mais tous à la fois. Pas de problème, tu savais que le combat sera mentale et cela tu savais faire. Stephen King l'avait très bien compris, notamment dans l'un de tes romans préférés, Dreamcatcher, le cerveau, l'esprit, est l'organe le plus organise le l'être humain, démoniaque, extra-terrestre ou tout ce que vous voulez. L'auteur de Sherlock Holmes l'avait compris aussi. A l'instar de son héro, tu avais construit, depuis bien des années, ce que tu appelais ton palais mentale. Et dans ce palais mentale, grandement aidée par tes prédispositions à la magie bien sûre, tu pouvais y faire ce que tu voulais. Tu en étais littéralement la Reine. Tu avais alors, à une vitesse hallucinante, avec une facilité déconcertante, façonné une cellule pour chaque démon. Et tu te baladais à ta guise dans ce palais, exorcisant un à un ces enfoirés.
Mais plus tu avançais, plus cela devenait difficile. Et oui Raven, tu as beau être la fille de Trigon... tu n'en es pas pour autant invincible, immortelle, infatigable... Ces exorcismes répétés et le contrôle de ton palais mentale envahi par les démons, te demandait beaucoup d'énergie, beaucoup trop. Tes yeux étaient désormais noirs corbeaux mais tu te battais, tu te battais pour ne pas les laisser gagner du terrain. Le sang coulait de tes narines et de tes oreilles. Tu prenais cher belle Rachel, tu prenais cher. Mais c'était pour la bonne cause, et tu le savais, pour sauver ne serait-ce qu'une seule vie, peu importe sa valeur, tu serais capable de te battre jusqu'à ton dernier souffle. Te sentant faiblir de plus en plus, tu entendais les cris de Batwoman de l'autre côté, elle souhaitait te venir en aide. Une aide sur laquelle tu n'allais pas cracher. Mais allait-elle apprécier ce que tu allais lui faire pour parvenir à tes fins? Trop tard, tu allais craquer, plus le temps de tergiverser, tu laissais une brèche s'ouvrir dans le champ de force magique qui entourant la chapelle et Batwoman entrait. Voyant l'état pitoyable dans lequel tu étais, elle se précipitait vers toi, tandis que tu refermais la brèche. A genoux au sol, le visage ensanglanté et les yeux aussi noir que la mort, l'héroïne se demandait s'il n'était pas trop tard mais tu attrapais, dans un dernier élan d'énergie sa main. « J'ai besoin de toi pour finir... mais tu risques de ne pas aimer... » Lui soufflais-tu. Tu ne voulais pas la prendre en traitre, tu voulais qu'elle soit consentante. D'un simple regard, d'un simple accord tacite, sans même prononcer une seule parole, Batwoman acceptait le sacrifice que tu lui demandais sans même en connaître la nature. Voilà une justicière, voilà une héroïne, tu la reconnaissais bien là et tu ne l'en admirais que d'avantage, d'autant plus qu'elle était une... simple humaine. Ce n'était pas une insulte dans ta bouche, bien au contraire, toi même tu étais à moitié humaine. Tu trouvais les justiciers humains encore plus méritants et admirables. C'était le cas pour Green Arrow par exemple, Batman ou encore Batwoman. Tu ne leur avouerais jamais, mais tu les admirais bien plus qu'un Superman ou un Aquaman.
Batwoman t'ayant donné son consentement, tu reliais vos deux esprits et tu t’immisçais dans SON palais mentale. Avait-elle seulement conscience qu'elle en avait un? Tu en doutais. Il était immensément désorganisé et à l'abandon. Mais cela n'entraverait pas ton entreprise. Vos esprits étaient reliés désormais et grâce à ta magie, l'énergie de Batwoman rechargeait la tienne, le temps que tu termines les derniers exorcismes. Tu devais faire vite, Batwoman était forte, elle était humaine, elle ne supporterait pas ça bien longtemps. Très vite d'ailleurs, elle aussi se mit à perdre du sang par les narines et les oreilles. Mais heureusement, tu avais fini à temps et tu l'avais libéré de ce sort, dangereux certes, mais que tu savais maitriser. Dans le cas contraire, tu n'aurais pas risqué la vie de la jeune femme. Toutes deux écroulées sur le sol, vous repreniez votre souffle. Tes yeux étaient à nouveaux normaux. Tu récupérais Raven, très vite. Mais au lieu de panser tes plaies, tu t'occupais de Batwoman, elle passait avant toi, il n'y avait pas à réfléchir une seule seconde là dessus. Tu posais alors tes mains guérisseuses sur ses joues blafardes et tu lui redonnais toute son énergie. En à peine quelques minutes, elle était sur pied, prêtes à en découdre avec ces foutus fidèles qui ne voulaient pas lâcher l'affaire... Et toi aussi tu étais prête à en découdre. Ils avaient été possédés pas des démons puissants et déterminés, cela avait laissé des séquelles. Tu allais devoir aider tes trois acolytes pour en venir à bout. Tu sortais alors de la chapelle avec Batwoman et, en position de combat, tu esquissais un sourire. La fête allait commencer...
Dos à dos, Batman et Azrael se battaient contre une marée humaine qui n'en finissait plus. Corrompus, pervertis, assoiffés de haine et de sang, l'esprit totalement obscurci par les sombres promesses d'une créature magique et infernale, ils n'avaient qu'une envie : le meurtre de la chauve-souris et de ses alliés. Si Raven et Batwoman étaient en relative sécurité à l'intérieur de la chapelle, ce n'était pas le cas des deux hommes. Eux, ils n'avaient pas de champ de force pour se protéger. Eux, ils devaient résister, solides sur leurs appuis.
Et ils le firent, bien sur.
Azrael, fier et discipliné, assénait des coups puissants et larges, balayant deux personnes à la fois. Il n'avait besoin d'aucune aide pour stopper les attaques de ses ennemis, et nul ne pouvait l'approcher sans goûter au pommeau de son épée. Car il tint parole : il ne tua personne, se contentant de les assommer ou de leur donner un coup du plat de la lame. Blessés, oui. Mourants ou morts, non.
Batman, quant à lui, était un roc impossible à bouger. Rapide, méthodique, il ne craignait nulle agression de la part de ces individus fanatisés. Il n'avait pas peur de prendre des risques non plus, car il savait qu'il ne pouvait pas retenir toutes les attaques en même temps. Il encaissait les coups les plus faibles, répondant aux plus dangereux et aux plus forts par un contre largement supérieur. Il ne tomberait pas ce soir.
Aucun d'eux ne tomberait. Car il apparut très vite, dès que Batwoman et Raven revinrent se joindre à eux, qu'ils n'étaient pas aussi dépassés qu'il y paraissait. Débarrassés de leurs démons, les corrompus se rendaient vite compte qu'ils n'avaient plus la force, l'agilité ou la résistance offerte par la magie. Le moindre coup, le moindre contre, venait à bout de la plupart d'entre eux. Personne, parmi ces êtres perdus, n'avait la moindre chance contre les quatre défenseurs de Gotham.
Et quand le calme retomba, quand le silence se fit, il ne restait personne pour oser proclamer allégeance aux créatures démoniaques. La respiration lourde, le Chevalier Noir se tourna lentement vers ses alliés, eux-mêmes dans l'attente de ses dires. C'était terminé.
« Merci à vous. Azrael. Batwoman. »
« Tu as bien agi, ce soir, Chevalier Noir. Et toi aussi, fille de Trigon. Mais je garderai un œil sur toi à l'avenir. »
Le chevalier de Saint-Dumas partit alors, sans se retourner.
« Heureusement qu'Alfred savait que je n'étais pas loin. Je vais prévenir le GCPD qu'on a besoin d'une cellule psychiatrique ici. A la revoyure, Batman. Salut, petit corbeau. »
Ne resta donc que Bruce et Rachel. Le protecteur de Gotham resta un long moment silencieux, sans esquisser un geste ou un mot. Il rassemblait ses pensées, laissant la tension redescendre après une nouvelle nuit éprouvante. Il avait vu déjà trop d'horreurs pour en perdre le sommeil, mais il était à chaque fois un peu plus surpris de la folie humaine. Avec le recul, le Joker n'était pas la pire chose qu'il ait eu à affronter. C'était l'Humanité, la pire chimère.
Finalement, il prit la parole. Ses mots résonnèrent dans le silence, alors qu'il s'adressait directement à Raven.
« Tu as bien agi, Raven. »
Il était rare d'entendre de tels mots de sa bouche.
« Tu as su maîtriser ces ennemis, et travailler en équipe tout en élaborant toute la stratégie. Tu as su nous porter vers le succès, alors même que la situation s'annonçait beaucoup plus catastrophique. Tu as bien agi, vraiment. Ce que tu as fait est très difficile. Mener un groupe... »
Il revit des images dans son esprit, des images d'un passé qu'il devait laisser derrière lui. Il les chassa, les rangeant dans un recoin de son esprit.
« Ce n'est jamais facile. On est responsable de la réussite ou de l'échec. Mais tu as su t'en sortir à merveille, félicitations. »
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