Sweet Kiss of Death [Feat. Zatanna]

L'Irlande... Tu étais de retour chez toi. Comme si finalement tout ce que tu avais enduré ces derniers temps, tous ces contre-temps, tous ces hommes qui avaient bouleversé ta vie les uns après les autres... Slade, Caïn, John... Comme si tout cela avait été savamment orchestré pour que tu te retrouves ici et maintenant. Tes orteils dans le vide, ta nuisette virevoltant derrière ton dos, tes cheveux qui dansaient avec le vent... Tu humais l'air marin en fermant les yeux pour savourer chaque infime sensation qui parcourait ton corps à cet instant précis. Il s'agissait des toutes dernières alors tu ne voulais pas en perdre une seule miette. Étonnamment, tu te sentais en paix. En paix avec toi même, en paix avec le monde qui t'entourait. Ce n'était pas comme dans cette sinistre et lugubre baignoire où tu avais d'abord succombé à la terreur avant de t'abandonner au plaisir des bras langoureux de la mort. Non... Cette fois tu étais en parfaite osmose avec ce que tu t'apprêtais à faire. Tu n'avais plus ni crainte ni angoisse, ni colère ni frustration, juste le sentiment que tu faisais ce qui devait être fait, le sentiment que tu prenais ta vie en main, pour la toute première et la toute dernière fois. C'était étrangement enivrant. Tu esquissais un sourire. Tu levais les yeux au ciel, les étoiles le parcouraient. Quelle belle et douce nuit pour mourir, avais-tu pensé. Tu ne savais pas réellement pourquoi tu étais là, pourquoi cette falaise et pas une autre. Mais quelque chose au fond de tes tripes te disait que ce n'était pas la première fois que tu étais ici. Ce n'était pas, malgré les apparences, malgré tes souvenirs brumeux, un hasard. Et cette idée, cette sensation inexplicable était d'un réconfort absolu. Comme si la boucle allait enfin être bouclée.

Sous la lueur de la lune, tu étais absolument magnifique Siobhan. Grandiose. Tu soupirais, satisfaite, repensant à cette dernière journée que tu avais eu la chance de vivre. Car celle-ci n'était pas du tout prévu, tu devrais déjà être morte depuis longtemps. Mais cette journée, tu l'avais finalement eu et tu avais alors décidé d'en profiter. Tu l'avais passé à arpenter tes terres, à arpenter les pièces et les couloirs de ton manoir. Tu en avais découvert chaque coin et recoin, récupérant par-ci par-là quelques souvenirs qui ne faisaient que te confirmer qu'elle était en chemin et que tu devais agir. Agir avant qu'il ne soit trop tard, agir avant que ce ne soit la fin. L'espace d'une journée, tu avais goûté à ce que tu avais construit, à ce qui aurait pu être ta vie. C'était tentant, c'était captivant, mais tu ne pouvais pas sacrifier ton âme pour cela. Tu ne le devais pas, tu ne le voulais pas. Constantine t'avait, malgré lui, offert ce cadeau. Cette journée de répit et de plaisirs simples. Il t'avait arraché aux bras de la mort, tu lui en avais voulu. Puis tu avais compris, tu avais compris que tout cela avait été écrit. Le pacte, le sang, lui, elle... Il t'avait gardé près de lui pour Cherryl et c'était pour elle que tu l'avais pardonné. Car il n'y avait pas de meilleur excuse que celle-ci pour te retirer, temporairement, le contrôle de ta vie. Tu avais libéré Cherryl, tu avais assisté à leurs retrouvailles déchirantes et poignantes. Que c'était beau de voir que tu pouvais provoquer cela, que tu pouvais offrir autre chose que la souffrance et le chaos. John t'avait permis de respecter le pacte, de préserver une partie de ton âme. Il t'avait aussi permis de tirer honorablement ta révérence et tu lui en étais extrêmement reconnaissante. Il t'avait offert l'occasion de partir en beauté, de défaire ce qu'elle avait fait. Assurément, tu aurais une pensée pour lui avant le grand saut. Pour lui, pour Caïn aussi. Lui qui avait su t'apporter réconfort et vérité sur ton chemin semé d'embûches et de mensonges. Ces deux hommes avaient compté pour elle, ils avaient aussi compté pour toi.

Tu pensais également à Slade... Lui aussi avait joué un rôle, et pas des moindres, dans cet épilogue. Il avait été le premier à te dire la vérité, le premier à te mener sur cette piste qui t'avait conduite aujourd'hui au bord de cette falaise. Cela t'amusait au fond car, il était venu te chercher pour te ramener et finalement, c'était presque comme si c'était lui qui te poussait cette nuit. Oui, tu étais absolument magnifique Siobhan. Grandiose. Quelle ironie de te voir enfin ainsi, épanouie et libre, alors que tu vivais tes derniers instants. Mais tu y trouvais un certain réconfort, celui d'avoir connu cela au moins une fois dans ta vie. Le regard perdu dans le vague, tu jetais un dernier coup d’œil derrière toi, sur cette bouteille de whisky irlandais que tu avais déposé au pied d'un arbre. Tu ne savais pas pourquoi, pourquoi tu avais ressenti le besoin de ramener un présent, mais tu avais senti que tu devais le faire. Cette bouteille était bien destiné à quelqu'un mais ton cœur refusait de te dire qui et tu ne le saurais malheureusement jamais. Un dernier sourire sur ton visage, un dernier regard vers l'horizon étoilé et tu basculais en avant. Pas un cri, pas une larme. Tu allais simplement t'écraser sur les rochers sans que personne ne sache le sacrifice que tu avais accepté de faire. Personne? Pourtant, sous la lueur de la lune, une crinière rousse était apparu juste avant que tu ne fasses le grand plongeon. Tu n'avais pas eu le temps d'entendre les battements de son cœur, pourtant, ils auraient pu être les seuls à te sauver. Mais il était arrivé trop tard. Tu étais déjà partie avec pour seule compagnie l'écume des vagues qui viendraient bientôt te cueillir et te faire disparaitre dans les méandres de l'océan. Adieu Siobhan.

AVENGEDINCHAINS

sweet kiss of death

Depuis le temps, elle savait reconnaître un cauchemar quand elle en faisait un. Il y avait toujours cette petite partie consciente d'elle-même qui lui soufflait que la réalité était tout autre que ce qu'elle voyait en cette seconde même. C'était un cauchemar, un des nombreux rêves horrifiques qu'elle faisait pratiquement chaque nuit – mais plus toutes les nuits, il y avait du mieux. C'était souvent la même chose. Et elle beau savoir qu'elle se trouvait en sécurité dans la Maison, protégée par son esprit et son propriétaire, dans un lit confortable, dans une grande chambre où personne n'aurait pu s'incruster même s'il l'avait voulu, elle avait beau savoir tout cela, elle n'en tremblait pas moins face à la silhouette sombre, si sombre qu'on aurait dit un trou dans l'atmosphère, un vide, un néant absolu. Il était revenu. Après tout, elle avait accepté son deal une fois, alors pourquoi pas deux, pourquoi pas cent ? Bien sûr qu'il revenait sans cesse la hanter. C'était sa punition. Non. Non. C'était le seul mot qu'elle avait pour lui. Mais sa plus grande peur, c'était qu'un jour elle dise oui, encore. Le néant s'approcha d'elle, prit de plus en plus de place dans son champ de vision. Il n'y avait pas de mot pour le décrire, pas d'explication logique à son existence. Une présence impossible à appréhender pour un esprit sain et c'était bien ça qui la terrifiait, l'impression qu'elle pouvait devenir folle à tout moment, folle de peur, folle de désespoir, et surtout folle de rage.

Le vide la dévorait, grignotait petit à petit ses bras, son torse, son visage. Elle avait l'impression de hurler mais aucun son ne franchissait ses lèvres, ni même aucun souffle. Elle ne respirait plus. Elle ne vivait plus. Elle ne vivait plus. Puis un hurlement traversa son crâne et fit éclater les ténèbres; Elle tomba à genoux sur un sol de terre meuble et salle. Le ciel et le sol se confondait, et elle se crut revenue en enfer, à ceci près que l'horizon était infini ici contrairement à là-bas. Puis un petit rire flûté attira son attention et elle vit passer devant elle, sans pouvoir distinguer son visage, une petite fille vêtue de blanc aux longs cheveux noirs agités par le vent. « Attends ! » Elle savait que ce n'était pas elle. Elle savait qu'elle connaissait cette fillette. Et elle savait, en lui emboîtant le pas pour lui courir après, qu'elle finirait par débouler au sommet d'une falaise agitée par le vent à l'herbe verte, drue et grasse. Un endroit où son père l'avait emmenée un jour, quand elle était enfant. Un endroit où une autre petite fille, comme son reflet dans un miroir déformant, s'était trouvée également. Oh, elle connaissait cette image. Elle savait où ce cauchemar allait la mener.

Et soudain des images l'assaillirent. Un monde à l'agonie, l'air au goût de cendres, le démon extatique parce qu'il obtenait exactement ce qu'il voulait, ce qu'il avait toujours voulu, la vengeance, et peu importait que ce soit contre une Banshee inconnue ou contre ses frères et rivaux d'En Dessous. Le mal pour le mal, le chaos pour le chaos, et la vengeance pour le plaisir. Zee porta les mains à son visage et hurla de toutes ses forces. Le sol avait disparu sous ses pieds, elle planait dans l'air, au-dessus de la mer, il n'y avait plus que cela, la mer, l'air, et en bas, des rochers noirs et coupants. Et elle, lui, eux deux, Nebiros, elle ne savait plus, avait arraché la Banshee à son vaisseau de chair, l'avait renvoyée dans le néant, là d'où elle venait, là d'où lui venait aussi, il connaissait bien le chemin. Elle chassa les images, refusa de revivre ce moment. Elle avait trouvé Siobhan… « NON ! » Si elle avait pu, elle se serait arraché les yeux, et peut-être que cela suffirait à la réveiller, sauf qu'elle n'était plus si sûre qu'il s'agissait d'un rêve, parce qu'elle pouvait la sentir, désormais, comme un coup de tonnerre au loin, l'annonce d'un changement, ou plutôt d'un retour à ce qui avait été, comme la planète elle-même qui se remettait sur son axe. Soudain elle se retrouva de nouveau au sol, à genoux dans la terre humide et noire, sous un ciel noir agités d'éclairs, le vent soulevant ses cheveux. Et face à elle, l'enfant sans visage la contemplait. « Je voudrais… » Qu'aurait-elle voulu faire ? Il n'y avait rien qu'elle puisse arranger, elle le savait depuis sa rencontre avec Siobhan au Canada.

Codage par Libella sur Graphiorum

Il était tout de même incroyable de constater qu'il était aussi simple de quitter ce monde, de disparaitre, sans que quiconque ne puisse rien y changer. L'instant d'avant tu étais une bombe à retardement, le réceptacle d'une puissance dangereuse et obscure, capable des pires atrocités. Et l'instant d'après tu n'étais plus qu'un repas pour tous les poissons qui naviguaient dans les alentours. C'était pitoyable et drôle à la fois. Ce qu'il restait de toi après ce saut de l'ange n'était pas beau à voir mais rapidement la mer effaçait ces blessures et il ne resterait plus de toi que l'image poétique d'une femme désemparée prenant son dernier envol. Car les gens n'aimaient pas les détails sinistres. Personne ne se pencherait sur le pourquoi du comment, sur le mal qui t'avait tant rongé toutes ces années au point de te pousser à renoncer à la vie. Non. Pas plus que personne ne voudrait savoir si tu t'étais écrasée sur les rochers, explosant le moindre petit os de ton corps, défigurant ce si beau visage que tant d'hommes avaient admiré, disloquant ce corps que tant d'hommes avaient caressé. Non. Personne ne voudrait savoir cela. Tu aurais juste un beau cercueil, un beau portrait, des centaines de bouquets déposés par une majorité de gens que tu n'avais même jamais rencontré. Ton cercueil serait vide et pourtant tous viendraient le pleurer. Hypocrisie, mensonge, comédie... Mais y aurait-il alors une seule larme sincère sur cette Terre? Oui Siobhan McDougal, il y en aurait et pas forcément là où tu aurais pu l'imaginer. Mais tu ne serais pas là pour le constater. Voilà que tu étais déjà de l'autre côté. Tu ne verrais pas les pique assiettes se ruer sur le buffet, les vautours rôdaient, les tabloïds ressortir tes vieux dossiers. Tu ne verrais pas tes ennemis trinquer et tes allier t'oublier. Tu ne verrais pas Keyvan pleurer et perdre pied... Tu ne verrais rien de tout cela. En réalité, tu ne savais même pas ce que tu voyais, mais une chose était sûre, la mort n'était pas la fin.

Alors que ton cœur cessait de battre et que ta vie s'éteignait, tes yeux se rouvraient. Tu prenais une profonde inspiration, choquée. John? T'avait-il encore privé de ton libre arbitre? Avait-il encore osé intervenir? Non... Tu étais morte, tu le sentais. Tu le sentais parce que tu n'avais plus ce qui te semblait être le poids du monde sur tes épaules. Tu étais incroyablement légère et sereine. Tu étais libre. Enfin libre. La Banshee n'était plus là. Tu avais réussi. Tu avais dû sacrifier ta vie et tout ce qu'elle aurait pu t'offrir mais ça en avait valu la peine, tu ne regrettais rien. En tout cas, pas encore... Tu étais de nouveau au bord d'une falaise mais ce n'était pas la même. Ce n'était pas celle d'où tu avais pris ton envol. Il s'agissait d'une autre, une autre que tu connaissais elle aussi. Oui... Tu te souvenais. Tu étais déjà venue ici lorsque tu étais enfant. Mais pourquoi donc étais-tu là? A quoi tout cela rimait? Soudain, tu apercevais une silhouette qui courrait vers toi, non pas vers toi, vers le rebord. Tu savais très bien qui était cette petite fille, tu savais très bien pourquoi elle pleurait. Les larmes te montaient. Toute sa souffrance, toute sa détresse, tu les ressentais, elles étaient tiennes. Et tu savais très bien ce qu'elle s'apprêtait à faire. Tout simplement parce que cette fillette c'était toi, toi il y avait de nombreuses années. Une terrible pensée te traversait alors l'esprit... Tu te souvenais ce jour là, la première fois où tu avais essayé de mettre fin à tes jours. Mais quelque chose t'en avait empêché, tu ne savais plus qui ou quoi... Ça n'avait pas la moindre importance. Tout ce qui comptait, c'était que ce jour là, tu avais échoué et tu commençais à te dire que cela était finalement regrettable. Cela aurait évité tant de souffrances, tant de malheurs, pour tant de monde, si tu avais réussi.

Tu observais alors le fantôme de ton passé et tu la laissais s'approcher du bord... Tu allais la laisser faire quand soudain, tu te dis que tu ne pouvais pas faire cela, tu ne pouvais pas la laisser mourir, tu ne pouvais pas la priver d'une vie peut être meilleure? Car finalement, c'était peut être une seconde chance que l'on t'offrait, celle de tout recommencer à zéro, celle d'être heureuse. Tu l'avais alors empêché de sauter et tu l'avais éloigné du bord. Tu te souvenais... Cette force invisible qui t'avait retenu.. Tout compte fait, c'était toi, tout simplement toi. Le ciel devenait alors soudainement sombre et la fillette disparaissait. Tu étais seule et tu avais froid. L'orage commençait à gronder et tu revoyais cette silhouette au loin. Une femme se trouvait à genou face à elle, tu la connaissais. « Zatanna... » Soufflais-tu. « Zatanna... Zatanna... Za... Ta... Nna... » Répétait une voix menaçante qui ressemblait étrangement à la tienne. Tel un écho perdu dans la montagne, tu ne parvenais pas à localiser d'où elle provenait. « Zatanna doit payer. » La voix était désormais distincte, juste à côté de ton oreille. Tu te retournais, la Banshee était là, elle n'était jamais vraiment partie. Son regard lugubre se plongeait dans le tien et elle t'attrapait par la gorge, décollant tes pieds du sol. « C'est elle qui nous a fait ça, c'est elle que tu aurais dû tuer, pas toi. » La Banshee s'évanouissait alors dans une brume bleuâtre et tu tombais lourdement sur le sol. Tu peinais à reprendre ton souffle, tu ne comprenais plus rien. Si... une chose, tu n'étais assurément pas au paradis. Le repos éternel, la paix de l'âme, c'était pas pour toi, c'était des conneries. Des mains squelettique et enflammées sortaient alors de la boue pour te saisir et te tirer vers elles, vers les profondeurs de l'Enfer. Tu hurlais de toutes tes forces mais aucun son ne sortait. La fillette sans visage te montrait alors du doigt pour permettre à Zatanna de te voir. Tes cordes vocales étaient libérées et, plus fort que l'orage, plus fort que le tonnerre qui grondait, ta voix criait « Zatanna!!!! »

AVENGEDINCHAINS

sweet kiss of death

C’était une force immuable contre laquelle elle ne pouvait rien, elle le savait. À genoux dans la terre sous un ciel lourd et en colère, elle regardait devant elle, là où très loin, l’horizon et les nuages se confondaient. Cette étendue si plate était un cimetière, un cimetière infini creusé de milliards et de milliards de tombes qui n’étaient rien d’autre que des portes vers l’enfer. Et soudain le tonnerre qui éclata au-dessus de sa tête fut comme le signal du début de quelque chose. Ou simplement de sa continuité. Elle le sentit lui déchirer l’âme, résonner dans ses entrailles, faire vibrer ses os. Quelque chose se brisa entre elles. C’était comme si la planète se remettait enfin sur son axe, comme un chant violent à la gloire d’une entité qui n’était jamais morte, qui n’avait jamais disparu. Une force en avant impossible à arrêter, quelque chose qui était censé être, depuis le tout début. Et depuis le tout début, Zee l’avait su. Il n’y avait bien que le démon pour croire qu’il pouvait ainsi tuer la Mort. L’orgueil de cet être odieux n’avait eu aucune limite et les conséquences de ses actes irréfléchies se dessinaient à présent dans le ciel zébré d’éclairs. Quand est-ce que le cauchemar allait prendre fin ?

C’était exactement ce qu’elle recherchait, ce qu’elle méritait. Se retrouver face aux conséquences de ses actes. Pas les choses dont elle pouvait se détourner en prétendant que tout finirait par s’arranger. Parce que chaque acte avait des conséquences et que tout le monde s’en foutait tout le temps, mais pas elle, qui se sentait malade depuis sa délivrance. Et cette angoisse qu’elle ressentait aujourd’hui n’était que justice, voilà, c’était ça, le mot. Pas équité, mais justice. L’enfant tendit le doigt, et Zee suivit la vit. La tombe. L’unique tombe qui comptait dans ce rêve halluciné. Des mois auparavant, celle qu’elle était sous l’emprise de Nebiros y avait enfoui la Banshee. Une renaissance. Et à nouveau, la Banshee renaissait, exactement comme les choses devaient être. La Mort, la renaissance, la vie, la Mort, autant de concepts qui faisaient une Banshee et sur lesquels Zee, elle, n’avait aucun pouvoir. Elle la vit se débattre sous la terre, vit l’enfer s’ouvrir à nouveau sous elle. Force immuable, énergie en avant. Elle ne pouvait rien faire pour empêcher cela tout comme elle n’avait rien pu faire quand le démon avait assassiné la Banshee, du moins l’avait-il cru.

Elle l’avait défié. Lui, un démon supérieur. Elle, un grain de poussière dans la hiérarchie infernale. Il connaissait son maître. Rien de commun. Des plans différents. Lui se battait contre des démons de la trempe de Nergal. Lui convoitait le trône du Premier des déchus. Lui gouvernerait debout sur le crâne de ses frères En Dessous. Et elle, elle avait osé le défier. C’était ce que faisaient les démons. Ils se défiaient, et ils en payaient le prix. Orgueil. Les humains l’avaient compris depuis longtemps. Le premier de tous les péchés, le plus puissant des moteurs. Alors il l’avait éveillée à ce qu’elle était. Il lui avait permis de toucher du doigt ce qu’elle convoitait le plus. Et quand elle l’avait enfin obtenu, il avait…

« NON ! » Elle plaqua les mains sur ses oreilles, incapable cependant de se détourner de la scène qui se déroulait sous ses yeux. Une femme s’arrachait de sa tombe. Les souvenirs d’une maison tranquille, d’un village en paix, d’une tasse de thé dans sa main, d’un sourire rassurant, se brisèrent en mille morceaux. Une autre victime collatérale d’une très mauvaise décision. Et l’enfant, impitoyable, voulait qu’elle regarde. Et une voix prononçait son nom, Zatanna. Et elle se contentait de rester passive, spectatrice de cette apparition. Quelque part, là où reposait son corps endormi, le tonnerre gronda tout doucement dans la chambre. « Banshee… » murmura-t-elle. Mais sa voix fut couverte par la voix de la Banshee elle-même qui hurla son prénom, exactement comme une Banshee se devait de le faire, et la douleur traversa la magicienne. Zee se releva, voulut attraper l’enfant par le bras mais celle-ci lui échappa. Il lui semblait qu’elle avait son visage, désormais, et la regardait avec un air de pitié et de condamnation. Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même. Nebiros n’était plus là pour qu’elle l’accuse. Elle était seule. Et de même qu’elle n’avait pas pu s’excuser auprès de Siobhan, elle ne pouvait pas s’excuser auprès de la Banshee. Et elle tremblait, et elle claquait des dents comme si un froid mortel s'était emparé de son corps. « Te voilà de retour. Je sais ce que tu veux. Et je ne peux pas te le donner. » Elle avait appelé la mort, à un moment, de tout ce qu’il restait de son âme. Mais ce temps-là était passé. Mauvais timing.

Codage par Libella sur Graphiorum