Make me bad ! | Ft. Teth

"Make me Bad"

La puissance s'accompagne d'un sentiment d'impuissance... - Kara

       

Si vous détenez le pouvoir de changer les choses, mais plus la "volonté" de le faire. Que feriez-vous si en plus, le monde crachait sur les derniers efforts que vous leur offrez ? Que feriez-vous s’il vous reprochait la mort d’une pauvre enfant que vous n’auriez pas pu sauver malgré votre volonté et votre cœur à la tâche ? Il y a parfois un moment où même les plus grands héros, les plus puissants que la Terre n’est jamais porté, atteint une limite psychologique de non-retour, celle qui les fait chuter vers un monde de solitude et de ténèbres. La question n’est pas de savoir comment ils évitent la chute, mais plutôt comment ils la vivent et s’ils s’en relèvent… ou non.

         L’on pouvait entendre les quelques fondations du bâtiment en flamme s’effondrer à l’intérieur, tandis qu’à l’extérieur ce dernier tenait encore debout miraculeusement. Les cris et les larmes de détresse de cette femme retenue par les soldats du feus, ne pouvaient qu’être les témoins de l’urgence et le drame qui ne pouvaient que dépasser les forces du commun des mortels. Les flammes avaient longtemps été remplacées par la fumée noire quand, sous l’insoutenable attente et presque dernier espoir volé en éclats, la kryptonienne aux vêtements brûlée et la peau noircie par la suie, revint avec le corps inerte de l’enfant dans ses bras. Son expression avait indiqué à la mère la terrible nouvelle bien avant d’entendre oralement cette dernière. Arrachant l’enfant des bras de la blonde, la femme s’effondra en larmes. Tandis que Karen contemplait la scène, mais tout semblait devenir silencieux autour d’elle alors qu’elle ne voyait plus que le corps de la gamine, dont le cœur battait pourtant quelques minutes plus tôt.
      Les premiers journalistes arrivaient sur les lieux alors que les pompiers terminaient d’éteindre les dernières flammes qui hantaient silencieusement la bâtisse devenue ruine en une simple soirée dramatique. Les micros se tendaient vers la seule héroïne qui était sur place, celle sur qui les espoirs d’une mère avait pesé sur ses épaules robustes. Comment avait-elle pu sauver la mère, mais oublié de prendre la fille ? Était l’une des questions qui fut posé à la blonde encore sur le choc de son échec. Personne ne comprenait comment cela avait pu lui échapper, pas même elle qui était capable d’entendre et de voir bien plus loin que le commun des mortels. Karen en était persuadée, quand elle a sorti la mère de l’appartement était vide, sa fille n’y était pas et la mère avait assuré qu’elle avait pu permettre à sa fille d’évacuer avant qu’elle-même se retrouve bloquer à l’intérieur. Sa fille était donc censée être dehors. Serait-elle revenue pour sauver sa mère et Karen ne l’aurait pas aperçue ?

          Seulement, ce que le monde ignorait, c’était que celle qui se faisait passer pour une méta-humaine, était en réalité une Kryptonienne aussi efficace que le Superman de ce monde… Et une enfant n'aurait pas pu échapper aussi facilement à ses sens. Les toux de la petite se sont fait entendre de la blonde que lorsqu’elle était enfin à l’extérieur du bâtiment avec la mère qui ne trouvait nulle par sa fille. La blonde malgré son choc, commençait à penser que l’enfant n’avait pas pu retourner toute seule dans le bâtiment en flamme, surtout, car il aurait été extrêmement difficile pour elle de parvenir à travers les flammes et les nuages de fumer. Pour autant, il lui était difficile à partager ce genre de théorie du complot dans une telle situation. La culpabilité l’empêchait d’émettre un son, son regard toujours porté sur l’enfant décédé. Ne répondant pas aux questions qui lui étaient posées. Jusqu’à ce que la mère, relève son regard dans sa direction et lui demande : « Comment est-ce arrivée ? »
        Le cœur d’acier de la kryptonienne s’ébranla à la question, elle tenta de réunir toutes les forces qu’elle possédait pour lui répondre. Pour lui dire potentiellement que l’enfant était morte asphyxiée et qu'elle l’avait regardé mourir impuissante. Oui. Les fondations venaient de lâcher, alors que le plafond s’en effondrait et ce qui retenait en vie l’enfant, était le fait que Karen était devenue un pilier sur lequel reposait plusieurs étages qui ne demandaient qu'à chuter sur elle et l’enfant. Mais ce fut à ce moment que la gamine avait perdu toute force à cause de la fumée qu’elle avait respirée trop longtemps. La super vitesse n’aura rien changé, elle n’aura au final que vue impuissante à nouveau la mort d’une personne qui avait tout la vie devant elle. Alors, oui, sa bouche trembla, mais aucun son en sortie. Restant alors et simplement silencieuse. La mère en larme rajouta alors à Karen. « Si elle est morte… C'est par votre faute ! » La kryptonienne ne répondit rien, mais son visage devint pâle à vue d'œil. Elle se retourna après ses mots avant de tenter de quitter les lieux, les journalistes toujours à son niveau pour la harceler de question plus douloureuse les unes que les autres.


       Trois mois plus tard… Dans un bar de Metropolis. Karen engloutissait sa cinquième bouteille sous les acclamations de quelques beaufs durement excités. Elle leva ses mains en signe de victoire alors que les cris de jubilations résonnèrent en constatant qu’elle n’était toujours pas ivre. Elle empochait après cela tous les billets qui reposaient sur la table, ayant remporté son pari... Elle offrit la moitié au barman. « C’est pour les bouteilles, je vais y aller pour ce soir. » Il souriait avant d’en déposer une nouvelle. « Tiens, c’est pour la route, Karen ! » Ajouta-t-il, avant que la blonde récupère la bouteille sans manquer de lui faire un signe de tête reconnaissant. Lorsqu’elle quitta le bar, on demanda au barman comment il connaissait la donzelle. «  Tu ne suis pas les infos toi, hein ? » Répondit simplement l’homme, avant de lui servir un verre et de rajouter. « "The Duck-fire-girl", ça te dit rien ? Peut-être que c’est mieux ainsi, lui rappeler ce surnom insultant n'est sans doute pas une bonne chose. Bref, je te sers quoi ? »    
 


        Arrivée chez elle, bouteille à la main… La Kryptonienne s’arrêta sur le palier de sa porte alors qu’elle entendait un cœur battre à l’intérieur de son appartement censé être vide. Elle se demandait un instant si les paparazzis ou autre journaliste mal intentionné, avait retrouvé sa trace et serait à nouveau entré par effraction chez elle afin de tenter à nouveau d'exposer sa vie intime. La première fois, un journaliste avait découvert sa tenue kryptonienne sans avoir réussi à voir les similitudes avec la tenue de Superman. Mais elle avait dû cassé son appareil pour ne pas qu’il expose sa tenue au monde et déménager par la suite. Si elle devrait pour la énième fois en trois mois déménager à nouveau pour un appartement plus pourri que le dernier, elle songeait cette fois à rejoindre Gotham, au moins avec toutes les merdes qu’il y a là-bas, on lui foutrait sans doute la paix. Avec la vision X, elle fut toutefois surprise lorsqu’elle vit de qui il s’agissait.
       « Fuck ! Pourquoi il est ici ? » Chuchota-t-elle, persuadée qu’un type comme lui serait bien trop absorbé par Clark ou bien ce Shazam pour l’emmerder elle. Elle ouvrit la porte, déposant directement sa bouteille sur la commode à l’entrée de l’appartement. Et se dirigeant peu après vers l’homme, incroyablement plus imposant que son cousin. Aucune douceur dans son regard, les poings d’ors et déjà serrés. Elle était prête à faire usage de toutes ses forces et de toutes ses facultés quitte à lui révéler ses origines kryptoniennes. Karen avait connaissance de la puissance de son adversaire, elle ne tenait donc pas à être victime de cette puissance en question, elle n’avait en plus pas l’humeur à la diplomatie, plus depuis un moment. « Que me veut en personne, le tyran du Khandaq ? »

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La puissance s'accompagne d'un sentiment d'impuissance... - Kara

        Pourquoi donc était-il présent, chez elle ? Cela n’avait pour elle aucun sens pour qu’un personnage aussi tristement célèbre qu’un roi qui se prend pour un dieu se présente dans son appartement pour elle, une simple méta-humaine. Surtout qu’elle ne se faisait pas passer pour la plus impressionnante des méta-humaine, à côté d’elle, d’autre se montrait plus intéressant médiatiquement parlant. Pour Karen, c’était l’évidence même que cet homme avait par un moyen où un autre découvert ses origines qu’elle s’efforçait de garder secrètes jusqu’à maintenant et davantage depuis que sa réputation était si mal en point. Présentement, elle n’imaginait même plus révélé au monde qu'elle était de la même espèce que Superman alors qu’on craignait déjà ses actions en tant que méta-humaine. Mais c’était pourquoi elle avait été extrêmement minutieuse pour ne rien laisser paraître devant de potentiel témoin.
        Évidemment, elle n’avait pas pu prendre en compte les compétences des organismes et services secrets de renseignement. Elle avait juste songé avant tout à fuir les journalistes en premier lieu. Elle frémissait à l’entente de son nom et prénom, d’une colère à peine camouflée. Il était fort surprenant que la simple formulation de son nom pouvait engendrer en elle, lorsqu'il sortait d'entre les lèvres d’un homme qu’on n’appréciait guère et pour laquelle on débordait de préjugés pour certains assurément fondés. L’homme lui annonça qu’il n’était, en aucun cas, venu chercher la confrontation face à l’hostilité de la kryptonienne qui ne cherchait en aucun cas à dissimuler sa réaction. Quand il précisa que dans le cas contraire cet immeuble ne serait guère plus à l’heure actuelle, la blonde observa autour d’elle pour constater avec l’aide de la vision X que l’immeuble était actuellement occupé par ses nombreux voisins. Quelque part, elle était bien heureuse qu’il ne s’était pas montré avec ce genre d'intention. Mais c’était davantage plus étrange encore.

         Qu’attendait-il d’elle pour venir à engager cet entretien ? Cela intriguait la blonde, du coup, elle se contenta de rester silencieuse, le laissant poursuivre. Il se révéla effectivement qu’il savait pour les origines de Karen, la question était de savoir jusqu’à quel point ? Avait-il simplement découvert ses pouvoirs ou savait-il qu’elle venait de Terre-2, ce qui serait beaucoup trop improbable concernant le dernier point en particulier. Contrairement à ses pouvoirs qu’elle utilisait quand elle pensait être seule ou quand elle avait besoin de les utiliser, car n'ayant par exemple plus le choix dans certaines situations les plus souvent dramatiques. Elle prit sa menace très au sérieux, car même si elle n’avait jamais affronté d’être magique, c'était le cas de son cousin dans son monde et c’était grâce à lui qu’elle savait pour cette autre faiblesse. Pour autant, si elle n'hésiterait pas à engager le combat si nécessaire, car elle était davantage effrayée à l’idée qu’une autre vie lui échappe parce qu'elle n’aurait pas assuré au moment où il fallait le faire.
        Cependant, il posa une question et la kryptonienne sentit son cœur rater un battement. C’était là une question qui engageait un sujet sensible pour elle. Après tout, la réponse à la question continuait encore à tourmenter ses rêves de souvenirs toujours plus douloureux avec le temps. D’ailleurs depuis ces derniers mois, l’image de cette enfant qu’elle revoyait s’effondrer devant elle, impuissante, hantait aussi ces mêmes rêves. Et la question de l’homme, cette foutue question simpliste, suffisait à faire remonter toutes ses images qui ne cessaient de harceler ses nuits. « Je suis peut-être timide, qui sait ? » Cracha-t-elle alors qu’elle lui tournait le dos pour récupérer sa précieuse bouteille d’absinthe. « Je t’invite pas à boire quelque chose, mais puisque tu t’es invité, fais comme chez toi, le robinet est par là. » Rajouta-t-elle alors qu’elle porta nerveusement sa bouteille d’absinthe aux lèvres, la douleur issue de la sensation de brûlure allait peut-être alléger le poids de ses images.        

         Oui… C’était actuellement son dernier recours. S’isoler et boire afin que le monde ne soit plus rien d’autre qu'un bar où on lui sert ses shots. Même si ces derniers étaient incapables de la rendre ivre, Karen était assez distraite pour facilement ignorer ce qui se passait dans le monde au-delà de son bar. Fermant ses sens du mieux qu’elle le pouvait afin de ne plus entendre à même un chat coincé dans un arbre. Oui. Depuis l’incendie, elle angoissait à l’idée que par sa faute quelqu'un d'autre meurt à nouveau. Elle n’avait clairement plus confiance en elle et généralement, elle priait pour que Superman entende tout ce qu’elle pouvait entendre quand elle l’entendait afin qu'il intervienne et pas elle. En plus, vu comment certain crachait sur les méta-humains, leur reprochant d'être à l’origine de ce qui arrivait à la société, Karen n’avait simplement plus le courage de surpasser ses craintes intérieures. Zatanna serait peut-être déçue de savoir qu’elle était bien loin d'être capable de rejoindre la Justice League.
           Mais peu importe, elle l’avait de toute façon prévenue malgré les espoirs de la magicienne, qu’elle ne pourrait jamais les rejoindre. Surtout si avant ça, elle ne trouvait pas le courage d’annoncer à Clark qu’elle était sa cousine d’une autre réalité. Bouteille toujours à la main, cette dernière s’installa sur son siège avec toute la nonchalance et la disgrâce dont elle pouvait faire preuve devant un roi.

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        La première personne à avoir conscience de la déchéance de la kryptonienne traumatisée, n’était en premier lieu que la kryptonienne en question. Elle a toujours eu conscience de ce qu’elle était, de ce qu’elle apportait pour l’humanité dans son monde. Elle connaît le poids des responsabilités et pourtant, la voilà sur ce canapé d’occasion, sans doute nid à cafard qu’elle ne souhaite même pas prendre la peine de jeter. Elle sait pourquoi elle en est là aujourd’hui, pourquoi elle est terrifiée à l’idée d’être ce qu’elle fut jadis. Tout part simplement de la mort de son cousin, qui fut son père adoptif, de Bruce, un vieil ami et de Diana, un mentor important. Oui. Elle ne ferme plus les yeux depuis qu’elle les voit s’éteindre en faisant en sorte de sauver la Terre de Darkseid. Elle revoit aussi cet océan emporté les innocents qu’elle a cherché à protéger dans la réalité du Bartpoint ou encore, plus récemment, cette enfant qui meurt devant ses yeux.
     Oui, elle était sans doute l’incarnation d’un être de puissance, mais le goût de l’échec était pour elle bien plus terrible, bien plus marquant et terrifiant. Car avec toute sa puissance, elle n’avait pas réussi à sauver une vie, là où peut-être d’autre personne aurait sans doute réussi sans ses pouvoirs. La puissance s’accompagnait donc d’un profond sentiment d’impuissance chez Karen. Et la Kryptonienne n’en pouvait plus de subir les regards emplis de mépris à chaque fois qu’elle agissait pour le bien commun. Elle avait fini par se dire : à quoi bon continuer ? Ce monde se portait bien avant qu’elle ne débarque et il continuera à s’en porter tout aussi bien, même une fois qu’elle aura disparu, songeait-elle. Au moins, ici, dans le dépotoir qui lui servait de piaule, elle pouvait s’oublier, s’isoler et c’était parfait pour la concernée. Au moins, elle avait l’eau chaud qui marchait, elle pouvait illusoirement se détendre dans un humble bain moussant.

      Karen eut envie de rouler des yeux quand l’homme répondit à sa provocation avec tellement de sérieux, se demandant intérieurement de quelle époque venait ce type pour ne pas savoir déchiffrer le son employé. Elle se rendit compte, qu'elle ne savait rien de lui, juste qu’il était comme ce Shazam dont elle ne savait rien non plus. Était-ce donc un dieu ou plusieurs qui lui donnaient ses capacités ? Sa force n’était donc pas scientifiquement explicable, tout chez lui est-il donc magique ? C’était ce que se demandait intérieurement la kryptonienne. Quand il rajouta que son sens de l’hospitalité était noté, elle leva sa bouteille dans sa direction. « Tu m’en vois ravie. » Avant de porter cette dernière à sa bouche. Il semblait tout comprendre comme le retraité qui découvre encore Internet aux yeux de Karen qui, elle-même, commençait à se demander si au final, l’homme ne le faisait pas un peu exprès. Oui, en utilisant une manière subtile de répondre à son sarcasme avec plus de maturité que la blonde.
     Quand l’homme aborde de nouveau le sujet qu’elle ne voulait pas aborder, elle dépose sa bouteille et croise les bras sous la tension qui remonte en elle, se retenant de lâcher un soupire de nervosité. Elle ne dit rien, ne voulant pas l’interrompre, car préférant, le laisser allait jusqu’au bout de son idée. Surtout, parce qu’elle n’avait aucune idée de ce qu’il cherchait à savoir et quel genre d’ambition alimentait son intérêt pour elle. Et quand il termina, elle passa une main dans sa chevelure d’or, non sans ressentir un profond pique d’amertume. Elle se demandait si elle rêvait ou bien, l’une des menaces potentielles de la Terre, lui faisait bel et bien la morale. Elle se releva, lui tournant le dos à nouveau, non sans passer une main furtive au niveau de ses yeux, sous les picotements humides qui commençaient à émerger. Oui. Voilà où en était l’héritière de Superman de Terre-2. Ici, à recevoir un cours de moralité envers un personnage moralement et largement plus douteux qu’elle.

      Et elle se sentit si humiliée à cet instant-là, qu’elle peinait intérieurement à garder son masque de nonchalance. « Si… Si tu cherches des héros, passe juste un regard par-dessus la fenêtre et tu trouveras ton bonheur. Ce n’est pas ce qui manque ici, ça pullule ces rues presque autant que les criminels que vous êtes. » Se dirigeant vers la cuisine, elle sortit du frigo deux plats déjà préparés qu’elle mit dans le micro-onde. Elle avait l’impression qu’il n’allait pas partir si elle lui demandait, l’homme semblait déterminé d’une motivation qui échappait à la blonde. Autant essayer de comprendre cette motivation en question. « Je suis peut-être une kryptonienne, mais cela ne veut pas dire que Superman et Supergirl, ou encore Zod ou Faora Ul me connaissent forcément. En soit, je n’ai pas de scrupule à leur mentir, je ne leur dois rien... Ce n’est pas grâce eux que j’ai survécu à la fin de Krypton. » En soit la blonde ne mentait pas et puis, le superman de ce monde n’était finalement pas son cousin, juste un reflet plus jeune de ce que fut son père adoptif dans son monde à elle.
     Le micro-onde sonnait, elle prit alors les deux couvercles avant d’aller s’installer à la table de salon, déposant le second plat vers l’homme. « Nouilles sautées au porc caramélisé. » Annonça-t-elle alors qu’elle s’installa à la table et planter sa fourchette dans le plat qu’elle roula à la suite jusqu’à sa bouche. « Je suis ce que je suis... » Commença alors Karen, le regard rivé vers son plat. « Et ce que je suis à présent, ne me permet plus d’être à la hauteur de ce qu’est Superman. Je ne suis pas aussi parfaite que lui, pas aussi inébranlable que lui, tout ce qu’il est, je ne le serais jamais. »

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        Que penser de ce qui se déroulait en cette heure, une heure qui lui semblait des plus étranges. Elle qui entretenait une discussion presque philosophique avec l’ennemi des Américains. Oui, ce n’était pas ce qu’elle attendait venant d’un personnage tel que lui, lui qu’on nommait Black Adam. Mais n’était-ce peut-être pas un peu de sa faute ? Il était d’une aisance terrible que de critiquer et de juger son prochain avec tout le mépris que l’on pouvait cracher sur ce dernier… Toutefois, pouvions-nous facilement réaliser le contraire, avoir ce regard clair et l’esprit ouvert compte à considérer l’hypothèse qu'une personne mauvaise n’était pas foncièrement mauvaise. Pouvais-je moi-même aller jusqu’à me défaire des préjugés qui ont façonné ma perception de cet homme ? Sans doute pas totalement, parce que les préjugés avaient une part de vérités et cet homme ne semblait pas connu pour dissimuler la plupart de ses méfaits. Aussi, il était, en effet, possible sans grand mal de connaître ses carnages.
       Pourtant, Karen était persuadée que c’était un homme sans la moindre patience et qui finissait par tout résoudre par la force et la destruction, sans se soucier des conséquences de ses actions. Pourtant, le voilà qu’il s’était assis, ayant gentiment accepté son plat, malgré la bénédiction de son dieu. L’ironie de cette situation aurait arraché à Karen un sourire dans d’autres conditions. Car eux deux pouvaient être apparentés à des demi-dieux qui n’avaient en rien besoin de se ressourcer de la sorte. Une simple illusion qui donnait à la kryptonienne un semblant d’humanité, un besoin soudainement vital de paraître normal et elle était la première à tenter de se convaincre qu'elle l'était. Peut-être était-ce la raison pour laquelle elle avait apporté ce plat à Black Adam ? L’humaniser et ainsi, facilité la transition face à ce manque de répartie devant les propos d’un être dont elle ne voulait sans doute rien savoir. Elle ne put s’empêcher de le fixer, intriguée, lui qui avait accepté de jouer le jeu et de prendre part à cette illusion avec elle.

        Puis elle commenta sur le fait qu’elle n’était en rien comparable à Superman et qu’elle ne voulait pas lui ressembler. Elle n’a d’ailleurs, jamais voulu ressembler à son cousin et n’être qu’une pâle copie féminine de lui. C’est pourquoi elle a retiré son S sur sa tenue, quitte à dévoiler un peu sa poitrine. C’est aussi la raison pour laquelle elle a choisi de ne plus s’appeler Supergirl, elle ne souhaitait plus être dans son ombre de bienveillance. La peur de ternir une image ancrée dans le cœur des citoyens qui avait appris à l’aimer pendant des années... D'ailleurs, comment pouvait-elle être l’héritière d’un amour qui n’était destiné qu’à son cousin et père adoptif. Non. Elle voulait avoir la chance de façonner sa propre identité, de faire ses propres erreurs et de ne surtout pas attendre d’elle, ce qu’on attendait de Superman. Et aujourd’hui encore, c’était ce qu’elle désirait. Surtout afin d’être en mesure de baisser les bras quand elle serait à bout, comme elle le faisait aujourd’hui.
        Elle n’avait pas honte de le dire, sa force n’était qu’une présence chimérique, car au fond, elle était fragile et faible. Elle devait certainement l’être pour avoir fini par ne plus souhaiter prendre le chemin qu’on entendait qu’elle emprunte. Elle devait l’être pour se terrer dans ce taudis à l’abri des regard, fuyant lâchement ceux pour qui elle se battait. La réponse de l’homme lui donna tout de même la soudainement sensation d'un cœur ratant son battement. Cet homme n’avait décidément aucun tact et crachait sa vérité sans aucun filtre. Oui, ‘’tant mieux’’ était sans doute la réponse la plus honnête, mais la plus dure à avaler, une acceptation amère. Mais de nouveau, ses propos venaient titiller la méfiance de la Kryptonienne, ce dernier ne cherchant pas Superman, mais bien Karen Starr. Pourquoi ? Que voulait-il d’une kryptonienne qu'il semblait associer de toute évidence à la super-family ? Que recherchait-il auprès d’elle ?    

       Karen l'observait goûter à son plat, son commentaire lui fit lever un sourcil. Elle ne pouvait pas le critiquer, car de toute façon, elle n’avait jamais une seule fois pensé qu’elle mangeait de bonnes choses. Ça n’avait pas d’importance ce qui passait dans sa bouche, boisson comme nourriture. « La qualité à un prix. » Répondit-elle simplement. Peut-être comprendrait-il, au vu de l’endroit où elle vit, qu’elle n’était pas la plus riche du quartier et qu’elle ne pouvait pas se permettre d’acheter de meilleurs aliments. D’ailleurs, si elle ne cuisinait pas elle-même, rien n’était jamais réellement sain à manger. Le surgelé, il n’y avait rien de plus dégoûtant, mais certaines personnes s’en satisfaisaient, elle la première. Le goût et les couleurs appartenaient à un concept que l'homme ne tarde pas à aborder… Celle de la perception. Et mon regard se baissa à nouveau vers mon plat alors qu’il m’annonçait ce qu’il semblait considérer comme un défaut chez Superman.
       Tout n’était qu’une question de perception selon lui et quelque part, Karen avait du mal à lui donner tort et pourtant, elle reconnaissait aussi que la société était en partie coupable. « Peut-on lui en vouloir dans le fond ? Son existence ne cesse de représenter une menace aux yeux de ceux qui ne savent guère comment le neutraliser… Que se passerait-il si, cette menace en question décidait d’agir comme bon lui semble sans se soucier des frontières, des lois, de l’ego des dirigeants. Certains vont jusqu’à dire qu’il porte les couleurs de l’Amérique, certains sont même prêts à croire qu’il est la nouvelle arme de dissuasion du gouvernement américain et que sa présence dans un autre pays sans qu’il y a de raisons politiques valables, ne pourrait n’être rien d’autre qu’un incident diplomatique. » Elle prit une bouchée de son plat avant de fixer l’homme en face d’elle et de rajouter. « Il est l’excuse des autres nations pour engager un conflit  la moindre erreur… »

        Elle le fixait toujours et ajouter : « Pourrais-tu toi-même accepter qu’il agisse au Kahndaq sans passé par toi ? Car après tout, s’il doit intervenir dans chaque pays comme il intervient à Metropolis, jamais il n’aurait le temps de demander la permission avant de traverser les frontières. » C’était son avis, car après tout, elle-même fermait les yeux sur ce qui se passait à l’autre bout du monde. Pourtant, ce n’était pas parce qu’elle ne voulait pas s’y rendre… Mais parce qu’elle ne le pouvait simplement pas. Elle ne pouvait pas intervenir pour chaque être humain en difficulté. Elle ne pouvait pas prendre le risque de créer un conflit entre deux pays, simplement pour stopper un malfrat. C’était dur, mais les Américains avaient simplement la chance de posséder des héros. Pourtant, ces mêmes Américains n’hésitaient pas à cracher sur leur bras protecteur quand les choses ne vont pas dans leurs sens. La dernière question m’y mal à l’aise la kryptonienne, pourtant elle leva le regard en l'air, ses pensées déjà prêtes à formuler une phrase.
         Étrangement, elle ne sentait plus aussi renfermée à l’idée de parler, même si elle n’était pas encore prête à partager avec toute son histoire. Elle se rappela de son éducation dans la réalité virtuelle de son vaisseau qu'elle croyait être la réalité autrefois. « La vie sur Krypton était bien différente… La liberté, n’était rien d’autre qu’une notion réservée aux privilégiés. Il y avait des castes que la génétique déterminait. L’on pouvait dire avant même que ton enfant naisse, non de manière naturelle, ce qu’il deviendrait. C’était une société moins libre que celle sur terre… Selon la caste à laquelle tu appartenais, il t’était interdit de fréquenter une personne que tu pouvais potentiellement apprécier. Quand je vois Zod et Faora, ils me rappellent cette société éteinte… Quand je vois Superman et Supergirl, j’ai l’impression de voir de simples Terriens façonnés par les valeurs de ce monde. Je crois… Que je ne sais pas où me placer entre les deux. »  Elle ne l’a jamais su, même si la Loïs de sa réalité avait fait de son mieux pour l’aider à s’acclimater à la vie terrienne.

       « En ce qui concernant ma survie, je la dois uniquement à mes parents. » Rajoute-t-elle, avant de reprendre une bouchée de son assiette.

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        La kryptonienne n’eut que pour réponse un silence, face à ce qui n’était plus rien d’autre qu’un constat. Le fait que de nombreux peuples auraient besoin de protecteur en dépit de ce que pourraient exiger leur dirigeant ou non. Ce n’était évidemment pas faux, c’était des propos durs, oui, mais qui trahissait la réalité froide de notre monde. Seulement, il n'y avait pas qu'une facette de vérité et il en était une qui était aussi froide et amère que celle qu'il venait de citer. Une vérité qui représentait des personnes qui mettaient leurs espoirs absolus entre les mains de ses héros auxquels ils attendaient parfois un miracle… Mais quand l’espoir vint à être brisé par un échec de ses idoles en collant, ce sentiment se transformait dans le cœur de ces gens en une terrible amertume… Un mépris adressait à jamais à ceux qui avaient piétiné cette espérance, maintenant engloutie dans un océan de larme et de regret. J’étais sans doute quelque part, bien placé pour comprendre le poids que pouvait porter sur ses épaules Clark, dans ce monde comme dans l’autre. Les gens espèrent de vous bien plus que ce que vous pouvez apporter.
       Mais quand vient le moment où il doit savoir que les miracles n’existent que dans les versés de la bible, alors vous devenez pour eux des déchets sur laquelle ils n’hésiteront pas à cracher. Ils vous reprocheront tous les maux du monde, malgré vos efforts, vos blessures et vos traumatismes. Peut-être est-ce pour cela que les Tyrans s’élèvent dans le monde comme cet homme, car les gens dans leur attitude attendaient des héros rien de plus que des actes associé aux divins. Peut-être était-ce pour cela que cet homme, ce Black Adam, se prenait pour un dieu. Toujours est-il, qu’il avait beau être ce qu’il est, même si c’était là des propos amères, seule la vérité sortait de sa bouche pour le moment. Et moi, évidemment, je me sentis obligée de lui parler du krypton que j’avais appris à connaître. Impossible d’avoir effectivement la certitude que ce que j’ai connu, était la même krypton dans sa société que celle de cette réalité. Mais j’ai accepté de lui partager ma culture pour lui faire comprendre moins point de vue vis-à-vis de Superman et Supergirl.

        Cela ne veut pas dire que je cautionne les agissements de Zod, juste que je comprends ce qu’il tente de faire pour les derniers d’entre nous. Il défend sa cause et ses principes, il n’y a rien de mal à ça, mais il le fait de la mauvaise manière. Sans doute, était-ce cela qu’on reprochait aussi à Black Adam, lui qui en faisait de même allégrement pour Superman. Des principes quelque part honnêtes, pour des actions en désaccord avec nos valeurs. Il annonça alors à Karen qu’elle n’était pas seule, avant de repousser son plat et s’élancer dans son explication. C’était exact, hormis un point, c’était que pour la kryptonienne, elle avait fait le choix d’être enterrée dans sa solitude. Si elle ne pouvait par faire le choix entre deux mondes, elle préférait encore renoncer aux deux. Ici, dans cette piaule pourrie, personne ne l’emmerderait… Du moins, hormis un roi. L’homme se leva et rejoignit la fenêtre, tandis que la blonde continua les bouchées de son plat, non sans le lâcher du regard, toujours à l’écoute de chacun de ses mots.
          Karen pouffa aux espérances de l’homme. « Ne me dites pas que vous aussi, vous êtes de ceux qui attendent des miracles. » Elle lâcha sa fourchette dans son plat avant d’elle aussi le repousser, et caler son dos contre le dossier, croisant ses bras par la suite, intriguée. « Ce que vous souhaitez n’est rien d’autre qu’une utopie impossible. Les humains sont par nature esclave de leurs propres désirs, de leurs émotions. Si ce n’est pas l’ambition qui les fait se retourner contre eux-mêmes, ce sera la jalousie. Car en admettant que chacun trouve sa place dans ce monde, aucun ne pourrait vivre sans désirer ou jalouser les possessions de son voisin. L’orphelin syrien se mettra alors lui-même des frontières quand il comprendra que jamais il n’aura les même facilité qu’un héros kryptonien. Et parfois, pour ces gens, il est plus facile de haïr en collectif, ceux qu’ils pensent intérieurement privilégiés de qualité qu’ils n’auront jamais. »

        Peu avant à la fin de sa phrase, Karen récupéra sa fourchette pour la planter dans sa dernière viande qu'elle venait de repérer entre temps, terminant alors réellement son plat. Et puis le roi semblait intrigué par les parents de Karen qui se leva à son tour pour se débarrasser de son plat. C’est en se dirigeant vers la cuisine à nouveau, qu’elle ajouta. « Pour ma survie, en dépit de la leur. » Elle jeta son plat vide à la poubelle avant de mettre sa fourchette dans le levier, songeant qu’elle s’en occuperait plus tard, si elle n’avait pas la flemme le moment venu. Elle posa son épaule contre le mur, son regard dirigé vers Black Adam. « Honnêtement… Qu’est-ce que tu me veux réellement ? T’es vraiment venu pour savoir pourquoi je ne joue plus les héros. » En soit elle n’a pas vraiment arrêté, elle peut difficilement ignorer une femme qui crie non loin d’elle dans une ruelle sombre. Mais elle avait décidé de ne plus intervenir quand il était possible pour les pompiers, la police ou même superman d’agir quand autrefois, elle allait aider même quand on ne lui demandait rien.

make me bad!

"Make me Bad"

La puissance s'accompagne d'un sentiment d'impuissance... - Kara

        Assurément, ce Black Adam était un homme fier et confiant quant à sa manière de voir le monde. Un homme croyant fermement et passionnément, sans aucun doute, en ses profondes convictions. Ce que Karen savait sur lui, n’était rien d’autre que des paragraphes dans un journal, mais crédibilisés parfois par une rédaction faite par Clark ou bien même parfois par Loïs. Si la kryptonienne ne portait pas dans son cœur les journalistes depuis qu'elle était dans ce monde, il va s’en dire que ces deux-là étaient bien entendu les exceptions. Même si la blonde n’avait pas encore eu le courage d’aller voir Superman et lui dire qui elle était, ou bien même d’aller visiter Loïs volontairement, cela ne voulait en rien dire qu’elle ne les portait pas de son cœur, au contraire… Et elle avait accepté la souffrance de cette solitude volontaire qui lui épargnait d’assister à un drame les concernant directement. Mais elle l’assumait, elle l’acceptait comme une part d’elle-même, un fardeau qui, dans sa peine, l’endurcissait.
         Du moins, c’était ce qu’elle croyait jusqu’à ce qu’elle assiste impuissante à un autre drame qui lui fit se rendre compte de sa fragilité aberrante. Au final, cette solitude s’était retournée contre elle, là où à une époque, elle aurait pu tout simplement demander conseil à Kal-El afin de l’aider à se relever et surpasser ce moment, aujourd'hui elle était seule dans ses ténèbres. À la question du miracle, l’homme lui annonçait qu’il n’attendait pas que cela arrive de la sorte, enchaînant sur une explication bref dans le but d’éclaircir son propos. Il devait véritablement avoir vécu quelque chose de dramatique pour qu’il en vienne à s’attirer les foudres de la Justice League pour un combat qu’il menait semble-t-il pour un peuple opprimé. Il n’avait pas l’air de mentir, mais du coup… Pourquoi si son combat était juste, sa manière de faire était-elle moralement douteuse ? Sa vision du bien et du mal était-elle si erronée ou bien tout simplement incomprise ? Pourtant, à l’entendre, il semblait être un homme sensé et rationnel, qui savait très clairement faire preuve d’une certaine sagesse de réflexion.

          Karen ne doutait donc pas du fait qu’il soit en mesure de comprendre les conséquences de ses choix les plus hostiles, surtout s’il les prenait pour protéger ceux pour qui il se battait. Ce qui le rendait peut-être religieusement dangereux et la blonde ne pouvait que se demander si quelqu’un d’aussi déterminé que lui, serait, un jour, capable d’agir autrement… Lui dont les principes l’enchaînaient indubitablement à ces tristes et violentes actions. Intérieurement la kryptonienne, songea qu’au vu de la nature plus posée qu’elle observait chez l’homme, elle commençait à songer qu’elle pourrait peut-être faire l’effort de le convaincre des autres possibilités. Mais pour l’heure, elle ne comprenait pas ce qui avait motivé un homme à prendre le risque de venir jusqu’ici, en dévoilant en plus ce que l’héroïne tentait éperdument de dissimuler. Alors, elle lui demandait finalement, si sa présence chez elle; était réellement dans le simple but de constater que Power Girl s’était bel et bien écartée de tout ce qui touchait l’univers du super-héroïsme.
         Sa réponse lui fit lever un sourcil… « Je ne suis pas l’ennemie du Kahndaq, je doute aussi que les autres héros le soient. » Était-ce donc ainsi qu’il percevait la Justice League, ce n’était pas étonnant s'il se montrait autant hostile. Peut-être que tout était parti d’un malheureux mal-entendu ? Toutefois, Karen refusait de s’avancer davantage sur cette hypothèse tant qu’elle n’en savait pas un peu plus sur lui. Les bras croisés, elle écoutait l’homme lui dire Ô combien il était dommage qu’elle ne brille pas comme elle le devrait. Karen resta silencieuse, légèrement perdue quant à l’entente de ce propos, lui qui, dans sa phrase précédente, voyait en elle une alliée de ses ennemies qui se faisait discrètes. Pourquoi voudrait-il qu’elle brille, du coup ? Avait-elle mal interprété sa phrase ? Que des questions qui la taraudaient l'esprit péniblement. Ne pas savoir ce que l’homme pensait, la frustrait légèrement et ne faisait qu’accroître sa curiosité à son sujet.  

          Elle se contenta de hausser les épaules quand l’homme le remercia pour son hospitalité, sans vraiment se soucier de cet état de fait. Il était évident que l’homme n’allait pas simplement partir si elle lui demandait et il était hors de question qu’elle le force à quitter son domicile en prenant le risque d’engager un combat qui pouvait mettre en danger ceux qui vivaient au-dessus d’elle, en dessous, en face ou à côté de chez elle. Ensuite, il annonça à la kryptonienne quelque chose qui semblait pour elle intéressant à prendre en compte. Ses ennemis, sans doute des héros, tenter de le convaincre de suivre une autre voie. Donc d’autres héros s’étaient aussi montrés patients envers lui, ce qui confortait Karen quant au fait que cet homme pouvait être raisonné. Elle l’écoutait, essayait de comprendre là où il voulait en venir, en disant voir en elle un test. Quand il rajouta alors le fait qu’elle venait de leur donner raison. Dans sa tête, la blonde pensa à toute allure à tout ce que cela signifiait.
         Se demandant si cela voulait dire qu’il tenterait de voir chez les héros ou même chez elle, autre chose que des ennemis ? Maintenant, Karen voulait savoir qui était ceux qui avaient pris du temps et de l’effort pour montrer à cet homme qu’il y avait une meilleure voie à suivre. Elle ne savait pas quoi penser du fait que ce soit en partie grâce à elle que la vision de cet homme venait de changer. L’étonnement continuait à la murer dans le silence, bien que son regard trahissait sans doute sa surprise. Quand il posa sa dernière question, elle avala sa salive comme pour s’hydrater de nouveau la gorge, bien que la sensation n’était que psychologique. « Ca n’a rien avoir avec toi ou la Justice League… Disons seulement que j’en ai marre d’être celle qui est témoin ou responsable de drame autour de moi, donc si je peux l'éviter, je le fais. » Si discuter, c’était ce qu’il voulait, elle n’allait certainement pas prendre le risque de provoquer un combat parce que la Justice League ne le portait pas dans son cœur, les vies de ses voisins étaient bien plus importante que leur combat, tout simplement.

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"Make me Bad"

La puissance s'accompagne d'un sentiment d'impuissance... - Kara

        Les bras croisés, les yeux portés vers les cieux depuis sa fenêtre, immobile et songeuse, elle se demandait ce qu’elle devait retenir de cet étrange entretien. Assurément, la présence de cet homme n’avait rien de naturel, et il était davantage suspicieux que celle-ci n’avait pour but que d’entretenir une simple discussion. Évidemment, même après avoir accepté de jouer le jeu et d'avoir songé intérieurement qu’il avait sans doute un bon fond, Karen ne pouvait s’empêcher de se demander où était le piège dans cette intervention. Était-il sincèrement curieux de savoir pourquoi une kryptonienne, dont l’existence a été découverte par des moyens douteux, agissait à contre-courant des autres se pavanant sous les caméras ? Une curiosité sans doute sincère, mais pour quelle raison ? Karen avait bien conscience que dans son isolement, elle était devenue plus fragile mentalement parlant qu’il y a encore quelques mois.
        C’était une fragilité que l’on pouvait percevoir que si l’on avait connaissait de ce qu’elle était à l’origine, ce qui semblait être à quelque détail près, le cas de cet homme. Donc en soi, il était sans doute naturel pour la blonde de considérer que l’homme cherchait peut-être à la manipuler. Cependant, les arguments qu’il a utilisés, n’avaient rien de mensonges impies et sournois, au contraire, ces propos embrassaient une vérité glaciale qui en disait long sur le caractère de cet homme et surtout, sur ses motivations personnelles concernant la raison pour laquelle il est ce qu’il est aux yeux du monde. Mais à savoir ce qu’il attendait de Karen, était encore là un mystère. C’est comme si cet homme voulait que la kryptonienne reprenne ses activités et qu’elle brille de nouveau en utilisant le terme qu’il a employé… Pourtant, paradoxalement, il considère les héros comme ses ennemis ce qui rendait la tâche de comprendre sa psychologie extrêmement ardue pour Karen.

         Impossible d’établir autre chose que des théories quant à sa présence chez la kryptonienne aujourd’hui. Serrant le poing, elle espérait que ses origines ne s’ébruitent pas davantage jusqu’aux oreilles du monde et surtout, jusqu’à ceux du Clark Kent de ce monde. Karen ne savait pas encore comment aborder ses origines ici et elle était loin d’être prête à le faire pour le moment. Elle se dirigea vers la malle dans son placard pour y sortir sa tenue kryptonienne, vestige de sa vie sur Terre-2. Étrangement, après sa conversation avec le roi du Kahndaq, elle éprouvait un sentiment de nostalgie et un soudain besoin d’enfiler cette tenue qui finissait par prendre la poussière. Elle souriait en songeant qu’elle était sans doute tombée bien bas, à vouloir sauver les gens en jogging et sweet-shirt à capuche, elle avait tellement mieux comme tenue. Elle rangea sa tenue dans sa malle non sans mordiller sa lèvre inférieure, comme moyen de réprimer ses envies interdites.
        Elle entendit alors le son des sirènes proches de chez elle, ainsi que les nombreux coups de feu… Elle fit claquer sa langue de frustration, tentant de se convaincre que s’il y a la police, cette dernière pourra gérer. Cependant, elle ne put s’empêcher de songer aux potentielles victimes des balles perdues. Masque chirurgical sur le visage, jogging et sweet à capuche sur la tête, elle bondit depuis sa fenêtre en direction des sirènes, non sans maugréer contre le destin.