ice ice baby
Gotham. Voilà des mois que Susan n'y avait plus mis les pieds. Sa vie sur Washington lui suffisait. Et puis, ici, dans cette ville, Susan n'avait plus rien à y faire. Elle avait beau y être née, s'y être mariée, y avoir donné la vie deux fois... rien ne la retenait. Son mariage avait coulé, ses parents l'avaient renié, ses anciens patrons l'avaient mise à la porte...les mauvais souvenirs affluaient comme des insectes attirés par la flamme d'une bougie. Pourtant, elle les chassa et regarda sans grand intérêt les buildings défiler devant ses yeux. Comme elle n'était pas là pour le plaisir, elle comptait bien décamper dès sa mission terminée. Car oui, la robe de soirée n'était pas son idée. Mais plutôt celle de Waller qui avait vu en ce blind date une opportunité. Alors elle l'y avait inscrite, sans l'en informer au préalable. Ainsi était née Harmony Jones, humanitaire chez médecins sans frontières. Une femme altruiste qui n'avait pas grand chose avec la femme qu'était Susan. Bien sur les deux femmes avaient pour elles le don de soi mais la ressemblance s'arrêtait là. Une identité fabriquée que Susan se devait pourtant de vendre. Qui plus était, la mère de famille se doutait qu'elle serait amenée à reprendre ce rôle pour des missions futures. Autant faire bonne impression pour créer la couverture la plus parfaite possible.
« Madame, vous êtes arrivée ». « Merci », d'une main, elle tendit un billet à son chauffeur du soir,
« gardez la monnaie » souffla t-elle en le voyant déjà piocher dans la banane à sa ceinture pour extraire la différence. Elle – ou plutôt Harmony – participait à une action caritative alors autant avoir la main généreuse. Et puis, ce n'était pas son argent mais celui d'ARGUS. A ce titre, elle n'avait aucun problème à dépenser plus que raison, juste par esprit de vengeance. Un peu enfantin de sa part mais elle ne trouva pas en elle l'énergie de s'en soucier.
Dans sa
robe noire toute simple, elle monta les marches menant jusqu'à l'iceberg lounge. Le lieu du rendez vous avait été une aubaine envoyée par les Dieux pour la patronne. Évidemment, Waller avait certainement eu son mot à dire... officieusement bien sur. Susan la voyait bien arranger ce qui pouvait l'être pour satisfaire ses besoins. Les doigts refermés sur sa pochette – dans laquelle se trouvaient des micros derniers cris – elle suivit le maître d’hôtel jusqu'à sa table. Apparemment, son rendez vous était arrivé avant elle. Mentalement, la jeune femme se prépara à une soirée de conversations stériles et de sourires forcés. Elle savait par avance que ses joues n'en finiraient plus de la tirer dans quelques heures. Soufflant doucement, elle apposa une expression sereine et enjouée sur son visage. Son masque se fissura d'un seul coup néanmoins lorsqu'elle avisa la personne qui allait être son cavalier pour la soirée. Stupéfaite, elle lâcha un hoquet de surprise avant de se mettre franchement à rire, emportée par l'hilarité de la situation.
Là devant elle était assis nul autre que Bullock. Flic chéri de la ville – après son commissaire – et accessoirement l'un de ses anciens collègues lorsqu'elle faisait encore partie des forces de police de la ville. Le maître d’hôtel lui lança un regard en coin avant de s'éloigner. Susan ne savait pas à quoi jouer Waller, si elle jouait à quelque chose. Mais impossible d'être Harmony Jones avec une telle compagnie. Elle n'avait pas changé autant que ça pour que Harvey ne la reconnaisse pas. Calmant son rire, elle combla la faible distance qui la séparait de la table et prit place sur la chaise qui lui tait opposé.
« Harmony Jones n'aura pas vécu bien longtemps » plaisanta t-elle, une petite lueur malicieuse au fond de ses yeux bleus. Evidemment Susan ne s'excusa pas pour le mensonge. Après tout, elle n'en était pas à l'origine et elle ne faisait que son boulot. A elle maintenant d'improviser pour mener à bien le tâche qui lui avait été confié avec ces nouveaux paramètres.
« Harvey, ça fait longtemps » reprit elle en posant sa pochette sur la table.
« Tu es très élégant » le complimenta t-elle, loin d'oublier les bonnes manières qui lui avaient été inculqué dès la naissance. Certaines habitudes avaien tout simplement la peau trop dure pour être éradiquées. Et puis, un compliment faisait toujours plaisir. Surtout qu'il s'était réellement mis sur son trente et un. Cela changeait fortement des tenues qu'elle lui connaissait.