no time to die (susan)

Ce n'est pas ta première convocation dans le bureau de Waller, mais le sentiment de malaise qui te parcoure l'échine chaque fois que tu mets le pied dans cette antre de l'enfer ne disparaitra jamais. Tu n'es pourtant pas un homme qui se laisse impressionné par n'importe qui, mais elle, d'un simple regard, elle parvient à faire taire ton esprit revêche. Et pas uniquement parce qu'elle détient le détonateur de la bombe placée dans ta nuque, ni parce qu'elle est celle qui peut en partie décider de quand tu pourras revoir ta fille, non, elle impose quelque chose de terrifiant très naturellement. Dans ses gestes, dans sa façon de s'assoir, de vous regarder. The Wall est le genre de personne que vous n'avez aucune envie d'avoir dans vos vies. Tu ignores encore la raison de ta venue ici, mais nul doute qu'elle ne t'apportera rien de plus que de nouveaux ennuis. Dire que tu es lassé par la Suicide Squad serait un euphémisme, mais voilà le prix à payer pour être sorti de prison et envisager, peut-être, de voir Zoe plus régulièrement un jour. Alors tu t'accroches, malgré tes nouvelles envies de construire un quotidien plus calme et stable aux côtés de Layla à Morro Bay, et très très loin de ce foutu bordel sans fin. Privilège qu'elle ne t'accordera bien évidemment jamais. « Lawton, vous partez à la Maison Blanche avec votre ex-femme. » Toujours ce tact légendaire qui n'a de cesse de te décontenancer. Ça ne ressemble en rien à une mission de la Suicide Squad, est-ce que tu viens de franchir un nouveau palier dans ton rôle de pantin ? « Pardon ? » Le non n'étant pas une option avec cette femme, tout ce que tu peux faire c'est demander plus d'informations, et croiser les doigts pour que ce ne soit pas aussi terrible que ça en a l'air. « Gene Haspel, directeur adjoint de la CIA sera présent lors de la réception donnée par Carter demain soir. Il prévoit de transmettre la liste de tous les meta-humains recensés dans le pays, même ceux que nous n'avons pu localiser nous-même. Je veux cette liste. » Une mission d'espionnage, donc. Rien ce dans quoi tu es qualifié, et certainement pas le meilleur élément de l'agence à envoyer. Alors pourquoi toi ? Qu'est-ce qu'elle ne te dit pas encore ? « Vous irez avec votre ex-femme car j'attends de vous que vous soyez le petit couple parfait. Vous devriez être assez crédibles pour passer inaperçus, non ? » Oh, elle le sait que t'as envie de serrer tes doigts sur son cou, c'est précisément l'effet recherché. Cette vipère n'a aucune limite, et elle vient une nouvelle fois de prouver son ignominie en vous transformant en pions sur son grand échiquier de la course à la folie. Jouer au couple avec ton ex-femme qui te déteste, quelle merveilleuse idée. « J''imagine que je n'ai de tout façon pas le choix. » « Vous imaginez bien, Lawton. Maintenant allez voir Sanders pour qu'il vous donne les faux papiers et le costume adéquat. On a pas besoin de Deadshot cette fois-ci. » Bien, t'aimerais pas voir la tête de Susan quand elle apprendra à son tour la nouvelle. Et sans chercher à rajouter quoi que ce soit, dépité, tu te lèves pour quitter le bureau de Satan et te laisser happer par les flammes.

Dans la limousine qui vous conduit jusqu'aux jardins de la Maison Blanche, tu restes silencieux. T'en as conscience, cette mission va être tout aussi pénible pour toi que pour elle. Après avoir eu cette discussion sur New Themyscira, et avoir définitivement tourné la page de votre histoire, la dernière chose que vous vouliez était de vous retrouver dans une situation aussi cocasse. T'es doué pour la bagarre, pour tirer sur des cibles, pas pour jouer les James Bond en costume. T'es mal à l'aise dans cette tenue, et tu n'as de cesse de tirer sur le nœud de ta cravate qui te donne toujours cette horrible impression d'étouffer. Ton comportement à son égard n'est pas de la froideur, c'est juste que tu ne sais pas quoi lui dire. Mais qu'elle se rassure, tu joueras ton rôle comme venu le moment venu. La mission consiste à récupérer d'une façon ou d'une autre la clé usb qui se trouve dans la poche d'Haspel, et de vous infiltrer dans un bureau pour en faire une copie. Avant, bien évidemment, de la remettre à sa place. Sans doute rien de bien compliqué pour des gens habitués et préparés, mais pour toi, l’équivalent d'une course d'un bout à l'autre de la planète. « T'as une idée de comment récupérer cette putain de clé ? Peut-être en lui renversant un verre dessus ou une connerie comme ça. » Ouais, tu fais pas beaucoup d'efforts pour rendre cette soirée plus facile, mais que l'on ne t'en demande pas trop. Waller vous a lâché sur le terrain sans le moindre plan, tout en attendant de vous une finalité à la hauteur de ses attentes. Et si les choses venaient à mal tourner, vous ne serez ni plus ni moins que de la chair à canon, et vos noms seront aussitôt effacer des archives d'ARGUS pour éviter que qui que ce soit remonte jusqu'à eux. Si vous échouez, vous perdez tout. Si vous réussissez, vous ne gagnez rien. Rien d'encourageant. « Je sais pas comment ils font dans les films d'espionnage. » Il reste la méthode de la séduction, mais jamais tu n'oserais proposer cette option là à Susan. Ce serait horriblement dégradant pour elle, et personne ne devrait aller aussi loin pour satisfaire un tyran. Vous êtes dans la merde ensemble, alors c'est ensemble que vous allez régler ce problème. Malgré ta mine des mauvais jours.
 

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Pando

Une bonne équipe d'écrivains ? Même pour le grincheux que tu es il est impossible de garder ton sérieux, et l'ombre d'un sourire se dessine aux coins de tes lèvres. « Dommage que tu sois plus branchée comédies musicales, alors. » Et juste comme ça, la tension s'apaise un peu. Qu'elle te pardonne ton apparente froideur, mais la vérité, c'est que tu ignores comment aborder cette mission. Pas seulement sur le plan stratégique, aussi sur le plan personnel. Votre dernière véritable dernière discussion aura été plus qu'épineuse, et aura marqué la fin de ce nous que vous avez été pendant dix ans. La mort d'Eddie a été le premier clou au cercueil de votre histoire, mais c'est sur New Themyscira, dans cette cuisine sommaire, que le dernier a été planté. Une nouvelle relation pour définitivement en détruire une autre. Ou en tout cas, son aspect amoureux, puisque Susan restera pour toujours la femme avec qui tu auras tant partagé. Ce que tu ressens à son égard n'est ni plus ni moins que beaucoup d'affection, et quoi qu'elle te dise, quoi qu'elle te fasse, tu doutes que cela change un jour. En revanche, l'avoir à tes côtés ne facilite en rien ta mission, ça ne l'est jamais quand l'aspect intime se mêle à celui du travail. Non seulement tu n'es pas à l'aise dans cette nouvelle dimension de ton boulot, mais en plus tu vas devoir garder un œil constamment sur elle. Chose que tu fais déjà avec la Suicide Squad, soucieux de veiller du mieux que tu peux sur ton équipe, mais cela reste dans une moindre mesure en comparaison de ce cas de figure là. Susan est la mère de ta fille, et il est absolument hors de question qu'elle rentre ce soir en étant blessée. Tu ne rendras pas une maman mal en point à Zoe. Et si tout doit échouer pour que tu puisses tenir cette promesse, et bien tant pis. Sa sécurité ne se fera pas au détriment du bon vouloir de Waller. « Hé, je te permets pas. » Cette fois, il est sincère et véritable le sourire. Elle te connait assez bien pour deviner ta gêne, et si c'est souvent dans tes habitudes de bouder quand t'es contrarié, par contre, tu ne te vexes pas quand il s'agit de la vérité. Tu sais pas si tu l'es réellement, mais en tout cas oui, toi tu te sens ridicule.

Et bien, il semblerait que vous soyez tous les deux aussi perdus l'un que l'autre. Waller ne vous aura vraiment pas fait de cadeaux sur cette mission. Depuis quand on s'improvise agent secret ? Sérieusement, c'est une façon de vous nuire ou de se moquer de vous ? Après un long soupire de désespoir, tu commences par observer le terrain à travers la vitre de la limousine. Ça y est, vous voilà pratiquement arrivés. Tout est vaste, grand, et c'est un avantage dont vous pourrez profiter au moment de la fuite. C'est l'une des nombreuses choses que t'as apprises pendant ton long service chez les Marines, plus le terrain est étroit, plus les chances de s'en sortir sont minces. Ce qui n'est pas le cas ce soir, dans ces grands jardins peuplés de plusieurs centaines de personnes. Beaucoup de monde, ça aussi c'est un bon point. « Je le te montrerai. » Tu ne chercheras pas à comprendre pourquoi le dossier de pré-mission ne lui a pas été envoyé. Vous allez devoir faire équipe sur absolument tous les points pour que ce soit une réussite, encore plus si certaines informations ne lui ont pas été parvenues. Elle sera tes yeux et tes oreilles, et inversement, en espérant que vos talents soient complémentaires.

Vous voilà à destination. Et pour tenter de te plier au protocole, tu descends le premier de la limousine pour ensuite faire le tour et ouvrir la porte à Susan. Lui tendant ton bras, tu espères ne pas commettre d'erreur dans ta façon de faire. Tout ça, les mondanités, c'est une chose que tu as toujours porté en horreur. Les faux semblants, les sourires factices, les vivres hors de prix et même pas toujours bons, toi tu préfères encore un immeuble qui s'écroule sous tes pieds. Ce domaine là, ce fut jadis le sien, et tu comptes sur elle pour te guider. « Il est assez crédible mon sourire, c'est bon ? » Quoi, tu vas faire des efforts, mais ça ne veut pas dire non plus que tu dois prétendre apprécier ce dans quoi vous mettez les pieds. Et bon sang, ce que c'est déstabilisant. Plein de gens bien habillés qui se serrent la main et échangent quelques banalités avant d'aller butiner d'autres fleurs. Des serveurs accompagnés de plateaux de champagne qui se frayent un chemin parmi la foule. Des lumières scintillantes qui brillent aussi intensément que des étoiles. Et bien évidemment, cette scène où les musiciens, eux aussi en costume, se préparent pour leur concert. Tout est exactement comme tu l'avais imaginé. Et pour faire passer la pénibilité de la tâche, tu attrapes un verre de champagne au vol que tu sirotes avidement. Aux aguets, tu cherches du regard votre cible de ce soir, et bingo, il est déjà là. Ce qui vous laissera le temps de garder le contact tout au long de la soirée, attendant le bon moment ou la bonne occasion pour agir. « Il est là, à onze heures. Costume blanc et cravate rouge. » C'est discrètement que tu confies l'information à ta partenaire, tout en t'enfonçant dans la gueule du loup. Quand faut y aller, faut y aller.
 

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Pando

Quoi ? Comment ça pas d'alcool ? C'était ton seul réconfort de la soirée. Décidément, tu ne comprendras jamais les règles de la mondanité. Et tu es bien heureux que Susan n'appartienne plus à ce monde. Même si elle s'y intègre bien, tu sais qu'elle supporte tout aussi peu que toi ce jeu de faux semblants et d'apparences trompeuses. Heureusement qu'elle s'est débarrassée jadis de toutes ces pitreries, une émancipation qui a rendu votre histoire possible. Car nul doute que dans d'autres circonstances, jamais vos chemins n'auraient pu se croiser. Ou du moins, jamais vous n'auriez pu apprendre à vous aimer. A chaque couple son lot d’obstacles, et le vôtre aura été, sans aucun doute possible, son monde à elle. « Je sais pas comment je vais faire pour tenir sans alcool. » Pour un homme tel que toi, qui se présente toujours sous son jour le plus naturel, prétendre et mentir est une tâche particulièrement difficile à exécuter. Et à choisir, tu préférerais de loin affronter un monstre à mains nues que de devoir faire la discussion à l'un de ces invités. Au-delà même de ne pas te sentir à l'aise dans un milieu aussi sélect, tu sais que tu n'y a pas ta place, et qu'à un moment donné, ce qui te définit finira par revenir au galop, mettant fin au subterfuge. Le temps presse, et pas uniquement pour récupérer la clé. Susan parviendra sans trop de soucis à se fondre dans la masse, mais toi, le masque risque de très vite se craqueler. Plus que des autres, c'est de toi-même que tu as peur. « Mais t'as raison, faut garder l'esprit clair. » C'est peut-être pour ça que Waller a décidé de vous envoyer en mission ensemble, elle savait parfaitement qu'à vous deux vous feriez une bonne combinaison. Toi pour le côté musclé et tactique, elle pour ses connaissances pointues du milieu et son bon sens. Finalement, vous ne formez pas une si mauvaise équipe. Sans elle, la première chose que t'aurais faite avant même de te lancer à l'action, c'est siroter plusieurs coupes pour apaiser la pénibilité de la tâche. Ce qui aurait été une grossière erreur, évidemment.

Ohoh. Cette pression sur ton bras n'annonce rien de bon. Ennemi en vu ? Danger potentiel ? Oh que oui. Et pas n'importe lequel. L'horrible ancienne belle-mère. Bordel de merde. Surpris de la voir, tes traits ne cachent en rien ton étonnement mais aussi ton désarroi. Non seulement ce n'est jamais agréable de croiser sa route, mais en plus de ça, cette harpie pourrait compromettre votre mission. Avoir quelqu'un sur terrain qui connait vos réelles identités, c'est pas bon pour vos affaires. Surtout quelqu'un d'aussi proche et problématique. Mayday, mayday. Il faut sauver le soldat Walker. Tu sens sa fébrilité palpable, pourvu qu'elle ne flanche pas et que ses jambes tiennent le coup. Voilà la première galère de la soirée, une invitée inattendue qui pourrait tout changer. En plus d'avoir toujours été une foutue épine dans ton doigt. Jamais elle ne t'a apprécié. Jamais elle n'a accepté votre union. Pour des raisons on ne peut plus évidente, il suffit de la regarder pour comprendre qu'elle et toi venez de deux mondes complètement différents. Elle est élégante, parfaitement coiffée, et se fond dans le décor sans la moindre difficulté. Il en a toujours été ainsi. Alors évidemment, quand sa fille décide d'épouser un ancien gamin de foyer devenu militaire, la sauce ne prend pas. « Oh, bonsoir. » Tu fais quand même preuve de politesse, déjà parce que c'est la moindre des choses malgré votre animosité, mais surtout parce que tu préfères éviter d'attirer l'attention sur vous. Provoquer ton ex belle-mère serait une très, très mauvaise idée. Alors tant pis, tu vas continuer de te forcer à sourire. Encore plus que tout à l'heure. Certains appelleraient ça de l'hypocrisie, toi, t'appelles ça de l'implication.

Et une surprise n'arrivant jamais seule, c'est avec tout autant de malaise que tu découvres qu'elle n'est absolument pas au courant pour votre divorce. Ah. Bon, c'est délicat, mais au moins, c'est un avantage pour votre couverture. Elle ne risquera pas de vous exposer à qui que ce soit. « Oui, je suis toujours là. » Sourire forcé et teinté d'arrogance. Il semblerait que Susan n'ait pas eu l'envie ou l'occasion de l'annoncer à ses parents, et te voilà empêtré dans un mensonge qu'il faudra sans doute rectifier plus tard. Tu sais que leurs rapports sont tendus depuis longtemps, mais tu n'es pas à l'aise avec l'idée de prétendre être toujours l'époux de sa fille. Bien que, tu l'admets aisément, quel bonheur que de voir sur son visage son désespoir de vous savoir toujours ensemble. Enfin, faussement ensemble. « Et je constate que vous n'avez pas changé. » Qu'elle interprète tes mots comme bon lui semblera, mais il est évident que tu ne parles pas de son élégance ou de son amabilité. Cette femme est un venin dont tu aimerais rapidement te débarrasser, car au loin, tu distingues votre cible s'éloigner de ton champ de vision. « Si vous voulez bien nous excuser, on a plus intéressant à faire ailleurs. » Et doucement, en tirant un peu, tu incites Susan à te suivre pour reprendre la mission là où vous l'avez laissée. A moins qu'elle n'ait une dernière chose à dire à sa mère ?
 

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La blessure encore fraiche de Susan te saute aux yeux. Tu distingues aisément dans son regard la tristesse et la déception, toutes deux provoquées par l'apparition d'un paternel qui se rapproche plus justement d'un simple géniteur. C'est douloureux de la voir ainsi désemparée, blessée par les deux personnes qui devraient pourtant être constamment là pour elle. Et très honnêtement, même si ce n'est pas la première fois que t'es confronté à cette situation délicate, cette fois-ci, tu ne sais pas quoi lui dire. Parce que t'ignores quelle place t'es censé tenir depuis le divorce. Est-ce que t'es en droit d'aller lui casser la gueule, à ce sale type ? C'est franchement pas l'envie qui te manque, et pendant quelques secondes, c'est une possibilité que tu envisages très sérieusement. Un poing dans les dents pour qu'il ait une vraie bonne raison de se comporter comme un tel enfoiré. Mais cette petite vendetta pourrait vous coûter bien plus qu'une plainte pour coups et blessures, elle pourrait vous coûter la mission et le courroux de Waller. Alors les dents serrées, tu te contentes d'assassiner ton ancien beau-père du regard, laissant votre rixe à ton imagination débordante. Ce ne sera pas pour cette fois. Mais si une autre occasion se présente, tu n'hésiteras plus. Oui, on ne règle pas ses problèmes avec la violence, mais ça fait quand même beaucoup de bien. « Je suis désolé. » Désolé pour elle d'avoir été jetée dans la gueule des loups. Désolé qu'elle soit obligée de céder à l'appel de l'alcool pour faire passer la pilule. Et désolé de ne pas pouvoir faire plus pour elle. Si ce n'est te sacrifier en acceptant d'être le sobre du duo. Avec le sourire, en plus. « Tes parents sont de beaux enfoirés, les laisse pas t'atteindre. Ça va aller, d'accord ? » Et pour le coup, tu sais de quoi tu parles, toi aussi t'as pas eu de bol de ce côté là. Ton père était un foutu alcoolique abusif, et ta mère n'a jamais trouvé la force de faire le nécessaire pour l'arrêter. T'as appris à vivre sans eux depuis longtemps. Alors oui, c'est sans doute plus facile à dire qu'à faire, surtout quand la blessure refuse de se refermer, mais elle y arrivera. Un jour, elle arrivera à complètement s'en détacher.

Bien, qu'elle descende quelques coupes si ça peut l'aider à tenir le reste de la soirée, mais effectivement, vous avez une mission à terminer. Et.. quoi ? Aller manger un burger avec Zoe après tout ça ? Tes traits affichent une surprise réelle, alors que tu te répètes encore ses derniers mots dans ta tête pour être certain d'avoir bien entendu. « Un burger ? Tous les trois ? » Qu'elle pardonne ton temps de détente – quelle ironie pour un fin tireur – mais la proposition est tellement inattendue que t'as du mal à y croire. « Ce serait avec un énorme plaisir. » Difficile de masquer le sourire aux anges qui se dessinent sur tes lèvres. Pouvoir passer du temps avec ta fille est toujours une occasion précieuse, mais qu'elle soit pour une fois de initiative de Susan, c'est d'autant plus incroyable. De quoi te donner la motivation nécessaire pour finir cette mission vite et correctement. Sans trop laisser tes pensées être parasitées par le bouiboui qui vous attend après. Allez, Lawton, faut se remettre dans le bain. Compliqué de se concentrer après cette dernière rencontre pénible et la perspective d'une fin de soirée prometteuse, mais chaque chose en son temps, avant la récompense, faut se débarrasser de la corvée. « Je l'ai toujours en visu, il est sur le point de rentrer à l'intérieur. » Probablement pour aller aux toilettes. Bingo. La voilà votre occasion. « Faut que je lui renverse un truc dessus avant qu'il atteigne les toilettes. Suis-moi. Fais en sorte que personne ne rentre tant que j'y suis. » Bon, c'est peut-être pas un plan digne de 007, mais qu'on vienne pas demander à un mercenaire de faire dans la subtilité. Cible en ligne de mire, verre de champagne dans la main, collision dans trois, deux, un... « Oh, pardon ! Je suis tellement maladroit ! » L'homme en costume blanc est agacé, une grosse auréole tâche sa veste par ta faute, quel dommage. « Pardonnez-moi, je vais vous aider à nettoyer, je suis sincèrement confus ! » Finalement, t'étais très sérieux dans la voiture, c'est peut-être une technique de bas étage, mais pour l'instant elle fonctionne, et c'est d'un regard et d'un sourire discret et satisfait que tu invites Susan à vous suivre. Le choix, tu ne le laisses pas vraiment à Haspel, que tu pousses vers les toilettes, avec une prestation digne de l'Actor Studio. La suite est simple, tu vas glisser tes doigts dans la poche de sa veste pour récupérer la clé pendant qu'il essaiera dans la nettoyer, en faire une copie grâce à votre super téléphone espion ARGUS, et ensuite, pour la remettre à sa place, et bien, vous verrez bien. Le temps vous est évidemment compté, puisque vous ignorez quand la remise doit se faire. Et il ne faut surtout pas qu'il se rende compte de sa disparition, sinon vous êtes foutus. En théorie, pour l'instant, ça fonctionne plutôt pas mal. Reste maintenant à voir la pratique.
 

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Mais quelle entrée fracassante. Elle aussi mériterait un Oscar pour son improvisation. Et qu'il est difficile de rester concentré face à une telle démonstration. Ton avantage, c'est qu'Haspel est tout aussi décontenancé que toi, et c'est sans réfléchir une seconde de plus que tu glisses tes doigts dans sa veste pour récupérer la clé. Merci Susan, t'étais à court d'idées pour l'occuper et gagner du temps. L'inconvénient d'être un homme, sans aucun doute. Et avec un tel travail d'équipe, tu la sens plutôt bien la suite de votre mission d'agents secrets. Une chute convaincante, des larmes qui le sont tout autant, et une cible qui n'a pas d'autres choix que de se laisser happer par le spectacle. Elle ne lui accorde aucune initiative, elle a tout compris. Quand la proie est piégée, il ne faut lui laisser aucun échappatoire et ne surtout pas lâcher prise. C'est presque trop facile pour elle. Voilà un talent que tu lui ignorais, et t'es ravi de le découvrir maintenant, son timing est parfait. Tu n'interviens pas dans l'échange qui se joue entre eux, guettant la nouvelle ouverture qui te permettrait de télécharger discrètement les informations dont vous avez besoin sur le téléphone. Allez Susan, encore un tout petit effort et c'est dans la poche. Bingo, s'en est visiblement trop pour Haspel qui finit par entrainer ton ex-femme en dehors des toilettes, preux chevalier incapable de laisser une demoiselle dans une telle détresse. A ton tour. Une fois la porte refermée, tu sors l'engin pour y mettre la clé usb. Trois minutes de téléchargement. Trois minutes où tu vas devoir laisser Susan gérer seule l'inconnu. En espérant que tout se passe bien. Tu fais de ton mieux pour que tout soit bouclé rapidement.

Terminé. Tu ranges le téléphone avec les précieuses données dans ta poche et tu remets la clé dans la veste d'Halspel. Maintenant, il ne te reste plus qu'à retrouver ta co-équipière et vous barrer de là. A nouveau, la perspective de passer quelques heures avec Zoe autour d'un burger t'arrache un sourire, et du regard, tu tentes de trouver Susan et son cavalier inattendu pour y être le plus vite possible. Une bien belle récompense. Ils sont là, visiblement en pleine discussion, et rapidement tu les rejoints pour la sortir du pétrin. « Monsieur je vous cherchais, vous avez oublié votre veste. » Tu lui rends non sans une certaine satisfaction. Pour deux novices, vous vous en êtes plutôt bien tirés, il n'y aura vu que du feu. « Et vous mademoiselle, je vais vous appeler un taxi. » Tu lui attrapes doucement le bras pour l'entrainer plus loin avec toi. Elle a assez donné de sa personne pour ce soir. Et une fois assez éloignés, tu t'autorises à la féliciter. « Bien joué. T'as été très convaincante. » Peut-être un peu trop ? Enfin, pas pour le petit numéro qui vous a permis de réussir, plutôt dans le sens où tu t'inquiètes pour elle. Tu sais que c'était pour jouer, mais quand même, en posant les yeux sur elle, t'as ressenti l'echo de sa douleur. Une douleur enfouie mais terriblement présente, qui s'est échappée à travers ses faux semblants. Et qui mieux que toi pour comprendre qu'essayer de contenir une telle souffrance est aussi efficace que d'empêcher de l'eau de couler entre les doigts. « Tu vas bien ? » Question posée avec une réelle préoccupation. Vous vous êtes considérablement éloignés elle et toi, mais rien ne t'empêche d'essayer d'être là pour elle quand tu le peux.

Allez, il est temps de partir. Et sur le chemin du retour, voilà que vous croisez à nouveau les deux parents terribles au regard sévère et inquisiteur. Cette fois, agacé et lassé, tu ne résistes pas à la tentation. Tu t'approches d'eux, et vivement, tu percutes de l'épaule ton ancien beau-père, assez pour que son verre se renverse sur sa chemise. C'est le thème de la soirée. « Pardon. Navré. » Non, pas du tout, et le large sourire que tu lui adresses pourra en témoigner. Ça a été plus fort que toi, hors de question de t'en aller sans avoir eu une revanche sur le couple maléfique. Comme ça, Susan aura quand même un petit lot de consolation. Ils ne gagneront pas ce soir. Tu ne les laisseras pas avoir un tel pouvoir sur elle. Elle mérite de partir d'ici l'esprit plus léger. « Oups. » C'est maintenant à elle que tu adresses un sourire vaurien, tout en l'invitant à te suivre en direction de la sortie. « Alors, c'est où que tu veux nous emmener ? » Votre limousine est toujours là, d'un geste de la main tu préviens le chauffeur de votre arrivée. « Enfin, si t'as pas changé d'avis. » Désolé, mais c'est tellement inattendu que t'as encore du mal à y croire, et t'as besoin d'une autre confirmation pour être certain de ne pas t'être fait un faux espoir. Tu vas voir Zoe, vraiment ?
 

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Mission terminée, et contre toute attente, réussie. C'est pas si compliqué que ça finalement de se la jouer agent secret. En espérant maintenant que Waller soit satisfaite du résultat et te foute la paix pour quelques jours. Sur le chemin du retour, celui qui vous ramène chez Susan, tu ne peux t'empêcher de sourire bêtement en regardant les rues de Washington défiler derrière la vitre. Ayant délaissé la veste de ton costume pour paraître un peu moins protocolaire, tu n'as plus qu'une seule hâte, arriver à destination pour revoir ta fille. Et depuis le divorce, tu crois bien que c'est la première fois que Susan en prend l'initiative, sans que tu n'aies besoin de demander ou de la supplier. Et sans vouloir prendre pour acquis cette avancée, tu en restes très heureux et soulagé. Même si, évidemment, il existe encore des grosses zones d'ombre à la nouvelle relation que vous essayez d'instaurer. Un brin sceptique, tu te plies à sa volonté et te rapproches pour la laisser grimper sur ton dos et ainsi lui éviter de marcher par terre. Non sans mentionner un petit détail. « Fais pas sauter ma bombe sans faire exprès, hein. » Il est précisément là le point qui vous empêche de réellement reconstruire quelque chose. Malgré votre cohésion de ce soir lors de la mission, tu n'en oublies pas qu'elle reste l'une de ceux qui pourraient te faire sauter la cervelle en appuyant sur un bouton. Et sans doute est-ce là ta façon de le lui rappeler. De faire en sorte de la confronter à cette triste vérité : quoi que vous fassiez, et malgré les apparences d'une nouvelle entente, elle reste dans une position de domination qui court-circuite toutes autres possibilités. Elle est ton ex-femme, quelqu'un qui comptera toujours et qui pourrait un jour retrouver une place dans ton existence, mais certainement pas tant qu'elle détiendra le déclencheur de la bombe qui fait de toi le chien de Waller. Pas temps qu'elle participera à te voler ta liberté.

Sans surprise, il a suffit que la porte s'ouvre sur ta fille pour que plus rien d'autre ne compte, adieu toutes ces pensées un peu sombres. Retrouvailles inattendues qui te réchauffent aussitôt le cœur, alors que tu l'accueilles dans tes bras en guise de bonjour. Merveilleuse surprise, aussi bien pour elle que pour toi, et peut-être bien que tu la serres un peu trop fort, cette petite tête qui t'a tant manqué. C'est incroyable l'amour d'un enfant, et celui que vous partagez l'est d'autant plus. Après toutes ces épreuves, après avoir failli la perdre à de multiples reprises, tu réalises combien tu profites de chaque seconde chaque fois que t'as la chance de pouvoir passer un peu de temps avec elle. Mais sans jamais en avoir assez, sans jamais te sentir rassasié. « Je suis tellement heureux de te voir. » Dernière étreinte avant de t'écarter pour pouvoir vous saluer avec votre jeu de mains particulier. Habitude dont tu ne te lasseras jamais. Elle, par contre, tu doutes de la réciproque. Mais pas grave, pour l'heure elle est encore dans l'insouciance de l'enfance, et la vilaine adolescence qui risque de jeter quelques ombres sur votre beau tableau n'est pas à l'ordre du jour. Enfin, tu l'espères. Pourvu qu'elle ne grandisse pas trop vite, t'as déjà l'impression d'être passé à côté de tellement de choses. « Dis-moi, tu travailles bien à l'école ? » Evidemment que c'est pas la question qu'elle avait envie d'entendre, et c'est précisément pour ça que tu la poses, par pure envie de la taquiner, comme en témoigne le large sourire qui étire tes lèvres. Et c'est d'un léger poing contre ton bras qu'elle répond d'abord à ta question. « Grâce à toi je suis la meilleure en maths. » Digne fille de son père, et père qui ne cache pas sa fierté. « J'en doute pas une seule seconde. » Ramené les pieds sur terre par la voix de Susan qui fait son retour dans la pièce, tu souris aux deux avant de laisser Zoe mettre ses chaussures et toi récupérer au vol les clés de la voiture. Allez, c'est parti. Après l'effort, voilà le doux réconfort.

Quelques rires, quelques discussions, et après avoir rattrapé un peu le temps perdu pendant le trajet, vous arrivez en destination du fameux bouiboui. A l'intérieur, vous optez pour une table vers le fond de la salle, gage de tranquillité. Et bon sang ce que vous l'avez mérité après cette soirée mouvementée. « Papa, faut que tu goûtes celui-là. » « Okay, chef. J'espère que t'as bon goût, sinon pour la peine je me servirai dans tes frites. » Sans même avoir regardé longuement la carte, tu fais bien évidemment le choix de suivre le conseil de ta fille, qui visiblement, a déjà ses préférences en la matière, et s'offusque de t'imaginer lui piquer des frites. C'est quand la dernière fois que vous vous êtes retrouvés tous les trois ? Tu ne sais même plus si c'est déjà arrivé. Après la mort d'Eddie, c'est toute votre vie qui s'est écroulée, et manger un burger ensemble n'était pas franchement dans vos priorités. Ou dans vos envies. « Maman, ça veut dire que papa va pouvoir venir plus souvent ? » Oh, déjà. Tu savais que cette question allait finir par arriver, mais tu n'imaginais pas aussi tôt dans la soirée. Comment l'en blâmer ? Elle vient de voir son père débarquer à l'improviste, ce qui est pour ainsi dire jamais arrivé auparavant, alors forcément, elle associe cette surprise à un changement à venir. Mais toi tu ne te fais pas d'illusions. Tu sais que rien n'est jamais facile, et encore moins votre tumultueuse situation. Waller ne te laissera pas, Susan ne te laissera sans doute pas non plus, alors comment avouer à une petite fille pleine d'espoir que tout ceci n'est sûrement qu'une exception à la règle ? Comment ne pas déjà tout gâcher ? La question est épineuse, et tu ne veux surtout pas répondre à la place de Susan et la prendre sournoisement au piège devant votre fille. T'as de toute façon bien trop conscience que malheureusement ce n'est pas une décision qui t'appartient.
 

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