Tabula Rasa [PV Analia Jones]

Tabula Rasa

C'était quelque chose d'étrange que de contempler sa propre fin, que de la savoir proche et inéluctable, mais de ne pas la fuir. Les yeux fixés sur l'entrée de l'université, Klaus ressentait le calme, l'apaisement, quelque chose qu'il n'avait pas ressenti depuis longtemps, le sentiment d'arriver au bout de la route, la datigue enfin disparue face à la promesse du repos. Il avait passé les derniers mois à chercher sa soeur, maintenant c'était l'heure des retrouvailles, suivi des adieux. Il avait pris ses dispositions pour la suite de son plan, il savait qu'il était observé, le camion de surveillance était bardé d'explosifs et dans l'ordinateur qu'il portait dans une sacoche à son côté se cachait la seule solution possible pour sa soeur. Oliver Queen avait fait un travail remarquable avec l'identité d'Analia, celui qui c'était occupé de ça avait fait plus que créer de faux papiers, il avait inventé une nouvelle identité, un nouveau citoyen, le seul obstacle à cette identité était celle déjà existante, les Terrabits de donnée du projet "enfants terribles" stockés sur les serveurs d'ARGUS, les seuls moyens de pression légaux à la disposition de Waller pour récupérer sa sœur et ses frères une fois ces derniers libérés de l'organisation. Mais avant ça il avait besoin de la voir, de lui expliquer, de lui dire quoi faire. Analia et lui avaient besoin de se voir et ce rendez-vous n'avait que trop tardé. Il s'était habillé simplement, un t-shirt à l'effigie d'un groupe de metal quelconque pour aller avec son iroquois, un jean délavé et des baskets d'un rouge vif complétait sa tenue civile. Il sentait la bombe dans son cou plus que jamais, mais elle ne l'effrayait pas, il fit un premier pas, puis un deuxième, se dirigeant vers le bâtiment principal d'un pas calme.

Sa soeur avait pris pour nom Billie Dalton, elle avait changé son apparence, pris des luxes infinis de précaution pour se camoufler, mais elle pouvait toujours être arrêtée par le premier flic venu, elle et les autres, les mandats ne disparaissaient pas, émis pour terrorisme national, le genre qui mettait une cible dans le dos. Fort heureusement, cela disparaîtrait aussi une fois le programme lancé. Table Rase était la création d'un collectif de hacker Hongrois, un programme capable de chercher des traces informatiques sur tout les servers gouvernementaux du monde et des les effacer, tout ce dont il avait besoin était un nom, ARGUS pensait avoir paré à de telles tentatives en passant sur des intranets en réseau indépendant, mais tous ces satellites communiquaient avec des ordinateurs comme celui qu'il avait sur lui, le point d'entrée du programme qui était dans une clef USB stockée elle aussi dans la sacoche. Suite à ça le virus détruirait l'appareil net l'espace de stockage en provoquant ne surcharge, rendant les deux inopérant et empêchant de remonter la trace du sabotage les heures nécessaire à toute fuite des lieux. Il était désormais dans les couloirs, son cœur battait à un rythme lent et régulier alors qu'il balayait les lieux du regard à la recherche de la salle qui l'intéressait. Il finit par la repérer et s'y engouffrer, lentement, sans se précipiter, ce n'était pas comme si les secondes faisaient une réelle différence à présent.

Des bureaux, des chaises et un tableau, la salle était banale, les murs rouges et jaunes, au couleur du héros local flash, lui donnait envie de s'arracher les yeux, il n'y avait qu'une personne ici, étudiant tranquillement, une tignasse rousse qu'il aurait reconnu entre milles, même maintenant qu'elle avait été coupée. C'était ici que Billie Dalton étudiait, dans cette salle que personne ne fréquentait ou n'utilisait de manière régulière, une des nombreuses du campus depuis que Brainiac avait génocidé une part de la population. Il la vit se retourner et croiser son regard, ses traits étaient différents, des prothèses sans doute. Il retira la bandoulière et posa le sac sur la table, l'observant sans rien dire, complétement neutre.

-Bonjour N4. Désolé de ne pas avoir envoyé de message. Il faut qu'on parle.

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Quelle étrange situation… Tout ça… Retrouver la fac, retrouver Billie après tout cela. Je fronçai un peu les sourcils en passant mes doigts dans mes cheveux. Courts. Je les avais recoupés après Briniac. Je soupirais un peu en me frottant le visage. Retrouver ma vie en ayant perdu des amis, ce n’était ni la première ni la dernière fois. Je fermais les yeux avant de me redresser, quitter mon lit, le faire au carré, passer une main dans mes cheveux courts avant de prendre mes vêtements et les enfiler à gestes vifs. Un pull noir tout ce qu’il y avait de plus discret, avec un jeans et des bots. J’entendais les infos à la radio que je branchais chaque matin. C’était mon rituel, mon chocolat chaud, ma salade de fruit avec du yaourt un peu de pain et surtout des flocons d’avoine. Les métas commençaient à être plus que sérieusement mal vu. Je plissais le nez. « La Famille » hein ? Et où était la famille quand on avait dû combattre Briniac ? Planqué !

Je secouais la tête avant de remplir mon sac de cours et passer mon masque en latex pour de quitter l’endroit en fermant soigneusement la porte derrière moi. Je ne changeais pas vraiment mes habitudes. Tout irait très bien. Je quittais tôt pour travailler quand je n’avais pas cours, Dieu merci ma mémoire était très bonne grâce aux entraînements d’ARGUS, il fallait bien reconnaître des avantages, je connaissais plus ou moins le code civil par cœur, c’était déjà ça. Et ce soir je devrais aller travailler à la boulangerie. Au moins ça c’était encore là… Normalité… reconstruire une normalité. Je secouais légèrement la tête avant de passer les portes de la fac pour me rendre à la bibliothèque. Je déposais les livres sur le comptoir du nouveau bibliothécaire avant de fureter dans les rayons pour en trouver d’autres, les enregistrer et les glisser dans mon sac.

Cours… Je suivis, enregistrant machinalement les informations, les yeux quelque peu dans le vague. Je préférais prendre mes notes à la main. Plus agréable à mes yeux que l’ordinateur, et beaucoup moins traçable surtout ! Enfin, je ressortis rapidement de court, me fondant dans la foule d’élève avant de me faufiler jusqu’à une salle de travail, jetant mon manteau sur le dossier je m’assis et commençais à sortir mes livres avant de me plonger dans mon travail. Le bruit de pas que je connaissais que trop bien me fit me tendre aussitôt. Je tendis la main pour saisir mon portable et le glisser sous la table. Je relevais les yeux vers N1 quand il s’assit face à moi. Je me redressais pour soutenir son regard.

« Bonjour N1. Tu n’as pas mon numéro de toute manière. La dernière fois qu’on a parlé… j’ai finis dans une camisole sous traitement et avec un collier à choc électrique. »

Oui c’était totalement un reproche même si j’avais bien conscience que… c’était aussi en partie de ma faute d’avoir pété un câble. Je rangeais mes feuilles sans le lâcher du regard. Malgré tout… j’étais soulagée… de le voir en vie, et en bonne santé… même si…

« Tu as maigri grand-frère. Comment vas-tu ? Toi… et les autres. »

Je l’observais avec attention, et mon regard fureta dans le reste de la pièce pour m’assurer qu’il n’y avait personne. Mon regard tomba sur le sac, de quoi me shooter ? Je me mordis légèrement la lèvre avant de reprendre :

« Qu’est-ce qui m’a trahi pour que tu me retrouves aussi vite ? »

Autant savoir…

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Il avait plus que son numéro en réalité, ARGUS possédait de quoi dissoudre tous les efforts de sa sœur en un instant, mais ça n'avait aucune importance désormais, plus maintenant qu'il comptait bien tout remettre à zéro. Son œil entraîné le scrutait déjà, elle ne pouvait pas manquer son état déplorable, depuis que Tefé l'avait enfin encouragé à embrasser la nécessité de son action, l'impératif qu'il avait désormais, il avait déjà commencé à dépérir. Sa sœur n'avait devant-elle qu'un homme qui embrassait la mort sans peur, sans regret. Il avait causé tant de mal et de souffrance au nom d'ARGUS, mais c'était aujourd'hui terminé, sa sœur pourrait accomplir ce qu'elle voulait, elle pourrait continuer le combat, il savait qu'elle le ferait. Il ne bougeait pas, attendant qu'elle ais terminé, il voyait les doigts s'agiter sur son portable, elle devait contacter des renforts peut-être, mais c'était inutile, ils avaient vérifié la localisation des principaux soutient de Ana capables d'en venir aux mains à nouveau. De toute façon elle n'en aurait pas besoin, c'était pour les agents dans le van qu'elle aurait dut s'inquiéter. Ses yeux fatigués, mais résolus ne laissaient rien transparaître, il savait qu'il devait donner des informations si il voulait que sa sœur reste, un soupir s'échappa de ses lèvres.

-Oui, ils vont bien, on est juste séparés depuis ta fuite. Et ce qui t'a trahi c'est que tu cherche à échapper au gouvernement américain en restant dans une grande ville. Ce n'était qu'une question de temps, malgré toute la crédibilité de ton identité, avant qu'elle ne tombe.

Il se mit en mouvement, calme et reposé, peu attentif à ce qu'elle faisait sur son portable, pour ce que ça valait désormais. Il prit une chaise qu'il traina derrière lui, le bruit du frottement des pieds contre le sol accompagnant son avancée lente jusqu'à elle. En regardant par la fenêtre, il n'avait qu'une hâte, en finir une bonne fois pour toute, il atteignait enfin sa destination, heureusement pour lui, il pouvait réparer ses erreurs, la douleur qu'il avait causé aux siens, il pouvait laisser quelque chose derrière lui. Quelque chose qui serait plus positif que la somme de ses échecs : une rédemption.

-Tu as gagné N4.

Il laissa ses mots flotter quelques instants avant qu'un petit rire empli d'une certaine amertume ne résonne dans sa gorge. Oui, sa sœur avait gagné.

-Tu as réussi à accomplir ma plus grande crainte, celle de voir des années de travail gâchées, celle de ne pas avoir assez de temps.

Il arriva enfin près d'elle, il posa sa chaise sur le côté de sa table et déposa le sac à bandoulière sur le dossier pendant qu'il prenait place, ses avant bras posés à plat et croisés devant lui sur la table son regard planté dans le sien.

-J'était si proche, et pourtant si loin, on aurait put vivres libres, tu aurait put sauver ce monde... Mais c'était des mensonges que je me racontait pour me rappeler pourquoi je faisait tout ça. De quoi justifier pourquoi j'ai tout fait pour que nous devenions les parfaits outils d'ARGUS, je les ais tellement répétés que j'ai finit par y croire.

Il avait été un monstre envers les siens.

-Tu sait pourquoi je suis là?

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Il était au bord de la mort. Et cela me serrait le cœur de me le dire. Je me le disais, parce que je le voyais bien. Je serrais mon portable dans ma main. J’avais fait une connerie, j’avais dû changer de portable, etc. Maintenant… il était là. Pourquoi est-ce que ce n’était pas étonnant ? Je ne dis rien, absolument rien, j’avais peur qu’ARGUS déboule, qu’il détruise tout… J’avais prévenu Connor au passage, est-ce qu’il n’allait pas m’étrangler ? Possible. Et lui ? Qu’est-ce qu’il allait faire ? Qu’allait faire mon grand-frère ? Et moi ? Je me mordis plus fort les joues en le regardant se diriger vers une chaise. Alors là… l’option la plus… violente serait qu’il me l’envoi dans la tête ou me la brise sur le dos. Ou les deux. Je ne bougeais pas d’un millimètre, le suivant simplement des yeux. Ah, bah tiens… le chapitre des reproches. Je haussais un sourcil :

« Elle est tombée. Puisque tu es là. »

J’étais pragmatique. Est-ce qu’en combat singulier j’aurais une chance de le vaincre. Je connaissais mes pouvoirs, mes forces et faiblesses… Depuis que j’étais libre, je n’avais pas cessé de m’entraîner. Je contrôlais bien mieux mes pouvoirs, ma propre manière de me battre… Tout. Lui… semblait au bout du rouleau, et le raclement de la chaise au sol était particulièrement agaçant. Mais je ne dis rien de plus, le regardant s’avancer, s’installer, parler. Gagner ? C’était pas l’impression que j’avais. D’un regard, j’usais de mes ondes pour claquer la porte. Histoire d’être plus tranquille. Tiens, à nouveau des reproches. Je ne dis toujours rien. Mon frère était… étrange. Je le regardais s’asseoir, toujours en silence. Je ne saisissais pas. Reproche ? Pas reproches ? Pourquoi il semblait si désespéré ? Il était sur le point de mourir. Pourquoi ?

« J’aurais pu dire que tu étais là pour me ramener avant que tu ne meures… Mais ton discours n’indique pas cela, N1. Ni ton attitude physique. Tu es malade grand-frère, tu ne vas pas bien… Et au vu de ce que tu dis… tu n’es pas là pour ARGUS. J’ai gagné, vraiment ? Non, je n’ai pas gagné N1, tu veux savoir pourquoi ? Parce que jamais je ne pourrais vivre l’esprit tranquille, parce que je serais toujours traquée. »

Je croisais les bras sur ma poitrine en continuant de le regarder avant d’incliner la tête, autant être honnête.

« J’étais inquiète, avec Briniac… J’ai eu peur de te perdre. De perdre N2, N3… Je me demande tous les jours comment vous allez, ce que vous faite… »

Je secouais légèrement la tête e passant une main dans mes cheveux courts.

« Réponds franchement à ma question Grand-frère : qu’est-ce qu’il t’arrive ? Je ne t’ai jamais vu ainsi, si… malade ? Qu’est-ce que t’a fait encore subir ARGUS pour que tu sois… si… malade ? Enfin… tu l’as toujours plus ou moins été… mais là c’est flagrant. »

J’étais pas très délicate dans tout ce que je pouvais dire. Mais assez de secret entre nous. Je ne savais plus quoi faire, plus quoi dire. J’aimais mon frère… mais je ne pourrais pas retourner à ARGUS.

« Es-tu là pour me convaincre de revenir ? De retourner à ARGUS ? »

C’était ça aussi qui était important.

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Il la laissa dérouler, en silence, ses yeux plantés dans les siens, il avait toujours été très doué pour cacher ses intentions et ses pensées, mais sa famille le connaissait mieux que quiconque, il ne pouvait presque rien leur cacher, il pouvait déformer les faits, mais pas mentir. Et il était fatigué de le faire, c'était sans doute la dernière fois qu'ils se voyaient, après ça il devrait accomplir son devoir envers les autres Jones, il tuerait les agents d'ARGUS et rendrait la liberté à sa sœur, ce serait la fin pour lui, mais les mots de Tefé, ses larmes, son regard, tout ça alimentait sa résolution. A elle aussi il le devait, à celle qui avait brisé les chaînes de son esprit, à celle qui lui avait donné un objectif, un but. Il mourrait aujourd'hui pour quelque chose de bien, quelque chose de bon, quelque chose qu'l avait choisi en toute liberté. Plus jamais les siens n'auraient à craindre ARGUS, l'heure était venue pour lui de les libérer, d'accomplir quelque chose qui leur ferait craindre à jamais ce qu'ils avaient créé, qui leur prouverait qu'il existait et qu'ils avaient tous tort de penser qu'il était assez stupide pour se laisser faire. Il n'avait plus de temps, mais il pouvait en faire bon usage. Son regard calme ne perdait rien de l'apparence nouvelle de sa sœur, il préférait ses cheveux longs, mais court ce n'était pas si mal, tant que ça lui plaisait. Il espérait qu'elle trouverait son chemin sans lui, qu'elle guiderait les autres. Il laissa le silence s'installer quelques secondes avant de lui répondre.

-Je vais mourir en effet, pour de bon cette fois, pas d'implantation, pas de cuve, pas de traitement, pour moi le chemin s'arrête ici. ARGUS m'a tué il y as des années.

Une brutale évidence, mais sans doute avait-elle besoin de l'entendre, il pointa sa nuque et tapa par deux fois du cout du doigt.

-Waller m'a installé une bombe dans la nuque il y as bien longtemps. Tu n'es pas la première à t'enfuir Analia, j'ai déjà vécu parmi ces gens, je les avaient trouvés mauvais alors, et depuis mon avis n'a pas beaucoup changé. Ce sont eux qui ont permis la société qui nous as créé N4, une société qui accepte que nous devenions des outils et nous prive de tout. Quand je partirait d'ici, quand j'aurait tué les agents qui m'attendent au centre de commandement mobile, cette bombe explosera et je mourrait, car je n'ai plus peur.

Il fit un sourire à sa sœur. Pouvait-elle seulement comprendre les implications de tout ça?

-Donc non, je ne suis pas là pour te ramener ou te convaincre, je suis là pour faire ce que je dois faire, par ce que malgré nos erreurs, nous sommes une famille, une famille qui as le droit d'être libre.

Il fit un regard circulaire sur les environs, une université donc, elle avait choisi le chemin des études, il se mit à l'aise dans la chaise et posa les yeux sur son livre.

-Et donc, que comptes-tu devenir une fois sortie d'ici?

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Le silence s’installa entre nous alors que je le regardais avec attention. Qu’est-ce que je devais croire de lui ? Qu’est-ce que je pouvais faire pour lui ? Peut-être que rien était la réponse ? Je pouvais dire ce que je voulais… Je tenais à lui, je tenais à chacun de mes frères. Quand bien même je ne pouvais plus vraiment leur montrer, ni vraiment leur dire… Certains pourraient penser que fuir ARGUS avait réglé tous les soucis. Non. Ce n’était pas si simple que ça, ARGUS avait perdu une de ses armes et voulait la récupérer. Après moi… qui cela serait ? Allaient-ils encore créer un N°5 ? Quoi que l’expérience semblait clairement un échec sur toute la ligne. Un coup de poing de mon frère en pleine forme, sous sa forme berserk, ne m’aurait pas fait plus mal que ce qu’il venait de dire. Je sentis les larmes me monter aux yeux. Au moins je n’étais pas la seule qu’ARGUS faisait souffrir. Je le regardais se tapoter la nuque. Et mon cœur sombra dans ma poitrine. J’eus envie de vomir en apprenant toute l’histoire. Je tendis doucement la main pour prendre la sienne et la serrer doucement, je n’avais pas le cœur de lui sourire, les larmes coulaient déjà sur mes joues. Je neutralisais la caméra qu’il y avait dans un coin. Je lui lâchai la main pour venir ôter mon masque. S’il devait mourir, je voulais qu’il puisse voir encore une fois mon vrai visage. Je repris sa main pour lui serrer doucement. J’essuyais mes joues une première fois.

« Je… J’imagine que te dire… que je ne veux pas que tu meures… c’est complètement con… Parce que ta décision est prise et que… rien ne te fera changer d’avis… Mais. Je ne veux pas que tu meures quand même et… pourquoi tu n’as jamais rien dit pour la bombe dans ta nuque ? Pourquoi ? Je t’en veux plus pour ce qu’il s’est passé, pour ce que tu m’as dit et ce qu’on s’est fait mutuellement… »

J’avalais ma salive à nouveau en m’essuyant les joues avant de respirer profondément. Je serrais doucement sa main dans la mienne comme-ci je pouvais le sauver ou le retenir comme ça, l’empêcher de partir, rester avec moi.

« Je suis tellement désolée que tu aies à subir ça tout seul… Je veux bien t’aider à les éliminer si tu veux. J’ai déjà du sang sur les mains… alors un peu plus ou un peu moins… je suis pas à ça prêt… Je crois que je ne pourrais jamais assez te remercier pour ce que tu fais et ce que tu as fait pour moi N1… »

Ce que je voulais faire ? Je ne savais pas trop encore. Je haussais les épaules :

« Juge ou avocate… Je veux pouvoir défendre le monde et essayer de le rendre meilleur… Pouvoir faire ce pourquoi on m’a cré, mais à ma manière. À dire vrai… ici j’apprends surtout à me comporter normalement… Actuellement c’est des choses que je sais déjà… mais c’est quand même intéressant un peu. Mais… »

Je serrais ses doigts en le regardant dans les yeux.

« Il y a quelque chose… que je peux faire pour toi ? Juste… une chose ? Pour t’aider ? Pour essayer de te convaincre que pas mourir ? Qu’on peut essayer de te sauver… »

Je pleurais toujours en silence.

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Le réconfort qu'il avait était sans doute que c'était la dernière épreuve qu'il imposerait à sa sœur, c'était la dernière fois qu'il lui faisait du mal. Une fois qu'il serait parti, ce serait pour toujours, elle serait libre de faire ce qu'elle voulait de sa vie, il lui avait fallut du temps pour comprendre que l'amour qu'il lui portait devait être porté par de vrais actes, par des sacrifices personnels. Sans le vouloir, elle l'avait aidé, aidé à voir la vérité. En mettant Aspen et Wally sur son chemin, en le poussant à réagir, elle lui avait ouvert les yeux sur toute la souffrance qu'il avait causé aux siens et aux autres, elle l'avait poussé à faire un choix. Tefé n'avait qu'embraser le combustible qu'elle avait versé, il leur était reconnaissant à tous, même si le destin avait une cruelle manière de s'exprimer, il ne tenait aucune rancœur, aucune haine envers eux, il aurait sans doute aimé se faire pardonner en restant à leur côté, mais il s'était privé de cette option en étant le premier à fauter. Il avait commis le pêché originel pour avoir le droit aujourd'hui de libérer les siens. Alors oui, sa sœur pouvait pleurer, elle avait ce droit, il était prêt à l'affronter dans ses derniers instants, car ça aussi il devait le faire, il aurait put mourir des dizaines de fois en mission, il avait juste la chance de pouvoir faire ses adieux. Son cœur se serrait pour elle, mais son esprit restait ferme et son sourire ne le quittait pas, il avait déjà pleuré dans la forêt, Tefé avait eut ses larmes, sa sœur aurait sa force.

-C'est pas mal comme métier, aider les gens, pour changer.

Sa soeur avait toujours été la lumière de leur famille, loin de l'excentricité de N2 et de la discrétion de N3, elle se contentait d'être solaire tout simplement. Ils avaient toujours gravité autour d'elle, depuis qu'elle les avait rejoints, la dernière, la protégée, la plus forte. Il savait qu'elle parviendrait à surmonter ça, elle avait toujours sous-estimé qui elle était, mais ça c'était à cause de lui, désormais libre, elle pouvait accomplir son plein potentiel, elle devait croire en elle, continuer d'essayer, de faire preuve de la même force qui l'avait libérée d'ARGUS. Elle le comprendrait un jour, ce qu'il avait vu ce jour là, ce qu'il avait pressenti au plus profond de ses entrailles.

-Rien, c'est ma décision, celle de vous offrir ce que vous méritez. Quand ils t'ont sorti de la cuve, je savait que quoi qu'il arrive je ferait tout pour toi, j'aime aussi N2 et N3, plus que ma propre vie, mais toi, tu as toujours été spéciale, pour nous tous. Quand il t'ont sorti de la cuve, j'ai vu que tu était notre futur, je m'était juste trompé sur sa forme, sur notre rôle à tous. C'est à toi de découvrir celui que tu veux incarner. ARGUS as fait du mal à beaucoup de gens, mais nous pouvons les détruire. Je dirait même qu'on le doit, ils ont failli tuer Wyatt, je ne peux pas le sauver, mais toi oui.

Sa main se saisit de la sacoche d'ordinateur qu'il posa devant elle avec calme.

-C'est tabula rasa, ça va te permettre de disparaître des dossiers d'ARGUS, une bombe incendiaire devrait s'occuper des versions papier d'ici peu.

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Pas mal comme métier… sûrement. Je ferais tout ce que je pourrais pour réussir… Pour essayer aussi de le rendre fier de moi. Pour essayer de faire le bien à ma manière. Je l’observais avec attention, sans savoir quoi dire ou quoi faire d’autre. Je l’observais pour graver son visage dans ma mémoire. Quand bien même j’avais largement assez de souvenirs avec lui pour m’en souvenir jusqu’à ma mort… Mais je ne voulais pas le perdre… Est-ce que seulement je pouvais accepter ça ? J’aurais tant aimé le sauver lui aussi… l’aider… m’assurer qu’il allait bien… lui… les autres. J’essuyais mes joues, cela me faisait bizarre de… de ne pas porter mon masque, même brièvement, à la fac. Mais je voulais que mon frère ait l’image du vrai visage de sa sœur, pas celui d’un masque. Je lui demandais quand même s’il n’y avait pas un moyen de le sauver.

Je me sentis rougir un peu à ses dires. Il m’aimait plus que les autres. Était-ce parce que j’étais la plus petite ? La plus jeune ? Le futur. J’étais le futur. Était-ce vrai ? Détruire ARGUS… je baissais les yeux sur mes mains avant de les remonter vers mon frère.

« Moi aussi je t’aime Grand-frère… Je ferais de mon mieux… pour te rendre fier. »

Ou qu’il soit… Je ferais tout… pour le rendre fier. J’observai l’ordinateur quand il le posa devant moi. Une bombe incendiaire et virtuelle ? Mon frère était plus que prévoyant. Je pouvais donc… reprendre mon nom et ma vie comme je le voulais ?

« Je pourrais… reprendre mon nom ? Vraiment reprendre le nom d’Analia Jones ? »

J’aimais Billie Dalton ! Mais Analia Jones… c’était ce qui me reliait à mes frères… J’en avais besoin, c’étai trop important pour moi. Je hochais la tête en regardant l’ordinateur.

« Tabula Rasa… Est-ce qu’on le fait ensemble ? »


Parle Analia… dit ce que tu ressens ! J’inspirais profondément avant de me racler la gorge…

« N1… je serais pas là… aujourd’hui. Je n’aurais pas eu le courage… ni la force de vivre comme ça. C’est parce que vous étiez là… Parce que vous m’avez rendu forte… Sans vous je ne serais pas là, je vous aime tous… Et que… que… Vous me manquez tous… sans aucune exception. »

Je ne savais pas quoi dire… Je tendis la main pour prendre la sienne et la serrer tout doucement dans la mienne, je voulais sentir sa peau contre la mienne encore une fois. Ça ne sera plus jamais pareil sans lui… J’avais passé tant de temps à fuir… À le fuir… à essayer de trouver ma vie, ma place dans ce monde… tout cela… Et maintenant je me retrouvais à lui dire adieu ? Pourquoi ? Pourquoi la vie et les dieux étaient si injustes ? N’importe quoi… Tout ce que je voulais c’était que moi et mes frères puissions vivre en paix ! Et cela on nous l’avait refusé… De manière formelle. Je fermais les yeux en inspirant profondément avant de regarder à nouveau mon frère.

« Tu le sais… que je t’aime ? De tout mon cœur ? »

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Ils s'aimaient plus que tout, et il n'y avait que ça qui comptait dans le fonds, ce lien puissant et éternel qui les unissait. Quand Tefé était partie à Yosemite, il avait senti la solitude dans laquelle il était, mais aussi la chance qu'il avait d'avoir les siens, d'avoir N2, N3 et N4. Il partait, mais eux restait, c'était ainsi, car le destin avait décidé de faire d'eux des parias, car le monde ne voyait en eux que des indésirables, il ne voulait pas suivre le changement, il ne le pouvait pas, cette nouvelle ère de liberté pour sa famille, il avait fait trop de mal pour en profiter, mais sa punition allait dans le bon sens, son sacrifice n'était pas vain. Analia Jones, elle voulait garder leur nom civil, ça le surprenait un peu, il y avait beaucoup de douleur derrière leur nom, beaucoup d'implications, mais si elle le souhaitait vraiment, il ne la découragerait pas, il n'irait pas contre sa volonté, elle avait gagné le droit de vivre, de faire ce que bon lui voulait.

-Oui, tu pourra reprendre ce nom, forger une nouvelle identité. Tout existence de tes liens avec ARGUS disparaîtra, ils ne pourront plus rien faire valoir sur toi, ils essaieront sans doute de te récupérer, mais tu ne sera plus recherchée, ce qui annulera la validité des autres mandats d'arrêt. Je ne peux rien pour les identités de Wally et Aspen, mais ça je peux le faire.

Il tendit sa main vers la sienne, la puissance simple de ce geste, de cette communion silencieuse à travers le toucher d'un autre être, ça lui suffisait sans doute, même si il ne pouvait plus vraiment le sentir, ses nerfs ravagés par les drogues de combat dans son système. Il avait toujours été leur protecteur, celui qui prenait coups et punitions à leur place, son corps avait été le bouclier de sa famille, mais il ne regrettait pas, il le referrait et bien plus sans doute si il le fallait. Ils n'étaient pas des outils, mais cela ne voulait pas dire qu'ils avaient un rôle. Lui rendait son dernier souffle en sachant qu'il le remplissait pleinement, celui de protecteur, une dernière fois il devait abriter les siens du danger, prendre une décision, une décision dont il acceptait les conséquences. Analia le savait et si elle tentait d'arracher ce qu'elle pouvait au temps, elle savait que tout cela était temporaire. Il pouvait sentit la chaleur qui émanait de la main de sa sœur, cette douce chaleur rassurante, la même que quand il avait pris sa main la première fois dans la salle d'examen après sa sortie de cuve, comme il l'avait fait avec les autres, mais Analia avait toujours été particulière, unique. Elle deviendrait quelqu'un.

-Moi aussi N4, je t'aime, et toi et les autres vous allez sans doute en baver sans moi, c'est la seule chose qui me rends triste, mais je peux comme d'habitude tenter d'alléger un peu votre fardeau.

Il serra un peu plus sa main, refusant de la laisser partir pour l'instant, il ne méritait pas de continuer, mais il avait le droit de profiter encore un peu de la présence de sa soeur, de contempler son visage dans ces moindres détails, de graver ce souvenir dans ses derniers instants. Il serait fort, il le savait, mais il se permettait d'être faible une dernière fois.

-A toi l'honneur N4.

Il tourna l'ordinateur dans sa direction avec sa main libre, il était temps de mettre un terme à tout ça.

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Je l’écoutais avec autant d’attention qu’avant. Pendant un moment je ne voulais plus l’entendre, plus le comprendre. Tout ce que je voulais c’était que lui me comprenne… Au final… nous étions passés l’un à côté de l’autre sur la fin… Mais je ne pouvais pas dire que je n’avais pas aimé mon frère c’était faux. Je l’avais aimé. Je l’aimais encore, c’était bien pour ça que je lui avais demandé de faire attention avec Briniac… Et maintenant qu’on s’était pardonnés mutuellement… Je devais lui dire adieu, le voir partir définitivement, avancer fièrement vers la mort… Tel un soldat qui appuyait sur la détente parce qu’il n’en pouvait plus. Mon frère était un soldat… Mais ce n’était pas ce que je voulais pour lui… Il n’était pas qu’un soldat à mes yeux. Je serrais doucement sa main dans la mienne, gravant ses traits et sa chaleur dans mon esprit. Je hochais la tête en l’écoutant.

« C’est déjà énorme. »

Je serrais plus fort ses doigts dans les miens sans le lâcher du regard. N4. Cela me faisait bizarre d’être appelé comme ça… Mais… c’était le nom sous lequel il m’avait connu, et je crois… que cela me manquerait de ne plus l’entendre. Je plongeais mon regard dans le sien sans rien dire, cherchant à lui transmettre de la force, tout mon amour pour lui et une supplique : reste en vie grand-frère. Reste en vie et reviens-moi… Ne me laisse pas seule… ARGUS m’avait tout donné, tout pris… et même maintenant où nous essayons d’être libre de nos actes son ombre malsaine plainait sur nos vies. Même là où nous faisions nos choix, son spectre nous indiquait une voie ou l’autre. Étions-nous vraiment libres ? ARGUS nous avait marqué de son empreinte jusqu’au fond de nos êtres. Des marionnettes, voilà ce que nous étions. Des marionnettes qui essayaient de couper leur fils. Je souris à mon frère.

« Tu as fait beaucoup N1… Beaucoup. Tu nous as tous rendu fort »

Il ouvrit l’ordinateur et je le regardais lui, il me serrait fort les doigts, mais je ne réagis pas. Il aurait pu me les briser que je n’aurais absolument rien dit. J’observais l’ordinateur, à moi l’honneur ? Je secouais la tête :

« Non. On le fait ensemble N1. »

C’était grâce à lui, je voulais qu’on fasse ça tous les deux. Je le regardais avec attention avant de poser mes doigts sur les mêmes touches que lui. Je plongeais mon regard dans le sien.

« Un… deux… trois. »

Je le quittais du regard pour admirer l’effacement total des dossiers me concernant d’ARGUS. Je me promis de moi-même détruire toutes les traces de N2 et N3. Voir même effacer toutes les données d’enfants terribles. Je clignais des yeux avant d’inspirer profondément en regardant l’ordinateur, puis de revenir sur N1.

« C’est fait… »

C’était étrange… je m’attendais à beaucoup de chose… mais… pas à ça… je baissais les yeux sur la main de mon frère. Je n’arriverais pas à détacher mes doigts des siens. Je le regardais à nouveau droit dans les yeux sans rien d’autre. Je ne savais pas quoi dire. Je ne voulais pas qu’il parte.

Codage par Libella sur Graphiorum

Tabula Rasa

Plus les secondes passaient, plus il savait que le moment de sortir d'ici et d'affronter son destin venait, il n'avait pas peur, et si il se sentait triste, ce n'était pas pour lui, dans un sens, il savait qu'il prenait la sortie la plus facile, la plus efficace. Lui mourrait, mais les siens serraient bientôt libres, face à un monde hostile, il avait vu les horreurs du peuple, il savait ce qui les attendait, qu'ils devraient faire face à la haine et à la bêtise, qu'ils allaient souffrir chaque jour, lui n'aurait jamais à voir cela, il était temps pour les petits de quitter le nid. Il ne serait plus là pour eux, mais dans un sens il ne les quitterait jamais, ils porteraient le poids de sa mort, il était quelque part chanceux, très chanceux. Il avait des gens qui l'avaient aimé jusqu'au bout, même si il ne l'avait pas vraiment mérité, même si il avait été une bien mauvaise personne envers eux, ils avaient la force de se pardonner, l'amour qu'ils partageaient, la vie qu'ils avaient eut, tout ça avait finalement un but, il l'avait toujours sut, mais comme tout plan du destin, il devait avoir tous les éléments pour voir l'image d'ensemble. L'amertume était une chose du passé quand on avait la chance d'avoir les siens autour de soit, il en avait conscience. Il laissa N4 serrer sa main tout son saoul, sa peau ne durcit même pas, il ne ressentait plus grand chose à ce stade physiquement parlant, il était prisonnier de cette espèce de sentiment de vide à chaque fois qu'il essayait de toucher. Il y avait longtemps, il se souvenait du sentiment de leurs mains l'une dans l'autre, Analia avait toujours eut des mains douces, malgré l'entraînement, malgré les mauvais traitements, il l'avait toujours considéré comme la plus faible quand ils étaient jeunes, mais aujourd'hui...

Aujourd'hui il l'avait regardé faire ce qu'il avait toujours voulu, le dépasser, le transcender d'une manière que rien ne pouvait altérer. Elle était meilleure que lui, et dans un sens l'était depuis longtemps, pas seulement sa force, mais en tant que personne, elle ferait une formidable juriste, elle serait formidable dans tout ce qu'elle entreprenait, lui ne savait que tuer, se battre, détruire tout ce qu'il touchait. C'était sans doute ce dont ils avaient eut besoin pour sortir de là, mais il aurait aimé qu'il en soit autrement, avoir la chance de vivre avec eux une vie normale du début à la fin, ce que N3 avait toujours voulu. Malheureusement ils n'étaient pas normaux, rien de plus que des déchets, ça devait changer, ça allait changer. Il respecta évidement son souhait de rester encore un peu, de faire l'expérience de la liberté avec lui, même si c'était pour quelques instants, il pouvait le comprendre. Ses mains guidèrent les leurs sur les touches du clavier, quelques clics, tout ce qui séparait sa sœur de la perte de ses chaînes et de son frère. C'était peut-être injuste, mais rien n'était vraiment juste en ce monde imparfait, ils n'étaient pas les sauveurs d'une humanité qui ne leur donnait aucune place parmis elle, ils n'étaient avant cela que des instruments, mais il ne craignait pas l'avenir, il serait compliqué, mais ils auraient le choix de devenir qui ils souhaitaient devenir. A partir du moment ou la progression de la procédure s'était affichée, ils déclaraient leur émancipation. Ils disparaissaient, mais lui ne verrait que l'aube de ce monde nouveau, car il demandait un sacrifice. La main de N4 dans la sienne, il sentit sa résolution flancher un bref instant, un soupçon de doute qu'il écrasa, les données d'enfant terrible amputée d'une grand partie de ses données, il ne faudrait pas longtemps à Waller pour appliquer la sentence une fois qu'elle aurait compris ce qui se passait. Elle était un immonde crapaude repoussant, mais elle avait un cerveau qui fonctionnait plus que bien, elle verrait les pièces du puzzle s'assembler sans mal.

-Oui, c'est fait.

Il l'observa en silence quelques instants, elle ne savait pas quoi dire, son sourire s'élargit un peu et il libéra sa main pour la poser sur le côté du visage de sa sœur, leurs regards soudés l'un à l'autre.

-Wally est un chouette gars, tu devrait le revoir dès que possible, il n'avait pas l'air très bien la dernière fois. Présente lui mes excuses. Et ne soit pas trop triste pour moi, je serait toujours avec toi désormais, avec vous tous. Dans votre mémoire, je serait toujours vivant.

Il se leva et prit la direction de la porte qu'il passa sans se retourner. Il ne voulait pas dire au revoir, prononcer ces mots aurait été trop douloureux, trop réels, il ne voulait pas flancher, il n'en avait pas le droit, il devait faire ce qu'il avait à faire. Ses pas le menèrent sans qu'il le réalise jusqu'au centre de commandement mobile. Il eut un petit rire en voyant la porte ouverte, ces idiots étaient bien trop confiants et trop peu alerte, ses bras formèrent des lames et il entra.

Quelques coups de feu.

Des cris.

Le silence, N1 ne peut s'empêcher de rire quand le visage de Waller apparaît sur l'écran couvert de sang, il regarde la mort droit dans les yeux et lui crache dessus une dernière fois, plus jamais ils ne seront des esclaves.

Plus jamais.

L'explosion est suivie d'un nouveau silence.

Codage par Libella sur Graphiorum réarrangé pour usage personnel

Tabula Rasa

I will love you. Forever

C’était fait… J’étais libre maintenant… Libre et pourtant cela me laissait un goût amer dans la bouche. Je baissais les yeux, inspirant fortement pour ne rien dire d’autres. C’était fait… C’était fait… mais je n’avais qu’un goût amer, qu’une sensation de vide. Non pas parce que je regrettais ARGUS, mais parce que je regrettais ce que j’avais dû payer pour l’avoir cette liberté. J’avais perdu mon frère aîné… Je le laissais me caresser la joue alors que je m’y nichais presque, soutenant son regard. Et ses mots me firent lâcher de nouvelles larmes, je souris au travers pour le rassurer, imitant son geste, caressant doucement sa joue. Ma main libre se posa sur mon cœur.

« Tu seras toujours là… Je lui parlerais, promis. »

Je restais immobile à le regarder partir sans se retourner, moi je fis mécaniquement ce qu’il m’avait dit. Je saisis mon portable pour envoyer un mot à Wally avant de m’effondrer en larme sur la table, versant toutes les larmes que j’avais pu retenir jusque-là. Des sanglots déchirant qui ouvraient ma poitrine et mon âme en deux. Je l’entendis, l’explosion… Elle résonna jusqu’au fond de mes os alors qu’elle n’était même pas si violente que moi. Je mordis mon poing pour ne pas hurler de douleur. Je sentis le goût de mon propre sang se répandre dans ma bouche. J’avais l’impression que j’allais vomir, rendre tripes et boyaux. Mais non. Je restais un long moment à me vider de tout ce que j’avais au fond de moi avant de me forcer à me lever. Roxane s’inquiétait pour moi… Je lui dis que je me sentais pas bien. Je voulais juste rentrer chez moi.

Je fourrais mes livres et cahier en vrai… L’ordinateur. Je tendis la main pour la poser à plat dessus et il eut un choc électrique. Je venais de griller la moindre particule électromagnétique de ce truc. Plus personne ne pourrait jamais s’en servir. Le masque… Machinalement… je le fourrais dans mon sac. Plus besoin de se cacher… Parcourir les couloirs de l’université le visage nu était étrange. Peut-être que je mettrais du temps à m’y habituer, mais je ne voulais plus me cacher. Plus jamais. N1 avait donné sa vie pour moi, je devais vivre comme je l’entendais. Je posais mon casque sur mes oreilles avant de retourner dans mon appartement. J’observais l’endroit, impersonnel au possible. Ça aussi il faudrait que je le change. Je voulais qu’on puisse lire que je vivais ici. Tout se bousculait dans ma tête et je passais une main dans mes cheveux avec un long soupir avant de me laisser tomber sur mon lit. Juriste… faire le bien à ma façon. Rendre fier mon frère. N2… N3… Je devais aider aussi mes frères du mieux que je pouvais. Je ne pouvais pas non plus les abandonner… Je pressais mes paumes contre mes yeux avec difficulté. Réfléchis Ana… Réfléchis et pense comme on t’a apprit à penser. Ils venaient de perdre deux jouets… Ils voudraient améliorer ceux qui leur restait. N2. N3..

Codage par Libella sur Graphiorum