terrible aveu. (hope)

Equipe de nuit. Hope ne voyait jamais défiler les heures quand elle travaillait, mais c’était d’autant plus vrai quand elle était de nuit – et bien davantage depuis que la nuit était devenue perpétuelle. A l’hôpital, ils essayaient tous de respecter encore les horaires et les appellations « jour / nuit », même si ça ne voulait plus rien dire. Ils étaient tous épuisés par l’absence de soleil et par la recrudescence des crimes à Gotham. La ville était mise à feu et à sang, les urgences ne désemplissaient pas, Hope et ses collègues n’avaient pas un moment de répit. Pourtant, elle aurait tout donné pour que ça s’arrête, rien qu’une heure. Elle aurait tout donné pour que le soleil revienne un instant et que la lumière revienne apaiser les choses. Comme si réellement, un peu de lumière pouvait stopper la descente aux enfers … Gotham avait toujours été la ville du crime, de jour comme de nuit. Il n’y avait aucun espoir à avoir de ce côté-là. Et Hope avait tellement perdu espoir en tout ce qui faisait son quotidien qu’elle en venait à prier pour des miracles de ce genre. Tout, n’importe quoi. Mais une amélioration, même infime. C’était tout ce qu’elle demandait. Elle était fatiguée de vivre dans l’attente. Bientôt, sa fille allait fêter son anniversaire sans elle, pour la seconde fois. Cette pensée l’obsédait, lui vrillait la tête. Ca faisait tellement mal d’être loin d’elle … Tellement mal qu’elle n’en vivait plus autrement qu’à l’hôpital. A espérer trouver une solution miraculeuse pour la revoir et pour que cet enfer s’arrête. Et ensuite, quitter Gotham avec sa fille, s’en aller de cette ville pourrie sans regarder en arrière … Mais elle était coincée là, sans solution miracle. Seule. Loin de son seul enfant …

Vérifier son téléphone à chaque pause était devenu un réflexe pour Hope. Comme elle avait tendance à oublier l’heure qu’il était, elle s’attendait toujours à recevoir un message de son ex. Le fameux message qui ne venait jamais. Aujourd’hui, elle vérifia une nouvelle fois son écran, sans y croire. Elle vit alors l’appel qu’elle avait manqué, et fronça les sourcils. Elle avait un message sur son répondeur. De Dick. Elle vérifia deux fois l’heure qu’il était avant de l’écouter, très surprise qu’il l’ait appelée au beau milieu de la nuit. Et sa surprise se transforma en réelle inquiétude quand elle entendit son message. Elle sentit son ventre se serrer et appuya immédiatement sur la touche de rappel. Les sonneries se suivirent sans que personne ne décroche, accentuant le malaise de Hope. Et finalement, le répondeur. « Dick, je … » « Docteur Williams, on a besoin de vous ! » Cria une interne en passant la tête à travers l’ouverture de la porte. « J’arrive ! » Répondit Hope d’une voix tendue, avant de revenir à son message. « Je termine mon service dans une heure, retrouve-moi à l’hôpital. Je t’attendrai dehors. J’espère que tu vas bien. » Elle raccrocha et fourra à nouveau son téléphone dans son casier avant de retourner dans la salle des urgences, mais son esprit était ailleurs et elle ne put s’empêcher de sonder les visages des blessés tout autour d’elle, cherchant des traits familiers mais soulagée de ne pas reconnaître Dick parmi eux. Elle aurait voulu retourner à son téléphone pour vérifier l’heure à laquelle il l’avait appelé. Il avait dit que ça ne pouvait pas attendre, mais à quand est-ce que cela remontait ? Une heure, deux ? Elle ne pouvait pas quitter son service, malgré toute l’envie qu’elle en avait. Elle avait trop de travail sur les bras, trop de vies qui dépendaient d’elle. Et cette fois, elle sentit le temps qui s’écoulait, bien trop lentement, pendant la dernière heure avant qu’elle ne termine. Malgré elle, son imagination tournait à plein régime et elle pressentait le pire. Et s’il avait appris ce qu’elle avait fait à l’hôpital de Blüdhaven, les vols, les trafics ? Est-ce que c’était de ça dont il voulait lui parler ? Elle n’avait pas du tout envie de cette confrontation, mais elle voulait savoir.

Elle dut rester plus longtemps que prévu pour terminer de s’occuper d’un cas grave, et il s’était écoulé une bonne heure après le rendez-vous fixé à Dick quand elle put enfin sortir des urgences pour s’habiller. Elle enfila ses vêtements avec hâte et rejoignit le hall de l’hôpital, presque certaine que son ami n’y serait pas. Mais il était là, et elle s’avança vers lui, anxieuse. « Dick ! Est-ce que ça va ? Ton message était inquiétant. » Elle se planta devant lui, les bras croisés sur sa poitrine pour tenter de garder sa chaleur contre elle. Elle était tellement certaine qu’il venait pour la confronter à son passé de voleuse qu’elle ne pouvait pas se résoudre à l’approcher, à le toucher. Elle était déjà sur la défensive, sans même s’en rendre compte. « Tu veux entrer ? Il fait plus chaud à l’intérieur, ce sera plus pratique pour discuter. » Elle ne voulait pas de témoins à ce qu’il allait dire, mais il faisait décidemment trop froid dehors. Elle leur trouverait un endroit tranquille s’il le fallait vraiment … Mais elle comptait sur Dick pour ne pas faire de scène. Il était plus intelligent que ça.