It was only a bet Changer d'air est parfois la solution la plus enviable. Passer de Gotham à Starling City n'est certes pas le meilleur choix en termes de changement de décor, mais quand on est Selina Kyle, l'on s'y fait. Le but est quand même d'apprécier à sa juste valeur une soirée mondaine, où nombre de gens se sont regroupés au Queen Consolidated pour voir les dernières prouesses technologiques. Il y a de tout, de jeunes inventeurs non contents de ne pas s'affubler d'un smoking et de rester dans leurs habits fétiches de geeks, des commerciaux faisant état des avantages de leurs firmes ... en tout cas, Monsieur Queen était bien sympathique de laisser autant d'espace dans ses bâtiments pour ce concours. "Vous ne devriez pas vous tendre autant. - Tu me dis ça, alors que tu es en train de te claquer les ongles." Son partenaire de crime du soir, est Seno. C'est une petite frappe peu connue dans le milieu du vol, et donc avec peu de contact. Jeune, peu de liens, cela fait les affaires de la femme chat. Qui ce soir, a décidé de troquer sa tenue de prédilection. En tout cas pour le moment. Elle s'avance, coupe de champagne en main, pendant que son compagnon fait mine de s'intéresser à ces nouveau portables soi disant pliants et à cette micropuce que l'on pourrait implanter sous les chairs pour en faire notre carte d'identité. Il est tendu oui, et pour cause, ils sont censés trouver ce fichu diamant des glaces dont tout le monde parle. Ce bon gros diamant sur lequel est écrit un code complexe censé donner la solution pour diminuer l'impact des serveurs dans le monde. Or, aucun scientifique n'a réussi à décoder le processus dans son intégralité et le créateur du code est peu mort. "Je n'ai vraiment pas envie de finir comme Ellis Sykes. - On se détend, Seno. Si les anciens employeurs de Sykes attaquent, ils vont juste arriver à s'attirer des ennuis et à nous mâcher le travail." Ellis Sykes était un brillant scientifique, sans doute un peu trop ambitieux et vénal. En effet, il avait fourni un faux diamant à ses employeurs de base, alors que le vrai tombait dans les mains d'une plus grosse entreprise. Le total des deux montants s'élevait à plus de trois millions de dollars. Mais celui-ci a eu la malchance de recroiser ceux qu'il avait floué, et on n'a retrouvé qu'un tas de corps brûlés composé du sien et de la fille avec qui il sortait ce soir là.
Selina continue son avancée, et arrive jusqu'à la zone d'exposition où nombre de convives et anonymes se pressent pour observer le fameux diamant duquel se dégage nombre de symboles mathématiques par réfractions. Ils semblent tous en émoi devant ces petites gravures ... uh pathétique. La jeune femme manque un râle avant de se remettre à boire sa coupe. Elle en a besoin. Elle voulait changer d'air, être loin de Gotham en se faisant tout de même plaisir comme elle l'entend, mais ... non. Selina Kyle est quelque peu sur la défensive, pas vraiment ravie, alors que ce casse se révèle exceptionnel. Vide, fatiguée, sans doute encore secouée par les derniers événements. À vrai dire, les journaux de Gotham ne démordent pas des derniers potins concernant leur enfant chéri, l'héritier Wayne. Bruce Wayne au bras de Jezebel Jet, la plantureuse, la magnifique top model, ancienne dirigeant politique du Mtamba. Autant dire que cela n'avait guère été plaisant pour la voleuse qui avait vu s'envoler une possibilité d'idylle sous prétexte que tout cela avait été orchestré par Hurt. De plus, ses rapports avec Spark avaient eu aussi volés en éclats, comme ça, du jour au lendemain, depuis l'affaire avec la supposée fille de ce fou de Dollmaker. Alors Selina a cru bon que disparaître de Gotham pendant plusieurs mois et faire quelques casses autant à Las Vegas, qu'à Metropolis, ou bien Hong Kong était plus préférable que de se rouler encore dans la crasse de Gotham. Et finalement la voilà dans la ville miroir, Star City. Super. Heureusement qu'elle fait ça pour l'argent à se faire.
"Ah. - Quoi. - Ils ont vraiment invité le gratin américain." La voleuse finit son verre tout en se tournant pour suivre le regard de Seno. Et que voit-elle depuis les écrans mis en place par les organisateurs de ce fichu concours pompe à fric ? Bruce Wayne sortant de sa superbe limousine. Seul. Selina arque un sourcil puis se retourne, indifférente. "Qu'est-ce qu'ils ne font pas pour faire part de leur vanité. Il ne manque plus que Luthor et nous sommes au complet. - Il paraît qu'après la remise des prix nous serons conviés à l'étage supérieur afin de discuter avec les gagnants. Votre ticket d'entrée a d'ailleurs disparu. - J'ai son passe droit. Et ne t'inquiète pas pour lui, il va très bien." Il est juste en train de rendre ses tripes dans des toilettes, tout simplement. Il devra sans doute partir en urgence avec l'aide d'un de ces charmants employés, afin d'être transféré en hôpital de proximité ou clinique pour ses violents maux de ventre. Selina se sert une nouvelle coupe de champagne, rattrapant l'un des serveurs pendant que celui-ci est aux prises avec des adolescents voulant tester un peu d'alcool. Oh non, elle en prend deux, guillerette en pensant au breuvage délicieux qui pour une fois ne semble pas trait des vignobles dégoutants de Californie. Pour le moment, elle ne peut rien faire. Tant que les cinq autres personnes impliquées dans le casse ne lui donnent pas de nouvelles via son communicateur, cette petite danse de faux semblants va continuer. Une danse qu'elle se complait à faire vivre, en filant, ondulant et tournant entre ces convives et ce public émerveillé. Elle a même réussi à voler la fameuse Patek Philip à chronographe, sans que son détenteur ne remarque la différence entre la vraie et le faussaire risquant de se casser ou rayer à la première mauvaise manipulation. Peut-être qu'elle devrait trouver autre chose à voler en plus ? Aller, Catwoman revient plus vite que prévu. Partons à la chasse.
« … et Bruce Wayne qui se rend à une soirée mondaine, aussi loin de Gotham ? Allons, maître Bruce, si ça continue je vais finir par croire que vous avez décidé de franchir le pas et de vous trouver quelqu'un. Maître Dick ne vous suffit plus ? »
« Bien tenté Alfred, mais nous savons vous et moi pourquoi je suis véritablement là. »
Il imagina sans peine, l'espace d'un instant, le sourire sardonique de son majordome, bien au chaud dans la Bat-cave.
« Et moi qui espérait vous faire oublier miss Jet. C'est raté. Ou peut-être qu'au final, vous vous en fichez, et que vous avez véritablement décidé de vous lancer dans une carrière politique. Je crois que c'est ce que le New-York Times a essayé de faire comprendre au monde entier. »
Bruce ne répondit pas immédiatement. La politique, très peu pour lui. Il n'avait pas le temps, pas l'envie, et certainement pas les capacités de s'y impliquer. Le Batman ne pourrait plus exister sans lui, et il ne laisserait certainement pas Dick et Barbara seuls avec les criminels de Gotham. Il avait confiance en eux, mais ils n'étaient pas prêts. Et surtout, ils étaient bien trop jeunes ; des adolescents entraînés dans cette guerre qu'il livrait chaque nuit aux Super-Vilains et aux criminels.
Non, ce soir, il avait juste saisi l'occasion de s'éloigner de Gotham, et surtout, de laisser le Batman loin... du moins d'une certaine manière. Il n'était évidemment pas là par hasard.
« Oh, on dirait que Bruce Wayne va faire une nouvelle entrée remarquée. Mais seul, cette fois. »
Bruce eut un sourire, en sortant de sa limousine. Il n'allait pas être seul, ce soir, et c'était évidemment parce qu'il avait planifié tout cela dans le dos d'Alfred qu'il voulait avoir sa réaction en direct. Mais son véritable but, au cours de cette soirée, était tout autre et il n'allait pas se laisser distraire.
De vives acclamations l'accaparèrent, alors que photographes, journalistes et autres cancers de la société se jetèrent sur lui pour espérer obtenir des miettes susceptibles de leur donner une prime. Motivés par l'argent, par la curiosité la plus malsaine qui soit, ces gens ne reculaient devant rien. Dans une autre vie, se disait souvent Bruce, il les aurait rangés dans la même catégorie que Falcone et le Joker. Mais comme il ne le faisait pas, en définitive, il se contentait de leur donner de fausses miettes.
« Tiens, tiens, mais qui voilà... »
La sensation ne manqua pas de passer dans tous les esprits ; la fille du président américain, jeune brune au corps en apparence sublime, arriva alors, tout sourire, se plaçant par la même au bras de l'héritier des Wayne. Un silence, de bien courte durée, lui prouva qu'il y avait une stupéfaction réelle parmi les journalistes. Le duo, le « couple » monta alors les marches le menant à l'intérieur de la réception. Ne pouvant parler à Alfred en toute discrétion, Bruce se contenta de lancer une phrase à l'assemblée :
« Comme vous pouvez le voir, je me lance dans la politique ! Je vise directement la Maison Blanche, j'ai déjà un pied dedans ! »
Des rires fusèrent, suivis d'un renfort d'acclamations et de questions toutes plus indiscrètes les unes que les autres. Fier de sa blague, Bruce emmena sa compagne du soir parmi les convives, tâchant de cacher son amertume sous l'amusement. Il n'était pas à l'aise à l'idée de mentir ainsi et de se servir ainsi d'une jeune femme qui n'avait rien demandé à personne ; mais le pragmatisme devait l'emporter. Il fonctionnait ainsi, et il continuerait.
It was only a bet Visiblement, l'arrivée de Bruce Wayne fait des émules et soulève nombre d'éclats de joie, ou d'autres choses qu'il ne vaut mieux pas citer tant ils débordent, dégoulinent d'une multitude de propos négatifs et insultants. Selina quand à elle profite du mouvement de foule et des regards tournés vers cette personnalité excitant toute cette populace pour subtiliser encore quelques bijoux et apparats forts chers. "Je vous vois, hein. Vous allez nous faire repérer avec vos conneries. - Ne fais pas genre, Seno. Tu seras bien content d'avoir ce petit pactole en supplément quand on en aura fini avec ce diamant. Fais pareil, ça détend." Seno rouspète un coup, mais elle n'a pas tort. Ils sont tous comme zombifiés, en train de tirer leur langue et de chercher de quoi apparaître bien auprès des grands pour paraître encore plus grand. En plus, avec un public de gens lambda servant de couverture supplémentaire, ils pouvaient se faire plaisir. Il se lance donc lui aussi dans cette petite chasse au trésor, visiblement plus enchanté par cette perspective que par le plus gros du larcin. Il échange d'ailleurs quelques regards coquins avec Selina qui parfois sort de la foule non loin de lui. "Je parie que je récolterai plus que vous. Je suis imbattable à cet exercice. -Tu es mal parti. J'ai déjà une montre à cinq millions de dollars dans mon sac. -Vous bluffez." Il voit qu'elle ne bluffe pas. C'est bien une Patek Philippe à chronographe qui est en sa possession. "Vous saviez que son propriétaire était là ? ! -Pense toujours à te renseigner, mon beau Seno. Mais belle prise. Cette broche bouche est moche, mais tu as de beaux rubis et perles de culture à revendre. -Attendez une minute ! Eh revenez !" Le jeune franco-africain commence à courir en direction de la brune, en espérant la rattraper avant qu'elle ne disparaisse encore dans la foule. Mais manque de chance pour lui, il ne fait que brasser et pousser quelques personnes sans intérêt au niveau de la dernière position de sa partenaire pour remarquer son absence. Elle réapparaît à sa vue un peu plus loin, non sans lui jeter un regard provocant et plein de défi. Seno pense être tranquille et pouvoir en apprendre un peu plus de cette voleuse qu'il admire avant de se rendre compte qu'il bute de tout son corps contre un couple semblant en pleine interview. En tout bien tout honneur, le jeune voleur vient de tomber nez à nez avec Bruce Wayne et sa compagne et de les gêner physiquement devant une caméra. "Oh. Euh. Veuillez m'excuser. Je ... vraiment je vous ai pas vus." Selina hausse grand ses sourcils en voyant à quel point le jeune homme ne s'en sort pas, autant dans sa palabre que dans sa sortie de situation inconvenante. Il est temps d'agir donc. Il est temps de parler comme une française presque au fait de son anglais. "Veuillez excuser mon compagnon, il n'a jamais eu l'habitude de se retrouver dans un événement alliant autant de public que de hautes personnalités." - Oui je suis quelque peu déboussolé. En France, nous n'avons pas autant de reconnaissance et d'ouverture envers le grand public." Le jeune homme tressaille légèrement en sentant cette proximité rapide entre lui et la voleuse. D'autant plus en sachant que cette robe blouse en satin et soie n'amortit guère la présence des peaux et des chairs de la femme contre son torse. Apparaît donc une Selina Kyle sous déguisement, aux yeux d'un bleu profond, parée de lunettes aux grands verres et aux grands cheveux noirs frisés parsemés de quelques mèches rouges. Ses yeux se posent un moment sur Bruce Wayne avant de s'en détourner avec beaucoup d'indifférence pour remettre en place la cravate de Seno, encore sous le choc. "Tu n'as vraiment pas pris l'habitude de ces grands voyages. J'éviterai d'en dire mot à ton père à notre retour, je dis cela pour toi." Seno sent son sang pulser, visiblement peu au fait de ce genre de situations, et encore moins quand une femme se met à le toucher et le manipuler ainsi, alors qu'il se retrouve peut-être grillé avec un bijou dans les mains. Mais heureusement pour lui, Selina le couvre et cache aux yeux des curieux et des caméras l'objet de son larcin. Mais il arrive finalement à se détendre en sentant qu'elle le touche aux points d'accupression utiles. Il est d'autant plus aux anges quand celle-ci l'embrasse sur le bas de la mâchoire. Un long et doux baiser. "Tu es vraiment un ange, ma chérie. - J'adore quand tu me le dis. Mais n'en abuse pas trop." Ils repartent ensuite bras dessus bras dessous comme un couple normal, en se jetant tout de même un regard amusé et un sourire en coin devant des américains médusés de l'excentricité de ce couple français supposé.
Maintenant près du buffet et hors de portée de la vue des curieux, les deux voleurs finissent par lâcher quelques petits rires avant d'entendre Jeff depuis leur communicateur. "Tout est en place à l'étage supérieur et dans les sous sol. On peut faire sauter quand vous le souhaitez les lumières et leur passer ce petit film des pires gamelles du Pingouin et du Joker pris par les caméras de sécurité. - Et le court circuit des portes ? -Encore en cours. - Aucune présence de ces abrutis du cartel ? -On a check les listes. Mais on planche encore sur les agents de sécurité et les serveur. Faites gaffe à ceux là." Pendant la conversation, Selina ne manque pas de montrer de plus près à Seno cette superbe montre faite avec amour par les plus belles mains du monde. Elle le lui cache dès que celui-ci tente de la subtiliser, et commence à marcher de nouveau vers le diamant, cette fois non accompagnée. Elle a sommé son partenaire de vérifier avec son oeil de lynx avisé les agents de sécurité et le personnel recruté pour l'événement en échange peut-être, de la fameuse montre. Arrivée vers ce diamant mystérieux, séparé par ces bandes en velours et tournant pour montrer ses symboles dans des rayons de lumière, elle contemple sa beauté en ronronnant faiblement et en imaginant la somme que cela lui vaudra une fois subtilisé.
« Rebonsoir, maître Bruce. Auriez-vous égaré votre charmante et jeune compagne ? Ou devrais-je dire votre malheureuse conquête ? »
Il était vrai qu'il lui avait faussé compagnie, sitôt la rencontre avec ces étranges personnes faite. Pour ne pas trop attirer les soupçons, il s'était plié au jeu des poignées de mains, des sourires hypocrites et suffisants, des compliments fades et faux, des promesses et des demandes mensongères, et des comparaisons arrogantes. Tout ici respirait – non, puait – l'argent et le pouvoir que cela procurait à ces hommes et ces femmes, venus pour une vente aux enchères qui ne pourrait probablement pas bien se terminer.
« J'ai cette chance, oui. Qu'avez-vous pour moi ? »
« Maître Dick m'a expliqué ce que vous veniez faire ici, et j'ai donc pris soin de surveiller un peu l'ensemble du bâtiment. Si toute une équipe de cambrioleurs se trouve effectivement en ces lieux, il sera peut-être difficile de les débusquer sans attirer l'attention. Et n'oubliez pas que votre nouvelle armure, terminée par Lucius ce matin, ne pourra pas être envoyée. Pas de Batman ce soir. »
Il le savait. Au fond, il le regrettait, mais c'était mieux ainsi. Il ne se sentait pas capable de faire sortir le Batman de Gotham, pas encore. Il savait qu'un jour viendrait où il aurait à le faire ; mais pas ce soir. Ce soir, il devait faire preuve d'intelligence, de calme, et rester Bruce Wayne, le multi-milliardaire excentrique qui était venu aux bras de la fille du président américain.
« Si vous pouviez accéder aux caméras de sécurité, ça me serait utile. Il y a des dizaines de personnes au même endroit, mais j'ai une étrange sensation. Les deux personnes avec qui j'ai eu une brève interaction, quand le bracelet de la fille du président a été volé. Elle ne s'en est même pas rendu compte. »
« Quelle sensation ? Vous avez eu un élan de sentiment pour une voleuse ? Peut-être voudriez-vous en faire la future madame Wayne ? Ou une autre conquête, soyons fous. »
Bruce eut un sourire factice, destiné à un photographe qui le suivait d'un peu trop près. Il parvint à s'en débarrasser peu après.
« Non, plutôt la sensation d'avoir déjà vu cette personne. La femme, pas l'homme. J'ai une très bonne mémoire, comme vous le savez, mais je n'arrive pas à me rappeler où et quand. Et il y a aussi autre chose ; ils se sont fait passer pour des Français, mais l'accent était trop... simulé. Bien travaillé, qui duperait n'importe qui sauf moi. »
« Hmm. Peut-être que par chance, vous avez trouvé la trace de deux cambrioleurs ? »
« Peut-être, oui. Il me faut de l'aide avec les caméras. »
Plusieurs minutes passèrent, jusqu'à ce qu'Alfred lui signale une porte, dans le fond de la pièce. Dick étant encore à Gotham, avec le majordome, Bruce allait devoir agir seul. Mais en s'approchant, il aperçut qu'on ne pouvait pas entrer par ici sans se faire remarquer ; il y avait quelqu'un qui montait la garde. Mais il eut un grand sourire en reconnaissant le jeune maladroit, et potentiellement voleur du bracelet de sa conquête du soir.
Un verre de vin à la main, il s'en approcha, avant de lui parler dans un français impeccable :
« Cette soirée aura ma peau, je le crains. Les enchères, très peu pour moi ! Vous avez pu voir ce diamant ? Il paraît qu'il est... magnifique. »
It was only a bet Seno se retourne vers son interlocuteur, quelque peu surpris de voir l'homme contre lequel il avait buté précédemment, venir aussi promptement à sa rencontre. Il n'est pourtant pas intimidé par sa présence car visiblement, l'homme ne semble pas montrer quelque grief envers sa personne. Ou alors, il le cache sacrément bien. Le franc-africain hoche la tête et sourit sincèrement au dénommé Bruce Wayne. "J'ai eu la chance de le voir un peu plus tôt, oui. Mais à vrai dire ..." Il tourne son regard en direction de Selina, toujours accoudée à l'une de ses tables aménagées près du fameux diamant. Belle, mélancolique, un peu rêveuse, mais toujours alerte si quelque chose d'intéressant passe et mérite son attention. Seno se gratte la nuque gêné, lâchant un rire nerveux comme le ferait un amoureux transi. "... ce n'est pas ce diamant qui trouve grâce à mes yeux." Bon, il est peut-être aussi charmé par la jeune femme et sa réaction dénote quelques sentiments vrais. Mais elle reste son aînée et son caractère fait qu'elle est difficile à approcher avec des mots doux. "Reste fixé sur ton objectif Seno." Preuve en est, la voilà qui la rappelle à l'ordre. Le voleur affiche alors un plus grand sourire avant de serrer la main du milliardaire d'une bonne poigne. "Olivier Kissita. Mon père est un grand négociant en fruits en Afrique, mais il n'a pas le même penchant que moi pour tout ce qui est technologies." Balancer de fausses informations qui ont pourtant germé sur internet avec toute une batterie de liens faisant état de votre soi-disant parcours, est tellement plus facile à faire que de dire la vérité. "Je m'excuse pour la bousculade de tout à l'heure. Ma compagne a eu certes le mérite et la douceur de s'excuser à ma place, mais il me semble plus raisonnable de vous le dire, maintenant que nous sommes en face à face." -Les gars sont prêts à faire éclater la petite bagarre entre les représentants de Software et Peer. Ça occupera en partie le service de sécurité en . - En tout cas, si vous voulez parler d'autre chose que d'enchères, de remise des prix aux jeunes inventeurs, ou de politique, je suis votre homme."
"Merci Seno." Selina est exaspérée. Pourquoi ? Parce que son partenaire est en train de bavarder avec Wayne comme si il était son copain de frasques. Pendant ce temps là, ce sont les autres qui font sa part de travail, en plus de celle qui leur a été déléguée. Selina jette donc les billes à aimants qui vont perturber le système de sécurité autour du diamant sur le sol avec beaucoup d'agilité et de discrétion. Elle part ensuite en direction deux des gardes afin d'investiguer sur leur possible affiliation avec le cartel. Il lui suffit de quelques frôlements pour découvrir leurs armes et reconnaître à la crosse du pistolet qu'il s'agit en effet des fameux membres du cartel. "Modèle Ruby, chargeur à la mexicaine." -Merde. T'avais raison Selina, ils se sont bien infiltrés ces cons. -Ils ont bien trop envie de reprendre ce qui leur revient soi disant de droit. On va devoir enclencher plus que le plan de la dispute entre les représentants. Gavin ?" -Ouais, j'ai capté leur radio, je lance un faux message direct." Le sourire de Selina s'agrandit. Eh bien voilà, on voit où sont les professionnels et ceux qui ont encore à apprendre de leurs aînés. "Tu peux faire une croix sur la montre Seno." Elle s'approche des deux hommes, ondulant de joie et d'énervement mélangés à tel point que sa blouse brille sous les spots de ses tissus raffinés. Le jeune homme se retourne, en recommençant à passer la main sur sa nuque tandis que sa fausse compagne le fusille du regard. "Je m'excuse d'interrompre votre conversation messieurs, mais Olivier m'a promis de tester ces casques de réalité virtuelle. À moins que tu ne veuilles encore parler femmes et commerce avec ton nouveau compagnon de soirée ?" - Pour une fois que je parle d'autre chose que de technologies. Tu m'as toi-même dit que cela devenait ennuyant. - Rectification, tu allais me refaire tout le programme en me gâchant le plaisir de la découverte." Soudain, alors que cette petite dispute de groupe éclate, tous les téléphones se mettent à sonner ou s'allumer pour divulguer la dernière information du jour. Le scandale du plagiat du dernier logiciel musique de Peer par Software fait mouche. Les deux représentants sont d'un coup englobés par la foule, et les écrans diffusent cette fausse information apparaissant en Breaking News. Bravo les gars. Nouvel appel. Mais cette fois c'est pour Seno, qui prend directement la liaison, étant donné qu'il s'agit de Gavin qui risque de lui faire passer un sale quart d'heure. "Veuillez m'excuser. C'est un appel urgent. Chérie, reste par ici, je reviens vite." La voleuse sourit, visiblement amusée de la situation. Scandale, gens qui crient, bousculade et disputes. Ils sont tous agrippés à ce petit morceau de pain épicé rajoutant quelques fausses couleurs à leur existence bien morne. Détrompez-vous, elle prend tout de même un air courroucé sans cesser de regarder Seno s'en aller au loin. "Je vois que vous avez aussi lâché votre compagne. C'est un trait commun que vous avez pu détailler lors de votre conversation ?" En face à face, de nouveau. Selina sait, en est quasiment sûre. Bruce Wayne et Batman ne sont qu'une seule et même personne. Elle se tait malgré tout, ne voulant pas se dévoiler trop tôt, et souhaitant qu'il se sente frustré, qu'il sente sa mâchoire se crisper au point qu'il en ait des crampes. Pour qu'il encaisse, endure cet échec. "Bon eh bien je crois que je peux dire adieu à ce test de réalité virtuelle en couple ... Bonne soirée, Monsieur Wayne." Bonne soirée. En rien sa soirée ne va être bonne. Selina commence à descendre, s'éloigner de ce beau brun qui essaie de garder son sourire de façade. Beau oui, ténébreux, qui se veut seul malgré les apparences. Oh et puis elle ne résiste pas. Il faut qu'elle se retourne, qu'elle le fixe de ce regard affamé et joueur. Pour lui dire simplement : "Meow." Et elle disparaît dans la foule avant qu'il n'ait le temps de réagir. Selina apparaît et lance avec ses hommes la deuxième partie de son plan d'attaque. Les voitures appartenant au cartel explosent non loin du lieu du concours, et les lumières s'éteignent. Il est maintenant temps de danser.
C'est un sentiment de surprise, mêlé à la confusion, qui règne dans l'esprit de Bruce alors qu'il fend la foule pour sortir en premier de la réception. Tout le monde a entendu les tirs, tout le monde a entendu les cris, et tout le monde sait que quelque chose de dramatique se passe actuellement à Star City. Tout ce beau gratin de la société fuit, par peur pour sa vie, par peur pour son argent. Oublié, le magnifique diamant, probable cible de toute cette altercation. Mais pour l'héritier des Wayne, ce n'est pas terminé. Car il fait enfin le lien avec certaines choses ; un peu tard, mais ce n'est pas irrémédiable. Cela contrarie simplement ses plans.
Car ce soir, le Chevalier Noir de Gotham va devoir apparaître, loin de sa ville. Pour la première fois.
« Alfred, cherchez un individu portant le pseudonyme Olivier Kissita. Un Français d'origine africaine. Cherchez également Selina Kyle, et comparez son image à celle de la compagne de ce gars. »
« Je vois que nous allons devoir envoyer l'armure. J'ai bien fait de faire décoller la Batwing peu après votre départ. Elle arrivera sous peu ; dirigez-vous vers le toit du bâtiment le plus proche. »
Bruce se mit à courir, personne ne lui prêtant attention dans la panique. A l'intérieur du bâtiment résonnaient les coups de feu échangés ; il allait devoir intervenir, et vite. Il y avait certainement déjà des blessés, ou des morts, mais il pouvait en empêcher d'autres. Et il devait arrêter Catwoman... car il était persuadé que c'était elle. Elle l'avait volontairement provoqué, et il était certain d'avoir vu juste. Il n'avait jamais vu le visage sans le masque, mais il avait déjà accédé à certains dossiers secrets le dévoilant. Et la comparaison était troublante.
« Monsieur, il existe des dizaines de possibilités pour l'homme dont vous m'avez parlé. Il semblerait qu'il ait agi sous divers pseudonymes ; trois, pour être précis. L'une d'elle, toutefois, fait référence au nom de Seno. Quant à la jeune femme... la ressemblance est assez troublante. On dirait deux sœurs. »
« Parce que c'est elle, Alfred. Catwoman est là. Je vais l'arrêter, elle et les autres. Et empêcher le vol de ce diamant. »
« Vous aviez envisagé d'attendre encore avant de sortir le Batman de Gotham, et voilà que vous faites une entorse à vos propres règles pour une femme. Allons bon. Si ça continue, vous allez la demander en mariage. Elle est charmante d'apparence, en tout cas. Tout à fait votre style. »
Ignorant le sarcasme de son majordome, Bruce parvint finalement au toit ; là, il vit la Batwing larguer un contenant aussi gros qu'une torpille de sous-marin. Le Chevalier Noir s'empara alors de sa nouvelle armure et, le masque sur la tête, sauta en direction du toit du bâtiment où se tenait la réception. Désormais, il se sentait différent, comme à chaque fois qu'il portait l'armure. Il se sentait plein et entier ; il était lui-même, totalement lui-même. Et il allait devoir agir.
Il y avait une verrière sur le toit ; c'est par-là qu'il entra. Ses scanners et ses divers gadgets lui permirent de voir l'ennemi avant même que ce dernier ne puisse y parvenir ; un agent de sécurité, armé d'une arme non-réglementaire, fut assommé.
It was only a bet "Vous vous en sortez de votre côté ? -On débarque dans cinq minutes sous uniforme policier de notre côté. La communication a été interceptée, ça vous laissera un temps supplémentaire pour le diamant. -Le cartel n'a pas prévu notre présence. Ça joue aussi à notre avantage." -Et les films sont prêts à être passés pour divertir la populace flippée. -Bien ! Je n'ai plus qu'à finir d'enfiler ma tenue et faire sauter les derniers systèmes de sécurité. Seno tu es prêt ?" -J'arrive avec le matériel. On a aussi vu un véhicule volant. Noir. -Oh. Dans ce cas préparez-vous, nous allons avoir Batman pour sa première sortie hors Gotham." Gavin se met à râler et jurer, ce qui prouve son amour inconditionnel pour le chevalier noir. Les autres font de même ou commencent à se poser des questions. Le justicier a une sale réputation dans le milieu mais, il reste un ennemi redoutable et un sacré tue business. Pour eux, c'est le pire imprévu qui soit. Bien pire que le cartel. "Je vais accélérer le mouvement. Seno tu te concentres sur la console pendant que je mets hors circuit la sécurité rotative. Préparez les deux évacuations secondaires et si Batman arrive vers vous, dégagez. Ça ne sert à rien de le confronter. -On restera en soutien avec notre fausse patrouille de police si jamais le cartel ramène du monde." On accélère la danse. Ce n'est pas encore contraignant et il n'y a pas de risques de croche pied ou de pied écrasé pour le moment donc, autant en profiter avant que cela ne soit impossible à suivre. Mener la danse est plus confortable que de la subir. Selina sort donc de son trou, parée de sa combinaison et des gadgets essentiels qui se trouvaient jusque là cachés dans un conduit des toilettes. Dès que celle-ci apparaît dans le viseur de Seno, le jeune voleur se met lui aussi à courir vers a zone d'exposition du diamant. Malheureusement, aussi rapides et doués soient-ils dans la course ou les réflexes, les deux compagnons de casse remarquent bien vite qu'ils sont canardés par des membres de cartel plus intelligents que le reste de leur groupe. Selina freine donc et accroche ses griffes sur le tapis rouge déroulé pour l'occasion. "Occupes-toi de la console, je te couvre." Le jeune homme hoche la tête et part, comprenant qu'il ne doit pas se déconcentrer et commencer à perdre les pédales dans un moment aussi crucial. Il a signé pour ce casse, alors il doit faire avec les conséquences et imprévus qui en découlent, comme Kyle.
En parlant de la femme chat. Celle-ci s'est donc lancée dans une mini croisade contre l'ennemi sud américain et ses sous fifres installés en Amérique pour laisser le temps à son partenaire de faire sauter le panneau du second système. Il faut l'avouer, l'idée est bonne, mais vraiment dangereuse. Imaginez des tirs nourris, de jolis modèles Ruby qui se pointent sur votre joli minois à chaque fois que vous osez pointer le bout de votre nez hors de votre zone de couverture et vous avez de quoi vous en faire. Pas idiote pour autant et surtout pas du tout suicidaire, la voleuse repère les points en hauteur dans le hall auxquels elle peut se raccrocher. Et donc ainsi espérer qu'avec cette prise d'altitude ses ennemis vont avoir plus de mal à la viser, en plus de la repérer. "Mmmmmh bien tenté ! Mais non, mes jolis. Prenez de la hauteur !" Elle se dégage ainsi rapidement, prenant ses appuis sur les surfaces grâce à ses gants pendant qu'ils tentent autant de grapiller du terrain que de surveiller toute descente de la femme chat. Selina commence par en mettre un à terre, en l'allongeant et l'étouffant entre ses cuisses. Elle glisse ensuite vers le prochain rapidement sans lui laisser le temps de la contrer, nez cassé d'un grand coup de talon dans le nez. Le troisième quand à lui la repère finalement et commence à tirer. Son tir fait en partie mouche, touchant la femme chat au bras sans pour autant la mettre en incapacité totale. Elle bat donc rapidement en retraite, utilisant cette fois son fouet pour s'élever. Le sang la trahit tout de même et l'oblige donc à rester à couvert. "Seno tu en es où bon sang ! -On entre. -J'ai réussi à en neutraliser deux. Il y en a encore cinq, mais ils n'ont pas atteint le diamant. Et Seno ne répond plus. -Merde tu crois que ... POLICE PERSONNE NE BOUGE ! J'AI DIT BOUGE PAS ! -Évite de parler de malheur. Je descends vers le diamant." Ceci dit, pendant que le reste de l'équipe venue jouer les faux policiers neutralise le reste des membres du cartel, Catwoman descend en direction de la zone d'exposition du diamant. Elle remarque rapidement la disparition de celui-ci ainsi que de Seno. Ok, donc. Soit, il s'est éclipsé avec le diamant et il risque vraiment très gros ce jeune idiot, soit celui qu'elle pense l'a en sa possession. Dans les deux cas, ça a le mérite de la mettre en pétard. Si ils perdent ce diamant, ils sont foutus. Leurs employeurs sont foutus.
Visiblement agacée et soudainement anxieuse, la femme chat jette des regards à droite et à gauche en espérant trouver une piste. Mais rien, rien n'est visible. Fais chier. Si elle trouve Seno avant les autres et qu'il se révèle coupable, il va prendre cher. Tellement. Cher. Alors qu'elle fait les cent pas et plus alerte qu'au début de cette confrontation, Selina sent une présence dans son dos. Et quoi de mieux au vu de la proximité et de l'usure de ses griffes d'utiliser le contact, pur et dur pour se détendre et aller droit au but. Elle décroche un énorme coup de poing sur la partie droite de mâchoire de son mystérieux adversaire. Et comment dire ... c'est plus dur que la mâchoire habituelle de petites frappes. Elle a aussi senti un de ses doigts se déboîter à cause du contact avec une surface métallique. "Rah m... !" Elle se tient l'index et le majeur. Bon, c'est plus qu'un doigt de mis à mal et plus qu'un simple déboîtement. En se reculant rapidement après ce semi échec, Selina toise avec beaucoup de colère son adversaire. "Batman." Crache-t-elle presque avant de mordre sa lèvre inférieure violemment pour palier à sa douleur. "Alors comme ça, on a décidé de prendre des vacances à l'extérieur de sa chère et tendre Gotham ? Comme c'est mignon." Elle jette quelques balles à fumée opaque et étouffante de sa main valide afin de brouiller les pistes. "Mais sache que si tu as le diamant, et mon compagnon, tu vas vite regretter tes vacances. J'a-do-rrre épuiser jusqu'à l'usure les hommes qui me font face. Mais ça tu le savais déjà non ?"
Inutile de vouloir poursuivre Catwoman ; elle a probablement filé, et dans son dos, Batman eut fort à faire. Des policiers qui se comportaient comme des criminels, et des agents de sécurité qui se comportaient comme des bandits de grand chemin. Star City était donc elle aussi une grande ville dédiée au crime ? Non, sans doute pas. Mais il y avait constamment des criminels dans les métropoles, et celle-ci n'y coupait pas. La richesse attisait les convoitises et attirait les gens peu scrupuleux.
Le Batman passe donc à l'action ; il neutralise un premier agent de sécurité, lequel hurle de terreur à la vue de son adversaire, tout vêtu de noir et en armure. Le Chevalier Noir est grand, imposant, fort, presque invincible. Nul n'a pu le battre, nul n'a pu le défier longtemps jusque-là ; il n'a guère connu l'échec, et il sait s'y prendre pour neutraliser rapidement tout un groupe de criminels armés. Ses poings sont assènent des coups violents, puissants, et directs ; ses pieds balayent et achèvent ; son corps et sa cape ondulent dans l'obscurité, vifs mouvements d'une danse sanglante et inébranlable. Nul ne peut, ici, arrêter le héros.
« Présence de trois autres individus infiltrés, à l'étage supérieur. Des agents de sécurité. Trois personnes en tenue de policier s'approchent de votre position. Ils ont l'air aussi hostiles que celui que vous venez d'abattre. »
Bruce ne répond pas, et se hisse au plafond pour attendre, patienter, pour tendre un piège. Il voit les trois faux flics se précipiter vers le corps inanimé de leur camarade, et examiner ceux des agents de sécurité. Des paroles sont échangées entre eux, mais elles n'ont pas d'importance ; pas plus qu'elles ne leur serviront pour apercevoir la chauve-souris qui leur tombe dessus. En une poignée de secondes, tout est déjà fini, ils ont perdu et ils le savent. Ils tentent de se rendre, mais trop tard. Seul l'un d'entre eux, terrorisé, se souillant lui-même, est épargné.
Batman le tient, fermement, et approcha son visage masqué de celui, pétrifié de terreur, du criminel.
« Parle. »
« Me fais pas de mal, s'teu plaît ! Pitié, j'te jure que j'vais tout te dire ! On est plusieurs sur le coup, on devait voler le diamant en infiltrant les lieux. Mais il y aussi ce cartel, là, qui s'en est mêlé, et du coup ça part en fusillade ! Promis c'est tout ce que je sais ! »
« Et Catwoman ? Qu'est-ce qu'elle vient faire dans tout ça ? »
« Je... »
Sa réponse est noyée sous les tirs nourris de trois hommes ; des membres de ce fameux cartel, sans doute, eux aussi vêtus en agents de sécurité, qui se mettent à tirer sur le Batman et son prisonnier. Ce dernier prends une balle dans l'épaule et s'effondre en hurlant, tandis que le Chevalier Noir se jette sur ses nouveaux adversaires. Eux non plus ne font pas le poids, eux non plus ne peuvent pas résister plus de quelques secondes ; mais par mégarde, Bruce se laisse emporter, et frappe un peu au hasard. Mal lui en prends, car il frappe le mur au lieu de son adversaire ; sa main craque, et il sent la douleur aiguë fuser dans son corps. Mais il repousse la douleur, abat cet ennemi, puis regarde autour de lui.
« Alfred, il en manque un. L'homme qui était avec Catwoman. Il a du voler le diamant. »
« Je tâche de faire vite pour le retrouver, maître Bruce, mais je tiens à vous prévenir : les vraies forces de police arrivent, et elles ne semblent pas très contentes de voir le Batman. »
It was only a bet "Toi.' Alors qu'il se pense hors de portée et prêt à partir sur sa moto préparée pour l'occasion, Seno tombe à terre, sent son menton se briser à l'impact et des griffes lui lacérer le crâne. Autant dire qu'il y a de quoi hurler de douleur et de quoi se sentir bien rabaissé. C'était d'ailleurs l'effet voulu par Selina. Qu'il sente au plus profond de son corps et des parties tendres et fragiles de son anatomie à quel point elle a envie de le briser par petits à coups. Une punition qui n'enchante que celle qui la donne, évidemment. "Laisse-moi deviner. Tu travailles avec le cartel. -Ah putain putaiiin ! Mais lâche moi. - Dis s'il te plaît." Il aura beau supplier, insulter ou même se montrer poli, maintenant c'est trop tard. Il a fait le mauvais choix et il va devoir en payer amèrement les conséquences. Ça passe d'ailleurs par un supplément j'écrase tes gonades du genou pendant que tu embrasses le goudron. De nouveau, il se met à hurler pendant que les mains de la femme chats appuient sur ses épaules et qu'elle met tout son poids sur son corps. Non, elle ne le lâchera, sauf si il essaie aussi de faire jouer son poids et ses muscles. Peut-être. "N'y pense même pas." Il tressaille. Il sent sur sa nuque la structure reconnaissable entre mille du taser. Elle ne rigole vraiment pas. Il l'a vraiment mise en pétard et ça ne risque pas de s'améliorer si il n'essaie pas de temporiser. Calmer le jeu pour mieux le retourner en sa faveur, c'est la clé Seno. "Ok, ok ! Vous avez raison. J'ai merdé ! Le cartel m'a proposé le triple de votre proposition et de me donner une position. - Une position. - Ouais une position. Dans leur branche vol comme chef. - Bien sûr et cette branche n'existe pas encore non ?" Il la sent chercher le diamant. Sans être confiante pour autant. Mais il tente quand même le coup en se retournant de toutes ses forces pour prendre le dessus malgré la douleur et le sentiment d'humiliation qui le parcourt. Cela lui permet d'envoyer un violent coup de coude en plein milieu de la poitrine de Kyle qui se retrouve éjectée un peu plus loin, et elle aussi en souffrance. Il enchaîne ensuite sur un coup en plein dans le ventre, sûr à présent de sa supériorité. "Tu trouveras pas le diamant, et je vais tellement te faire regretter ce que tu as fait, connasse." Nouveau coup, mais elle esquive et se remet sur pieds. Difficilement, mais elle est prête à en remettre une couche. Merde. "Je t'admire et tu es vachement belle Selina, mais l'argent est plus simple à avoir que toi dans mon lit. - Tutoiement et vulgarité. Tu vas trop vite Seno. Dommage ça aurait pu donner quelque chose pour plus tard." Et elle lance une grenade flash qui l'aveugle instantanément. "Espèce de ... !" Mais il n'a pas le temps de finir. Un premier coup dans ses gonades. Sa nuque de prise sous un genou et un aller simple vers le sol, à nouveau. Cette fois, sa mâchoire prend, son épaule se déboîte car elle a su prendre assez d'élan et y mettre assez de force pour que l'impact ait son petit effet boucher.
Au final, retrouver la piste de Seno n'avait pas été difficile. Il avait suffi de suivre le signal de son appareil et de le prendre en défaut avant qu'il n'atteigne son objectif. Non contente d'avoir mis à terre cet abruti qui a cru bon de les prendre à revers, elle souffre tout de même autant des récents coups que des deux doigts fracturés. "On a des gars à terre. Batman est vraiment un véner, merde. On s'est repliés avant l'arrivée des flics. T'as trouvé Seno, Sel ? -Oui. Penses à le mettre dans la liste noire dès qu'on est rentrés. -Oh le fils de ... ok. Ça m'apprendra à vouloir recruter des petits nouveaux sans grosse histoire. -Il a juste été attiré par l'appât du gain et une pitoyable position dans leurs rangs. Chef de voleurs et payé triple, ha." -L'abruti. Jvais le ... ! Ramène le qu'on le fracasse. -Tu en auras l'occasion la prochaine fois que tu le croises. Je lui ai implanté un traceur gps sous la peau. Mais tu ne le tues pas sinon je dis à nos employeurs de mettre une veille sur ton butin." -Ok. T'as raison ils ont dit pas de tuerie entre nous pour pas qu'on les repère. Je me calme. Et toi. -Eh bien..." À force de recherches, elle trouve enfin ce pourquoi elle a mis autant d'énergie et d'investissement. Le diamant des glaces. "J'ai notre bébé et un carrosse gratuit." Les membres de l'équipe se mette à hurler de joie, sans doute tous compressés dans le van, à moitié en train de se monter dessus malgré les blessures. "On se retrouve au triangle comme convenu." Enfin, l'euphorie est de courte durée pour la femme chat. Alors qu'elle cache le diamant dans une boîte et cache la boîte dans l'intérieur de sa combinaison à un endroit peu catholique, elle sent encore le chevalier noir arrive. Mains sur les hanches et restant à lui tourner le dos, Selina soupire d'agacement. "Tu sais, par moments il est plus sage de laisser un chat tranquille." Elle se pose ensuite sur la moto, en se mettant sur le dos, mains sur les poignets, et clés sur le contact. Le véhicule est juste positionné face au chevalier noir et l'on pourrait penser qu'allumer un deux roues en étant allongé sur le dos est une folie, mais la folie est parfois l'amie de Catwoman. "Sinon, il griffe." Le moteur vrombit et le véhicule part. Sa nouvelle propriétaire se tourne alors et prends le contrôle total du véhicule pour s'élancer, ne manquant pas de passer près du chevalier noir pour le bousculer et l'obliger à se décaler. "Tchao, Batman."
La moto a démarré en trombe, produisant son rugissement reconnaissable entre milles. Catwoman, dessus, fonce, file, et veut échapper au Chevalier Noir. Cet adversaire, cet homme qui se met encore une fois en travers de sa route ; ce n'est pas la première fois. A plusieurs reprises, tous les deux se sont affrontés, brièvement, l'une pour échapper à l'autre, l'autre pour empêcher l'une de voler ou de faire du mal à quelqu'un. Bruce activa un système situé non loin avec ses gadgets, d'un simple geste ; la moto s'écrase sur un pylône de sécurité brusquement dressé, et voilà la femme chat à terre.
« Tu n'iras nulle part avec cet objet, Catwoman. »
La cape flotte au vent, et le Batman se retourne de moitié, pour observer la jeune femme se relever péniblement. Il ne sait pas trop quoi penser d'elle. Elle n'est pas mauvaise, elle n'est pas détraquée. Elle a simplement un égoïsme et une fierté importantes, qui la pousse à voler. Elle est agile, douée, et magnifique. Elle a de nombreuses qualités pour réussir dans tous les domaines. Mais elle a vécu une enfance terrible, comme lui. Elle a longtemps été entre deux eaux avant de finalement opter pour une vie criminelle... mais pas dépourvue d'un sens, ni d'un but profond. Elle est orpheline, et par conséquent, se préoccupe de ceux qui n'ont pas la chance, comme elle, d'être des individus d'exception.
Elle a déjà été arrêtée par lui une fois. Elle s'est échappée, et la revoilà.
« Tu as attiré une équipe entière de cambrioleurs, tu as monté un coup pour dérober cet objet, ainsi que d'autres. Tu as déclenché une fusillade avec d'autres criminels, membres d'un cartel qui ne supportait pas l'idée de perdre son bijoux le plus précieux. Tu as inutilement mis des vies en danger, Catwoman. Et je ne peux pas te laisser faire ça. Tu vas devoir abandonner cet objet, et venir avec moi. A Gotham. »
Dans les rues, les sirènes retentissent. Les policiers de Star City ont du arriver sur les lieux de la réception, mais par chance, les deux sont à l'écart, hors de vue pour le moment. Batman achève de se tourner complètement vers la femme chat, et il s'approche doucement d'elle. Il a mal dans sa main, et il sait de quoi elle est capable ; Selina Kyle est une artiste, une acrobate. Elle peut lui filer entre les doigts avant même qu'il ne puisse bouger. Et pour cause... il ne sait pas s'il bougera.
Même là, il ne sait pas.
Quelque chose chez cette femme l'intrigue. La première fois, il l'a laissée partir. Il avait été permissif, pour une raison qu'il ne parvenait pas vraiment à identifier. Selina Kyle, orpheline comme lui, était-ce la raison ? Alfred n'avait rien dit, Dick non plus... mais ils l'avaient sans doute pensé. A vrai dire, lui n'avait cessé de penser à ça. Elle avait des buts précis, qui étaient loin des plans détraqués et psychopathes de personnes comme Double-Face ou le Joker. Elle était une personne essayant de survivre, avec un goût trop prononcé pour la luxure, et un brin d'avarice.
Il se dresse là, devant elle. Batman devant Catwoman. Immobile.
A l'aube d'une histoire qui court encore, dix ans après cet instant.
It was only a bet Il fallait s'y attendre. Comme si le chevalier noir de Gotham, le si vertueux, le si appliqué à se tenir à son petit blabla de justice à sens unique allait laisser filer une voleuse, de surcroit en possession du diamant que nombre de têtes à dents dorées crèveraient pour l'avoir ne serait-ce qu'un instant dans leurs mains. Elle ne fait que voler, voler à ces riches et ces égoïstes se croyant supérieurs à la plèbe. Elle vole aussi pour survivre, car c'est bien la seule chose qu'elle sache faire en dehors de ... de tapiner, charmer. Et Selina ne se voit pas baiser les pieds de ceux qui font preuve d'arrogance envers ceux qui les enrichissent par leur travail quotidien. Non, elle veut rester libre et les sentir souffrir, les voir démunis. Elle se permet parfois d'aider ces gens qui se disent justiciers comme ce ... Batman. Et au final, ils la remercient comment ? En leur renvoyant dans un moment presque tendre qu'elle ne sera rien de plus qu'une criminelle. "Je m'attendais à cette rengaine. Un peu comme avec Hush." Heureusement qu'elle avait eu la présence d'esprit plus tôt de sauter de la moto lorsque celle-ci a commencé à choquer contre le pylône, puis se renverser. N'est pas Catwoman qui le veut. Malgré tout, cette situation a le don de l'ennuyer en plus de la priver d'un moyen de locomotion utile pour arriver dans les Glades sans trop se fatiguer. Elle lui fait face, toujours fière, toujours sûre d'elle, arborant aussi ce petit sourire en coin qui montre à quel point elle se moque du discours de Batman. De tout ce qui l'entrave sur son chemin. "C'est vrai. Tu es tellement mieux que moi. Simple criminelle volant des diamants. Femme qui a tout de même réussi à immobiliser puis faire arrêter les membres d'un cartel avec quelques cambrioleurs. Ça a même eu le mérite de te sortir de ta zone de confort et de nous faciliter d'autant plus le travail, dans une certaine mesure. Je suis sûre que la police de Star City va aimer utiliser ce menu fretin pour obtenir de plus gros poissons. Si prévisibles." Oh que oui elle se vante, car pendant qu'elle parle, pendant qu'il ne se doute pas de son petit tour, activé pendant son discours, il fait face, subit, écoute.
"Je me demande ce que tu veux réellement, Batman." Encore quelques pas, elle s'avance pour qu'il puisse l'étudier de plus près, mais laisse une assez grande distance entre eux afin de s'enfuir ou esquiver en cas de besoin. Et elle sort cette boîte, à demi du bas de sa combinaison mauve, pour qu'il puisse voir où se trouve l'écrin contenant le superbe specimen taillé. Qu'il puisse voir la peau blanche à peine dévoilée de sa chute de reins. "Les drones arrivent sur toi dans six minutes. - Tu veux le diamant ? Alors tiens." Voyant qu'il ne bouge pas pour une raison qu'elle ignore, Selina se rapproche un peu plus et pose la boîte contre le torse du chevalier noir. Boîte qui glisse ensuite plus bas, dans un jeu de touche et de découverte des courbes de cette nouvelle armure. "C'est une nouvelle armure ? Première sortie et la voilà utilisée pour m'arrêter. Je me sens flattée." Toujours plus proches, et la voilà à lever la tête vers ce visage. Caché par un masque, à l'expression dure. Il se veut implacable pendant que son adversaire s'amuse, apprécie ce soudain moment de tension entre eux. Pendant qu'elle subtilise quelque chose dans la ceinture du justicier, et que la boîte remonte près de ces lèvres fermées, crispées. Le diamant se dévoile. "Regarde. Il est magnifique. Mais si mystérieux." La boîte se referme et disparaît pour ne laisser que le visage de Catwoman à la vue de la chauve souris. Elle hausse les sourcils. "Car il renferme un secret. Un secret allant bien au delà du symbole comme ..." Et elle enclenche les gadgets de la ceinture devant le nez de Batman, qui n'a que comme dernière vision le grand sourire de la femme chat. "Toi !"
Les drones arrivent. En ayant entendu Gavin depuis son communicateur, Selina a pu calculer le moment idéal pour parler, encore s'échapper et surtout, cacher le petit coffret dans un des drones. Au nombre de cinq, les appareils s'envolent, tous munis d'un coffret similaire pour laisser place au doute. Alors que les cinq appareils s'envolent, Catwoman elle, reste sur place, sans doute à la grande surprise du justicier de Gotham. Bras croisés, bien amusée par la situation, elle attend, et manque de rire tant il a l'air de ne pas comprendre la situation. "Te voilà face à une piètre situation. M'emmener, alors que tu sais pertinemment que je vais trouver un moyen de m'en aller, et, en sachant que tu vas perdre la trace du diamant. Ou, poursuivre les drones, sans savoir où se trouve la bonne boîte et me perdre de surcroit." En vrai, elle ne dit rien mais elle a toujours le diamant sur elle. Avec trois boîtes en sa possession, la femme chat avait prévu le coup au cas où l'on tente de lui soutirer le bijou. Elle tend enfin les mains, comme si on allait la menotter. "Penses à ta fichue justice plutôt qu'aux autres alternatives. Après tout, tu prends toujours les choses quand ça t'arrange non ?" À vrai dire, elle n'avait pas du tout apprécié le fait qu'il lui laisse supposer une certaine affection entre durant l'affaire Hush, avant de finalement la rejeter en prétextant qu'elle pouvait avoir un lien avec toute cette cabale. "Aller Batman. Quelle justice t'arrange le plus ce soir." Choisis. Sois. Même si cela t'agace, t'angoisse. Posséder, une ivresse inépuisable. Et ce soir, il faut savoir ce que l'on veut réellement posséder. Ce pour quoi l'on veut sans cesse s'enivrer.
Batman reste immobile, telle une statue, silencieux, tel un mime, et cogite dans sa tête sans être capable de déterminer ce qu'il désire faire, ou dire. Il observa Catwoman, ses yeux aussi froids et silencieux que son corps. Il ne cesse de voir la même chose, toujours, chez elle : il voit la même chose que chez Talia. Il voit une femme indépendante, caractérielle, qui sait ce qu'elle veut et n'hésite pas à user des moyens nécessaires pour l'obtenir. Mais la ressemblance s'arrête là. Selina Kyle n'est pas Talia Al'Ghul. Elle est moins cruelle, plus humaine. Elle n'est pas originaire d'un lieu désolé, endoctrinée depuis son enfance et ravalée au rang de successeur par défaut. Elle est fière, aussi, mais pas de la même façon. Elle est brisée, et s'est jurée de ne jamais tomber de nouveau.
En cela, elle ressemble autant à Talia qu'elle en est différente. Elle ressemble à Bruce, aussi, d'une certaine manière. Et elle est capable de le comprendre au-delà des mots, et il le devine bien aisément. Il leur a suffi d'une seule rencontre pour savoir que quelque chose les lierait à jamais. Ou peut-être que c'était une illusion de l'esprit ? Après dix ans de lutte contre le crime, le Chevalier Noir se rendait compte qu'il avait peut-être trouvé quelqu'un capable de le mettre en échec. Pas de la vaincre, non. Mais de le forcer à revenir sur ses croyances, sur ses propres bases. Il avait déjà fait, parfois, des concessions. Il avait déjà su voir le bien au-delà du mal. Mais pour autant, Catwoman et son attitude provocante étaient une force autrement plus redoutable.
Il n'en avait pas parlé à Alfred, à Dick ou à qui que ce soit d'autre. Quel intérêt ? Il ne se livrait pas sur ce qu'il ressentait. Il n'était même pas certain de ce qu'il ressentait lui-même.
Doucement, il finit par bouger. Il s'approche de la jeune femme, et pose une main sur les poignets tendus. La jeune femme fait certainement référence, indirectement, à une tragique histoire entre eux, il n'y avait pas si longtemps. Hush avait gâché beaucoup de choses, y compris ce moment. Et malgré son absence, il parvenait également à gâcher ce nouvel instant, où ils étaient tous les deux l'un face à l'autre, proches physiquement et mentalement. Il croisa le regard vert de la jeune femme, et malgré l'envie de sourire et de s'y perdre, il appuya avec sa main.
Pour lui faire baisser les bras.
« Pars. »
Elle est douée, terriblement douée. Mais il ne veut pas se battre avec elle, et plutôt que de s'avouer vaincu, il préfère éviter la confrontation. Il se détourne alors, et ne lui accorde plus un regard. Il sait ce que cela va provoquer chez elle ; et quelque part, une part mesquine de lui prends plaisir à le savoir. Mais il reste douloureusement partagé. Il prends peu à peu conscience de ce qu'il aimerait dire, de ce qu'il aimerait faire. Mais la douleur dans sa main endolorie revient à la charge, et il fait quelques pas pour s'éloigner d'elle dans l'obscurité.
Il finit par s'arrêter, tournant légèrement la tête sur le côté pour ajouter :
« Si ce diamant a tant d'importance pour toi, alors pars et garde-le. »
Et il commence à s'éloigner dans l'obscurité, incapable de répondre à cette question : Pourquoi ? Pourquoi la laisse-t-il partir alors qu'il se doit de pourchasser les gens comme elle ? Qu'a-t-elle de plus qu'il ne peut s'avouer, et ce contre quoi il ne peut lutter. Il connaît la réponse, évidemment, mais il est incapable de répondre.
Car ce serait avouer une faiblesse qu'il n'est pas capable d'assumer ou de dévoiler.
It was only a bet Selina reste interdite. Elle ne s'attendait pas à cette réaction de sa part. Pourtant, il lui avait rappelé plus tôt à quel point elle n'était qu'une criminelle à ses yeux. Et maintenant, il la laissait partir, comme ça ? Juste en posant sa main. Elle le fixe, fixe pour chercher une réponse alors qu'elle ne voit pas ses yeux, reflet de tant de sentiments et aspirations humaines. Rien ne vient évidemment, ce qui a le mérite de la perturber d'autant plus. Cela lui rappelle étrangement cette première fois, où ils se sont rencontrés. Rien en commun au premier abord et pourtant, si seuls, si sûrs que leurs choix de vie est le meilleur qu'il soit. Un conflit incessant entre deux idéaux de vie qu'ils cherchent à atteindre. Cette fois où aussi, sans qu'il le sache, elle l'avait vu souffrir, lui, la légende de Gotham. "Non. Je ne pars pas." Elle fronce les sourcils, contrite, agacée de voir que quelque chose cloche. Pas de poursuite, pas de débat. D'un geste il a changé la danse, détruit le plaisir qu'elle trouvait en le sachant agacé, tiraillé. "Tes ordres, tu peux très bien les mettre là où je pense, et bien plus encore, Batman." Elle sort finalement le fameux diamant, le prenant entre ses doigts avec tant de délicatesse, mais aussi ce soupçon de fausse maladresse dans le geste, menaçant de faire tomber le bijou. "Tu penses savoir beaucoup de choses, me connaître, connaître ce diamant. Mais te souviens-tu de ma phrase le concernant." Le secret du diamant. Un secret qui vaut bien plus que cette pierre gravée. Car en réalité les symboles gravés ne sont qu'un charabia de charlatan, cachant quelque chose qui vaudrait des millions pour toute personne en sa possession. Et elle le montre au Batman, en jetant le diamant à terre, en levant le pied pour en briser les contours déjà fêlés depuis le combat avec Seno. Et ce qu'elle en retire est une petite clé USB, qu'elle tient entre son pouce et index. "Les apparences sont trompeuses, comme les envies que l'on exprime oralement en circonstances inconvenantes." Elle finit par ranger la clé, non sans être venu vers lui pour la passer sous le nez, s'avancer en soupirant devant ses yeux. Selina s'étire, féline, bondissant ensuite contre les murs pour commencer à prendre de la hauteur. "Tant pis pour toi. Tu laisses passer une sacrée occasion sous ton nez. Bonne chasse à Star City !" Et elle disparaît.
Elle disparaît pour réapparaître dans les rues, de nouveau parée de sa tenue blouse de satin, sortant d'un taxi, radieuse, souriante, alors que l'environnement qui l'entoure n'a rien de radieux. Les Glades sont un bouge, le quartier le plus pauvre de Star City. Lorsque des enfants viennent courir non loin d'elle à ces heures tardives, Selina repense à ses sorties fréquentes, pour fuir son quotidien. Sa solitude, sa torture. Des choses qu'elle a l'impression d'avoir senties parfois chez le chevalier noir. Elle s'arrête donc, perdue dans ses pensées, et repense à cet instant où il l'a laissée partir. Pourquoi, pourquoi diable avait-il eu soudainement ce raisonnement, alors qu'avant, cela n'avait pas lieu d'être. Pourquoi, alors qu'elle pensait depuis le cas Hush, toute perspective avortée, qu'elle le croit être Bruce Wayne et amant de cette modèle claquant des milles et des cents devant la presse, il se mettait à agir ainsi. Sans doute de l'attendrissement. Si c'était le cas, elle lui arracherait les yeux de ses griffes. Ou alors est-ce du bon sens, de la confiance ? Mais il ne sait même pas qui sont ses employeurs alors comment ... toutes ces réflexions sont ennuyantes, et son coeur semble si tiraillé en cet instant. Serait-ce un piège ? Pourtant, en ce moment même n'est-elle pas en train de lui donner en partie ce que contient la clé sur cette tablette ? "Ça y est tu l'as ? - Oui. Il a vraiment cru qu'on serait assez idiots pour ne pas voir qu'il ne s'agissait ni du cartel, ni d'un vrai diamant. Décidément, Cobblepot mise vraiment sur les mauvaises valeurs." Elle lance la clé à Gavin, bien content de récupérer l'objet de leur collaboration en un seul morceau. "Le versement sera fait demain. Pas de questions sur les commanditaires, et Cobblepot devra se la fermer. Il te touche, nous touche tous, et il se retrouve jusqu'au cou pendant de longs mois. - Ne sois pas trop confiant. Il a de la ressource, comme pas mal de gens à Gotham." Et au vu des informations subtilisées, il aurait bien pu utiliser ce levier à son avantage pour s'en sortir, voir ... pire. Faire tomber nombre de grands noms, les faire chanter pour obtenir quelques faveurs. Une vraie bombe, maintenant désamorcée qui allait tomber dans sa globalité chez les services secrets du gouvernement, à coup sûr.
Cette histoire enfin réglée, Selina décide finalement de revenir sur les lieux du vol, en toute innocence. De là où elle est, elle peut voir nombre de personnalité et inconnus venus pour la soirée y aller de leur témoignage devant une foule de journalistes avides d'informations pouvant leur servir le gratin qu'ils mangeront le lendemain. C'est une vague de corps, de moulins de bras et de bouches s'ouvrant pour laisser passer une voix forte qui fait office de mouvement et action pour ce spectacle absurde. Bientôt c'est à elle d'être interrogée, pour connaître son avis, ses impressions sur ce crime. Elle joue le jeu, sans vraiment y prendre part. Plus préoccupée par le fait de savoir si Bruce Wayne a réellement disparu de la foule pour ... confirmer ses certitudes. Mais elle ne le voit pas. Le fait que ses certitudes semblent se confirmer la met à mal, la perturbe. Car de nouvelles questions commencent à émerger, alors qu'elle ne cesse de penser et repenser que le jeu dans lequel elle s'est laissée emporter avec ces journalistes de la Fox, en vaut plus la chandelle qu'une histoire de chauve souris agaçante.
Bruce Wayne émerge, escorté par un policier de Star City, du bâtiment criblé de balles, dévasté en son intérieur, frappé par le malheur et par l'arrivée du Batman. Très vite, les autres personnalités, regroupées à l'extérieur devant le cortège de flics, de pompiers et d'ambulanciers, peuvent se rendre compte que même l'héritier des Wayne n'a pas été épargné. Son costume est sale, couvert de poussière, et il est blessé à un bras : une estafilade sanguinolente et une main visiblement douloureuse. Il est pris en charge, rapidement, puis on lui apporte de quoi se désaltérer. Il sait, évidemment, ce qu'il s'est passé dans le bâtiment.
Puisqu'il est le Chevalier Noir.
Mais il ne dit rien de tout ça, il joue le jeu. Son petit subterfuge berne le monde entier. Bruce Wayne s'est caché durant l'altercation entre criminels, car il était occupée avec une demoiselle au moment des faits. Impossible de se rappeler de son prénom, de toute façon il ne les retient jamais. Quid de la fille du président ? Cette dernière s'est trouvée un autre cavalier pour la soirée, de toute façon, et elle est partie. Il répond aux questions, affirme n'avoir rien vu, et surtout pas le Batman. Non, il ne l'a pas vu. Et non, il n'est au courant de rien. Il fait semblant, trompe son monde, et il le fait bien.
Parce qu'il est le Chevalier Noir de Gotham. Venu à Star City pour arrêter des criminels originaires de sa ville ? Non. Venu parce qu'une criminelle précise de sa ville faisait parti du lot ? Non plus. Venu parce qu'on l'y avait attiré. Et c'était cette fameuse criminelle qui l'avait attiré, volontairement ou non, dans cette mélasse. Il s'était jeté dans la gueule du loup, et il avait été obligé de se révéler. Personne d'autre qu'elle ne saurait, évidemment.
Les yeux de Bruce se posèrent alors sur une femme, debout à quelques pas de lui. Elle ne semblait pas l'avoir remarqué. Prenant son verre d'eau de sa main valide, le milliardaire se leva et s'approcha d'elle. Il lui adressa un léger sourire, détaillant dans le même temps ce visage qu'il n'avait, désormais, aucun mal à reconnaître.
« Quelle soirée, hein ? »
Toujours souriant, il englobe le reste de la scène du regard, l'incorporant dans la conversation pour détourner l'attention du sujet principal. A savoir leur rencontre de ce soir. Avait-il véritablement envie de parler avec elle, cependant ? Sûrement un peu. Il ne la connaissait pas, ou très peu, en dehors de ce qu'il avait lu sur un dossier. Elle ne le connaissait sans doute que par son excentrique réputation. Il y avait eu quelque chose entre eux, jusqu'à l'épisode avec Hush. Peut-être était-ce le moment, une fois pour toute, d'enterrer ce passage maudit.
« Je vous préfère les yeux verts, vous savez. Ça ressort davantage avec vos cheveux sombres. »
Oui, je sais qui tu es, et tu sais qui je suis, semble-t-il lui dire. Il lui montre qu'il n'a pas peur de le révéler, car il s'en fiche. Car tout ceci n'est, de toute façon, qu'un immense jeu du chat et de la chauve-souris. L'un attrape l'autre, l'autre suit l'un, et ainsi de suite. Il en va de cette façon depuis leur première rencontre. Et comme ce n'est qu'un jeu de plus, il peut s'en contrecarrer complètement.
It was only a bet Le voilà. Face à elle, souriant de ce faux air jovial qui l'ennuie, mais auquel elle répond elle aussi par un merveilleux sourire, pendant que plus loin un enfant oublié par sa mère, qui est focalisée sur le fait de passer à la télévision, se met à hurler tel un cochon que l'on égorge. Comment peut-on emmener dans un tel truc un enfant. Autant ne pas en faire du tout et garder son indépendance pour se la jouer. Là on ne dirait qu'un ornement végétal qui a reçu le don de la paroles pour seulement faire saigner les oreilles des autres. "Oui, riche en rebondissements et en spectacles abjects en tout genre." Référence à ces matuvus et godiches qui se croient assez importants pour montrer à la face du monde leur détresse pour un talon cassé ou un doigt tordu durant leur fuite. Alors qu'ils sont en vie. Cela répugne Selina qui pourtant garde toujours cet adorable sourire. Car elle voit le verre à moitié plein, malgré ce qu'elle a fait, et malgré sa faute. Elle ne s'est pas déguisée à nouveau, ayant remarqué la disparition inopinée de sa perruque et de ses lunettes. Quelqu'un avait donc trouvé sa cache et fouillé volontairement le sac pour la mettre dans l'embarras. "Mais la nuit est superbe. Et ... douce, chaude." Elle tient aux apparences, bien qu'elle se sait dévoilée par le playboy de Gotham. Ce playboy même qui peu à peu lui semble trop beau pour être vrai. Plus elle le regarde, plus, elle le détaille et plus ses réflexions concernant Batman se recoupent. Mais finalement, c'est lui qui brise tout doute en lui annonçant ce qui restait jusque là un soupçon : il est Batman. Il est Batman et il l'affronte avec beaucoup de brio et de faux semblants, au milieu de ces badauds, policiers et journalistes, tous noyés dans leurs objectifs pour se sentir exister, ou bien faire exister les autres. "Je ne peux pas vous retourner le compliment. Comme c'est dommage." Un léger soubresaut au niveau des lèvres trahit sa moquerie. Cette moquerie issue du profond mépris, de la colère et de l'amertume qu'elle a ressenti en comprenant ce petit jeu de dupes auquel pourtant elle s'adonne si facilement. Mais cette situation n'est pas la même que celle endurée il y a de ça plusieurs mois. Le fait qu'il l'ait repoussée, sous prétexte qu'elle ait pu aider Hush dans ses plans pour affaiblir le chevalier noir. Le fait que sa relation avec Jezebel Jet soit intervenue après ces événements, lui plante d'autant plus une dague dans le coeur.
Selina regrette maintenant de lui avoir passé en partie les informations que détenait Cobblepot. Sur lui, Bruce Wayne, sur quelques autres têtes influentes de Gotham et même, des investisseurs généreux venus aider leurs comparses baignant dans les billets verts. Il ne lui reste plus qu'à l'affronter, à le fixer de telle sorte à faire transparaître à quel point elle le juge, à croiser les bras face à cet homme, qui tente on ne sait quoi. Mais qui arrive à la mettre à mal, bravo à lui. "Vous espérez des félicitations Monsieur Wayne ? Ou un baiser ?" Son sourire s'agrandit, à la limite du rire hautain. "Dans d'autres circonstances, cela ne m'aurait pas gênée. Mais je ne peux décemment pas faire cela en public. Pas devant ces caméras, alors que vous êtes en passe de régner sur les États Unis, après avoir eu votre petite ascension sur ... le Mtamba." Comment imager les petites parties de jambes en l'air du playboy à double identité, avec des pays. Fille du président et Jezebel Jet, vous êtes devenues des terres fertiles pour la gloire d'un homme. Désolée pour vous, mais on en est sûrs, vos intentions devaient ou doivent avoir le même genre de rapports pour votre homologue masculin. "Ce doit être de magnifiques voyages. Bien mieux que ceux que vous avez pu avorter à Gotham. Vous en avez fait le tour, après tout." Peut-être tente-t-il de faire un pas pour une fois, alors qu'il est l'adepte du recul habituellement. Mais cette fois, c'est elle qui recule et qui ne tient pas à de nouveau se faire avoir. À ne plus être autant dans l'affect et aussi ... aussi en dehors de ses principes de base.
Mais alors qu'elle pense avoir été assez acide pour qu'il garde ses distances, un détail ne lui échappe pas. Ce bras, ce bras qui ne bouge pas alors que l'autre semble en parfaite condition pour tenir ce verre. Il semble bien trop figé, un peu comme ses doigts avant qu'elle ne les fasse soigner par le personnel de secours, quelques minutes plus tôt. Elle décide de faire mine de buter contre une personne passant trop près d'elle pour ensuite faire mine de glisser sur un de ses talons et tomber ainsi sur le brun. Le verre d'eau vole bien entendu, la mouillant au passage, mais elle a pu s'appuyer volontairement sur l'épaule du bras supposément blessé pour sentir l'os brisé entre ses doigts. Cela la fige sur le moment, et pendant un petit instant Bruce peut voir de l'anxiété et de l'inquiétude fuser dans son regard jusque là empreint de moquerie. "On dirait bien que les États Unis ont eu raison de votre bras." Malheureusement, aussi inquiète soit-elle, la voleuse l'efface pour ne pas perdre la face et encore moins déroger au fait qu'il doive en baver. "Merci de votre aide, en tout cas et mes excuses pour votre verre d'eau. Vous avez l'air assoiffé." La main glisse et vient s'appuyer dans le bas du dos de l'homme, pendant que l'autre s'appuie sur l'épaule du bras valide. Et Selina se redresse, jouant l'innocente bien aimable et reconnaissante. Elle s'appuie ensuite une dernière fois sur le torse, non sans sentir un léger frisson la parcourir. Comme toutes ces autres fois, avec lui. Non, elle ne doit pas y penser. Tout ce qu'il faut, c'est lui faire croire, embrasser subrepticement le tissu mouillé du costume pour en retirer un peu l'eau, redresser la tête et faire croire. "Je vais aller chercher de quoi sécher ce petit accident, et en même temps vous reprendre un verre." Oui, elle doit mentir, faire croire qu'elle reviendra à ce salaud. Pour qu'il sente ce qu'est la frustration, quand un moment a été partagé. Pour qu'il voit à quel point cela vous laisse seul et déchiré au milieu d'un brouhaha infernal fait de votre environnement et de vos propres monstres intérieurs. Selina doit oublier le contact de son corps contre le sien, que ce soit ici, ou sous leurs costumes. Elle ne peut pas se permettre d'être blessée, encore. Ses doigts se détachent du tissu, glissent vers sa propre peau pour tenter d'essuyer ces gouttes. Ses yeux se départissent de cette chemise de costume mouillée, et de nouveau, elle s'étiole, désincarnée de ce qui fait d'elle cette femme sensible, pour n'être que cette voleuse utilisant ses charmes pour avoir ce qu'elle veut. "À tout à l'heure." Non. Peut-être. Malgré toute la volonté qu'elle met dans cette apparence, quelque chose vient la rattraper, lui dire de rester, lui ordonne de poser certaines questions à celui qui est Batman. Pourquoi agir ainsi, pourquoi Jezebel, pourquoi ce début de confiance puis cette attitude parano. Mais elle se détourne, souriante, si sûre, alors qu'elle sait qu'elle va le regretter. Elle s'avance lentement, si hésitante et au bord des larmes, larmes à l'image de sa tristesse et de sa colère qu'elle ressent envers cet homme. Pour enfin essuyer ses lèvres du pouce violemment, pour en retirer la sensation du tissu sur sa peau, s'en faire mal afin d'oublier ce coeur battant et cette légère inspiration de surprise qu'elle a pu sentir en posant sa bouche. Il croit savoir, tout sûrement. Suffisant, sûr de lui. Non content de l'avoir mis dans cette position, alors qu'elle se montrait à nouveau plus compatissante, ouverte. Elle n'aurait pas dû revenir ici pour jouer encore un peu, cela n'a fait que donner du pain béni à ce playboy se prenant pour le vertueux de Gotham.
Une infime hésitation se saisit de Bruce, alors qu'il constate que la jeune femme s'apprête à partir. Il ne sait pas vraiment ce qui va se passer, si elle s'en va, mais il est conscient d'une chose : il n'a pas vraiment envie qu'elle s'en aille comme ça, sans dire un mot. Il voit bien ses hésitations, ses regards fuyants, parce qu'il a les mêmes. Et tout ça, évidemment, c'est de sa faute. Il a laissé miroiter quelque chose, lors de cette histoire avec Hush, avant de soudainement tout plaquer d'une phrase froidement prononcée. Il ne se souvenait pas des mots exacts, car il avait voulu refoulé toute cette histoire.
Mais il se souvenait clairement de la déception chez Catwoman, et plus encore, celle qu'il avait lui-même ressenti.
Etait-il si faible, ou au contraire si fort dans ce qu'il faisait, qu'il fallait absolument que la personne dont il semblait s'éprendre durablement soit une criminelle ? Il connaissait beaucoup de choses sur Selina Kyle, mais pas parce qu'elle lui en avait parlé ; parce qu'il l'avait lu, vu, entendu. Il ne la connaissait pas véritablement, et on aurait pu tabler sur une simple et basse attirance physique, comme c'était le cas avec la quasi-totalité de ses conquêtes. Il n'aspirait à rien avec ces dames. Il savait que ce serait aussi idiot qu'inconsidéré de vouloir ça. Mais elle ?
Il la regarda s'éloigner légèrement, visiblement perturbée. Le trentenaire regarda autour de lui, sachant pertinemment que sa conquête du soir ne serait pas là pour lui, à l'attendre. Personne ne se souciait plus de Bruce Wayne pour le moment. Et de toute façon, il ne rentrerait pas avant demain après-midi à Gotham. Alors il pouvait peut-être tenter quelque chose. Une infime hésitation s'était emparée de lui, le temps qu'il pense à tout cela ; mais il n'hésitait plus quand il se mit en marche à sa poursuite. Oh, elle ne fut pas difficile à rattraper car il n'avait pas attendu longtemps. Mais de son bras valide, il vint lui prendre le sien, pour se laisser entraîner autant qu'il l'entraînait.
« Je sais que tu vas t'échapper, si ça continue. Et il y a quelque chose dont nous devons parler avant. »
Ils s'écartèrent un peu de la foule, mais pas trop non plus. Le but était de passer inaperçu, mais pas de disparaître. De ne pas être entendu, pas de conspirer, ni d'alimenter des rumeurs infondées et stupides. Il préférait aussi éviter une trop grande proximité physique ; car il n'était pas à l'iase avec ça. Il voyait son véritable visage pour la première fois, et leurs rapports costumés avaient toujours été... singuliers. C'était une approche peu commune, et avec laquelle le charme habituelle de l'excentrique Bruce Wayne ne fonctionnerait pas. Car elle n'était pas une femme à se laisser impressionner.
Pas par lui, ni par qui que ce soit d'autre. Et il mentirait en disant que ce n'était pas plaisant.
« Tout ça, ce petit jeu, là. C'est en rapport avec Hush, n'est-ce pas ? »
Elle ne répondit pas tout de suite ; c'était inutile.
« Tu crois... tu crois que j'aurais voulu tout ça ? Tu crois que je souhaitais avouer quelque chose, et qu'aussitôt après, je voulais tout retirer ? C'est de sa faute à lui, si c'est arrivé ! Je n'avais jamais rien dit, rien promis ; ce n'était que des gestes, des attentions, des choses involontaires... mais la vérité, c'est que je voulais ces gestes, ces attentions et ces choses involontaires. Et lui, il s'est chargé de semer le doute. Dois-je vraiment être à blâmer pour les actes de quelqu'un d'autre ? »
Il n'était pas en colère contre elle, mais bien contre cet homme, cet individu, ce gars qui avait semé, effectivement le doute entre eux. Bruce ne pouvait s'empêcher de se poser la question ; y avait-il quelque chose, involontairement mis au centre, qui s'était brisé par les paroles et les actes d'un égocentrique malsain comme Hush ?
It was only a bet Comment pouvait-elle être si en colère à cause d'un homme, de surcroit à l'image de tout ce qu'elle a toujours détesté. Non pas que de savoir que Bruce Wayne et Batman sont la même personne, mais qu'il se soit permis toutes ces réflexions, pendant toutes ces années. Des réflexions qui ont d'ailleurs fait mouche et fait disparaître la femme chat pendant de nombreux mois. Alors qu'elle se pense être hors de portée et rassurée par l'optique de le faire souffrir avec un faux espoir, Selina déchante bien vite lorsqu'elle sent son bras se faire prendre par un bras bien plus ferme. Autant dire que la jeune femme tente de ne pas se laisser faire alors qu'il l'entraîne loin des paires d'yeux indiscrètes. "Parler ? À ma souvenance, ce n'est pas un verbe qui fait partie de votre vocabulaire quand l'occasion de nous revoir survient." Elle tente de se débattre, en vain. Il est bel et bien décidé à "parler". Bien, si cela peut lui faire plaisir, et qu'il se sente exister en tentant de se justifier sur les tenants et aboutissants de ce froid entre eux, alors faisons-le. Selina finit par le sentir relâcher la pression et en profite pour dégager son bras. Maintenant libre de ses mouvements, mais encore aux prises de Bruce Wayne, elle l'affronte, mue de cette colère et de ce sarcasme on ne peut plus cinglant. "On se tutoie maintenant que les masques sont tombés ? Très bien. Alors non, si tu fais référence au cambriolage, et à mes autres casses ce n'est pas à cause de Hush." Son index vient appuyer entre les clavicules de Bruce. Il peut sentir cet ongle taillé et fin venir se planter contre sa peau sans aucune douceur. "Si toutes tes compagnes font en sorte que leur univers gravite autour de toi pour mieux te rendre apte à suivre certaines de leurs demandes, ça ne me concerne pas. Je ne suis pas ta poupée du jour." C'est en partie vrai. Elle lui en veut pour Hush, elle lui en veut de l'avoir jetée et accusée d'être à la botte de cette fichue momie à veste en pleine crise existentielle, elle lui en veut d'avoir aussi facilement tourné la page. Mais elle ne va pas s'arrêter de vivre parce que monsieur Wayne a décidé qu'elle jouerait le rôle du flirt éconduit en train de pleurer une occasion perdue.
"Tu as fait ton choix. Tu as préféré croire que Hush, l'Épouvantail, conspiraient avec moi pour te faire tomber. Alors que je me suis pris une balle, que j'ai sauvé ton fichu Robin de l'époque dans le seul but de t'aider. Toi et tes fichus principes !" Hush avait fait beaucoup de dégâts, et ce aidé de Nygma, de Crane et de nombre de criminels de Gotham. Des dégâts allant bien au delà de la mort de gens comme ce pauvre Harold Alnut. Cette fois, elle ne se retient plus. Elle lui met une gifle. Petite, rapide, mais assez puissante pour qu'il sente sa peau le brûler. La main part, chargée de cette colère et cette douleur qui règnent dans le coeur de la native de l'East End. "Tu es à blâmer Bruce. Parce que tu as préféré croire un criminel plutôt que de croire quelqu'un qui a saigné pour toi. Apprends à donner ta confiance aux gens, pour ce qu'ils sont réellement. C'est ce que je t'ai dit. Tu l'as oublié, mais moi je n'ai pas oublié." Le fait de l'appeler par son prénom ne la choque même pas sur le moment, jusqu'à ce qu'elle remarque autant cette claque qu'elle lui a mis, que ce fait. Qu'il a aussi un bras de brisé et qu'en cet instant, ce serait plutôt elle, qu'il faudrait blâmer. Selina plaque une main contre sa bouche, main qui file ensuite le long de son visage pour remonter jusque dans ses cheveux. Agacée, perturbée, peut-être aussi hors d'elle, ce sont toutes ces choses qu'il arrive à lui faire ressentir alors qu'elle se pensait maîtresse de ses propres sentiments. Selina fait quelques pas sur le côté, s'apprête à tourner sur elle-même en pesant le pour et le contre avant de revenir enfin vers lui. "Tu peux continuer à croire Hush si ça te chante Bruce Wayne, mais je t'interdis. Je t'interdis d'encore faire encore ton petit numéro pour obtenir ce que tu souhaites de moi. Non !!! Ne m'approche pas." Elle recule, en le voyant s'avancer vers elle et jette des regards anxieux vers le côté où se trouve cette foule qui se délecterait avidement du spectacle. "Tu peux continuer à croire Hush, monter Jezebel Jet, une pianiste ou la fille du président dans tes draps de soie en te mouillant de champagne, mais je refuse... Je refuse de t'entendre dire encore une fois que tu voulais tout cela." Ces baisers, cette confiance accordée alors que son Robin était contre. Cette façon qu'il a eu de la tenir après cette balle prise, au lieu d'aller courser Harley Quinn. Il avait tout éclaté en la prenant violemment aux bras pour la repousser alors qu'elle ne voulait que le réconforter et l'embrasser. Avait-il eu peur qu'elle le trahisse, qu'elle utilise quoi que ce soit contre lui en étant plus proche ? Au diable ses réponses car maintenant elle s'en contrefiche. Sa main descend jusque dans sa nuque et, d'un air suffisant, elle s'adresse à lui comme une femme sulfureuse et usant de ses charmes pour combler les vides de désir de a personne se trouvant face à elle. "Mais si c'est seulement mon corps et mes lèvres qui t'intéressent, il fallait être cash dès le début. On aurait même pu le faire en costume plus tôt dans la soirée." Dans ce brouhaha, la femme se cache. Elle s'oublie mais se tient droite et armée pour que l'homme ne tente encore de la blesser par des justifications foireuses. Elle se cache sous ce masque couvert de boue et de sang pour ne pas montrer sa nervosité, ses faiblesses. Peut-être se rabaisse-t-elle, peut-être qu'elle déçoit, mais au moins, elle est sûre de rester intacte.
Qui aurait pu croire que cette conversation était le point de départ de nombreuses années d'une relation compliquée ? Que presque dix ans après ces événements, les deux se retrouveraient, prononçant serments et promesses pour parvenir à surmonter leurs difficultés ? Car à l'instant même où Bruce s'apprête à ouvrir la bouche pour parler, il se retient, voyant parfaitement que la jeune femme en face de lui est dans le même état d'esprit que lui : elle le blâme pour des choses futiles, pour cacher sa propre honte. Tous les deux sont fautifs, alors ils se rejettent la faute.
Mais, fidèle à lui-même, Bruce parvient à rester calme. Il serre les dents, ferme un instant les yeux, puis se détend. Il sait que le conflit ne résoudra rien, que ça n'apportera aucune solution à leur dispute, à leur problème. Il comprends ce que ressent Selina Kyle ; mais on est encore loin de l'amour qu'il ressentira plus tard. Pour le moment, il n'est jamais qu'un homme droit dans ses bottes et dans son but ultime, et il a du mal à comprendre pourquoi quelqu'un comme elle parvient à exercer une telle attraction sur lui. Même involontairement. Car si tout ceci, entre eux, semble tourner au jeu et semble parti pour durer, c'est bien involontaire. Les deux font ce qu'ils peuvent pour éviter de voir la vérité en face. Ils ne le font pas exprès, pas totalement.
« Si j'avais voulu des choses aussi basses, je n'aurais pas attendu. J'aurais sauté sur l'occasion, et je ne me serais certainement pas attardé pour avoir cette conversation. Comme je n'aurais sans doute pas oublié, par inadvertance, de m'interroger en amont sur ce diamant. »
C'était la vérité. Peut-être qu'elle ne le croirait pas, et il n'en serait pas si étonné. Mais il avait soupçonné quelque chose dans ce goût-là, et la présence de Catwoman ; alors il avait pris la précaution de ne pas trop s'informer. Il ne comprenait pas vraiment ce qui le poussait à agir ainsi, à s'écarter autant de son chemin pour une femme qui ne semblait avoir rien d'autre que de la haine envers le monde ; mais il le faisait. Parce qu'il soupçonnait également que sous cette carapace, il y avait quelqu'un. Et que c'était ce quelqu'un qui le poussait à jouer.
« Je suis désolé pour tout ce qu'il s'est passé. Tu me croiras, ou tu ne me croiras pas, mais j'en suis navré. Je ne te connais pas, tu ne me connais pas non plus. Mais quand on a passé sa vie à combattre les pires criminels de l'existence, quand on a lutté malgré les coups les plus tordus pendant aussi longtemps... on fait des erreurs. »
Il était rare qu'il reconnaisse ses torts, aussi ouvertement du moins. Mais là, il n'avait pas de masque ; il n'avait pas non plus Hush pour se cacher derrière ses coups tordus. Il savait bien que Selina ne prendrait pas bien ce qu'il venait de dire. Leur discussion allait certainement s'arrêter vite, et rien ne serait résolu. Ils ne se croiseraient pas pendant des mois, et ils finiraient par se retrouver un jour, sur un toit, quelque part à Gotham.
Parce qu'au fond, tout ceci n'était qu'un jeu. Même s'il blessait, alors qu'il avait à peine commencé. Alors qu'il allait durer presque dix ans.
It was only a bet Bon dieu mais qu'est-ce qu'il cherche à la fin ! se demande Selina en le regardant droit dans les yeux. Dans ces yeux d'un bleu si beau mais si terne par moments. Des yeux qui cette fois ne sont cachés par aucun masque. Et, elle a l'impression d'avoir de nouveau en tête ses propres paroles sur le fait qu'il n'était pas vraiment là, lorsqu'ils se cherchaient au détour d'un casse pour elle et d'une arrestation pour lui. Le fait qu'il dise qu'il ne la connaît pas et qu'elle ne le connaisse pas ne fait que remuer un peu plus le couteau dans la plaie. Selina secoue la tête, agacée. "Bien sûr que je ne te connais pas. Tu n'as jamais vécu dans la rue en étant seul, à devoir survivre. Tu as perdu tes parents aimants, j'ai perdu des parents qui ne m'aimaient pas. Quand à tout ce que tu as monté, ce n'est pas parce que tu devais le faire comme tu veux te le faire croire, mais parce que tu l'as choisi. Et que tu le veuilles où non, sur ce point on se rejoint." Elle se tend se contracte, non pas pour se montrer plus grande que lui, plus à même de comprendre ce qui fait ce monde, mais pour le faire tomber de son piédestal et qu'il voit ce qui rend ce sol si crasse. "Mais ça ne me donne pas envie de te connaître." C'est faux. "Parce que je n'ai rien à faire auprès d'un homme comme toi. Je l'ai compris à force, merci de le rappeler encore une fois." Elle ne peut plus s'arrêter. Elle devrait partir, pourtant, arrêter. Mais Selina tient à ce que les choses soient claires entre eux. "Après tout, qui voudrait être avec une femme qui brise un bras hm ?" Oui, qui brise. On lui répète trop souvent qu'elle brise des vies, des gens, des lieux alors qu'elle ne fait que vivre au milieu de ce monde qu'ils ont érigé avec ses imperfections. Et ces imperfections, Selina les utilise, donne un coup de pied dedans pour que certains comme elle, trouvent leur place. "Là, ce n'est pas qu'une erreur, Bruce Wayne. C'est être aveugle." Elle se rapproche cette fois, pour le prendre au visage. Mains plaquées contre sa mâchoire, les yeux dans les yeux avec des souffles emplis de colère ou de consternation. Ils se rapprochent parce qu'elle le veut, parce qu'il le veut malgré tout. Pour voir, en chacun d'eux ce qui les rend si vivants. Le sentiment, la passion, la souffrance, l'envie, la survie. Chacun est fatigué, tendu, ils peuvent même sentir le parfum de leur peau se dégager suite à leurs nombreux mouvements dans la soirée. "Alors regarde bien. Regarde moi bien, Wayne. Car ce soir, si Hush n'avait pas été mis entre nous, j'aurai pu. J'aurai pu t'aider à soigner ce bras. Mais je vais laisser votre majordome s'occuper de ce contretemps, Monsieur Wayne." Malgré sa colère, malgré son envie de le faire plier dans ses foutues convictions et qu'il prenne conscience qu'il n'est pas ce qu'il prétend être, lorsque Selina agrippe ses mains contre ses cheveux ou sa peau, un frisson d'envie la parcourt. Sans doute est-ce à cause de la tension, ça ne peut-être que ça. Ça ne doit être que ça. "Après tout, je ne vous connais pas." Le vouvoiement est la dernière ancre pour sceller de nouveau la distance entre eux. Après tant de tension et de ressentiment, après ce besoin de déballer tout ce qui était dans son coeur, Selina fait mine de rire, alors qu'elle voulait lâcher une faible plainte. Elle avait l'impression de s'être débattue à s'en déchirer le coeur. Elle ne le connaît pas oui, pas comme elles. Et en cela, il a entièrement raison. Tous ces baisers, toutes ces poursuites, toute cette distance. Tout doit rester ainsi. La voleuse le relâche finalement après quelques minutes de silence entre eux, où ils n'ont fait que se fixer dans le blanc des yeux en espérant chercher des réponses. "Vous aurez des informations qui jusque là étaient détenues par Cobblepot, Monsieur Wayne. Sur vous, sur les Kane et d'autres grandes familles de votre entourage. Assurément, vous en ferez meilleur usage que la voleuse de ce diamant ou ses complices."
Et enfin, disparaît Selina Kyle. Qui part le coeur au bord des lèvres, les joues encore chaudes et les mains tremblantes en se souvenant de cette sensation sur leur peau. Au moment où sa silhouette disparaît, elle ne sait pas que quelqu'un va profiter allègrement de sa situation sentimentale pour lui arracher littéralement le coeur. Et qu'adviendra pour elle, de sombres années où elle devra se reconstruire après avoir été brisée. Des tourments, des doutes bien plus forts qui la mettront d'autant plus à rude épreuve comme si il s'agissait d'une évolution dans le niveau de difficulté, maintenant qu'elle est censée être plus aguerrie. Ce soir, elle l'oubliera. Elle oubliera qu'elle aurait voulu être une femme comme les autres, à dire qu'elle aime, et jalouse, qu'elle veut au lieu de ne pas vouloir. Elle n'oubliera pas néanmoins cette sentence irrévocable, cet aveu douloureux, après tant de choses partagées, qui finalement ont été tuée dans l'oeuf à l'occasion propice : il ne la connaît pas. Il n'a jamais voulu la connaître.
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