Too perfect for ya Cette journée est complètement dingue. Aussi dingue que le fait de sentir son coeur à nouveau guéri, sans que certains battements ne soient que es fantômes de sentiments, ou le souvenir frappant de certains instants. Bras levés, la démarche assurée et parfois dansante, c'est une Selina Kyle de nouveau complète qui entre dans le Riverfront Center, pendant ce petit événement organisé par ses soins, sous un faux nom. Elle en rit, quand elle entend les gens s'émerveiller face à cet espace d'attraction créé à l'intérieur même du complexe commercial. Elle glousse quand elle voit ces enfants sauter dans cette piscine se trouvant dans l'aile est qui est ouverte à tous, à moindre prix. Après les quelques refuges ouverts et des dons aux orphelinats de Los Angeles, elle se sentait euphorique. "Un galaxy hot dog s'il vous plaît." Soyons folles. Aujourd'hui, si elle pouvait tester tout ce qu'elle n'avait pas pu tester jusque là dans ce grand complexe, elle le ferait. Ses Ray ban sur le nez, un grand chapeau blanc sur la tête, il était difficile de la reconnaître, ou même de comprendre qu'il s'agissait de la bienfaitrice du jour. Bien entendu, Selina étant ce qu'elle est, le vol des bijoux n'a pas de secrets pour elle dès qu'elle passe une porte de joaillier. Et aujourd'hui, la victime est ! Boucheron et cette superbe bague sertie d'un immense sapphire, à l'anneau entouré de perles de cultures. Bien évidemment, elle l'enfile sur son majeur. Magnifique.
"Excusez-moi , mademoiselle." Alors qu'elle s'apprête à monter vers l'étage menant à la piscine, quelqu'un l'arrête. Selina se tourne et jauge ce jeune homme armé de son appareil photo. Soit un paparazzi, soit si il a un peu d'estime pour son boulot, un journaliste. "Je vous ai vu sourire tout à l'heure et je voulais vous prendre en photo, pour illustrer les pages du magasine pour lequel je travaille." Donc c'est un journaliste. Tant mieux. Cela l'aurait contrariée de savoir que ... attendez il vient de lui faire un compliment ? Selina croise les bras et lui adresse un sourire moqueur. La méthode la plus bateau pour recruter des modèles ou futures actrices. Encore, il restait sobre dans son propos, par rapport aux recruteurs japonais. "Bien sûr, mais vous allez devoir me suivre." La suivre jusque dans la piscine, aux allures de mini plage. Plage dans laquelle pas mal d'enfants sont déjà en train de faire les quatre cent coups devant le regard paniqué de leurs parents. Cette partie extérieure, avec vue sur le port vend du rêve, donne la possibilité à tous ces gens de tous horizons de venir profiter en plein été d'un espace qui normalement leur est interdit à cause de leur petit budget. "Bien, est-ce que vous pouvez vous appuyer contre le rebord ? - Facile." Trop facile. Mais elle évite durant la séance photo de sourire, en voyant que tout le monde les regarde avec beaucoup de curiosité. Sans son chapeau et ses lunettes, il était facile pour certains habitants de l'East End venus sur place, de reconnaître la voleuse. Ils ne disent rien cependant, se moquant d'elle silencieusement pour la taquiner, jusqu'au moment où un des enfants arrose de son pistolet sa tenue. Il essaie alors de s'enfuir, suivi de près par la femme chat qui au détour d'un palmier pousse le malandrin dans l'eau. Fière de son coup, elle regarde un moment l'arroseur arrosé avant de se rendre compte qu'elle a laissé en plan le photographe. Le pauvre, tant pis.
Mais alors qu'elle pensait cette journée bien engagée, sans que son événement ne soit pris d'assaut par ces imbéciles de riches de Gotham, elle entend malheureusement le nom de personnalités fuser non loin de la sortie de la piscine. Ce qui a le don de fortement la contrarier.
Madame Vodyanova ne nous a pas encore embelli la journée de sa présence, mais m'est avis qu'elle ne tardera pas. C'est grâce à sa bienveillance que nous avons pu monter ce projet.
"Et grâce à mes petits coups de pied dans ta fourmilière, gros pourri." Chuchote-t-elle, pendant que le gérant actuel du complexe fait des pieds et des mains pour paraître le plus vendeur à toute cette clique de charlatans. Selina reste là, à les regarder s'avancer sous la surveillance de gardes du corps et les assauts répétés de journalistes voulant les interroger. Les gens venus faire du shopping quand à eux ne comprennent pas ce qu'il se passe, étant donné qu'ils pensaient cet événement fait pour le public, et non pas pour rameuter l'élite de Gotham. Selina est bien vite rattrapée par son assaillant précédent, qui se remet à la mouiller sans vergogne. "Eh !" Soudain, lui vient une idée. "Donne moi ça, juste un instant." Le petit lui donne son pistolet, sans trop comprendre ce qu'elle s'apprête à faire. Alors il regarde par dessus la balustrade et écarquille les yeux en voyant qui visait Selina. "Prêt ? Baisse toi !" Et elle tire depuis le rebord sur cette procession, sans que les victimes de son acte ne puissent voir qui les agresse. Les deux fautifs partent donc de nouveau vers la piscine pendant que des hurlements d'indignation se font entendre.
Une journée ensoleillée à Gotham, c'est comme à Boston ; les enfants sont heureux, les adolescents s'en foutent, et les adultes, ceux qui sont habitués , s'en méfient comme la peste. On se méfie de ce soleil éclatant, de ce ciel bleu, de cette douce chaleur qui vient réchauffer le corps et l'âme et qui darde sur vous un sentiment de sécurité mal venu. Gotham en plein jour est une ville dangereuse, même si on est encore loin de la terreur nocturne. Néanmoins, des gens sont agressés tous les jours de la semaine, et même le weekend, pour des raisons aussi futiles que la futilité elle-même. Tout cela n'a, toutefois, nulle importance aujourd'hui.
Bruce se fiche pas mal de tout ça, car il est venu plus ou moins incognito en ces lieux. Vêtu d'une tenue qui ne lui ressemble pas le moins du monde (lunettes de soleil, chemise hawaïenne, short de bain), il sirote tranquillement un cocktail en observant les enfants jouer, les parents discuter entre eux tout en essayant de garder un œil sur leurs garnements, les personnalités venus brosser leurs images. On est à Old Gotham, après tout, et il faut savoir se faire bien voir. L'idée d'installer un projet aussi animé et aussi singulier en plein des centres commerciaux, même pour la saison, c'était osé.
Il ne cherche personne en particulier, bien sur, mais il reconnaît quelques noms. Du gratin de Gotham, et du moins beau aussi. Outre les simples, les gens moyens, qui profitent d'un événement joyeux et bienvenu, il y a les journalistes, qui ne manquent pas de s'interroger sur où se trouve la personne qui a soulevé les fonds nécessaires. Car avoir l'approbation de la mairie et du centre commercial, c'est déjà bien. Avoir l'argent, c'est encore mieux. Et il y a beaucoup de choses, ici, et pas que pour les enfants.
« Ah, c'est donc ici que vous vous trouvez, monsieur Wayne. »
Un homme, noir de peau, au costume impeccable, s'assit à la même table que Bruce. Ce dernier tourna la tête vers le nouvel arrivant, avec un sourire charmant. Il fallait continuer de jouer les touristes, car il n'avait pas envie d'être embêté aujourd'hui. Il était ici pour assister à une réussite. Pour voir qu'il avait eu du succès, derrière le masque.
« Tout ceci n'aurait sans doute pas été possible sans votre intervention, il y a trois nuits. Mais est-ce véritablement une raison pour rater la réunion de votre entreprise sur son bilan fiscal ? »
« Absolument, Lucius. Je profite de ma journée libérée pour m'assurer que tout se passe comme je l'espérais. Ce que le Chapelier Fou voulait faire ici devait être stoppé ; c'est chose faite, et nous pouvons tous en profiter. Mais dîtes-moi, vous êtes également en train de rater cette réunion, non ? »
« Pas le moins du monde. Bonne journée, monsieur Wayne. »
Et il partit, aussi simplement que cela, se fondant dans la masse. Même pour Bruce, qui était pourtant un maître dans cet art, était perplexe. Lucius Fox parvenait à venir et disparaître partout, sans difficulté. Mais peut-être aussi parce qu'il savait d'avance comment entrer partout.
Il laissa ces considérations de côté. Il vida son cocktail, laissa un généreux pourboire puis se dirigea vers l'aménagement de l'aile ouest : conçu pour les adultes, et éventuellement les adolescents, il s'agissait d'un grand complexe dédié aux super-héros et à leurs ennemis. Des mimes, des photos, des textes déroulants, des vidéos, et même des statues en résine, à l'effigie des meilleurs et des pires, s'y trouvaient.
Et il y était curieux de voir ce qu'on dirait de lui.
Too perfect for ya Ainsi donc, cet immense complexe commercial recélait d'autres petits aménagements. Alors qu'elle entre dans l'aile ouest, après avoir laissé son partenaire de crime repartir dans la piscine, Selina finit par être soudainement attirée par les sculptures, les dessins qui ont été placés ça et là pour dresser le portrait de certains grands noms de Gotham, qu'ils soient respectables ou non. Elle s'arrête d'abord devant la statue de Flash. Rouge. En même temps, son costume est fait à quatre vingt dix pour cent de rouge. Difficile de faire plus ressemblant. Ils ont peut-être raté quelques détails au niveau du menton ou du casque mais dans l'ensemble, c'est acceptable. Ses yeux se posent ensuite sur les vidéos prises du Flash. Faites bien évidemment de passages d'éclairs rouges et de captures de quelques secondes du héros lorsque celui-ci s'arrête déposer quelques victimes par ci et par là. Quelques pas plus tard, la voilà devant Harley. Elle reste un moment devant, bras croisés à remarquer où les sculpteurs, photographes et autres soi disant artistes ont trouvé leur inspiration. Écoeurant. Elle continue sa marche, se détourant du Joker qu'elle finit par connaître et, bien entendu, si la statue est ratée, il vaut mieux ne pas la juger pour donner de manière intentionnelle du cachet à ce bouffon sanguinaire. "Eh t'as vu ? C'est Batmaaaan ! - Batmaaaan !" Les deux enfants criant le nom du chevalier noir piquent un instant sa curiosité, bien que le nom évoque aussi d'autres aspects moins sympathiques pour la jeune femme. "Il combat le crime la nuit, c'est ce que la télé de maman dit - Papa dit qu'il est dangereux chez moi. Je préfère BlackLightning. Tu as vu comment ses éclairs sont trop bien ? Je voudrai faire pareil ! Brrruuuu !, dit le gosse en agitant ses mains en l'air. - Pouah trop facile avec des pouvoirs. Et il est pas dangereux ! Il laisse les gens vivants ! - Mais. Mais sur les vidéos on le voit casser un bras. C'est dangereux ... même si il est cool à côté de Superman et Wonder Woman ... - Cool ? Moui. Si on oublie qu'il casse des bras, bien évidemment." Les deux enfants se tournent vers cette grande personnes, dont ils ne voient au départ que les deux grandes jambes montées sur une paire de sandales noires à talons et lacets. Finalement leurs petits yeux rencontrent ceux de cette femme qui vient de retirer ses solaires et son chapeau, pour elle aussi les regarder. "Il casse des bras, pend des criminels par les pieds en les faisant hurler. Il prend même une grosse voix bien caverneuse pour vous faire peur. Donc attention à vous, si vous décidez de devenir des vilains petits canards. - Comment vous savez tout ça ? Vous l'avez déjà vu ?" La jeune femme leur fait un grand et adorable sourire. "Qui sait. Je suis peut-être même une vilaine fille." Puis, une fois son chapeau remis, la mystérieuse inconnue s'en va, laissant les deux bambins la regarder partir, confus pendant un instant avant que l'un d'eux ne se mette à réagir. "Eh ! J'ai plus le batarang qu'avait Batwoman en main !" Normal, Selina Kyle l'a chipé à la petite voleuse. Tel est pris qui croyait prendre.
La jeune femme se pavane donc, batarang en main, pendant que les gardiens de ce pseudo musée viennent enguirlander les deux gamins. À croire que leurs parents ne leur ont jamais appris à toucher avec les yeux dans certaines circonstances. Au moins, ils ont l'air d'avoir des parents, au vu des deux couples qui se jettent sur eux en les rabrouant. Au moins, ils ont une enfance, des rêves innocents et encore beaucoup à apprendre, pas à pas. Pas comme Selina. Il n'y a plus qu'à espérer que cette petite soufflante leur aura appris deux ou trois petites choses. "Pour une fois que je remets quelque chose à sa place. Ou ... presque." À vrai dire, la Batwoman sculptée était censée tenir son batarang depuis sa main. Malheureusement, par manque de vision et aussi parce que notre chère voleuse était pressée par le temps de rotation des caméras, le batarang n'a pas atterri sur la main mais ... sur sa tête. Les pointes des ailes sur la tête. Bon, en soi, ça lui fait une couronne ! et ça lui donne un air moins austère. "Je peux savoir ce que vous regardez ?" Bras croisés, sourcils haussés mais les yeux toujours rivés vers les écrans montrant les exploits de la Justice League à Gotham, Selina s'adresse à l'homme se trouvant sur sa droite. Un homme affublé d'une chemise hawaïenne et d'une paire de lunettes de soleil cachant quelque peu son profil. "Vous regardez certes avec beaucoup d'attention ces vidéos, mais je ne suis pas dupe. Vous me dévisagez comme si j'étais fautive de quelque chose. Vous aurai-je déjà vu quelque part, et contrarié lors d'une soirée ? " Rester évasive, toucher dans l'égo masculin. Le meilleur moyen de se débarrasser d'un importun.
Bruce se comportait de plusieurs manières. En public, il avait tendance à être excentrique, exubérant, au-delà de toute convenance sociale due à son statut d'un des hommes les plus riches de la planète. Il n'avait pas de patience pour la bureaucratie et se moquait souvent des institutions et des coutumes pour donner l'image d'un homme qui préfère s'amuser plutôt que de devenir fou à cause de sa richesse et de ses responsabilités. Evidemment, ce n'était qu'une façade. Au naturel, il était réservé, souriait rarement, et parlait avec un détachement certain. Alfred et les garçons étaient ceux qui faisaient le plus les frais.
Lorsqu'il était Batman, c'était différent. Il était froid, pragmatique, sérieux. Il ne tolérait que difficilement la contestation, car son intelligence faisait souvent de lui celui qu'il fallait écouter ; même si les avis des autres comptaient toujours à ses yeux. Et lorsqu'il était avec Selina, c'était encore différent. Il ne savait pas sur quel pied danser. Il n'avait jamais réellement su. Mais la voir là, détendue, hors de son costume, dans une chose aussi banale qu'un événement dédié aux super-héros, aux enfants et à la joie toute simple, c'était plaisant. D'autant plus que son camouflage était véritablement efficace, si elle ne l'avait pas reconnu.
Il se contenta donc de ricaner, puis de s'éloigner dans la partie concernant Superman. On était à Gotham, et non à Metropolis, aussi le Kryptonien n'avait-il qu'une petite partie de l'exposition pour lui. La part belle était faite à Batman et ses alliés. Mais pour autant, en voyant la statue de Clark, Bruce ne put s'empêcher de ressentir un étrange mélange d'émotion. Stoïque, alors que des parents et leurs enfants se pressaient devant lui, l'alter-ego du Chevalier Noir se demandait ce qu'il en serait si les choses avaient tourné autrement. Plus d'une fois, il avait ressenti l'envie d'écarter la menace que représentait Superman. Plus d'une fois, il avait vérifié que sa cache secrète était toujours secrète.
Personne d'autre que lui ne savait où elle était. Et c'était bien ainsi. S'il venait à mourir, il se trouverait bien quelqu'un pour la retrouver ; et alors, cette personne saurait quoi en faire.
Il continua ensuite sa route, prenant une passage une glace trois chocolats pour se donner encore plus l'air d'un touriste. Il ne savait pas où était passée Selina, mais il ne doutait pas qu'il la recroiserait avant la fin de sa visite. Tel un aimant, tel un chat ne pouvant résister face à une souris, elle était incapable de résister à l'envie de le titiller. Il en avait toujours été ainsi, et il était donc très improbable que cela change un jour. Aussi douloureuse soit cette situation, Bruce savait qu'elle durait depuis longtemps, et qu'elle continuerait sans doute de le faire.
« Oooh, regarde, c'est Nightwing ! Il est trop classe ! »
« Ouais, grave ! Mais il est pas meilleur que Batman ! Après, il est peut-être plus jeune, aussi, du coup c'est quoi ? Une sorte d'apprenti Batman ? »
Bruce sourit légèrement en voyant les deux petits garçons débattre ; il s'approcha d'eux, et vint leur montrer un détail sur le petit texte descriptif du héros de Bludhaven.
« Regardez. C'est écrit qu'il a longtemps été le Robin de Batman, le premier, avant de finalement prendre sa propre voie. C'est bien une preuve qu'il est meilleur que lui, non ? Puisqu'il a réussi à tracer sa propre route. »
Et il s'éloigna, non sans garder un certain sourire. Il avait bien fait de venir ; il sentait qu'il allait pouvoir s'amuser à jouer les connaisseurs sans que personne ne soupçonne sa véritable identité.
Too perfect for ya Et l'homme part en ricanant. Autant dire que cela intrigue un court instant la jeune femme, mais elle l'oublie bien vite, préférant se focaliser sur le fait que personne n'avait vu le nouveau design qu'elle avait affublé à Batwoman. Pour une fois, elle se voulait égoïste, à ne ressentir que ses propres envies, à rester dans ce monde fait de nuances de gris. Elle finit par partir, en s'étirant et en continuant sa marche, en oubliant tout le brouhaha qui l'entoure, en se disant que ce ne serait pas une mauvaise idée de berner un autre homme, comme le bijoutier de Boucheron. Guidée par ses instincts et une certaine euphorie, elle s'en va, dépassant Bruce Wayne, l'homme pour qui on lui avait arraché le coeur pour donner un sens d'autant plus dramatique à sa condition de l'époque. Que ce soit sous son costume de Batman ou de playboy, la brune avait fait en sorte de l'éviter ou bien de lui adresser quelques froids, habitée par ces traumatismes, par sa colère, mais aussi par ses émotions biaisées. Sa guérison a en soi remanié tous ces problèmes, dans une certaine mesure. La colère est toujours présente mais elle arrive à mettre des mots dessus. Les bons mots.
"Madame Vodyanova ?" La jeune femme ralentit. Et l'homme qui l'interpelle prend cela comme un bon signe ! Il a trouvé la donatrice, à l'origine de ces projets d'aménagements dans Riverfront Center. Accourant vers cette femme élancée à la peau si blanche, et au visage trop bien caché par son chapeau et ses lunettes. De plus, elle semble faire exprès de continuer sa route, maintenant qu'il l'a repérée. Mystérieuse et coquine cette donatrice, ça ne fait qu'alimenter son sens du défi. Il la rattrape après quelques enjambées et esquives de passants. "Glen Woodburn. Je suis ... - Le bloggeur qui a fait croire au monde entier qu'il était expert en Superman." Elle l'a coupé dans son élan si promptement. C'est la vérité, mais il ne tient pas à ce que celle-ci soit divulguée alors ... Woodburn adresse un grand sourire à celle dont il veut avoir l'interview exclusive au mieux, les premiers mots sur l'événement au pire. "Ce ne sont que des rumeurs. Comme celles qui disent que vous n'avez pas salué le maire et le gérant de Riverfront. Je voulais simple avoir vos premières impressions sur les infrastructures réalisées grâce à vos dons. - Très cher Glen Woodburn. Ce n'est pas à moi qu'il faut poser cette question, mais aux gens qui utilisent les infrastructures. - Je connais mon travail de journaliste ne vous inquié... - Bloggeur , coupe-t-elle. - ...tez pas. Saviez-vous que le chevalier noir a permis à ce projet de vivre ? Il aurait arrêté le chapelier fou avant que celui-ci ne fasse tout sauter." Oh que oui, elle le sait. Elle l'a même vu, depuis ses jumelles. Laissant le Batman aux prises avec ce toqué de Chapelier. Non pas qu'elle lui ait fait confiance, mais Selina a juste attendu qu'il ploie pour éventuellement agir. C'est après tout son projet, sa vision pour Gotham, pas celle de Bruce Wayne aka Batman. La brune sourit, cache un moment sa bouche avant de se mettre à rire devant un Glen tout bonnement décontenancé. "Je vous vois venir. Encenser le chevalier noir pendant qu'on oublie les donateurs et les participants assidus à ce projet maintenant établi. C'était une belle tentative." Selina vient tapoter l'épaule de son interlocuteur, pendant que son autre main vient récupérer ce portable en train d'enregistrer ses propos. "Alors écoutez moi bien. Je me contrefiche du Batman. Il peut faire toutes les pirouettes qu'il le souhaite, cela ne change rien au fait qu'il est un profond connard." C'était dit. Le bloggeur pense alors tenir un scoop, un scandale. Un moyen de relancer son blog et un peu plus gonfler sa notoriété. Sauf que lorsqu'il se détourne de la dame, il ne remarque pas l'absence de son smartphone qui alors enregistrait tout. Ce n'est qu'en touchant sa poche six minutes plus tard qu'il remarque la disparition de son précieux trésor. Trésor qui maintenant craque entre les mains de Selina Kyle, qui part tête haute, en arborant un sourire empreint de mesquinerie.
Vient alors le moment où elle trouve le groupe de riches faisant la visite. Groupe qui peu à peu s'est éparpillé, mais dont les têtes sont reconnaissables pour une voleuse aussi avisée que la femme chat. Après quelques passades verbales et du rentre dedans de la part de l'héritier Cromwell, elle se retrouve donc à son bras et avec une invitation à dîner à la clé. Charmant, aimable, bienveillant envers sa compagne du jour. En réalité, il a peur qu'elle refuse l'invitation et donc de se retrouver sans une compagne acceptable pour sa petite réunion avec quelques actionnaires de son père et de possibles recruteurs. Selina n'est pas dupe et joue avec ses nerfs. Elle reste évasive ou bien silencieuse, mais jamais trop pour ne pas qu'il la délaisse. Mais ... elle s'en lasse. Elle se lasse de cet homme à qui elle a volé montre et boutons de manchettes valant plusieurs milliers de dollars. Elle reste appuyée contre cette rambarde, revenue sans le savoir vers cette piscine un peu moins remplie, aux cris et rires moins prononcés. Et finalement, elle soupire. Qui est ce naïf, qui est cet imbécile heureux qui un jour a dit que le temps permettait d'effacer l'ancien temps. Sait-il seulement que rien ne s'en va. Ni le ressenti. Ni les émotions ressenties. En touchant la zone où se trouve son coeur maintenant guéri, Selina le sent. Elle sent battre avec ce souffle la mélancolie que son palpitant dessert. Malgré tout, elle sourit car ... de nouveau elle est en vie. Triste, mais capable de ressentir à nouveau la joie et l'amour sans douter à cause des lésions. Elle touche cette poitrine et écoute avec beaucoup d'amour. Plus d'amour que celui qui a été à l'origine de tout cela. Et en qui, elle avait espéré secrètement une arrivée lorsqu'elle était encore en phase de réhabilitation au Gotham Hospital. Mais peut-être que cela est vain. Oui, il est vain d'attendre quelque chose qui ne peut nous être donné. Alors, elle écoute son coeur et le sent battre. En cet instant, c'est tout ce qui compte.
Bruce resta un long moment dans la partie consacrée aux super-héros et à leurs ennemis, et plus particulièrement dans la partie réservée à Catwoman. Elle y était, étonnamment, dépeinte comme une femme forte, indépendante, au cœur généreux et sensible et qui n'avait peur de rien. Bien sur, un tel embellissement de la réalité faisait sourire l'héritier des Wayne ; il savait parfaitement que si tout cela était vrai, Selina cachait beaucoup de rancœur et de doutes dans en son for intérieur. En témoignaient les très nombreuses fois où, au cours de ces dernières années, ils avaient tous les deux coopéré sur maintes affaires... avant de finir la nuit ensemble, et intimement.
Cette dernière partie n'était pas évoquée ; une suspicion pour Bruce, qui ne parvint pas à faire fi de cette idée. Il avait cherché par lui-même qui était l'instigatrice de ce vaste projet, et n'avait pas été étonné de tomber sur un faux, à force de chercher. On ne pouvait pas le tromper aussi aisément, malgré le grand soin apporté à cette identité. Par conséquent, il n'était qu'encore moins surpris de voir Selina parmi les personnes présentes aujourd'hui ; elle était la secrète instigatrice. Ça ne faisait guère de doute.
Toutefois, il eut un léger sourire en constatant qu'on scrupuleusement respecté toutes les formes de la jeune femme, et que le costume, à un ou deux détails près, était totalement conforme. Il était bien placé pour le savoir.
Il repartit ensuite vers la piscine, craignant qu'en s'attardant il ne finisse par être démasqué, ou par perdre la trace de Selina. Il souhaitait pouvoir lui parler un peu, ne serait-ce qu'un minimum, pour la remercier de ce qu'elle avait fait ici. Le projet ne s'était pas monté sans mal, évidemment, et il avait secrètement contribué avec son intervention contre le Chapelier Fou. Mais lui-même n'avait pas eu énormément d'idée pour en rajouter, pour aider le projet à être mieux monté. Il avait tout laissé à Selina, même sans savoir qu'il s'agissait d'elle au début ; et il trouvait cela vraiment bien. D'un côté, bien sur, il considérait aussi cette journée comme une victoire pour lui. La preuve qu'il avait bien agi, en quelques sortes. Mais d'un autre côté, il ne voulait pas s'attribuer trop de mérite, car il n'avait jamais fait que ce qui était normal.
L'éternelle question, encore et toujours. Aimait-il être Batman, ou était-il Batman parce qu'il le devait ? Agissait-il parce que c'était la chose à faire, ou parce qu'il voulait le faire ?
Ses yeux se posèrent sur Cat, qui était là-bas, penchée sur une rambarde. Son regard passa rapidement sur sa tenue et son corps ; il n'avait pas besoin de ça pour savoir qu'elle était toujours magnifique. Mais il hésitait. La connaissant, elle serait certainement invective, joueuse, et irritée qu'il vienne ainsi la voir ; une façade pour cacher le fait qu'elle appréciait sa venue et ce qu'il avait fait. Il n'avait jamais réussi, à ce jour, à comprendre pourquoi elle cachait autant sa sincérité derrière du venin.
Oh, il avait bien quelques idées. Mais la principale d'entre elles était si peu vraisemblable qu'il n'osait pas la formuler, qu'il n'osait pas y croire.
Alors il fit ce qu'il savait faire le mieux ; il prit deux cocktails, puis se dirigea vers Selina avec un léger sourire aux lèvres. Ça n'allait pas forcément lui plaire, mais au moins, il pourrait lui parler. Et peut-être reprendre un ou deux trucs qu'elle avait sans doute volé.
Too perfect for ya Pense-t-elle réellement que Batman est un connard ? Que Bruce Wayne en est un aussi, étant donné qu'ils ne sont qu'une seule et même personne ? Elle ne sait pas. Son coeur balance, comme avant. Il y a quelques semaines elle l'aurait dit avec certitude. Le tout en protégeant l'East End et en faisant un énorme pied de nez à toute la clique de justiciers de Gotham sauf ! Zatanna. Mais toutes ces années à errer le coeur pendant à demi, est-il encore nécessaire de faire cette cabale, d'amasser encore assez de richesses pour ensuite les dépenser à une juste cause. De faire tomber avec l'aide d'Harley et Ivy tout Gotham et même après l'invasion de Darkseid. Elle retire finalement sa main, soulagée mais encore en proie à des doutes qu'elle pensait loin.
Mais elle n'a pas vraiment le temps de faire taire ces pulsions lui brûlant le coeur. D'autant plus quand de nouveau l'étrange inconnu en chemise hawaïenne vient à nouveau à sa rencontre. Comme si ... comme si il avait calculé son coup. Un voleur ? Peu probable, il n'a pas l'allure pour. Ni la gestuelle. Un dragueur insistant ? Sans doute. Ou pas ... ! À force de le regarder de face cette fois, elle remarque bien des similitudes avec quelqu'un. Un quelqu'un avec qui elle a passé de nombreuses nuits sans ressentir ce qu'elle ressentait alors avant que son coeur ne soit arraché. "Cromwell a déjà tenté sa chance. Je te remercie tout de même pour le cocktail." Heureusement qu'une paire de lunettes de soleil lui permet de masquer ce début d'émotion qui alors la prend au ventre et bientôt à la gorge. Selina Kyle fait pourtant partie des sceptiques, et ne devrait pas s'accrocher. Pas s'attrister ne serait-ce qu'un instant face à ce bras pris par une nouvelle femme. Ni même réagir quand celui-ci lui sort sa vieille rengaine du principe, du voeu, ou de la justice. Alors pourquoi fait-elle soudainement une fixette sur le cocktail que lui a servi l'homme ? Pourquoi se met-elle à sourire, à devoir remonter ses lunettes dans une vaine tentative pour cacher sa bouche rieuse de sa main ? Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas souri de façon aussi naturelle, spontanée, aussi petit soit ce sourire. "Vraiment. Un Screaming Orgasm." Elle arque les sourcils et trinque avec lui. Bien obligée de reconnaître que malgré tout, son intervention lui a permis d'éviter sa sortie de griffes. Cela ne l'étonnerait même pas que cet insupportable ait remarqué sa présence ce soir là. "À ton intervention, à la donatrice et au fait que tu n'arriveras pas à récupérer cette montre aussi facilement." Le cliquetis des verres se fait entendre et elle lui dit ces quelques mots avant de boire, sans cesser de le fixer. "Je te laisse deviner pourquoi."
Fière de laisser planer le doute sur les cachettes potentielles, la native de l'East End n'est guère impressionnée par la prestation de Bruce Wayne. Et sa prochaine question laisse bel et bien présager ses pensées, quand à la présence du playboy jouant les chauve souris le soir. "Donc. Que veux-tu. Que je braque un labo pharmaceutique pour récupérer une molécule bien trop dangereuse pour ce monde ? Ou que je m'infiltre chez un vilain canard tentant de devenir le dernier serial killer en vogue de Gotham ?" Bien entendu, elle voudrait qu'il en soit autrement. Qu'il ne vienne pas par principe, ou pour simplement lui reprendre ces bijoux volés. Mais cela reviendrait à lui montrer sa faiblesse voir pire son envie de voir plus entre eux que ces flirts, ces parties de jambes en l'air convenues depuis la seconde partie de l'affaire Hush, où Selina s'est retrouvée dans un lit d'hôpital. "Ou bien viens-tu simplement m'offrir un cocktail car tu apprécies bien ma compagnie que celle de l'élite de Gotham, venue voir une montagne russe pour enfants, une piscine et d'autres futilités de loisirs maintenant accessibles à ces gueux de classe pauvre." Elle tourne sur elle-même, bras tendus vers le plafond de verre afin qu'il puisse trouver de lui-même où se trouve la montre. La montre qui se trouve dans ce drôle de bas, entourant son ventre et ses cuisses. Jouer, un faible contentement face aux attentes de chacun l'un envers l'autre. Jouer, au point de faire mal à l'autre. Jouer encore, jusqu'à se sentir fléchir et regretter. Regretter de ne pas dire ce qui nous taraude quand chacun pose son regard sur l'autre. Malheureusement, la peur d'être faible ou de se sentir délaissé, alors que l'on avait accordé sa confiance et ouvert un peu son coeur , éloigne ces envies. Alors Selina recule, danse, bouge lentement ses hanches dans un léger mouvement de balancier. Elle se laisse porter par autre chose et tente de dévier de ce regard qui ne cesse de la déshabiller et ... sans doute de ne calculer que le fait de la récupération de cette montre.
« Oh non, rien de tout ça. En vérité je ne m'attendais pas à te retrouver ici ; pas en pleine journée du moins. Je pensais que tu serais venue la nuit, à visage couvert, attendant de voir si moi je venais, pour me dire que non, merci, tu n'avais pas besoin que je m'occupe du Chapelier. Tu aurais eu raison, à vrai dire. Car je serais sans doute revenu cette nuit. Mais je devais le faire de toute façon. On ne peut pas laisser un homme comme lui saper les efforts de madame... comment est-ce, déjà ? Vodyanova ? »
Il jouait, lui aussi, mais différemment. Il n'avait pas besoin de montrer son corps pour plaire à la jeune femme, mais elle, elle se plaisait à le faire parce qu'elle le connaissait assez pour savoir que sous sa rigidité, il y était sensible. Il préférait toutefois s'abstenir de faire un commentaire sur ça, restant donc sur un terrain neutre :
« Le dernier parfum de Dior ? Tu ne te refuses rien, Cat. »
Il souriait toujours, car son ton n'avait rien de moqueur, ni de péjoratif de quelque manière que ce soit. C'était un compliment simple et un constat tout aussi simple. Et la mention du surnom affectif qu'il lui donnait n'était pas du au hasard : il était le seul à l'appeler ainsi, de ce qu'il en savait, et il aimait bien le faire. Cela lui rappelait aussi, malheureusement et douloureusement, les étapes difficiles de leurs dix dernières années. Mais ils avaient depuis longtemps dépassé le stade du est-ce que si, est-ce que cela. Ils étaient trop vieux pour ça.
Même si, en la voyant, toujours aussi belle, Bruce avait du mal à ne pas laisser ses doutes s'installer durablement dans la conversation.
« Un sacré projet, mine de rien. Et un bon, de surcroît. Il est trop rare que les gens de Gotham profitent d'une journée ensoleillée et joyeuse, grâce à un simple parc d'attraction ou à une aire de jeu. Cette ville... cette ville a la manie, le don, la faculté de transformer les bonnes personnes en cruelles, impulsives, désespérées, égoïstes. Il est difficile de rester souder quand tous les jours, l'un de nos proches peut se faire agresser et mourir. J'ai aimé l'idée du projet depuis le début, et je me battrai autant que possible pour qu'elle perdure aussi longtemps que nécessaire. Gotham en a bien besoin. »
Une façon comme une autre, pour lui, de dire que malgré le Batman, ce projet était une victoire différente et toute aussi importante, voir davantage, que celles remportées par le Chevalier Noir chaque nuit. Selina comprendrait-elle le sous-entendu ? Sans doute. Mais peut-être pas ? Elle n'était pas comme lui, loin de là. Elle ne sortait pas toutes les nuits pour pouvoir combattre des criminels, sauver des innocents, aider les forces de police, sauver le monde d'une certaine manière. C'était différent, tout ça. Entre eux, il y avait un fossé qui n'avait cessé d'exister. Le combler paraissait tellement improbable !
Et pourtant, comme à chaque fois, l'héritier des Wayne se surprenait à se demander ce qu'il adviendrait si Selina et lui parvenaient à faire des pas en avant. Alfred serait certainement ravi de voir Bruce se ranger. Mais il y avait le costume. Batman. Son vœu.
Et ça, ce serait toujours, qu'importe ce qu'ils feraient, ce qu'ils disaient, un obstacle entre eux.
Too perfect for ya Malgré une réponse on ne peut plus arrangeante de la part de Bruce, Selina ne baisse pas sa garde. Certes, elle ralentit peu à peu la cadence de ses hanches et semble toute ouïe face à l'entrée en jeu de son adversaire. Certes se dit-elle secrètement qu'ils pourraient pimenter dans quelques minutes le dit jeu. Pourtant, Selina reste muette. Dévisageant Bruce, l'étudiant dans ce ... costume inédit sous toutes les coutures et les formes à vue. Le déguisement est intéressant, lui permettant de passer incognito pour ceux qui ne le connaissent pas sous toutes ses formes, ou bien ne peuvent le voir de face. Elle savait, elle savait qu'il s'agissait de lui dans le fond, dans le musée. Et ça l'irrite en partie de savoir qu'il en a tiré parti pour rire puis s'en aller. Il faut cependant accepter que parfois, certaines personnes peuvent être aussi bonnes que vous dans vos exercices de prédilections, et vous flouer. Alors elle tait toute pique allant dans ce sens, se contentant de rester à bonne distance pour éviter toute tentative de blocage de sa personne par une paire de mains vives et puissantes.
"Joy. Il porte bien son nom. Léger, fruité et à la légère touche de rose. Positif.Un des rares petits plaisirs que je me suis octroyée avec l'argent des trafics de Ferryman." Elle ne s'en cache pas. Cet argent qui est dit sale a finalement trouvé une essence un peu plus parfumée en étant utilisé ainsi. Ou bien en grande partie dans ce projet. "L'aurais-tu déjà senti sur une peau ? Bizarrement, ça ne m'étonnerait pas." Jouer les indifférentes et le laisser entre deux eaux. Jamais, au grand jamais, elle ne veut qu'il se sente en territoire conquis. Plus jamais. C'est bien pour cela qu'il vaut mieux éviter de parler du problème du Chapelier Fou. Encore moins lui donner raison sur le fait qu'elle est, Madame Vodyanova. Ça peut paraître idiot, mais elle ne veut pas montrer à quel point cela l'atteint de voir qu'il s'est battu pour son projet, d'autant plus en sachant que ses intérêts n'étaient pas pour elle et sa vision, mais pour Gotham, juste Gotham. "Non. Ce sont ses habitants, ceux qui triment chaque jour, qui doivent ployer le genou devant des salauds pour avoir un peu d'argent, qui en ont besoin. Et Gotham en bonne catin qu'elle est marche sur leurs cadavres. Donc non, Gotham peut aller chercher autre chose à sucer de ses lèvres noires et pulpeuses." Peut-être est-ce un moyen de dire que Gotham est ses habitants. Mais non. Ce sont ses habitants qui la bâtissent et la façonnent chaque jour avec chacun leurs talents et leurs déboires. Ils ne sont pas Gotham, ils sont ceux qui font évoluer Gotham. Et tant que Bruce Wayne et Batman ne comprendront pas cela, Gotham continuera de tuer à la tâche pour ses quelques grammes de poudre dorée. Elle boit d'une traite le cocktail par gourmandise par empressement et elle lui rend ce verre vide. "Tu as fait tes voeux Bruce. Tu aimes Gotham, tu aimes cette chauve souris et ces airs que tu te donnes face à une jolie femme. Moi, j'aime toucher le ciel et embrasser les nuages. " Être fidèle mais aussi volage. Posséder et être possédée en retour, même si il ne s'agit que d'un instant. Puis être dépossédé de soi, dans des bras, dans ses bras. Elle l'accepte, mais elle n'accepte pas sa vision à sens unique qui détruit, qui l'a détruite. "Mais je me demande parfois, si tu es même en capacité de voir, de comprendre, de ressentir ce que c'est d'être aimé et aimer en retour. Sans faux semblants."
Peut-être est-ce à cause de l'alcool bu trop vite ou même de ce regain sentimental qui fait si mal et ne cesse de la hanter depuis que son coeur est guéri, que Selina touche cette joue et ce début de barbe de trois jours. "Ta vie est triste. Faire que tout ne soit que devoir est triste. Enfin bon, veux-tu bien me suivre ? Laisse ces verres dans un coin et arrête de faire croire que tu bois de l'alcool." Elle sait très bien que l'alcool n'a jamais été son fort, alors se forcer à faire comme tout le monde ... Selina enlève ses talons lacés un à un, finissant pieds nus alors qu'elle s'avance dans les vestiaires de la piscine. L'odeur de chlore est parfois présente mais moins que dans nombre de piscines américaines. C'était un détail pour beaucoup de mauvaises langues, mais une attention portée sur le confort des utilisateurs du lieu qui, n'ont pas forcément le budget pour des bonnes lunettes. Et elle avance jusque vers ces bassins encore utilisés par quelques familles ou groupes d'enfants venus exprès pour profiter d'une baignade qui d'habitude ne leur était pas accessible. Puis elle sort la montre de son bas, doucement, avant de la tendre vers l'eau d'u grand bassin qui n'est plus utilisé. Bruce peut tout à fait comprendre ce qu'elle s'apprête à faire en cet instant mais il n'a pas le temps de rattraper le précieux bijou. Qui tombe à l'eau, dans un "ploc" pathétique. Et ce ploc résume à quel point elle se fiche bien de l'importance de ces choses certes belles, certes chères, mais si futiles, si ostentatoires dont les riches aiment se parer. Elle se pose ensuite sur un des plots de plongeon. "Hm je dirai bien que cela fait environ deux mètres. Tu veux essayer ? Cromwell te sera gré." Un léger rire fuse. Quelle situation amusante.
Bruce prépare un coup ; elle peut le voir. Selina le connaît assez pour voir qu'il s'apprête à faire quelque chose. Sans doute espère-t-elle qu'il va simplement plonger dans l'eau avec les familles, les enfants et les parents, pour récupérer ce petit bijou qu'elle a étrangement laissé tomber. Sans doute va-t-elle en profiter pour s'en aller, le forçant donc à la chercher ensuite pour lui redonner, et donner ainsi vie à un petit jeu supplémentaire. Mais non. Bruce a une toute autre idée derrière la tête.
Il est taciturne, d'ordinaire. Il serait venu avec les garçons, ou avec Clark, ou avec qui que ce soit d'autre, c'eut été impossible de le dérider.
Mais là, il rit doucement, tournant son visage vers la jeune femme.
« Tu as vraiment envie de me voir torse nu, et mouillé, hein ? Eh bien soit. »
Il fit mine de retirer sa chemise, avant de s'approcher du bord du bassin. L'eau était délicieusement chaude, lorsqu'il la testa du bout du pied. Il s'apprêtait à plonger, avant de finalement se tourner vers Selina, et lui tendre sa chemise. Il attendit un instant qu'elle tende le bras pour la prendre... puis tira d'un coup sec, entraînant la jeune femme avec lui alors qu'il tombait dans l'eau de la piscine.
Des éclats de rire fusèrent, mais il était difficile de savoir qui riait le plus fort. Les enfants, voyant deux adultes s'adonner à un jeu qui était pas de leur âge ? Les parents, voyant deux personnes s'amuser comme leurs enfants le feraient ? Ou eux deux, partagés entre l'instant puéril et le fait qu'une telle surprise, aussi singulière soit-elle de la part de Bruce Wayne, ne soit jamais qu'éphémère ? Se dressant debout, ses lunettes toujours installées sur son nez, l'héritier des Wayne eut un sourire pour Selina.
« Bon, je suppose que maintenant, il faut que j'aille chercher la montre. Si elle marche encore. Mais vu le prix qu'il a du mettre dedans, c'est sans doute le cas. »
Il eut un autre sourire, avant de plonger sous la jeune femme pour chercher la montre qu'elle avait volontairement laissé tomber. Il la trouva sans peine, car l'eau était assez propre pour rester claire. Il sortit un instant plus tard, portant triomphalement le bijou dans une main. Il s'approcha d'une Selina trempée et au corps sublimé par les vêtements qui la moulaient. Sans dire un mot, il lui prit un bras, passa la montre à son poignet avec une délicatesse qui ne lui ressemblait pas, puis sortit du bassin avant que quelqu'un ne finisse par le reconnaître.
Il ne témoignait jamais autant d'affection envers la jeune femme. Toutes ces nuits, tous ces ébats, tous ces moments volés dans une relation mêlant le flirt, la séduction franche, les coups bas, le simple désir, les sentiments refoulés, et jamais il n'avait su se montrer aussi délicat, aussi tendre. Mais peut-être parce qu'il avait, à chaque fois, essayé consciemment ? Là, il n'avait pas réfléchi. Il avait juste vu que c'était la chose à faire, alors il l'avait fait. Il ne s'était pas le moins du monde posé la question.
Et ça avait été, étonnamment, tellement plus facile.
Too perfect for ya Oui, elle voulait voir Bruce dans ce genre de circonstances. Le voir ne serait-ce que ravaler sa fierté et être cet humain fragile qu'il essaie tant de cacher derrière ce tas d'excentrique et de justice parfois indigeste. Mais elle ne s'attendait pas à ça. Pas au fait d'être entraînée dans cette piscine alors qu'il lui tendait cette chemise. Action qu'elle n'a pas hésité une seule seconde à réprimander pour ce manque de classe et respect. Elle ressort de l'eau en prenant une grande bouffée d'air et l'on peut voir sur son visage l'expression même de la surprise. Et elle rit. Selina Kyle rit au point de manquer de couler dans cette eau claire comme si les conventions et leur petit jeu n'avait plus d'importance. Comme si elle n'était qu'une femme.
Et la femme en l'instant présent est troublée. Elle ne comprend pas ce moment de délicatesse durant lequel se mêlent deux mains, des gestes doux, attentionnés envers une peau, un poignet. Tout devient si fort, étrangement, chaud, lancinant, perturbant. C'est fascinée d'abord, que Selina essaie de regarder au delà de ces lunettes de soleil. Bien sûr qu'elle a détaillé le corps de Bruce, qu'elle s'est souvenue à quel point ses doigts aiment toucher ce torse et ce buste tout en relevant les vêtements. Qu'elle aime le sentir trembler et soupirer pendant cette redécouverte. Qu'elle aime simplement poser son front contre sa nuque et elle aussi, soupirer. L'image s'estompe au moment même où il se détache et sort du bassin. "Oh. Tu sors." Elle semble déçue. Que ce soit dans le ton de sa voix ou cette moue venant effacer son sourire et sa confusion. Elle est déçue. Mais le peut-il ? Non, il reste Bruce Wayne après tout. Il est inaccessible, ne peut pas être un homme avec les mêmes envies que les autres. Alors tant pis. Selina reste au bord du bassin, accoudée, à le regarder essorer ses vêtements et essuyer quelques gouttes sur sa mâchoire saillante. "À croire que c'est une chose habituelle entre nous. Lorsque nous avons trouvé notre compte avec chacun, on le jette. Au moins, le jeté d'aujourd'hui est revivifiant." Habituel oui. Selina qui s'en va une fois l'acte consommé, Bruce essayant de lui demander si son coeur guérit, Selina éludant le sujet, Bruce la regardant sévèrement sous son masque ... Selina partant, loin de lui. Les disputes, les froids, les baisers rapides et prenants, les mains plaquées, les injures proférées, les soupirs ... puis le froid s'emparant de leur corps tout entier quand ils disparaissent. La rengaine habituelle.
Selina passe une main dans ses cheveux pour les rejeter en arrière et paraître moins débraillée. Un détail insignifiant si l'on regarde les rayures blanches de son haut qui laisse entrevoir le haut de ses sous vêtements. Mais elle se fiche bien en cet instant de paraître convenable ou sexy aux yeux de quiconque. Elle semble ... si pensive et son silence dure, dure tant que l'on entend seulement l'eau aller et venir jusque dans les creux de dégorgement et les quelques rires des gens profitant encore du lieu. Mais elle finit par bouger, sortir à son tour du bassin, tout du moins en partie vu qu'elle s'assoit sur le rebord. "Tu sais, avant que je ne me fasse arracher le coeur par Hush ou même avant que tu ... Je me suis posée plusieurs questions." Qu'il soit rassuré, elle n'allait pas l'invectiver ni remettre de l'huile sur le feu volontairement pour le faire reculer. Mais peut-il seulement le savoir ? Peut-être, en la regardant fixer cette famille jouant, là bas, au loin. "Mais ... je crois qu'au fil des années et des événements durs et contrariants, j'ai eu ma réponse. Que peut-être je devrai prendre le temps pour d'autres choses, quitte à ce qu'elles me fassent mal et qu'elles ne soient pas faites avec les personnes espérées. Ça peut paraître fataliste mais je crois que je dois aussi apprendre à abandonner." Elle ferme les yeux et penche la tête sur le côté. C'est si difficile d'être honnête, après quelque chose d'aussi simple, que l'on voudrait avoir pour toujours. Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin. "Je dois te l'avouer Bruce. Tout ce qu'il s'est passé entre nous, depuis Hush ... je n'avais pas tout, en moi." La voilà maintenant debout, à lui faire face, à lui sourire malgré la douleur de l'aveu. "Et je crois que cela m'a fait prendre conscience que tu avais raison, à l'époque, quand tu m'as rejetée. Je ne suis pas digne de ta confiance. Que cela restera ainsi, entre nous, sûrement. Je ressens maintenant la différence. Ce n'est pas plaisant, mais c'est ce qu'apporte aussi la vérité." Même en disant cela pour se conforter, on sait à quel point cela fait mal.
Peut-être voudrait-elle essayer de changer la donne. après tout, ne peut-elle pas de nouveau ressentir pleinement ? Et même, si les souvenirs d'avant sonnaient creux en partie, n'ont-ils pas tout de même une signification ? N'a-t-elle pas eu certaines envies même si elles étaient en grande partie biaisées par son coeur qui ne cessait de saigner ? N'a-t-elle pas ressenti par moments de la tristesse ou l'envie de rester plaquée contre lui et ce, malgré ses élans brutaux froids et primitifs ? Est-ce qu'en ce moment même, le fait qu'il y ait ces lunettes entre eux ne montre pas un fossé qu'il faudrait enjamber ? Alors, Selina enlève ses lunettes de soleil, plissant les yeux pour cacher l'hésitation qui la gagne mais finit par le fixer, non sans mordiller l'une des pattes de sa paire. "Toi aussi ... tu es parfait dans tes imperfections." Elle paraît soudainement plus sûre d'elle, plus provocante et elle n'a en rien peur de montrer son visage. Oui, elle montre à quel point elle n'a pas peur de briser son image auprès de Gotham ou de quiconque et en cela, Bruce Wayne montre en ce jour l'une de ses faiblesses, une de ses peurs : le regard de Gotham. "Je suppose qu'au vu de ta tenue il n'est clairement pas envisageable que tu sortes de la piscine alors ..." Les doigts délicats de Selina se posent sur le chemisier trempé pour enlever les quelques boutons qui sont encore debout. Puis, elle se dirige vers la partie extérieure de la piscine en tendant le bras pendant que quelques coups de vent font voler le tissu. Jusqu'au moment où elle relâche la chemise. Qui s'envole, et part dans les rues plus bas. "... Tu vas devoir sortir et t'en trouver une autre." Ce n'est pas pour le ridiculiser. Bruce doit prendre conscience de ses peurs et sans doute est-elle bien meilleure que Scarecrow pour qu'il voit cette réalité en face et l'affronte. Oui, il a peur de perdre Gotham, juste Gotham. Et elle, se résigne à ne plus avoir peur de le perdre. À ravaler sa salive et ne pas pleurer sous ce flot d'émotions retrouvées. "Tu as des préférences de boutique ? ou tu ne t'habilles que dans les boutiques les plus chics et branchées de Gotham ?"
Bruce grimace, ne pouvant se retenir. Il ne peut s'empêcher de faire momentanément le parallèle entre ce que vient de faire Selina, laquelle en est sans doute très amusée, et ce que les garçons auraient pu faire. Il sait pertinemment pourquoi elle agit ainsi, ce qu'elle cherche à obtenir ! Oh oui, il le sait. Il le devine aisément. Mais il ne peut pas s'empêcher de grimacer, de faire ce parallèle, et dans le même temps, de se dire qu'au final il avait envie de partir. Mais il se retient.
Pour elle, même s'il n'en est pas pleinement conscient.
Il le fait aussi parce qu'au final, il se dit que ça peut être bien, pour une fois, de se laisser faire. De ne pas laisser son côté taciturne dicter sa conduite. Il le fait trop souvent, au goût de ses pairs ; il le fait quand il le faut, de son propre point de vue. Mais c'est la même chose, au fond. Il est taciturne, renfermé, et n'apprécie généralement pas de se mêler trop longtemps à la foule. Il évite beaucoup trop les gens, d'ordinaire, pour ça. Son côté excentrique n'ayant, de surcroît, pas sa place ici, il ne peut pas vraiment s'en servir pour retourner la situation dans un camp qu'il maîtrise. Car c'est aussi ça, qui le fait grimacer. Le fait qu'il ne contrôle pas la situation.
C'est un de ses défauts. Et la jeune femme le connaît, et l'exploite.
« Très bien, faisons à ta manière. Mais aussi... un peu à la mienne. Viens donc. Je suis certain que tu sauras me recommander les meilleures boutiques. Les plus adaptées. »
Ce n'est pas une vengeance mesquine, malgré les apparences. Il en profite simplement pour essayer de contrôler un peu plus les choses, et s'assurer que la jeune femme reste non loin de lui. Il est rare qu'il laisse le contrôle à quelqu'un ; même au sein de la Justice League, il préfère donner les ordres que se concerter avec quelqu'un. C'est une habitude, forte de son expérience semblable à nulle autre, qui fait sans doute de lui un excellent joueur d'échecs (à moins que pour ce dernier détail, ce ne soit les longues passées à affronter Alfred), et il n'aime pas l'idée de laisser le hasard décider. Les choses irrationnelles ont toujours une place très différente dans son esprit.
Il prends donc le bras de Selina pour l'entraîner avec lui, et ils partent ensemble, sous le regard de quelques personnes. La plupart ne les reconnaît pas, évidemment, car le visage de Cat est peu connu, et Bruce a une apparence qui lui permet de rester, étrangement, relativement incognito malgré la perte de ses lunettes et de sa chemise. On aurait pu croire qu'il s'agissait d'un couple un peu particulier, dont l'un se baladait torse nu et l'autre avait des vêtements moulés par l'humidité. Non pas que cela gêne l'héritier des Wayne ; il n'avait de toute façon pas besoin de ça pour savoir à quoi ressemblait la jeune femme sous ses vêtements.
Il se força à sourire, même s'il était un peu crispé. Il n'aimait pas ne rien contrôler, mais il arrivait à faire autant d'efforts que possible pour laisser Selina faire. Il avait confiance, étrangement. Là où personne d'autre n'aurait eu confiance.
Peut-être que c'était aussi pour ça qu'elle revenait toujours vers lui. Parce qu'au-delà de la naïveté dont il avait parfois fait preuve envers elle, il y avait une sincérité tacite, que Bruce ne contrôlait pas vraiment... mais qui créait définitivement quelque chose qui les reliait.
Too perfect for ya Et dire que dans un cas pareil, avec d'autres personnes, ou même avec elle, avant, il n'aurait fait que partir. Partir et continuer en cessant de regarder tous ces futiles esprits se donner de grands airs. En faisant cela, Selina voulait simplement le sortir de cette zone de confort qu'il s'était créé. Non, elle ne faisait preuve d'aucune parole mielleuse ou ne se voulait avenante en agissant ainsi. Elle voulait simplement qu'il soit cet homme nommé Bruce Wayne, le vrai. Pas ce Bruce Wayne préformé pour Gotham. Où es-tu, petit enfant perdu dans cette ruelle crasse ? Te sens-tu en sécurité derrière tout ce blindage ? Ne te sens-tu pas seul ? Le fait de ne pas contrôler cette suite rend certes mal à l'aise mais est-ce une grave entorse de ne pas être celui qui porte continuellement les tords des autres sur ses épaules. En soi, cette chemise hawaïenne, aussi colorée soit-elle représentait ce poids. "Tu te contredis mais soit. Cependant, je tiens à avoir le dernier mot." Selina s'avance de nouveau vers lui, non pas dans une allure féline ou bien sensuelle. Juste une allure droite et honnête inspirant la confiance. Oh, elle sait qu'il n'est pas à l'aise, en dénote le creux de ses lèvres bien présent tant il se crispe dans cette situation inédite. Et elle sent, à quel point il ne lui fait pas confiance, malgré ses efforts. Alors, elle ne fait pas comme les autres femmes. Elle ne le prend pas au bras en riant comme une bécasse énamourée, elle ne le tire pas à tout va. Non, Selina Kyle passe devant, avance et ralentit parfois le pas pour le regarder, l'attendre puis repartir de plus belle.
Pieds nus dans ces allées, encore trempée à tel point que l'on voit par transparence son soutien gorge aux élastiques montés en papillon, Selina se montre. Elle se montre en tant que femme à ces gens, sans avoir la moindre honte de l'état de ses vêtements, ou une quelconque gêne quand on s'offusque ou appuie son regard sur elle. Elle soupire, s'arrête face à une vitrine de magasin et finit par reprendre sa route. "Le puritanisme intéressé ... ce n'est pas comme si cela allait rester ainsi éternellement." Preuve étant, le haut comme le reste commence à sécher. Nouvelle vitrine, mais rien ne l'inspire ici non plus. Ce n'est qu'au bout de deux minutes de marche supplémentaire qu'elle s'arrête, face à l'entrée d'un J.Crew. Le seul signal qu'elle donne à Bruce est un furtif regard dans sa direction. Et elle entre, pour commencer ses recherches. "Je sais que tu te fais passer pour le plus excentrique des hommes, mais des fois tes folies colorées n'ont pas que du bon. Ça me rappelle cette fois où tu m'avais dit que ma robe était un peu courte et montrait trop de peau sur les côtés, à cause de cette myriade de lacets." Selina sort de la rangée une chemise bleu pétrole bien délavé, qu'elle pose ensuite contre le torse nu de Bruce. Elle étudie la forme des épaules du quarantenaire, sa posture et passe même une main contre la large nuque pour être sûre de la mesure. "Dommage. La coupe sera trop serrée pour toi en bas de nuque." Elle repose donc cette chemise, et part chercher un haut en lin bleu foncé. Ce n'est pas un manège, ni une façon de le faire lambiner. Pour une fois, elle semble sérieuse et pour cause, c'est simplement parce qu'elle sait que les choses seront faites à sa façon. Et cela montre Selina sous un jour nouveau, bien plus sérieuse, plus consciencieuse et observatrice qu'elle ne le montre habituellement. "Celui-ci. En plus tu verras, le lin est une matière légère. Mais je pense qu'Alfred a déjà dû t'en parler." Elle s'avance encore dans les allées, pendant que certaines paires d'yeux curieuses regardent ces deux personnes étranges chercher semble-t-il, un nouveau haut pour monsieur. Personne n'a encore remarqué qu'il s'agissait de Bruce Wayne. "Que penses-tu de ce haut en coton jaspé ? Le gris est pas mal, mais je trouve le kaki bien plus apaisant à l'oeil." Les deux hauts sont finalement pris, pour que Bruce puisse choisir, lorsque viendra le passage en cabine. Selina prend deux autres hauts, l'un gris avec le visage de Miles Davis imprimé, l'autre à carreaux rouge et bandes bleu marine.
Ça semble si naturel en cet instant de faire cette petite activité que font les couples normaux. D'autant plus, en sachant qui ils sont, ce qui relève de l'exploit. Chacun fait des efforts pour l'autre, en contrôle, ou bien en bienveillance. Et Selina se pose des questions, fuit du regard parfois lorsqu'elle sent ses yeux se poser trop longtemps sur Bruce. Est-ce vraiment un effort de sa part ? Ne va-t-il pas au final la prendre à revers et s'emparer autant de la bague que de la montre ? Ou alors la teste-t-il ? Ça ne peut pas être naturel, impossible. L'a-t-il seulement écoutée tout à l'heure. Est-il en train de la pousser à entrer en contradiction avec ses propres paroles. Elle fronce les sourcils, pendant qu'elle vérifie la taille du tee shirt Miles Davis sur le torse du milliardaire. Et, troublée voir perturbée par toutes ces questions sans réponse, elle sursaute légèrement lorsque ses doigts effleurent la jonction entre le pectoral et l'épaule droite. "Tu as travaillé récemment tes épaules et tes bras." Ce genre de détails, elle les remarque si facilement chez lui, à force. Presque autant que ses moments où il se crispe pour ne rien laisser paraître. Mais elle se reprend en lui posant les différents hauts contre son torse. "Je te laisse aller en cabine. Essaie les et si aucun ne te plaît, je te laisse choisir la prochaine boutique." D'ailleurs, maintenant qu'elle y pense ... qu'entendait-il par "un peu à la mienne" ?
Il ne répond pas vraiment, car c'est bien inutile. Il sait que Cat a une idée derrière la tête, d'une manière ou d'une autre, et il se laisse faire en attendant son heure. Il trouverait bien un moment où il saurait prendre un peu le contrôle de la situation ; ce ne serait sans doute pas très difficile. Même si pour le moment, l'idée de se faire passer pour un simple homme n'était pas forcément déplaisante. En vérité, il se surprit, une fois enfermé dans la cabine et derrière son fin rideau, à vouloir véritablement essayer les t-shirts. Il le fit donc, l'un après l'autre, essayant d'évaluer avec le miroir ce qui était le plus adapté à sa silhouette.
Effectivement, la plupart avait une coupe qui n'allait pas trop avec sa physionomie. Il n'était pas fin, clairement, et cela se ressentait en voyant les manches trop courtes, le liseré du cou trop serré, le bas du t-shirt atteignant à peine les hanches parfois ! Au final, c'était le bleu délavé qui lui allait le mieux... mais il n'arrivait pas à savoir si ça plairait vraiment à la jeune femme, à l'extérieur de la cabine.
Il allait passer la tête à travers le rideau quand il entendit une voix ; laquelle semblait discuter avec Selina.
« Madame, ça va ? Désolé de vous importuner mais... vous êtes toute trempée et vous salissez le sol... »
Bruce n'entendit pas la réponse de Cat, car l'homme qui l'avait abordée – sans doute un employé du magasin – était assez loin. Elle avait du s'éloigner et lui répondait sur un ton plus calme. Tout au plus percevait-il sa voix, mais sans comprendre les mots.
« Ecoutez, je me fiche bien de ce qui est arrivé à votre ami, mais à moins que vous ne soyez ici pour, vous aussi, prendre des vêtements secs et les acheter, je vais vous demander de sortir. »
Le t-shirt bleu sur le dos, Bruce sortit de sa cabine avant de déposer les vêtements qu'il ne garderait pas dans la petite boîte prévue à cet effet. Il s'approcha ensuite de Selina et du vendeur, lequel leva alors les yeux vers lui en fronçant les sourcils. L'espace d'un instant, on aurait dit qu'il reconnaissait l'héritier des Wayne ; mais non. Ce dernier en profita donc pour se glisser à côté de la jeune femme, posant une main dans le creux de son dos. Il se força à faire un sourire poli.
« N'ayez crainte, nous ne voulons pas salir la boutique. Notre mésaventure nous oblige effectivement à changer de vêtements. Je vais aller faire le tour pour trouver un pantalon et des chaussures adaptées ; tu devrais peut-être faire de même. »
Il se pencha alors vers la jeune femme, murmurant à son oreille :
« Il faut dire, tous les hommes regardent le creux de ta poitrine avec une envie dévorante. »
Ils repartirent dans le magasin, Bruce étant bien conscient qu'il avait peut-être réussi à agacer aussi bien le vendeur que la jeune femme... même si cette dernière pouvait facilement réagir en montrant les crocs plutôt que de sourire. Elle réagissait souvent, voir quasiment tous le temps, avec ce mécanisme de défense. C'était perturbant, mais il avait l'habitude, maintenant. Même si c'était toujours plus facile de rester imperturbable quand ils portaient des masques et des costumes.
Il opta pour un jean qui criait je suis un prolétaire et une paire de chaussures de toile ; jamais il n'avait porté ce genre de vêtements avant, et il allait certainement se faire incendier par Alfred. Même si ce n'était pas totalement vrai ; lors de ses années d'errance et de voyage, dans sa jeunesse, il avait souvent du porter des tenues et des vêtements qu'il n'aurait jamais revêtu autrement.
Pur hasard, il revint à la cabine d'essayage pile au moment où Selina y parvenait également. Il lui adressa un drôle de sourire.
« Il y a assez de place pour deux dans la cabine, tu crois ? »
Too perfect for ya Un homme l'avait finalement tirée de ses réflexions, bon gré mal gré. Selina n'aime pas quand certaines questions l'impliquant restent sans réponse et occasionne donc ce léger manque de contrôle. Elle en a en effet besoin, afin de ne pas tomber encore une fois dans le même genre de piège. Souriante, mais restant sur la défensive, la jeune femme s'avance vers cet homme se révélant être l'un des vendeurs du magasin. Propre sur lui, un peu bobo chic, se prenant de haut au vu de son menton relevé et de ses lèvres pincées. Le genre d'homme qui agace Selina jusque ... dans sa coiffure, qui est ... un chignon. Dommage, les cheveux lâchés lui auraient donné un certain charme. "Madame, ça va ? Désolé de vous importuner mais... vous êtes toute trempée et vous salissez le sol..." - Votre façon d'aborder les clients est peu respectueuse mais je vais faire avec. Quand au fait que vous m'accusez de salir le sol, cela fait bien quinze minutes que ma mésaventure avec mon compagnon a eu lieu. J'ai donc eu le temps de sécher, mais voyez-vous ... mon ami n'a plus de haut." - Ecoutez, je me fiche bien de ce qui est arrivé à votre ami, mais à moins que vous ne soyez ici pour, vous aussi, prendre des vêtements secs et les acheter, je vais vous demander de sortir. - Ah. Nous y voilà. En réalité je ne salis pas vos sols, mais plutôt ... votre innocence par ma tenue humide." Passant un bras contre poitrine pour la cacher de manière faussement innocente, Selina montre au vendeur à quel point son regard l'importune. Bien évidemment celui qui pensait faire passer sa faute lève les yeux et commence à la menacer d'appeler son manager. C'est sans compter sur l'intervention providentielle de Bruce, qui la surprend quelque peu. Que ce soit dans ses paroles ou bien dans sa gestuelle. Sa main dans le creux du dos, ses doigts allant involontairement un peu plus dans ce creux, pendant qu'il se pare de son sourire de circonstances. Selina en fait de même, mais en grimaçant quelque peu, encore plus quand celui-ci finit par lui glisser ces mots équivoques. "Tu fais bien de le remarquer. Cela pourra me servir plus tard dans la soirée." Mais pas avec toi, essaie-t-elle de sous entendre. Elle se tourne pour que cette main arrête de lui donner autant de frissons et va donc chercher des vêtements secs, puisqu'il n'y a que ça pour sauver l'attitude prude de ces messieurs.
Ses recherches sont bien plus fructueuses que celles de Bruce. Étant donné qu'elle a un peu plus l'habitude de connaître ses goûts vestimentaires et qu'elle soit à l'aise avec les vendeurs et vendeuses, ses choix sont vite classés. Elle prend donc une combinaison blanche à rayures bleues, sans tissu couvrant les épaules et aux manches bombées, un ensemble écru fait d'une veste en jean, et d'une jupe mi longue fendue en son milieu et un petit haut bandeau gris. Avec bien entendu les chaussures allant dans les tons. Malheureusement, son envie de prendre une troisième tenue l'amène à rejoindre l'héritier Wayne au même moment dans les cabines d'essayage. Malheureusement encore, il lui fait ce sourire en coin, fin, avec ce regard brillant indiquant qu'il a une idée en tête. Cela lui rappelle la fois où elle s'est introduite dans le manoir lors d'une soirée, en tant qu'invitée pour lui subtiliser une lance sur demande d'un de ses commanditaires. Il avait eu ce même regard en lui demandant une danse. Et que s'était-il passé ensuite à cette époque où il avait certainement conscience de son identité, mais pas elle ? Quelque chose de bien, de bon, mais qu'elle regrette. Selina lève un index vers le brun, commençant à prendre une expression courroucée. "Très bien, mais interdiction de toucher une once de peau." Il voulait avoir un peu de contrôle voir retourner la situation en sa faveur ? Ok, mais il devra faire face à certaines limites. Et ... elle aussi. Le fait que Bruce ne perde en rien ce sourire enjoué, mais aussi moqueur montre bien qu'il se croit en passe d'avoir de nouveau le contrôle de la situation. Ça l'agace, la rend d'autant plus tendue, alerte, et soudainement plus embrasée.
Selina finit par rentrer la première et commence à se déshabiller face au miroir, non sans jeter des regards à Bruce depuis le miroir. Elle lui adresse ce petit regard farouche et provocant, tandis que tombe à terre son haut humide. "Tu t'attendais à autre chose ?" Il va répondre à la négative, ou bien retourner cela à son avantage pour la faire enrager. Quoiqu'il dise, elle fera mine de l'écouter. La cabine peut certes faire rentrer deux personnes, mais deux personnes ayant la carrure de Selina. Étroite, et aussi solide qu'un meuble suédois de chez Ikéa, les planches de la structure pourraient craquer si l'on prenait trop appui sur chaque pan. Les deux occupants sont donc obligés de se serrer, le tout en évitant de se toucher, ce qui relève de l'acrobatie par moments. Surtout pour Bruce qui se trouve en sortie de cabine. D'ailleurs, il frôle involontairement la brune au niveau des omoplates en essayant de mettre son nouveau pantalon. "J'ai dit : on ne touche pas." Elle se retourne et colle son dos contre le miroir afin d'avoir un appui utile pour pousser avec assez de force monsieur Wayne jusqu'aux abords de la sortie. Les gens se rendant dans la salle d'essayage peuvent alors voir une immense carrure poindre sous les rideaux. Selina rit face à l'absurdité de la scène mais se reprend pour réfléchir un moment sur les deux tenues lui plaisant le plus. "J'hésite l'ensemble écru serait parfait pour une sortie casse et soirée chez cette riche héritière en possession d'un collier qui ne lui appartient pas. Mais cet ensemble blanc à carreaux imprimés est audacieux et pratique." En effet, le pantalon allant jusqu'à son nombril a une fermeture éclair assez longue pour se débarrasser du bas en cas de besoin. Le débardeur a quand à lui un design osé, mais tout aussi pratique, fait de bretelles à attaches de sangle. Aller, faisons nous une petite folie, prenons les deux tenues, mais gardons celle à carreaux sur nous, se dit alors Selina. Elle finit par enlever son soutien gorge devant un Bruce qui ne semble pas s'en sortir avec la boucle de ceinture un peu sophistiquée qui est inclue sur son pantalon. Quand elle prend la boucle, elle évite bien entendu tout contact avec la peau de son compagnon de cabine.
"Laisse-moi faire." Lâche-t-elle d'un ton un peu sec. À vrai dire, la jeune femme se concentre énormément pour ne pas perdre en force et donc toucher par inadvertance la peau du ventre du brun. Et, elle a comme l'impression qu'il essaie de la prendre au mot sur ses propres règles. Il s'approche de sorte à ne plus être si loin d'elle. Maintenant, c'est elle qui sourit de manière équivoque mais ... quelque chose change de d'habitude. Le "jeu" semble la rendre mal à l'aise. À tel point qu'en voulant aller plus vite sous la pression, elle se rate, et frôle la peau de son ventre. Rapidement, il voit le visage de Selina se relever. Surprise, sans voix, il peut voir à quel point elle est frappée d'une incompréhension totale face à la situation. En réalité cela lui rappelle cette manière qu'elle avait eu d'esquiver le sujet concernant la destruction d'une de ses planques. De comment ce soir là, dans cette suite, elle avait profité de ses inquiétudes (supposées), pour l'embrasser et le mettre à terre. Pour le faire taire, pour décharger toute cette tension accumulée depuis leur dernière confrontation. Tout ce lien avait été plus charnel, chacun trouvant son compte d'une certaine manière malgré ce besoin de contrôle. Et maintenant. Est-ce que cette ascendance, cette domination est encore utile ? "Tu es agaçant, Bruce." Elle a tellement de mal à prononcer son nom en cet instant. Même si règne une fureur, une envie soudaine dans ses yeux, même si elle finit par tirer sur ce pantalon pour le rapprocher d'elle, alors qu'elle ne devrait pas. N'a-t-elle pas dit qu'elle avait compris, qu'elle voyait pourquoi il ne lui faisait pas confiance ? Alors pourquoi sont-ils ici. Pourquoi a-t-elle envie de ne pas le repousser finalement. Pourquoi, après quelques secondes durant lesquelles elle le dévisage, elle l'embrasse, finalement. De cette manière douce qui tranche avec la fureur de nombre de leurs ébats, rapides mais si puissant. Peut-être pour le sentir une dernière fois de cette manière, avant de l'engouffrer de nouveau sous cet élan de force et de désir mal placé. ses mains viennent s'emparer furieusement de sa nuque pour l'empêcher de prendre le contrôle et de comprendre cette différence notable avec les dernières années.
Il ne fut pas difficile de se laisser aller, face à la douceur surprenant dont fit preuve Cat. Ses lèvres, son corps, sa peau douce, l'ardeur qu'elle tentait de stopper avant d'y succomber, tout cela contribuait à attiser les désirs de Bruce. Evidemment, ce dernier tenta, l'espace d'un bref instant, de se contrôler, de ne pas se laisser faire, mais l'envie était là, puissante, implacable, et il faillit bien s'y perdre. C'est donc à regret qu'il dut se séparer de la jeune femme, quand le vendeur, de l'autre côté du rideau, vint les interrompre :
« Eh, je me fiche que vous soyez trempés ou pas, une seule personne par cabine ! Trouvez-vous une chambre au lieu de... »
Agacé, Bruce, décrocha son visage de celui de Selina, avant de sortir de la cabine d'essayage en prenant soin de dissimuler le corps de la jeune femme. Il se planta devant l'employé du magasin, s'attirant de nombreux regards, avec l'expression faciale de quelqu'un qui venait d'être interrompu dans un moment important. Ce qui était en partie le cas. Pour une fois qu'il parvenait, en tant que Bruce Wayne, à laisser de côté sa rigidité, on venait l'empêcher de continuer. Même si, techniquement, c'était sa compagne qui avait fait tout le travail.
Mais ça, il n'allait pas trop le dire.
« Vous croyez vraiment qu'on s'abaisserait à ça ? »
Son ton avait une part de froideur qui n'était pas coutumière de l'excentrique Wayne.
« Ecoutez... on est jamais trop prudents. L'autre jour encore, on a eu deux femmes qui se sont... enfin, vous voyez. C'est sale, devant autant de gens ! La règle c'est comme ça : un client par cabine. Si vous voulez voir ce que fait votre copine, vous attendez qu'elle sorte. »
« Que diriez-vous de travailler pour moi... Jeremiah ? »
L'autre resta stupéfait, l'espace d'un instant. Il en avait probablement oublié que son prénom était accroché sur sa veste d'employé. Mais très vite, il fit alors un rapprochement qu'il aurait du faire des siècles auparavant ; ses sourcils se froncèrent, et il resta alors bouche bée en reconnaissant finalement son client.
« Pardon, monsieur Wayne... Je... je ne savais pas que c'était vous. »
Autour d'eux, nombreux furent les murmures. Bruce Wayne dans un magasin de vêtement pour classe moyenne. De quoi faire un scoop.
« Ce n'est pas grave. J'espérais pouvoir passer une journée tranquillement. Mon amie avait un petit problème, j'ai simplement du aller l'aider. Rien de bien méchant, et surtout rien qui ne soit mal connoté. Maintenant, Jeremiah... tenez. Voici l'adresse d'un tailleur que je possède. Quand vous aurez fini votre fatigante journée ici, vous irez les voir en donnant ce papier au propriétaire. Vous y trouverez certainement un travail plus adapté à votre prévoyance. »
Il acheva de griffonner ledit mot sur un post-it, le confia au jeune homme médusé, puis retourna vers la cabine d'essayer dans son dos. Il passa simplement la tête par le rideau, puis eut un sourire en voyant que Selina en avait profité pour achever de s'habiller. Pour sa part, il n'avait pas encore tout à fait terminé, et il le fit donc savoir :
« Si tu veux rester encore un peu, il me reste deux-trois touches à finir sur ma tenue... »
Le petit sous-entendu était limpide, mais il trouvait cela amusant. D'autant qu'il avait l'employé du magasin dans la poche, maintenant.
Too perfect for ya Frustrée. Oui, elle se sent si frustrée, agacée, en cet instant. D'une part parce qu'elle avait senti Bruce commencer à s'abandonner au baiser. D'autre part parce que ce vendeur se voulant garant de la vertu de factices prudes revenait à la charge ... et se voyait octroyé un passe droit de la part de l'héritier Wayne. Cela ne plaît pas à Selina. En rien. Alors elle les fusille du regard, intensément. Comme si elle était prête à leur griffer le visage et à les jeter tous deux dans une cabine pour qu'ils continuent à se brosser leur poil de torse en toute intimité. Pourtant, elle fait mine de sourire, carapace contre son écoeurement grandissant, elle lui tourne le dos et donc se referme, finissant de s'habiller et mettant un terme à ce début d'ébat. "Non. Je ne resterai pas." Elle secoue frénétiquement la tête et regarde un moment sur le côté avant d'affronter Bruce de son air crispé. "Je ne suis pas là pour qu'on m'octroie un passe droit. Encore moins en me montrant avec des plumes dans le cul et en étant homophobe." Ça peut paraître arrogant, mais qui est le pire ? Celui qui dit qu'un acte d'amour entre deux femmes est sale, ou bien celle qui dit qu'un homme se balade avec des plumes dans le cul en se croyant le roi du monde, comme ce vendeur ? "Et je ne suis pas non plus une pute avec qui tu t'acquiers du bon temps, en griffonnant sur un post it ta signature, dans ton joli costume d'héritier Wayne." À une époque elle aurait pu trouver cela amusant, ne voir que le culot de la chose et faire avec. Mais depuis sa réhabilitation, elle n'avait plus ce côté détaché, elle était redevenue sensible, capable de ressentir et d'agir selon son coeur, comme ce fut à une époque. Elle aurait même eu l'audace de le faire d'elle-même. Mais pas aujourd'hui. Surtout pas aujourd'hui. Alors la brune sort, en repoussant cet homme qui soudain la dégoute et la met dans une colère noire. Et bon dieu, elle ne se gêne en rien, cette fois, pour lui montrer à quel point il a été un sacré connard ... en faisant un coup de connasse. "J'ai une annonce à faire ! Bruce Wayne est dans les cabines d'essayage ! Il vient même de donner un ticket d'entrée à un pauvre con homophobe de vendeur. Si vous êtes aussi des pauvres cons ou connes, demandez-lui ce que vous voulez, il vous le donnera !" Des gens sortent alors de leur cabine à l'annonce ou regardent vers la sale d'essayage pour voir si ce que dit cette femme est vrai. Et en effet, ils voient tous l'héritier Wayne. L'euphorie, la curiosité malsaine ou innocente monte alors dans le magasin, pendant que Selina en profite pour claquer dans le mouvement de foule les étiquettes et antivols de ses vêtements. Elle en claque aussi sur d'autres et vole un sac à une pauvre cloche déjà en train de sortir son smartphone pour immortaliser ce moment et faire ses j'aime sur son profil instagram. Ceci fait, elle s'octroie le plaisir de partir, en saluant Bruce, avant de tourner ce salut en doigt d'honneur. Une chose qu'Holly lui avait apprise à faire.
C'est donc sous une chevelure châtain foncé aux boucles structurées, les lèvres peintes d'un rouge carmin puissant, et des yeux aux iris noisette fardés d'un bronze légèrement foncé par un effet charbon au niveau des cils, que Selina se présente auprès du gérant du grand magasin, ainsi que de tous ces riches se croyant au dessus de tout. Affublée de cette combishort bleu marine à pois blancs, il est difficile de faire la différence entre celle qui se nomme Selina Kyle et cette apparence convenue de femme investissant dans les bonnes causes. "Madame Dubrovna ! Quel plaisir de vous voir finalement le jour de l'inauguration des différents espaces ! - Excusez mon retard, j'étais prise par la folle envie de voir à quel point les gens étaient heureux d'avoir accès à ces infrastructures. - Ne soyez pas désolée. Vous avez tant investi dans ce projet novateur, il est tout à fait compréhensible que vous vouliez voir l'étendue de leur réussite. - Je vous en remercie. Vous avez déjà été si complaisant d'accepter mes projets malgré vos réticences face à des investissements étrangers. Ce que je peux comprendre, au vu des velléités de certains." Et finalement, le gérant du nom de David Hurst la présente aux riches présents. Elle reconnaît de suite Cromwell qui est déjà au bras d'une nouvelle potiche, sans doute de sa classe, au vu des concours de bijoux et vêtements chers auxquels ils s'adonnent réciproquement. Certains ou certaines sont des personnalités qu'elle a déjà eu la chance de détrousser et faire enrager. Vient ensuite, à sa grande surprise, Bruce Wayne qui semble s'être invité à la partie en étant suivi d'un certain attroupement. Toujours de son bel accent yiddish ukrainien qui va avec sa panoplie de la parfaite étrangère radieuse, qui n'a pas conscience de la saleté de nombre de ses confrères. "Voici à présent Monsieur Bruce Wayne, héritier et personnalité intégrante de cette ville de Gotham. Que nous n'attendions pas, à vrai dire. Décidément, vous avez toujours le chic pour arriver aux événements les plus notables de notre ville, Monsieur Wayne. - Ravie de vous rencontrer Monsieur Wayne. J'aime beaucoup vos choix vestimentaires. Ils s'avèrent plus légers et moins sophistiqués, comme par chez moi." Petite référence sous entendue à ses vraies origines, celles de l'East End. Oh il sait pertinemment qui est en face de lui. Et au vu de ses dernières prouesses dans le magasin, il ferait mieux de fermer son adorable clapet de circonstances. En dénote cette façon dont Selina serre la main de Bruce, afin d'y planter de manière assez douloureuse ses ongles. "Cela aurait été un plaisir de vous parler plus longtemps, mais il semble que nous avons chacun nos devoirs à accomplir. Et je ne veux en rien faire attendre votre public." Si seulement il n'avait pas fait attention à ce vendeur, si seulement il ne lui avait pas donné ce papier, tout aurait pu avoir une certaine signification, ouvrir de nouveaux horizons. Mais il n'en a rien fait. Il a joué les héritiers, plutôt que d'être un humain. Elle se retire en le saluant, puis se met à s'avancer avec ceux qui n'ont pas décidé de rester aux basques de leur poule aux oeufs d'or. Prenant la peine d'aller rejoindre des enfants attendant leur tour aux montagnes russes, afin de se mettre elle aussi dedans, et essayer l'attraction. D'ailleurs, l'un des enfants ayant un peu peur d'y aller seul se retrouve avec la jeune femme qui n'a pas hésité un seul instant à l'emmener dans cette folle aventure. Lorsqu'ils se retrouvent à arriver sur le haut de cette descente, autant dire que Selina rit, crie en coeur avec son partenaire d'une dizaine d'années, porté lui-même par le comportement de sa voisine. Lorsqu'elle ressort en riant à pleine gorge et en titubant, elle se sent bien plus vivante qu'avant, sans doute à cause de l'adrénaline coulant dans son sang. Cela lui fait tellement du bien d'être et de vivre au jour le jour. Kyle avait fait des efforts, mais maintenant elle se fiche bien d'en faire si c'est pour être traitée comme ce qu'elle n'est pas. Un point c'est tout.
Bruce observa pendant un bon moment Selina. Il ne la quitta pas du regard, l'observant se balader tranquillement, grimper dans l'attraction, y participer en compagnie d'enfants et en ressortir en riant. Il l'observa pendant tout ce temps, en essayant de déterminer ce qu'il pouvait ressentir alors qu'il avait ses yeux bleus rivés sur la jeune femme. Il s'en voulait, au moins un peu, de son propre comportement. Mais il en voulait également à la jeune femme, car elle avait réagi avec exagération selon lui. Il n'était pas spécialement rancunier, au contraire. Mais il avait pendant longtemps essayé de répondre à la question du pourquoi. Et elle, elle n'avait jamais semblé vouloir y répondre aussi.
Faisait-il fausse route depuis toutes ces années ?
Pour beaucoup de gens, leur relation, mélangeant flirt, tension sexuelle, attirance réciproque et sentiments voilés, était un danger pour le Chevalier Noir. Un poison qui coulait encore et toujours, viscéral, puissant et implacable. Bruce avait, à plusieurs reprises au cours des dix dernières années, eut l'impression que rien de bon ne sortirait jamais de tout ça. Qu'il ne trouverait certainement pas la paix avec quelqu'un en la personne de Selina. Pourtant, à chaque nouvelle tentative, que ce soit avec elle ou une autre, il pensait à Cat et à ce qu'ils partageaient. Combien de fois avait-il caressé l'espoir d'aller plus loin ? Combien de fois avait-il pressenti que la jeune femme se défendait, se cachait, plutôt que d'affronter ce qu'elle ressentait ?
Si elle ressentait bien quelque chose.
Sa réaction dans le magasin lui mettait le doute. Il but une gorgée d'un cocktail fort, espérant parvenir à oublier ses sinistres pensées. Mais son regard était accroché sur Cat. Sur sa tenue très différente, son apparence différente elle aussi, et sur ce qu'il devinait. Il avait été blessé de voir un malentendu ou une bêtise (ou les deux) venir à bout aussi facilement de leur moment. Il avait apprécié ces instants, et maintenant, par sa faute, il s'était envolé. Même s'il ne voulait pas démordre de l'idée que c'était aussi la faute de la jeune femme.
On vint alors le tirer de ses réflexions désastreuses. Le dénommé Cromwell, qui lui adressa un sourire légèrement moqueur. Mais il y avait aussi une lueur de compassion dans son regard, ce qui intrigua Bruce.
Et le rendit méfiant.
« Un problème de cœur, monsieur Wayne ? Vous savez, une femme, ce n'est pas bien compliqué. »
« Vous pensez vraiment que j'ai besoin de conseil sur ce sujet ? »
L'autre s'esclaffe, amusé. Il pointe brièvement du doigt la jeune femme qu'il a lui-même courtisé auparavant, sans le savoir.
« Visiblement, oui, monsieur Wayne. Vous observez la même femme depuis plusieurs minutes, et il est évident que vous n'avez pas la moindre idée de quoi lui dire. Mais vos yeux sont durs, et distants ; vous la connaissez déjà et elle vous a fait du tort ? Ou peut-être est-ce votre faute ? Ce peut être les deux également. »
« Et donc ? »
Le sourire de Cromwell est teinté d'ironie, mais aussi d'une compassion très masculine.
« Allez la voir, et dîtes-lui ce qui ne va pas. La communication, c'est la clé, toujours ! Et si elle vous saute au visage, n'oubliez pas que c'est parce qu'elle s'en veut aussi et tente de tout décharger sur quelqu'un d'autre. »
Pouvait-on vraiment faire conseil plus alambiqué ?
Mais il avait raison toutefois ; Bruce ne pouvait pas rester sans rien faire à se morfondre. Alors il se leva, parvint à accrocher brièvement le regard de Selina au loin... puis se détourna et partit vers la dernière section qu'il ne connaissait pas encore. Celle consacrée à la nature, aux animaux, et au calme le plus relatif. Il y trouverait de quoi s'apaiser, et peut-être que la jeune femme comprendrait qu'il veut lui parler là-bas.
Too perfect for ya Ces regards appuyés, ces non dits passant tel des dagues dans vos bras et votre dos alors que vous ne faites que profiter d'un moment, en rejetant tous ces liens qui vous font souffrir. Oui, Selina était coupable d'avoir blessé la fierté d'un homme, en réponse à sa propre fierté blessée. Oui, Selina en voulait à Bruce d'avoir traité cette histoire, comme si elle n'était qu'une pauvre cloche à croquer dans la soirée, alors qu'elle avait fait l'effort de changer ses habitudes, voir de ravaler sa fierté. Et de se faire de surcroit bien plus proche que ce qu'elle s'autorise habituellement avec tout homologue masculin. Alors quand Bruce la regarde ainsi, elle se sent mise à nu, déchirée de ses vêtements et du reste de son déguisement. Pourtant, quand leurs regards se croisent, elle le soutien. Non pas par fierté, mais par combattivité. Pour lui montrer que non, il ne la fera pas ployer, pas comme les autres. Car elle a conscience de toutes les barrières qu'elle a à nouveau fait sauter pour ses beaux yeux. Et comme elle se l'est juré, elle n'allait pas se faire utiliser, encore moins blesser à nouveau.
Alors lorsque celui-ci lui indique d'un bref regard qu'il a besoin de lui parler, Selina fait en sorte de prendre son temps et de finir ses discussions avant de le suivre. Pour qu'il comprenne que cette fois, elle n'allait pas se laisser aller selon son bon vouloir. Elle arrive finalement, deux minutes plus tard dans ces allées où seul la végétation et quelques présentations d'animaux fondaient cet espace. Selina se fait un point d'orgue de ne pas donner du pain à des magasins usant d'animaux pour amener du public. Le plus souvent, elle leur vole, et les redonne à des associations. "Tu veux que nous parlions de ce qu'il s'est passé à la boutique." Elle a compris. À force de le côtoyer avec ou sans ce costume servant de barrière protectrice, et de moyen d'échapper à leur part d'humanité, elle sait. Il veut la voir, parler. Seul à seul. Confronter ces doutes qu'ils ne cessent de semer pour ne pas voir la vérité en face. Bras croisés, appuyée contre l'une des barrières de ce couloir de marche, Selina dévisage Bruce Wayne comme elle ne l'avait jamais dévisagé auparavant. Distante, en rien avenante ou provocante, elle semble bien trop sérieuse à tel point que l'on pourrait se demander si il s'agit de la vraie Selina. Elle attend qu'il prenne la parole, attend mais voit que rien ne vient de son côté. C'est à elle de faire le premier pas. Soit. Après un long soupir, elle s'exprime : "Très bien. Te rends-tu seulement compte de ton attitude lorsque nous étions là bas. Je ne parle pas de ce qui s'en est suivi de mon côté, je parle de toi." Il est temps de dire ce qui ne va pas, sans aucune barrière, sans aucun déguisement. Tout vient du coeur, sans qu'elle ne puisse le contrôler. Preuve en est, Selina fronce les sourcils et ses mains serrent ce barreau de métal avec beaucoup de force. "Tu as passé un ticket. Un ticket pour avoir ton coup tranquille. Tu auras beau me dire que mon interprétation est une bêtise, que je prends cela trop à coeur ... ce n'est rien de tout cela. Pas quand on ne veut plus se faire traiter comme une pute." Ainsi, avoue-t-elle à demi mots, en soufflant presque cette dernière phrase par dépit et dégout, qu'elle a vécu cela. Qu'elle a souffert de cette situation peu enviable, et qu'elle ne veut plus jamais le revivre. Encore moins ... de sa part. Oui, de sa part, il faut l'avouer.
"Je te croyais ..." ... Au dessus de tout cela ? De ce genre de symbole que s'octroient ceux qui ont de l'argent et de l'influence ? La lueur dans son regard s'intensifie. Pas d'attente, pas d'hésitations, elle est directe. "Je vais être plus claire dans ce cas. Au départ, tout était arrangeant. Les flirts, les baisers volés, les poursuites. Mais lors de l'affaire Hush, tu m'as fait croire que tu avais besoin d'aide, de mon aide, de mon soutien." Et elle avait répondu à cette demande, comme l'idiote compatissante qu'elle pouvait être. Le résultat avait été un Bruce la jetant et l'accusant d'avoir été associée à la conspiration Hush. Elle aurait pu en rester là et ne pas lui en vouloir. "Et alors que tu me jetais, Hush m'a littéralement arraché le coeur. J'étais clouée dans un lit d'hôpital avec une machine à la place du coeur. Quand j'étais dans le coma, j'ai souvent voulu abandonner à cause de toi. À cause de ce que tu m'as fait. Et dire que pendant ce temps, là tu continuais à batifoler comme si de rien n'était. Mais j'ai préféré survivre. Pour d'autres personnes. Vu que tu ..." ... Tu t'en foutais ? Pouvait-elle vraiment l'affirmer au vu de son état lors de ces jours sombres ? Pas vraiment, et c'est bien pour cela qu'elle n'en dit pas plus. Qu'elle se retient, se redresse et tente de calmer les pulsions de son sang dans ses mains en les secouant légèrement. "Je suis guérie depuis. Mon coeur avait encore des lésions qui m'empêchaient de sentir à nouveau toutes ces choses. Je t'interdis de recommencer, Bruce. Une fois, mais pas deux. Retourne au bras de tes potiches et fais ce que bon te semble, mais ne le fais pas avec moi." Cette fois, quelque chose change. Ses yeux sont plus brillants, et on peut dénoter un début de vexation dans son expression. "Concernant ce qu'il s'est passé après ta petite donation à ce salaud se permettant de considérer un acte d'amour et d'envie comme quelque chose de sale. J'ai sans doute mis la dose, mais tu vas avoir le toupet de me dire que j'aurai dû me taire, ou bien jouer les filles sages ? Dommage, mais ça n'a jamais été mon genre dans ces situations." Sans s'en rendre compte, elle venait d'englober son cas de cabine à celui des deux filles qui ont eu le droit elles aussi à leur sermon. Peut-être qu'elle s'en rend un peu compte finalement, et face au silence de Bruce qui se fait de plus en plus pesant chaque seconde passant, la voleuse s'impatiente. Est-ce là un moyen de son cru pour qu'elle ait les nerfs à vif ? Il est toujours si silencieux, à mesurer chacun de ses mots ou de ses gestes. Elle se demande d'ailleurs comment il est arrivé à vivre jusque là sans faire soudainement de l'apnée en voulant contrôler sa respiration.
« Je n'excuse pas ce que j'ai dit, ou fait. Mais telle n'était pas mon intention, et je suis navré que tu l'ais perçue ainsi. Si j'ai donné ce... ticket, comme tu dis, à cet imbécile, c'était pour être tranquille. Pour qu'il ne cherche plus à nuire inutilement aux personnes comme toi ou moi, qui veulent simplement profiter d'être ensemble. Mes pensées n'étaient pas aussi basses que tu le penses. Je n'aspirais qu'à pouvoir passer du temps avec toi, sans qu'il soit dans notre dos en permanence. Rien de plus. »
Il marqua une légère pause, le regard fixé dans le vague, le menton entre ses mains.
« Tu as mal perçu mon intention, et j'ai été maladroit au possible ; soit, c'était une erreur que je ne referais pas, car je vois bien que le malentendu a éveillé d'autres problèmes. Car c'est de ça qu'il s'agit aussi, évidemment. Une tension qui existe depuis le début entre toi et moi, et qui a trouvé son douloureux paroxysme dans cette boutique. C'était aussi une erreur, que d'y aller. Je ne suis pas fait pour toutes ces choses... je crains de ne jamais l'être, malgré mes efforts. Mais soit. Passons. »
Il parlait calmement, car il ne ressentait aucune colère, aucune rancœur. Il exposait juste sa vision des choses. Et il se doutait que la jeune femme ne réagirait pas comme il le pensait, car elle était trop imprévisible. Et aussi trop sourde à la raison pour répondre avec calme.
« Je suis content que ton cœur, littéralement et au figuré, soit guéri, pleinement. C'est une bonne chose, et j'ai mis très longtemps avant de me convaincre que tout ça n'était pas ma faute, mais celle de Hush. J'ai longtemps pensé que c'était ma responsabilité, que tu avais souffert à cause de moi et non pas parce que ce dégénéré avait simplement voulu te punir toi, plutôt que moi. Tu étais plus facile à atteindre, pour lui. Mais, et je sais que ça ne changera rien, qu'au contraire, tu pourrais trouver cela agaçant, t'énerver, je sais que ce serait un « merci » à ta manière : j'ai payé tous tes soins. J'ai fait en sorte que peu importe ce qu'il se passerait, tu survivrais, avec le moins de séquelles possibles, et que tout irait bien. Du moins, autant que possible. Tu t'en ais sûrement douté, mais je te le dis : je ne t'ai pas abandonné. Jamais. Et je ne m'en fichais pas. »
Encore des aveux. Feraient-ils vraiment une différence, ou Cat resterait-elle sur la défensive, refusant de simplement parler, préférant s'énerver pour cacher le fait qu'elle se sentirait redevable ? Alors même que Bruce ne lui demanderait jamais rien en retour.
« Mais tout ça n'a guère d'importance, évidemment. Car j'ai commis une erreur avec toi, aujourd'hui. Je n'aurais pas du, et pour cela je te présente des excuses. Mais quoi que tu répondes, je pense que tu sauras que je suis sincère. On peut difficilement faire moins menteur que moi. Maintenant, si tu préfères tirer un trait sur tout ça et repartir de ton côté, libre à toi. Tu fais ce que tu veux. Mais je peux aussi te proposer de rester un peu avec moi, ici. C'est calme, apaisant. Un peu à l'écart. »
Too perfect for ya Ainsi, comme elle se doutait, Bruce avait veillé sur elle. Au delà du fait qu'il gardait son apparence de playboy charmant à tout va. De toutes ces responsabilités qu'il aime tant se mettre sur le dos en tant que Batman. Il peut voir à quel point elle se décompose au fur et à mesure de ses aveux, car elle sent, oui elle sent à quel point il est sincère, pour une fois. Sans se cacher derrière ses devoirs en tant que Batman. Sans passer par des tournures de phrases qui ne sont qu'esquives et prises de distance. Cela la trouble énormément, peut-être bien plus qu'elle ne le pressentait. Car elle ne s'attendait pas à ce qu'il les dise aussi naturellement, avec tant de calme. Mais bon dieu, pourquoi ne s'énerve-t-il pas ? ! Cela serait tellement plus arrangeant, comme lorsqu'il l'a réprimandée si durement lors de sa cabale personnelle contre Bones. Mais le fait qu'il accable cette sortie, et les efforts tentés par Selina apaisent en quelque sorte ce qui alors remontait furieusement dans sa gorge. La jeune femme reprend consistance en clignant plusieurs fois des yeux, main posée contre sa gorge. "Tu veux mon avis ? Réessaie d'entrer dans une boutique de vêtements. Mais cette fois, évite d'user de ton influence. Sois juste ... juste ce que l'on était avant ce vendeur, si tu vois ce que je veux dire." Elle grimace, essayant de retenir son léger sourire moqueur alors qu'elle croise de nouveau le regard de Bruce. Mais ce sourire s'efface, car il n'a pas lieu d'être. Car Selina, en regardant cet homme en cet instant précis, est secouée par ses sentiments. Se rend-il seulement compte, sous son air imperturbable de ce que nombre de choses ont signifié du côté de la brune ? Du nombre incalculable de fois, où avant son problème, elle avait pu pécher et se détourner de ses principes pour lui ? Se souvient-il seulement de ce moment sur le toit où il était gravement blessé et où elle avait fait en sorte de le cacher aux yeux de ses ennemis ? De ce doux baiser déposé une autre fois sur son casque alors qu'il s'efforçait de ne pas s'endormir une fois l'acte consommé ? Peut-être que ces gestes ne représentent rien pour lui, comme ce haut choisi, qu'il porte maintenant comme si cela avait toujours été dans sa garde robe. Un haut qu'elle regarde d'ailleurs, en étant quelques temps dans le vague.
Finalement, il la voit s'avancer. En silence, la tête légèrement baissée, mais il comprend ce qu'elle fait quand enfin sa chevelure touche le tissu de son haut. Selina pose simplement sa tête contre son torse, appuie au fur et à mesure son front contre lui, et soupire ... de soulagement. Elle se détend peu à peu, et se laisse même aller. Juste parce qu'il est là, et parce que l'endroit la calme. "Merci." Elle aurait voulu qu'il soit là, quand enfin elle s'est réveillée. Elle aurait voulu ne serait-ce qu'une étreinte, une preuve que tout cela n'était pas qu'un flirt, de la tension. Aurait-il eu seulement le courage de faire ne serait-ce que le premier pas ? Comme aujourd'hui, même si elle a été la première à parler, ou même à s'avancer, et effectuer un geste affectueux. C'est décevant, frustrant. Mais elle fera avec, comme d'habitude. Car demander la lune n'est pas dans ses habitudes, et elle n'est guère du genre à faire des caprices de princesse voulant que son compagnon lui lèche la botte. "Et je suis désolée. Je ne sais pas pourquoi tu ne cesses pas d'être ainsi avec moi, alors que je fais tout pour être imbuvable. Je ne sais pas non plus pourquoi je ne cesse de vouloir revenir vers toi, avec ou sans costume." Cette dernière partie est fausse. En réalité Selina a peur d'admettre une vérité qui, malgré les lésions qui ont touché son coeur depuis si longtemps et biaisé nombre de choses, était toujours là. Cachée dans un coin, à attendre son moment. Et en ce moment, cette vérité se bat pour que tout éclate. Son seul soutien, est son front pressé contre ce haut la séparant de la peau de Bruce. Cette peau dont elle sent l'odeur, à la fois boisée et légèrement acidulée. Elle finit par se redresser après de longues inspirations, l'envie battant dans son sang comme dans chaque interstice de son corps comme lorsqu'ils étaient dans cette cabine. "Ce haut te va bien. J'espère que tu trouveras quelqu'un d'autre capable de te sortir des habitudes vestimentaires d'Alfred." Mais pas elle ? Elle ne sait pas. Elle ne veut pas l'avouer. Elle n'ose même pas remonter ses doigts vers ce visage, vers ces lèvres entrouvertes. Non, sa main reste en suspens et s'ensuit un mordillement de sa lèvre inférieure. Elle en a déjà trop fait. Selina se recule et remet en place sa perruque, avant de vérifier l'état de son rouge à lèvres pour préparer sa sortie. Lorsqu'elle referme son miroir de poche, quelque chose change dans son regard. C'est inhabituel. Comme si pour une fois, elle n'avait pas la réponse, et ne s'en fichait pas. Elle voulait cette réponse. "Bruce. Je voudrai juste savoir. Est-ce qu'un jour tu t'es seulement demandé si je ..." Les derniers mots se perdent, autant qu'elle se perd. Et ses doigts se serrent sur ce pauvre miroir qui n'est en rien fautif de ce dérapage. Elle essaie de reprendre la parole, mais rien ne vient. "... serai mieux dans un déshabillé noir avec seulement ma culotte, ou bien une nuisette noire au bas satiné et au haut en maille fine, avec des fleurs brodées juste ..." Ses doigts courent de son nombril jusqu'à sa poitrine puis ses épaules. "... comme ça." Elle détourne la conversation et d'autant plus ses interrogations. Car elle a peur que tout recommence. Qu'il la croit capable de le trahir, de jouer avec ses sentiments pour aider l'un de ces idiots de Gotham. Qu'il lui fasse mal comme ce jour là. Pour la première fois, Selina a peur des sentiments d'un homme à son égard et cela la tétanise.
Il était certain qu'elle allait lui demander autre chose, quelque chose qui lui tenait à cœur mais qu'elle était soudainement incapable de vraiment lui dire. Cela ne le gênait pas, même s'il aurait aimé qu'elle parvienne à faire ce pas. Il avait l'habitude, et comprenait plus qu'elle n'en disait ; comme toujours, il y avait ce lien entre eux, cette façon innée de savoir ce que l'autre voulait dire sans qu'il ait besoin de le faire. C'était parfois complexe, parfois facile, mais toujours aussi étrange. Et parfois, aussi, c'était plus flou. Ni l'un ni l'autre ne parvenait à aller jusqu'au bout de son envie ou de sa pensée, et il fallait que l'autre devine, au hasard, ce qui était tu.
En l’occurrence, il devinait bien.
Mais elle avait détourné. Admirablement, comme toujours, et avec une légèreté et une attitude légèrement provocante qui lui était familière. Pour toute réponse, Bruce eut d'abord un sourire, avant de regarder Selina comme s'il essayait véritablement de l'imaginer dans les deux tenues dont elle parlait. Oh oui, il voyait bien ce qu'elle avait voulu dire. Il la voyait très bien, fière, droite, mais terriblement incapable d'être sincère et honnête avec elle-même. Peut-être que c'était ça, aussi, qui l'empêchait de parler parfois ? Le fait que, à l'instar du Chevalier Noir, Catwoman n'était jamais que quelqu'un qui fuyait sa propre vérité, par peur de ce que ça pouvait provoquer.
Par peur de perdre le contrôle.
« Les deux tenues t'iraient à la perfection, je pense. Même si la seconde est peut-être un peu plus raffinée. Dans tous les cas, porter de tels vêtements ne saurait empêcher les regards de s'accrocher à toi. »
Il aurait simplement pu lui dire qu'elle était belle, mais il avait depuis longtemps pris l'habitude de cacher ses compliments derrière des phrases plus ou moins alambiquées. Il n'était pas assez direct, car il était mal à l'aise avec tout ça. Pourtant, à côté, quand il revêtait le costume, il devenait bien plus froid et bien plus pragmatique. Moins de faux-semblants, moins de choses tacites. Il était plus direct, oui, tout simplement.
Mais là, il n'y avait pas de costume.
Simplement deux personnes habituées à se tourner autour, qui profitaient d'un moment de calme si rare et si cher à leurs yeux.
« Et toi ? Que penses-tu de mon costume habituel ? Je devrais changer quelque chose ? Je dois obligatoirement me rendre à une réunion mondaine dans deux jours, et bien que j'ai aucune envie d'y mettre les pieds, il me faudra un costume de bon goût. J'hésitais donc entre celui que je mets habituellement, sobre, noir, et un autre, bleu marine. Qu'en penses-tu ? »
Ont-ils vraiment cette conversation aussi banale ? Oui, pourquoi pas après tout ! Ils sont tous les deux assez âgés pour ne pas chercher à batifoler absolument partout. Ils sont tous les deux assez intelligents pour savoir apprécier la présence de l'autre sans être gêné qu'un silence s'installe, ou que l'autre intimide par sa seule présence. Cela fait bien longtemps qu'ils se connaissent assez pour savoir que ni l'un ni l'autre ne se laisse aller à de bas instincts qui rendent leurs rencontres frivoles et charnelles.
Ils sont capable de se contrôler, au moins pour ça.
Too perfect for ya Il n'a pas compris. Ou alors, il nie et c'est d'autant plus risible. Très bien. Il veut rester sous contrôle. Très bien, les choses resteront telles qu'elles sont. Comme avant, en repartant d'un certain zéro. Sans que rien ne les attache plus que de raison. Autant profiter du calme, avant que de nouveau tout les déchire de nouveau dans la nuit noire de Gotham. Et peu à peu, cette femme en proie aux doutes et finalement trop sentimentale disparaît, pour laisser place à une autre bien plus à l'aise et à même de donner la réplique à cet homme qui malheureusement, a repris le contrôle et s'est donc refermé à toute éventualité sentimentale. Par peur, lui aussi. "Tu sais, ce n'est pas parce que tu uses de tes flatteries habituelles que je vais me montrer plus objective quand à ta future tenue d'événement mondain. Tu sais très bien pourquoi je vais dans ce genre d'événements. Je ne me mets pas en valeur pour eux, mais seulement pour moi." Dit-elle, en secouant la tête et en soupirant face aux paroles de l'héritier Wayne. Bon, dans un sens elle fait un peu preuve de mauvaise foi car elle aime bien créer les émules, que ce soit sous une fausse identité ou un déguisement bien rodé de femme fatale ou excentrique. Preuve en est encore aujourd'hui, au vu des compliments adressés à Irina Dubrovna. "Essaie de juste mettre une cravate bleu marine en satin sur ton costume noir, pour changer. Tu auras moins l'air d'un croque mort ayant fait fortune dans la création des derniers cercueils à la mode." Et cela permettrait aussi de faire ressortir d'autant plus ses yeux bleus. Mais cela Selina se garde bien de l'évoquer. Seul son regard se perdant dans le sien donne un indice sur ce "léger détail".
Pourtant, c'est bien sur ces paroles et ce regard qu'elle se détache de lui, non pas parce qu'ils n'ont plus rien à se dire, mais parce qu'elle ne se sent pas de faire encore une fois le premier pas. Elle le dépasse, se trouve dans son dos là, à quelques centimètres comme pour s'éloigner de lui avant de comprendre son malaise. Selina soupire alors une nouvelle fois et se pince l'arête du nez. "Alors tu es capable d'offrir un cocktail, de flatter, de jouer les justiciers, mais tu es incapable d'engager une simple promenade ?" La brune finit par hausser les épaules. Voyant bien que même en l'attendant, en lui indiquant sans prendre les devants, Bruce est bien incapable d'avoir des interactions aussi banales. "Finalement, je me demande vraiment comment tu as pu tenir certaines de tes relations, pendant toutes ces années." On aurait peine à croire que Bruce Wayne pourrait se comporter comme un petit écolier encore apeuré face à certaines choses de la vie qui n'ont pourtant qu'en grande partie des issues positives. Et pourtant Selina sent bien que cette facette est due à quelque chose de profond, qui empêche bel et bien l'héritier quarantenaire d'outrepasser et bonifier cette peur. Selina secoue donc la tête et reprend la marche. Laissant Bruce seul d'apparence. En réalité, elle ne reste pas loin, cachée à une intersection pour finalement reprendre la marche quand celui-ci s'approche. "Si déjà tu as du mal avec cela, alors tu ne t'en sors pas non plus avec tes anciens élèves ou ton fils." Nombre de fois, elle a vu à quel point il pouvait rentrer en conflit avec ses Robin, voir ne pas comprendre qu'il ne pouvait pas tout contrôler ni assumer. Preuve en est avec Jason qui heureusement est maintenant plus épanoui. De même pour Dick ou Barbara. Mais il a du mal à lâcher la bride et comprendre que ses enseignements serviront, d'une manière ou d'une autre. Pas de la manière qu'il attendait, mais au moins cela servira. Il aura donné quelque chose, comme elle, a donné à Holly. "Fais attention, tu vas me perdre. Je ne t'attends plus. Ce n'est pas à moi de prendre les devants. Je ne te laisserai plus avoir le contrôle par tes contraintes silencieuses, Bruce Wayne." Cela fait quelques minutes qu'elle profite de ce moment pour batifoler, observer cette végétation, mais aussi obliger Bruce à sortir de nouveau de ses retranchements. Que le petit garçon arrête de trainer le pied à cause de cette méfiance inutile. Et Selina marche d'un pas vif, utilise les quelques passages étroits entre les plantes pour le distancer et se retrouver soit derrière lui, soit à sa gauche ou sa droite.
Elle ne l’oublie pas, malgré ses efforts. Malgré le fait qu'il se mure dans ce silence si fort. Peut-être devrait-elle partir, ne plus l'attendre et reprendre sa vie. Ça fait mal, mais si la réalité est ainsi, si elle est capable de l'affronter, il lui faudra juste trouver quelqu'un qui le puisse, avec elle. Peut-être est-il trop parfait pour elle, comme nombre de filles le disent dans les rues ou ces soirées cocktail. Parfait dans le sens où il est inatteignable et elle, beaucoup trop. Alors oui, finalement, Selina regarde cette montre volée, aux rouages trop parfaits. Elle la regarde longtemps avant de la lâcher au sol et d'arrêter ce petit jeu qui n'a plus sa place. Mais était-ce un jeu ? Si seulement ça l'avait été ... malheureusement l'affection est ce qu'elle est. Imprévisible et hantise de toute âme touchée par sa maladie. Bruce n'est tout simplement pas prêt. Et peut-être que jamais il ne le sera.
Cast some cherry blossoms by the river blowing through the flowing of my heart if you see me somewhere down the river come and stand beside me its alright come to me stay with me say you'll be a friend to me love everlasting love lives forever and a day so cast some cherry blossoms by the river blowing through the flowing of my heart if you see me somewhere down the river come and stand beside me its alright fall for me long for me always be a friend to me love ever enchanted love lives forever and a day so cast some cherry blossoms blowing through the flowing of my heart I hope to see you somewhere down that river come and stand beside me its alright come and stand beside me its alright
Et elle chante. Doucement. Cette petite balade qu'il peut entendre encore, bien qu'elle s'éloigne. Qu'il la voit s'échapper et partir de nouveau dans la foule, comme si cela était une chose si naturelle. Car il s'agit après tout de son terrain de vie quotidien, que ce soit en de hors de ces murs ou ceux de grands espaces poussant à une consommation démesurée. Car elle a réussi à obtenir les clés de cette liberté par la Loi, pendant que d'autres s'engouffrent s'embourbent et ne cherche pas, sans plus savoir ce qu'est le droit de bien des choses.
Entendre Cat chanter était une nouveauté pour lui, car il ne l'avait jamais entendu faire ça, auparavant. Toutes ces fois où ils avaient passé du temps ensemble, où l'un était réveillé avant l'autre, où ils se parlaient à voix basse, serrés l'un contre l'autre pour se réchauffer, et ils n'avaient jamais essayé de faire des trucs aussi simples que ça : chanter, danser, rire ensemble. Des moments normaux n'étaient pas rares, chez eux : ils étaient inexistants. Ils n'avaient pas une vie normale, ils n'avaient pas une relation normale. Ils étaient tous les deux incapable de vivre cela...
Vraiment ?
La remarque sur le contrôle était juste, mais elle s'appliquait à tous les deux. Bruce se leva, marchant dans le sillage de la jeune femme pour la rattraper. Il savait qu'elle ne l'attendrait pas, tout elle savait que ces mots avaient un double-sens. Le Chevalier Noir de Gotham aimait contrôler la situation, avoir un plan, prévoir les possibilités, car il se sentait ainsi plus rassuré, plus confiant. Il savait qu'il pouvait gagner, ou il savait qu'il ne le pouvait pas. C'était simple, froid, calculé, mais au moins il connaissait le résultat et n'avait pas peur qu'un problème survienne. Le côté Catwoman de la jeune femme lui dictait de garder le contrôle sur elle, et de ne jamais paraître faible de quelque manière que ce soit. Il fallait qu'elle soit toujours sur la défensive, jamais tendre, pour que personne ne puisse l'exploiter. Ainsi, elle gardait le contrôle.
Ainsi, ils gardaient le contrôle... un contrôle qui leur échappait toujours quand ils étaient rassemblés. C'était à la fois effrayant et amusant. Car pour Bruce, qui n'aimait pas perdre le contrôle, c'était la preuve qu'il restait un homme, et qu'il était sujet à des faiblesses, aussi parfait soit-il sur d'autres aspects. Il travaillait son corps et son esprit en permanence pour être imbattable, mais ça, c'était une bataille qu'il ne fallait pas mener. Il trouvait cela amusant, même quand Cat était en colère contre lui, comme tout à l'heure.
Car oui, il trouvait que cela lui donnait encore plus de charme.
Un compliment simple qu'il n'avait jamais su lui faire. Mais peut-être que cette fois, quand il la reverrait, d'ici quelques minutes, quelques instants, il saurait lui faire un compliment sincère ? Il pouvait essayer, après tout. Un seul, ça n'engageait à rien, et ce n'était pas non plus la mère à boire. Ce ne serait sans doute pas si difficile, et il se sentirait mieux après l'avoir fait. Et il était certain que Selina apprécierait. Elle était sensible à ses attentions et à ses compliments, quand il en faisait – ce qui était trop rare.
Il finit par la repérer de nouveau, près de boutiques destinées aux gens plus fortunés. Il était habillé, et elle aussi, ce qui leur éviterait donc de retenter une escapade vestimentaire ; ce ne serait pas plus mal, vu le fiasco de la dernière. Bruce s'en voulait, oui. Il aurait du voir que ce n'était pas la chose à faire, il aurait du le prévoir.
« Je ne t'avais jamais entendu chanter. Mais ta voix est parfaite. » lui dit-il alors qu'il s'approchait à ses côtés.
Il avait réussi à lui faire ce simple compliment ; il espérait qu'elle l'apprécierait. Elle n'avait aucune raison logique de ne pas le faire, d'ailleurs, mais elle aimait se rendre imprévisible. Il avisa alors avec un demi-sourire la boutique devant eux, où trônaient des robes magnifiques.
« Hmm. Même si le blanc n'est pas ta couleur favorite, je trouve cette dentelle splendide. »
Too perfect for ya Le compliment de Bruce, bien plus sincère et direct la prend de court. Elle se tourne vers lui afin d'être sûre qu'il s'agisse bien de lui et non d'un tour de son esprit. Bien qu'elle ait reconnu sa voix, et senti sa présence, l'entendre dire un compliment sans détours est déstabilisant. Bien sûr, au delà de son air détaché et de ce sourcil levé en guise de preuve de ses soupçons, Selina apprécie le compliment. Mais elle ne le montre pas. Elle ne veut pas montrer à quel point il a de nouveau une influence sur ses sentiments. Alors la jeune femme croise simplement les bras, attache son regard charmant au sien avant de lui répondre avec beaucoup de flegme : "Peut-être parce que je n'aime chanter que pour moi. Les gens ne prêtent pas attention au chant dans une ambiance pareille. Encore moins quand la personne chante avec beaucoup de douceur et un bas volume. Tu prouves encore une fois que tu as une bonne oreille." Cette phrase peut paraître froide, rendre fade le compliment fait, mais cela lui permet de garder cette distance demandée par le coeur de Selina, mais aussi sans doute par Bruce. Viennent ensuite les robes, que Selina observe d'un oeil averti. La dentelle de la robe en question est certes splendide, mais cela est bien trop blanc à son goût. Elle réfléchit tout de même, tapotant son index contre ses lèvres, à cette proposition de l'héritier Wayne. Puis, elle se met à s'esclaffer. "Et pourquoi pas me mettre dans une robe de mariée, pendant que tu y es. Non trop blanche. C'est bien puritain à souhait et ce n'est pas mon genre." C'est vrai, comme si une robe blanche pourrait lui aller.
Elle se décale de cette robe trop blanche, la snobant pour une robe bleue asymétrique, aux bordures noires et brodés fleuris. Face à cette robe de Elie Saab, la jeune femme tourne, se cambre pour imaginer ce que de dos ce tissu fin. Ses doigts courent le long de ses hanches un court instant avant qu'elle ne passe vers une autre robe, sourcils froncés. "Mh. Les excentricités des couturiers ont parfois le chic de dénaturer des beaux vêtements." Lâche-t-elle, face à cette veste bleue bardée de perles. Finalement, c'est une robe rouge longue qui trouve grâce à ses yeux, avec ce petit foulard long pour agrémenter la tenue. Selina se tourne vers Bruce, qui l'a suivie durant ses petites appréciations d'un regard capable de désarmer n'importe quelle femme s'emportant dans ses émois. "J'aime beaucoup ce bordeaux. D'autant plus cette manière que le créateur a eu de mettre en valeur les jambes." Dommage que cette robe reste sur un mannequin. Malheureusement, au vu du prix, mais aussi du travail de retouches à faire pour l'éventuelle acquéreur de cette beauté rouge, il faut du temps et beaucoup d'argent pour satisfaire un besoin qui sans doute ne sera qu'éphémère. Certaines femmes ne se rendent pas compte du temps donné pour qu'elles puissent se pavaner dans ces atours, se dit alors Selina. D'ailleurs, à l'intérieur de la boutique, l'on peut voir une de ces femmes s'extasier devant la robe qui pourtant lui sied si bien pour aller vers une d'autant plus chère et élaborée qui ne lui ira pas du tout. "Ça ne sert à rien de rester ici." Son ton se fait un peu plus froid car elle se rappelle de ce qu'il s'est passé plus tôt dans une autre boutique, et elle préfère ne pas réitérer l'expérience pour bien des raisons. Et elle part donc, mais au lieu de partir comme si Bruce n'existait pas, elle l'attend par moments avant de reprendre sa marche rapide.
Sans qu'ils ne s'en rendent compte, le soleil commence lentement à se coucher, les allées finissent pour certaines par se parer de leurs douces lumières. Les gens sortent des boutiques qui peu à peu ferment leurs portes, les bruits de discussions et de pas se font de plus en plus épars à certains endroits. Et, de leur côté, les deux protagonistes de cette histoire ne remarquent pas qu'en ce moment même, ils ne font plus que se suivre. Ils marchent, tout simplement, côte à côte, en silence. Un silence qui finalement pèse lorsque Selina se rend compte de leur proximité. Depuis quand étaient-ils côte à côte ? Depuis cette conversation concernant Holly, puis Dick ? Ou bien celle où ils ont plus ou moins parlé de leurs récents problèmes lors de leurs escapades dans l'East End, ou ailleurs dans Gotham. Cela devient bien trop étrange à son goût et, elle finit par ralentir le pas pour finalement s'arrêter. "La nuit est bientôt là." Le signe risque de ne pas tarder à percer de sa lumière ce ciel se teintant peu à peu de couleurs bien plus sombres. Et cela signifie aussi qu'il va vouloir s'en aller, qu'elle va vouloir s'en aller, plutôt que de se poser dans un restaurant ou dans un bar. Après tout, ce n'est pas la genre de Bruce. Et Selina ne se voit pas avec lui dans un bar ou un restaurant vu qu'elle n'est pas comme cette pianiste ou cette ancienne modèle, ou bien la fille d'un président ... qu'elle ne saura pas comment agir en étant avec lui, dans un moment qui devrait n'appartenir qu'à deux êtres se voulant proches, intimes. "Tu aimes avoir ce devoir, n'est-ce pas. Alors vas-y et arrête de me regarder comme si tu allais me dire que tu dois partir. J'ai d'autres choses à faire, de toutes manières." Impossible qu'il reste, impossible qu'il fasse le premier pas. De changer les choses, de montrer qu'il y a bien plus que cela. Le fait de donner de l'importance à quelqu'un est sans doute plus difficile qu'il n'y paraît. Alors Selina lui tend la main, et reprend son accent yiddish ukrainien. "Merci pour cette conversation fort enrichissante Monsieur Wayne. Sachez que j'aurai voulu vous en dire plus sur mes futurs projets mais je dois malheureusement rejoindre mes appartements pour aller à une autre soirée." La pression qu'elle exerce sur sa paume est sincère, mais quelque chose reste au creux de sa main. Son contact, les interstices de sa paume si large sur laquelle ses mains longues (mais bien plus petites que les siennes) et fines glissent le long. Elle s'en imprègne un instant en fermant les yeux et en ressentant ce frisson avant de sourire discrètement. La journée est finie.
« Oui, la nuit est bientôt là. » répéta-t-il comme en écho.
La suite ne lui plaît que moyennement, bien sur. Il sait ce qui va se passer, même s'il a envie de faire ce qu'il faut pour l'empêcher. Comme la jeune femme, il sait qu'il existe des contraintes, dans ce monde, dans cette ville, qui l'obligent à faire autre chose de sa nuit. Bruce Wayne va bientôt s'en aller, laissant la place à Batman... si toutefois cela change quelque chose. Ses deux identités, ses deux facettes sont tellement imbriquées, tellement mêlées, que même lui ne peut les dissocier ou simplement les reconnaître véritablement. Or, il sent cet appel. Le Chevalier Noir doit sortir, encore une fois, et délaisser la femme à ses côtés.
Encore une fois.
Mais, et si ce devait en être autrement ? N'avait-il pas le droit, de toute manière, à un peu de répit ? Alfred ne cessait de le dire, Dick également, Jason, Timothy le pensaient aussi. Barbara de même. Seul Damian ne disait rien à ce sujet, car l'ado avait une conception très différente des choses. Et évidemment, Bruce n'avait pas non plus la même conception que les autres. Il voulait y aller, ce soir. Mais il voulait aussi rester. Il en avait assez de toujours agir de la même manière... mais il n'arrivait pas à agir autrement. A chaque fois, il voulait dire certaines choses, faire certaines choses, avec Cat. Mais il n'y parvenait pas.
Ce soir pouvait-il être différent ?
Il avait déjà envoyé un compliment, direct, simple. Ils avaient partagé un long moment en silence, à marcher côte à côte. Ensemble. Ce mot était tellement étrange, tellement loin de leurs conceptions d'une relation. Etaient-ils capable d'atteindre une forme de stabilité conventionnelle ? Dans ses rêves les plus fous, il se voyait avec Selina, mais sans pour autant être le même qu'aujourd'ui. Il était plus calme, plus serein, et surtout, il avait réussi à enlever le costume pour de bon. Il avait réussi à devenir normal... même s'il ne savait pas si c'était ce qu'il souhaitait véritablement. Il ne se sentait pas capable de vraiment raccrocher.
Pourtant, si un jour il voulait véritablement aimer cette femme... alors il allait falloir qu'il fasse un effort. Un vrai, et énorme.
Il s'approcha d'elle, doucement, après leur maigre poignée de main. Il l'embrassa doucement, délicatement, avec une tendresse rare qu'il ne témoignait presque jamais. Il n'avait jamais eu le sentiment d'être véritablement amoureux de quelqu'un, sauf peut-être d'elle. Peut-être. Mais il ne savait pas comment se l'admettre à soi-même, comment faire sa propre introspection pour déterminer si oui ou non c'était vrai. Et donc il se contenta de déposer ce baiser, avant de lui caresser doucement le visage. Il était conscient de la portée de son geste. Il était conscient de ce que ça signifiait. Mais... il avait juste envie de faire ça. Il ne voulait pas partir sur rien.
« Je dois y aller. Mais... »
Il a un petit sourire. Une idée lui vient.
« Mais tu pourrais venir aussi. Après tout, la nuit est aussi ton domaine. Et on peut certainement trouver quelque chose à faire. Ensemble. Histoire que cette fin de journée ne se termine pas tout de suite. »
Too perfect for ya Et il l'embrasse, la laissant apprécier ce geste peu commun de sa part, la faisant douter sur ses propres engagements, alors que tout semblait repartir à la normale ... dans leur définition de la normalité. Cette caresse fait le reste, appelant Selina dans ce geste d'affection à chercher ces mains qui touchent doucement ses joues, sa mâchoire. C'est agréable de se retrouver enveloppées par les mains de Bruce, mais si étrange et soudain de le sentir faire preuve d'autant d'application dans une chose qui pourtant lui paraissait si futile. "Venir ... ?" L'interroge-t-elle, en revenant cherche ses lèvres. Venir avec lui, alors qu'il est censé être solitaire et accroché à son devoir de Batman ? Impossible. Serait-ce un clone ou bien a-t-il trop bu pour aller au contraire même de ce qui l'habite, de ce qu'il veut sentir habiter en lui. Elle sourit contre sa bouche, puis se détache et le regarde, sans doute portée peu à peu elle aussi par cette "autre" Selina. "Étonnant. D'habitude, tu as le chic pour aller au devant des problèmes de ta chère et tendre Gotham." Et un nouveau baiser remplace le second échangé entre eux, plus lent, plus à la recherche de l'autre et de ses sens, alors qu'autour d'eux les gens continuent d'aller et venir, de chercher un dernier achat avant les fermetures, ou bien de s'installer dans l'un des restaurants se trouvant près des entrées du grand complexe.
"C'est d'accord. Je viens. Mais je te laisse trouver comme un grand. Il me semble que j'ai fait beaucoup d'efforts aujourd'hui." Elle lève les yeux au ciel. Bien sûr qu'elle ne pense pas un traître mot de ce qu'elle dit. Mais l'envie de le sortir de ses retranchements se fait de nouveau sentir. Ceci est dû au fait que Bruce reprend peu à peu le contrôle autant dans ses pensées que dans ses gestes, lorsque leur étreinte prend fin. Le froid reprend ses droits. "Je n'ai plus d'idées, à part des choses normales auxquelles tu n'as pas l'air d'être habitué. Je n'ai malheureusement pas envie de te voir donner encore un passe droit à un crétin qui va nous dire quoi boire ou quoi manger. Ou comment boire ou manger." Selina n'en démord pas sur le sujet, mais elle le prend avec bien plus d'humour que précédemment. Bien qu'elle paraisse ravie en extérieur, la brune se sent bête, immonde, faible d'accepter cette proposition, ce baiser, alors qu'elle fait tout pour que cela ne dérape pas. Pour que tout ne soit pas hors contrôle et qu'elle soit de nouveau blessée. Peut-être faut-il qu'elle accepte simplement le fait que si cela doit déraper, cela dérapera. Rien n'est éternel, et il est difficile pour beaucoup de gens d'affronter cette réalité. Selina ne fait pas exception à la règle. "On peut tout de même essayer d'aller dans ce bar, dans la cinquième du Old Gotham. Si jamais tu veux prendre tes jambes à ton cou, je ne retiendrai pas." Son ton se veut moqueur, mais aussi désintéressée qu'elle puisse paraître à l'éventualité de voir Bruce fuir face à ce genre d'interaction sociale, une partie de son être voudrait qu'il ne fuit pas, comme le petit Wayne qu'il est. Qu'il apprenne à voir le monde autrement que du haut d'un toit, ou bien d'une fenêtre d'un complexe. Oh, il a pu s'engager autrement, voir aller au contact de la populace sous cette apparence, seul, mais l'a-t-il fait dans un cadre aussi peu réglementaire. Et quand Selina pense au règlement, elle pense bien entendu à celui que s'impose Bruce. Y a-t-il une dérogation dans ce genre de cas ?
Ils finissent par arriver au fameux lieu, ce bar semblant bloqué dans une époque révolue. Il ne paie pas de mine au premier abord, autant dans son choix de couleur un peu vieillot que dans son plafond recouvert de photos des années folles. Des photos de gens morts, pendus là, à vous regarder boire. De plus, les gens se trouvant à l'intérieur ont cette sale habitude de regarder tout nouveau venu d'un oeil torve. Heureusement, Selina avait eu la bonne idée d'enlever sa perruque, la rendant donc reconnaissable pour les habitués. "Ça va, ce n'est pas le soir des étudiants et il fait bien trop chaud dans ce bar pour que l'on voit débarquer les bourgeois se prenant pour les descendants des hippies." Et Selina s'installe sur un des tabourets, on ne peut plus détendue et bien dans son élément, contrairement à son compagnon. Elle finit par lever la main et appeler d'un ton bien plus haut que son ton habituel le barman. "Une pinte de bière brune pour moi, et un Virgin Mojito pour monsieur." Le barman se marre et toise le brun, mais ne fait rien de plus. Se parant d'un air bien innocent Kyle se retourne vers Bruce. "Vu que tu n'aimes pas boire, et que tu as d'autres choses à faire ensuite, je me suis dit ..." Le virgin mojito a une sale réputation dans les bars. Il est vu comme le cocktail devant aider les non alcooliques à s'insérer dans la société des bars, tout en lui donnant un goût d'eau au citron vert (un peu comme la volvic citron chez les français), de menthe et de sucre. Mais sans le plaisir du rhum. Un cocktail de tapettes, selon les plus rodés. Selina ne cesse de regarder Bruce, amusée de voir comment celui-ci va réagir. Oui, c'est une mauvaise fille et elle l'assume.
Bruce adresse un sourire à Selina, dans ce bar où il n'est jamais allé, où il n'a même pas soupçonné aller un jour, et dont il ignorait totalement l'existence jusqu'à aujourd'hui. Oui, Bruce Wayne, même si on a pas l'air de trop le reconnaître pour le moment – un exploit ! - va boire un peu d'alcool pour passer une partie de sa soirée en compagnie de la jeune femme à ses côtés. Il va se prêter à ce jeu étrange, à cet échange entre lui et la jeune femme. Il va tellement le faire qu'il va réussir, pendant un quelques instants, à oublier pourquoi il était déjà venu ici une fois.
Bien des années auparavant.
Batman et Robin, à l'époque Timothy, avaient du faire une descente pour retrouver Harvey Dent. Et ce dernier avait pris en otage une serveuse, dans ce même bar, une ancienne employée du gars qui venait de servir leurs boissons. Bruce ne se départit pas de son sourire alors qu'il trinque avec Selina, même lorsque le tintement du verre lui rappelle le fracas d'une bouteille abattu avec force sur la tête de la serveuse. La pauvre employée, innocente, qui n'avait rien demandé à personne, qui travaillait honnêtement ici pour garantir à son fils une vie décente, était morte, la tête martelée par une bouteille.
Et Batman, Bruce, n'avait pas su la sauver.
« Tu as bien fait. Même si cette boisson me vaudra quelques moqueries, je suppose que ce n'est pas le plus important. Après tout, ce qui compte, c'est que nous passions un agréable moment ensemble. Avant... »
Avant d'y retourner. Avant d'endosser, pour une nouvelle nuit, le costume de la chauve-souris. Avec de passer le masque, de devenir complètement Batman, d'abandonner Bruce Wayne et de devenir le Chevalier Noir de Gotham. Avant d'arpenter les rues, les toits, le ciel, les égouts, l'entièreté de la ville la plus dangereuse du monde pour y faire régner la justice. Pourtant, l'héritier des Wayne aimerait que ce soir, il n'ait pas à le faire. Quand il avait proposé à la jeune femme de venir, c'était pour qu'elle revêt également son costume. Mais au final, il préférait rester ainsi, lui-même, en compagnie de Selina, sans chercher plus loin. Ils avaient eu leurs différends, encore, durant la journée. Mais maintenant que le soir était tombé, il était temps de laisser doucement la place à autre chose.
« Je ne connaissais effectivement pas cet endroit. Il est agréable, en tout cas. Chaleureux, avec une bonne ambiance. Un endroit rêvé pour passer une soirée en compagnie des gens qu'on aime. Les garçons doivent sûrement connaître. »
Il parle peut-être pour ne pas dire grand chose. Mais au final, il essaye d'inclure Cat dans la conversation, car il sait qu'elle déteste que ce ne soit pas le cas ; et de toute façon ils sont là ensemble, pas chacun de leur côté.
« Je me demande... à quand remonte la dernière soirée où nous étions ensemble ? Je veux dire, il y a bien celle où tu avais... délicatement... disparu derrière un mur. »
Une référence à quelques mois auparavant où, lors d'une poursuite entre eux, Cat avait subitement et involontairement passé un mur invisible. Mais ils n'étaient pas Bruce et Selina, mais bien Bat et Cat, ce soir-là.
« Mais une vraie soirée, où nous n'étions pas... Ah, si, je sais ! L'invitation surprise du maire pour inaugurer les travaux du GCPD. Mais c'était... il y a un an. Au moins. »
Il arbore un petit sourire à l'évocation de ce souvenir. Certes, il est lointain, mais c'était la dernière fois qu'ils avaient passé une soirée sans leurs identités cachées. Et il se souvenait particulièrement du moment où Selina avait, mystérieusement, perdu sa robe dans un recoin.
Too perfect for ya Malgré les paroles on ne peut plus chaleureuses de Bruce face à cette boutade, Selina voit bien qu'il fige un instant son expression, se rappelant d'un événement lié à ce bar. Sûrement quelque chose capable de fiche en l'air cette ambiance bon enfant et agréable qu'ils avaient commencé à instaurer. Ou plutôt que Selina voulait instaurer. Elle fait cependant l'effort de rester calme et encore souriante. "Je sais pertinemment que tu voulais faire une soirée costumée." Il voulait l'emmener chasser du criminel ? Il pouvait toujours rêver. Pas sans lui concéder de l'aider dans un petit casse. Ou sans une raison valable, telle que la mise en péril de l'East End. Elle n'en dit pas plus, se contentant de reprendre une gorgée de sa bière et de arquer les sourcils quand Bruce fait référence à quelques unes de leurs rencontres inopinées. Des rencontres durant lesquelles elle n'était pas ... elle-même. Certes, chaque soirée avait été agréable, excitante en tout point de vue, mais il manquait quelque chose que Bruce semble noyer dans son déni. Sans doute fait-il exprès d'éluder le fait qu'elle n'avait pas son coeur, entier. Comme aujourd'hui. Soit. "Ce sourire tu ne l'avais pas quand j'ai malencontreusement perdu cette fameuse robe." Un silence s'instaure entre eux, de quelques secondes. Assez pour que les deux se fixent avec un certain appétit, et peu de pudeur. En tout cas c'est le cas de Selina. En vrai, Bruce avait quelque peu perdu ses moyens, passant d'un état de stupeur à une attitude se voulant plus cavalière face à l'audace du geste de la brune en pleine soirée officielle. D'autant plus, quand celui-ci voulait en fin de compte vérifier si Selina n'avait pas pris la peine de voler des informations internes du GCPD.
"Tu veux que je te rappelle à quel point tu as eu du mal à remonter cette robe ... ? Et tout cela pour quoi ? Pour rien." Oh en vrai, rien est un mot cachant bien d'autres aspects de ce moment. Comme le fait que les mains de Bruce se sont parfois arrêtées, voir figées sur la peau nue lorsqu'un invité passait, ou lorsqu'il essayait de persuader la jeune femme de remettre son habit suite à cette déconvenue. Leurs visages sont soudain plus proches, Selina faisant en sorte de presque le frôler et l'enivrer de cette bière à la cerise qu'elle déguste, autant qu'il semble vouloir lui faire déguster ces souvenirs à la saveur aigre douce. "Pour ... rien du tout. Quand au mur, évite de me rappeler cette dégoulinante rencontre avec l'un des nombreux Clayface." Elle se rassoit convenablement et prend une nouvelle gorgée de sa bière. "Sinon récemment, je suis partie au Népal aider un collègue. Tu devrais y aller. Ce pays est singulier, autant dans son folklore que dans ses bâtiments. C'est parfois hors du temps." Elle ne donnera pas plus de détails concernant la substance de son aide aussi loin de Gotham. Mais elle donne en détail chaque lieux visité comme le Stupa de Bodnath et ses mandalas, en insistant beaucoup sur le côté coloré, et le calme se dégageant de chaque endroit. Bon, après, la capitale n'était pas restée longtemps calme à cause de certains détails ... mais passons. Suite à une discussion plus animée et moins propice au malaise entre Bruce et Selina, ceux-ci ne voient pas le temps défiler. Et Selina ne voit pas qu'elle en est à sa troisième bière. Ou quatrième. Ou bien était-ce un cocktail ? "Eh bien ... voilà. On va dire que cette soirée a été un peu mieux que le reste de la journée. Si l'on oublie le fait que tu aies pensé à quelque chose de sordide concernant le bar." Cette fois, elle se fait plus distante, moins souriante. Comme si, il fallait couper court à tout cela avant que cela n'aille trop loin. Pourtant, en le regardant, elle a envie de l'embrasser, de ressentir à nouveau pleinement ce qui lui avait manqué durant toutes ces années. Mais elle en fait fi, et pour confirmer cela, utilise les mots qui doivent rappeler à elle aussi sa propre nature, ses propres combats : "J'ai juste besoin de te rappeler que tout ce qu'il s'est passé durant les dernières années, n'avait pas d'importance pour moi. La soirée avec la robe. As-tu seulement remarqué ..." ... que tout n'avait pas la même saveur qu'avant ? Elle grimace, s'assombrit et finit par reprendre une gorgée de bière. De toutes manières, il est l'heure pour lui de partir. Cette farce a assez duré et elle n'est plus en capacité de faire le moindre effort. Peut-être qu'elle est saoule aussi, ça tourne légèrement, mais elle ne perd pas sa lucidité. Au moins, Selina a réussi à ne pas aller jusqu'au bout de sa phrase. Cela aurait dérapé. "Leroy apporte moi un verre d'eau." Finit-elle par dire en se massant le nez. Elle sent que Bruce commence à se manifester, à vouloir lui proposer quelque chose. "Non. Je n'ai pas besoin que tu me raccompagnes. Ni que tu m'embrasses, ni que tu fasses quoi que ce soit par ce que tu dois le faire. Je ne suis pas une demoiselle en détresse." Et elle se refuse de l'être. Peut-être que le repousser malgré ses efforts n'est pas la meilleure des solutions et arrêtera donc cette soirée prématurément, mais au moins cela évitera la casse. Une casse qui menace à chaque fois de faire bien des dégâts quand elle le regarde ainsi, avec cette hésitation et cette envie qui vont et viennent, fuyardes. Vient ensuite le moment où elle les revoit dans cette cabine, si près, si prêts. Et ses doigts se resserrent en conséquence sur son verre, pendant qu'elle réfléchit au meilleur moyen de taire ce qui monte en elle, au delà du simple désir. Elle n'est pas prête à l'admettre, tout comme lui.
La soirée avait été calme, mais plaisante. Et c'était là tout ce que retenait Bruce, car il n'avait pas l'intention d'aller plus loin dans son avantage. Il savait parfaitement que Selina réagirait mal s'il tentait de forcer, tout comme elle n'hésitait certainement pas à être froide, distance, cassante quand elle le désirait. Il n'aimait pas toujours cet aspect d'elle, voir même rarement en fait. Il savait que c'était son mécanisme de défense, sa façon à elle de se montrer moins vulnérable... mais il la connaissait mieux que quiconque. Il savait qu'au contraire, cela lui coûtait souvent de se comporter ainsi. Qu'elle le regrettait toujours, sauf lorsqu'elle était vraiment en colère. Mais elle le faisait quand même car elle préférait les regrets que commettre ce qu'elle estimait être une erreur.
Compréhensible, sachant qu'il avait parfois une approche très pragmatique des choses.
Il termine son verre, qu'il a très lentement bu en attendant que Selina enchaîne les siens. Il l'observe du coin de l’œil, savourant sa beauté qu'il ne reverra pas avant un petit moment, probablement. Il n'y peut pas grand chose, si elle lui paraît si magnifique, si féroce, si indomptable, et pourtant parfois si fragile et si... désirable ? Le mot est bas, trouve-t-il, même s'il n'en voit aucun qui correspondrait davantage à la réalité. Il est attiré par cette femme, pour une raison ou pour une autre, depuis très longtemps.
Il veut s'élancer, ce soir, mais n'y arrive pas, se retient. Car c'eut été imprudent.
« Laisse-moi au moins payer les consommations, et te raccompagner à l'extérieur. C'est la simple politesse, mais j'y tiens. »
C'est simple, en effet, mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de message derrière, ou qu'il n'y a pas une preuve que malgré leurs problèmes, leurs différends, et leurs disputes épisodiques, Bruce se sente toujours capable, et désireux, d'agir ainsi avec Selina. Il s'exécute donc, payant le barman pour ses services et les boissons, puis raccompagnant la jeune femme à l'extérieur... sans toutefois la toucher ou la frôler. Il veut éviter tout contact, car à mesure qu'il sort dans l'air nocturne, il se sent changer. Le bat-signal ne va pas tarder à s'allumer, et déjà, il se transforme en justicier. Il sent l'appel de la nuit, comme presque tous les soirs, et il se sentirait coupable s'il devait prolonger cet appel.
Mais d'un autre côté, il sait qu'il aimerait rester avec la jeune femme. Qu'il voudrait pouvoir passer plus de temps avec elle, avec ou sans costume, et qu'il aimerait pouvoir profiter de moments partagés avec elle. Il adore ces instants, il les savoure tous, même les plus dramatiques. Car ce sont autant de souvenirs que des moyens pour lui de se rappeler qui il est, qu'il reste un être humain malgré ses prouesses, et qu'il a aussi une chance de pouvoir faire autre chose de sa vie s'il le voulait. Mais son vœu...
Non, il refuse d'y penser maintenant.
« Je suppose que c'est le moment où nous allons nous séparer... pour nous revoir dans un futur plus ou moins proche. »
Il adresse un sourire teinté de tristesse à Selina. Pense-t-elle comme lui, à cet instant précis ? Est-ce qu'elle aussi, elle désire poursuivre leur soirée, bien qu'il n'y ait plus de raison de le faire ? Car même si le désir d'être en sa compagnie est bien là, vif et puissant, Bruce sait que la soirée est terminée. Car il a déjà commencé à être autre chose, et elle est déjà en train de partir.
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