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 take me home, country roads (jinny)

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MessageSujet: take me home, country roads (jinny)   take me home, country roads (jinny) EmptyDim 22 Mar - 23:25


take me home, country roads


Coup de téléphone inespéré dans un monde désordonné. Depuis une lointaine cabine téléphonique, la voix de Jinny, presque sortie d'outre-tombe, raisonne dans ton oreille. Un appel que tu ne te serais jamais attendu à recevoir, et qui s'apparente à un miracle dans votre contexte actuel. Elle est en vie. Bien évidemment qu'elle a survécu à tout ce bordel, la cowgirl, mais tu ne caches pas ton soulagement de l'entendre après ces six mois de silence radio. A vos dépends, bien sûr, mais qui n'a pas rendu moins difficile le gros point d'interrogation que tu associais à son visage sur New Themyscira, sans savoir ce qu'il était advenu d'elle dans ce monde apocalyptique. Pas faute d'avoir cherché. Aussi insensé que cela puisse paraître, t'avais envie de la retrouver. Pour t'assurer qu'elle allait bien, alors que ta mission n'a pourtant pas été mise au placard. Gorge nouée, cœur qui tambourine, tu ne sais plus bien où se situe la limite entre la vérité et le mensonge, mais tu fais le choix de ne pas t'en préoccuper pour l'instant. Comme si la joie de la savoir saine et sauve prenait largement le dessus sur la haine ancestrale, qui n'a jamais eu aussi peu de sens qu'aujourd'hui. Au Mississippi, c'est donc là qu'elle a été recrachée. Sans doute n'a t-elle pas reçu le message que toi tu lui as envoyé en arrivant chez toi, mais elle ne t'en voudra sûrement pas de prendre une douche avant d'aller la récupérer. Ouais, se réveiller dans le bayou ça veut dire être recouvert de crasse et d'être imprégné de l'odeur des cochons du coin. Pas franchement une tenue pour aller chercher une fille, donc. Mais tu ne regrettes pas d'avoir d'abord pris le temps d'essayer de la contacter, puisque sans ça, sans doute aurais-tu manqué son appel. Et en cette période de communications laborieuses, il est probable qu'une seconde chance ne vous aurait pas été accordée. Après quelques recommandations de prudence en attendant ton arrivée – a t-elle son flingue avec elle ? – tu raccroches et files te préparer pour aller faire un petit tour dans le Mississippi.

Aujourd'hui, il fait beau, alors c'est la Porsche décapotable que tu sors, cheveux au vent, musique en fond, et attitude qui contraste un peu avec l'agitation ambiante d'un retour à la normal tumultueux. Mais t'es pas de ceux qui s’apitoient sur leur sort, allant toujours de l'avant, qu'importe les difficultés rencontrées. Et ça vaut pour tous ces chamboulements, qui évidemment, ne sont pas agréable à traverser, mais qui ne seront bientôt que de lointains souvenirs. La vie continue. Et tu dois peut-être cet état d'esprit un peu désinvolte à la Nouvelle-Orléans elle-même, où là-bas, les enterrements sont aussi une bonne raison de faire la fête. T'es d'ailleurs prêt à parier, qu'en ce moment même à Bourbon Street, l'ambiance doit battre son plein. Parce que c'est toujours plus facile d'affronter les problèmes un verre en main, en dansant dans les rues avec des inconnus. Et c'est toi-même ce que tu ferais si tu n'étais pas sur la route pour un petit détour. Un petit détour d'1h30 de trajet qui te conduit jusqu'à la sortie d'Hattiesburg, où en toute logique, tu ne devrais pas tarder à apercevoir une silhouette rouquine avec un chapeau. Bingo ! Le long du bitume, telle une vagabonde, tu la vois marcher en ta direction sous le soleil lourd du Mississippi, même en ce mois de mars pas encore printanier. C'est juste devant elle que tu t'arrêtes, musique à fond sur Country Roads. Bah oui, faut être dans le thème. « Countryy roaaaaads, take me hooome, to the place, I beloooong... » Ouais, elle a même l'honneur de t'entendre chanter. Faux, très certainement, mais t'espères que la musique sera assez forte pour masquer le massacre. Il s'agit là de retrouvailles après six mois sans savoir si l'autre était encore en vie, faut pas faire les choses à moitié. « Je t'emmène ? » Question purement rhétorique, bien entendu, puisque t'as pas fait tout ce chemin pour qu'elle décide finalement de s'essayer au stop. Et en plus t'as sorti la décapotable. C'est encore mieux qu'un carrosse.

Une fois Jinny montée sur le siège passager, tu redémarres pour retourner à bon port. Honnêtement, tu ne pensais pas que vous alliez réellement vous retrouver tous les deux à la Nouvelle-Orléans un jour, mais c'est une occasion qu'il serait stupide de manquer, pas vrai ? « T'es pas pressée de rentrer j'espère. Parce qu'on peut l'avoir, notre séjour en Louisiane. » De toute façon, où comptait-elle aller si ce n'est chez toi ?  Au moins le temps que la situation se calme. Tête tournée vers elle, tout en faisant attention à la route, tu t'attardes un peu sur ses traits, à la recherche de blessures ou d'autres signes témoins d'un séjour musclé sur New Themyscyra. « Ça va toi ? Pas trop de casse ? » Et oui, cette question est sincère, et va à l'encontre de tout ce que tu planifies pour assouvir ta vengeance. Une vengeance qui aujourd'hui, te tort le ventre et te compresse le cœur. Parce que la revoir soulève en toi plusieurs émotions différentes, dont la haine ne fait absolument pas partie.

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MessageSujet: Re: take me home, country roads (jinny)   take me home, country roads (jinny) EmptyVen 27 Mar - 20:31


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Bon. C’était sympa, Hattiesburg, mais si vous demandiez à Jinny Hex, elle trouvait qu’on en faisait vite le tour, quand même. Enfin, surtout, supposait-elle, quand la ville était à moitié en quarantaine et régime de guerre pour gérer le retour des choses à la normale. Elle n’avait jamais eu la chance de visiter le Mississippi avant, mais si elle devait former ses propres hypothèses, elle était prête à parier que les banques alimentaires n’y étaient pas aussi nombreuses, d’habitude – et que le campement de réfugiés un peu excentré n’était pas là non plus en temps normal. Et franchement, cette ambiance de guerre civile ne lui donnait pas envie de s’éterniser dans les parages. Pourtant, avec ses maisons à vieille façades et ses grandes rues dégagées, Hattiesburg avait presque un air de vieille ville de la ruée vers l’or, mais savamment modernisée, le sud dans toute sa splendeur, tel qu’elle l’affectionnait. Mais pas cette fois. Cette ambiance un poil oppressante, un poil anxiogène, elle avait hâte de s’en extirper ; et c’était donc avec une certaine impatience qu’elle se baladait le long de la route à la sortie de la ville, chapeau fièrement vissé sur le crâne (comment avait-il survécu à New Themyscira, elle n’en savait rien), deux pistolets laser accrochés à la ceinture (qui n’avaient pas manqué d’attirer l’attention, d’ailleurs), et un sac contenant quelques affaires généreusement offertes par le gouvernement aux réfugiés dans son genre. Sous le soleil prématurément assommant du Mississippi, elle plissait les yeux pour détailler chaque voiture qui passait, à la recherche de son sauveur inopiné. Parce que vraiment, à ce stade, ça tenait du sauvetage. Perdue au milieu du Mississippi, sans aucune trace du Colonel, et pire, du coffre de Jonah, Jinny avait bien failli céder à l’appel tentateur de la crise de nerfs généralisée. Survivre à une nouvelle apocalypse ? Easy. Passer six mois à échapper à des Amazones et des Atlantes passés du côté obscur de la Force ? No problem. Perdre de vue son héritage familial plus de cinq minutes ? Hell no.

Heureusement, les choses commençaient à ressembler à un paysage un peu moins désastreux. La planète n’avait pas encore explosé, les Etats-Unis n’avaient pas encore été rayés de la carte, elle en avait donc conclu que le Colonel et son contenu étaient là où elle les avait laissés sans le vouloir, à savoir bien à l’abri dans le garage du Mont Justice. Ne restait donc que le problème de rentrer vers Rhode Island. Et bon dieu, qu’elle avait été contente d’entendre la voix de Cain au bout du fil de cette lamentable cabine téléphonique. D’une part, parce qu’il avait été une assez bonne âme pour l’écouter déblatérer pendant cinq bonnes minutes au sujet du Colonel et d’une possible nouvelle fin du monde en approche (probablement sans rien y comprendre, d’ailleurs), et d’autre part, parce que sa voix au bout du fil, ça voulait dire qu’il était vivant. Et qu’il allait bien, puisqu’il avait carrément proposé de venir la chercher. Et ça, ça lui avait ôté un poids des épaules, à Jinny. Tellement qu’en le voyant arriver à sa hauteur dans sa décapotable, elle lui adressa un grand sourire avant de balancer son sac à l’arrière et sauter dans le siège passager en poussant un long soupir. « Avec cette musique et cette voiture, je te suis au bout du monde ! » rétorqua-t-elle « Surtout si tu pousses la chansonnette jusqu’à l’arrivée. » – et bonjour à toi aussi, Cain. Elle retira son chapeau pour le poser sur ses genoux et profiter du vent pour aérer sa tignasse rebelle, et avoir une bonne excuse pour le regarder, lui aussi. Quelques cicatrices, évidemment. Rien de bien méchant – de visible, en tout cas. C’était rassurant. Elle n’avait aucune espèce d’idée de la façon dont quelqu’un de parfaitement normal comme Cain avait pu s’en tirer dans ce monde apocalyptique, et elle craignait, quelque part, plus la présence de cicatrices invisibles, que celles évidentes du champ de bataille.

« Naaan pas trop de casse. Quelques bleus, quelques côtes fêlées peut-être. J’ai encore mes deux bras, mes deux jambes, et toute ma tête, c’est le plus important. Tout le monde n’a pas eu la même chance. » répondit-elle avec force philosophie – count your blessings, comme disait sa mère. Et Cain aussi, ça avait l’air d’aller, s’il avait encore la force de chanter à tue-tête et de faire quelques heures de voyage pour venir la chercher jusqu’ici ; et elle était la première surprise de constater à quel point elle était contente de le retrouver, alors que toutes ses pensées auraient dû être tournées vers l’idée de rentrer à Rhode Island. Son petit miracle personnel, quand elle avait retrouvé le papier froissé sur lequel était inscrit son numéro dans la bande de son chapeau, l’inscription à moitié effacée, et pourtant, elle qui n’avait jamais eu de mémoire pour ce genre de chose, avait réussi à reconstituer les chiffres manquants et tapé juste dès le premier coup. Une belle coïncidence, n’est-ce pas, même si, maintenant qu’elle était là, avec lui, elle avait l’impression étrange d’un vague malaise bien camouflé sous la surface. Une surface de lave bouillonnant sous une couche de roches prête à craquer d’un instant à l’autre. Déconcertant. « Et toi ? » demanda-t-elle, curieuse sans pour autant vouloir le presser à parler ; s’il était revenu de New Themyscira avec ses propres traumatismes, peut-être qu’il avait avant tout envie de se changer les idées. « Je me suis demandé si tu étais là-bas, toi aussi. A partir du moment où j’ai compris que Brainiac n’avait pas choisi que des ‘supers’ et autres affiliés pour lui servir de rats de laboratoire – mais aucune trace de toi, ni de personne, d’ailleurs. » Autant dire que les six derniers mois avaient été particulièrement longs. Et solitaires. « Tu sais, on est pas obligés de la faire maintenant, cette virée en Louisiane. Evidemment que j’en ai envie, avec tout ce qu’il s’est passé… » Et le souvenir de leur première soirée ensemble, à Metropolis, n’avait de cesse de s’imposer dans son esprit. Tout avait été si facile, si naturel, ce soir-là – cette insouciance et ce confort, elle n’allait pas mentir, c’était exactement ce dont elle avait besoin, à l’heure actuelle. Cain, sa répartie, sa désinvolture, comme une bouffée d’oxygène dans un quotidien parfois trop exigeant. « … mais je comprendrais parfaitement que tu préfères prendre du temps pour toi, et tes proches. » Il y avait toujours un risque, à demander à un vagabond de remettre quelque chose à une autre fois ; mais vagabonds, ils l’étaient tous les deux, chacun à leur manière, portant dans l’écho de leur pas une envie de liberté qui signifiait, parfois, qu’une occasion ne se présenterait pas deux fois. Elle en avait croisé, Jinny, des voyageurs qui disparaissaient malgré des promesses de retrouvailles, sans jamais leur en tenir rigueur, parce que c’était dans leur nature, et dans la sienne aussi. Mais Cain, c’était différent. Lui, elle avait cette impression étrange, que quelle que soit la direction dans laquelle le vent les pousse, ils finiraient de toute façon, à un moment ou un autre, par converger dans le même sens. Sans soupçonner, un seul instant, que la raison en était autant forgée dans le sein protecteur de la fraternité, que dans le brasier dévorant de la haine.

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MessageSujet: Re: take me home, country roads (jinny)   take me home, country roads (jinny) EmptyDim 29 Mar - 21:55


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Il y a comme un goût de déjà vu dans cette escapade sur la route, tête à tête de bitume et les cheveux au vent. Tableau qui vous convient totalement, en bons globe-trotteurs que vous êtes, incapables de rester trop longtemps ancrés au même endroit. Conduire pendant des heures, c'est ta seule impression de liberté, et le Mississippi n'est pas encore assez loin pour combler ce besoin qui pèse sur ton cœur. Mais sa compagnie contre balance largement l'arrière goût de trop peu. Elle va bien, Jinny, tu le vois dans son sourire. Du moins, aussi bien qu'elle puisse aller après avoir passé six mois en pleine bataille. Tu savais qu'elle s'en sortirait, la rouquine, mais quand même, qu'elle soit à côté de toi en un seul morceau reste un soulagement immense que tu peines à maitriser. Comme une baignoire qui déborderait, sans que tu ne parviennes à empêcher l'eau de couler. Une notion d'inévitable, et d'incompréhension aussi, alors que tes sentiments contradictoires se fracassent une nouvelle fois dans ton esprit. « Je me doutais que tout irait bien pour toi. » Non, ce n'est pas une piètre tentative de flatter ses capacités, c'est l'évidence même. C'est tout ce qui se dégage de cette fille indépendante, cador de la gâchette, et assez futée pour réussir à faire son petit bout de chemin sans personne pour lui servir de guide. Même si tu ressens de la solitude dans la façon qu'elle a de te raconter son récit, et que tu ne doutes pas une seconde de l'existence de séquelles enfouies, elle a minimisé la casse, se tirant des griffes de l'inconnu avec quelques égratignures à peine visibles. Il n'y a pas grand chose à dire, finalement, sur la moitié de votre année passée sur une autre Terre. Toi-même tu ne saurais par où commencer, ou quoi lui raconter, peut-être encore trop sous le choc pour mettre des mots sur des ressentis, ou tout simplement trop désinvolte pour t'attarder sur un événement qui n'aura finalement pas changé grand chose à ta vie. Tout reste identique, figé mais pas disparu, malgré l'agitation évidente un peu partout dans le pays. Pour toi, en tout cas. Toujours à fréquenter cette fille qui soulève tant d'interrogations, tout en sachant qu'un jour ou l'autre, il te faudra passer à l'action. Toujours cet étau qui se resserre autant sur ton cœur que sur votre relation. Si Brainiac a autant de pouvoirs qu'il semble en avoir, t'aimerais qu'il efface ces querelles familiales ancestrales, et t'autorises à n'être qu'un homme qui passe un temps précieux avec une inconnue qui ne l'est plus tant que ça.

Alors elle t'a cherché. Qui l'aurait cru. Après tout, qui es-tu réellement pour elle, si ce n'est le mec qu'elle a ramassé une fois au bord d'une route ? Loin de toi l'idée de minimiser le naturel et l'aisance de votre dernière soirée ensemble, mais ce n'est pas parce que tes impressions ont été fortes qu'il en a été de même pour elle. Quoi que. Elle ne t'aurait sans doute pas appelé toi si tu n'étais rien de plus qu'un garçon de passage dans son existence de baroudeuse. Compliqué de déterminer exactement ce que vous êtes, et ce vers quoi vous allez, alors que t'es pourtant celui qui détient toutes les cartes en main. « Moi je suis resté avec la résistance. Je sais à peu près tirer, alors ils m'ont pris. Je partais en mission de récupération ou de sauvetage. Plutôt intense. » Mais un deal qui t'a permis de survivre et de te rendre utile comme tu le pouvais. Bref, c'est pas un épisode sur lequel t'as envie de t'attarder. Maintenant de retour sur votre bonne vieille planète, tout ce que tu veux, c'est reprendre le plus rapidement possible le boulot, et fêter la vie comme il se doit. Qu'elle se rassure, cette escapade à la Nouvelle Orléans, elle te fait bien plus envie qu'une soirée à table avec tes parents. Elle l'ignore, Jinny, mais malgré tout l'amour que tu leur portes, leur présence est parfois extrêmement pesante, et tu préfères de loin boire des verres avec elle dans la ville chère à ton cœur. Comme tu lui avais promis, sans trop y croire. « Tu plaisantes ? La fête doit battre son plein à Bourbon Street, on peut pas rater ça. On a frôlé la fin du monde, les gens doivent s'éclater comme jamais, c'est pas une occasion qui se manque. » Il faut voir les choses du bon côté, vous avez vécu une période d'enfer, mais vous êtes vivants, et c'est bien ça le plus important. Alors en route !

Que serait un road trip sur les routes désertes américaines sans une bonne playlist ? L'avantage d'être un perfectionniste, c'est de toujours penser à tout. Sam Hunt, Alan Jackson, Dolly Parton, c'est le meilleur – et le pire – de la country que tu lui as concocté pour rendre ce petit trajet plus agréable. Sans finalement savoir ce qu'elle écoute réellement. Ça t'est venu comme ça, sans réfléchir, instinctivement, sans que tu ne puisses ou cherches à l'expliquer. L'évidence. Encore. Déroutante, mais savamment muette. « Attention, on va passer à mon fantasme d'adolescent. » Shania Twain. That don't impress me much, un classique. Tapant le rythme de la chanson sur le volant, tu sens la vibe country s'emparer de toi, avec l'envie déjà urgente de laisser ton corps exprimer tout ce que t'as emmagasiné pendant six longs mois. Et puisqu'elle attendait de toi que tu chantes, c'est exactement ce que tu fais, pas honteux pour un sou, même si tu ne devrais pas être aussi fier de cette voix beaucoup trop fausse pour être agréable à entendre. Mais ça fait partie du jeu. « Okay, so you're a cowgirl from Texas ? That don't impress me much. » Bien trop impliqué dans ton rôle de clown de karaoké, tu ne t'autorises pas encore à éclater de rire pour te tourner en dérision, et d'un geste du doigt, tu indiques à Jinny la boite à gants. Une fois ouverte, t'attrapes les lunettes de soleil qui s'y trouvait pour les mettre sur ton nez, et pousser encore plus loin ton petit numéro. De la légèreté enivrante, de la musique à fond, des paysages magnifiques qui défilent, comment tu pourrais te préoccuper d'autre chose que d'amuser ta camarade ? « Okay, so you drive a pickup car ? That don't impress me much. » T'autorisant chaque fois des regards vers elle, c'est jusqu'à la fin de la chanson que tu restes sérieux, en sosie douteux de la magnifique Shania Twain. Et elle, elle est impressionnée ? Eclats de rire, chanson suivante. « Et toi, ton fantasme d'adolescente, Jinny Hex ? » Parce que tu n'oublies pas la conversation, et ton envie d'en apprendre encore plus sur elle, même ses secrets les plus honteux. Quel bien fou, cette harmonie. Cette connexion qui fait autant de bien que de mal.

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MessageSujet: Re: take me home, country roads (jinny)   take me home, country roads (jinny) EmptyVen 3 Avr - 0:45


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Ils devaient s’en retourner dans leurs tombes, les quelques générations de Hex et de Turnbull qui les précédaient. A voir les deux jeunes gens filer sur les routes du Mississippi en direction de la Nouvelle-Orléans, il eut été difficile de croire qu’il s’agissait là d’ennemis mortels plutôt que d’amis soudés, d’un prédateur et de sa proie plutôt que deux gosses enthousiastes et globe-trotters. Il jouait bien la comédie, Cain, si bien que Jinny, une fois encore, n’y voyait que du feu, bernée par son insouciance et sa cordialité toute sudiste ; et puis, il était venu à son secours, c’était bien la preuve que c’était un type bien, pas vrai ? Et un sourire éclatant vint illuminer les traits de la dernière des Hex, sitôt que Cain lui confirma qu’aucune obligation ne l’appelait ailleurs, et elle n’insista pas, pas du genre à poser trop de questions à propos de la vie privée des gens. La Louisiane, elle connaissait un peu, grâce à Tefé, mais la Nouvelle-Orléans ? Bourbon Street et ses fêtes sans fin ? Le jazz, le vaudou, la cuisine locale ? out autant de mystères et de fantasmes qui étaient maintenant à portée de main, alors elle pouvait bien se permettre le détour, surtout en aussi bonne compagnie. Personne ne l’attendrait tout de suite à la Young Justice, de toute façon, et elle estimait avoir gagné quelques jours de vacances, après ces six derniers mois. Alors elle sentit ses dernières barrières s’abattre aussi, sous le charme de l’enthousiasme contagieux de son compagnon. A eux la Nouvelle-Orléans ! A eux la fête, l’aventure, et l’imprévu ! Franchement, pour un retour en catastrophe, les choses finissaient finalement par tourner en sa faveur. Elle pouvait songer à un destin plus tragique que celui-là. « Alors c’est parti. Nouvelle-Orléans, on arriiiiive ! » s’exclama-t-elle joyeusement dans le vent alors qu’ils passaient devant une aire d’autoroute. Bon sang, que ça faisait du bien d’être de retour !

Et que serait un road trip sans musique ? Elle s’autorisa un franc éclat de rire sitôt qu’elle reconnut le rythme familier de la country – et elle serait presque vexée de ses préjugés s’ils n’étaient pas entièrement vrais, dans son cas. « Shania Twain. Tu es un homme de goût, Cain, on peut pas t’enlever ça. » admit-elle. Et comme ça, comme par magie, toutes ses inquiétudes, tout le poids de ces dernières heures anxiogènes semblèrent s’envoler par la fenêtre – figurative – de la décapotable. Il ne chantait pas très juste, Cain, mais comme imitateur et clown ? Imbattable. Shania n’avait plus qu’à faire ses valises – et parce qu’elle ne pouvait pas ne pas rendre hommage à ses talents, elle se prit même à jouer le jeu, mimant des expressions offusquées et dramatiques à chaque vers personnalisé, le tout ponctué de plus de rires, et bien sûr, d’applaudissements chaleureux à la fin de son petit numéro. Oubliée, New Themyscira. Oubliée, la malle de Jonah. Pour la première fois depuis bien longtemps, elle avait le droit de décrocher le nom Hex du wagon, et se contenter d’être Jinny, et de se balader sur les routes avec un quasi-inconnu qu’elle avait l’impression de connaître depuis des siècles parce que c’était ça aussi, la beauté des rencontres fortuites, et parce que Cain n’avait rien à voir avec les Hex, ni le monde des superhéros, ni rien de ce qui avait renversé sa vie ces trois dernières années. Difficile de dire qu’elle croyait au destin, mais elle était à peu près persuadée que certaines rencontres étaient faites pour signifier quelque chose. Et dans cette boîte nébuleuse, elle avait mis Tefé, elle avait mis Jason – et elle avait la distincte impression que Cain allait pouvoir rentrer dans cette boîte-là, lui aussi.

« Oof, elle est difficile, ta question. » Laissant sa tête rouler en arrière, elle pianota le rythme de la chanson sur son chapeau sagement posé sur ses cuisses, se laissant le temps de la réflexion. « Ok, tu te moques pas. Olivia Newton-John à la fin de Grease. Mon premier fantasme d’adolescente. » avoua-t-elle avec un sourire qui échoua complètement à passer pour piteux – Olivia Newton-John était une icône, dans You’re The One That I Want, elle n’admettrait aucune autre vérité. « Et après j’ai découvert Harrison Ford dans Star Wars et j’ai passé les six mois qui ont suivi à aller de crise existentielle en crise existentielle, avant de me dire : why not both ? » Et elle rit encore, en se remémorant ses tourments adolescents – ah, le bon vieux temps, quand tout était plus simple et moins… superhéroïque. Mais le bon vieux temps n’était plus d’actualité, et tout ce sur quoi elle voulait se concentrer, c’était l’instant présent, et le futur très proche. Pas plus de quarante-huit heures dans le futur, elle refusait de regarder plus loin. D’ici une grosse heure, ils seraient arrivés en Louisiane, et c’était la seule chose qui comptait dans sa petite tête rousse, et dans l’espace privilégié de cette décapotable. « Je me suis presque sentie coupable de ne pas rentrer directement, mais maintenant qu’on est là, franchement ? Je me demande si quelqu’un ne t’a pas envoyé comme un ange gardien un peu grunge en décapotable. » sourit-elle en lui adressant un regard de côté. Un peu original, l’ange gardien, mais ça n’était pas elle qui allait se plaindre. Certains à Metropolis guettaient Superman dans le ciel comme leur sauveur invétéré, elle, elle s’en remettait volontiers à un type normal qui se tapait plusieurs heures de route pour venir à son secours alors qu’il ne lui devait rien. « Alors, raconte, on va faire quoi à la Nouvelle-Orléans ? Tu nous as prévu un programme ? C’est encore debout, chez toi ? » Non pas qu’elle ne fasse pas confiance à leur sens de l’improvisation, dans le pire des cas. Cain ne lui donnait pas exactement l’impression d’être quelqu’un qui se formalisait de l’imprévu, quand il s’agissait de s’amuser. « Tiens, parle-moi de ton adresse préférée, à la Nouvelle-Orléans. Ton coin à toi. » demanda-t-elle, curieuse. Histoire de se donner un avant-goût, avant d’arriver à destination.


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MessageSujet: Re: take me home, country roads (jinny)   take me home, country roads (jinny) EmptySam 4 Avr - 22:16


take me home, country roads


Baissée de rideaux, applaudissements, spectacle terminé. Ces pitreries pour amuser ton maigre public, qu'est-ce que ça peut faire du bien. Ce n'est pas dans tes habitudes de lâcher prise sans influence d'alcool ou de drogue, encore moins pour chanter sur du Shania Twain devant une presque inconnue, mais il y a ce truc chez Jinny qui donne envie de faire toujours plus, toujours mieux. Comme si elle révélait des choses en toi dont tu ignorais jusqu'à présent l'existence. Le control freak de Turnbull Corp qui se met à changer à tue-tête sans se soucier une seule seconde de ce qu'elle pourrait bien en penser, jamais tu n'aurais imaginé l'avoir endormi quelque part dans ton esprit trouble et formaté. Elle est bienveillante, Jinny, elle marche dans ton jeu sans hésiter une seule seconde, rendant la facilité déjà évidente entre vous d'autant plus forte – et déstabilisante. Et après ce show personnalisé au volant d'une décapotable, c'est maintenant l'heure des confidences, plus calmes, mais tout aussi enclin à vous aider à mieux vous connaître, et faisant de vous deux jongleurs habiles et capables de sauter du coq à l'âne sans la moindre difficulté ou gêne. Ton fantasme à toi c'était une chanteuse de country, elle, une blonde bouclée avec un goût prononcé pour le cuir. Très bien, voilà qui en révèle plus sur elle que tu ne l'aurais imaginé, mais qu'elle se rassure tout de suite, il n'y a absolument pas de quoi se moquer – ni sur le choix, ni sur ce qu'elle te confie indirectement. Bien au contraire, il y a même une petite partie de toi, bien enfuie, cachée parmi toutes tes zones d'ombre, qui ressent une pointe de déception. A moins que ? « Han Solo et Sandy, hein ? Je constate que mademoiselle a de très hauts standards. » Sourire complice, avant de reporter ton attention sur la longue route qui s’étend devant vous. Why not both. Voilà qui résume on ne peut mieux la confession de la jeune texane, assez confiante pour te conter ses quelques tourments adolescents. « Mais je préférais quand même la Princesse Leia. J'avais envie d'être celui qui vient la sauver. » Et oui, de ton côté, tu n'as jamais été tenté par l'idée de traverser l'autre rive, bien trop accro à la gente féminine pour ne serait-ce que songé à la délaisser. Et ça, elle risque de très vite s'en apercevoir d'elle-même, si ce n'est pas déjà fait.

Ange gardien un peu grunge en décapotable, voilà une appellation inédite que tu n'aurais jamais cru entendre un jour... et qui te serre durement le cœur. Elle ne verra pas ton petit sourire triste, Jinny, celui qui nait à la commissure de tes lèvres et qui retranscrit l'élancement aigu dans ta poitrine, mais peut-être ressentira t-elle l'affliction soudaine dans tes mots. « Crois-moi, je suis pas le genre de mec à être l'ange gardien de qui que ce soit. » Et tu ne parles pas uniquement de tes intentions cachées derrière cette rencontre, mais de toi en général. Le coureur de jupons sans attache, qui fait finalement bien plus de mal que de bien, et qui n'a jamais fait quoi que ce soit pour qui que ce soit en trente années d'existence. Si ce n'est pour la toute puissance familiale, qui aujourd'hui encore te dépasse complètement, alors que ce qu'elle décrit de toi, avec une touchante naïveté, t'aimerais l'être réellement, tout en sachant que tu n'y parviendras jamais. Vouloir n'est pas suffisant pour un cas aussi désespéré que le tien, trop enfoncé dans des travers épineux pour en sortir jour. Ou du moins, pas sans un bon nombre d'écorchures. Sujet introspectif rapidement balayé, heureusement, par l'intérêt et l'enthousiasme de Jinny pour la Nouvelle-Orléans. Okay, alors ça, par contre, tu peux en dresser un beau portrait sans tricher. « Encore debout ? Avec tout ce qu'on s'est mangé, je crois que maintenant plus rien ne peut nous coucher. Mais ne compte pas sur moi pour te dire quoi que ce soit, je veux que ce soit la surprise. Ce serait comme spoiler à quelqu'un qui n'a pas vu Star Wars que Luke et Leia sont jumeaux. Aucun intérêt. » Comparaison qui reste dans ce qui est en train de devenir votre référence fétiche. Mais pour ton endroit préféré, ça en revanche, tu peux en parler sans prendre le risque de trop en dire, et de te priver de quelques étoiles dans ses yeux. « Un bar de jazz. Parce que j'aime le jazz. Et le blues. Y a autant d'artistes renommés que d'inconnus qui montent sur scène, et c'est ça que j'aime. Pouvoir écouter ce que j'apprécie déjà, et découvrir des musique que je ne connais pas encore. Je me pose toujours à la même table, souvent avec un whisky, et je passe des heures, tout seul, à simplement me laisser porter par les mélodies. » Quelque chose de très simple, finalement, loin de tes soirées mouvementées habituelles entouré d'un millier de gens. Ce bar, c'est ta bulle d'oxygène, t'en as besoin pour continuer de respirer dans une vie parfois trop compliquée.

Et après moult rigolades et discussions plus au moins profondes, vous voilà arrivez à la Nouvelle-Orléans après l'heure la plus rapide de ta vie. C'est sur un parking privé que tu gares ta voiture, à quelques mètres seulement de la fameuse Bourbon Street. Déjà, vous pouvez entendre l'agitation et la musique dans les rues, notamment celle-ci, touristique mais emblématique, qui attire autant les gens de passage que les habitués. « Bienvenue chez moi. » Une foule aussi grande que tu l'espérais, joyeuse et déterminée à effacer le traumatisme, se dessine alors sous vos yeux. Ici, sa tenue de cowgirl n'a rien d'excentrique, et c'est des centaines de gens maquillés, déguisés et fiers d'être eux-mêmes qui déambulent tout autour de vous. Le carnaval n'est pas qu'une période bien fixe, c'est chaque jour que chacun s'exprime à sa façon aux yeux de tous, que ce soit à travers un accoutrement, des drapeaux arc-en-ciel aux fenêtres, ou une chanson jouée au coin d'un angle de rue. Dans les vitrines de boutiques ouvertes et incitant tout le monde à entrer, elle pourra déjà y voir plein de poupées vaudou, l'un des symboles mythiques de la Nouvelle-Orléans. Et puis, aussi, quelques statuettes douteuses, où des alligators sur deux pattes s'adonnent à des plaisirs charnelles avec des femmes aux goûts particuliers. C'est ça, ta ville, tout et n'importe quoi, un mélange de plein de choses, et une ambiance incomparable. « C'est l'heure de l'apéro. Tu connais les granités ? La glace pilée mélangée à du sirop ? Bah chez nous on rajoute de l'alcool. Et fais gaffe, parce que ça monte très vite. » Elle remarquera les quelques passants avec déjà leur espèce de grande girafe en plastique au contenu coloré, et bien, c'est exactement ce que t'es en train de vous prendre à l'entrée de la rue. S'il est interdit de boire ouvertement dehors dans ce pays, ici, cette loi ne s'applique pas. Hors du temps, vous êtes livres de faire ce que bon vous semble.
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MessageSujet: Re: take me home, country roads (jinny)   take me home, country roads (jinny) EmptyJeu 9 Avr - 17:52


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La Nouvelle-Orléans. Jinny avait beau être une baroudeuse, plus elle voyageait, plus elle se rendait compte à quel point elle n’avait encore rien vu du monde – pour son plus grand plaisir. Avant la mort de sa mère, elle n’avait jamais quitté le Texas, à peine avait-elle passé les frontières de Dripping Springs pour s’aventurer dans la campagne environnante ou pousser jusqu’à Austin à trente minutes de là pour profiter de la grande ville. Le décès de sa mère et l’héritage de Jonah lui avaient donné l’impulsion de sauter dans son pick-up et traverser le pays pour mettre le cap sur Metropolis et trouver Superman (oui, elle voyait les choses en grand, à l’époque), mais la vérité, c’était qu’en trois ans de vagabondage, et bien, ils avaient été assez limités, ses vagabondages. Alors chaque excuse qu’elle pouvait trouver, chaque prétexte, chaque occasion offerte pour sortir un peu de son cocon et de son ignorance de campagnarde chauviniste, elle sautait dessus volontiers. Et la Nouvelle-Orléans, c’était tout près du Texas, et en même temps, si différent, ainsi qu’elle le réalisa dès qu’ils passèrent le panneau de la ville. « Wow. » lâcha-t-elle alors que Cain leur faisait remonter les rues en direction du centre-ville. Il y avait dans l’air une atmosphère chargée, quelque chose pour lequel elle n’avait pas encore les mots, mais plus ils avançaient, plus la Nouvelle-Orléans se révélait à eux, et plus elle était impatiente de partir à l’aventure dans ce rues colorées en compagnie de son guide local et improvisé. Rhode Island et le Mont Justice étaient maintenant bien loin dans l’échelle de ses priorités et de ses préoccupations. Le Colonel, la malle de Jonah, tout ça pourrait bien attendre un peu. Puisqu’elle était de toute façon condamnée à l’aventure sur le chemin du retour, autant en profiter !

Jinny était bien incapable de réprimer le sourire ravi et émerveillé qui s’afficha sur sa figure alors qu’ils faisaient leurs premiers pas côte à côte dans la Nouvelle-Orléans – décidément bien différente d’Austin ou de tout ce qu’elle avait connu jusqu’ici. Bourbon Street avait tout d’un décor de film, avec ses hautes et vieilles façades boisées peintes de toutes les couleurs, couleurs qui explosaient encore partout dans les vêtements des gens et les devantures de cafés, bars et magasins. Il faisait encore chaud à cette heure de début de soirée, et l’air était lourd d’humidité, de voix, de parfums inconnus et de musique dans tous les sens. Qu’elle regrettait de ne pas avoir sa guitare avec elle, en apercevant, par les fenêtres grandes ouvertes des jazz clubs et des bars, quelque musiciens qui répétaient ou jammaient sans se soucier de mélanger leurs notes à celles du groupe d’à côté de l’autre côté de la rue. La voix de Cain la tira de ses rêveries, et ce qu’il lui proposait convenait parfaitement à l’état d’esprit qu’elle avait eu envie d’imaginer pour ce séjour sous le signe de l’insouciance et de la célébration. « Cain, au Texas, notre seule distraction à part élever des vaches, passer trop de temps à l’église, et tirer au pistolet, c’est l’alcool. T’inquiète pas pour moi. » Vantarde, indéniablement. A tort, probablement – elle tenait bien, mais n’avait rien d’une ivrogne invétérée, et omettait de préciser qu’elle avait quitté le Texas au moment où elle était légalement en âge de boire, mais l’idée y était quand même. Rapidement, ils trouvèrent un bar, et après quelques minutes, en ressortirent avec leurs Hand Grenades et leurs couleurs néons qui, en d’autres circonstances, auraient peut-être dû l’alarmer. Mais non, pas aujourd’hui. Aujourd’hui, c’était mauvaises décisions en pagailles, et aucune conséquence avant au moins le lendemain matin.

« Oh la vache. » grimaça-t-elle après une gorgée de sa boisson, avant d’en rire. « Ah oui c’est fort, ton truc. » Challenge accepted. Première grimace passée, la suite n’eut pas l’air de la déranger le moins du monde, et c’est l’esprit tranquille et le poison à la main qu’ils poursuivirent leur exploration du quartier français. Cain avait eu raison, c’était vraiment une bonne idée de faire une escale avant de repartir – et en sa compagnie, elle ne ressentait ni le besoin, ni l’envie de se sentir coupable. « C’est génial cet endroit. T’aurais pas dû m’amener, je vais jamais réussir à repartir. » Parce que maintenant, il y avait tout à découvrir et explorer, et elle comptait bien l’user jusqu’à la moelle, son guide auto-proclamé qui visiblement connaissait tous les bons plans du coin. Jinny Hex en territoire ennemi, et qui ne le savait même pas, fondue dans la masse sans soupçonner qu’elle pourrait, à tout instant, croiser quelqu’un qui ne lui voudrait pas que du bien. Et que l’un d’eux se tenait précisément juste à côté d’elle, parfaitement à l’aise dans son rôle. « Et donc, qu’est-ce qu’il faut que je coche sur ma liste pendant qu’on est là ? » demanda-t-elle à Cain en adressant un sourire à un percussionniste de rue arborant un Stetson qui lui avait désigné son propre chapeau, hilare – hat brothers. Et en remarquant aussi, qu’effectivement, ça montait vite à la tête, le truc de Cain, là. « Ecouter du jazz, évidemment. Goûter à la cuisine locale – ou aux cuisines locales. Visiter une boutique vaudou. Visiter une maison hantée ou un cimetière hanté. » Oui, les clichés avaient la peau dure, mais elle espérait que Cain ne l’en blâmerait pas. Elle qui aimait jouer les têtes-à-trous insouciantes pour qu’on lui fiche la paix, pour une fois, ça n’était pas un rôle. « En toute honnêteté, en tant que local et donc expert en la matière… il y a du vrai, dans tous ces trucs mystiques dont on entend parler à propos de la Nouvelle-Orléans ? Tu sais, le vaudou, les sorcières, les voyantes… tu y crois, toi ? » demanda-t-elle – n’importe quel autre PDG d’une compagnie, elle aurait cru trop cartésien pour croire à ces choses-là, mais Cain lui semblait plus ouvert d’esprit et suffisamment séduit par l’excentricité pour au moins garder un esprit curieux. Et si c’était avec lui comme guide, même elle voulait bien se laisser entraîner sur le chemin de l’étrange, du surprenant et de l’enchanté. Avec la curieuse impression que ce chemin-là, il avait presque été fait pour eux. Avisant une échoppe surmontée d’un œil stylisé dans le plus pur art mystique, elle la désigna à son compagnon de voyage. « Ca, par exemple. Crédible ou pas crédible ? »


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MessageSujet: Re: take me home, country roads (jinny)   take me home, country roads (jinny) EmptyDim 12 Avr - 0:42


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Elle a la réaction que tu espérais, Jinny, et ce n'est pas seulement parce que tu connais déjà chaque recoin comme ta poche que tu n'as de cesse de poser ton regard noisette sur elle, c'est pour ne rien manquer de son émerveillement. Le passé et le présent réunis dans le même tableau, oubliant presque la trainée de sang en bas à droite, qui fait pourtant perdre de sa valeur à l'oeuvre. Tant pis, t'as le cœur trop léger ce soir pour le lester d'une culpabilité qui te ronge déjà chaque seconde de chaque journée. Et puis, elle n'en reste pas moins belle quand on l'a contemple dans son ensemble, cette œuvre, de couleurs chaudes, comme le sud. Ne cachant pas ton scepticisme quant à ses affirmations typiques d'une étrangère qui ignore encore où elle a mis les pieds, tu lui tends la grenade pour qu'elle juge par elle-même. On va voir ce qu'elle a dans le ventre, la rouquine, et t'es prêt à parier que comme tous les autres, elle s'est un petit peu surestimée. La forme du contenant n'est pas anodine, et aurait déjà dû être un indice assez évocateur du contenu. Eclats de rire taquin face à cette grimace qui en dit long. « Trop fort pour une Texane ? » Toi ? Un brin moqueur ? Non, c'est pas du tout ton genre. A moins que ce ne soit aussi la faute de ce lien naturel qui s'est tissé entre vous, largement saupoudré de taquineries et autres gentilles chamailleries. Une dynamique que t'affectionne, et que tu nourris avidement, pour voir si l'adversaire est à la hauteur. Et peut-être bien qu'elle l'est. Elle a autant de caractère que de répartie, pure graine sudiste jusqu'au Stetson collé à la tête, et par conséquent, tout pour te plaire. « A ton avis, pourquoi après avoir visité autant de villes du monde entier je finis quand même toujours par y revenir ? » Parce que tu n'as trouvé aucun autre endroit à la hauteur. Il ne s'agit pas que de paysages somptueux ou de lieux branchés où passer tes soirées, c'est une atmosphère, comme deux bras réconfortants qui viendraient s'enrouler autour de toi pour te réconforter. La Nouvelle-Orléans, c'est ton berceau, ton baume au cœur, ta malédiction, aussi, un peu, et tant de choses encore. Comme toi, elle a ses mauvais versants, ceux que l'on aimerait cacher aux yeux des autres, mais qui font pourtant partie d'un tout harmonieux. Rien n'a besoin d'être parfait, tant que l'équilibre n'est pas rompu. Cette ville, c'est toi, tout simplement. Elle peut être belle et radieuse, tout autant que sombre et mystérieuse. Marcher dans ses rues, c'est te regarder dans le miroir.

Sirotant ta grenade comme si tu sirotais un diabolo-menthe, tu n'es pas offusqué le moins du monde par la succession de clichés énumérés par Jinny. Parce qu'ils sont vrais. Comme chaque légende, il y a toujours un peu de vérité qui se cache derrière les affabulations. Le jazz. Le po boy. Le musée du vaudou. Et pourquoi pas aller frapper à la porte de ton camarade nouveau propriétaire de la maison de LaLaurie. Dans ta tête, tu notes tous les passages obligatoires en bon touriste qui se respecte, mais qui font aussi écho à ses envies à elle. T'aimerais prendre ton temps, ne pas tout dévoiler d'un seul coup, mais tu te rends compte que c'est surtout pour étirer l'instant, jusqu'à ce qu'il craque, que tu cherches à freiner sa curiosité impatiente. Vous n'avez pas toute une vie devant vous, l'horloge défile, et bientôt tu n'auras pas d'autres choix que d'exécuter ce pourquoi tu l'as rencontrée, sous peine de vous voir tous les deux éclater avec la bombe. Tu suffoques. L'étau se resserre. Et une fois de plus, tu dois lutter contre toi-même pour ne pas simplement abandonner la partie. Tes parents, si tu ne les aimais pas autant, tu les maudirais ardemment. « Pour avoir vécu toute ma vie ici, je peux t'assurer qu'il y a des choses qui resteront pour toujours inexpliquées. Après, il faut savoir où aller. Comme chaque ville un peu touristique, il faut pouvoir démêler le vrai du faux. » Le mysticisme fait partie intégrante de la Nouvelle-Orléans, et elle n'aurait pas gagnée cette réputation sans, une nouvelle fois, un fond de vérité. Le vaudou est une pratique qui s'exécute avec plus ou moins de réussite, mais qui n'en demeure pas moins très réelle quand on sait où aller. « Règle numéro une, Bourbon Street c'est super sympa, mais pas quand tu cherches de la crédibilité. ». Alors non, la petite boutique au parfum d'encens qu'elle te désigne n'a rien de crédible, attrape-touristes comme toutes celles qui se trouvent par dizaine autour de vous. Mais toi, t'as assez arpenté chaque rues pour savoir exactement où aller. Si elle a pas peur de mettre les pieds dans l'inconnu, la Texane, alors tu peux l'emmener là où elle trouvera des réponses. « Suis-moi. » Sourire en coin, regard faussement mystérieux, vous quittez la bondée Bourbon Street pour vous enfoncer là où la plupart des autres ne vont jamais. Premier pas dans l'occulte, et qui sait ce que vous pourrez y trouver.

L'extérieur ne paye pas de mine, l'intérieur, encore pire. Papier défraîchi, désagréable odeur de renfermé, il n'y a pas de troisième œil peint sur les murs, ni d'effigies de poupées vaudou un peu partout pour attirer le chaland. En vérité, sans connaître son existence, il est impossible de pénétrer dans ce petit local par hasard. Toi-même, tu n'y as jamais les pieds, mais tu as assez entendu d'écho sur la dame qui tient l'échoppe pour être sûr de ton coup et du sérieux de ses divinations. Nonchalant, la paille de ta boisson encore entre les lèvres, tu t'annonces le plus naturellement du monde : « Bonsoir, on aimerait connaître notre destinée, s'il vous plait. » Quoi ? T'es peut-être d'ici mais t'as jamais ressenti le besoin d'en apprendre plus sur ton avenir, alors comment t'es censé aborder ce genre de trucs ? D'abord le silence pesant, et puis, soudainement, de derrière un rideau de perles de couleurs, tu vois une femme âgée faire irruption dans la pièce principale. Physiquement, déjà, elle a absolument tout du cliché de la sorcière. Voilà qui devrait plaire à Jinny. « Oh, je sens quelque chose de fort qui émane de vous, jeunes gens. Asseyez-vous, asseyez-vous. » Après un regard complice à Jinny et un haussement d'épaule, tu prends place sur la chaise qui t'est désignée, juste en face d'une petite table ronde derrière laquelle elle s'installe à son tour. Déjà affairée à sa préparation, la voyante fait pour l'instant à peine attention à vous. Et tu l'admets, derrière ton attitude désinvolte, se cache en vérité une petite appréhension. Car si tout ceci est vrai, vraiment très vrai, que se passera t-il si elle trahi ton plus noir secret ? « Joignez vos mains, s'il vous plait, je vais entourer vos poignets d'un ruban très particulier. J'ai besoin que vous soyez tous les deux connectés pour pouvoir lire convenablement dans vos esprits. » Okay. Alors maintenant t'es même plus du tout serein. Et pas que pour ce que tu camoufles dans un recoin sombre de ta tête. Tu te sens...nerveux. Mais tu t'exécutes. Tu tournes la tête vers ta partenaire, et tu glisses tes doigts dans les siens, naturellement, comme s'ils n'avaient jamais eu d'autres but que de s'emboiter dans une perfection presque surnaturelle. Difficile d'exprimer ce que tu ressens à cet instant, et t'es bien heureux qu'elle ne te le demande pas, à la fois dérouté par cette expérience inattendue, et galvanisé par une sensation inédite de complétude absolue. What the fuck. T'as le cœur qui bat à fond, et le plus incroyable dans tout ça, c'est que t'as l'impression qu'il bat à l'unisson avec celui de Jinny. Tu entends ses battements vibrer à travers ta propre poitrine, ses frissons se prolongent sur ta peau – à moins que ce ne soit l'inverse –  et toutes ses émotions se déversent aussi facilement en toi que si c'était les tiennes. Si tu n'étais pas assis, tes jambes auraient lâchées sous l'afflux de ces sensations inexplicables. Ruban noué autour de vos poignets, elle saisit maintenant vos deux mains libres, un peu tremblante, traversée d'une énergie qui semble émaner de vous. « Jamais je n'avais ressenti quelque chose d'aussi étrange. D'aussi profond. Vous êtes connectés l'un à l'autre d'une façon si intense que seuls deux immortels aux milliers de vies pourraient l'être. » Eclats de rire nerveux. Très nerveux. Car impossible de nier ce que tu éprouves toi-même alors que la main de Jinny demeure dans la tienne. « Ça n'a pas de sens. » La réaction ne se fait pas attendre, et après t'avoir donné une petite tape sur la main pour faire taire ton insolence, la vieille dame poursuit, sans pitié : « Et forniquer avec toutes ces jeunes filles, ça a du sens peut-être ? » Okay. Touché. Elle est douée, cette Winifred Sanderson.
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MessageSujet: Re: take me home, country roads (jinny)   take me home, country roads (jinny) EmptyLun 13 Avr - 23:29


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Jinny en avait vu, des trucs bizarres, au cours de ces cinq dernières années. Paradémons, envahisseurs de l’espace, aliens, dieux, demi-dieux, quarts de dieux, clones, pas clones, chiens volants et gadgets tout droit sortis d’un film de James Bond futuriste – mais la magie, il fallait bien avouer que ça lui échappait encore. Dans cette petite échoppe dans laquelle Cain l’avait conduite, elle gardait poliment ses réserves pour elle, observant le décor avec une certaine curiosité, mais incapable de ne pas se demander ce qu’il pouvait bien y avoir de réellement vrai dans toutes ces superstitions. Tout ce qu’elle connaissait de la vraie magie, c’était ce qu’elle avait pu voir de Shazam ou de Zatanna – pas vraiment le même calibre que ce qu’ils avaient l’air de chercher ici. Par respect pour la propriétaire, et par habitude, Jinny retira son chapeau qu’elle laissa pendre dans son dos, restant sagement derrière Cain qui avançait en terrain semi-conquis. Ca, pour le dépaysement, on y était – mais ce dépaysement-là lui semblait quand même beaucoup plus sympathique que New Themyscira et son lot de surprises désagréables. Plus sympathique, mais tout de même avec quelque chose de décontenançant, dans la façon dont la vieille dame les dévisagea tous les deux ; on disait souvent que les yeux étaient le miroir de l’âme, mais dans le cas de cette supposée voyante, Jinny se demandait si ce n’était pas son âme à elle, qu’elle avait l’air de refléter. Dire qu’elle était complètement à l’aise aurait peut-être été une exagération. Mais, puisque Cain n’avait l’air ni inquiet ni de songer à faire demi-tour, alors qu’il se retournait pour lui sourire en haussant les épaules d’un air nonchalant, elle décida qu’elle non plus n’avait aucune raison de ne pas se laisser porter par l’expérience. A son tour, Jinny prit place sur la chaise et joignit les mains devant elle, curieuse et attentive aux préparatifs qui se déroulaient sous son nez et auxquels elle ne comprenait rien, et elle arqua un sourcil, sourire amusé au coin des lèvres, face aux déclarations de la respectable vieille dame. Quelque chose de fort qui se dégageait d’eux, hein ? A combien de clients avait-elle pu la sortir, celle-là ? Et maintenant, joindre les mains. Bon. Après un regard en coin à Cain, elle obtempéra, retira son gant dissimulant le X encré sur son majeur – et c’était elle, ou l’atmosphère venait de changer, d’un seul coup, subrepticement, sans qu’ils ne s’en rendent compte ? Ils se marraient encore la minute d’avant, mais soudainement, pesait dans l’air une solennité déconcertante. Elle failli en perdre contenance, Jinny, puis elle baissa les yeux sur la main tendue de Cain et, machinalement, y glissa la sienne. Un geste anodin, banal, qui n’aurait dû être que ça, un geste anodin et banal pour se prêter au jeu de la voyance et des superstitions et oublier un instant un esprit un peu trop cartésien. Et pourtant.

C’était comme un dérapage ; comme glisser soudainement d’un corps à l’autre tout en ayant parfaitement conscience de rester dans le sien, un peu, songerait-elle plus tard, en repensant à cette étrange scène, quand elle avait la sensation de tomber dans son lit alors qu’elle était parfaitement immobile. Un hoquet faillit lui échapper, son souffle soudain coincé dans sa poitrine dans laquelle s’étaient mis à battre deux cœurs de concert, deux cœurs qui accéléraient frénétiquement, chacun se nourrissant de la surprise et de l’angoisse de l’autre. Et l’insouciance et la désinvolture avaient foutu le camp pour laisser place à un melting-pot aux antipodes – panique, inquiétude, méfiance, exaltation, effarement, et bon sang elle était sûre et certaines que la moitié de ces émotions n’étaient pas les siennes, et elle ne comprenait pas ce qu’il se passait, et elle avait envie de bondir en arrière et de lâcher la main de Cain mais elle ne le pouvait pas et pas seulement parce que la voyante les nouait ensemble d’un ruban. C’était quoi, ce truc. C’était quoi, cette intensité. Elle entendit à peine la voyante, trop occupée à dévisager Cain avec un mélange de stupéfaction et de brutale appréhension et d’incompréhension, et elle voyait bien – non non, elle sentait bien, elle savait bien – qu’il n’était pas plus à l’aise qu’elle. C’est son rire nerveux qui la tira de son hébétement, et machinalement, elle tourna à nouveau la tête vers la voyante, le cœur sur le point d’exploser dans sa poitrine. Non, ça n’a pas de sens. Et Jinny se répétait cette phrase en boucle dans sa tête rousse, en tentant tant bien que mal de retrouver une certaine contenance et son détachement texan habituel, allant même jusqu’à rire à la pique délibérée de la voyante – avant de sentir une sueur froide le long de son échine alors qu’une pointe s’enfonçait dans sa poitrine, celle-là même qu’on ressent quand on est pris sur le fait, et elle sut aussitôt que ça non plus, ça n’était pas elle qui le ressentait. « Touché, alors ? » lâcha-t-elle dans un semblant de plaisanterie, de moquerie gentillette, pour dissimuler les ruines que cet ouragan avait laissées derrière lui. Quelque chose s’était débloqué. Un verrou avait sauté. Et, sans qu’ils n’en aient conscience, le poids d’une longue et sanglante histoire familiale vint peser un peu plus sur leurs épaules, dans tout ce qu’elle avait de terrible et de difforme et monstrueuse, en rapprochant avec violence ses derniers héritiers qui auraient dû chercher à marquer, dans le sang, la fin de cette guerre shakespearienne. Le barrage avait sauté, l’héritage familial – le vrai – reprenait ses droits, et il ne tenait qu’à eux d’encaisser le déluge. Et là, à cet instant, sous le choc d’un phénomène qu’elle n’avait aucun moyen de comprendre, Jinny n’arrivait à avoir vraiment conscience que de la main de Cain dans la sienne, à paume contre paume ; un ancrage dans la réalité, autant que la source de la tempête. Et Cain, malgré lui, devenu à la fois bourreau et seul repère dans ce chaos dont elle émergeait à peine après la minute la plus longue de sa vie.

La voyante, elle n’avait visiblement pas autant de temps à perdre qu’eux – et son agitation parvenait presque à agacer Jinny, qui ne savait plus si elle jouait la comédie, cette petite vieille, ou si elle était complètement sincère, ou s’il se passait encore autre chose qu’elle ne comprenait pas. Elle était très concentrée, la vieille dame, presque inquiète, à marmotter dans son coin, les mains fébriles alors qu’elle regardait les leurs, puis les regardait eux, tour à tour, sourcils froncés, avant de secouer la tête d’un air désapprobateur. « Je n’ai jamais rien vu de tel. Ce sont vos âmes, qui sont liées ensemble – deux âmes sœurs, deux âmes jumelles, et sens véritable du terme. Tu ricanes peut-être, mais vous ne devriez pas prendre cela à la légère ! » sermonna-t-elle Jinny, qui avait commis l’erreur d’hausser un sourcil perplexe. La voyante approcha sa main frêle du ruban, sa paume caressant les contours d’une énergie invisible, avant de prendre une inspiration comme si elle avait une mauvaise nouvelle à leur annoncer. « Il y aura de la douleur, dans ce lien. Il y en a eu, il y en aura encore – vous souffrirez, à la fois de ce que vous êtes, de ce que vous serez, et de ce que vous ferez. Et parce que, précisément, vous êtes indissociables l’un de l’autre. Liés au-delà du possible. » souffla-t-elle, avec un air si sincèrement désolé peint sur ses traits que Jinny en fut brièvement saisie de doutes et d’appréhension. De quoi parlait-elle, encore ? C’était quoi, cette histoire de souffrances ? Cette fois, Jinny n’avait plus vraiment envie de rire, attentive malgré elle, suspendue aux lèvres de leur mystérieuse interlocutrice – et se débattant, encore, avec un soudain nuage d’émotions qu’elle savait ne pas être les siennes. Pas vraiment. « Mais il y aura de l’amour, aussi. Si et seulement si vous surmontez les épreuves qui vous attendent, vous vous aimerez d’une telle façon que toutes ces blessures et bien plus encore, se refermeront d’elles-mêmes. » … ah. « Pardon ? » lâcha-t-elle enfin, sortie de sa stupeur. Prise de court, Jinny ne put s’empêcher de jeter un regard de travers à Cain, désireuse de voir s’il était aussi largué et dubitatif qu’elle. Bon sang, ils s’étaient vraiment fait avoir comme ça ? Finalement, c’était bien le cliché de toutes les consultations de voyance, non ? La promesse du grand amour, aussi distant et imprécis soit-il – cette voyante-là avait juste un talent certain pour la mise en scène, voilà, c’était tout. Pas vrai ? D’un geste de la main, comme si elle chassait une vulgaire mouche, la voyante balaya le scepticisme de Jinny. « Il est encore trop tôt, mais vous comprendrez bien assez vite. Je sais que vous l’avez ressenti aussi. Quelque chose s’est révélé ce soir. Rendez-vous service, et ne faites pas l’erreur de l’ignorer. » Et pour ponctuer son discours cryptique, la voyante se leva, sans cesser de marmonner – Jinny n’aurait su dire si elle les bénissait, les maudissait, ou se plaignait aux esprits – et disparut dans une petite remise dissimulée derrière une épaisse tenture. Incapable de tirer le moindre sens, de tout ça, Jinny resta là, stupéfaite, un silence étrange et pesant s’immisçant entre eux. Alors, pressée de désamorcer ce terrible malaise, Jinny trouva la force de glisser à Cain, à voix basse : « T’es sûr qu’elle ne nous a pas drogués, ta voyante ? » Elle plaisantait, mais franchement ? A moitié seulement. « Sérieusement. C'était quoi, ça ? C’est toujours comme ça ? » Ou est-ce qu’ils étaient les exceptions à la règle ? Et s’ils étaient des exceptions… qu’est-ce que ça voulait dire, exactement ?


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MessageSujet: Re: take me home, country roads (jinny)   take me home, country roads (jinny) EmptyJeu 16 Avr - 0:18


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Ce que tu ressens, à cet instant précis, est tout ce que t'as cherché à fuir toute ta vie. T'en veux pas de cette dépendance. Désir paradoxal d'un homme qui a pourtant le vice qui sue par tous les pores. L'alcool, la drogue, le sexe, tous les pires maux de cette société tu les portes en toi, pas aussi fièrement que l'on porterait un étendard, même s'il y a longtemps que les âmes qui fréquentent tes fossés ont cessé de croire à l'image de façade. Tu n'as rien du bon parti que l'on vante parfois dans les magazines, t'es même tout le contraire du gendre idéal. Parce que t'as pas d'attaches, pas de raison de faire tomber les voiles. Jamais tu n'as navigué dans la même direction, le regard constamment tourné vers l'étendue de possibilités qui se présentent à toi. Un jour tu choisiras celle-ci, puis le lendemain une autre – tu parles de bouteilles comme de filles. Et parmi toutes ces expériences plus extrêmes les unes que les autres, il y en a une que tu n'as jamais cherché à tester : l'accoutumance à autrui. Non, pire, la fidélité. Un tel dévouement, tu ne l'accordes qu'à ta famille, les autres n'ayant droit qu'à ce que tu veux bien leur donner, selon tes humeurs et tes besoin. Alors ce qu'elle te fait ressentir, Jinny, en liant ses doigts aux tiens, tu n'en veux pas. Parce que t'as peur. Parce que tu sais que tu pourrais ne plus pouvoir t'en défaire. Et qui pourrait t'en blâmer ? Qui a déjà éprouvé pareil communion ? C'est ce tout, cet incroyable sensation de tout connaître d'elle tout en sachant pertinemment que tu ne sais absolument rien. Il y a le ying et le yang, et puis il y a vous, équilibre parfait, fusion inédite, osmose surnaturelle. C'est encore plus satisfaisant que le dernier morceau de puzzle qui s'imbrique. Encore plus fort que d'éteindre intimement une femme. Voilà ce qui te fait horriblement peur. La dépendance à cette émotion qui te ferait presque croire, qu'après des années à ne pas savoir réellement qui tu es, tu viens de trouver la place qui est la tienne. Tu lui réponds pas, à Jinny, quand elle te demande si la vieille dame a effectivement touché juste, puisqu'elle le sait. Tout aussi distinctement que toi tu ressens sa fébrilité et son incompréhension. Pas uniquement parce que ce sont aussi des sentiments qui sont en train de fracasser l'enceinte qui entoure les émotions que tu te refuses, non, tu les ressens vraiment. Ils vibrent en toi comme les cordes d'une guitare qui exporterait son son mélodieux dans une salle de concert. Elle essaye de garder la face, de ne pas basculer de sa chaise sous l'impulsion en continu de cette étrangeté qui vous assaille sans pitié, mais à toi elle ne pourrait cacher la vérité. Plus maintenant. Tu le sais, à partir d'aujourd'hui, ce qui s'est créé ne pourra plus être brisé. Et ça aussi, cette certitude, ça te fait flipper. T'es touché, touché de toutes les façons qu'il est possible de l'être.  

Et si tu pensais déjà avoir atteint le paroxysme de l’ébranlement psychologique, et bien, tu t'étais royalement trompé. L'envie de rire t'est complètement passée, et c'est les sourcils froncés que tu bois chaque mot de la voyante comme si elle te contait des paroles d’Évangiles. Pas une seule fois dans ton existence, pas une, tu n'as cru en l'existence des âmes sœurs. N'est-ce pas ce mythe philosophique qui ne peut avoir de sens pour quelqu'un comme toi qui n'a jamais été lié à qui que ce soit ? Ni plus ni moins qu'un texte lu en salle de cours, ou un concept bon pour les jeunes demoiselles trop romantiques, rien d'une vérité, bien loin d'une croyance. Pourtant, alors qu'elle vous en parle le plus sérieusement du monde, tu ne peux t'empêcher de frissonner. T'es pas du genre à te laisser embobiner par des balivernes, mais réfuter complètement ses propos serait nier tout ce que t'as ressenti en prenant la main de Jinny. Et ça, même le plus féroce des dénis ne pourrait t'en détourner. Elle vous parle d'avenir. Elle vous parle de souffrance. Mais comment tout ceci peut être possible si tu parviens à tes fins ? N'a t-elle rien vu de définitif à ce lien dont elle semble raconter le futur sans sourciller ? Est-ce que cela signifie que tu vas échouer ? … Ou renoncer ? Bordel, tu t'attendais certainement pas à ça en rentrant dans son cagibi. Mais soit, très bien. Ames sœurs, pourquoi pas, qu'importe ce que cela signifie vraiment, que cela s'apparente à une métaphore de vos héritages ancestraux ou que cela définisse les sensations qui n'ont de cesse de perturber ton apparence stoïque. La souffrance, ça aussi tu veux bien y croire, et difficile de faire autrement avec de telles intentions à son égard. Mais le troisième élément, celui qui ponctue le portrait de votre relation, lui, en revanche, manque de te faire tomber de ta chaise. « L'am... Le quoi ? » Une réaction qui complète celle de Jinny, alors que pendant quelques secondes, tu penses réellement avoir mal entendu. C'est de tomber amoureux dont elle vous parle ? Okay, là ça va un peu trop loin. Mais sur le point de protester plus vivement, c'est d'une autre prophétie qu'elle scelle tes lèvres pourtant rarement closes quand t'as quelque chose à dire. T'as le cerveau retourné. Le cœur déboité. T'aimerais tellement pouvoir farouchement nier tout ce qui a été dévoilé, mais tu peux pas. Tu peux pas, parce que oui, tu l'as ressenti. Peu importe le nom de cette déroutante émotion, tu l'as ressentie, et tu la ressens encore, vivement, brutalement. Le regard fixé dans le sien, tu cherches des réponses que tu ne trouveras probablement pas. Ou pas celles que tu attendais, en tout cas. Et c'est finalement la voix de Jinny qui te tire de la dérive, visiblement tout aussi sceptique et perturbée que toi. « J'en sais rien. » Qu'est-ce que tu peux lui dire de plus ? Vous n'êtes pas venus ici par hasard, cette femme est celle qui a toujours su viser juste pour ceux qui l'ont consultée, alors pourquoi se tromperait-elle sur votre cas ? Aussi incroyable que cela puisse paraître, peut-être qu'il y a du vrai dans ce tu voudrais n'être que les fabulations d'une marginale.

Mais le jeu a assez duré, et c'est un peu brusquement que tu te lèves de ta chaise, profitant de l'absence de la voyante pour retirer le ruban qui lié vos poignets. T'as l'impression que cette saloperie est en train de te brûler. Et une fois débarrassé, tu retires ta main, geste simple, exécuté machinalement, mais qui te laisse... vide. Et tu la regardes, Jinny, te demandant si elle aussi vient de ressentir cette soudaine absence qui pèse sur la poitrine. Non, pas vraiment une absence, puisque ce qui existait existe toujours, mais un manque. Et une envie de reprendre ses doigts pour le combler. « J'ai une dernière chose à vous dire avant que vous ne partiez. » Quoi encore ? Toujours debout, sur le point de payer la consultation, une force invisible t'oblige à écouter ses derniers mots. « Jeune homme, ne laissez personne dicter vos actes. La raison des autres ne doit jamais devenir la vôtre, et encore moins quand elle entrave votre cœur. Vous pensez ne pas avoir le courage de partir, mais vous l'avez. Quand la main se tendra, saisissez-la. » Impossible de déglutir, alors que ses mots te frappent de plein fouet, aussi violemment qu'une voiture dans un mur en béton. C'est maintenant vers Jinny qu'elle se tourne. « Quant à vous, jeune fille, sachez que le passé ne se répète pas toujours. Le moment venu, laissez sa chance à celui à qui vous n'auriez jamais pensé l'accorder. Parce qu'il se pourrait que vous trouviez bien plus que vous ne l'espériez. C'est toujours effrayant de sauter d'une falaise, mais une fois en bas, il n'y a pas de sensation plus grisante. Il ne vous restera que la fierté et le bonheur de l'avoir fait. » Les mains un peu tremblantes, toi qui est d'habitude toujours dans le contrôle, tu fouilles dans ton portefeuille pour en sortir deux billets de cinquante dollars. Qu'importe le prix de la consultation, tu estimes que ce sera suffisant. « Merci bien, madame. » Sourire forcé et crispé, mais tu n'en oublies pas la politesse pour autant. Et dans ton dos, alors que tu quittes la boutique, tu ne vois pas le sourire indescriptible se dessiner sur son visage ridé. « Faut que je recharge. » Que tu dis finalement à Jinny, en lui désignant ta grenade vide, après avoir laissé un silence gênant prendre trop de place trop longtemps. Le remontant est largement nécessaire et mérité, tandis que les paroles de la voyante raisonne encore dans ta tête ébranlée, comme des parasites impossible à se débarrasser.

De retour à Bourbon Street, l'ambiance est encore montée d'un cran depuis votre brève absence. La musique tambourine sur les balcons, et les gens ont commencé à danser dans la rue, oubliant tout ce qui les a tant fait souffrir pendant des mois. Une libération que tu leur envies. La tienne, tu la trouveras au bout de ta paille. Tu tends ta gourde vide au marchand pour qu'il te la remplisse, puis, après quelques secondes d'hésitation, tu oses demander à ta partenaire : « Qu'est-ce qu'elle a voulu dire quand elle t'a dit que le passé ne se répétait pas toujours ? T'as eu une sale expérience avec quelqu'un ? » Ce n'est pas de la curiosité que tu manifestes à travers cette question sans doute trop intime, mais un réel intérêt pour celle dont la présence ne se ressent pas uniquement physiquement à tes côtés. Il n'y a aucune malice derrière tout ça, bien au contraire. Ces maux qui raisonnent en elle et passent à travers toi, t'aimerais pouvoir tous les lui enlever. Avaler toute sa peine pour la recracher au loin, où tu sais qu'elle ne la retrouvera plus jamais.
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MessageSujet: Re: take me home, country roads (jinny)   take me home, country roads (jinny) EmptySam 18 Avr - 17:10


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Voilà, elle l’avait perdue, la voyante. Avec ses prédictions qui sonnaient comme des prophéties, elle avait fait résonner toutes les sonnettes d’alarme possibles et imaginable dans l’esprit de Jinny, tintamarre assourdissant qui avait achevé de la raidir sur sa chaise et lui couper le sifflet, à la texane à la langue pourtant bien pendue. Quelque chose se jouait dans cette pièce, et elle ne voyait pas exactement ce que c’était, et elle se sentait prise au piège ; et pas seulement à cause de ce ruban qui avait lié sa main à celle de Cain et provoqué… provoqué quoi, d’ailleurs ? Son poignet libre, elle ramena machinalement sa main à elle, massant sans y penser l’endroit où le ruban avait forcé le contact et déclenché – déclenché elle ne savait quoi. Et, tout aussi machinalement, elle chercha et croisa le regard de Cain, qui avait l’air au moins aussi perturbé qu’elle. Il n’y avait plus qu’un cœur qui battait à tout rompre dans sa poitrine, en solitaire, et tout à coup il lui semblait qu’il ne prenait plus assez de place dans sa cage thoracique. Comme si, en cinq minutes à peine, il avait appris à fonctionner à deux, et elle songea brièvement qu’elle s‘évanouirait, cette impression perturbante, mais son sang ne fit qu’un tour lorsqu’elle crut sentir, en parallèle de son cœur à elle, les battements confus d’un autre – moins présents, plus distants, mais bien là quand même. Une présence et une absence à la fois, toutes deux aussi intrusives l’une que l’autre, et si elle avait presque été tentée de hurler en sentant Cain – parce que c’était lui, hein, forcément, elle l’avait bien senti – aussi présent dans ce qu’elle ne pouvait appeler autrement que son âme, ou son psyché, maintenant, elle suffoquait presque sous le contrecoup d’un vide et un manque inexplicable. Un vide qui n’en était pas vraiment un, d’ailleurs, mais la voix de la voyante l’interrompit encore dans ses pensées et la força à relever la tête vers elle – et le visage de Jinny se ferma tout à fait, seulement illuminé d’un bref sourire sans joie qui en disait long sur le fond de sa pensée. Stop. Assez. Elle avait cru que ce serait une bonne idée de consulter une voyante, une idée innocente pour rire un peu, mais tout ça, c’était beaucoup trop. Le ton prophétique de la vieille femme prenait, à ses oreilles, des tons alarmistes et moralisateurs qui lui hérissaient le poil, enfin, qui hérissèrent d’abord le poil de Cain, puis le sien, et – mon Dieu, comment est-ce qu’elle savait ça, et elle repoussa encore ces intrusions dans un coin de sa tête en saluant la voyante à son tour avant de quitter la pièce. Elle avait besoin d’air. Ils avaient tous les deux besoin d’air, de quitter cette petite pièce claustrophobe, en espérant que l’espace de la rue les débarrasseraient des débris de cette explosion qui les avait laissés sans voix, démunis, et incapables de saisir encore ce qui venait de leur tomber dessus.

Ce silence était pesant, malgré le brouhaha de la nuit louisianaise, mais Jinny se refusait à le rompre, choisissant à la place de remettre son chapeau sur sa tête, barrage efficace quand elle voulait éviter d’affronter le regard de quelqu’un ; mais Cain se décida finalement à le faire, et elle consentit à lui glisser un regard de côté – ah, recharger les batteries, bonne idée. « Pareil. Et d’une séance d’hypnose, tant qu’à faire. » marmonna-t-elle alors qu’ils se dirigeaient vers la cahutte appropriée. Quel séisme, bon sang. Noyées dans la musique qui envahissait maintenant Bourbon Street qu’ils avaient réussi à rejoindre, les impressions qui l’avaient saisie à la gorge chez la voyante quand elle avait pris la main de Cain refusaient pourtant de la quitter – et franchement, ça commençait à la faire flipper. Un écho constant, qui n’avait qu’une seule direction : lui. Même là, alors que l’explosion de panique et d’inquiétude s’évanouissait petit à petit, elle sentait bien qu’il subsistait quelque chose, comme un conduit, des miroirs dans lesquels rien ne pouvait se refléter – à part lui. Allons, cesse tes âneries, Jinny. Il y avait forcément une explication logique derrière tout ça. Ca finirait bien par passer. T’as juste été trop impressionnable, voilà. Pourtant, Jinny ne put s’empêcher de se raidir à nouveau lorsque Cain lui posa la question. Et malgré elle, elle lui envoya un regard dur, avant de s’y dérober pour tendre à son tour son verre à long cou au marchand. C’était pas contre lui. Déformation professionnelle, déformation familiale, surtout, on était protecteur de soi et de son jardin secret, et depuis quelques minutes, elle avait l’impression de ne presque plus en avoir, de jardin secret. « Elle n’a rien voulu dire du tout, elle nous a juste aligné des généralités qui peuvent s’appliquer à tout le monde, pour peu de faire preuve d’imagination. » raisonna-t-elle d’une voix qu’elle espérait calme et mesurée. Mais la vérité, c’était qu’elle était un peu en colère contre la voyante, pour avoir tapé aussi juste, même si elle était persuadée que c’était un coup de chance. Jinny soupira – ce n’était pas de la faute de Cain, il n’avait pas à en faire les frais, alors elle accepta de redescendre d’un cran. « Sérieusement, je ne veux pas insulter la culture locale ou tes croyances, si c’est ton truc, mais ces gens-là sont quand même connus pour ces astuces, non ? » Voilà, c’était bien comme explication ça, ça avait du sens, et franchement, elle n’en voyait de toute façon pas d’autre. Parce que si tout ça, c’était vraiment des prophéties, alors elles manquaient drôlement de précision, quand même.

Et elle aurait pu, elle aurait dû s’arrêter là, mais la suite lui échappa sans même qu’elle n’y pense : « Ma copine, enfin, mon ex, m’a trompée, il y a quelques années. » Damn it, pourquoi elle lui disait ça ? C’était sorti tout seul, sans qu’elle n’y réfléchisse, et elle se maudit aussitôt, parce que ce n’était pas le genre de la maison, de partager les épisodes les moins glorieux de sa vie avec un presque inconnu, et en même temps, elle le sentait, cet instinct, cette impulsion qui semblait vouloir la pousser à s’ouvrir à lui, comme si son âme n’avait, ou n’était pas censée avoir, le moindre secret pour lui. Dangereux, ça, Jinny. Très dangereux. « Donc oui, elle a visé juste, mais c’aurait pu être n’importe quoi. On a tous des casseroles comme ça. On a tous été trahi un jour – et même ce qu’elle t’a dit, qui aime se laisser dicter quoi faire de sa vie ? » Elle ne savait pas pourquoi elle rebondissait là-dessus, mais elle se souvenait distinctement de cette sensation de rentrer droit dans un mur qu’elle avait ressentie quand la voyante s’était adressée à Cain. Un choc qui s’était répercuté sur elle presque comme si elle en avait été la victime – mais non, il avait émané de lui, elle en était sûre. A son tour, elle récupéra sa grenade à nouveau remplie, songeuse. Maintenant qu’ils étaient dehors – et qu’elle pouvait laisser l’alcool lui monter à nouveau à la tête – elle se sentait vaguement plus rassurée ; mais dans cette pièce, elle s’était sentie prise au piège, mise devant un fait accompli qui lui échappait complètement. Comme à l’époque où sa mère la sermonnait au sujet de l’héritage Hex et de tous ses dangers – ces ennemis invisibles qui voudraient sa peau un jour, le talent inévitable des Hex pour s’attirer ennuis et ennemis en pagaille. Une véritable malédiction, au sens le plus sombre du terme, à laquelle Jonah avait condamné sa descendance à cause d’une vie de péchés gravée dans une rivière de sang. Ca l’avait toujours rendue dingue, ce fatalisme, ce fantasme de mort et de persécution. Ca n’existe pas, les malédictions, maman, lui répétait-elle en boucle, pour ne se voir adresser qu’un regard las. Ca n’existe pas. « Et toi ? » demanda-t-elle, alors qu’ils reprenaient leur marche dans Bourbon Street, qui ignorait tout de leur bouleversante aventure. « J’avais raison, la première fois qu’on est rencontrés ? C’est toi qui cherches à fuir quelque chose, finalement ? » C’était bien ce qu’elle avait dit, la vieille dame, non ? Et c’était l’impression qu’il lui avait laissé un peu, aussi, à travers le filtre de sa nonchalance trompeuse. Ne jamais se fier aux apparences était un précepte important aux yeux de Jinny, un dont elle trouvait qu’il se confirmait sans cesse, et avec Cain ? Il n’avait de cesse de se confirmer. Et après ce qu’ils avaient vécu chez cette voyante, elle ne savait plus quoi penser, quoi croire, quoi ressentir. Sa seule certitude, à ce moment-là, c’était l’inquiétude, l’angoisse et l’incertitude qu’elle sentait rebondir entre eux, de l’un à l’autre, phénomène complètement inexpliqué et inexplicable qui la laissait pantoise. Et chez Cain, quelque chose de sombre, et sourd, qui pesait lourd dans sa poitrine et qui refusait désespérément de retourner dans la boîte dans laquelle elle avait si bien été enfermée. « Hé. Quoiqu’il se soit passé là-dedans, c’est pas… c’est rien de grave d’accord ? » Bon, en réalité elle n’en savait fichtrement rien, mais elle voulait y croire. Et surtout, elle voulait au moins essayer d’apaiser cette appréhension terrible qu’elle sentait irradier de lui comme une bombe radioactive. Evidemment, que c’était déroutant. Evidemment, que ça faisait peur – mais personne n’était mort, pas vrai ? Alors qu’est-ce que ça pouvait être de si grave ? « Je ne sais pas ce que c’était, mais c’est pas en se rongeant les sangs en espérant que ça passe qu’on arrangera notre cas. » Et ça, au moins, c’était quelque chose dont elle était convaincue.


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MessageSujet: Re: take me home, country roads (jinny)   take me home, country roads (jinny) EmptyLun 20 Avr - 1:15


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Ouch, c'est la première fois depuis votre rencontre que tu la sens aussi fébrile, Jinny. Elle a été retournée par tout ce qui s'est dit chez la voyante, mais pas que. C'est ta question. Cette vague brutale d'émotions fortes qui vient d'effacer les tiennes, comme s'il n'existait plus qu'elle dans ta tête. Sans le savoir, sans le vouloir, t'as tapé dans le mille. Une porte de son existence explose avec fracas sous le martellement de ton poing indiscret, te laissant ainsi libre d'accès à ce qu'elle voulait probablement éviter de te montrer. Pas tout de suite, en tout cas. La mettre mal à l'aise te fait subitement regretté d'avoir poussé aussi loin aussi vite, et le regard qu'elle te lance, teinté d'une soudaine animosité que tu n'avais jamais ressentie jusque là, te laisse complètement désarmé. Okay, t'as abusé, et sa réaction un peu électrique est sans doute justifiée, mais t'as l'impression de la découvrir maintenant sous un angle différent et tellement plus profond, suscitant en toi un intérêt que éprouves rarement pour les âmes de passage, et qui, tu le ressens, a besoin d'être rassasié, tel un monstre à la panse titanesque. Peut-être que finalement, cette question très personnelle que tu lui as posée, n'étais ni plus ni moins que la manifestation de cette envie de creuser toujours plus loin dans les abysses de son être tout entier. Une gourmandise à son égard qui tu n'expliques pas, mais qu'il te faut satisfaire, coûte que coûte, comme si ton monde et son équilibre en dépendait. Effrayant. « Des tyrans d'autres planètes viennent nous envahir, une Ligue de Justice version dark cherche à nous conquérir, on est téléportés sur une autre Terre où une guerre entre Atlantes et Amazones fait rage, et toi, tu refuses de croire que certaines personnes puissent entrevoir l'avenir ? » T'es pas vexé par sa réaction, simplement dubitatif face à son déni. Déni coriace que tu partages modérément. Ouais, ce qu'elle vous a dit était bizarre et franchement abracadabrantesque, mais tu connais assez bien cette ville pour refuser, comme elle le fait elle, d'écarter toutes possibilités, y compris surnaturelles, quant à ses révélations. Bon sang, elle a bien ressenti les choses, non ? Quand t'as pris sa main, cette sensation vertigineuse de complétude, et quand tu l'as retirée, comme un vide intersidéral sous vos pieds. Tout ça, c'était pas que la voyante, si ? Vous n'avez rien pris, elle ne vous a rien fait sentir, alors comment pourrait-elle être à l'origine de cette étrange phénomène ? Tu ne prétends pas connaître la réponse à toutes les questions qu'elle se pose, au contraire, t'estimes qu'il est encore bien trop tôt pour envisager d'y répondre convenablement. Il ne s'agit pas de coutumes locales ou de délires mystiques, c'est ce que tu ressens quand tu la regardes, et ce qui te traverse quand ses émotions s'expriment. Un mélange, une fusion évidente et terriblement troublante.

Et la vérité s'échappe d'entre des lèvres qui auraient préféré rester closes. Une bribe du passé dévastatrice. La souffrance, oh, la souffrance est palpable, et émane d'elle par tous les pores. Si tu n'étais pas adossé contre le stand du marchand, sans doute tes genoux auraient fléchi, accablé d'une douleur qui n'est pas la tienne, mais qui te terrasse pourtant sans aucune pitié. T'en as le souffle coupé, toi qui n'a jamais assez aimé pour un jour ressentir semblable affliction. Un canapé. Il y a ce flash qui s'accapare ton esprit. Des images d'une vie que tu ne connais pas, que tu n'as pas vécue. C'est celle de Jinny qui s’agrippe à ton âme, ton cœur et ta tête, sans que tu ne saches pourquoi, puzzle incomplet que tu ne pourras jamais teminer sans elle. « Ça fait mal. » Et non, ce n'est pas une question, c'est une affirmation. Venant d'un homme qui n'est jamais tombé amoureux. « Je suis désolé. » Tu ne lui dis pas, à Jinny, que ce que t'as ressenti lui appartenait, car tu sens qu'elle se refermerait aussitôt, et que la porte enfoncée se recouvrirait de planches de bois clouées de chaque côté pour t'empêcher d'y revenir. C'est donc ça, les conséquences d'un amour véritable, une souffrance telle que l'on met des années à s'en remettre ? Tu la vois sa blessure, sur sa poitrine, qui saigne encore à travers ses vêtements. Depuis combien de temps avance t-elle à cœur ouvert, cherchant à masquer aux yeux des autres que la cicatrice n'est qu'un leurre ? Avec toi, l'artifice ne prendra pas, le goût métallique de son sang se propage sur tes papilles, et l'étau se resserre si fort que tu serais prêt à tenter de freiner sa course folle à la force des tes mains. Quelle folie. Après avoir récupéré ta gourde, tu portes la paille à tes lèvres pour en boire plusieurs gorgées qui t'apaisent déjà. Ça fait une demi-heure que tout tourne à mille à l'heure dans ta tête, t'aimerais que ça cesse. Et tu n'as pas d'autres choix que d'anesthésier ce qui existe entre vous, sans encore porter de nom. « Je croyais que c'était que des sornettes, pourquoi tu me poses cette question ? » Loin de toi l'envie d'être amer, mais tu n'es plus certain de suivre son raisonnement. Si elle ne croit pas en tout ça, pourquoi y accorder de l'importance ou y chercher du sens ? C'est même pas une façon de noyer le poisson, puisque sa question, de toute évidence, est purement rhétorique. Bien sûr qu'elle avait raison.

Tu tournes la tête vers elle quand elle te hèle doucement, visiblement soucieuse de calmer la tempête qui se déchaine dans ton esprit. Et probablement le sien. « Ouais, laissons ça de côté. De toute façon, rien n'y changera quoi que ce soit. Et je sais où t'emmener maintenant. » Cette fois c'est toi qui décide, ça vous évitera peut-être de nouveaux questionnements existentiels à vous en faire exploser le crâne. Ton sourire fait son grand retour aux coins de tes lèvres, puisque te voilà fermement déterminé à ne plus laisser cette inquiétante étrangeté – merci Freud – vous gâcher la soirée. Bien, prochaine étape. Vous n'allez pas loin, quelques rues à traverser, et vous arrivez cette fois devant le musée vaudou de la Nouvelle-Orléans. Passage obligé pour tout touriste qui se respecte. « C'est ton ex qui m'a fait penser au musée. » Quoi ? Les gens viennent ici pour trouver richesse, amour et vengeance, alors pourquoi ne pas tenter votre chance vous aussi ? Après avoir mimé un geste de gentleman pour l'inviter à entrer, reprenant le fil de la soirée avec gaité, exactement là où vous l'aviez laissé avant de pénétrer dans l'antre de la voyante, tu la suis rapidement à l'intérieur, où au-dessus du bureau à l'entrée, se dresse un majestueux portrait de Marie Laveau. Hop, deux tickets dans la poche, et vous pénétrez dans les multitudes de petites pièces qui renferment eux aussi mille et un secrets. Il y a de tout, dans ce musée qui est bien plus que ça pour beaucoup d'habitants du coin. Des poupées géantes aux pieds desquelles s'amassent des centaines de pièces. Des crânes étranges où s'accrochent parfois des photos d'inconnus. Des autels dédiés à tel ou tel divinités – ou démons. Et un peu de mise en scène tape à l'oeil, aussi, puisqu'il faut bien être à la hauteur de sa réputation. « C'est pas vraiment que je fuis, c'est ce que je sais pas où aller. » Ouais, tu reviens finalement là-dessus, parce que t'as eu l'impression de ne pas être assez honnête envers elle. Après tout, elle t'a confié l'une de ses plus profondes blessures, il aurait été injuste de pas répondre avec autant de sincérité. Peut-être ne saisira t-elle pas la nuance, mais pour toi, elle fait toute la différence. Fuir ton héritage, et puis quoi ? Qu'est-ce que tu es sans ton nom ? Sans ta famille ? Rien. Absolument rien. « Viens par là, on va tester. Et après je te promets qu'on va se manger un énorme po boy.» Enfin, si elle n'a pas peur de se frotter une nouvelle au mysticisme de ta ville natale. Devant vous, une énorme poupée plantée de plusieurs aiguilles, symbole même du rite vaudou. Et juste à côté, une pancarte indicative sur la procédure à suivre. « On doit céder un objet personnel en guise d'offrande, et ensuite prononcer notre vœu. » Tu commences, pour montrer l'exemple. Tu sors alors ton portefeuille de ta poche, puis en extrais une petite pièce datant de 1873, ton porte bonheur. Il est peut-être l'heure de s'en séparer. « Je souhaite que Jinny retrouve son pick-up en un seul morceau. Que son ex se morde méchamment la langue là tout de suite maintenant. Et qu'elle trouve sa place dans ce monde, où qu'elle soit. » Ouais, ça fait trois, mais c'était pas vraiment précisé qu'il fallait s'en tenir à un. Et puis, les trois sont importants, t'as pas réussi à choisir. Quelle ironie, de lui souhaiter un bel avenir, tout en étant celui censé l'en priver.
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MessageSujet: Re: take me home, country roads (jinny)   take me home, country roads (jinny) EmptySam 25 Avr - 0:41


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Elle ne savait pas, pourquoi elle posait la question. Ou plutôt, elle posait la question justement parce qu’elle ne savait pas, contrairement à ce qu’elle avait pu laisser entendre. Elle était comme ça, Jinny, elle réfléchissait souvent à voix haute, et elle n’avait pas peur de se tromper, alors elle se trompait souvent, mais à voix haute, quand d’autres préféraient peut-être le faire tout bas. Bien sûr, que des gens étaient peut-être capables de lire l’avenir, dans ce monde où les aliens tombaient du ciel et où on se faisait balader de planète en planète d’un claquement de doigts – qu’est-ce qu’elle en savait, elle ? Elle n’était qu’une cowgirl à peine sortie de sa campagne avec une malle au trésor pleine d’armes de destruction massive, alors forcément, elle ne savait plus à quoi croire, mais est-ce que croire à l’impossible, ça voulait dire qu’il fallait aussi croire à tout et n’importe quoi ? S’ils se mettaient à hocher la tête à tout, comment pouvaient-ils être sûrs de ne pas se laisser berner par ces gens peu scrupuleux qui pourraient chercher à tirer avantage de la naïveté du monde ? Alors Jinny posait des questions, alors Jinny doutait, alors Jinny était peut-être un peu plus lente que le reste, parce qu’elle voulait juste être prudente. Laisse tomber, aurait-elle voulu répondre Cain, mais les mots ne parvinrent pas à franchir la barrière obtuse de ses lèvres, alors à la place, en attendant sa grenade, elle donna un vague coup de pied dans un caillou, les pouces dans les passants de sa ceinture. C’était évident, que Cain accordait du crédit à ce qu’avait dit la voyante, plus qu’elle, elle n’arrivait à le faire, et cette angoisse sourde secouée de doutes se répercutait en elle comme un caillou dégringolant dans un puits en rebondissant sur les parois en faisant un vacarme monstrueux. Le vendeur l’arracha à sa cacophonie interne en lui tendant sa boisson – parfait, de quoi se redonner contenance et peut-être anesthésier tout le reste. Parce qu’elle avait beau avoir lâché sa main, elle sentait encore sa paume brûler dans la sienne ; et plus dramatique encore, elle avait beau avoir lâché sa main, elle n’avait pas du tout l’impression de l’avoir lâché, lui. De sa grenade, elle releva les yeux vers lui, vaguement interloquée par ce soudain optimisme – réel ou de façade ? Puis la fossette d’un sourire vint se creuser au milieu de ses taches de rousseur. Bon, allez. C’était elle qui avait proposé de ne pas se prendre la tête, il était temps d’appliquer ses propres préceptes – et s’il savait exactement où les emmener, qui était-elle pour protester ? L’appel de l’aventure était tellement plus tentant que celui de la rumination. Alors elle le suivit sans se poser plus de questions, jusqu’à la façade, et marqua un temps d’arrêt devant la porte. « Attends. Musée vaudou ? T’es sûr que c’est une bonne idée, après… ? » Sauf qu’elle avait peut-être trouvé plus têtu qu’elle, puisque Cain disparut à l’intérieur. « … mais oui, que pourrait-il arriver de pire ? » marmonna-t-elle pour elle-même, avant de le suivre. A l’aventure, on a dit.

Depuis trois ans qu’elle affrontait régulièrement paradémons, aliens, tueurs en série et autres personnages peu ragoûtants, Jinny avait supposé qu’elle était peut-être devenue un peu moins impressionnable. Le musée vaudou lui prouva le contraire. Adieu, image de la cowgirl confiante et désinvolte, bonjour yeux écarquillés à mi-chemin entre l’émerveillement, la curiosité insatiable, et un vague sens d’appréhension parce que quand même ça faisait beaucoup de crânes à tête vaguement humaine ou crocodilesque. Elle se livra même à un affrontement de regard avec le portrait de Marie Laveau, et Marie Laveau remporta la victoire, avant que Jinny ne se hâte de suivre Cain dans la pièce suivante. Où ils allaient, dans ce labyrinthe mystique, elle n’en savait rien. Mais visiblement, elle n’était pas la seule à avoir perdu un peu son chemin. Muette, elle se contenta d’observer Cain à la dérobée, après cet aveu à demi-mot, presque l’air de rien, comme si ça n’avait aucune importance, sauf que si, c’était important, pas vrai ? Malgré l’alcool qui commençait à lui monter à la tête, elle le sentait encore, ce poids dans son estomac. Des chaînes aux pieds, des chaînes lourdes sur ses épaules, et cette appréhension qui lui tordait le ventre dans l’attente résignée de quelque chose de terrible – quelque chose qui n’était jamais assez, un but qui n’avait de cesse de lui glisser entre les doigts, parce qu’il en fallait plus, toujours plus ; et Jinny dut se forcer à noyer tout ça encore un peu dans l’alcool, parce que tout ça vrillait beaucoup trop fort dans sa tête. « Po boy ? Qu’est-ce qu’il t’a fait, ce pauvre Po, pour que tu veuilles le manger comme ça ? » Bon d’accord, elle était nulle sa blague, mais l’humour pourri était une aussi bonne défense que l’alcool. Elle faillit lui rentrer dedans quand il s’arrêta net devant le but ultime de leur voyage. Une poupée vaudou géante. Mais oui. « Tu tiens vraiment à ce qu’il nous arrive un sale truc, en fait. » remarqua-t-elle en déchiffrant avec lui les instructions. Mais bon, c’était rigolo, quand même. Et elle le regarda attentivement montrer l’exemple, ses sourcils s’arquant à la mention de sa chère ex-petite amie, et en pigeant que ses trois vœux avaient été pour elle, en fait, avant qu’un sourire malicieux ne vienne à nouveau orner le coin de ses lèvres. « Merci, alors. On ne saura jamais si elle s’est vraiment mordue la langue, mais je te dirai pour le reste. » Des remerciements, sans se douter d’à quel point ils étaient creux, ces vœux d’avenir, finalement. Et maintenant, c’était à son tour ? Très bien. Sauf que, catapultée dans le Mississippi au retour de New Themyscira, elle n’avait pas grand-chose sur elle, Jinny. Après un bref instant de réflexion, elle glissa la main dans le col de sa chemise et en extrait un pendentif qu’elle détacha de son cou, pour le contempler au creux de sa main.

Nouvel instant de réflexion, et elle ouvrit le pendentif pour révéler le portrait – un très vieux portrait – à l’intérieur. Un homme, coiffé d’un chapeau semblable au sien, barbe mal taillée, se tenant de trois quarts, mais même de trois quarts, il était évident que quelque chose clochait avec la partie de son visage qu’il essayait de cacher. Et elle hésita un bref moment encore, avant de finalement retirer précautionneusement la photographie et de la glisser dans une poche de son veston, avant d’attraper le regard de Cain. « C’est moi qui ai ajouté la photo à ce pendentif. Techniquement, c’était deux biens. » argua-t-elle avec un demi-sourire sans joie, avant de déposer le pendentif, qu’elle avait pratiquement depuis son enfance au milieu des autres offrandes. « De toute façon il ne ferait qu’apporter le mauvais œil. » soupira-t-elle, le regard voilà par l’ombre projetée de son chapeau, en admirant la marée de cadeaux. Allons, assez de morosité. Jinny prit une profonde inspiration, et elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais elle se sentit obligée de fermer les yeux, comme si elle était en train de prier. « Je souhaite… qu’une bonne surprise attende Cain en remerciement d’être venu me chercher. Qu’il rencontre Shania Twain et aille boire un café avec elle. » Elle rouvrit les yeux, et lui adressa un regard en biais, sourire aux lèvres. « Et qu’un jour, il sache où il veut aller, lui aussi. » Voilà, trois vœux, elle aussi. Et même pas ternis par l’influence sinistre de Jonah. Et elle ne savait pas si c’était l’alcool ou les effets de leur petite séance de voyance qui commençaient à s’estomper, mais elle se sentit nettement plus légère, maintenant. Et comme ils avaient un po boy à aller manger – quoi que ce soit – ils laissèrent derrière eux la poupée vaudou et ses étranges compagnons, et un petit bout d’eux-mêmes, dans des reliques qui n’avaient de sens que parce qu’ils voulaient bien leur donner. Et surtout, parce que c’était eux, à deux.

Cette fois, la nuit battait vraiment son plein dans New Orleans et son quartier français. Les couleurs, les sons, les odeurs, tout était tellement vibrant que Jinny en venait presque à se demander si le vendeur n’avait pas mis un truc louche dans sa boisson maintenant finie, mais non, c’était juste comme ça, ici. Vivant à en mourir, et elle, elle était complètement séduite, et n’eut-elle pas eu les mains prises, elle les aurait rejoints, ces danseurs improvisés, quitte à sombrer dans le ridicule. Et son po’boy aux crevettes était un régal, pour elle qui n’avait même pas réalisé à quel point elle était affamée. « T’avais raison, c’était la meilleure idée du siècle. » s’exclama-t-elle sans la moindre hésitation, ravie de se perdre avec Cain dans cette foule colorée et chaleureuse dans laquelle elle se sentait déjà chez elle, et elle sentait bien que Cain s’y sentait bien aussi, dans cette ville, dans cet environnement, dans cette fourmilière chaotique et pleine de tout ; un amour, une fascination qui rebondissait sur elle, dans un cercle vertueux, que cette fois, elle n’avait aucune envie de stopper, ni même de questionner. « Tu sais peut-être pas où aller, mais franchement, t’as plutôt bien choisi ton coin pour poser tes valises, en attendant. » Au point qu’elle se posait vraiment la question : pourquoi quiconque aurait-il envie de partir d’ici ? Enfin, si, elle pouvait comprendre les instincts de voyageur qui reprenaient le dessus, mais cet endroit n’était-il pas l’endroit parfait à appeler chez soi ? Quitte à n’y revenir que de temps en temps, quand le mal du pays se faisait sentir ? Un endroit avec ses racines – est-ce que c’était de ça qu’il voulait s’éloigner, malgré tout ? Plus elle y réfléchissait, plus elle réalisait à quel point Cain était encore entouré de mystères, pour elle. Et surtout, à quel point ils en devenaient palpables, à mesure qu’ils passaient plus de temps ensemble. « Il y a vraiment quelque chose qui te donne envie de partir d’ici ? » demanda-t-elle enfin, à brûle-pourpoint, alors qu’ils s’attardaient devant un saxophoniste et un percussionniste. Flûte. Trop directe, peut-être. Alors elle tenta de rectifier le tir. « Enfin, ne te sens pas obligé de répondre, c’est peut-être un peu personnel, comme question, pour deux personnes qui se connaissent à peine. » Et même alors qu’elle disait cela avec la plus grande sincérité, ça sonnait dans sa voix comme un mensonge ; parce qu’au moment où les paroles franchissaient ses lèvres, c’était l’impression inverse, qu’elle avait. Deux personnes qui se connaissent à peine, et pourtant – elle avait cette impression dérangeante qu’il lui suffirait presque de juste pousser un peu dans sa tête, pour avoir toutes les réponses à ses questions, sans même avoir à forcer. Comme si elle n’avait qu’à y penser, pour effleurer ce qu’il taisait du bout des doigts, et vice versa.


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MessageSujet: Re: take me home, country roads (jinny)   take me home, country roads (jinny) EmptyMar 28 Avr - 23:23


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Il est là l'homme responsable de tes tourments. Défiguré, froid, brutal, et logé dans la main de cette étrangère devenue bien trop vite plus que ça. Difficile de masquer tes émotions quand se trouve juste sous tes yeux Jonah Hex, objet de tant de sacrifices, acteur sournois et inattendu de ta propre histoire. Même réduit à la forme d'une simple photographie, tu parviens à éprouver une haine à son égard. Encore plus profonde et viscérale que jamais. Parce qu'il ne s'agit plus simplement d'écouter les avertissements de tes parents sur celui qui aura détruit votre famille, et les risques que ses descendants suivent son chemin, vous condamnant ainsi à une vie de persécution sans fin, si toi tu n'y mettais pas un terme. Non, maintenant, il représente le chainon gangréné qui brisera ce qui s'est créé entre elle et toi. Ce que tu ressens chaque fois que tu la regardes, comme si t'affrontais ton propre reflet, tout en étant obligé de venir le briser pour ne plus jamais t'y voir, ou la voir se confondre avec toi, est terriblement déroutant. Mais aussi effrayant soit ce sentiment, il est également devenu primordial. Ouais, bam, comme un coup de feu dans la nuit, brutalement, elle s'est écrasée dans ton existence. T'as pas eu ton mot à dire, c'est les autres qui t'ont poussé à suivre les empruntes de ses pas dans la boue de ce terrain vague à Metropolis, et ce qu'il te reste de cette haine désormais, n'est que regret et souffrance de devoir renoncer à une connexion que tu sais réelle et particulière. Elle pourra nier autant qu'elle le veut, Jinny, elle pourra plaisanter et exprimer mille et une réticences, elle ne te fera pas croire que cette union des cœurs elle ne la ressent pas aussi intensément que toi. Boom, boom, boom, quand tout ralentit et s'accélère conjointement. La photo du monstre, t'aimerais la brûler, et souffler sur les cendres pour que tout ce dont tu ne veux plus soit emporté avec ses restes. Oh, tu le hais, Jonah, et tu te hais d'autant plus de le laisser ainsi gagner. Parce qu'éliminer Jinny de ta vie te condamnera à un supplice sans fin. Du haut de ta montagne de douleur, inlassablement dévoré par les regrets. Et si, finalement, votre malédiction persévérait malgré la destruction de sa descendance ? Et si, c'était exactement ce qu'il ne fallait pas faire, pour avoir une chance de vous relever définitivement ? L'épargner, pardonner, aller de l'avant. Couper la chaine à vos pieds, et la laisser couler au fond de l'eau avec les rancoeurs du passé. Tu sais pas. Tu sais plus. T'arrives même plus à différencier la raison de tes propres envies, mélangé à cette moitié trop étroitement pour n'être qu'entièrement toi-même. Malgré le trouble toujours palpable, tu finis par reprendre un semblant de contrôle, esquissant un sourire en entendant les vœux formulés par Jinny. « Shania Twain, hein ? Je vais peut-être pouvoir tester une couguar. » Et la plaisanterie te tire de ce qui était sur le point de te happer, toujours là, accroché à toi comme ton ombre, mais plus assez puissant pour être une véritable menace. Elle a ce pouvoir là, Jinny, de chasser les monstres sous ton lit d'un seul sourire. Et pour les deux autres vœux, et bien, tu feins ce que tu ne parviens pas à faire naitre réellement. Si son avenir à elle est aussi sombre que les actes de son ancêtre, le tien, l'est tout autant.

Euphorie ambiante ou alcool qui te monte à la tête, t'ignores ce qui est à l'origine de cette soudaine légèreté qui te traverse tout entier, mais tu l’accueilles à bras ouverts, après un épisode on ne peut plus perturbant et pesant chez la voyante. Po Boy déjà à moitié dévoré, vous arpentez les rues cœur battant, où chaque regard et chaque sourire d'inconnus deviennent une raison de plus de vous enfoncer dans les méandres mystérieux mais chaleureux de cette soirée festive. Un pansement sur les nombreuses blessures de vos semblables, cherchant dans ces concerts improvisés et ces danses frivoles l'envie d'avancer la tête haute, malgré tout ce qui pèse sur vos lendemains, et qui ne tardera pas à reprendre ses droits une fois le dernier musicien rentré chez lui. Mais il est trop tôt pour se soucier de l'après, il n'est pas encore l'heure d'aller se coucher, la nuit ne fait que commencer, et sous le reflet de la lune ronde et pleine, tu invites Jinny à s'imprégner de ce monde qui est le tien. Ce soir, vous faites le choix d'abandonner le laid sur le bas côté, pour embrasser le beau à pleine bouche. Qu'importe combien de temps l'illusion perdurera, elle est aussi salutaire, et bien moins dangereuse, qu'une injection d'héroïne dans les veines pour oublier les malheurs du monde, et tu comptes bien profiter jusqu'à l'overdose. « T'es bien curieuse, Jinny Hex. » Aucune autre intention que celle d'étirer votre complicité. Ça la perturbe, tu le sens, aussi aisément que le guitariste devant vous sent la corde vibrer contre ses doigts. Une question aussi menaçante qu'une bombe anti-personnel cachée sous terre, mais pourtant, t'as envie d'y répondre. Avec le plus de sincérité possible. Parce qu'avec tout ce que tu gardes secrètement en toi, tu peux bien lui accorder un peu de vrai. Tu t'arrêtes alors, pour lui faire face, et avec précaution, lui laissant le choix de t'arrêter, tu sors de la poche de sa veste la photo de Jonah. « Pour la même raison que tu as préféré offrir ton pendentif plutôt que la photographie à l'intérieur. Les responsabilités de mon héritage. » Le poids d'un passé que tu ne parviens plus à porter à bout de bras, et qui affaisse tes épaules jusqu'à t'en faire tombé à genoux. Est-ce que ta confession en dit trop, ou pas assez ? Qu'importe. Au fond de toi-même, tout ce que t'aimerais, c'est qu'elle lise entre les lignes, qu'elle te perce à jour, et que la folie prenne fin. Tu crèves d'envie qu'elle t'arrête, Jinny, et c'est parce que tu sais que ça n'arrivera pas, que tu remets aussitôt la photo dans le trou sombre de sa poche, les doigts brûlés par le feu de ce démon venu d'un autre temps, et qui une fois encore, trouve sa place entre vous.

Ce n'est pas la Nouvelle-Orléans le problème, c'est ceux qui y vivent et qui contrôlent ta vie. Et de tout ce que tu serais prêt à faire pour eux, aux détriments de tes propres envies et de tes propres choix. Tu l'aimes profondément, cette ville, mais tu ne pourras jamais être toi-même tant que tu y vivras. Elle t'enchaine, elle te musèle, elle te modèle. Parfois, il faut apprendre à se détacher de ses racines pour aller voir si l'herbe est un peu plus verte ailleurs, et avoir une chance de construire quelque chose de différent, loin des regards inquisiteurs et des devoirs qui nous incombent. C'est cette chance que t'aimerais avoir, mais elle ne viendra pas, pas vrai ? Parce que tu t'appelles Cain Turnbull, et que tu ne seras jamais libéré des tenailles familiales, si ce n'est dans quelques doux rêves bien trop éphémères pour te laisser les pourchasser. Mais allez, vous avez assez autorisé aux autres de venir troubler votre soirée, vous avez le droit maintenant de tous les mettre en muet pour leur arracher des mains cette tranquillité d'esprit que vous avez mérité pour au moins quelques heures. Pas de Turnbull, pas d'Hex, juste vous deux, Jinny et Cain. « Je sais pas toi, mais moi l'alcool commence à taper. » Et tu lui souris, avant d'aller jeter le papier d'emballage de ton po boy qui n'aura pas survécu bien longtemps, et de faire à nouveau remplir ta gourde fluo. Pour la troisième fois. Tu vas avoir besoin d'une nouvelle dose pour endurer sans mourir de honte ce que tu es sur le point de lui proposer. Le but étant de profiter de tout ce que la Nouvelle-Orléans a à vous offrir, vous ne pouvez pas passer à côté d'une dernière petite chose : la cajun dance. Cette danse qui s'articule à deux, et dont vous avez plusieurs dizaines d'exemples sous les yeux. C'est pas franchement ton genre, et t'es pas doué pour te laisser aller à travers quelques pas endiablés, mais hé, cette nuit n'a rien d'habituelle, et l'occasion est parfaite pour t'essayer à  de l'inédit. « Bon, y a un truc que je dois faire avant qu'un autre le fasse à ma place... » T'es pas dupe, si tu ne prends pas les choses en mains, on risque de te la piquer sous le nez, la cowgirl aux tâches de rousseur. Gourde calée dans la poche après en avoir bu plusieurs grosses gorgées en quête d'un peu de courage, tu tends la main à ta partenaire : « Tu danses ? » Ouais, tu sais ce que ça engage, de rétablir le contact charnel entre vous. Et c'est sûrement aussi un peu pour ça que t'acceptes de te ridiculiser, pour tester le lien que t'as cru sentir se tisser ardemment entre vous, pour t'assurer que tout ce qui s'est passé là-bas n'était pas qu'une illusion. Et parce que t'es en manque. En manque d'une sensation que tu ne comprends pas, ne maitrises pas, mais dont tu sais avoir besoin.
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MessageSujet: Re: take me home, country roads (jinny)   take me home, country roads (jinny) EmptyDim 3 Mai - 0:55


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Evidemment, qu’elle était curieuse, Jinny – curiosité naturelle, déformation professionnelle, et héritage familial tout à la fois, curiosité d’une jeune fille qui commençait à avoir l’habitude de voir toutes sortes de trucs bizarres lui tomber au coin du nez, et à avoir l’habitude de chercher à voir au-delà des apparences. Parce que mine de rien, Cain, il restait très mystérieux sur tout. Tout à son propos tombait au compte-gouttes, réserve savamment dissimulée derrière une bonhomie sudiste trompeuse, mais à laquelle elle était trop exercée lui-même pour complètement se laisser berner, quand bien même elle acceptait un peu trop volontiers de fermer les yeux. Bercée par cette familiarité qui avait été quasi-instantanée, cette entente immédiate qui avait très vite eu raison de ses barrières habituelles, elle en oubliait presque, parfois, qu’elle ignorait encore presque tout de lui, à commencer, même, par son nom. Presque. Mais qu’il était difficile de garder à l’esprit la méfiance la plus élémentaire, quand elle avait l’impression de le connaître depuis si longtemps, quand tout, chez lui, appelait quelque chose en elle que les mots connivence et complicités ne suffisaient pas à décrire. Et aussi, quand elle en avait assez, de se penser Hex avant tout, et d’obéir aux préceptes de défiance et de prudence que sa mère avait passé tant d’années à lui inculquer. Pour une fois, juste une fois, tout ce qu’elle aurait voulu, c’était se comporter comme une fille normale, qui n’avait pas besoin de constamment regarder par-dessus son épaule pour s’assurer qu’on ne lui colle pas une balle dans le dos. Mais elle avait été formatée, Jinny, programmée dès son plus jeune âge à remarquer et interpréter la moindre action possiblement suspecte à son encontre, quitte à frôler la paranoïa la plus élémentaire ; et elle se raidit, au moment où Cain extrait la photo de la poche de sa veste. Héritage pesant, et dont le poids semblait partagé. Un peu trop. Et Jinny releva les yeux sur Cain, le regard changé, inquisiteur sous l’ombre de son chapeau. Arrête, Jinny, se sermonna-t-elle aussitôt, luttant contre elle-même pour chasser de sa tête les avertissements de sa mère. Jonah Hex était loin d’être un anonyme, surtout dans cette partie du pays, évidemment qu’il ne fallait pas être un génie pour additionner deux et deux, comprendre qu’elle et Jonah partageaient le même sang – pourquoi se promener avec sa photo, autrement ? – et qu’une telle légende avait son lot de surprises. Et pourtant. Pourtant, elle était tenace, cette impression de profond malaise, comme tache sombre sur le tableau de cette soirée sous le signe de l’insouciance, et qui s’assombrissait encore de minute en minute. Un frisson glacé remonta le long de son échine alors qu’elle avait le sentiment très distinct, et inimitable, d’une catastrophe imminente, tant et si bien qu’elle en retint son souffle. Et puis Cain remit la photo dans sa poche, et le sentiment s’atténua. Sans disparaître tout à fait. Cain taisait quelque chose, elle en était désormais certaine – mais elle refusait de croire, elle ne voulait pas croire, que ses secrets aient quoi que ce soit à avoir avec elle, personnellement. Et pourtant. La graine du doute, plantée en sol fertile, elle le sentait bien, commençait déjà à prendre racine. Et le décompte, lui aussi, de commencer sa course folle.

Elle lui retourna son sourire, façade au vernis impeccable, qui finalement très vite n’était même plus une façade, comme si un vent rebelle s’échinait déjà à balayer cette affreuse appréhension pour la pousser à nouveau dans l’insouciance habituelle de leurs échanges – elle ne pouvait se raccrocher à rien, elle perdait prise, et la dégringolade était aussi terrifiante qu’elle était exaltante. Comme si tous ses instincts lui soufflaient de se laisser aller, avec lui, et que sa raison la mettait mystérieusement en sourdine. « Commence seulement ? Tu tiens mieux que moi, alors. » rétorqua-t-elle, parce que voilà, c’était plus simple de blâmer l’alcool pour ce laisser-aller démentiel. L’alcool, et la Nouvelle-Orléans et son ambiance de fête – tous ces gens qui dansaient autour d’eux, comme si la fin du monde ne venait pas de les frôler de ses longs doigts griffus. L’ambiance était enivrante – et à qui pouvait-elle se raccrocher, à part Cain ? « Hm ? » La cowgirl aux tâches de rousseur haussa les sourcils, puis baissa les yeux sur la main tendue vers elle. Oh. Oh. « Et bieeeen... » Palpable, l’hésitation, alors qu’elle relevait les yeux vers lui, et dans son regard à lui, elle aperçut aussitôt les exacts mêmes doutes que les siens. Est-ce qu’il allait se reproduire, ce curieux phénomène qu’ils avaient vécu chez la voyante ? C’était une étrange phobie à développer, ça, tenir la main de quelqu’un, mais dans leur cas, ce serait entièrement justifié. Et en même temps, la curiosité prenait le dessus, et autre chose aussi, une envie, une nécessité, comme si c’était là la chose la plus évidente et indispensable à faire. La paume de sa main, un aimant auquel seule sa paume à elle pouvait correspondre, et qui ne demandait à retrouver sa jumelle. Et quelques instants plus tôt, peut-être qu’elle se serait dérobée, la dernière des Hex, obéissant à un instinct de survie qui tenait plus du loup solitaire que du moindre animal social, encore échaudée par cette expérience insensée chez la voyante – cette fusion parfaite, l’appel du vide vertigineux une fois qu’ils s’étaient relâchés. Mais maintenant, au milieu des danseurs, de l’euphorie de la musique, et oui, l’alcool qui lui montait à la tête, et surtout, cette curiosité qu’elle sentait lui ronger les entrailles, peut-être que finalement, céder n’était pas la pire des options. Alors ses traits s’adoucirent, et elle adressa à Cain un sourire malicieux, une étincelle joyeuse dans ses yeux noisette. « Hé, c’est pas moi qui ai une réputation à maintenir à la Nouvelle-Orléans. » Enfin, surtout, elle n’avait jamais peur de paraître ridicule, s’il ne l’avait pas déjà compris à son accoutrement. Et puis, en observant les danseurs, elle trouvait que ça ressemblait drôlement aux danses méga-kitsch de chez elle qui avaient rythmé son adolescence, et qu’elle affectionnait sans le moindre complexe – avec un peu de chance, elle aurait encore assez de restes pour ne pas trop lui marcher sur les pieds.

Alors, sans plus hésiter, elle lui attrapa la main et l’entraîna joyeusement au milieu des autres danseurs. Et instantanément, ce fut le crash : un emboîtement parfait, un sentiment de complétude qui, si elle n’avait pas eu les autres danseurs à observer pour imiter leurs pas et la distraire de ce véritable tsunami, l’aurait probablement foudroyée sur place. Alors à la place, elle s’y raccrocha, à cette main dans la sienne, et le plus naturellement du monde, vint placer l’autre sur son épaule, et elle serra un peu plus fort, malgré elle, leurs doigts entrelacés, décontenancée et démunie face à cet impératif soudain : prolonger ce contact d’une banalité, d’une normalité affligeante, mais qui avec lui effaçait tout ce qui pouvait compter d’autre dans le monde. Il avait raison, Cain, de critiquer son scepticisme, ça n’était pas normal, ils n’avaient pas été drogués, ça n’était pas la voyante, c’était autre chose encore et maintenant, ni l’un ni l’autre ne pouvait plus le nier. Se forçant à se concentrer sur la musique et sur la danse, et le brouillard enivrant qui lui faisait tourner la tête avec toutes ces grenades, Jinny n’eut bientôt plus qu’une envie : se moquer de tout, et ne plus se concentrer que sur cette chorégraphie à deux, qui était autant une première qu’elle avait un parfum de retrouvailles. Et son cœur de balancer, alors qu’elle s’accrochait au regard de Cain, entre la panique, et la félicité absolue de l’instant. Ni l’un ni l’autre n’étaient de grands danseurs, et pourtant, c’était comme si elle venait de retrouver le même partenaire qui avait pu l’accompagner à toutes les danses de toute sa vie. « Hé, tu te débrouilles pas si mal ! » s’exclama-t-elle, hilare – et hop, entraînée par son élan et l’étincelle de l’instant, elle l’entraîna dans une pirouette improvisée qui, miraculeusement, ne résulta pas en la chute de l’un ou de l’autre. Fred Astaire et Ginger Rogers pouvait aller se rhabiller. Jinny Hex et Cain Sans-nom prenaient la relève. « Allez, on s’en fout ! Si quelqu’un nous voit, ça te fera une bonne excuse pour partir et recommencer ta vie ailleurs ! » Ca n’avait plus aucun sens, ce qu’elle disait, mais tant pis. Le lâcher-prise était total, et elle était ravie de constater que c’était la même chose pour Cain. Une transe, un état second, qu’elle ne savait plus à quoi, ou à qui, imputer. Enfin si, à qui, elle savait, parce qu’elle ne pouvait plus le nier, maintenant. Ce soir, ce que la Nouvelle-Orléans et sa fièvre célébraient, c’était aussi la réunion de deux moitiés qui n’avaient même pas eu conscience d’être incomplètes. Et, bien décidée à ne surtout pas en guérir, de cette fièvre, elle avisa à quelques pas de là un autre stand de boissons pour remédier à sa grenade à nouveau vide. « Suis-moiiii cowboy. » intima-t-elle à son partenaire de danse, sans le lâcher ni chercher à échapper à son emprise sur sa taille. Les vrais pros, ça ne s’arrêtait pas. Surtout pas pour boire. Et il se marrait bien, le vendeur, en recevant sa commande d’une fille qui refusait obstinément de danser – pauvre garçon, avait-il l’air de vouloir dire en regardant Cain – et elle, elle se marrait bien de le faire marrer, alors tout allait bien, et c’est cette fois avec deux shots dans sa main libre qu’elle en offrit un à son partenaire de danse sans peur et sans reproche. « Pour te remercier. » annonça-t-elle avec un grand sourire reconnaissant. « De t’être farci tout le chemin pour me venir me chercher, et pour m’avoir fait découvrir un peu ton monde. » Parce qu’elle ne comprenait pas encore tout ce qu’il se passait, là, entre eux, et elle soupçonnait bien que lui non plus ; mais elle était bien mieux là, avec lui, que sur toutes les routes qu’elle aurait pu emprunter pour regagner Rhode Island. Ca, c’était la seule vérité qu’elle savait indiscutable, dans cette ville qui savait visiblement si bien remettre en cause toutes ses certitudes.


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MessageSujet: Re: take me home, country roads (jinny)   take me home, country roads (jinny) EmptyMar 5 Mai - 1:28


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Tu comprends son hésitation, à Jinny, toi même tu n'es pas certain de ce que tu es sur le point de déclencher. Ou plutôt, de redéclencher. Tu lui tends la main par besoin – ou envie, tu confonds un peu les deux avec elle – mais ça n'enlève rien à la peur irrationnelle qui te tenaille les entrailles, conscient que le doute de tout à l'heure pourrait définitivement se confirmer, et sceller quelque chose qui vous dépasse encore. Même si tu crois bien plus qu'elle au pouvoir mystique de certaines personnes extraordinaires, secrètement, t'aimerais que ce que vous avez vécu chez la voyante ne soit qu'illusion, un attrape-nigaud que vous pourrez laisser derrière vous aussitôt vos doigts retrouvés. Parce que ce serait tellement plus facile que d'accepter qu'un réel lien existe avec cette inconnue. Bien sûr, dès votre rencontre, tu t'es senti à l'aise en sa compagnie, te confiant plus aisément que tu ne l'aurais pensé, et bien plus que tu ne le fais d'ordinaire – et jusqu'à ce bisou on ne peut plus gênant à l'heure de lui dire bonne nuit. Mais il y a une différence entre un feeling peut-être éphémère et une véritable connexion censé régir vos vies. Tu ne serais pas à le premier à ressentir des affinités avec une personne tout juste rencontrée, et c'est d'ailleurs tout ce que cela aurait dû être, avant que l'on ne vous conte votre avenir dans une petite pièce à l'odeur de renfermé. Un avenir qu'elle ne devrait même pas avoir, si tu parviens à aller jusqu'au bout de tes intentions. Et c'est probablement l'un des aspects qui t'intrigue le plus, ce soit-disant échec de la mission que tu prépares depuis des mois. Comment cette fille, que tu n'as croisé que deux fois dans ta vie, pourrait t'obliger à faire une croix sur ce qu'il y a de plus cher pour votre famille ? Pire, comment pourrais-tu y renoncer pour la protéger elle, votre ennemie jurée ? C'est improbable. C'est même absurde. Ton allégeance appartient exclusivement aux Turnbull, et ce n'est certainement pas Jinny Hex qui risque de mettre en péril la salvation au bout du chemin, enfin à portée de main après de longues années d'impatience. Pourtant, alors qu'elle lève son regard noisette et pétillant vers toi, après s'être accordé quelques secondes de réflexion, ce qu'il t'a été demandé d'accomplir n'existe plus. Paf, juste comme ça. Ça te fait peur, et t'as presque l'envie de te rétracter et de renoncer à cette danse improvisée, mais faut te rendre à l'évidence, la haine, tu ne la ressens plus au fond de toi depuis longtemps. Elle aura été brève, et rapidement remplacée par un sentiment bien plus complexe et perturbant. Tu le sais maintenant, tu te rends compte avant même qu'elle ne te prenne la main, que ce qui existe entre vous, existait déjà avant que la voyante ne le pointe du doigt. Ce qui vous unit n'a pas été créé subitement par une force quelconque, il s'est simplement dévoilé dès lors que vous vous êtes emboités.

Comme vous le faites à nouveau, en vous élançant parmi la foule, copiant mécaniquement leurs faits et gestes, peu conscients que vous êtes pourtant radicalement différents. C'est aussi évident qu'une tâche d'encre au milieu d'une page manuscrite, car combien parmi eux pourrait prétendre à une similitude de ce qui te traverse présentement ? C'est vertigineux, déboussolant. C'est une sensation de remonter d'un seul coup une chute sans fin de plusieurs étages, sans connaître le moindre atterrissage brutal, mais au contraire, retrouver la sûreté du béton sous ses pieds. Quelque chose de rassurant, d'apaisant, que tu embrasses avec l'avidité d'un homme privé depuis trop longtemps de l'essentiel. C'est identique à ce que t'as ressenti sur cette chaise, unique ancre au réel, poignet attaché et main liée à la sienne, dans ce qui a probablement été le moment le plus étrange de ton existence. Et le plus incroyable. Car même si tout reste extrêmement confus, la plénitude n'a pas disparue, et c'est sur elle que tu te focalises, entrainant Jinny dans des pas plus ou moins maitrisés, sans te soucier du ridicule. C'est pas compliqué de danser, finalement, il suffit de se laisser porter par la musique et improviser selon les envies de son partenaire. Non, ce qui l'est, c'est de ne pas se laisser emporter par la vague fracassante de la communion de vos êtres. Il y a encore de la résistance chez toi, refusant d'aller jusqu'au bout de l'expérience pour tester la puissance de votre lien, parce que bien trop inquiet et incertain de ce que vous pourriez trouver pour oser te lancer. On dit souvent que l'inconnu fait peur, et bien, aujourd'hui, ça ne pourrait être plus véridique. Toi, qui n'a pourtant jamais manifesté la moindre réticence à l'idée de t’engouffrer dans un nouveau défi, te voilà tout fébrile aux portes du plus grand à venir. « Hé, tu t'imagines vraiment que c'est ce que j'ai fait de plus embarrassant dans ma vie ? » Bon, okay, pas loin, alors que tu tentes de suivre les pas de la Cajun dance, puis hilare à la pirouette audacieuse de Jinny, qui semble parfaitement à l'aise dans l'exercice. Vous maitrisez la situation, aucun doute possible. La partie dansée, en tout cas. En ce qui concerne le reste, et notamment votre rapprochement autant physique que spirituel, c'est plus délicat. Enfin, tu parles de spiritualité, mais en vérité, t'en sais foutrement rien, et là tout de suite, ça n'a pas beaucoup d'importance, trop concentré sur vos mains enlacées et celle que tu poses sur sa taille pour t'intéresser à quoi que ce soit d'autre.

Hop, hop, hop, c'est dansant avec enthousiasme, bercé par l'euphorie de l'alcool, que tu l'accompagnes jusqu'au stand pour qu'elle puisse recharger sa grenade. Proximité conservée tout en faisant le plein de votre essence un peu particulière, c'est ça le talent. Une dévotion au démon de la danse qui prend pourtant fin, de ta propre initiative, tandis qu'elle te tend une seconde gourde, en guise de remerciement pour être venu la chercher. Fallait pas, vraiment. Mais t'apprécies le geste. « Merci, mais je t'assure, tout le plaisir est pour moi. » Tu retrouves l'usage de tes mains, à regret, toujours étourdi par ce foutu vide chaque fois que le contact se brise, pour en boire aussitôt quelques gorgées. Non, ce ne sont pas des paroles en l'air, t'as encore vos fous rires dans la voiture qui défilent distinctement dans ta tête. Elle est de bonne compagnie, Jinny, et t'aimerais pouvoir étirer cette soirée comme un élastique sur le point de craquer. Elle te parle de ton monde, mais pendant une fraction de seconde, brève, mais à la portée colossale, t'as eu l'impression que ton monde, c'était elle. Aussi insensé que cela puisse paraître, quand vos doigts se sont frôlés lorsqu'elle t'a tendu la gourde, tout autour de vous s'est soudainement effacé. Drôle de sensation que tu veux aussitôt retrouver, identique à ces beaux rêves qui prennent fin trop rapidement, et dans lesquels l'on aimerait replonger en refermant les yeux. Souvent en vain, mais sans jamais renoncer. Alors après avoir abusément tiré sur la paille de ta grenade pour t'abreuver, tu la loges à nouveau dans ta poche, puis attrapes la main de te partenaire pour reprendre cette danse là où vous l'aviez laissée. Enfin, pas tout à fait. Car cette fois, tu laisses de côté la Cajun, pour simplement te balancer avec elle. Doucement, simplement, très naturellement. Des mouvements basiques, mais suffisants pour vous fondre dans la masse. Une masse qui n'existe plus, une musique que tu n'entends plus, il ne reste plus qu'elle, son regard que tu accroches, et sa taille emprisonnée par ta poigne. « C'est pas trop compliqué pour draguer, la tenue de cowgirl ? » Qu'elle ne t'en veuille pas, mais en plus de cette question tout en délicatesse, tu retires son Stetson de sa tête, pour le laisser retomber dans son dos. Voilà qui est bien mieux. Sans vouloir l'offenser, à quoi bon danser aussi rapprochés si c'est pour contempler un visage à moitié ombragé par un chapeau. « Enfin, je dis ça, mais j'ai bien compris que ta technique c'était surtout de faire picoler tes proies pour ensuite les ramener plus facilement à l'hôtel. » Oui oui, tu oses faire allusion à la grenade offerte de bon cœur et sans aucune arrière pensée. C'est l'alcool qui parle, et sans doute aussi le naturel. Un échange placé sous le signe de la facétie, ton maitre-mot, en espérant qu'elle ne s'offusque pas de ton effronterie légendaire. Au-dessus de vous, le ciel s'assombrit, et l'air s'humidifie, annonçant sans aucun doute un orage à venir. « Et alors, t'en penses quoi de mon monde ? T'aimerais y rester ? » Renforçant un peu plus ton étreinte et votre proximité, toujours à doucement vaciller, elle comprendra que tu ne parles évidemment pas uniquement de la Nouvelle-Orléans. « Il va pleuvoir. » Et bingo, voilà la première goutte qui tombe sur ta joue. Mais qu'importe, tant qu'elle ne l'aura pas décidé, tu ne lâcheras pas sa main, besoin viscéral caché derrière une étrange envie de continuer de danser, malgré une pluie qui commence à gâcher la fête.  La leur, pas la vôtre.
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MessageSujet: Re: take me home, country roads (jinny)   take me home, country roads (jinny) EmptyVen 8 Mai - 21:45


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Tu te laisses aller, Hex. Il était là, l’avertissement, constant quelque part à l’arrière de son crâne, une voix qu’elle ne parvenait pas à identifier parce qu’elle lui semblait composée de plusieurs timbres, qui avaient tous une seule chose en commun : leur méfiance chronique, et leur conscience aigue du danger. Une petite voix que sa mère avait pris soin de lui insérer dans le crâne dès son plus jeune âge, comme un garde-fou supposé la protéger quand elle, elle ne serait plus là. Un rappel, constant, incessant, de ne jamais baisser la garde. Qu’il y aurait toujours quelqu’un pour lui en vouloir, pour venir réclamer rétribution de quelque pêché passé, qui ne serait peut-être même pas de sa faute à elle, mais parce qu’elle avait le nom de Hex tatoué dans l’ADN, ça ne ferait aucune différence. Une petite voix, comme ultime moyen de défense, parce que dans ce monde, on n’était jamais mieux servi que par soi-même. Ou plutôt, dans ce monde, et quand on s’appelait Hex, on ne pouvait compter sur personne. Jinny n’avait jamais vraiment su quoi penser de Jonah, et ses propres recherches l’avaient poussée à assumer la position prudente et réfléchie que certains des récits qui lui étaient associés étaient sans doute des exagérations ou des déformations de la réalité, et que d’autres n’effleuraient même pas le quart du personnage homérique qu’il était. La vérité, c’était qu’elle n’en saurait jamais rien. Mais l’autre vérité, c’était que personne n’avait beau ne rien savoir, les superstitions, les préjugés, les croyances, les biais de tout un chacun offraient au passé un conduit fabuleux pour trouver son écho et continuer de créer des vagues dans un présent aux aguets. Elle le savait, qu’elle n’était pas sensée baisser la garde. Mais cette fois, pour une fois, pour la première fois depuis vingt-quatre courtes années d’existence, Jinny décidait, sciemment, de mettre la petite voix en veilleuse. De faire taire les fantômes insistants de ses ancêtres, de déverrouiller quelque chose, comme elle n’avait jamais osé, ou songé à le faire, auparavant. Et dans sa poitrine se disputaient la décharge d’adrénaline qui suivait la rupture d’un tabou ancestral, et la folle angoisse à l’idée de peut-être commettre une terrible erreur, et de n’avoir aucune idée de ce qui suivra. Jinny pouvait, et pourrait, plus tard, blâmer l’alcool autant qu’elle le voudrait, elle savait déjà que cette excuse bidon n’était que ça : une excuse bidon. La cause de ce grand chambardement, elle était là, à reprendre sa main pour l’entraîner à nouveau sur la piste de danse, usant et abusant de ce magnétisme entre eux qui la faisait presque suffoquer, à force de remplacer l’oxygène dont elle avait besoin. Pire, elle croyait sentir, à travers toute cette confusion, qu’elle avait déjà oublié ce que c’était, de n’être qu’une, entière, toute seule, sans lui ; pensée abjecte qui soulevait sa poitrine dans un dernier sursaut de rejet, avant d’expirer tout à fait. La petite voix était tue ; et elle ne reviendrait que bien plus tard, pour lui répéter encore et encore, d’un ton dur et implacable : je te l’avais bien dit.

Avaient-ils encore été téléportés dans un autre monde ? C’était un peu l’impression qu’elle avait, alors que Cain l’entraînait à nouveau au milieu des danseurs pour passer à nouveau son bras autour de sa taille ; et elle, elle se laissa faire, surfant sur cet étrange état second, insouciant, exalté, déconnecté de tout, et il lui semblait que c’était comme si une barrière invisible et intangible s’était levée entre eux et tout le reste, à peine perceptible, mais un fin film brouillant tout ce qui n’était strictement entre elle et lui. Si elle tendait le bras, est-ce qu’elle pourrait le déchirer ? Ils ne respectaient plus du tout la danse, mais elle n’en avait rien faire, obéissant sans discuter à ce rythme nouveau qui n’appartenait résolument qu’à eux. Prisonnière rebelle, et pourtant consentante de ce piège dont ni l’un ni l’autre ne pouvait distinguer les contours. C’est Cain, qui rompit leur silence contemplatif, lui arrachant un haussement de sourcils et une grimace alors que son fidèle couvre-chef retombait dans son dos. Un peu plus exposée. Un peu moins de distance, là où le concept même devenait discutable. « C’est toute une stratégie, figure-toi. Ca rebute les lourdingues. » rétorqua-t-elle, avant de se fendre d’un sourire facétieux. « Et ça endort la méfiance des autres. » L’humour, toujours, l’auto-dérision, pour éviter de ruiner la légèreté du moment. La drague et elle, ça faisait quelques temps que c’était de l’histoire ancienne. Enfin, elle le pensait, jusqu’à ce que Cain ne resserre un peu plus leur étreinte, et elle releva les yeux vers lui, son regard fouillant le sien alors que, d’espace entre eux, il ne reste que le nom. Les paroles de la voyante lui revinrent en mémoire à travers l’épais brouillard de l’alcool, et Jinny se mit à rire toute seule, le gratifiant d’une légère tape sur le torse. « T’emballes pas trop vite, Casanova. » répliqua-t-elle, alors que la pluie crevait enfin les nuages pour s’abattre sur la Nouvelle-Orléans, et elle leva la tête, ravie. Ravie d’avoir une excuse pour se soustraire à ce qui n’était sans doute qu’un jeu nourri par l’alcool, de la taquinerie sans conséquences mais qui, avec lui, prenait une texture encore inconnue, comme si des conséquences, il y en aurait, quoi qu’ils fassent. Parce que c’était un cocktail dangereux, cette tentation de céder à cet étrange appel de proximité, et l’incertitude palpable que Cain suscitait en restant encore un tel mystère. « De toute façon on dirait bien que je ne vais pouvoir aller nulle part, donc ton monde devra faire l'affaire. » commenta-t-elle par-dessus le bruit de la pluie battante. Elle n’avait nulle part où aller, et aucune envie de quitter cette étreinte qui s'étirait bien trop pour un regard extérieur. Et Cain, qu’est-ce qu’il faisait, lui ? Est-ce qu’il obéissait, lui aussi, aux injonctions silencieuses de ce quelque chose qui s’était imposé à eux, malgré eux, ou était-ce là le naturel qui revenait au galop, et dont elle commençait à peine à faire la connaissance ? Avec lui, elle ne savait pas sur quel pied danser. Mais ça ne l’empêchait pas de s’essayer malgré tout à la danse, au risque de perdre l’équilibre.

Alors, pour ne pas le perdre, son équilibre – figuratif et littéral, parce qu’elle l’avait bien sentie passer, la série de grenades – elle s’accrocha un peu plus à son t-shirt maintenant trempé, n’acceptant de se décaler un peu que pour observer les autres danseurs courir se réfugier dans les bars environnants, où la musique continuait de s’élever comme ultime rempart contre la percussion bruyante de l’averse tapant sur les toits de la Nouvelle-Orléans. L’air chaud et chargé d’humidité en devenait physiquement palpable, l’ambiance louisianaise par excellence, et Jinny eut une pensée pour Tefé et son marais, qu’elle n’imaginait pas différemment. « J’ai une amie qui a grandi en Louisiane, elle aussi. Je me demande si elle est dans les parages. » Encore une personne dont elle avait à se soucier, sans avoir, pour le moment, les moyens de le faire. Mais ça irait. Tefé avait toujours eu un talent inné pour apparaître quand ça lui chantait, alors il n’y avait pas de quoi s’inquiéter. Et puis à voir tous ces gens courir dans tous les sens pour trouver abri sous cette pluie diluvienne, elle venait tout de même de se rappeler d’un détail non-négligeable. « Ca me fait penser que j’ai de la monnaie, mais que ma carte de crédit est restée à Rhode Island. Tu saurais pas si un hôtel du coin s’est reconverti en abri pour les revenants de Terre-4 ? » demanda-t-elle, retrouvant brièvement sa clarté d’esprit le temps de se souvenir de ce petit problème-là. Elle avait escompté rentrer en auto-stop et dormir à la belle étoile où ça lui chantait, mais avec ce petit détour et cette pluie… Elle releva les yeux sur Cain : « Si tu veux bien m’aiguiller. » Et, presque sans le vouloir, les mots s’échappant de sa bouche sans qu’elle n’ait le temps de penser à les retenir : « Je crois que j’ai besoin de toi. » Bang. Le monde venait de disparaître à nouveau, siphonné dans un trou noir alors que l’admission résonnait jusque dans ses os, et que son regard s’accrochait au sien, verrouillé. Mais qu’est-ce qu’elle faisait. Qu’est-ce qu’elle disait. La gorge nouée, Jinny ne savait plus vraiment où elle était, ni si les bras de Cain l’empêchaient de dériver ou étaient une prison. Tout ce qu’elle avait voulu dire, c’était qu’elle avait besoin de son aide, mais c’était comme si elle s’était exprimée dans une langue et s’était entendue dans une autre et que tout le sens avait été retourné, tout en restant parfaitement, terriblement vrai. Elle avait besoin de lui, et cette certitude soudaine lui arriva dans la figure avec la puissance d’un véhicule lancé à vive allure ; elle avait besoin de lui, et elle n’avait aucune idée de ce que ça voulait dire, encore. Elle avait besoin de lui, de ce garçon qu’elle connaissait à peine, qu’elle avait vu deux fois dans sa vie et auprès duquel elle baissait beaucoup trop facilement la garde, parce que c’était naturel, parce que tous ses instincts l’y forçaient, peu importe la vigueur avec laquelle elle essayait de résister. Alors, enfin, elle baissa les armes. Et elle voulait s’assurer d’une dernière chose, avant d’accepter complètement de se rendre. « Pour toi aussi, c’est bizarre ? » demanda-t-elle, presque à voix basse. Elle ne voulait pas relancer le débat, ni se perdre à nouveau dans de longues discussions métaphysiques, pas comme ça, pas maintenant. Juste, s’assurer que ce n’était pas son imagination qui déraillait, que cette confusion n’était pas que la sienne – et qu’elle ne rêvait pas quand elle sentait, sans métaphore ni poésie aucune, deux cœurs battre dans sa poitrine.


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MessageSujet: Re: take me home, country roads (jinny)   take me home, country roads (jinny) EmptySam 9 Mai - 23:54


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Elle voit clair dans ton jeu, Jinny. La drague, le flirt, comme moyen de défense contre l'inconnu. T'en as besoin, de ce familier, pour te protéger des attaques sournoises de ce sentiment étranger qui semble anéantir tout le reste. Elle ignore à quel point t'es dysfonctionnel, incapable, ou peu désireux, de te rapprocher des gens que tu côtoies pourtant parfois quotidiennement. Comme si les laisser entre chez toi, ou pénétrer chez eux, était l'équivalent d'un collier enroulé autour de ton cou. Prisonnier d'une dépendance que tu refuses, parce que trop effrayé des conséquences qui pourraient en découler. Mais comment pourrait-il en être autrement, quand comme toi, chaque décision a été savamment mesurée ? Toute ta vie a rimé avec privation, avec sacrifice. Tout ce qui était commun aux autres était inédit pour toi. T'es cassé, ton horloge tourne à l'envers, et tu crains de ne jamais retrouver le bon sens. T'avances à contre-courant, fuyant tout ce que les autres cherchent avidement, par simple crainte de perdre un contrôle que t'as besoin d'être absolu pour te sentir à l'aise dans ton environnement. L'imprévisibilité, les gens en qui tu ne parviens pas à lire, tu préfères les éviter. Et il n'y a aucun doute, que si tu avais rencontré Jinny dans d'autres circonstances, tu l'aurais laissé sur le bas côté, elle aussi. T'aimes pas ce qui est en train de prendre naissance entre vous, à la fois invisible et terriblement palpable chaque fois que vos regards s'accrochent, que vos doigts s'entrelacent. Ou peut-être que tu l'aimes, parce que ce ressenti secoue toutes tes fondations, au point de les remettre en question et de te donner l'envie d'en construire de nouvelles. Sans nom gravé sur la roche. Sans voix qui porterait dans ton dos, t'obligeant à suivre des ordres en lesquels tu n'es plus certain de croire. Elle avait raison, la voyante, être avec elle, c'est comme sauter du haut d'une falaise, sans mesurer clairement les mètres qui te séparent de l'eau. C'est un acte de foi. Un acte de courage. Et un espoir, aussi. Celui que la chute ne soit pas trop violente, et qu'il y a aura bien quelque chose en bas, qui aura valu la peine de plonger. Alors pourvu qu'elle ne te tienne pas rigueur de ce débordement, de ce besoin maladroit de reprendre le contrôle sur l'incontrôlable. Tu ne sais pas comment faire autrement. Casanova, Don Juan, qu'importe le nom qu'elle te donnera, c'est tellement préférable à l'inconnu déstabilisant assez puissant pour effacer de la peinture chaque figurant. Seuls protagonistes d'un tableau qui englobe pourtant toute une rue placée sous le signe de la joie et de l'amusement. Tu sais qu'ils rient tous derrière toi, mais de quoi ? De qui ? De toi ? De vous ? Tu ne pourrais pas les en blâmer, car toi-même tu trouves ça absurde, d'être autant chamboulé par une rencontre qui n'avait aucun autre but que d'être scellée dans la poudre et le sang. Est-il  encore possible de réécrire l'histoire,  ou tout est-ce que tout est déjà inscrit dans le marbre du grand livre de l'univers ?

La pureté de la pluie s'écoule sur tes lèvres au goût prononcé d'alcool, et tes vêtements, humides, commencent à te coller à la peau. Mais quelle importance ? Cette danse n'en est qu'à ses balbutiements, pourtant, t'as l'impression que vous vous essayez à l'exercice depuis des décennies, le temps s'écoulant à la fois trop vite, et trop lentement. Tu la connais, cette amie dont elle parle, évitant soigneusement un sujet que tu n'es de toute façon pas supposé connaître. Qu'il devient de plus en plus difficile de lui mentir, de masquer tes desseins, alors que la connexion se fait toujours plus intense – et traitre. Quelle est la limite de cet étrange sentiment ? Est-ce qu'elle pourrait finir par lire dans tes pensées, ou toi dans les siennes ? T'as déjà l'impression que parfois, elles se mélangent déjà, et c'est à la fois déstabilisant et terriblement apaisant. Comme s'il n'y avait plus de poids à porter tout seul. Comme si, à deux, tout devenait plus facile. Doucement, vos pas se poursuivent sur le béton mouillé de Bourbon Street. Bien sûr que tu lui trouveras un endroit où dormir cette nuit, tu n'as jamais eu pour intention de la laisser livrée à elle-même. Votre journée ne s'achèvera qu'au petit matin, quand il lui faudra reprendre le chemin vers Rhode Island, et toi vers tes activités. Mais tu... Quoi ? Qu'elle te tienne fort, Jinny, car tu pourrais bien chanceler, secoué par ce qu'elle te confie sans détour. Besoin de toi ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Parle t-elle encore d'un logement pour ce soir ? Non. Ce n'est pas de ça qu'il s'agit. C'est plus profond, plus significatif. Elle jette les armes à vos pieds. Elle s'avoue vaincue, la battante, face à une évidence qu'elle ne peut plus nier. Mais qu'elle se rassure, ça n'a rien d'une défaite, ou alors, t'aimerais perdre plus souvent. Ton souffle se coupe, sans que ce ne soit désagréable, dernier hoquet avant de retrouver une grande bouffée d'air frais, définitivement resté la tête trop longtemps enfouie sous l'eau. « Tu crois ? » Parce que toi, tu sais. Qu'importe ce que cela signifie. La danse s'arrête. Tu mets un terme à vos balancements insouciants, après déjà de longues minutes complètement coupés du monde. Tu ne saurais lui dire combien tout ceci est bizarre, mais peut-être que tu peux lui montrer. Alors sa main, jusqu'à présent emprisonnée entre tes doigts, tu la poses sur ton torse, exactement là où se trouve le cœur, sous ton amas de chair, de muscles et d'os. Est-ce qu'elle le sent ? Elle doit forcément sentir, tes battements sont forts, erratiques, incapables de reprendre un rythme régulier. Et doucement, presque comme si tu redoutais d'être frappé par la foudre, tu viens poser la tienne sur sa poitrine, pour essayer d'entendre l'écho de vos palpitations. Tu la regardes, ta partenaire, tandis que vos deux cœurs poursuivent le concerto d'un mystère qui ne porte pas encore de nom. Boom. Boom. Boom. A l'unisson. Sous tes doigts, sous les siens, ce sont exactement les mêmes cognements, à la même fréquence, avec le même affolement. Alors oui, pour toi aussi, c'est bizarre.

C'est un hennissement et des bruits de sabots qui viennent briser ce moment de flottement, l'occasion parfaite pour que tu te dérobes. Peut-être un peu brusquement, puisque la réalité vous a soudainement rattrapés. La séparation est douloureuse, asphyxiante, comme toujours, mais il va falloir t'y faire, car elle pourrait bien devenir définitive. Un jour. « Ton carrosse est arrivée, mademoiselle. » Et non, tu ne parles absolument pas d'une métaphore de conte de fées, un cochet attend réellement non loin de vous de récupérer ses prochains clients. L'équivalent de taxi, par chez vous, et que l'on croise beaucoup dans les endroits touristiques. De quoi faire une belle balade tout en découvrant un peu la ville. Tu laisses Jinny s'installer à l'arrière pendant que tu donnes l'adresse à votre chauffeur particulier. Elle devrait apprécier l'endroit où tu l'emmènes passer la nuit. Surprise. Le trajet est bref, mais il t'aura quand même permis de pointer du doigt des bâtiments et des endroits que tu voulais lui montrer. En bon guide, tu ne rates aucune occasion de lui raconter une petite brève d'histoire sur cette Nouvelle-Orléans que tu connais par cœur. Même sous des trombes d'eau, elle reste magnifique. Peut-être même encore plus, avec cette aura particulière. Il ne vous aura fallu que dix minutes pour que le cochet vous arrête à l'adresse que tu lui as donné, une brande bâtisse en coin de rue. « Okay, alors c'est pas chez moi, c'est un ami à moi qui habite ici, mais avec un peu de chance, il sera pas là. » Ouais, pari risqué, mais ça fait aussi partie du jeu. Bon. Maintenant, il va te falloir dévoiler ton secret. Secret qui aurait pu être une arme si tu ne venais pas de faire le choix d'y renoncer. Tant pis si tu le regrettes un jour. « Il faut que je te montre quelque chose. » Tu t'approches alors d'elle, et avec précaution, tu viens poser tes mains sur sa taille. Promis, c'est pas une nouvelle tentative de drague. « Désolé. » C'est toujours un peu gênant quand tu veux téléporter quelqu'un avec toi, mais t'as pas le choix, sans contact physique, pas de saut en duo. Yeux fermés, tu te concentres sur la visualisation du salon de la maison, et... vous voilà à l'intérieur. Ouais, juste comme ça, en une seule seconde. Au-dessus de vos têtes, les poutres ont remplacé la pluie battante. « Me demande pas comment je peux faire ça, j'en sais rien. » Haussement d'épaules, navré, mais le mystère est tout aussi entier pour elle que pour toi. « Y a quelqu'un ?! » Aucun réponse. Parfait. T'allumes les lumières pour lui dévoiler la première pièce de l'alternative à l'hôtel qu'elle recherchait. « Bienvenue chez Delphine Lalaurie. » Oui, la meurtrière et tortionnaire d'esclaves, rien que ça. Il aurait été décevant de ne pas passer devant la célèbre et lugubre demeure, mais toi, tu fais encore mieux, tu l'invites carrément à y passer la nuit. Enfin, si elle est pas trop froussarde, la texane.
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MessageSujet: Re: take me home, country roads (jinny)   take me home, country roads (jinny) EmptyLun 11 Mai - 20:22


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Le voilà, son saut de l’ange, son saut de la foi, comme la voyante l’avait prédit. Jinny qui acceptait d’admettre une nouvelle réalité, une qui lui avait échappé et sur laquelle elle n’avait aucune emprise. Si elle n’était pas dans le contrôle absolu, elle aimait savoir où elle mettait les pieds, et si elle s’estimait capable s’adapter rapidement à tout, comment était-elle censée s’adapter à ça ? Les aliens qui tombent du ciel pour décimer l’humanité, des supervilains surexcités venus d’une autre dimension, des créatures magiques capables de faire perdre la tête à la totalité de la population mentale, okay, elle avait été jetée dans le tas, elle avait lutté, elle avait appris, parce que toujours, elle avait au moins pour voir ce qui lui arrivait dans la figure. Avec Cain ? Tous les repères habituels passaient par la fenêtre, tout le familier avait disparu pour laisser place à l’inconnu le plus absolu, et rien de ce que sa mère, ou la Young Justice, ou Red Hood avaient pu lui apprendre ne pouvaient l’aider à s’y retrouver dans cette obscurité complète. Et l’admettre, le reconnaître, c’était se découvrir et révéler une vulnérabilité qu’elle n’avait même pas eu conscience d’avoir. C’était plus facile de frapper un animal sans défense, alors très tôt, elle avait appris à toujours en avoir, parce que très tôt aussi, elle avait appris qu’un jour, proche ou lointain, quelqu’un, quelque part, lui en voudrait assez pour venir lui demander des comptes. Elle se souvenait de l’adolescence, de ses copains de classe qui se rêvaient une destinée secrète devant leurs films, séries ou comic books favoris. Alors qu’elle, franchement, aurait de loin préféré ne pas l’avoir au-dessus de la tête, ce couperet, ce compte à rebours qui signifierait le début de son parcours et la fin de la tranquillité. Et surtout, le début de l’ignorance, sans aucun moyen de savoir à quoi elle devait se préparer, alors elle et sa mère s’étaient préparées à tout… sauf à ça. Sauf à Cain. Sauf à ces battements erratiques qu’elle sentait sous ses doigts alors qu’il portait sa main à son torse, et ceux qu’elle sentait cogner dans sa poitrine sous ses doigts à lui – et ce vertige, alors qu’elle sentait, aussi son propre cœur à travers la main de Cain, et sa propre main à travers la poitrine de Cain. Un échange de places, un mélange des places, une communion à l’unisson comme si quelqu’un s’était amusé à soulever toutes les couches de leurs âmes respectives pour les exposer, comme ça, à nu, devant l’autre. Plus aucune possibilité de nier, maintenant. Surtout quand, sous l’épaisse couche de panique et de confusion, pointaient aussi les pétales d’une exaltation, un émerveillement diffus qui lui arracha presque un début de sourire, alors qu’elle relevait les yeux pour croiser le regard de Cain. Sa mère serait dingue de la voir baisser les bras aussi facilement, mais qui aurait pu résister à ce sentiment de complétude absolue, comme deux moitiés d’une même médaille qui avaient mis des décennies à se retrouver ? Pas elle. Elle, elle jetait l’éponge, et tant pis pour les conséquences. De toute façon, que pouvait-il bien arriver de si grave, hein ?

Arrachée à ce bizarre et intense moment d’introspection, Jinny s’éclaircit la gorge en reprenant possession de sa main, un peu gênée à retardement de ce drôle d’instant d’intimité, mais le carrosse lui offrit une distraction bienvenue et lui arracha un rire franc. « Et moi qui pensais qu’on était kitsch au Texas. » commenta-t-elle à voix basse, pour ne pas vexer le cocher, avant de grimper dans le siège passager. Et qu’il était bienvenue, ce petit tour de la ville avec commentaires du guide, pour alléger un peu l’atmosphère après cet instant chargé de plein de choses qu’elle n’aurait pas su nommer. Elle remit son chapeau en place sur sa tête, et se prêta volontiers au jeu en posant une foule de questions, sincèrement intéressée et sous le charme de l’architecture environnante, jusqu’à ce qu’ils ne s’arrêtent devant une imposante bâtisse, grise, parfaitement carrée s’élevant sur trois étages, aux façades plus lousianaises que de nature. « Ils ont des maisons sympas, tes amis. Et… tu fais quoi exactement ? » interrogea-t-elle en plissant les yeux alors qu’il s’emparait à nouveau de sa taille. « T’es vraiment pas du genre à lâcher l’af… » commença-t-elle ; et puis elle cligna des yeux, et soudain, la désorientation était complètement. La pluie avait arrêté de tomber. La rue autour d’eux avait même disparu. L’odeur de terre mouillée avait été remplacée par une odeur de bois prononcée. « … faire. » finit-elle dans un souffle, les yeux grands ouverts alors que, stupéfaite, elle pivotait lentement sur elle-même pour découvrir la pièce qui s’était matérialisée tout autour d’eux. « Tu… » commença Jinny, en pointant le plancher du doigt, avant de désigner la fenêtre ou plutôt l’extérieur. « On… attend, quoi ? » s’exclama-t-elle en se rapprochant de la fenêtre pour jeter un œil dehors et apercevoir le point exact où ils s’étaient tenus quelques secondes plus tôt à peine. Okay. Ooooooookay. Sidérée, elle se retourna pour dévisager Cain, qui lui n’avait clairement pas l’air plus perturbé que ça ni soucieux de fournir la moindre explication qu’il n’avait de toute façon pas. O-kay. « I’m havin’ a weird day. » marmonna Jinny dans sa barbe, une main sur la hanche, l’autre qui lui grattait la tête sous son chapeau. Et puis, pour couronner le tout, autant qu’il lui révèle aussi chez qui ils s’étaient introduit par effraction, pas vrai ? « Lalaurie… ? » répéta-t-elle, d’abord sans comprendre où il voulait en venir, puis ses vieilles leçons d’histoire du lycée lui revinrent en mémoire. « La Delphine Lalaurie ? La dingue qui a mis le feu à sa maison pour tuer des esclaves après les avoir torturés pendant des années ? Cette Lalaurie-là ? » lâcha-t-elle, incrédule. Oui oui, celle-là, lui confirmait le regard de Cain. Parce qu’ils n’avaient pas encore eu leur dose de bizarreries aujourd’hui, visiblement.

« Je veux pas vexer tes amis, mais ils font vraiment des choix de vie un peu douteux s’ils choisissent d’habiter là de leur plein gré. » commenta Jinny , les pouces accrochés aux passants de sa ceinture, alors qu’elle déambulait sous les combles en admirant l’architecture de l’endroit – histoire sinistre, mais fallait bien reconnaître qu’elle avait son charme, la maison. Malgré son atmosphère forcément lugubre, maintenant qu’elle savait qui en avait été l’illustre propriétaire. Et elle croisa à nouveau le regard de son camarade, et elle comprit aussitôt pourquoi il les avait téléportés – téléportés, elle ne s’en remettait pas, de celle-là, tiens – ici. « Parce que c’est ici qu’on va passer la nuit, en plus ? » D’accord, elle aussi, elle avait joué à passer la nuit dans des endroits glauques avec les copains pour se faire peur quand elle était encore jeune et insouciante, mais tout de même, c’était d’un tout autre niveau, ça. Mais okay. Si elle devait le prendre comme une sorte de défi, alors elle le relèverait. Elle avait affronté des paradémons, des tueurs en série, Superboy de mauvaise humeur au réveil, ça n’était certainement pas un ou deux fantômes qui allaient lui faire peur. Même si, vu le curriculum vitae de Delphine, peut-être qu’ils se comptaient plutôt en centaines, les fantômes. « T’es vraiment plein de surprises, Cain. » sourit-elle en lui passant devant, pour aller ouvrir la porte et s’engouffrer dans un couloir – direction, évidemment, l’aventure. Et l’intérieur de la maison était aussi prometteur que l’extérieur avec ses sols couverts d’une vieille mais riche et épaisse moquette, ses murs couverts de tableaux d’un autre temps et de papier peint défraîchi – un décor tout droit sorti d’un film d’époque et dans lequel elle se réjouissait déjà de se perdre, d’autant que, visiblement, ils avaient toute la masure pour eux tous seuls. Donc, aucun regret à avoir, tant qu’ils ne cassaient rien. « Bon, c’est donc là que, pour continuer sur le sujet de tout à l’heure, je te demande si tu crois aux fantômes. Les maisons hantées, tout ça ? » En parlant, elle étudiait attentivement toutes les reliques qui tombaient sous ses yeux, et puis, elle l’entraîna pour descendre d’un étage et choisit de pousser la porte d’une pièce au hasard, révélant ce qui ressemblait à un petit salon dans les tons rouges, richement chargé d’antiquités, figé dans son dix-huitième siècle natal. « On a quelques coins hantés au Texas. J’ai été sur Goatman’s Bridge avec des amis, une fois, mais à part des lapins paniqués, on n’a pas vu grand-chose. » Du bout des doigts, elle effleura une vieille horloge posée sur une commode… et sursauta lorsqu’un bruit sourd retentit dans la pièce. « … c’était quoi, ça ? » Retenant son souffle, Jinny écouta attentivement, puis tourna le regard vers Cain. « Si c’était toi pour me faire une blague, c’est pas… » Et encore. Non ça n’était définitivement pas Cain. Ca venait, par contre, de la pièce adjacente, sur la porte de laquelle Jinny riva les yeux. « … on est d’accord qu’il y a forcément une explication rationnelle et raisonnable, n’est-ce pas ? » commenta-t-elle en arquant un sourcil. Et ses pistolets étaient évidemment dans la voiture de Cain. Dammit. « On va voir quand même ? » Après tout, démon, fantôme ou rien du tout, ça valait la peine d’explorer, non ?


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MessageSujet: Re: take me home, country roads (jinny)   take me home, country roads (jinny) EmptyJeu 14 Mai - 0:08


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Est-ce que t'as réellement renoncé à ta vendetta ? A en juger par ton comportement, oui. Une carte qui aurait pu t'être grandement utile lors de votre future confrontation vient de se transformer en petit secret nonchalamment avoué. C'est ça le pire, t'as même pas essayé de te cacher, tu lui as dévoilé ton don, comme ça, comme l'on conte une simple anecdote. Mais tu regrettes pas, pas du tout. Au contraire, t'es heureux que la surprise lui plaise. Enfin, surprise est un grand mot, et t'es pas certain que ça lui plaise, mais elle sourit, alors c'est déjà ça. Hé, tu lui as promis une journée digne de ce nom à la Nouvelle-Orléans, et c'est exactement ce que tu fais. Vous avez certes été un peu échaudé par le passage chez la voyante, mais tu lui offres là une occasion qui ne se refuse pas, et une histoire qu'elle pourra raconter à ses camarades à leur prochaine retrouvaille. Delphine Lalaurie, sinistre bonne femme qui a assassiné, dans cette maison, bon nombre d'innocents. Et c'est effectivement dans cet endroit rempli de mystère que vous allez passer la nuit. Ce que tu ne lui dis pas encore, à Jinny, c'est que parfois, des coups se font entendre. Des poings contre des murs, des pas sur le plancher, tous ces clichés de la maison hanté qui ici sont très réels. Du moins, c'est ce que ton pote t'a raconté, et c'est l'occasion de déceler le vrai du faux dans ces racontages. « Quoi ? T'as peur ? » Dis-tu, un brin moqueur, alors qu'une crête semble se dessiner sur ta tête. T'as une grande gueule, mais on verra si tu fais toujours le coq une fois que toutes les lumières seront éteintes, et que l'obscurité aura emportée avec elle toute ta rationalité. Toujours près d'elle, tu la laisses découvrir la demeure à son rythme, en profitant pour secouer un peu tes cheveux humides. Même si le contact n'a pas été rompu, et que tu peux encore la sentir vibrer en toi, cette fois au moins, t'aimerais pouvoir entrer dans son esprit. Est-ce qu'elle trouve étrange que tu préfères l'emmener dans une maison qui n'est pas la tienne, sans aucune permission, plutôt que d'aller chez toi ? Elle n'a rien d'une fille naïve, Jinny, mais tout te semble pourtant beaucoup trop facile. Elle ne pose toujours aucune question, sans doute distraite par l'attrait de l'interdit et du mystère, et s'avance encore un peu plus dans les méandres de la lugubre bâtisse. Demain pourrait être très différent, et signer la fin de toute cette mascarade. Inconsciemment – ou non – tu as remplacé les petits cailloux par des indices pour qu'elle parvienne à trouver son chemin jusqu'à la vérité. Pour qu'elle t'enlève le poids qui mutile ta poitrine. Pour ne pas avoir à confesser ta faute quand il sera peut-être déjà trop tard. Tu sais plus ce que tu veux, mais t'es au moins certain d'une chose : tu refuses de la laisser sortir de ta vie, la rouquine téméraire, ce qui est on ne peut plus incompatible avec tes plans initiaux, à priori.

Croire aux fantômes, croire aux prophéties, croire au vaudou, jamais tu ne t'es posé la question, préférant écouter des histoires ci et là, et te faire une opinion qui pourrait passer du tout ou rien selon la crédibilité des conteurs. Quand on vit à la Nouvelle-Orléans, les fabulations sont nombreuses, notamment parce qu'elles sont devenues une source de revenue touristique, mais parmi tout ce faux, parfois, on peut y trouver du vrai. Est-ce que cette maison est réellement hantée ? Peut-être bien. Si vous en avez la preuve, alors tu pourrais y croire, à ces histoires de fantômes. Et après avoir ressenti cette connexion étrange à la jeune fille qui se trouve à côté de toi, ce soir, tu te sens prompt à ouvrir un peu plus ton esprit au bizarre et à l'étrangeté. « Tout dépend ce que t'appelles hanté. Je crois qu'un endroit peut s'imprégner des événements tragiques qui s'y sont passés, et encore porter leurs traces dans le présent. Mais est-ce que je crois que les âmes de ceux qui ont été tués ici sont encore là, quelque part dans ces pièces ? Je l'ignore encore. Je te dirai ce que j'en pense vraiment demain matin. » Tu prends un malin plaisir à alimenter le mystère, mais cette expérience, il faut la vivre à fond. Entre l'alcool et l'euphorie de tout à l'heure, t'es prêt à tout risquer pour en avoir le cœur net. Et qui refuserait un peu de frissons ? Oh. Wow. Ils se sont pas fait attendre, les frissons, et c'est brusquement et en sursaut que tu te tournes vers l'origine du bruit soudain et très distinctif que vous venez tous les deux d'entendre. Non, c'est pas toi, et tu réponds d'un hochement négatif de la tête à Jinny, innocent sur toute la ligne, pour une fois. « On va voir. » Ouais, t'es catégorique et sûr de toi, mais si un esprit frappeur se trouve derrière cette porte, t'aimerais bien voir à quoi il ressemble. Allez, profonde inspiration, et on y va. Prudemment, tu t'approches de la pièce adjacente, et doucement, comme si tu craignais qu'un truc jaillisse brusquement à ton toucher, tu poses tes doigts avec précaution sur la poignet. « Reste là. » Quoi ? On sait jamais, ça pourrait être bien pire qu'un fantôme ! Mais avant qu'elle s'offusque, tu précises : « Si y a un truc bizarre, moi je peux me téléporter. » Sans offense, hein, mais tu l'as pas emmenée ici pour qu'elle se fasse pourchassée par un taré. Ou par peu importe ce qui pourrait se cacher derrière cette porte.

Allez...Un...Deux...Trois. Méfiant, mais galvanisé par une excitation certaine, tu pénètres à l'intérieur de la pièce, qui a tout l'air d'être une sorte de débarra. Un vieux canapé usé, des tableaux recouverts de draps, des cartons remplis d'objets poussiéreux, rien de bien intéressant, et certainement pas de fantômes. Pourtant, les bruits venaient bien d'ici. Alors tu continues d'avancer, cherchant du regard tout ces trucs que l'on retrouve systématiquement dans les films d'horreur. Une silhouette cachée sous un drap. Ou un tableau d'un démon déguisé en nonne. Quelque chose qui te ferait frissonner, n'importe quoi. Mais rien. Ni forme, ni voix, ni bruit. Quelle déception. Mais, ce ne sera pas forcément le cas pour Jinny. D'humeur farceur, et pour qu'elle reste dans ce mood un peu particulier, ce n'est pas par l'encadrement de la porte que tu ressors, mais en te téléportant sournoisement derrière elle : « Bouh. » Eclats de rire, fier plus que tu ne le devrais de cette farce de mauvais goût, mais qui en voyant sa tête, en valait largement la peine. « Y a Delphine qui aimerait savoir si tu veux du sucre dans ton thé. » Oui, oui, tu es un garçon très drôle, elle en conviendra elle-même. Mais allez, qu'elle fasse pas cette tronche, fallait bien que tu tentes au moins une fois de lui foutre la frousse, tu aurais été un guide indigne sinon. Qu'elle se dise que ça fait aussi partie de la visite, voilà tout. Mais pris de remords, c'est plus vite que prévu que tu lui fais finalement tes excuses. T'es faible avec elle, horriblement faible. « Pardon, pardon, c'était pas drôle. » Tentative de rester sérieux, plus nouvel éclat. Non, vraiment, elle a pas vu sa tête. « Oh allez, qu'est-ce que je peux faire pour que tu me pardonnes ? Un bisou ? Une nouvelle danse ? » T'es qu'un sale petit insolent qui mériterait un revers de médaille, mais qu'elle rassure, tes bêtises, avant qu'elles ne se poursuivent trop longtemps, sont stoppées net. A l'instant même où t'as entendu des pas au-dessus de vos têtes. What. Là, encore. Distinctement, comme si plusieurs personnes faisaient les cent pas. « Je te jure que j'y suis pour rien. » T'as l'impression que ça vient d'en haut. Pas du salon, d'encore au-dessus. Le grenier. L'endroit où était enfermé les esclaves. Quelle étrange coïncidence. Qui n'est sûrement que ça, pas vrai ? La maison a brûlé, il ne restait plus grand chose de la salle des tortures quand le feu s'est éteint, alors pourquoi il s'y passerait des choses bizarres aujourd'hui ? « Y a une chambre au grenier, cap ou pas cap d'y dormir cette nuit ? » Elle fait partie de la Young Justice, elle en a sûrement vu passer des cas un peu particuliers au cours de ses folles aventures, c'est pas un petit Casper qui va lui foutre les jetons, si ?
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MessageSujet: Re: take me home, country roads (jinny)   take me home, country roads (jinny) EmptySam 16 Mai - 19:48


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On va voir, on va voir, en attendant, dans la pratique, il n’était pas très inclusif, ce on, puisque finalement, il y allait tout seul sous prétexte fallacieux de capacités de téléportation. Bien sûr qu’elle s’offusquait, puisque c’était quand même elle, la prétendue héroïne certifiée par la Ligue, dans leur duo, mais peut-être bien qu’il marquait un point, alors elle croisa les bras sur sa poitrine en se contentant de le suivre du regard alors qu’il s’aventurait dans la pièce hantée. Effectivement, s’ils avaient vraiment affaire à des fantômes, se téléporter était sans doute un talent bienvenu pour leur échapper – en revanche, s’ils avaient affaire à un cambrioleur ou un tordu du même genre, elle était à peu près sûre que d’eux deux, c’était elle qui avait les meilleures chances de s’en tirer. Même si, il était vrai, il n’avait aucune raison de le savoir, le Cain. Alors, pour ne pas le froisser ni l’inquiéter outre mesure en sautant tout de suite aux conclusions, elle accepta de rester derrière, prétendant ne servir à rien sans ses chers pistolets restés dans la voiture, tout en se préparant à accueillir un quelconque intrus d’un solide crochet du droit si jamais il y avait réellement un indésirable là-dedans. Jinny se raisonnait, à peu près certaine qu’il ne s’agissait que de vieux bois qui craquait, mais était-on jamais réellement à l’abri d’une mauvaise surprise ? Peut-être qu’elle aurait dû insister, en fait. Elle aurait ensuite dû se justifier en lui expliquant qu’elle avait reçu une formation accélérée au combat rapproché par un des mercenaires les plus brutaux de Gotham, et elle aurait sans doute passé pour, au mieux, une vantarde, au pire, une cinglée, mais au moins, s’il y avait un indésirable dans cette pièce, il aurait été pour elle. Allons, patience, Jinny. Il n’y avait sûrement rien d’alarmant, et Cain allait revenir en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire ; alors, pour tromper son imagination qui s’emballait déjà, elle préféra contempler le reste de la pièce dans laquelle elle se trouvait, laissant ses pensées vagabonder. Curieuse baraque, quand même. Est-ce que c’était pour la dimension touristique que Cain avait décidé de l’amener passer la nuit ici, plutôt que de rentrer chez lui où il disposait tout de même de tout le confort de son domicile ? Quelque part au fond de son esprit, une petite lumière s’alluma – ténue encore, mais persistante. Une impression curieuse. Un instinct. Un pressentiment. Comme lorsqu’on contemple un tableau, dans lequel quelque chose nous dérange, sans réussir à exprimer quoi exactement. C’est vrai que c’était un choix étonnant, quand même. Hélas, sentant déjà cette paranoïa typiquement Hex se frayer un chemin dans ses pensées de ses longs doigts griffus, Jinny donna un grand coup de pied dedans et referma la porte à double tour. Pas maintenant. Cain lui donnait l’impression d’être quelqu’un de spontané, impulsif, et aventureux ; en quoi c’était si bizarre, qu’il préfère passer la nuit dans une maison hantée plutôt que chez lui ? Non, ça avait du sens, et tout allait parfaitement bien. Elle n’avait aucune raison de s’inquiéter. Absolument aucune.

Elle ne l’avait pas vu venir, elle ne l’avait pas entendu venir – et lorsque ce ‘bouh’ résonna à son oreille, elle aurait été en droit de se demander si le bond qu’elle effectua méritait d’entre dans le livre des records. « BORDEL DE. » s’exclama-t-elle, déjà prête à jeter un vase à la tête de l’ectoplasme qui s’était matérialisé derrière elle – mais non, en fait, c’était juste Cain. Mort de rire. Très fier de sa blague. Evidemment. Le cœur tambourinant à toute allure dans sa poitrine, Jinny serra le poing, retenant une bordée de jurons pour lesquels sa mère lui aurait lavé la bouche au savon. « Toi. T’as de la chance que j’aie pas eu mes pistolets sur moi. » lâcha-t-elle, le nez froncé sous le coup de la frustration de s’être laissée avoir aussi facilement. Et en plus, il se permettait encore de se marrer, même après s’être excusé, et de se moquer, le sagouin. Alors, sans le moindre scrupule, elle lui balança son poing fermé dans le bras. Rien que pour le principe. « Garde-les, tes danses et tes bisous. » marmonna-t-elle dans sa barbe avant de s’aventurer jusqu’à la porte encore ouverte, et de risquer un œil à l’intérieur pour être certaine qu’il n’avait rien oublié, le farceur patenté. On ne savait jamais, des fois qu’il ait été trop concentré sur sa blague à venir pour voir le démon planqué dans un coin ou le tueur en série caché sous la table. Mais non, il n’y avait vraiment rigoureusement rien dans cette pièce – au-dessus de leurs têtes par contre, c’était une autre histoire, visiblement. Comme lui, toute nouvelle réplique mourut dans sa gorge, tuée par le son bien distinct de ces pas quelques étages au-dessus. Les yeux rivés sur le plafond, attentive, Jinny écoutait. « Je te crois. » lâcha-t-elle, effectivement bien en mal de l’accuser, pour ce coup-là. Ca faisait vraiment ce bruit-là, le vieux bois qui craquait ? Moins paniquée, mais de plus en plus curieuse, Jinny était prise d’une furieuse envie de repartir en exploration élucider ce petit mystère ; et comble de chance, Cain lui offrait l’occasion de le faire sur un plateau d’argent. Elle détacha son regard du plafond, pour poser les yeux sur lui, et, après un bref instant de réflexion, lui adressa un sourire au moins aussi empreint de défi que son challenge à lui. « Le temps d’aller chercher mes maigres possessions terrestres dans ta voiture, et je suis prête à affronter Delphine en personne, s’il le faut. » rétorqua-t-elle, sa bonne humeur évidemment revenue en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire. Et c’est sans plus attendre qu’elle le laissa les téléporter dehors, le temps de récupérer son sac et ses chères armes, pour ensuite les téléporter à nouveau à l’intérieur ; deux téléportations consécutives qui lui donnèrent, il fallait bien l’avouer, un petit peu le tournis. Ca, ou téléportation et alcool ne faisaient pas bon mélange. « Et sinon, on s’y habitue à ton truc un jour, ou c’est aussi bizarre à chaque fois ? » demanda-t-elle, alors qu’ils remontaient les escaliers. Direction, la chasse aux fantômes.

… et les fantômes avaient décidé de se faire discrets, curieusement, depuis qu’elle s’était installée dans la chambre au grenier. Confortablement installée contre ses oreillers, bien que l’oreille aux aguets et le pistolet-laser à portée de main, Jinny se tournait les pouces, guettant le moindre signe d’activité paranormale, mais pour le moment, tout ce qu’elle entendait se résumait à la pluie battante qui jouait des percussions sur la toiture, et le gémissement d’une poutre ou deux, malmenées par l’humidité extérieure et l’âge, comme si la maison était une vieille personne sujette à une crie d’arthrose. Mais même dans le silence et le calme, elle dégageait une atmosphère spectaculaire, cette maison. Maintenant que les effets de l’alcool commençaient à s’estomper, Jinny y voyait un peu plus clair, se laissait moins distraire par la première ombre qui passait au coin de son œil, et pouvait mieux méditer sur cette drôle de journée. Quelle chance elle avait eue, quand même, de réussir à joindre Cain – et surtout, qu’il accepte de venir la chercher. Et tout ce qui s’était ensuivi, le trajet en voiture, la danse cajun, la voyante… un étrange courant électrique remonta le long de son échine alors que dans son esprit se rejouait le film improbable de cette séance. Et qu’au creux de sa paume, semblait s’imprimer encore celle de de son compagnon d’infortune. « Vous avez une idée de ce qui a pu se passer, vous, les fantômes ? » demanda-t-elle à voix basse, mais suffisamment audible pour être entendue du moindre esprit frappeur qui passerait par là. Mais évidemment, seul le silence eut l’amabilité de lui répondre. « Vous êtes pas très bavards, quand même. » ajouta-t-elle en haussant les épaules. Dommage. Elle aurait bien aimé avoir leur perspective sur la question. Et puisque personne n’avait l’air décidé à lui faire la conversation, ni à renverser son lit pour la virer de là façon poltergeist, elle commença à s’installer plus confortablement pour dormir ; quand une silhouette se matérialisa soudainement à quelques pas de son lit. Mais cette fois, pas de cris ni de menaces – même si elle n’avait pas pu réprimer un sursaut, avant de détailler son visiteur et d’étouffer un rire. « Alors, on a eu peur, tout seul ? » lança-t-elle, moqueuse. Il avait même amené son matelas, comme pour une pyjama party improvisée. Jinny repartit dans un nouveau fou rire, avant de se redresser sur ses oreillers. « J’ai vu personne encore. Tu me réveilles si Delphine vient nous souhaiter bonne nuit ? » Même si bonne nuit, c’était difficile à dire une deuxième fois, parce que ça voulait vraiment dire marquer la fin de cette journée. En bas, elle avait tenu à le remercier pour tout ce qu’il avait fait pour elle ; sans pouvoir se débarrasser de cette étrange impression qu’il y aurait encore tant à dire, et passer pour le faire. Alors, ce petit répit qu’il leur accordait en décidant de passer lui aussi la nuit dans ce grenier, elle le prenait. Parce que si ça voulait dire repousser encore un petit peu l’échéance avant la séparation – quel terme dramatique, pourquoi tout devenait aussi dramatique, soudainement ? – elle prenait. Prête à céder à peu près à tout, pour repousser un compte à rebours dont elle n’avait même pas encore conscience. « Et si on sort vivants de cette maison, la prochaine fois, c’est moi qui fais la guide touristique. » Au Texas, ailleurs, qu’importe. Du moment qu’ils s’accordaient tous les deux pour dire qu’il y en aurait une, d’autre fois. Même si, malgré eux, d’autres forces avaient décidé de sonner le glas de leur armistice.


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MessageSujet: Re: take me home, country roads (jinny)   take me home, country roads (jinny) EmptyDim 17 Mai - 22:33


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Ouh, mais c'est qu'elle est vexée, la Texane. Très bien, tu commences à entrevoir quelques traits de sa personnalité, dont celui-ci, accueilli avec beaucoup d'amusement, n'arrangeant certainement pas ton cas déjà condamné à une sentence irrévocable. Après le coup sur ton bras, tu fais mine d'être offusqué, camarade maltraité après une petite blagounette qui a mal tourné. T'aimes bien son caractère, à Jinny. T'as compris qu'elle ne se laissait pas faire, et qu'elle était, au contraire, du genre à rendre la pareille. C'est toujours tellement plus agréable d'être avec quelqu'un avec qui tout s'emboite aussi facilement, que ce soit dans vos envies ou dans votre comportement quand vous êtes ensemble. Déjà la première fois, pendant que vous discutiez en mangeant des nachos, t'avais senti cette complicité, cette facilité déconcertante. Quelque chose qui ne concerne en rien ce que vous avez vécu chez la voyante, c'était présent bien avant votre entretien avec elle, toi-même surpris de te confier aussi ouvertement à une parfaite inconnue sur des problèmes très personnels et rarement assumés. Mais qu'importe de quoi il s'agisse, ni à quel moment tout s'est déclenché, t'es juste content que vous partagiez cette particularité. Et un peu curieux, aussi, de voir ce que ça donnera par la suite. Allez, la challengeuse est prête, et c'est en lui rendant son sourire que vous vous téléportez jusqu'à la voiture, avant de revenir à votre logement pour la nuit une fois ses affaires récupérées. C'est marrant qu'elle te pose cette question sur les effets indésirables de la téléportation, car étrangement, ils te paraissent beaucoup moins brutaux qu'auparavant. Il y a toujours cette petite désorientation et cette impression que tout tes muscles crient au secours, mais incomparable à ta perte totale d'énergie d'auparavant. D'habitude, quand tu sautes avec quelqu'un, t'es vidé, bon qu'à t'allonger par terre pendant quelques minutes. Jusqu'à ce que tu fasses sa rencontre, apparemment. « Bizarrement, c'est au contraire devenu moins gerbant et épuisant. » Sans que tu ne l'expliques, car cette avantage tu ne l'as pour l'instant ressenti qu'avec elle. Encore une étrangeté à ajouter à votre lien particulier, simple coïncidence, ou amélioration naturelle de ta capacité ? Mystère et boule de gomme.

Tu te sens un peu idiot de lui avoir proposé de dormir au grenier, parce que déjà, beaucoup trop tôt, le bonne nuit se profile. T'as pas réfléchi, t'aurais dû opter pour une visite, ou un dernier verre avant de regagner vos lits respectifs, et te voilà maintenant, au milieu du salon, à l'écouter te remercier d'être venu la chercher. Enfin, t'écoutes qu'à moitié, trop focalisé sur ce que ce sera demain, et hanté par les tourments qui t'assaillent à l'heure de ce qui pourrait être un adieu. T'aimerais pouvoir tout lui dire, à Jinny, toute la vérité, mais t'y arrives pas, les mots restent coincés dans ta gorge. Ils se répètent inlassablement dans ton esprit, sans que rien ne franchisse pourtant la barrière de tes lèvres. Tu l'aurais peut-être perdue en avouant la raison de votre rencontre, mais au moins, t'aurais été débarrassé de cet horrible mensonge, et surtout, de la tâche qui t'attend. Ou t'attendait, plus justement. T'y arriveras jamais, tu le sens. Tu pourras pas aller jusqu'au bout. Comment le pourrais-tu, après cette incroyable journée ? « Bonne nuit. » Cette fois, tu t'abstiens de venir déposer un baiser sur sa joue. Parce que ça vous évitera un moment qui aurait probablement été gênant après tout ce qui s'est déjà passé, mais aussi parce qu'elle t'a dit tout à l'heure qu'elle ne voulait ni danses, ni bisous. Alors bon, t'écoutes sagement les consignes. Non, non, t'es pas du tout vexé. Elle sait pourtant ce qu'elle rate, cette petite susceptible.

Okay, tu l'avoues, t'es pas franchement rassuré. Tu sais que les craquements ne sont que le fruit du bois qui travaille, et que les claquements trouvent leur origine dans le vent qui s'agite à l'extérieur, mais il y a aussi ces espèces de grattements, comme si quelqu'un cherchait à s'échapper de quelque chose dans lequel il serait enfermé. Un cercueil. Ou un mur. Ce genre de trucs super glauques. Bordel. C'est elle qui dort au grenier, et c'est toi qui récolte les trucs paranormaux. Tant pis, adieu ta fierté, c'est ni une ni deux que t'attrapes ton matelas pour le monter, non sans peine, jusqu'à la chambre de Jinny. Est-ce que t'as peur ? Peut-être. Est-ce que c'est un peu un prétexte pour étirer encore un peu l'instant ? Peut-être également. Tu sais pas, c'est trop d'un coup, et avec en plus les fantômes qui viennent te faire coucou, t'as l'esprit encore plus embrouillé. Tu t'y attendais, à ses moqueries à ton apparition inattendue, mais tu n'en restes pas moins contrarié. « Arrête de rire, ils sont tous venus me voir moi ces enfoirés. » Et puis, c'est elle qui dort avec ses flingues parce qu'elle redoute ce qu'elle pourrait voir se pointer au pied de son lit, alors qu'elle fasse pas trop la maline. Qu'elle s'estime même heureuse, ce n'est que toi, et en plus tu viens lui tenir encore un peu compagnie. Après avoir balancé ton matelas par terre, tu te jettes dessus pour tenter de cette fois trouver le sommeil. A deux, vous serez plus efficaces, vous pouvez vous endormir sereinement. « Ecoute, je sais que je te manquais déjà. » Une plaisanterie qui sonne pourtant étrangement vraie. Comme si t'en étais intimement persuadé. Elle pensait à toi, Jinny, avant que tu ne viennes troubler ses réflexions nocturnes. « La prochaine fois on fait le Texas. Et j'espère que ce sera moins mouvementé qu'ici. » Même si tu ne regrettes rien de ce qui s'est passé ce soir. Votre session karaoké, la danse dans la rue, le po' boy, et même cette foutue voyante, pour toi, tout était absolument parfait. Et c'est justement parce que ça l'était, que tu te sens renoncer à ton devoir. Parfois, il faut faire des choix, et surtout, savoir écouter son cœur.

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