The book of revelations [PV Jinny Hex]

The book of revelations

Mei Ling n'avait rien oublié de cette soirée avec Jinny, elle n'arrêtait pas de se faire le film de la soirée, repensant à tout ce qu'elle aurait voulu faire, à quel point c'était dur de savoir Jinny si proches sans pouvoir profiter de sa présence, de devoir rester Sun, la sympathique et discrète employée du GCPD. Cette brève rencontre avait alimenté son obsession pour sa descendante, pour sa sécurité, elle profitait de son temps libre et la présence de la jeune fille à Gotham pour la suivre, discrètement au début, mais à mesure que les semaines avaient passées, elles avait commencé à vouloir se rapprocher physiquement, prenant de plus en plus de risques, et manquant plusieurs fois d'apparaître. Pour le moment elle pensait contrôler la situation, elle revoyait Jinny simplement demander son numéro, une chose qu'elle aurait voulu faire elle-même, mais elle manquait de courage face à elle, car Mei Ling connaissait le poids de ses mensonges, de la menace représentée par ses choix, Jinny n'avait rien demandé et un nouveau fantôme du passé sortait de son placard. C'était injuste, ce n'était pas ainsi que devait se passer sa vie, à sans cesse fuir des fantômes, elle avait toute la vie devant elle, l'opportunité de devenir ce qu'aucun Hex avant elle n'était devenu, mais elle n'y arriverait pas avec la menace de la cour qui pesait sur elle.

Postée en face du motel ou la jeune fille logée, dans un des rares quartiers ou l'ordre était maintenu depuis qu'il y avait déjà quelques jours ce dernier avait décidé de débarquer sur leur planètes, rendant les villes de Metropolis, Coast City et Central City injoignables, Jinny avait visiblement menée quelques devoirs pour la Young Justice et logeait ici avec Sawyer, son compagnon à quatre pattes. Immobile sur son bord d'immeuble elle était d'une vigilance absolue, surveillant le moindre mouvement aux alentours, sa vision thermique lui rendant l'image déformée par les couleurs vives de la jeune fille dormant à poing fermé, c'est qu'il était tard après tout et enchaîner traque nocturne sur traque nocturne ces derniers jours avait entamé sa concentration. Elle se sentait moins alerte et efficace, mais l'adrénaline monta en flèche quand elle vit deux hommes s'approcher de la porte de la chambre avec ce qui ressemblait à un pistolet de serrurier, Mei Ling les observa plus et vit leurs dents rongées et jaunies, leurs yeux creusés et leurs traits grisâtres, deux drogués venaient sans doute tenter de voler ce qu'il pouvait, ça pouvait vite dégénérer, elle se saisit du grappin propulsé qu'elle fixa sur un lampadaire avant de partir dans un mouvement de balancier qu'elle interrompit en désenclenchant le grappin qui se réenroula immédiatement.

Les deux camés venaient d'ouvrir la porte quand Mei Ling termina sa trajectoire, pied en avant vers celui qui ouvrait, la semelle renforcée de sa tenue percuta le haut de son dos en l'envoya traverser la porte avec un cri, terminant de l'ouvrir en l'envoyant au sol, son collègue ne fut pas lent à agir et sortit une arme à feu qu'il tenta de pointer sur elle mais il était déjà au corps à corps. La main de Mei Ling frappa son poignet et la balle se perdit dans le plafond de béton au dessus d'eux, son pied percuta le plexus solaire de l'homme qui se tordit de douleur. Elle se recula in extremis pour éviter le couteau papillon sortit par son premier adversaire, ces garçons n'étaient pas venus plaisanter on dirait, son genoux frappa son ventre et sa main rattrapa le couteau qui venait de lui échapper avant de le planter dans l'arrière de sa cuisse, déclenchant un cri de douleur, son collègue désarmé, le prit par le col et ils entamèrent de prendre leurs jambes à leur cou. Mei sentit du mouvement et tourna la tête pour croiser la regard de Jinny qui semblait avoir été encore plus réactive à se lever que prévu et semblait déjà se préparer à lui mettre le grappin dessus. Elle réprima un juron dans sa gorge et pris immédiatement la fuite sur la droite.

Codage par Libella sur Graphiorum réarrangé pour usage personnel

Une bonne nuit de sommeil. Même pas forcément une bonne nuit de sommeil – rien qu’une nuit complète, ça lui suffirait, et tant pis si elle était pleine de cauchemars ou de rêves psychédéliques. Une nuit de sommeil, donc, c’était tout ce que demandait Jinny, et c’était vraiment ce qu’elle avait pensé pouvoir enfin décrocher, ce soir, quand elle s’était effondrée dans son lit après près de 72 heures de lutte et de patrouilles incessantes. Comme ils s’y étaient tous attendus, Brainiac était arrivé, et si Jinny n’avait pas été dépêchée dans l’épicentre de l’action, le reste du pays, y compris Gotham, n’était pas en reste. Emeutes dans les rues, criminalité en hausse alors que Black Mask, le Pingouin, et autres tristes sires profitaient du chaos ambiants pour faire fructifier leurs affaires, attaque occasionnelle de soldat de Brainiac égaré : Jinny Hex était sur tous les fronts, et Jinny Hex était épuisée. Alors, cette nuit, elle prenait une pause bien méritée, retranchée derrière les murs supposément rassurants d’une chambre d’hôtel bon marché, enroulée dans les draps avec le poids rassurant de Sawyer endormi sur ses jambes. La malle de Jonah avait été laissée en sûreté au Mont Justice – elle n’en avait extrait que quelques objets dont elle était certaine de la fonction et de l’efficacité, et demain, elle retournerait au front, un peu plus reposée, l’esprit et l’œil un peu plus clair, la gâchette plus assurée. Et elle espérait que les copains de la Young Justice, dont elle savait que la plupart étaient à Metropolis, arrivaient eux aussi à trouver quelques minutes de paix dans ce bazar sans nom. Et surtout, qu’ils étaient en sécurité.

Elle dormait à poings fermés, quand Sawyer commença à grogner – bien conscient, lui, des deux intrus qui cherchaient à entrer dans la chambre – mais elle se réveilla en sursaut lorsque la porte vola en éclats avec cris, pertes et fracas. Stupéfaite, et pendant un instant, proprement terrifiée, Jinny assista à la déculottée qui s’ensuivit : deux types à l’air pas très recommandables, et une silhouette costumée, et masquée, qui lui fit d’abord penser à quelqu’un de la batfamily, peut-être… avant de se rendre compte que non. Pas le bon animal. Ce masque, ce n’était pas un masque de chauve-souris – ça, c’était un hibou. La réalisation, soudaine et brutale, agit comme une véritable décharge électrique. Ecartant d’un coup les draps, Jinny attrapa son pistolet-laser fétiche sur sa table de chevet et bondit du lit à l’instant même où le hibou mettait en déroute ses deux adversaires, et croisa son regard. « Hey ! » l’interpella-t-elle, alors que la dangereuse silhouette prenait ses jambes à son cou. « Shit. » jura-t-elle entre ses dents. Elle enfila ses bottes en quatrième vitesse, attacha sa ceinture avec son deuxième pistolet à sa taille, et s’engouffra dehors à son tour. « Toi, tu restes là. » intima-t-elle à son pauvre chien dérouté en refermant la porte à clé derrière elle. Et à son tour, Jinny s’élança dans la nuit gothamite, courant à toutes jambes à la poursuite de son mystérieux intrus.

Un hibou. Ces derniers temps, elle en avait pas mal entendu parler, des hiboux, Jinny : d’abord par Cain, qui lui avait raconté l’étrange visite nocturne dont il avait fait l’objet par quelqu’un dont la description ressemblait étrangement à son visiteur à elle, puis par Jason, qu’elle avait interrogé sur le sujet. La Cour des Hiboux, vieille légende urbaine de Gotham – mais elle n’en avait jamais vu de ses propres yeux, de ces hiboux, alors avait-elle réellement affaire à un de ces redoutables assassins ? Ou un copycat ? Est-ce qu’elle avait été une cible, ce soir ? Jinny jura entre ses dents en voyant la silhouette bondir et grimper le long d’une échelle en direction du toit avec une rapidité et une aisance déconcertantes. A son tour, elle grimpa les échelons, aussi vite qu’elle le put, sans se soucier de glisser et perdre l’équilibre – quel étrange tableau elle devait offrir, à poursuivre quelqu’un en pyjama, au beau milieu de la nuit, avec des flingues tout droit sortis d’un film de science-fiction. Mais Jinny Hex ne s’était jamais souciée du ridicule, ni de sa réputation, et elle n’allait certainement pas commencer maintenant. « Hé ! » aboya-t-elle encore en se hissant sur le toit – bon sang, mais c’était un ninja, cette personne ?! Elle était déjà pratiquement à l’autre bout du bâtiment ! Jamais elle ne la rattraperait comme ça ; alors Jinny décida de changer d’approche, avisa un panneau publicitaire, et tira sur ses jointures, libérant des faisceaux lasers brûlants qui les firent sauter dans un bruit d’enfer, et le panneau s’écroula sur lui-même, interrompant la route de sa proie. « Arrêtez-vous ! » Mais elle avait beau s’époumoner, la cowgirl, le hibou ralentit sa course, mais ne s’arrêta pas, franchissant d’un bond l’espace qui séparait l’hôtel de l’immeuble suivant. Oh merde. Mais tant pis, Jinny n’y réfléchit pas à deux fois, accéléra encore sa course, foula le parapet… et bondit à son tour par-dessus le vide, en espérant vraiment très fort ne pas avoir sous-estimé ses capacités de saut en longueur. Quelques secondes suspendue dans le vide, son cœur tambourinant dans sa poitrine ; et Jinny atterrit de l’autre côté, perdit l’équilibre, roula par terre sans aucune grâce et les coudes et les paumes des mains écorchées, mais vivante. Et son hibou, toujours en ligne de mire. « Je le répèterai pas ! » s’écria-t-elle en se relevant précipitamment. C’était sûrement une très mauvaise idée, mais maintenant qu’elle l’avait en tête, elle ne s’arrêterait pas. Pas avant d’avoir perdu son hibou de vue, ou de lui avoir mis la main dessus.

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Pas le temps de regarder en arrière, Jinny était sur ses traces et la jeune fille était résolument un poursuivant tenace, elle avait moins de mal à imaginer ce que ça pouvait donner quand elle courrait après un criminel pour toucher sa prime. Ca avait quelque chose d'aussi grisant que terrifiant vu la situation, elle espérait presque se faire prendre, mais ce n'était pas encore l'heure, elle n'avait pas encore décidé que c'était nécessaire, ses mains agrippèrent une échelle de maintenance et elle bascula d'un unique geste agile à l'étage supérieur, elle avait besoin de trouver un point ou accrocher son grappin et fuir d'ici au plus vite, elle nota un panneau publicitaire, de là-haut elle aurait plus d'amplitude, les crise de Jinny derrière elle étaient déchirant, elle avait l'impression de l'abandonner, comme elle avait abandonné Jonah. Un éclair d'énergie la sortit de sa rêverie et pulvérisa le panneau qui tomba lamentablement devant elle, le plan B c'était mort. Au plan C à présent, un immeuble non loin, elle ne la suivrait pas, des années d'entraînement lui avait appris à l'employer à 100% pour maximiser ses performances physiques, le gouffre n'était qu'un saut régulier pour elle. Elle vit cependant derrière elle que sa descendante refusait de s'arrêter, elle se planta presque pour lui dire de ne pas le faire mais il était trop tard. Mei Ling serra les dents avant de la voir atterrir presque par miracle, mais elle avait ralenti l'allure et se trouvait dans la ligne de tir de l'étrange arme que brandissait la rouquine, vu ce qui était arrivé au panneau précédemment elle préférait ne pas tenter sa chance, elle se figeât sur place, son cœur battant à un rythme furieux dans sa poitrine. Ce n'était définitivement pas le moment, rien n'était complétement prêt, elle déglutit avec difficulté en se retournant, faisant face à celle qu'elle voulait sauver, un couteau de lancer glissé dans sa main. Son cœur manqua un battement en voyant son air déterminé, le même que pouvait afficher Jonah.

-Je suis arrêtée, qu'est-ce que tu vas faire maintenant?

Elle profita du très bref doute installé pour projeter son couteau vers l'étrange arme de Jinny, sur le bord pour gêner sa visée d'un choc brusque sans risquer qu'il ne se plante de son corps, tout en projetant son corps sur le côté opposé pour éviter tout tir réflexe. Elle continua son mouvement pour rouler derrière un système d'aération. Elle prépara quelques billes fumigènes. Elle ne voulait aucun mal à Jinny, mais elle devait être convaincante. La jeune fille avait été difficile à berner même en tant que Sun. Elle avait dut jouer sur la corde raide et ne pas attirer de soupçon, son identité d'assassin devait être indiscutable.

-Tu devrais partir, tu n'es pas ma proie. Mais je ne retiendrait pas mes coups.

Elle espérait que ce soit suffisant, mais elle savait que ce ne serait pas assez pour l'impressionner, les billes roulèrent entre elles avant de libérer de la fumée aux alentours, le couvert idéal pour tenter de prendre la fuite tout en faisant croire à un assaut frontal, elle prit la tangente à l'opposé de la fumée et sortit son pistolet-gappin qui se propulsa vers l'immeuble voisin avant de se vaporiser dans les airs. Jinny avait vu clair dans son jeu et se tenait sous son nez, son pistolet étrange braqué sur elle, impossible d'esquisser le moindre mouvement discret à cette distance.

-J'aurait dut m'y attendre.

Négligence? Difficile de l'affirmer. Ca aurait été insulter l'intelligence de Jinny. Même à peine réveillée et en pyjama, son esprit avait fait un bon choix stratégique.

-Et maintenant?

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Et maintenant ? Elle avait hésité – avait raté son tir une première fois, à cause du couteau que lui avait envoyé le hibou, et maintenant… maintenant, quelque chose retenait sa main. Ou son doigt sur la gâchette. Ou sa tête. Elle n’en savait vraiment rien, mais pendant une brève seconde, bien trop longue, bien trop cruciale, elle avait hésité. Quelque chose clochait, non ? Elle n’était pas une experte en Cour des Hiboux, mais Jason ne lui avait-il pas dit que ces gens-là, et surtout leurs assassins, ne laissaient jamais un travail inachevé derrière eux ? Elle avait été complètement dingue, de suivre la silhouette fantômatique dans la nuit gothamite. Formation sommaire aux techniques de la Ligue des Assassins ou non, elle savait pertinemment qu’elle n’avait littéralement aucune chance face à un Talon. Et au fond d’elle-même, Jinny était convaincue que le Talon le savait aussi. Alors pourquoi est-ce qu’elle était toujours en vie ? La silhouette affirmait qu’elle ne retiendrait pas ses coups mais… elle n’en avait distribué aucun. Elle n’avait fait que fuir et se défendre sans lui faire la moindre égratignure, alors qu’il lui aurait fallu, quoi. Vingt seconde chrono pour lui bondir dessus et lui trancher proprement la gorge ? Quelque chose clochait. Quelque chose clochait, et Jinny sentait cet étau se resserrer sur sa poitrine, comme pour l’avertir que d’ici quelques instants, quelque chose de terrible allait fracasser leur étrange duel qui n’en était même pas vraiment un.

Jinny laissa échapper un juron alors que la fumée lui obstruait la vue, mais, maladresse de la part du Talon ou coup de chance – probablement coup de chance – elle parvint à apercevoir le perchoir que visait son drôle d’oiseau, et se hâta de devancer son adversaire, couvrant sa bouche et son nez de son t-shirt de pyjama pour éviter de s’étrangler avec les fumigènes. Et il était là. Le hibou. Face à elle, face au canon de son fichu pistolet du futur, un reflet terrifiant dans les grandes lentilles opaques de son masque aussi cauchemardesque qu’élégant, étrange équilibre entre esthétisme et imagination malade. Une créature tout droit sortie d’un mauvais songe. Une créature tout droit sortie d’un de ces contes sombres auxquels seule Gotham pouvait donner naissance. Un frisson remonta le long de son échine. Putain. Qu’est-ce qu’elle fabriquait. « Maintenant ? » répéta-t-elle d’une voix qu’elle espérait assurée. Tout en ne l’étant pas du tout. Reprends-toi, Jinny. C’est le Talon dans ta ligne de mire, pas l’inverse. Ou pas. « Maintenant, on cause. » Tu vas le regretter, Jinny. La voix dans sa tête était claire comme du cristal. Mais devant elle, et entre elle et ce Talon se dessinait maintenant un chemin – et Jinny avait le sentiment irrépressible qu’elle n’avait pas d’autre choix que de le suivre.

Le doigt sur la gâchette, les yeux dardés sur le Talon, Jinny restait sur ses gardes, parfaitement immobile, prête à bondir si jamais son adversaire tentait quoi que ce soit, et elle savait que là s’engageait non seulement un duel d’adresse, mais aussi et surtout un duel de patience. Et de nerfs. Et Jinny Hex estimait avoir les nerfs solides – la question était de savoir si le Talon la battait aussi à ce jeu-là. Pour être honnête ? Probablement. « C’est toi, le Talon qui me surveille ? » demanda-t-elle, sans doute un peu abruptement – de l’assurance pour cacher le fait qu’elle avait froid, sur ce toit battu par les vents glacés et humides de Gotham, qu’elle était totalement hors de son élément, qu’elle prétendait, de A à Z, être plus impressionnante qu’elle ne l’était réellement. Un lionceau qui gonfle le dos pour imiter son aïeul. Momma would be proud. « Je sais que l’un de vous garde un œil sur moi. Et il me semble que la Cour a des ennemis plutôt hauts placés, donc j’ai du mal à croire que t’aies vraiment eu une cible dans un quartier aussi mal fichu que celui-ci. » Hors de question de lâcher le nom de Cain. Si ce Talon était bien celui qui avait rendu visite à son désormais ami, alors il – ou elle – comprendrait de qui elle parlait. Et si ce Talon n’était pas le bon Talon, Cain ne sera pas en danger. « Et si c’était moi ta cible, tu m’aurais déjà chantonné ta comptine, et la GCPD m’aurait retrouvée dans une mare de sang depuis longtemps. » La voilà, la vérité toute nue. Jinny n’était en vie que parce que ce Talon, pour une raison qui la dépassait, l’avait voulu. Pourquoi, là était la question. Pourquoi la sauver. Pourquoi garder un œil sur elle. Une multitude de pourquoi et de comment qui s’entrechoquaient dans son crâne, et des réponses qui se tenaient juste là, sous le masque aux yeux hantés de son interlocuteur. « Maintenant, je veux savoir qui tu es, et ce que tu veux. La suite, on verra après. » Ca se voyait, hein, qu’elle n’avait pas choisi le club d’impro, au lycée.

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Son aplomb était impressionnant, même si Mei Ling sentait les faiblesse derrière cette détermination, elle devait avouer que Jinny ne reculait pas face à l'adversité, analysant avec une grande clarté la situation. Elle devait lui reconnaître ça, elle ne perdait pas le nord la petite texane, elle se posait les bonnes questions et visiblement l'avait déjà repérée. Mei Ling avait fait preuve d'imprudence, elle avait été trop négligente et elle s'en voulait car désormais elle avait peur, elle était terrifiée de devoir retirer son masque et dire la vérité, de devoir révéler à Jinny qui elle était. Les mots de Cain Turnbull, la prophétie qu'il lui avait faite, ça se réalisait désormais, ses plus grandes craintes se concentrait en cet instant. Derrière la protection bien éphémère de son masque, elle n'en menait pas large la femme d'un autre temps, l'arme ne lui faisait pas peur, elle savait que l'electrum la relèverait, elle ne pouvait plus mourir tant que la cour ne le décidait pas, elle leur appartenait, et Jinny venait de briser ses plans, non, elle venait de le faire toute seule en étant trop imprudente, c'était indigne de son entraînement et elle le savait. La seule qui était à blâmer pour la situation actuelle était elle, ses poings se serrèrent de frustration et elle ne bougeât pas alors que venait la première question.

-Oui, c'était moi.

Inutile de se cacher, Jinny se mit à décortiquer avec minutie les éléments à sa disposition avec un talent que Jonah n'aurait pas envié, l'instinct incroyable des Hex en action, comme si les démons de cette famille avait imprimé en eux ce sens aigu de la vigilance et ce talent pour recoller les puzzles. Mei Ling sentait presque que si la réponse n'avait pas été aussi invraisemblable, elle aurait put venir à la conclusion elle-même, même si cela ne l'arrangeait pas vraiment, elle n'en était que plus fière de sa descendante, de sa capacité à voir au-delà des apparences. Elle savait que ça ne collait pas, et la pièce manquante était à sa portée, offerte sur un plateau d'argent par sa faute. Les questions suivantes scellaient leur destin, inutile de fuir désormais, les masques tombaient littéralement et plus rien ne serait pareil. Difficile de dire si la honte ou la peine qu'elle ressentait pour le fardeau qu'elle allait lui imposait était le pire snetiment en elle à cet instant, mais elle ne pouvait pas fuir éternellement. Sa main saisit la cagoule qui révéla rapidement son visage, celui de celle qu'elle connaissait sous le nom de Sun, une amie à qui elle s'était confiée, une personne de plus qui jouait double-jeu dans son entourage. Sa gorge était sèche.

-Je suis Mei Ling Hex, veuve de ton ancêtre Jonah Hex, je suis ton arrière-arrière-arrière grand-mère. Et ce que je veux...

Elle la regarda quelques instants, en silence.

-Ce que je veux, c'est pouvoir vivre libre à tes côtés et être pardonnée d'avoir abandonné Jonah et Jason, de les avoir crue perdus et d'avoir fait preuve de faiblesse.

Son regard fermement planté dans le sien, elle comprenait qu'il était inutile de mentir ou de cacher quoi que ce soit à présent, elle n'en avait plus la force, ni l'envie. Elle comprenait que cela n'avait pas de réel sens et que sa plus grande peur au final était d'affronter Jinny sur un pied d'égalité lorsqu'elle lui parlait, de subir son rejet, ironiquement elle allait sans doute le provoquer, ce rejet.

-Sun est une couverture que m'a offerte la cours des hiboux pour me rapprocher de toi et me montrer que si ils ne te faisaient aucun mal, tu restait à leur portée. Je ne t'ai pas observé, je t'ai protégée.

Codage par Libella sur Graphiorum réarrangé pour usage personnel

Ah, les joies de la famille, hein. On vivait une vie tout à fait normale, sans histoires particulières – une maman célibataire, un papa démissionnaire, un ancêtre un peu célèbre. Et du jour au lendemain, on ouvrait la boîte de Pandore, et tout partait à vau-l’eau. Dans son cas, la boîte de Pandore était littéralement une malle dont l’intérieur était bien plus vaste que ce que laissait penser l’extérieur, mais le résultat était le même. Puis l’on découvrait qu’une ancienne guerre familiale était toujours d’actualité, tellement d’actualité qu’on en créait des enfants soldats pour infiltrer et assassiner l’ennemi en douce. Et pour conclure, parfois, quand on avait vraiment de la chance ou qu’on s’appelait Jinny fucking Hex, on découvrait aussi qu’une ancêtre censée était passée à trépas environ un siècle auparavant foulait toujours la terre du côté des vivants. Et qu’au passage elle avait rejoint les rangs d’une société tellement secrète qu’elle avait titre de légende, en tant qu’assassin d’élite. Voilà ce que c’était, le sens de la famille chez les Hex. Peut-être que l’aveu méritait d’être accueilli avec un peu plus de gravité. En réalité, Jinny ne savait même plus ce qu’elle ressentait. De l’abattement. De la lassitude. Le choc, évidemment. Le masque de l’assassin tomba, et même en championne de l’impassibilité quand elle y mettait l’effort, Jinny fut parfaitement incapable de réprimer l’expression de parfaite stupéfaction qui figea ses traits blêmis. C’est pas vrai. C’est une blague. Pas elle aussi ? « Sun ? » articula Jinny, hébétée. Non. Pas Sun. Mei Ling.

Mei Ling fucking Hex.

Bien sûr que le nom lui était familier. Familier seulement, parce que l’Histoire était toujours particulièrement injuste avec les femmes et avait une tendance marquée à les effacer au profit de leurs maris, leurs frères, leurs chefs – qu’importait, et Mei Ling n’avait pas échappé à la règle. Après la découverte du coffre de Jonah, Jinny avait suivi les conseils de sa mère et s’était plongée dans la lecture de ses biographies diverses et variées, dans lesquelles Mei Ling revenait toujours ; une présence fantomatique, toujours entourée d’un certain mystère, parce que tous les détails la concernant s’étaient perdus quelque part dans la chronologie. Première femme de Jonah, mère de leur fils Jason, elle avait visiblement quitté Jonah à un moment mais les historiens ne s’étaient jamais tous mis d’accord sur la raison. Il semblerait bien que Jinny aurait peut-être tout le loisir de lui poser la question elle-même. Parce que dans cette ville où ce genre de discours aurait dû l’envoyer directement à l’asile d’Arkham, Jinny y crut, à son histoire. Instantanément. D’une manière totalement lunaire, ça avait du sens. Beaucoup trop de sens. L’arrivée discrète de Sun dans sa vie. Cette connivence un peu inexplicable entre elles. Cain qui lui avait avoué la visite d’un Talon de la Cour des Hiboux chez lui. Le mystère qui entourait son arrière-arrière-grand-mère depuis toujours. Ces rumeurs comme quoi elle aurait été un maître en arts martiaux – supposition jamais étayée par les historiens mais qui d’un seul coup prenait tout son sens. Le cœur de Jinny chuta des kilomètres plus bas dans sa poitrine. Elle la croyait, la prétendue Mei Ling. Mais ça n’en restait pas moins un fichu mur de briques qui lui tombait sur la tête. Encore des secrets. Encore des mensonges. Encore des dangers dont elle ignorait jusqu’à l’existence jusqu’à ce qu’il soit presque trop tard.

Visage blême et mâchoire crispée, Jinny abaissa doucement son arme – à quoi bon la maintenir en joue, elle avait bien dit que ce n’était pas elle le danger, non ? Et Cain aussi l’avait crue. « Protégée ? Contre qui – contre la Cour ? » Oulà, il était peut-être temps d’accélérer à la détente, Jinny. Elle l’avait bien dit : une identité pour se rapprocher d’elle tout en maintenant un moyen de pression, c’est ça ? En se concentrant, Mei Ling aurait peut-être pu entendre les rouages du cerveau de Jinny tourner à toute allure. Elle savait grâce à Jason que la Cour des Hiboux était capable de créer des assassins virtuellement immortels, mais ramener les morts à la vie ? A moins que Mei Ling n’ait toujours fait partie de la Cour, et que les rapports de sa mort n’étaient que fabrication ? « Pourquoi la Cour en a après moi ? Parce que je suis ton… ton arrière-arrière-petite-fille ? Ou est-ce qu’ils en ont après la malle de Jonah ? » demanda-t-elle en essayant – en vain – de dissimuler le manque d’assurance dans sa voix. C’était pas possible. Et en même temps, complètement possible. « Comment est-ce qu’ils t’ont ramenée ? Tous les livres d’histoire disent que tu es morte il y a des années ! Et qu’est-ce que tu fais à la Cour ? Pourquoi – c’est quoi le rapport avec Jonah et Jason ? » De silence choqué, Jinny passait à avalanche de questions, pas forcément dans l’ordre, pas forcément pertinentes non plus, mais Mei Ling pouvait-elle la blâmer ? Il y a une heure encore, Jinny était l’arrière-arrière-petite-fille d’une légende du Far West, orpheline et détentrice d’un coffre maléfique bardé de trucs plus louches les uns que les autres. Maintenant, elle était toujours ça – mais en plus elle était l’arrière-arrière-petite-fille d’une assassin de l’organisation la mieux cachée de tout le pays. Qui était toujours en vie. Stop. Ca suffit. Les révélations, elle en faisait une overdose, là, tout de suite. « … je comprends pas. » fut tout ce qu’elle parvint à articuler. Les yeux remplis d’incompréhension, l’arme pendant au bout de son bras inerte, le visage teint d’une expression de détresse qui n’avait qu’une personne à appeler à elle : celle-là même par qui l’omerta s’était brisée. Il n’y avait que Mei Ling, pour l’aider à trouver du sens dans ce nouveau pan délirant de leur étrange histoire familiale.

Spoiler:

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Elle pouvait voir toutes les émotions passer sur le visage de Jinny, chacune d'entre elle, on l'avait entraînée à percer ce genre d'indices, à découvrir les sentiments animant les autres pour mieux les manipuler. Elle entendait son maître lui expliquer en détail les profondeurs du moindre froncement de sourcil, du moindre mouvement du coin des lèvres. Qu'est-ce que tout ça lui apprenait? Cela lui disait que sa descendante souffrait, qu'elle était confuse, incapable de pouvoir donner du sens à ce qui n'en avait pas, elle n'avait pas besoin d'instinct pour savoir que ce soir quelque chose se brisait. Son cœur se serrait de douleur, son âme semblait vouloir s'échapper de son corps, elle pouvait revoir Jonah la première fois qu'elle l'avait quitté, cet air de tristesse infinie. Et comme alors, elle restait impassible, d'autant que désormais elle était la seule famille vivante de Jinny, elle devait se montrer forte pour elle, la laisser digérer tout ça à son rythme, faire preuve de patience et d'amour, ça ne suffirait sans doute jamais, c'était trop tôt peut-être pour chacune d'elles, les astres n'étaient pas alignés, mais désormais elle ne pouvait que faire face aux conséquences de ses actions. Si elle avait espéré éviter ça, elle n'était pas stupide au point de se penser à l'abri de cette éventualité, elle l'avait repoussé, mais jamais oubliée. Au fond d'elle, elle savait que Jinny et elle devait avoir cette discussion. Elle acquiesça simplement quand elle demanda pour la cour, sa simple naissance en avait fait une cible, une source pratique de motivation pour un élément dont on voulait s'assurer le contrôle total, des conditions à sa liberté relative.

La question sur la malle de son côté l'étonna un peu plus, elle avait noté cette étrange malle que Jinny trimballait un peu partout, mais la cour n'en avait jamais fait mention. Elle n'eut pas le temps de répondre et d'éclaircir que d'autres questions se bousculaient, suivie d'un constat simple, d'une conclusion évidente. Trois mots pour exprimer un mal-être dont elle était la source, alors même si tout ça était fou, il y avait un geste qu'elle se devait de faire, quelque chose dont elle avait rêvé et que tout son être l'appelait à faire. Ses bras enveloppèrent avec tendresse la jeune rouquine, le contact avec elle lui donna instantanément l'impression d'être à la maison, que son voyage touchait à sa fin, cela l'aida également à camoufler dans un premier temps les larmes qui perlaient au bord de ses yeux, des larmes emplie de toute la compassion pour l'épreuve qu'elle faisait subir à Jinny, elle qui n'avait rien demandé d'autre que la vie libre qu'elle méritait. Jamais elle ne pourrait comprendre l'étendue du sacrifice qu'elle lui demandait, mais elle ne doutait pas que quoi qu'il arrive elle lui donnerait tout son amour et tout ce qu'elle avait, tout ce qu'elle était.

-Je suis désolée Jinny, Jonah et moi ne t'avons légué que des ennuis. Mais je vais faire tout ce que je peux pour te sortir de là.

C'était une promesse, un serment sacré qu'elle lui faisait. Tous ses efforts depuis son réveil à cette époque moderne et folle avait tendu vers cet objectif, chaque jour la rapprochait de son objectif, mais elle avait besoin de temps pour rassembler les éléments nécessaires et l'aide appropriée,  après tout elle partait de rien à cette époque différente de la sienne.

-Ce sont mes démons qui viennent te tourmenter, Jonah ne savait pas tout sur moi, j'ai été recrutée bien avant de le connaître. Quand ils ont annoncé sa mort... puis celle de notre fils... je...

Elle avait du mal à continuer, mais elle devait au moins ça à Jinny, il n'était plus question de sa propre personne, face à la douleur évidente de Jinny, elle devait rester forte.

-Ils ont fait de moi un de leurs talon, un de leurs assassins. Sans ma famille, mon souhait d'une vie pacifique n'avait plus de valeur, j'ai été faible. Puis un jour ils m'ont réveillée pour aider à chasser le Batman, et ils m'ont parlé de toi. Crois-moi, j'aurait voulu faire autrement, mais le risque était trop important.

Elle avait tout fait pour rester honnête avec elle, ne pas trop déformer ses paroles, se montrer honnête malgré le fait qu'elle devait conserver son identité et ses affiliations secrètes. Ce burger avec elle avait hanté ses pensées pendant des jours, tout ce qu'elle aurait voulu dire, l'impression d'avoir gâché quelque chose, une occasion. Elle était prête à tout affronter désormais que les masques étaient tombés, mais elle voulait que Jinny prenne ses décisions en connaissance de cause. Après tout, c'était aussi son rôle désormais.

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Et soudain, un millier de murs s’effondrèrent autour de Jinny, dans un fracas assourdissant ; et il n’y eut guère que les bras de Mei Ling autour d’elle pour la protéger des débris meurtriers qui volaient en éclats dans sa pauvre tête en friche. Une étreinte surprise, qui la prit complètement au dépourvu ; soufflé coupé et cœur au bord des lèvres, alors qu’une voix dans son cerveau lui hurlait de reculer, de s’écarter au plus vite, pendant que son cœur et le reste de sa tête refusaient absolument de bouger. Reste là, lui disaient-ils en la clouant sur place – fais-nous confiance. Et fais-lui confiance à elle, aussi. Enveloppée dans les bras de Mei Ling, Jinny se sentit soudainement petite fille à nouveau, et elle se sentit très bête, aussi, figée là, les bras ballants, en proie à un millier d’émotions contradictoires qui explosaient dans sa poitrine en un feu d’artifice douloureux. Mei Ling Hex. Son arrière-arrière-grand-mère, revenue d’entre les morts. Elle n’était vraiment plus la dernière des Hex, alors ? Il restait vraiment quelqu’un d’autre qu’elle ? Elle n’osait même pas y penser, n’osait pas encore formuler les mots dans sa tête, n’osait pas y croire ; et pourtant, elle y croyait déjà, sentait sa volonté fléchir et fondre comme neige au soleil, en même temps que sa méfiance. Elle la croyait. C’était complètement dingue, c’était impossible, mais elle la croyait, et aussitôt elle crut s’étrangler de frayeur à l’idée de peut-être encore se faire avoir, et elle ravala ce sale réflexe tout au fond de sa gorge, l’étouffa, choisit de le faire taire, parce que bon sang, qu’est-ce qu’elle crevait d’envie d’y croire.

Elle était bouleversée, Jinny, en écoutant le récit de Mei Ling dans son oreille ; et machinalement, elle referma à son tour ses bras autour de la taille de son aïeule, prudemment d’abord, comme craignant de se couper sur une lame aiguisée, puis elle serra un peu plus, cédant à l’émotion qui la frappait de plein fouet comme un tsunami. C’était la première fois. Première fois que quelqu’un, dans cette foutue famille, manifestait le moindre souci de ce que leur héritage pouvait bien lui imposer. Son père s’était tiré avant sa naissance, laissant bien comprendre l’intérêt qu’il portait à sa fille. Sa mère avait profité de ses derniers instants pour lui révéler un secret familial en passant le reste sous silence. Et il n’y avait plus eu personne d’autre. Rien que des livres d’histoire et sa débrouillardise. Mei Ling n’avait pas toutes les réponses, elle non plus, mais bon sang, que c’était terrible, de l’entendre au moins reconnaître à quel point tous ces secrets de famille étaient lourds à gérer, et de l’entendre lui tendre la main, au lieu de la planter là sans plus de cérémonie. Elle souffrait aussi, Mei Ling, Jinny l’entendait dans sa voix, et l’arrière-arrière-petite-fille resserra encore un peu plus ses bras autour de l’aïeule, les larmes aux yeux, elle aussi, résistant vaillamment au tournis que toutes ces révélations lui balançaient dans la figure. Mei Ling Hex, vivante. Mei Ling Hex, Talon de la Cour des Hiboux. Et ben. Quelle journée, dites.

« Donc… ils te tiennent en otage ? » demanda-t-elle dans un souffle à moitié étouffé contre l’épaule de Mei Ling. Ils la tiennent en otage, en l’utilisant elle, l’héritière, la dernière famille qu’il lui reste ; et ça en disait long sur Mei Ling, ça, qu’elle se soucie d’elle, qu’elle s’était souciée d’elle avant même de l’avoir jamais rencontrée en chair et en os. C’était douloureux, comme constat, autant que réconfortant. « Marrant. Ils auraient fait ça avec mon père, pas sûre qu’il aurait accepté le marché. Alors que toi, alors que t’aurais pu t’en foutre… » C’en était presque comique. Dommage qu’à la place, ce soit aussi tragique. Mais au moins, elle savait, maintenant ; le soulagement d’un mystère levé, le soulagement de savoir qu’il n’y en avait pas un énième qui se cachait derrière. D’accord, la situation était dramatique, à n’en pas douter, mais au moins, elle savait dans quoi elle mettait les pieds, maintenant. Même si c’était terrifiant. Même si c’était douloureux. Et pour la première fois depuis bien longtemps, elle n’était pas la seule Hex à faire face à l’adversité. « Et maintenant ? » demanda-t-elle dans un filet de voix, en tentant tant bien que mal de se reprendre. « On peut pas rester comme ça. Tôt ou tard, ils décideront qu’ils n’ont plus besoin de toi, ou de moi, ou ils changeront de tactique et deviendront plus agressifs. Ou ils s’apercevront que tu m’as tout raconté. » Ce qui n’était probablement pas dans leurs plans de départ, si ? La culpabilité alluma un brasier dans sa poitrine, et elle se détacha de Mei Ling pour mieux la regarder, une lueur déterminée dans ses yeux encore rouges et humides. « Si tout ce que tu m’as dit est vrai, on… toi et moi, on est les dernières Hex en vie. Il est pas question que je te laisse toute seule dans ce pétrin. » Sauf que si Mei Ling était dans le pétrin, maintenant, ce serait possiblement un peu sa faute ; et Jinny baissa à nouveau les yeux en se faisant cette réflexion. « Je t’ai forcé la main. Je pensais pas… » Découvrir son arrière-arrière-grand-mère sous la capuche d’un talon ? Clairement pas. Mais ce qui est fait est fait – et maintenant, elles n’ont plus d’autre choix que d’aller de l’avant.

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Le spectre des démons Hex, celui d'une histoire compliquée transmise à chaque descendant, celle de l'incapacité à se lier sans souffrir, celle qui avait fait détruire tout ce que Jonah avait lutté pour avoir. Difficile de savoir jusqu'ou cela remontait, et elle n'avait jamais rien trouvé pour l'aiguiller sur un moyen d'y mettre un terme, très spirituelle, Mei Ling avait toujours pensé qu'il n'y avait bien que la patience et la discipline qui pouvait y venir à bout, mais en tenant Jinny dans ses bras, alors que le monde semble enfin être en place pour une fois, elle se dit qu'il aurait simplement fallut se donner le temps que les choses évoluent. Avait-elle été injuste envers Jonah? Elle ne le pensait pas, car bien malin celui qui pensait pouvoir prédire l'avenir, peut-être que c'était comme cela que les choses devaient être, et que quelque part dans un plan d'existence plus paisible, l'as de la gâchette avait trouvé la félicité comme son père, qu'il les protégeraient du mal.

Car dans un sens, elle savait qu'une intervention divine ne serait pas de trop pour leur permettre d'échapper à la cour, une organisation qui avait des billes bien au delà des limites de leur ville d'origine, une organisation tentaculaire qui avait apporté la prospérité à une élite nantie, une élite qui avait sa propre armée d'assassins privée. Oui, les démons qu'elle avait amenée avec elle était terrifiant, mais Jinny était forte, l'absence de son père ne l'avait pas empêchée de devenir la personne formidable qu'elle était aujourd'hui, elle avait foi en elle, foi dans sa capacité à affronter l'avenir. Loin d'être étrangère au bizarre, elle semblait enregistrer rapidement ce flot d'information et cet univers de nouvelles possibilités qui s'ouvrait, Mei Ling espérait juste que cela n'était pas trop égoïste, que comme pour Jonah, elle n'en demanderait pas trop à la jeune fille. Elle était tout ce qui restait de l'héritage des Hex, un héritage qu'elle avait juré de préserver en emmenant avec elle Jason. Elle n'avait pas eut le temps d'être vraiment mère, les femmes d'aujourd'hui avaient du mal à comprendre la chance qu'elles avaient de pouvoir rester en contact avec leurs enfants avec la technologie moderne. Jason n'avait pas put mourir, la cour avait menti, sinon Jinny n'aurait jamais existée. Quelle vie avait-il eut? Avait-il retrouvé son père comme il l'avait juré? Avait-il appris sa mort officielle? Elle espérait ne pas lui avoir fait de mal à son fils adoré.

-Si nous sommes les dernières en vie, alors oui, nous allons devoir nous aider. La cour ne se débarrassera pas de moi tant qu'ils me pensent loyale, obéissante, mais une fois que j'aurait mis en route mon plan ils nous pourchasserons. Je te protégerait jusqu'à mon dernier souffle.

L'electrum qui coulait dans leurs veines, cette malédiction qui les condamnait à rester pour toujours des machines à tuer, serait ce qui lui permettrait de la mettre à l'abri. Plus de vieillissement, plus de blessure mortelle, tant que l'on peut vous recoudre vous vivez. Une technologie quasi ésotérique entre les mains de mégalomanes dangereux, mais aussi l'outil le plus mortel qu'on puisse donner à un guerrier.

-Ne te blâme pas pour mes erreurs Jinny, tu n'as rien demandée de tout ça.

Elle lui fit un sourire confiant, non, elle n'avait aucun doute concernant la capacité de son arrière-arrière-petite-fille à gérer la situation, elle avait ça dans le sang d'une certaine manière.

-Ceux qui vont devoir présenter leurs excuses seront ceux qui s'opposeront à nous. Mon plan a encore besoin de quelques ajustements et j'aurait sans doute voulu rester Sun un peu plus longtemps pour ne pas te mettre ce fardeau sur les épaules trop tôt, mais il est impossible de faire marche arrière désormais. Le monde est un peu fou ces dernières semaines, mais il est entre de bonnes mains, et nous devront agir quand tout ce chaos sera terminé.

Son sourire s'élargit un peu quand son esprit projeta un bref aperçu de ce à quoi le futur pourrait ressembler, la vie paisible qu'elle pourrait avoir à profiter des siens.

-Et n'en veut pas au jeune Turnbull, mais il était déjà au courant, il m'avait même conseillé de te voir plus tôt. Je l'avait repéré, mais je n'ais pas été assez rapide pour éviter votre confrontation évidement. Je l'ai vu un peu après, il tient sa famille à l'œil pour moi, j'ait eut peur qu'ils interfèrent avec nos plans, mais ils semblent calmes ces derniers temps. Nous allons donc avoir une fenêtre d'opportunité.

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Il y aurait tant à dire, si elles avaient plus de temps. Quatre ans maintenant que Jinny déambule dans le monde, parfaite presque orpheline, avec aucune autre compagnie qu’un coffre bardé de bizarreries et quelques légendes familiales sans queue ni tête. Un père démissionnaire et disparu dans la nature, une mère qui avait rejoint le panthéon des Hex, des grands-parents disparus depuis longtemps, aucun frère et sœur ni même de cousin avec qui réclamer le titre de derniers héritiers du gunslinger le plus meurtrier de l’Ouest. Elle avait beau s’en être accommodée, de cette existence, il fallait bien aussi l’admettre : elle avait quelque chose de solitaire. A la fois dans l’absence de compagnie, et dans le silence qui répondait invariablement à ses questions. Mei Ling n’était rien de moins qu’un miracle. Un miracle tordu, empêtré dans la malédiction d’une Cour légendaire qui peuplait les cauchemars de tout gothamite qui se respecte, mais un miracle quand même. Déjà, un millier de questions se bousculaient dans sa tête, alors qu’elle essayait de remettre de l’ordre dans cette avalanche d’informations et de révélations, essayant de se superposer aux récits historiques visiblement incorrects qu’elle avait lu quant au destin de son énigmatique aïeule. Mais le temps, il leur manquait le temps – ce n’était pas exactement comme si elles pouvaient aller dans un café dans cet attirail et rattraper le temps perdu si facilement. Maintenant que les masques étaient tombés, le sablier était retourné ; et leur temps à elles, avant que la Cour ne leur tombe dessus, était compté.

Un plan. C’était la deuxième fois que Mei Ling parlait d’un plan, et Jinny sonda le regard de son aïeule, des points d’interrogation plein les yeux, suspendue à ses lèvres pour essayer de comprendre ce qu’elle pouvait bien vouloir dire. Un plan pour contre-attaquer si jamais la Cour venait à s’en prendre à elles ? Non, ça avait l’air d’aller plus loin que ça encore – Mei Ling veut précéder la Cour des Hiboux, les devancer, leur damer le pion. A quelles fins ? Le nom de Turnbull tomba à son tour entre elles, et la surprise passa à nouveau sur le visage de Jinny. Cain ? Cain était au courant ? Depuis quand ? Pourquoi ? Quel rapport entre elles, les Turnbull, et la Cour ? Le rappel de leur confrontation lui arracha un pincement au cœur, et plus encore, cette révélation inattendue, son ancien rival de connivence avec son aïeule pour… lui éviter de tomber entre les griffes de sa famille ? Pour peu, Jinny en aurait eu le vertige. « Une fenêtre d’opportunité ? » répéta-t-elle, comme un perroquet roux pris dans une tempête qui lui faisait un peu voler les plumes, là, tout de suite. C’était beaucoup d’information d’un seul coup quand même, mine de rien ; mais elle n’avait pas le luxe d’hésiter ni de perdre de temps, si ? La Cour pouvait les guetter, leur tomber dessus à tout moment. Les masques étaient tombés. Ce n’était qu’une question de temps avant que quelque chose ne se passe – et à ce moment-là, elle n’aurait pas le loisir de poser de questions. Seulement celui de réagir.

Mei Ling avait l’air confiante – alors Jinny décida, dans une poussée d’optimisme inhabituelle, d’avoir confiance, elle aussi. « Okay. Okay, toi et moi contre la Cour des Hiboux – ouais, ça m’a l’air totalement faisable comme plan. » rétorqua-t-elle, un peu sonnée encore, une ébauche de sourire aux lèvres ; le cœur battant dans sa poitrine, un peu bouleversée par la dévotion et la détermination dont son aïeule faisait preuve – pour elle. « Mais ce plan dont tu parles, qu’est-ce que c’est, exactement ? T’en parles comme si tu préparais ça depuis longtemps… Une fenêtre d’opportunité pour quoi ? » Un millier de questions se bousculaient dans sa tête, et le temps qu’elle en formule une, mille autres étaient déjà nées. Mais peut-être le moment n’était-il pas si bien choisi – Mei Ling était toujours dans son uniforme de Talon, elle était toujours en pyjama avec un pistolet à la main, et elles étaient toujours sur le toit d’un immeuble ; autant dire qu’elles auraient pu avoir une cible sur le dos pour la Cour et les autorités, ça n’aurait fait aucune différence. « Peut-être qu’on devrait continuer cette conversation dans ma chambre. Ou prendre le Colonel et partir faire une balade nocturne à l’abri des oreilles indiscrètes. Si la Cour te surveille, qui sait s’ils ne sont pas dans les parages, là, tout de suite… » Et autant dire qu’elle préférait éviter une confrontation immédiate. Pas maintenant, pas alors qu’elle venait de retrouver la seule famille qu’il lui restait dans ce fichu monde en berne.

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C'était bien sûr toujours très flou pour elle et son cerveau en ébullition en réclamait plus, Mei Ling constatait avec plaisir que sa descendante était plus solide qu'elle ne l'avait anticipé, elle ne se laissait pas dépasser par la situation, réfléchissait, analysait. Il était malheureux que les erreurs de ses prédécesseurs la poursuive, mais aucune d'entre elle n'était seule à présent, elles étaient là l'une pour l'autre. La cour les avaient sous-estimées, là serait leur erreur, là serait la chance des Hex, Mei Ling n'avait pas chômé, multiples fausses identités avec apparences différentes des leurs, des kits de déguisement dignes de films d'espionnage, des fausses pistes prêtes à être activées sur simple commande, elle avait profité du relâchement de la cour à son sujet, le sang de nouveaux innocents était sur ses mains, elle avait dut à nouveau accomplir les sombres projets de l'élite ténébreuse de Gotham. Mais en cet instant, alors qu'elle touchait du doigt la fin du voyage avec Jinny, même si elle aurait aimé avoir plus de temps, elle ne regrettait pas, le remords la rongeait, il la poursuivrait jusqu'à la fin des temps, mais quelque part elle se sentait déjà libérée, elle qui avait craint cet instant le trouvait finalement grisant. Ne plus être Sun ou une autre, ne plus rien avoir à cacher de qui elle était. Elle n'avait désormais qu'une hâte, voir les pièces s'aligner et le moment de frapper venir, les informations qu'elle avait donné à la batfamily serait probablement la clé de tout ça, sa rencontre fortuite avec celui qu'elle avait appris plus tard être le jeune héros Dayazell avait été bien plus qu'une bénédiction, elle restait calme bien sur, elle ne pouvait pas compter que sur la chance, elle le savait. Mais comme le faisait si justement remarquer Jinny, un endroit moins exposé serait sans doute plus approprié. Elle posa ses mains sur les épaules de la cowgirl avec délicatesse et eut un petit rire.

-Tu as raison. Et il serait dommage que tu attrape froid habillée comme ça. Passons par ta chambre et allons faire un tour.

Il était vrai que la jeune rouquine était toujours en pyjama, une image des plus incongrues, ou un autre jour dans la vie délirante des Hex. De la magie, des aliens, des conspirations ancestrales et pour les affronter le sang, la sueur et la poudre, une sacrée saga. Sa main droite passa brièvement sur le côté du visage de Jinny dans un geste maternel avant qu'elles ne se mettent en chemin, difficile de ne pas reconnaître le regard perçant de son ancêtre, celui de l'homme qu'elle avait aimé, cette profonde perspicacité, le démon qui hantait la famille ne leur avait que ce cadeau, celui de voir le monde avec un œil perçant, un esprit affuté. Elle avait aimé Jonah aussi pour ça, pour cet étrange pouvoir qu'il avait de décrypter les autres, de lire en eux, Jinny aurait put être la fille de Jason qu'elle leur aurait moins ressemblé à ses deux cowboys intrépides.

-Tu sait, une fois Jonah m'a sauvée d'un camps indien.

Elle lui conta la suite sans omettre le moindre détail, comment sa caravane avait été attaquée, la préparation pour le sacrifice à leurs ancêtres et bien sûr comment l'amour de sa vie avait débarqué sur un cheval volé aux indiens et l'avait sortie du feu sans tuer un seul indien, juste en créant le chaos dans leur campement. Sans doute son souvenir préféré de l'homme compliqué qu'il avait été, un homme bon dans une époque plus compliquée encore, mais un homme bon malgré tout. La seule mauvaise description qu'on ais put faire de lui était celle d'un homme froid, de quelqu'un qui n'avait aucun scrupule, une chose que Jinny devait comprendre, car beaucoup de choses avaient été dites sur Jonah, mais jamais sa volonté de faire de son mieux. Une fois habillée, elle et Jinny ne mirent pas longtemps à rejoindre l'imposant véhicule plus texan que le chapeau qui ornait le crâne de sa descendante : le colonel. Inutile de dire que l'empreinte carbone n'était pas la priorité du mastodonte. Elle pris place sur le siège passager, elle aurait sans doute put piloter ce monstre comme une voiture de course avec les connaissances de la cour imprimées dans son cerveau par l'hypno endoctrinement, mais c'était le véhicule de Jinny et elle savait ce que ça voulait dire pour elle. Elle croisa son regard quand elle furent installé et le moteur en route.

-Avant qu'on parle du plan, tu as d'autres questions?

Après tout, elle faisait partie de ce qui était en marche désormais. Elle avait le droit de prendre ça à son rythme.

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Une cowgirl en pyjama. Une assassin centenaire en costume de hibou. Ca aurait pu faire un bon début de blague, mais finalement, c’en est presque une nuit à peu près normale dans Gotham City, se dirait plus tard Jinny, lorsqu’elle aurait l’occasion de réfléchir à tête vaguement reposée à la dinguerie qui venait de faire irruption dans sa vie. Quelques années maintenant qu’elle se baladait avec le coffre de Jonah à l’arrière de sa camionnette, et qu’elle enchaînait les aventures aberrantes à la suite sans se poser de questions : celle-ci venait clairement de se hisser sur l’une des marches du podium, et pourtant ? Pour une fois, elle avait presque l’impression d’un bon augure, dans ce délire sans nom. Peut-être avait-elle trop enchaîné les mésaventures ces derniers temps, trop souvent vu la nouveauté la prendre à revers et l’envoyer dans le mur, pour qu’elle s’attende à autre chose. Mais Mei Ling, maintenant que la glace était brisée, réussissait à lui faire croire que c’était peut-être une nouvelle, finalement, que de se découvrir une ancêtre encore en vie, malgré leurs circonstances impossibles, malgré la présence de la Cour des Hiboux dans l’ombre, malgré les menaces qui accompagnent inévitablement leur patronyme et les trop longues, trop sombres histoires qui y sont associées. Jinny n’a que sourire à offrir à son aïeule, touchée par ces timides gestes presque maternels qu’elle avait presque oubliés ; et un haussement de sourcils et un regard ébahi, alors qu’elles s’éloignent, Mei Ling commençant déjà à lui conter le récit de ses aventures avec Jonah.

Quelques minutes plus tard, et les portières du Colonel claquent, et le moteur rugit, et l’aïeule et sa descendante se mettent en route sous la pluie maintenant diluvienne de Gotham. Plus à l’aise pour ce road trip improvisé dans un jean et une chemise que son pyjama, Jinny se concentre d’abord sur la route, les yeux scannant attentivement tout ce qu’elle pouvait bien voir par le pare-brise ; si la Cour des Hiboux gardait un œil sur elles, à quel point devraient-elles être prudentes ? A sa ceinture, poids rassurant, Jinny sent la pression d’un des pistolets lasers de la collection de Jonah – apparemment chipé à ce brave Adam Strange, qui qu’il soit. La question de Mei Ling tourne en rond dans sa tête rousse – qu’elle lui pardonne son temps de réponse. Si elle a des questions ? Oh que oui, elle en a, des questions. Quinze à la douzaine. Au moins. « Hum… plein ? » tente-t-elle, avec une touche d’humour bienvenue pour alléger tout ça, quand même. « Trop, même. Mais le temps qu’on sorte d’ici, et je suis presque sûre que j’en aurai une formulée à peu près correctement. » Chaque chose en son temps – c’était comme ça qu’on faisait, au Texas. Ou au moins à Dripping Springs, mais Dripping Springs, c’est pas exactement le genre de ville où il se passe grand-chose, donc son point de référence n’est peut-être plus tout à fait valide, à ce stade.

« Ok, par où commencer… ? » Comme d’habitude, Jinny réfléchit à voix haute, formée par quelques années sur les routes à n’avoir que sa propre tête à trous pour seule compagnie – le temps passe plus vite sur les routes quand on peut se faire la conversation à soi-même, après tout. Le Colonel remonte le périphérique, la cowgirl les conduisant un peu au hasard, sans autre but que d’être en mouvement et s’octroyer un peu de tranquillité – au cas où, m’voyez ? « Comment tu t’es retrouvée à être un Talon pour la Cour ? Je veux dire, j’ai lu quelques biographies de Jonah, et même quand les historiens ont pu trouver des trucs sur toi, rien ne parlait jamais d’une organisation secrète, d’assassinats… même pas de Gotham, en fait. » A part pour dire que Jonah y était passé en coup de vent, y avait mis la pagaille, et était reparti. Comme partout ailleurs, quoi. « Je sais deux-trois trucs sur eux, mais je ne pensais pas… je sais pas. J’avais jamais fait la connexion avec les Hex. Ca fait combien de temps que t’es… réveillée ? » demande-t-elle, en jetant un regard à Mei Ling dans le rétroviseur. Bon ok, ça faisait beaucoup de questions d’un coup ; mais la curiosité de Jinny, telle une rivière retenue par un barrage que l’on vient de faire sauter, n’arrive plus à se contenir. « Depuis quand tu prépares tout ça, en fait ? » Un an ? Deux ans ? Depuis sa naissance ? Tout serait possible qu’elle s’en étonnerait à peine. Enfin voir la lumière au bout du couloir, voilà tout ce qui l’intéresse.

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Les mètres défilent comme les années qu'elle as perdu au service de la cours, Mei Ling se demande si Jinny la pardonne par curiosité pour ce passé mystérieux sans vraiment oser le penser. Bien sûr qu'elle as des questions cette jeune fille, légitimes même, plein, comme el le dit si bien. des interrogations qui doivent ronger son cerveau au mode de pensée affuté. Jinny avait tout de l'esprit fin, de la ruse, de la ténacité et de la rage de survivre de son ancêtre, normal qu'elle veuille que les morceaux du puzzle s'assemblent, un instinct qui avait sauvé les Hex de générations en générations sans doute bien plus qu'aucun d'entre eux ne l'aurait pu volontairement. Car malgré leur perspicacité, ils avaient le don de se fourrer dans les histoires les plus rocambolesques, un genre de balance karmique un peu perverse. Le silence est finalement brisé et Jinny ne perd pas une seconde pour aller à l'essentiel, Jonah aussi prenais le temps de réfléchir à cheval, à croire que le mouvement était leur état naturel, des forces inarrêtables percutant les objets inamovibles sur leur route. Mei Ling laissa bien entendu sa descendante déballer tout ce qu'elle avait sur le cœur, ne trahissant pas ses émotions en restant de marbre, sa plus grande peur étant bien évidement d'y afficher la honte. Elle laissa quelques secondes s'écouler après la dernière question, ses yeux fixés vers l'horizon.

-J'ai commencé à suivre cette voie avant de rencontrer Jonah.

La guerre de secession n'avait pas tâchée de sang que les mains de son défunt mari. Elle se souvenait de ce qu'elle avait fait, des noms des gens à qui elle avait ôté la vie, une longue liste, trop longue, bien sûr elle l'avait caché à l'homme de sa vie, de peur de le perdre.

-J'ai été vendue très jeune à un cirque, un maître m'a pris sous son elle et m'a formée pour devenir un des leurs, mais le moment venu, je n'ai pas put. Ôter une vie est une chose terrible, car dès la deuxième, tu sait que c'est quelque chose que tu as au fond de toi, que nous avons tous.

Son regard se posa sur le visage de Jinny, pourrait-elle vraiment comprendre et lui pardonner?

-J'ai rejoint ma famille puis je l'ai rencontré, je suis partie avec lui et nous avons choisis de mettre le passé derrière nous, je savait que c'était un homme troublé, mais je l'ai aimé avec chaque fibre de mon corps, de chaque parcelle de mon âme. Jonah était un homme meilleur que bien des gens l'ont décrit, c'est juste qu'il avait du mal à montrer de la clémence.

Son regard s'assombrit un peu, elle n'aimait pas repenser à Jonah comme le meurtrier qu'il avait dut être et elle ne voulait pas que Jinny se pense mauvaise par voix de conséquence.

-C'était une époque difficile à sa manière, il as été forgé par des règles qui nous sembleraient incompréhensibles, mais c'était un homme bon au fond de lui, c'est ce que j'ai aimé chez ton aïeul. Malheureusement, il n'a jamais totalement put laisser le passé derrière, il y avait toujours besoin de lui et...

Son regard s'attarda sur l'étrange pistolet de Jinny.

-... ses armes.

Difficile d'aller contre son aversion naturelle et implémentée au plus profond pour ces engins de mort grossiers et sans finesse.

-J'ai fuit avec notre fils, Jason, et plus tard lui aussi as suivi les traces de son père, je me suis retrouvée seule. C'est là que j'ai finalement décidée de rejoindre la cours, j'ai fait à nouveau mes preuves et je les ais servis jusqu'à ce qu'un autre, plus fort prenne ma place. Ils m'ont réveillée pendant l'attaque du syndicat du crime, ils avaient besoin de défendre leurs biens, ensuite ils m'ont gardée pour aider à combattre Batman. Un garçon intéressant, mais j'en ais profité pour préparer tout ça. Jusqu'à ce soir, je n'avait pas fait d'erreur. Mais je ne regrette pas, pas cette partie en tout cas.

Elle lui laissa digérer tout ça, ce flot de nouvelles informations, les dernières pièces d'un puzzle gigantesque qui faisait partie d'un autre plus immense encore. La vie de Jinny n'avait rien de facile, et ses ancêtres n'avaient rien fait pour lui faciliter la tâche. Une fois Jinny visiblement remise de tout ça, elle décida de commencer à passer aux choses sérieuses.

-Pour ce qui est du fameux plan, il impliquera tes amis masqués, je leur ai laissé un message, le moment venu ils pourront frapper et nous offrir l'opportunité de frapper la cours suffisamment fort pour s'enfuir. Après ça, j'ai pensé à quelques endroits ou nous pourrons trouver refuge.

Elle posa sa main avec douceur sur celle de sa descendante, serrant légèrement cette dernière.

-Je ne leur laisserait jamais te faire de mal.

Codage par Libella sur Graphiorum réarrangé pour usage personnel